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00:00 La vie politique américaine ne s'arrête jamais. Après le Super Tuesday, place au discours de l'État de l'Union, traditionnel rendez-vous du président, en l'occurrence Joe Biden, face aux parlementaires.
00:10 C'est ce soir, cette nuit même, Mathieu Mabin, c'est parti pour une nouvelle journée bien remplie pour vous.
00:15 Ce discours sera assurément très politique qu'à huit mois de la présidentielle. Il y a un risque que ça fasse un peu meeting ce soir ?
00:24 Oui, il y a même un risque totalement affiché. Mais dans le fond, c'est relativement logique puisque qu'est-ce que c'est que ce discours sur l'État de l'Union ?
00:33 Vous l'avez dit, un rendez-vous annuel au cours duquel le président est réellement mis sur le grille face, pas seulement au congrès des États-Unis.
00:42 En réalité, tout ce que cette démocratie compte de pouvoir, et c'est vraiment une originalité américaine, sera réuni sous le dôme du Capitol.
00:50 Ça veut dire qu'on va y trouver également, par exemple, les juges de la Cour suprême, mais également les représentants de la Défense.
00:57 Le chef d'état-major des armées américains sera là avec les représentants de chacune des armées, et puis des invités, des membres de la société civile.
01:05 C'est véritablement un grand show et donc, effectivement, la comparaison avec le meeting est tout à fait juste de votre part.
01:13 Même s'il y a des limites à cela, Joe Biden va intervenir en tant que président des États-Unis pour présenter son bilan de l'année,
01:22 et évidemment les perspectives, mais personne n'est dupe. Nous sommes en année électorale, Joe Biden est le candidat à sa succession,
01:29 donc bien entendu que chacun de ses mots sera scruté, épluché, observé par l'opposition républicaine.
01:37 Mais avec une limite, ses opposants seront bien présents dans la salle, mais il y a une forme de tradition qui fait qu'on n'interrompt pas le président,
01:44 on ne chahute pas. Ça ne ressemble pas à l'Assemblée nationale française, si vous me permettez ce petit commentaire
01:49 dans ce cadre très exceptionnel qui est le nôtre aujourd'hui.
01:51 Effectivement. Mathieu, vous parlez des perspectives qui vont s'ouvrir pour Joe Biden.
01:57 Il y a aussi ce bilan que le président américain va devoir présenter et défendre. Est-ce qu'il peut faire campagne sur ce bilan, précisément ?
02:06 Oui, évidemment, il peut faire campagne sur ce bilan et je dirais qu'il n'a pas tellement le choix en réalité.
02:14 Et puis finalement, à peu près tous les observateurs ici, en tout cas les observateurs objectifs que nous sommes, bien entendu,
02:21 les observateurs ici considèrent que le bilan de Joe Biden est défendable. Il y a des points positifs dans ce bilan, c'est le moins qu'on puisse dire.
02:29 L'économie américaine se porte plutôt bien, si on met entre parenthèses l'inflation, mais qui dans le fond est une inflation mondiale, on le sait bien,
02:35 enfin vous le savez bien de votre côté de l'Atlantique. Donc le bilan est défendable, c'est une certitude.
02:41 Non, ce qui fait de la position de Joe Biden une position originale, c'est qu'en réalité, il ne sera pas réellement attaqué sur son bilan.
02:48 Personne ne va lui reprocher, par exemple, à l'exception de quelques ultraconservateurs, le plan de relance de l'économie américaine,
02:56 puisque les chiffres du chômage ne pourraient pas être meilleurs. On considère que le taux d'emploi des Américains est de 100%.
03:02 On oscille autour de la barre des 3%, mais en réalité, ça représente les gens qui cherchent du travail ou qui viennent de quitter un travail pour un autre.
03:09 A peu près. Non. La difficulté pour Joe Biden, ça va être de gérer, paradoxalement, et c'est relativement original dans une élection américaine,
03:18 ces gros dossiers de politique étrangère. Il y a évidemment la question de l'Ukraine, qui est une épine dans le pied du président,
03:23 avec ce budget qui n'est toujours pas voté et qui ne permet toujours pas aux États-Unis d'envoyer les 60 milliards de dollars promis par Joe Biden à l'Ukraine.
03:32 Et puis il y a les dossiers au Moyen-Orient, bien sûr. La position très XXe siècle, on en a déjà parlé à plusieurs reprises, vous et moi.
03:39 Cette position très XXe siècle sur le Moyen-Orient, ce soutien indéfectible à Israël, qui lui est beaucoup reproché dans son propre camp.
03:47 Et c'est ça, sa fragilité. Donc un paradoxe. Cette fois, Joe Biden sera fragile sur les dossiers de politique étrangère.
03:54 Et c'est le principal handicap auquel il va devoir s'adapter au cours de cette campagne présidentielle, avec son âge, évidemment.
04:02 Oui, 81 ans, il y a le fond, il y a la forme, il y a les signes de faiblesse que l'on a vus et qui donnent des sueurs froides à l'équipe de Joe Biden.
04:11 C'est un exercice, ce soir, encore risqué pour le président américain, Mathieu.
04:16 Écoutez, si on fait l'inventaire de ces prises de parole des dernières semaines et des derniers mois, et qu'on fait l'inventaire notamment des accidents de parcours,
04:25 effectivement, on peut considérer que l'exercice auquel il va se livrer cette nuit, ce jeudi, qui est par nature un exercice difficile.
04:36 Je ne crois pas qu'il y ait un seul président des États-Unis qui se soit présenté devant les représentants de l'Amérique tout entière
04:43 et tout ce qu'elle constitue de pouvoir. On a fait l'inventaire des gens qui seront sous ce dôme du Capitol.
04:48 Aucun président américain ne s'est livré à cet exercice sans préparer sa copie, c'est le moins qu'on puisse dire.
04:55 Et on le sait, Joe Biden, effectivement, n'est pas tout jeune. Il avait déjà, alors qu'il était encore jeune, une fâcheuse tendance à la gaffe, au lapsus,
05:04 ou une tendance à bafouiller, disons-le. Ce n'est pas le plus brillant orateur que l'Amérique ait connu. Ce n'est pas vraiment un secret.
05:12 Mais effectivement, il a montré des signes de fragilité. Ses lapsus sont de plus en plus lourds et constituent des munitions pour son opposition.
05:19 Alors ce soir, avec cette pression, cette nuit, avec cette pression devant le pouvoir américain rassemblé et le tout retransmis en direct
05:28 sur toutes les chaînes de télévision du pays, ce ne sont pas les meilleures conditions pour qu'il évite l'accident de parcours.
05:35 Son défi, cette nuit, est bel et bien de ne pas commettre de fautes trop lourdes, celles qui feraient encore s'éroder sa base électorale,
05:45 celles qui commencent à douter de sa capacité à gouverner, et encore une fois, dans son propre camp.
05:50 Joe Biden sur le grill, donc, à voir sur toutes les chaînes d'information américaines et sur le canal anglophone de France 24.
05:58 Je crois que c'est aux alentours de 3h du matin, cette nuit. Merci. Hors de Paris, bien sûr, vous serez toujours debout.
06:04 Merci beaucoup Mathieu pour ce décryptage.