Violences en Haïti : vers une guerre civile ?

  • il y a 6 mois

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Transcript
00:00 -Nous sommes avec Jacques Neysi,
00:01 politologue à l'université des Antilles.
00:04 Bonsoir. Merci d'être avec nous sur France 24.
00:06 Une force internationale sous l'égide du Kenya
00:09 est envisagée pour aider la police haïtienne à faire face.
00:12 Ca met du temps à se mettre en place.
00:15 Est-ce que ça peut suffire
00:16 quand on voit le niveau de violence actuelle ?
00:19 -On peut dire que c'est le début d'une solution
00:22 à la crise sécuritaire,
00:24 une crise qui se dégrade de plus en plus
00:27 parce qu'on peut dire aussi que cette intervention
00:31 de la force kenyanne, c'est un projet qui a du plan dans l'aile.
00:34 Au départ, c'était les Etats-Unis qui s'étaient engagés,
00:37 puis le Canada et, à la fin, le Kenya.
00:39 Et le Kenya, c'est assez laborieux
00:41 puisque une mission a été déjà envisagée,
00:45 mais pour le moment, le Kenya attend
00:48 la mobilisation des ressources financières
00:51 pour se déployer.
00:52 Et selon les sources kenyannes,
00:55 dans 72 heures, les forces kenyannes étaient prêtes.
00:57 Il y a des problèmes logistiques.
00:59 Donc, on peut dire que la mission kenyanne
01:02 peut être le début d'une solution,
01:04 puisque il est vrai que cette mission a eu...
01:06 Cette intervention aura une mission très limitée
01:10 puisqu'elle se limitera à la protection
01:12 des sites portuaires et aéroportuaires.
01:14 On voit bien que cette mission n'est pas à la hauteur des enjeux
01:18 puisque ce qu'il faut en Haïti, c'est une mission internationale,
01:23 une force internationale très musclée,
01:25 aguerrie, qui pourrait répondre à la violence de ces gangs
01:29 qui disposent de moyens de plus en plus importants
01:32 et qui sont même supérieurs à la police nationale.
01:35 La police nationale est très affaiblie pour trois raisons.
01:38 Un tiers de ses agents ont des liens incestueux avec les gangs.
01:44 Un tiers est parti aux États-Unis.
01:46 Il y a un tiers qui reste, mais peu de ressources
01:50 pour que ce tiers d'agents de police nationale soit efficace,
01:53 parce qu'il manque aussi la volonté politique.
01:56 -Justement, mardi, le chef de l'un de ces gangs,
01:59 Jimmy Chérizier, surnommé aussi "Barbecue",
02:02 ancien policier, d'ailleurs, qui a rejoint ces groupes armés,
02:08 a menacé de déclencher une guerre civile.
02:11 On va l'écouter tout de suite. Je vais vous faire réagir derrière.
02:14 -Si Ariane Henry ne démissionne pas,
02:19 si la communauté internationale continue à le soutenir,
02:21 nous irons directement vers une guerre civile
02:24 qui va déboucher sur un génocide.
02:27 Nous sommes conscients que les hommes armés
02:30 ont commis des actes nuisibles à la société,
02:32 mais aujourd'hui, s'ils en prennent conscience
02:35 et demandent pardon, je pense que la société doit leur pardonner
02:39 et s'unir pour repenser à une nouvelle Haïti.
02:41 -Qui est cet homme ?
02:43 Est-ce qu'il faut prendre ces menaces au sérieux ?
02:46 Est-ce qu'il y a vraiment aujourd'hui
02:48 un risque de guerre civile en Haïti ?
02:51 -Euh...
02:53 Il est un ancien agent de police qui a eu 15 ans d'expérience
02:57 et depuis, ça donne aux activités de prédation,
03:02 d'extorsion des ressources qui vivent de la rente,
03:05 d'enlèvement, de kidnapping.
03:07 Et puis, il faut le rappeler aussi,
03:09 ce sont des gangs qui tirent les renseignements
03:12 de l'affaiblissement de l'Etat, de l'inquiétude,
03:15 de la violence du gouvernement.
03:16 Ces gangs, certains, sont instrumentalisés
03:19 par les acteurs politiques et économiques.
03:21 Ils sont timorés, ces gangs,
03:23 par le projet d'une force internationale
03:26 qui aurait pour mission entre autres de les neutraliser
03:29 ou même de les châtier.
03:30 Donc, certains font de la surenchère,
03:32 se référant sans doute aux expériences antérieures
03:35 marquées par le recours à des solutions punitives
03:38 contre d'anciens délégués et criminels.
03:40 Donc, on peut dire aussi qu'il y a une sorte de poursuite
03:44 où il pense, c'est-à-dire certains gangs pensent
03:46 qu'ils vont être châtiés par la force multinationale.
03:49 Donc, ils se situent déjà dans une position
03:52 de souhaiter une amnistie,
03:54 mais une amnistie qui aurait du mal à passer,
03:57 puisque ces gangs sont responsables
04:00 des actions de plus en plus importantes,
04:02 qui pillent, tuent, violent.
04:05 Et ces gangs occupent les pourtours,
04:08 les périmètres les plus importants
04:12 du département de l'Ouest et de l'Arctibonite,
04:15 du département de l'Ouest d'Haïti et de l'Arctibonite.
04:18 Donc, ces gangs souhaitent bénéficier
04:21 des mesures d'amnistie, de clémence,
04:23 malgré les horreurs et les crimes qu'ils ont commis.
04:26 Donc, on peut dire qu'on est dans la surenchère
04:29 ou dans le chantage pour certains.
04:30 -Et c'est la population, aujourd'hui,
04:32 qui est en première ligne de ces violences ?
04:35 -Oui, parce qu'on retrouve bien
04:38 que ces gangs ont eu un discours complètement contradictoire.
04:42 Ils ont eu une rhétorique
04:43 ou vindicatrice ou bien révolutionnaire,
04:46 alors qu'ils sont des auteurs d'actions
04:49 de plus en plus violentes,
04:51 puisqu'il faut le rappeler,
04:53 des quartiers de Martissans, de Tabard, de Carrefour,
04:57 ils sont vidés de leur population.
04:59 Et ce sont les pauvres citoyens haïtiens
05:03 qui sont victimes de ces gangs.
05:06 Ajoutez à cela l'évasion qui a eu lieu
05:10 il y a trois jours,
05:12 qui participe à cette horreur,
05:15 à l'augmentation de la violence et au taux de criminalité.
05:18 Ce qui peut faire arrêter ces gangs,
05:20 c'est l'intervention d'une force multinationale musclée
05:23 et également la prise en main d'un gouvernement
05:27 qui n'aurait aucun lien incestueux avec ces gangs.
05:31 -Merci beaucoup, Jacques Nézy.
05:34 Merci d'avoir été avec nous sur France 24
05:36 pour revenir sur la situation en Haïti,
05:39 situation extrêmement tendue.

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