• il y a 7 mois

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la sécurité intérieure. Violences au lycée de Cachan, fusillades devant les écoles, trafics de drogue, actes antisémites, pour Thibault de Montbrial président du Centre de réflexion sécurité intérieure, "c'est inflammable de partout".
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline

Category

🗞
News
Transcription
00:00 M. Montréal, on a, dans l'émission de Laurence Ferrari, on a commencé par essayer d'analyser ce qui s'était passé au lycée de Cachan,
00:07 où on a assisté à une horde sauvage de 300-400 personnes qui sont venues à la fois s'en prendre aux forces de l'ordre et au bâtiment lui-même, le lycée Gustave Eiffel.
00:17 Est-ce que vous avez le sentiment qu'on va passer d'émeutes, celles qu'on a vécues, qui ont duré plusieurs jours, à des émeutes sporadiques,
00:25 c'est-à-dire que les émeutes qu'on a vécues donnent maintenant des idées à ce type de groupe ?
00:29 C'est très intéressant et très inquiétant, mais pas surprenant, ce qui s'est passé à Cachan ce matin.
00:34 Ça veut dire qu'à tout moment aujourd'hui en France, on le savait, on peut avoir des attentats, etc.,
00:38 mais on peut aussi avoir des groupes d'agitateurs nombreux, parce que Deux Sommes, c'est quand même un groupe très organisé,
00:44 donc qui n'ont pas été anticipés par le renseignement territorial, puisque c'est le travail du renseignement territorial,
00:50 donc des gens qui se rassemblent à la dernière minute.
00:52 À 7h30, 7h du matin.
00:54 Voilà, c'est-à-dire, quand je dis qu'ils n'ont pas été vus, ça veut pas dire que c'est une erreur de renseignement,
00:57 ça veut dire que c'est une organisation quasi spontanée, même si elle est d'ampleur.
01:03 Donc, il y a une capacité de mobiliser 200 personnes au dernier moment, grâce sans doute aux réseaux sociaux,
01:08 pour aller commettre des désordres très graves, et ça, effectivement, c'est un nouveau signe de l'affaissement de l'autorité de l'État.
01:14 C'est extrêmement inquiétant, parce que ça concerne des gens qui communément viennent des quartiers,
01:21 et ils sont quand même très hostiles à la France, même quand ils en ont la nationalité,
01:25 et toutes les enquêtes le démontrent.
01:28 Ça montre également que ça touche l'environnement scolaire, et il y a aussi eu un autre événement aujourd'hui.
01:32 Il y a eu une manifestation de 200 recteurs contre les menaces de mort des islamistes dans les écoles et les lycées.
01:39 C'est-à-dire qu'on en est à organiser des manifestations, les proviseurs en sont,
01:45 à organiser des manifestations pour dénoncer les menaces.
01:47 Mais là, on a une nouvelle forme d'émeute ?
01:50 Oui, c'est de la mini-émeute, mais ce n'est pas nouveau.
01:52 Des affaires comme ça devant des établissements d'enseignement,
01:56 il n'y en a pas tous les jours, mais il y en a eu il y a quelques mois, une ou deux fois.
01:59 Mais je rebondis sur votre question pour dire que c'est inflammable de partout.
02:04 Cette affaire, pour revenir aux grandes échéances de cet été,
02:07 elle va exiger une mobilisation de toutes nos forces sur les points les plus sensibles à défendre,
02:13 mais ça va nécessairement exposer des zones qui sont moins directement liées au G.O.
02:19 Par exemple, une des inquiétudes de la gendarmerie,
02:21 qu'il a exprimée dans différents documents internes,
02:24 c'est qu'il y ait des pans entiers du territoire,
02:26 et notamment en zone rurale, qui se retrouvent livrés, démunis sur le plan sécuritaire.
02:31 Même si, évidemment, il faut rassurer les gens,
02:32 il n'y aura pas un endroit du territoire où il n'y aura aucun policier ou gendarme.
02:36 Mais ils mettront peut-être un peu plus de temps à venir.
02:37 Dans les motifs d'inquiétude que vous avez, il y a ces attaques antisémites qui se multiplient.
02:42 Un monsieur qui a été agressé ce week-end, il y en a aussi à Zurich.
02:47 Comment est-ce que vous expliquez cette montée de l'antisémitisme
02:52 en lien avec l'actualité Israël-Gaza ?
02:55 Ce qui est totalement hallucinant,
02:58 c'est que, on le sait, toutes les stats de ces dernières années montrent
03:02 que les faits antisémites sont de très loin...
03:07 Le montrent que les faits antisémites sont de très loin devant les faits antichrétiens,
03:11 et que les faits antimusulmans sont de très loin les moins nombreux.
03:15 Ce qui est fou, quand on y pense,
03:17 c'est que le 7 octobre, après l'attaque terroriste abominable,
03:22 les exactions immondes du Hamas contre la population israélienne,
03:25 et en particulier les femmes,
03:27 instantanément, si on regarde les chiffres, les courbes,
03:31 instantanément, dès le 7, c'est-à-dire le jour même,
03:34 l'attaque du Hamas a commencé le matin,
03:36 dès l'après-midi, il y a eu une explosion des messages sur les réseaux sociaux
03:41 et des actes antisémites.
03:42 C'est-à-dire que par une réaction qui est complètement contre-intuitive,
03:50 alors qu'il aurait dû y avoir une émotion, une solidarité
03:54 envers la communauté qui était attaquée, en l'occurrence la communauté juive,
03:57 ça a produit l'effet inverse.
03:58 Moi, ce que j'en tire comme analyse,
04:01 c'est qu'il y a en France, malheureusement,
04:04 mais comme dans tous les pays d'Europe, une rue arabe.
04:06 On a longtemps dit, à propos des événements du Moyen-Orient,
04:08 "Ah, il faut écouter la rue arabe."
04:10 Et on disait, la rue arabe, c'est, on citait beaucoup, "le Caire".
04:12 La rue arabe, c'est le Caire.
04:14 Mais aujourd'hui, la rue arabe, c'est Paris, Londres et Berlin.
04:16 C'est ça, la rue arabe, aujourd'hui.
04:18 Donc, on voit cette rue arabe qui n'existait pas
04:20 ou qui était négligeable il y a 20 ans
04:23 et qui, aujourd'hui, a un vrai poids politique,
04:25 qui est notamment récupéré par la France insoumise,
04:27 qui pèse et qui s'exprime également par la menace
04:32 et maintenant par la violence.
04:33 Et c'est très inquiétant parce que c'est un facteur supplémentaire
04:37 de fracture de la société française.
04:39 Et moi, ma grande crainte, c'est que,
04:42 je le disais dès cet été au moment des émeutes,
04:44 le calme est revenu d'abord
04:45 parce que les forces de l'ordre ont bien fait le boulot,
04:47 mais aussi, il ne faut pas se leurrer,
04:48 parce que les trafiquants avaient intérêt à ce que le calme revienne
04:51 pour que le trafic puisse reprendre.
04:53 Et ils ont d'ailleurs empêché les émeutiers d'accéder aux armes à feu.
04:56 Mais ce que j'ai toujours dit,
04:58 c'est que le jour où il y aurait un événement identitaire international
05:01 qui créerait une émotion,
05:02 qui viendrait rappeler chacun, renvoyer chacun à son identité sublimée,
05:07 plus ou moins fantasmée,
05:08 et qui fasse que cette émotion vienne primer les intérêts de business,
05:12 y compris illégaux,
05:13 alors on pourra avoir des vagues de violence épouvantables en France.
05:16 Et c'est un des sujets des mois qui viennent.
05:18 Le trafic de stupéfiants, vous venez de l'évoquer.
05:22 Il y a des établissements scolaires qui sont menacés,
05:25 il y a des crèches qui sont menacées,
05:27 avec des fusillades à proximité de l'endroit où on dépose les tout-petits.
05:31 Est-ce qu'on va arriver un jour à venir à bout de ce fléau ?
05:34 Et comment ? Quelle solution, Thibault de Montbréal ?
05:36 La chose la plus inquiétante, ce n'est pas tout ce que vous avez dit,
05:40 parce que tout ce que vous venez de décrire, ce sont des conséquences.
05:43 La cause...
05:43 C'est quand même inquiétant pour les Français.
05:45 Bien sûr, mais ce que je vais dire ne va pas forcément être très rassurant,
05:48 mais ça permet de comprendre.
05:49 C'est que, comme toujours, à la base du raisonnement,
05:51 on a un effondrement de l'autorité de l'État,
05:53 et la France est confrontée depuis quelques années,
05:56 alors un peu moins que certains pays du nord de l'Europe,
05:59 mais à un entrysme des réseaux sud-américains,
06:03 qui sont en train de s'allier avec les réseaux européens.
06:05 Ça passe notamment par une prise des ports,
06:08 le long notamment de la Manche et de la mer du Nord,
06:12 et avec aujourd'hui, une nouvelle méthode
06:16 qui consiste à larguer la drogue au large des côtes
06:18 et à envoyer des petits bateaux pour aller les récupérer.
06:22 Mais, surtout, le plus inquiétant, et on commence à en parler,
06:27 c'est qu'on observe depuis deux ou trois ans,
06:30 une augmentation de la corruption,
06:31 et notamment de la corruption dans les forces de sécurité,
06:34 la police, la douane, la magistrature,
06:37 et ça, c'est un signal extrêmement inquiétant,
06:40 parce que quand les fonctionnaires commencent à être corrompus,
06:43 et la France a longtemps été un des pays les moins corrompus,
06:46 parce que la parole d'État tenait la route.
06:47 Par rapport à la Hollande ou les Etats-Unis, par exemple.
06:49 Par rapport à d'autres.
06:50 Mais quand vous avez les forces vives de votre administration
06:54 qui commencent à être séduites,
06:57 et même à envisager l'hypothèse de la corruption,
06:59 ce n'est pas forcément la très grande corruption,
07:01 ça peut être la petite corruption de terrain,
07:02 à ce moment-là, c'est vraiment quelque chose qui est très inquiétant.
07:05 Donc on est aujourd'hui dans une situation face au narcotrafic,
07:08 qui va là encore, je dis là encore,
07:12 parce que c'est pareil aussi sur la très grande violence,
07:14 une agression toutes les minutes en France, statistique 2023,
07:17 augmentation considérable des homicides et des tentatives d'homicides,
07:22 14 par jour !
07:23 Tout ça, ça va avec une dégradation de l'ambiance sécuritaire,
07:27 et avec une montée,
07:29 on parle beaucoup des fractures ethno-territoriales, etc.,
07:33 mais aussi de groupes liés au narcotrafic
07:36 qui vont prendre toujours plus d'initiatives dans notre pays.
07:40 C'est aussi un des défis des prochaines années.
07:41 Dernière question rapide.
07:42 On a l'impression qu'il y a des effets de seuil qui sont en train d'être franchis.
07:45 On a vu que des crèches, maintenant,
07:47 étaient protégées par des polices municipales.
07:49 Le lycée de Cachan va être protégé par la police nationale
07:52 pendant plusieurs jours.
07:53 Et on finit par s'habituer à se dire,
07:55 bon, maintenant qu'il y a la police, tout est réglé.
07:57 Et on a le sentiment que les problèmes, en réalité, ne sont pas réglés.
08:01 Comment est-ce que vous, vous analysez ce glissement, ces effets de seuil ?
08:04 C'est la question de la grenouille dans le bocal
08:08 quand on élève la température de l'eau.
08:10 C'est-à-dire que si vous plongez une grenouille dans un bocal d'eau bouillante,
08:13 elle va sortir tout de suite parce qu'elle ne supportera pas,
08:15 et elle va propulser avec ses petites pattes pour sortir de l'eau.
08:17 Si vous mettez une grenouille dans un bocal d'eau froide et que vous chauffez,
08:20 elle ne va pas sentir la montée de la température,
08:22 et l'effet de seuil fera carrément...
08:23 C'est ce qui nous arrive.
08:24 Ah, je suis pas entendu.
08:25 - C'est ce qui nous arrive. - On ne mesure pas ce qui arrive.
08:27 On ne mesure pas ce qui est en train d'arriver.
08:29 Aujourd'hui, des événements qui arrivent au quotidien
08:33 auraient fait la une pendant trois semaines de l'actualité, il y a 20 ans.
08:36 Notre société change et devient de plus en plus violente.
08:40 Notre population change.
08:42 Et la mixité d'une culture qui est une culture très différente de la nôtre,
08:48 un rapport à la femme, un rapport à la violence qui est très différent,
08:51 est en train de peser sur l'évolution de la société française.
08:53 Il est grand temps de mettre le haut là, mais ça ne se fera,
08:56 et vous savez que j'en suis un fervent porteur,
08:58 mais que par un choc d'autorité,
09:00 et ensuite une reconquête par l'éducation et la culture.
09:03 Tout ça mériterait du temps, je reviendrai vous voir,
09:05 mais il est indispensable de le faire vite,
09:06 parce que sinon ça risque malheureusement de mal se terminer.

Recommandations