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00:00 - On en parle avec Ulrika Richardson, elle est représentante spéciale adjointe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti,
00:06 coordinatrice résidente et humanitaire en Haïti. Vous êtes à Port-au-Prince. Merci beaucoup d'être avec nous ce soir.
00:12 Les travailleurs de MSF ont peur, les gangs prospèrent en Haïti. On parle de 150 groupes armés qui sont regroupés d'ailleurs en deux groupes,
00:21 le G9 et le GPEP. Est-ce que c'est toujours le cas ? Est-ce que la situation est pire encore aujourd'hui ?
00:29 - Oui, comme vous avez pu le voir effectivement, Haïti et les Haïtiens passent par une crise sécuritaire sans précédent.
00:37 Et oui, on peut dire que dans les dernières semaines, c'est encore pire. Les gangs sont lourdement armés, vous avez pu voir ça.
00:46 Ils contrôlent de plus en plus le capital de Port-au-Prince. Et entre eux, il y a une lutte de territoire et la population est prise au milieu.
00:55 Et donc chaque jour, il y a des meurtres. Vous avez parlé de kidnappings, il y a des massacres.
01:01 On a le nombre d'homicides et de kidnappings en février seulement dernier, et le plus élevé depuis cinq ans, avec presque 500 victimes en un mois.
01:13 - Comment en est-on arrivé là, en amour ?
01:18 - Excusez-moi ?
01:20 - Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi est-ce qu'ils prospèrent aussi facilement ?
01:25 - Comme je dis, ils sont vraiment lourdement armés. Il y a une histoire, comme vous avez évoqué dans votre reportage.
01:34 Et donc maintenant, ils systématisent par exemple la violence sexuelle, y compris les viols collectifs.
01:45 Donc ils instillent vraiment la peur, ils punissent la population, ils jugent les populations locales, et surtout les femmes et les filles.
01:54 Et donc là, on a une situation où la police nationale d'Haïti, ils sont vraiment en situation difficile de protéger les populations,
02:08 à cause de ces gangs qui sont tellement bien armés.
02:13 - Donc ce que vous dites, pardonnez-moi, c'est que l'État haïtien, pour l'instant, n'a pas les moyens d'intervenir par l'armée, par la police, pour faire régner l'ordre.
02:22 - Comme vous le savez, l'État haïtien a fait une demande à la communauté internationale en octobre de l'année passée,
02:30 pour les aider avec une force multinationale spécialisée. Cette force n'est pas encore ici, donc le pays est toujours en attente.
02:41 Il y a une discussion au sein du Conseil de sécurité. Et entre-temps, les gangs, ils continuent leur combat, ils gagnent le territoire.
02:51 Ils utilisent par exemple les enfants dans leurs opérations comme des informants.
02:56 La violence seule a provoqué 180 000 personnes à quitter leur maison, seulement dans le capital.
03:07 Les écoles ont été attaquées. Les parents ont peur d'envoyer leurs enfants à l'école.
03:13 Donc vraiment, il y a une situation où beaucoup d'Haïtiens voient que la vie, c'est maintenant une question de vivre ou mourir.
03:25 Et donc ils sont prêts à prendre des risques très élevés pour quitter leur pays.
03:31 - Oui. Est-ce qu'il faut une intervention militaire extérieure, avec justement, sous l'égide des Nations unies, en Haïti aujourd'hui ?
03:41 - Donc ce qui est discuté au sein du Conseil de sécurité, c'est une force pas Nations unies, c'est une force multinationale spécialisée
03:52 pour aider la police nationale de faire face aux cinq gangs.
03:58 Et comme vous savez aussi, il y avait des résolutions l'année passée sur les sanctions pour pouvoir arrêter le trafic des armes,
04:07 le blanchiment de l'argent et les liens qui existent entre les gangs et les opérateurs,
04:12 quelques secteurs politiques et quelques secteurs économiques.
04:16 - Mais alors, le gouvernement haïtien en même temps accuse le Canada de retarder la livraison de véhicules blindés.
04:22 On voit qu'il y a un conflit quand même entre le Canada et les États-Unis.
04:24 Les États-Unis qui sont plutôt favorables à ce qu'il y ait une intervention extérieure.
04:28 Le Canada, les beaucoup ou moins, parce qu'il dit qu'il y a eu beaucoup d'interventions en Haïti depuis même Bill Clinton
04:35 et que ça n'a pas fonctionné. Donc il y a toujours un débat pour savoir si cette force d'intervention extérieure serait efficace, si elle est légitime.
04:45 - Il y a un dialogue qui continue au niveau du Conseil de sécurité entre beaucoup des pays, même ici dans la région.
04:53 Et donc, comme je disais, entre temps, nous ici comme Nations unies dans le pays, sur le terrain,
05:00 on continue avec les partenaires de donner une assistance à la police haïtienne, mais aussi à donner une assistance à la population.
05:08 Parce que, à cause de la violence, comme vous savez, j'ai parlé de la violence sexuelle, les victimes, les enfants qui sont empêchés d'aller à l'école,
05:19 mais aussi le fait que la violence a provoqué une situation de l'insécurité alimentaire.
05:24 Maintenant, on a un Haïtien...
05:25 - Mais est-ce que ça veut dire qu'il faut donc cette intervention ? Vous pensez, vous, qu'elle est nécessaire, cette intervention internationale ?
05:32 - C'est absolument nécessaire que les gangs soient arrêtés. C'est nécessaire que la violence se réduise.
05:40 Ça, c'est absolument nécessaire pour l'instant. Pour les Haïtiens, la vie est très, très difficile.
05:46 Et comme je disais, le peuple haïtien, c'est un peuple très digne. Il veut que tout le monde ait la même chose.
05:53 Il veut la paix. Il veut une solide...
05:55 - Mais il souhaite, ce peuple haïtien, qu'il y ait cette intervention extérieure ?
06:01 - Quand on parle avec la population, il y a un vrai sentiment que, comme ça, on ne peut pas continuer.
06:08 Avec cette violence, ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible de vivre.
06:12 Et donc, il y a une vraie compréhension qu'il faut faire quelque chose pour arrêter la violence. Ça, c'est clair.
06:20 - Un mot sur les suspects qui ont été arrêtés il y a quelques jours en Floride.
06:24 C'est il n'y a pas il y a quelques jours. Il y a un petit moment, déjà. C'est pas il y a quelques jours.
06:27 Sur, justement, l'enquête autour de l'assassinat du président haïtien Jovenel Moïse,
06:31 parce que c'est depuis cet assassinat que, je dirais, tout a un peu empiré.
06:35 Est-ce qu'on en sait un peu plus ? Il n'y a pas d'inculpation pour l'instant ?
06:39 Est-ce qu'on en sait un peu plus sur ce qui s'est passé ?
06:42 - Pour l'instant, il n'y a pas de culpabilité. Donc, c'est encore... C'est un processus en contenu.
06:49 Et vous savez récent que c'est à partir de l'assassinat de président Moïse que la violence a vraiment escalé.
07:02 Et dernièrement, on a vu même à partir de juillet l'année passée que la violence entre les gangs,
07:09 parce que cette lutte pour le territoire, c'est vraiment quelque chose qui fait,
07:14 qui crée cette situation presque impossible dans le capital.
07:18 - Merci beaucoup d'avoir été avec nous Ulrika Richardson, représentante spéciale,
07:22 adjointe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti.
07:24 Vous étiez avec nous en direct de Port-au-Prince. Merci encore.