• il y a 8 mois
Ayant repris la ferme familiale en 2014, Adeline Hermant travaille avec son mari, mais chacun a sa propre exploitation. Elle ne ressent aucune différence dans son métier, au quotidien, en tant que femme.

A la coop où elle est investie, sa place n'est pas non plus « plus différente que le siège où agriculteurs et agricultrices sont assis pour discuter d'agriculture, entre professionnels ».

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Transcription
00:00 [Musique]
00:13 Je n'étais pas destinée à reprendre l'exploitation.
00:17 J'ai d'ailleurs une expérience de 12 ans dans le domaine de la comptabilité.
00:21 Et puis l'option de la reprise s'est présentée à moi.
00:25 Donc c'était un nouveau challenge que j'ai repris.
00:30 J'ai repassé mon diplôme à distance à un BPREA que j'ai obtenu
00:35 et qui m'a permis de reprendre l'exploitation familiale.
00:39 [Musique]
00:43 Je n'ai aucun regret sur ce que je fais parce que j'évolue.
00:49 On est agriculteur mais on est entrepreneur.
00:55 Donc on a des challenges qui s'ouvrent à nous chaque jour au quotidien.
01:00 Et pour moi, je ne vais pas dire que c'est ce qui me fait vibrer,
01:04 mais c'est au moins ce qui me fait avancer et c'est important.
01:07 Après, on a vraiment des moments compliqués quand on a les conditions climatiques du moment.
01:16 Quand on a la météo au moment de la moisson qui n'est pas très bonne
01:21 et on sait que les rendements, ça va jouer.
01:23 C'est vrai que des fois, c'est un peu compliqué de ne pas toujours maîtriser.
01:29 Moi, j'aime beaucoup la maîtrise, de maîtriser, de maîtriser.
01:33 Donc c'est vrai que dans notre métier, on ne maîtrise pas la météo.
01:37 Mais c'est aussi des défis à relever.
01:47 Et puis demain, ça va être des nouveaux challenges dans la transition écologique, énergétique,
01:56 dans les changements de la société aussi.
02:00 Comment va être redistribué notre valeur ?
02:03 Il faut que notre métier soit vraiment reconnu à sa juste valeur
02:07 et que ce ne soit pas juste une variable d'ajustement.
02:11 Parce qu'aujourd'hui, c'est plus la sensation qu'on a au sein,
02:17 en tout cas au niveau de nos organes gouvernementaux.
02:24 On a plus la sensation d'être une variable d'ajustement
02:27 et on a besoin que notre métier soit reconnu.
02:29 Et ça, j'en suis persuadée qu'on est capable de le relever aussi
02:36 et que les consommateurs sont prêts, s'ils sont bien informés, à pouvoir nous soutenir.
02:41 En tant qu'agricultrice, le matériel a quand même bien évolué,
02:52 ce qui nous permet que la force physique ne soit pas indispensable au quotidien,
03:01 ce qui nous permet de pouvoir évoluer et de pouvoir faire notre métier facilement,
03:09 parce que ce n'est pas toujours évident au quotidien.
03:12 Mais en tout cas, par rapport à ce que nos mères ou nos grands-mères ont pu connaître,
03:17 on a pu avoir une plus grande facilité au quotidien.
03:22 En ayant très peu d'expérience après avoir passé mon diplôme,
03:31 quand j'ai repris la ferme, je cherchais aussi à me professionnaliser
03:36 et à avoir des échanges pour apprendre au quotidien,
03:42 pour être autonome sur mon exploitation.
03:45 Je suis allée à ma coopérative, qui était un des principaux partenaires sur mon exploitation,
03:53 où j'ai été invitée à une réunion jeune.
03:56 À force d'échanges, je me suis aperçue qu'en fait, à la place des spectateurs,
04:05 on pouvait être acteur au niveau des décisions.
04:10 C'est pour ça que j'ai pris place et je me suis investie dans ma coop.
04:15 Au début, on pense qu'on n'est pas à la hauteur, et ça se fait avec le temps.
04:21 C'est pour ça que je suis rentrée en tant que stagiaire au sein de ma coop.
04:26 Et puis, quand on participe au conseil d'administration,
04:30 la place d'un homme ou d'une femme n'est pas différente dans les décisions.
04:33 On est assis sur le même siège et on doit prendre des décisions ensemble.
04:37 On doit avoir, nous en tant que femmes, un regard différent sur certains sujets,
04:42 qui amène une nouvelle ouverture d'esprit dans les échanges.
04:47 Mais à côté de ça, je n'ai pas ressenti d'être différente parce que je suis une femme.
04:54 J'invite d'ailleurs toutes les agricultrices à sortir de leur exploitation,
05:02 car l'échange est important, et échanger avec d'autres femmes,
05:07 sur des filières où on peut travailler différemment, partager nos savoir-faire.
05:14 Je trouve que ça ramène de la valeur, pas forcément financière,
05:19 mais de la valeur et de l'expérience sur nos exploitations.
05:28 Ce qui me manque le plus, c'est le temps.
05:33 Mais après, quand c'est tellement passionnant, et ça rapporte aussi des valeurs,
05:42 l'investissement n'est pas quelque chose que j'ai envie d'arrêter.
05:50 Forcément, ça a demandé une certaine organisation,
05:54 une véritable organisation au quotidien.
05:58 Pour me dégager du temps sur l'exploitation, on a dû embaucher à temps partiel.
06:03 Ce qui me permet de partir plus facilement de l'exploitation,
06:08 même si des fois, au quotidien, c'est compliqué.
06:13 En tant que maman, j'ai un mari qui me permet de partir,
06:21 qui me soutient énormément dans tout ce que je fais.
06:25 Je pense que c'est vraiment très important.
06:28 Mes enfants aussi me soutiennent énormément dans tout ce que je fais.
06:32 Des fois, ils sont autonomes, ils s'organisent entre hommes.
06:36 Je ne suis pas à la maison, et des fois, c'est très bien.
06:44 Je pense que par rapport à ce qu'on...
06:48 Dans le monde agricole d'il y a 50 ans, où c'était vraiment beaucoup le travail qui comptait,
06:56 j'avoue que nous, nouvelle génération,
06:59 je ne veux pas dire qu'à 95-90% de notre temps, on est vraiment au travail,
07:06 mais on arrive à se dégager plus de temps,
07:09 et on s'oblige à se dégager du temps, et il faut savoir s'obliger.
07:13 Nous, on peut le faire, je sais qu'il y a d'autres exploitations où ce n'est pas facile,
07:17 et je ne juge aucune exploitation, mais c'est vrai que nous, on s'est organisé.
07:23 Alors, on ne part qu'une semaine par an,
07:25 mais si j'ai une heure à me dégager pour mes enfants,
07:29 j'arrive à le faire plus facilement que si j'étais dans un bureau toute la semaine.
07:34 Et puis, on arrive à se dégager quelques week-ends.
07:39 Mais on en fait une priorité aussi, de partager du temps avec nos enfants,
07:44 parce que je trouve que dans la construction d'une vie famille,
07:48 c'est important de consacrer du temps à sa famille.
07:51 [Musique]

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