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Les invités de CNEWS décryptent et débattent de l'actualité des dernières 24 heures dans #SoirInfoWE

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00:00 Il est quasiment 23h, merci de nous rejoindre.
00:04 C'est Soir Info Week-end, très heureux de vous retrouver.
00:07 Je suis en compagnie de Nathan Devers.
00:10 Bonsoir Nathan, écrivain, ravi de vous accueillir sur ce plateau.
00:13 Gabriel Cluzel est avec nous également.
00:14 Bonsoir Gabriel.
00:16 Bonsoir à Denis Deschamps, analyste, conférencier,
00:19 et puis Vincent Delamorandière, avocat pénaliste.
00:21 On a plein de choses à voir durant ces 40, 45 minutes d'émission.
00:26 Mais avant de commencer, tout de suite, c'est le journal.
00:29 Le rappel évidemment de l'actualité de ce dimanche soir.
00:32 Et c'est avec Maureen Vidal.
00:33 Bonsoir Maureen.
00:34 Bonsoir Mickaël, bonsoir à tous.
00:42 Lors d'un meeting géant à Marseille, devant 5000 personnes,
00:46 Jordan Bardella a lancé sa campagne des élections européennes.
00:49 Le président du Rassemblement national dénonce le grand effacement de la France.
00:54 Et le grand effaceur s'appelle Emmanuel Macron, a-t-il déclaré.
00:58 Le candidat, âgé de 28 ans, a assuré que le 9 juin devrait être le jour 1 de l'alternance,
01:03 qui entend faire des européennes une véritable élection de mi-mandat.
01:07 Une fillette âgée de 7 ans décédée dans le Nord après le chavirage
01:12 d'une petite embarcation chargée de migrants.
01:14 Ce drame est le troisième ayant entraîné des décès en 2024 lors de tentatives
01:19 de traversée de la Manche pour rejoindre l'Angleterre.
01:22 16 migrants, dont 10 enfants âgés de 7 à 13 ans,
01:25 se trouvaient à bord de l'embarcation, trop petites pour accueillir autant de personnes.
01:29 Le bateau a chaviré à une trentaine de kilomètres de la côte.
01:33 Enfin, la production de pétrole en baisse.
01:36 L'Irak a annoncé prolonger ses coupes volontaires de 220 000 barils par jour jusqu'à juin.
01:42 Même décision pour l'Arabie saoudite, la Russie, les Émirats arabes unis,
01:46 le Koweït et le Kazakhstan.
01:47 Le but, soutenir des cours minés par l'incertitude économique.
01:54 Merci Maureen et à tout à l'heure, on vous retrouve dans 30 minutes
01:56 pour un nouveau point sur l'actualité.
01:58 Allez, on entre tout de suite dans le vif du sujet.
02:00 Vous l'avez suivi tout à l'heure en direct sur CNews.
02:03 Jordan Bardella a tenu cet après-midi son grand meeting à Marseille
02:07 en présence de Marine Le Pen.
02:08 Marine Le Pen qui a d'abord pris la parole avant de laisser la place
02:11 au président du Rassemblement national.
02:14 Jordan Bardella s'est exprimé pendant près de 40 minutes.
02:17 Retour sur ce grand meeting du RN qui marque le coup d'envoi des élections européennes
02:22 avec depuis Marseille, Yoann Usaï du service politique de CNews.
02:26 Dès les premières minutes de ce meeting, Marine Le Pen a d'emblée donné le ton.
02:30 Elle accuse Emmanuel Macron d'avoir fait perdre à notre pays son influence.
02:34 Elle l'accuse d'avoir déconstruit la France durant les sept dernières années.
02:38 Marine Le Pen qui a décrit un président en état de siège
02:41 et a fustigé ses postures guerrières.
02:43 Pas de doute, le Rassemblement national va bien tenter de faire de ses élections européennes
02:48 un vote sanction contre le chef de l'État.
02:51 La France revient, l'Europe revit.
02:53 Voilà pour le slogan de campagne de Jordan Bardella
02:56 qui entend donc lutter contre ce qu'il considère être le plus grand pays pour notre pays,
03:01 l'effacement de la France.
03:03 Et le premier effaceur de la France, selon lui, il a un nom,
03:06 il s'agit bien sûr d'Emmanuel Macron.
03:08 La protection des frontières, la lutte contre l'immigration incontrôlée
03:12 ou encore la lutte contre l'insécurité, voilà sans surprise les priorités
03:17 du président du Rassemblement national pour qui partout en France,
03:20 le seuil d'alerte a été dépassé et avec lui, la dégradation de la sécurité de notre pays.
03:27 Comme ici à Marseille, devant 5000 personnes,
03:30 Jordan Bardella tiendra une dizaine de meetings partout en France jusqu'au 9 juin prochain.
03:35 Une campagne qui démarre pour lui sous les meilleurs hospices.
03:38 Les sondages le donnent largement en tête, plus de 10 points d'avance
03:42 sur sa principale adversaire Valérie Ayer.
03:44 Il s'agit pour lui maintenant de conserver cette avance très confortable
03:48 en mobilisant pour cela son électorat dans une élection
03:52 où traditionnellement l'abstention est toujours importante.
03:56 Alors ma première question pour Denis Deschamps,
03:58 qu'avez-vous pensé de cette rentrée de campagne,
04:02 de cette entrée en campagne de Jordan Bardella
04:04 qui a tenté clairement cet après-midi une démonstration de force
04:07 devant près de 5000 personnes ?
04:09 Écoutez, c'était très intéressant, donc en fait, ça y est, la campagne est lancée.
04:15 Après la séquence Salon de l'agriculture,
04:17 maintenant on va avoir les grands meetings.
04:19 Donc c'était un grand meeting.
04:21 C'est assez intéressant également de voir un certain nombre de journaux
04:25 ou de chaînes de télévision ou de journalistes s'acharner sur le duo
04:30 qui était à la tête du RN, sur le prisme possible
04:35 qui pourrait faire éclater ce duo et créer des chameries,
04:38 alors qu'en réalité on ne les combat pas sur le fond.
04:40 Dans ces cas-là, nous sommes dans un champ démocratique.
04:43 Donc ils exposent leurs idées, leurs projets.
04:45 Dans ces cas-là, que les LR ou LFI ou le PS,
04:51 moi je ne vois même plus où est le PS en ce moment d'ailleurs,
04:54 ce serait intéressant qu'ils viennent sur ce terrain-là des idées
04:57 et qu'ils viennent échanger avec eux plutôt que d'essayer
04:59 soit de les montrer du doigt, soit de les attaquer sur le duo qui gère le RN.
05:04 En même temps, et je termine juste un petit mot,
05:07 c'est assez intéressant parce qu'en fait ils sont dans le rôle d'opposants.
05:10 Donc ils attaquent Emmanuel Macron.
05:12 Il faut être aussi tout à fait honnête,
05:14 Emmanuel Macron a aussi hérité d'une situation
05:16 qui est une lente dérive depuis deux ou trois générations
05:19 qui a créé aussi ce sentiment d'insécurité,
05:22 cette immigration et cette situation-là.
05:24 Il ne l'a pas créé que depuis sept ans.
05:26 Alors justement, vous avez évoqué le fond en disant
05:28 que les médias ne les attaquaient pas sur le fond,
05:30 mais est-ce qu'il y avait vraiment réellement du fond dans ce meeting ?
05:35 Parce que c'est ce qui a été dit ces dernières heures,
05:39 qu'il y avait finalement très peu d'annonces
05:41 et beaucoup d'attaques en direction de l'exécutif.
05:44 Nathan Devers.
05:46 Oui, vous avez raison, il n'y avait pas énormément de fonds
05:48 du côté de leurs annonces,
05:49 mais ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas les attaquer sur le fond.
05:51 Les élections européennes qui viennent,
05:53 c'est les premières élections dans l'histoire de l'Europe
05:57 où l'Europe ne peut plus être présentée par ses contempteurs
06:01 comme un mot creux, comme un slogan,
06:03 comme une chose abstraite dont on ne saurait pas,
06:07 si vous voulez, à quoi tient la nécessité.
06:09 C'était la vieille rengaine des précédentes élections.
06:13 D'un côté, les gens qui sont des éternels critiques de l'Union européenne
06:16 et de l'autre, d'autres qui nous disaient des slogans
06:19 comme "sans Union européenne, il n'y a plus de paix,
06:22 c'est le retour dans la Seconde Guerre mondiale".
06:23 Il se fait qu'entre les dernières élections européennes et celles-ci qui viennent,
06:27 il s'est passé l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
06:30 Il s'est passé une situation où l'Europe est de nouveau en guerre,
06:35 en guerre actuelle et en guerre potentielle
06:38 parce que des territoires comme la Moldavie,
06:40 comme la Pologne s'inquiètent particulièrement à juste titre.
06:44 À cet égard, on ne peut que s'étonner, s'inquiéter,
06:49 de voir que le parti qui est donné grand gagnant de ces élections,
06:53 en tout cas en France, est un parti qui,
06:55 jusqu'à l'invasion de l'Ukraine par la Russie,
06:59 avait les positions qu'on connaît tous,
07:01 c'est-à-dire soutenir l'annexion de la Crimée,
07:05 c'est-à-dire dire en 2016 Marine Le Pen,
07:09 ce fameux moment où elle se félicitait de poser devant un tableau
07:13 où on voyait Vladimir Poutine, son visage et celui de Donald Trump,
07:16 où elle se félicitait de se présenter comme l'équivalent
07:19 de Vladimir Poutine en France, etc.
07:22 On ne va pas revenir, il y a eu mille et mille investigations
07:24 sur les liens qui existent et qui sont multiples
07:26 entre la Russie de Vladimir Poutine et le Rassemblement national.
07:31 On ne peut que s'en inquiéter,
07:32 nous ne sommes pas dans des élections européennes habituelles.
07:35 Je sais que c'est en général un slogan,
07:36 les politiques adorent dire à chaque élection
07:38 que cette élection-ci n'est pas comme les autres
07:40 et qu'il y a un enjeu existentiel.
07:42 Là pour le coup, pour une fois, ce n'est pas le cas tout le temps,
07:45 mais là pour le coup il y en a un.
07:46 Et c'est très inquiétant de voir une partie très importante
07:49 de l'opinion publique soutenir un parti
07:51 qui a clairement des liens avec l'ennemi.
07:53 Et l'ennemi, encore une fois, ce n'est pas moi qui décide
07:55 que la Russie de Vladimir Poutine serait l'ennemi de l'Europe,
07:58 c'est que la Russie de Vladimir Poutine
08:00 ne cesse de dire depuis longtemps
08:02 et surtout depuis l'invasion de l'Ukraine
08:04 que nous sommes ses ennemis.
08:05 Donc si vous voulez, c'est inquiétant.
08:06 Et j'ajoute juste que le RN n'est pas le seul parti,
08:09 évidemment, à avoir ces positions
08:11 et qu'on voit bien que la France insoumise
08:13 a des positions analogues.
08:14 Vous avez raison, on a beaucoup entendu dire
08:16 ces derniers jours, Gabrielle,
08:18 que cette élection était historique
08:20 dans l'histoire de l'Union européenne.
08:22 Oui, il y a beaucoup d'éléments parce que si en France,
08:26 mais aussi ailleurs des partis similaires
08:29 au Rassemblement national,
08:30 arrivaient en très fortes positions,
08:33 évidemment, ça changerait la physionomie de l'Union européenne.
08:36 C'est pour ça que, notamment du côté du parti d'Emmanuel Macron,
08:40 eh bien, on répète beaucoup ceci.
08:42 Et c'est vrai que l'angle d'attaque...
08:43 Alors aujourd'hui, Jordan Bardella,
08:45 et on l'a vu dans ce meeting avec Marine Le Pen,
08:47 ils sont sur un petit nuage.
08:48 Ils sont galvanisés par les sondages,
08:52 galvanisés par une situation qui semble donner raison
08:57 à toutes leurs thèses en matière agricole, migratoire,
09:02 énergétique, de souveraineté, etc.
09:05 Et c'est vrai que l'angle d'attaque adopté par Renaissance
09:11 et même par tous ceux qui s'attaquent au Rassemblement national
09:17 est le même.
09:17 Ce n'est plus la réduction à Dittlerum,
09:20 c'est la réduction à Poutinoum.
09:22 Donc chacun y va de son petit mot sur la Russie.
09:27 Mais je crois que le fond,
09:29 et c'est pour ça que ça risque de nuire en réalité
09:32 à ceux qui procèdent à cette arme,
09:34 c'est que l'électorat qui est ici, là,
09:38 ce n'est pas ce qu'il attend.
09:39 Il n'attend pas une grande réflexion sur la crise ukrainienne,
09:46 il attend des résultats sur son quotidien,
09:48 c'est-à-dire l'immigration,
09:51 pour les agriculteurs, avoir un métier rémunérateur.
09:55 La crise énergétique, encore une fois,
09:58 quelle solution ?
10:00 La France, qui est en train, de leur avis, de se dissoudre.
10:04 Donc tout cela, à mon avis, est une rhétorique
10:06 qui passe complètement à côté de l'électorat captif
10:11 de Marine Le Pen et de Jordan Bardella.
10:13 Je ne pense pas qu'il soit très inquiet
10:16 de l'angle d'attaque pris par le parti de Emmanuel Macron.
10:20 J'ai remarqué, et par sa représentante Valérie Ayer,
10:24 j'ai remarqué qu'elle, beaucoup, s'étonnait
10:27 de n'avoir vu que le drapeau français.
10:29 Vous avez entendu parler de cette polémique,
10:32 il n'y avait pas le drapeau européen,
10:34 mais en réalité, ça correspond précisément
10:36 à une attente très forte d'électorat,
10:39 encore une fois, qui veut de la France, de la France, de la France,
10:42 et pas une France qui se dissout dans l'Europe.
10:45 La France au cœur de cette campagne.
10:47 Ce qui est assez paradoxal, c'est que ceux qui s'étonnent
10:50 de voir ce drapeau français et s'en indignent,
10:52 étaient les mêmes qui trouvaient tout à fait normal
10:54 que par deux fois sous l'arc de triomphe,
10:56 il n'y ait que le drapeau européen,
10:58 ce qui, pour le coup, était passablement étonnant.
11:02 Néanmoins, Gabrielle, c'est vrai que ce sont des élections européennes
11:05 et que Jordan Bardella a surtout parlé des problèmes de la France.
11:10 Il n'a pas arrêté d'accabler la situation de la France
11:13 en ciblant directement Emmanuel Macron.
11:15 Je vais vous donner la parole dans un instant,
11:17 Vincent Delamore, en dire, mais je vous ai entendu tous les trois,
11:20 notamment parler des sondages en insistant évidemment sur le fait
11:23 que le Rassemblement national avait une très large longueur d'avance
11:29 par rapport à Renaissance.
11:30 Je ne sais pas si en région, on peut afficher les chiffres de ce sondage du JDD.
11:35 29% d'intention de vote pour le Rassemblement national
11:39 contre 19 pour Renaissance.
11:42 Est-ce que c'était vraiment nécessaire
11:44 quand on a une telle longueur d'avance, finalement,
11:47 de tacler autant Emmanuel Macron ?
11:49 Il faut toujours une cible.
11:50 Dans un combat, il faut toujours une cible.
11:53 Lors de ce meeting, je donne la parole à Vincent Delamore en dire.
11:56 Moi, je vais vous dire, déjà, je suis un peu étonné
11:58 quand on voit les images que je découvre ici,
12:01 de voir que l'image de la France qu'il donne,
12:03 parce que sur le devant de la scène, vous pouvez regarder,
12:06 il n'y a pas un seul black, il n'y a que des blancs.
12:09 Et vous regardez, et je suis assez surpris de l'association
12:13 qu'ils font entre la France, le drapeau français,
12:16 et puis cet élément assez creux sur cette phrase, ce slogan,
12:22 "la France revient, l'Europe revit",
12:26 j'ai du mal à comprendre de quoi il s'agit.
12:27 Ça, c'est vraiment un premier élément.
12:30 Je ne sais pas quelle image de la France
12:32 il porte à ce moment-là.
12:33 Quant à leur attaque contre Emmanuel Macron,
12:36 moi, j'ai quand même l'impression qu'on ne s'appuie
12:39 que sur ce qui résiste, si vous voulez.
12:41 Et ils disent qu'Emmanuel Macron a été le grand effaceur,
12:47 si vous voulez, de l'image de la France
12:49 sur la scène internationale.
12:51 Moi, j'ai plutôt l'impression que sur les deux quinquennats,
12:56 Emmanuel Macron a donné quand même une bonne image de la France
12:59 et a donné une dimension assez crédible.
13:03 Donc c'est vrai que je ne comprends pas
13:05 ces entrées en campagne du Rassemblement national.
13:08 - Alors, pour reprendre, parce que sur la première partie
13:11 de votre intervention, vous faisiez allusion à l'image
13:14 qui était renvoyée.
13:15 - La sociologie de la salle.
13:17 - La sociologie de la salle, en fait.
13:18 - Je suis assez étonné quand même.
13:19 - Qu'est-ce qui vous a étonné concrètement ?
13:22 - Regarder les images des gens qui accompagnent Bardella,
13:28 il n'y a pas un black.
13:29 Je suis un peu surpris de ça.
13:31 Et je trouve qu'on est loin de...
13:35 - C'est ridicule, ce n'est pas un argument.
13:36 - Gabriel Cluzel.
13:37 - Je ne sais pas, sur 5 000 personnes.
13:39 - C'est quoi cette façon d'aller compter les gens
13:41 en fonction de leur couleur de peau ?
13:42 Mais c'est ça qui est raciste.
13:43 Pardon, vous allez sur la scène,
13:45 vous allez compter le nombre de noirs, de blancs, etc.
13:48 Mais pardon, je trouve que c'est un argument politique indigent.
13:51 Excusez-moi, mais là, pour le coup,
13:55 discutons du fond de ce qui a été dit.
13:57 - Alors, il ne faut pas faire de l'inversion accusatoire.
14:00 - Vous savez très bien qu'il y a un certain nombre
14:02 d'hommes politiques, et on l'a vu par le passé,
14:06 qui font de la diversité de façade sur leur podium,
14:11 ou lors de leurs déplacements, et ça, c'est quand même assez abject.
14:15 - Est-ce que vous pouvez me dire ce que veut dire le slogan ?
14:18 - C'est marrant parce que vous, vous avez constaté quelque chose
14:20 que moi, je n'ai pas vu.
14:22 Donc, je suis toujours frappée de voir que les gens
14:24 qui se prétendent antiracistes
14:26 sont les premiers à compter les gens de telle ou telle couleur.
14:29 - En effet, je suis désolé, je ne vous connais pas,
14:32 mais je trouve ça très intéressant, ce que vous dites,
14:33 c'est qu'il ne faut pas faire de l'inversion accusatoire.
14:35 Remarquez en effet que ce n'est pas les accusés de racisme,
14:39 mais que c'est vrai que leur représentation
14:40 de la société française ne correspond pas à la réalité
14:43 dans sa diversité de la société française.
14:46 Bon, évidemment qu'il faut être naïf pour croire
14:49 qu'il n'y a pas des communicants derrière la manière
14:51 dont on compose une scène de meeting, c'est une évidence.
14:53 - Vous vous rendez compte, la seule critique qui est faite,
14:56 c'est sur le nombre de personnes de telle ou telle couleur.
14:59 - Moi, la critique que j'allais faire n'était pas celle-ci.
15:01 Et mon sujet, mais en l'occurrence,
15:03 je suis plutôt d'accord avec la vôtre.
15:04 Mais moi, la critique centrale, on aime le drapeau français,
15:06 je pense que c'est tout et toute notre dénominateur commun.
15:10 Moi, je le reproche, ce n'est pas du tout
15:12 d'avoir un drapeau français sur leur scène.
15:14 Il faut en avoir, c'est formidable.
15:16 Il y a aujourd'hui, encore une fois, je le répète,
15:18 c'est le sujet majeur.
15:20 Vous avez un empereur d'un empire agressif, brutal,
15:25 qui en veut au drapeau français,
15:27 qui infeste notre vie politique de fake news.
15:30 J'ai lu, j'ai appris moi-même sur le site de CNews
15:33 que même sur l'histoire des punaises de lit,
15:35 que les services russes avaient amplifié cette psychose.
15:38 Nous avons aujourd'hui un empire qui pourrit le débat public,
15:41 qui pourrit la vie démocratique en France.
15:42 Et nous avons un parti qui est donné premier
15:45 par les urnes en France,
15:46 qui est un parti qui a des liens objectifs,
15:48 documentés par toutes les rédactions de France,
15:50 de Navarre et même des États-Unis, du monde entier,
15:53 avec cet empire-là, et qui en a eu,
15:55 et qui sont des liens forts.
15:57 Ça, c'est un sujet qui doit nous alerter.
15:58 Ça ne veut pas dire qu'on ne doit pas se soucier
16:01 de la situation des agriculteurs en France.
16:03 Ça ne veut pas, évidemment, pas dire
16:04 qu'il n'y a pas une répercussion sur les classes populaires
16:07 en France de la politique européenne.
16:08 Évidemment qu'il y en a.
16:10 Évidemment que l'Union Européenne,
16:11 sa grande faillite aujourd'hui,
16:13 c'est qu'elle n'a pas été assez démocratique,
16:15 c'est qu'elle n'a pas été assez sociale,
16:16 et qu'elle s'est faite globalement un peu trop
16:18 contre les classes populaires
16:19 et un peu trop contre les "peuples".
16:21 Mais ce n'est pas une raison pour voter pour un parti
16:23 qui a des liens objectifs avec l'ennemi
16:25 que, encore une fois, nous n'avons pas choisi,
16:27 qui nous a choisis comme adversaires, comme ennemis,
16:30 et comme civilisations, comme blocs politiques à désintégrer.
16:32 Alors ça, c'est une question de fond.
16:34 Désolé.
16:35 C'est une question de fond, Denis Deschamps,
16:36 plus que la composition de la scène de Jordan Bardella.
16:39 Je vais avoir un discours un petit peu plus pondéré que Nathan.
16:42 Nathan a raison de dire qu'il y a des manipulations sur les nouvelles.
16:46 Ça, c'est indiscutable.
16:48 Mais en réalité, ce n'est pas les seuls à pratiquer cela.
16:51 Partout dans le monde, quand il y a une démocratie
16:54 qui est trop, entre guillemets, trop fluide,
16:57 elle prête le flanc à ce genre de manipulations.
16:59 J'ai regardé très attentivement aujourd'hui, cet après-midi,
17:02 ce qui est en train de se passer aux États-Unis à l'heure actuelle.
17:05 Et il y a même des sociétés qui ont développé des IA,
17:08 donc il y en a une très connue,
17:09 mais il y en a d'autres qui sont en train de travailler
17:11 de faire appeler les gens, de les inonder de nouvelles.
17:14 Vous connaissez les États-Unis, avec le sacro-saint
17:17 article 1 de la Constitution,
17:19 où ils les inondent de nouvelles plus ou moins failles.
17:21 Parfois, c'est tellement grossier que c'en est risible.
17:24 Et en fait, ça fait partie du jeu malheureusement démocratique.
17:27 J'en suis navré, mais ça fait partie du jeu.
17:29 L'autre point, donc ça c'est un sujet de fond, effectivement.
17:32 L'autre point qui est important,
17:33 c'est que Nathan a soulevé tout à l'heure quelque chose,
17:36 qui est que Poutine, c'est l'agresseur, il faut le répéter.
17:40 C'est l'agresseur, ça n'a pas toujours été ça.
17:42 On a eu d'excellentes relations avec la Russie dans le passé,
17:45 mais en fait, on ne va pas expliquer un petit peu
17:48 les relations Europe et France par rapport à la Russie ce soir,
17:52 mais en tout cas, on a aussi cherché le fait qu'il se radicalise
17:55 aussi dans son coin, mais ce serait trop loin à expliquer.
17:58 Mais ce qui est important, c'est qu'il y a aussi plein de petits pays.
18:00 Vous parliez de la Moldavie, vous parliez de la Transnistrie, par exemple.
18:03 Mais il y a aussi les pays baltes qui sont juste aux portes.
18:06 Vous savez, les trois pays, Létonie, Estonie et Lituanie,
18:09 qui sont aux portes de la Russie, la Russie violente.
18:15 Et ils ont peur de se faire attaquer.
18:17 Et en fait, la grande question qui a éclos cette semaine,
18:21 c'est que ce sont des pays de l'OTAN.
18:23 Et avec la sortie malencontreuse, voire désastreuse de notre président
18:29 sur "Envoyez un soldat là-bas", ça implique l'OTAN et l'article 5.
18:34 On est dans une folie, mais complètement...
18:37 Enfin, là, on peut avoir une cascade d'événements qui est majeure.
18:41 Là, par contre, c'est la Troisième Guerre mondiale avec les alliances.
18:44 Dernier point, encore une fois sur le fond,
18:47 je pense que c'est important de revenir sur le fond.
18:50 Bardella est dans son rôle, il attaque Macron.
18:52 On attaque toujours l'adversaire le plus puissant en face de soi.
18:54 Vous le savez, c'est toujours pas...
18:55 C'est toujours la même chose.
18:57 Mais ce qui est assez intéressant, c'est que ça rend totalement invisible
19:02 tous les autres.
19:03 Alors, justement, juste avant de vous donner la parole, Gabriel Cluzel,
19:05 on le disait, ils s'en sont effectivement donnés à cœur joie
19:09 en ce qui concerne les pics envoyés à Emmanuel Macron.
19:12 Après, on peut se poser la question.
19:14 Ça peut être aussi de bonne guerre, parce qu'on sait que depuis quelques jours,
19:17 ça attaque également du côté du camp présidentiel.
19:21 Celui qui ne cesse de déconstruire pour Marine Le Pen,
19:23 le grand effaceur pour Jordan Bardella.
19:25 On les écoute et on en parle juste après.
19:28 Depuis qu'il est au pouvoir, directement depuis 7 ans,
19:32 indirectement depuis 2007,
19:35 Emmanuel Macron n'a eu de cesse de déconstruire ce qui fait la France.
19:43 Déconstruire, c'est la volonté de retirer un autre pays,
19:46 les atouts de sa puissance.
19:47 C'est notre dissuasion nucléaire ou notre siège au Conseil de sécurité
19:51 de l'ONU qu'il veut mutualiser au bénéfice de l'Union européenne.
19:55 Nous, nous sommes les défenseurs de la souveraineté nationale.
19:59 Au fond, ce que nos dirigeants et l'Union européenne
20:02 ont provoqué main dans la main, c'est le grand effacement de la France.
20:07 Un grand effacement qui se traduit par le recul de la France chez elle,
20:13 sur son propre sol, mais également en Europe et dans le monde.
20:18 Par le délabrement de l'État, par la dislocation du pays
20:22 et par-dessus tout, par la désunion des Français.
20:26 Et le grand effaceur a un nom.
20:29 Il s'appelle Emmanuel Macron.
20:33 Nathan Devers faisait une analyse tout à l'heure
20:35 aux communicants qui travaillent sur ce type de meeting.
20:38 Vous avez remarqué la typographie du slogan.
20:41 Le slogan c'est "La France revient, l'Europe revit".
20:44 La France revient en très très gros et l'Europe revit en tout petit.
20:48 Je crois que le RN ne s'est jamais caché de vouloir faire passer la France avant l'Europe.
20:53 Aujourd'hui, c'est plutôt un slogan qui a le vent en poupe.
20:58 Ce qui change aussi dans ces élections, c'est que pour la première fois,
21:01 sans doute, on va voir si ça a un effet sur la participation.
21:04 Ce sera intéressant, il me semble que oui, mais je peux me tromper.
21:07 Beaucoup de Français ont compris que les centres de décision
21:11 n'étaient plus en France, mais en Europe, pour nombre de sujets.
21:14 Ils l'ont compris encore une fois en matière agricole,
21:16 encore une fois en matière énergétique et dans nombre de domaines.
21:20 Donc, ils ont fini de croire que finalement,
21:23 les élections présidentielles, c'était extrêmement intéressant,
21:25 mais les européennes, c'était loin, c'était obscur
21:29 et on ne comprenait pas très bien ce qui s'y faisait.
21:30 Donc, je crois que là, il y a eu une prise de conscience extrêmement forte.
21:34 Et aujourd'hui, l'Union européenne, pour certains,
21:39 je ne dis pas l'Europe parce que certains se sentent européens
21:43 et même tous sans doute, l'union de l'Europe,
21:46 des pays avec une culture commune, ça, ils le vivent très fortement.
21:49 En revanche, l'Union européenne, telle qu'elle existe actuellement,
21:53 avec sa technocratie et tout son pouvoir,
21:57 avec des gens qui n'ont pas été élus,
21:59 est vécue comme un ennemi d'une certaine façon.
22:03 Donc, faire passer l'Europe au deuxième plan
22:06 n'est pas du tout pour le public un sujet d'interrogation,
22:11 c'est même assez naturel.
22:13 Et on suivra avec attention également le meeting de Valérie Ayé
22:17 du camp présidentiel, la tête de liste de Renaissance,
22:20 qui se tiendra samedi prochain à Lille.
22:23 C'est un trafic qui prend de l'ampleur,
22:25 celui du Lyrica, aussi appelé drogue du pauvre.
22:28 Ce médicament détourné de son usage thérapeutique
22:30 est vendu à la sauvette quelques euros.
22:32 Il provoque évidemment le ras-le-bol des habitants
22:35 et des commerçants du nord de Paris.
22:37 Regardez ce reportage exclusif de Fabrice Elsner et Maxime Legay
22:40 et on en parle juste après en plateau avec mes invités.
22:43 A la sortie du métro Barbès,
22:46 dans le 18e arrondissement de Paris,
22:48 ces scènes de trafic de substances illicites sont quotidiennes.
22:52 Mais depuis quelques temps, un nouveau trafic a pris de l'ampleur,
22:56 la vente de Lyrica, cette petite pilule rouge et blanche
22:59 surnommée la drogue du pauvre.
23:01 Pour les dealers, s'en procurer est un jeu d'enfant.
23:04 - Tu vas voir un médecin et tu fais ce qu'il y a,
23:08 une méthadone, tous les casus que tu veux.
23:10 Tu viens ici, tu vends.
23:12 - Et tu trouves facilement des clients ?
23:14 - Très facilement.
23:16 Ce médicament, initialement utilisé contre les douleurs neuropathiques,
23:20 est devenu une drogue bon marché.
23:23 Délivrée sur ordonnance, environ 6 euros la boîte de 50 comprimés,
23:27 la pilule est revendue entre 2 euros et 5 euros l'unité.
23:31 Ici, les contrôles de police sont fréquents,
23:34 mais à peine les forces de l'ordre partent,
23:36 le trafic reprend de plus belle.
23:38 Une situation qui suscite l'ire des habitants du quartier.
23:41 - On comprend bien que les voisins ne sont pas très contents.
23:44 Il y en a plein que je connais qui ont déménagé.
23:46 - Les vendeurs sont partout.
23:48 C'est un peu inacceptable.
23:53 - C'est détestable, bien sûr.
23:55 Je me dis que quand je serai plus vieille,
23:58 j'éviterai de passer par ici.
24:00 - Selon la préfecture de police, en 2023, 769 infractions
24:04 commises en lien avec la vente de substances psychotropes
24:07 ont été relevées à Paris.
24:09 - La consommation de l'irica est très dangereuse.
24:13 Elle peut provoquer une désorientation,
24:16 une confusion, des troubles de conscience
24:19 allant jusqu'au décès.
24:21 Nous étions avec une pharmacienne qui nous expliquait
24:25 que c'était aussi une drogue qui pouvait être utilisée
24:29 comme drogue du viol.
24:31 On a affaire à un vrai problème sérieux,
24:34 un trafic qui se fait sur le dos de l'assurance maladie.
24:38 - On est dans un cas qui est déjà connu.
24:42 On a connu ce même mécanisme avec le Subutex.
24:45 À côté des prescriptions officielles par des médecins
24:49 du Subutex ou de la méthadone,
24:52 vous avez un trafic qui s'instaure en parallèle.
24:56 C'est un mécanisme qu'on connaît.
24:58 - Qui n'est pas dit hier.
25:00 - Il est très difficile à maîtriser.
25:02 On sait très bien que dans certaines zones géographiques
25:06 comme dans le nord de Paris,
25:08 il y a une concentration importante d'usagers de drogue
25:12 et de drogue dure.
25:14 On cherche des moyens.
25:16 Un des moyens qui n'est pas développé dans notre système
25:20 judiciaire et juridique, mais qui pourrait fonctionner
25:24 et que rien n'interdit, c'est de faire un contrôle
25:28 pour les piétons de l'usage de drogue.
25:31 C'est un contrôle autorisé quand ils sont conducteurs
25:35 de véhicules, mais rien n'interdirait de penser
25:39 dans des zones particulièrement exposées
25:42 à un risque de sécurité publique.
25:45 - Comment faites-vous un contrôle piéton ?
25:48 Il y a des drogues qui ne se détectent pas forcément.
25:52 - Par des tests salivaires, par exemple.
25:55 On peut très bien détecter le cannabis, les opiacés.
25:59 - Pas toutes les drogues ?
26:01 - La plupart, on va dire.
26:03 Dans ces zones-là, le législateur pourrait penser à ça
26:08 s'il n'avait pas peur d'affronter le fait
26:12 que les consommateurs sont aussi des électeurs.
26:16 - Vous réfléchiriez à ceux qui ont pris de la drogue,
26:20 mais pas à l'instant T, car apparemment
26:22 c'est une molécule assez active.
26:24 J'imagine qu'ils ne prennent pas ça sur le trottoir.
26:27 - Un test salivaire va être positif
26:31 au moins une journée après la consommation.
26:34 On voit très bien que ça permet de détecter
26:37 sur une période de 24 heures s'il y a une prise de drogue ou pas.
26:40 - On ne s'attaque pas forcément aux revendeurs ?
26:43 - Non, on s'attaque aux problèmes du trafic de drogue
26:46 par la porte d'entrée la plus négligée en France.
26:50 - Même si...
26:52 - Ce ne serait pas populaire, mais ça pourrait être efficace.
26:56 - C'est intéressant d'en parler.
26:59 On a affaire à un produit qui ne coûte rien aux dealers
27:04 et qui est relativement faible comparé à d'autres drogues.
27:08 C'est pour ça que ce sont les personnes en situation
27:12 de forte précarité qui sont ciblées par les dealers
27:16 lorsqu'elles vendent ce type de produit.
27:19 - Oui, elle ne coûte rien aux consommateurs,
27:21 mais tout aux contribuables,
27:23 qui cotisent à la sécurité sociale.
27:25 A son corps défendant, la sécurité sociale devient un peu le soutien...
27:29 - Un peu dealer à son insu.
27:31 - Exactement. C'est assez terrifiant.
27:33 Il y avait eu d'autres cas de médicaments détournés.
27:37 Vous parlez de Subutex, c'est ça ?
27:39 - Et Métadone.
27:40 - La codéine, c'est peut-être la même molécule.
27:43 - Le Subutex.
27:44 - La codéine, exactement.
27:46 Elle était en 2017 réputée la drogue de l'ado.
27:50 Elle avait été mélangée à d'autres substances.
27:54 On pouvait la trouver sans ordonnance.
27:57 Le ministre avait imposé qu'elle ne soit délivrée que sur ordonnance.
28:00 Là, on est l'étage au-dessus,
28:02 puisque le Lyrica a besoin d'une ordonnance pour être délivrée.
28:05 Néanmoins, ça circule de façon importante.
28:09 La sécurité sociale devient un vrai problème dans notre pays.
28:14 Elle est un peu hors contrôle pour beaucoup de sujets.
28:19 Il y a des demandes fortes de contrôle de la sécurité sociale.
28:25 Je me rends compte que celui-là,
28:27 en plus du fait que ce soit délivré des ordonnances de Lyrica,
28:31 d'une façon ou d'une autre,
28:33 il faut bien qu'il y ait eu une ordonnance de complaisance ou de semi-complaisance.
28:37 Il faudrait évidemment que ce soit contrôlé.
28:41 Vous parliez de drogue du violeur, mais il y en a une autre.
28:44 Le crack aussi, c'est la drogue du violeur.
28:46 Je suis toujours très étonnée de voir qu'aucune féministe ne se saisit de ces sujets.
28:50 Le trafic de drogue, qui est quand même dangereux au premier chef pour les femmes,
28:55 pour ces raisons-là aussi,
28:57 est vraiment l'angle mort,
28:59 alors qu'il me semble que ce serait une vraie cause féministe.
29:04 On va écouter Delphine Chadouto,
29:06 présidente de l'Union des syndicats de pharmaciens d'Officine de l'Estone.
29:09 Elle était dans Punchline tout à l'heure.
29:11 Elle expliquait que certains médicaments
29:13 pourraient parfois être délivrés sous la contrainte même par certains médecins.
29:18 Ce qui est très ennuyeux dans la baisse de ce temps
29:22 que l'on peut consacrer aux patients,
29:24 mais même pour nous, pharmaciens,
29:26 parce qu'on est appelés à gérer beaucoup de choses,
29:29 c'est que derrière ce patient que l'on voit a priori comme un toxicomane,
29:33 comme un patient qui peut être agressif,
29:36 donc on est face à un danger potentiel,
29:38 donc on est sur nos gardes,
29:40 et avant tout un patient qui est en danger
29:43 pour lequel on devrait pouvoir consacrer du temps,
29:45 orienter dans les bons services.
29:47 Parfois ça marche, je ne dis pas que c'est extraordinaire,
29:50 mais parfois ça marche et on arrive à récupérer des patients,
29:52 les remettre dans une vie sociale normale
29:55 et quand ça arrive, la fierté est énorme.
29:59 Mais pour ça, il faut du temps,
30:00 et ce temps, que ce soit chez le médecin et chez le pharmacien,
30:03 aujourd'hui c'est un luxe.
30:05 Ce n'est pas exactement l'extrait que je voulais,
30:07 mais ce n'est pas grave.
30:09 - Je vais vous expliquer également,
30:11 il y a également un problème de ce côté-là, Nathan Devers.
30:15 Certains médecins manquent de temps,
30:18 tout simplement, pour délivrer des ordonnances.
30:21 Ils manquent de temps pour suivre les patients
30:25 et ont tendance à délivrer des ordonnances un peu à la va-vite.
30:28 Il y a une crise, on le sait, de la médecine en France,
30:31 aujourd'hui certains médecins généralistes
30:33 se retrouvent à enchaîner les rendez-vous,
30:36 avec des rendez-vous de plus en plus courts.
30:38 Ça rajoute aussi le problème de la téléconsultation.
30:41 - Je pense qu'il y a deux sujets.
30:42 Il y a un premier sujet, qui est la crise,
30:44 on dit souvent des métiers de vocation.
30:46 Il y a un phénomène qui est assez complexe en économie,
30:48 mais qu'on a vu apparaître dans plein de champs professionnels,
30:50 qui est ce qu'on appelle l'ubérisation.
30:52 Il y a plusieurs aspects de définition de l'ubérisation.
30:54 Mais un de ces aspects, c'est l'évaluation systématique
30:58 du travailleur et du consommateur.
30:59 Quand vous prenez votre chauffeur VTC,
31:01 vous pouvez l'évaluer, lui mettre 0 étoile, 5 étoiles, etc.
31:03 et réciproquement, et en fonction de ça,
31:05 il va avoir plus ou moins de perspectives d'emploi.
31:08 La médecine, aujourd'hui, est livrée à l'ubérisation.
31:10 N'importe quel médecin en France a une page Google,
31:13 qu'il le veuille ou non,
31:14 où on peut lui mettre ses patients.
31:16 Donc, ils ne sont plus des patients, ils deviennent des clients.
31:19 Et à partir du moment où vous arrivez chez le médecin
31:21 pour avoir, par exemple, un arrêt de travail,
31:23 ou parce que vous voulez obtenir une ordonnance
31:25 pour tel ou tel médicament,
31:26 et que votre médecin vous dit,
31:27 "Écoutez, non, vous ne rentrez pas dans le diagnostic,
31:29 je ne vous fais pas l'ordonnance",
31:30 vous pouvez tout à fait lui mettre 0 étoile,
31:32 mettre un petit commentaire en disant que c'est un mauvais médecin,
31:34 et ça va évidemment avoir des répercussions.
31:36 Donc, à partir de là, ça, ça a des conséquences
31:38 sur la pratique de la médecine.
31:40 Le deuxième sujet, je pense qu'il faut un moment se questionner
31:43 sur pourquoi en France, on a une si grande consommation de drogue,
31:47 au sens large.
31:48 Drogue illégale, drogue légale, tabac, alcool et médicaments.
31:51 Et à un moment, quel mal-être, si vous voulez,
31:53 cette consommation vient-elle exprimer,
31:57 cacher, sublimer, conjurer ?
31:59 C'est ça, à mon avis, le sujet.
32:01 Et il y a aujourd'hui un décalage majeur
32:03 entre la situation de la loi en France sur les drogues
32:06 et la réalité de la consommation de drogue en France.
32:08 Et il ne faut pas se leurrer.
32:09 On peut faire toutes les lois.
32:10 J'étais intéressé par ce que vous disiez,
32:12 mais il me semble qu'on peut faire toutes les lois,
32:14 même les plus dures, contre les consommateurs
32:16 pour des individus qui sont en situation de dépendance.
32:18 Ça ne changera strictement rien.
32:20 Après, vous n'êtes pas très loin.
32:21 C'est-à-dire qu'effectivement,
32:22 il faut également s'intéresser aux consommateurs.
32:25 Oui, c'est le point d'accord que j'ai avec vous.
32:27 Il me semble que ce n'est pas en ayant, si vous voulez,
32:29 une politique coercitive sur les consommateurs,
32:31 qu'on va changer des choses.
32:32 On va évoquer dans un instant cette nouvelle agression antisémite à Paris.
32:35 Un sexagénaire a été roué de coups en sortant d'une synagogue du 20e arrondissement.
32:39 Ce sera juste après le journal de 23h31.
32:43 Léger retard.
32:44 Et c'est avec Maureen Vidal.
32:45 Rebonsoir, Maureen.
32:46 Un véritable drame la nuit dernière sur l'autoroute A6.
32:56 Une adolescente de 15 ans est décédée
32:58 dans un accident d'autocar près d'Aiguille, en Côte d'Or,
33:01 12 personnes ont été blessées.
33:04 En direction d'une colonie de vacances,
33:06 le conducteur se serait endormi sur la route.
33:08 Une enquête pour homicide involontaire et blessure involontaire a été ouverte.
33:13 A Rome, le pape François a appelé à garantir un accès sûr
33:18 à l'aide humanitaire pour la population palestinienne
33:21 qui en a un besoin urgent.
33:23 Selon ses mots,
33:24 « Je porte chaque jour dans le cœur une douleur,
33:26 la souffrance de la population en Palestine et en Israël
33:29 due aux hostilités en cours », a-t-il déclaré.
33:32 Il a encouragé à la poursuite des négociations
33:34 pour un cessez-le-feu à Gaza.
33:36 Enfin, le bilan s'alourdit à Odessa.
33:39 Après une frappe au drone,
33:41 12 morts ont été recensées dans un bilan provisoire.
33:44 Le président ukrainien appelle le monde à aider Kiev
33:47 à triompher du mal russe.
33:49 L'attaque a notamment tué 5 enfants,
33:51 dont 2 bébés de moins d'un an,
33:53 selon les déclarations du président et du gouverneur de la région.
33:58 Merci Maureen.
33:59 Une nouvelle agression antisémite à Paris.
34:01 Un sexagénaire a été roué de coups
34:03 en sortant d'une synagogue du 20e arrondissement.
34:05 Il a été insulté, puis frappé par l'individu qui a pris la fuite.
34:08 Les détails d'abord de Viviane Hervier,
34:10 Jules Bedot et Laura Lustrat.
34:12 L'agression a eu lieu vendredi ici,
34:15 dans le 20e arrondissement de Paris.
34:17 L'homme, âgé de 62 ans, porteur d'une kippa,
34:20 sortait de cette synagogue située rue des Hortos.
34:22 Il a été attaqué par un individu
34:24 qui l'a insulté, le traitant de sale juif,
34:27 tout en lui portant plusieurs coups de poing et de pied.
34:29 Il a ensuite pris la fuite.
34:31 La victime, qui souffre d'une fracture du nez,
34:33 a été transportée à l'hôpital,
34:35 dans le quartier où toutes les communautés cohabitent depuis toujours.
34:38 Cette agression surprend et inquiète.
34:40 Il n'y a aucune animosité.
34:42 On se dit bonjour, on se dit au revoir,
34:44 un petit mot gentil, puis voilà.
34:46 Qu'on soit juif, musulman, chrétien, indien, tout ce que vous voulez.
34:48 Ça va faire un choc, parce qu'on ne pouvait pas imaginer
34:51 que ça pouvait arriver dans notre quartier.
34:53 Le maire du 20e arrondissement ne s'attendait pas non plus
34:56 à ce genre d'agression.
34:58 Le 20e est un arrondissement où les gens vivent
35:00 de manière très harmonieuse entre diverses communautés.
35:02 C'est un arrondissement d'accueil historique.
35:05 Donc évidemment, j'ai été surpris,
35:07 puisque depuis les événements du 7 octobre,
35:09 en fait, on n'a pas eu d'événements importants,
35:12 hormis quelques tags, etc.
35:14 Très vite repris.
35:16 Ça va amener la police nationale à renforcer
35:18 ses dispositifs de protection.
35:20 Vendredi déjà, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
35:23 a demandé au préfet de renforcer les mesures de protection
35:26 de la communauté juive autour des écoles et lieux de culte,
35:29 en lien avec les tensions accrues dans la bande de Gaza.
35:32 - Allez, avec nous pour en parler, j'accueille
35:35 Youssef Mourciano, secrétaire national de l'UEJF,
35:37 l'Union des étudiants juifs de France.
35:39 Bonsoir, Youssef Mourciano.
35:41 Merci d'être avec nous dans ce soir Info.
35:44 D'abord, votre réaction est celle de la communauté juive
35:46 après ce nouvel acte antisémite survenu vendredi.
35:51 - Alors évidemment, toujours l'effroi, le soutien à la victime.
35:55 Que dire de plus ? C'est une autre agression antisémite,
35:58 une agression de plus depuis le 7 octobre.
36:00 Des agressions qui ne font qu'augmenter,
36:02 qui gagnent en intensité, pas seulement en termes de chiffres,
36:06 mais aussi en termes...
36:08 On va de plus en plus dans la violence.
36:10 Et voilà ma réaction et la réaction
36:12 de tous les étudiants juifs de France.
36:14 - Vincent Delamorandier, l'auteur de cette agression,
36:16 on le sait, a pris la fuite.
36:18 Que risque-t-il ?
36:20 - En fait, toutes les atteintes volontaires
36:24 à l'intégrité corporelle sont aggravées
36:27 quand elles ont été commises en raison d'une appartenance réelle
36:31 ou supposée à une religion.
36:33 On voit très bien que le mobile antisémite
36:35 est une cause d'aggravation pénale.
36:37 Je pense qu'il est entre 5 et 7 ans de peine encourie.
36:40 Il faudra voir le nombre de jours dits "têtés".
36:42 Ça montre vraiment l'urgence qu'il y a en France
36:46 d'apprendre aux gens, dès la classe,
36:49 dès le collège ou dès le lycée,
36:51 à rentrer dans un dialogue qu'on pourrait qualifier d'inter-religieux.
36:55 C'est-à-dire, quand vous êtes un jeune musulman,
36:57 un jeune chrétien ou un jeune juif,
36:59 comment on fait pour parler avec des gens
37:01 qui n'ont pas la même religion ?
37:03 On sait qu'il y a des modèles pour apprendre
37:05 à parler de manière respectueuse, intelligente et féconde
37:08 entre différents membres de religion.
37:10 Ça, il faut l'apprendre dans le respect de la laïcité,
37:12 c'est-à-dire du pluralisme religieux en France.
37:15 Mais il faut l'apprendre, ça devient une nécessité absolue à mon sens.
37:17 - Joseph Mourciano, vous partagez ce qui vient d'être dit ?
37:21 - Inter-religieux, oui.
37:24 Du dialogue interculturel aussi,
37:27 parce que le problème n'est pas seulement religieux.
37:30 Je vais vous dire, on a suivi de près les réactions
37:34 qu'on a déclenchées avec un message sur Twitter,
37:38 un message tout simple de soutien à la victime.
37:41 Et c'était assez dingue.
37:42 Les réactions, elles sont presque unanimes.
37:46 Les gens disent "oui, mais il se passe ce qui se passe au Proche-Orient",
37:51 "oui, mais c'est de la faute de la communauté juive de France
37:54 si elle ne prend pas position contre Israël".
37:56 Mais on a dépassé un stade dans la violence.
38:00 Et en plus, dans l'absurdité, on demande à des gens
38:02 de se justifier et de devoir dire quelque chose.
38:07 On est en train de chercher,
38:08 voilà maintenant, c'est à ça qu'on arrive,
38:10 on est en train de chercher les bons juifs et les mauvais juifs.
38:12 Les bons juifs qui condamneraient toute action de l'État d'Israël
38:18 et les mauvais juifs qui ne condamneraient pas
38:21 et donc potentiellement pourraient être frappés,
38:24 comme ça a été le cas vendredi soir.
38:27 Vous savez, il n'a pas été mentionné dans le sujet,
38:31 mais l'agresseur a demandé à la victime
38:34 "c'est toi qui tues des enfants palestiniens au Proche-Orient,
38:38 c'est toi qui les tues".
38:39 Voilà, en fait, c'est ça la conséquence
38:42 de cet amalgame qui est fait
38:45 et du fait de pointer du doigt comme ça
38:48 tout juif comme étant comptable de ce qui se passe au Proche-Orient.
38:52 C'est d'ailleurs ce qui a été évoqué par le ministre de l'Intérieur,
38:55 Gérald Darmanin, qui a rapidement réagi.
38:57 Tout est mis en œuvre pour retrouver l'auteur de cet acte inqualifiable.
39:01 Par ailleurs, sur mon instruction, les préférents forcent,
39:03 depuis hier, la surveillance des lieux fréquentés
39:05 par nos compatriotes juifs qui ne doivent pas être
39:07 les victimes des drames qui se déroulent au Proche-Orient.
39:10 Donc pour le ministre, il y a importation du conflit.
39:14 Est-ce que c'est ça le problème, Nathan Devers ?
39:16 Oui, ce n'est même pas importation.
39:18 Évidemment, je suis d'accord avec Yossef Murciano
39:20 pour dire l'effroi devant une telle agression antisémite.
39:23 Oui, ce n'est même pas l'importation.
39:25 Est-ce que finalement le problème n'est pas le même partout ?
39:27 Est-ce que le problème n'est pas tout simplement l'antisémitisme ?
39:29 Oui, bien sûr. Il y a une spécificité française.
39:31 J'aimerais juste dire trois petites choses,
39:33 introductives, mais très rapidement.
39:35 L'effroi devant l'agression de ce monsieur, Marco,
39:39 vieux monsieur dont nous avons vu le visage fracassé, premièrement.
39:42 Deuxièmement, je suis parfaitement d'accord avec vous,
39:44 nécessité absolue d'un dialogue interreligieux, interculturel,
39:48 nécessité d'une critique de la politique israélienne.
39:50 Mais là, ce à quoi nous avons affaire, c'est un cas,
39:53 et vous l'avez dit, un cas bien français,
39:55 même si ça survient dans d'autres pays du monde
39:58 et même en Occident, un cas bien français
40:01 et un cas, malheureusement, qui n'est pas étonnant.
40:04 On pourrait presque dire, ce qui est étonnant,
40:06 c'est qu'il n'y en a pas davantage.
40:08 Nous voyons des élus, qui depuis...
40:10 Non, mais je vais vous dire, nous voyons des élus,
40:12 qui depuis... Des élus, on ne parle pas de gens
40:14 qui sont des petits polémistes, on parle d'élus de la République,
40:17 qui depuis le 7 octobre agitent une phraseologie
40:20 qu'on connaît quand on connaît l'histoire de la République.
40:23 Une phraseologie qui est clairement,
40:25 qui consiste à désigner la communauté juive
40:28 en l'assignant à la politique israélienne,
40:31 en lui demandant de se définir par rapport à cela,
40:33 et évidemment en la ciblant.
40:35 Une phraseologie qui cible des élus,
40:38 des personnalités juives célèbres,
40:40 des personnalités de la culture,
40:43 et qui les livre à la vindicte pseudo-populaire,
40:46 parce que ce n'est pas une vindicte populaire,
40:47 mais la vindicte pseudo-populaire des réseaux sociaux,
40:49 en les jetant aux chiens.
40:51 À partir de là, qu'il y ait une continuité totale
40:53 entre les comportements qu'on observe depuis le 7 octobre
40:56 de la part d'élus de la République,
40:57 de la part, récemment encore, d'un élu qui interpellait
41:00 le patron d'une chaîne de télévision
41:02 pour lui demander ce qu'ils pensaient des journalistes
41:04 assassinés à Gaza, un patron qui, par hasard,
41:07 était un patron de religion juive.
41:09 Qu'il y ait une continuité entre ces comportements-là
41:12 et les comportements qu'on observe dans la rue,
41:14 c'est tout à fait logique.
41:16 Ce que je dis, ce n'est pas pour disculper,
41:17 c'est pour dire qu'il faut interroger la responsabilité
41:20 des gens qui poussent au crime
41:21 et qui poussent à l'antisémitisme en France.
41:23 - Joseph Mourciano, vous partagez certaines déclarations politiques
41:26 peuvent, selon vous, inciter à commettre de tels à coups,
41:29 ou peuvent-elles, tous les cas, mettre de l'huile sur le feu ?
41:32 - Alors, je pense qu'on est dans une...
41:35 L'époque médiatique dans laquelle on est
41:37 veut que les personnalités politiques,
41:40 les personnalités publiques,
41:41 prennent des positions simplistes et non complexes.
41:46 Et je pense que c'est ça le problème.
41:48 Le fait d'entendre des paroles pro-palestiniennes
41:51 qui ne condamneraient pas le Hamas,
41:53 qui ne condamneraient pas les attaques du 7 octobre,
41:56 pousse évidemment toutes les personnes
41:58 qui se sentent vouloir soutenir la population palestinienne
42:02 à détester les Juifs et à passer à l'acte.
42:05 En fait, c'est ça qui se passe.
42:06 Il y a une sorte de continuum, en effet,
42:09 entre une simplicité du discours,
42:12 un blanc ou noir, sans zone grise,
42:15 où on ne pourrait pas à la fois soutenir la population palestinienne,
42:19 dire à quel point c'est triste quand un civil meurt,
42:23 et également dire que le Hamas est terroriste,
42:26 que les actions qui se sont passées le 7 octobre sont antisémites.
42:32 Vous savez, le Hamas dit dans son discours politique
42:37 et dans son discours militaire,
42:38 "Il faut tuer les Juifs".
42:40 Il ne dit pas "Il faut tuer les Israéliens".
42:42 Forcément, si on ne prend pas cette distance
42:44 avec ce discours-là, qui est un discours antisémite,
42:47 eh bien l'importation du conflit,
42:50 ou cet antisémitisme qui prend ce prétexte
42:54 du conflit au Proche-Orient pour s'exprimer en France,
42:56 forcément, il va être contre les Juifs.
42:58 – Gabriella Cluzel.
43:00 – Non, mais moi j'écoute tout ce que vous avez dit,
43:04 mais ce qui me frappe, c'est d'entendre dire
43:07 qu'il n'y a pas eu d'importation du conflit.
43:09 Si, d'une certaine façon, il y a une importation du conflit
43:11 à la faveur d'une immigration massive.
43:14 Pourquoi ? Parce que nous faisons venir,
43:17 avec une imprudence folle, des gens qui viennent de pays
43:20 culturellement antisémites.
43:22 Donc c'est vrai que la France Insoumise
43:24 met de l'huile sur le feu.
43:26 Mais pourquoi ? Parce qu'elle veut flatter un électorat
43:28 qu'elle connaît parfaitement.
43:30 Moi, ce que je note, c'est qu'il y a quelques mois,
43:32 je ne sais plus à quel membre du gouvernement,
43:34 on a demandé "mais d'où vient l'antisémitisme ?"
43:36 Il a dit "je ne sais pas".
43:38 Et je trouve ça complètement délirant,
43:40 dans la mesure où aujourd'hui, Gérald Darmanin dit
43:42 "ben oui, compte tenu de ce qui se passe à Gaza,
43:45 nous allons augmenter la protection
43:48 des synagogues, des écoles, etc."
43:50 Et là, ce monsieur témoigne bien que son agresseur
43:53 lui a clairement dit que c'était en rapport
43:55 avec ce qui se passe à Gaza.
43:57 Donc, si vous voulez, on sait très bien d'où il vient.
43:59 Mais vous croyez que c'est la seule raison, Gabrielle Cluzel ?
44:01 Si la France Insoumise tient un discours antisémite,
44:04 c'est uniquement pour flatter un certain électorat ?
44:07 Vous ne pensez pas qu'il y a...
44:08 C'est pour deux raisons. Parce qu'elle le pense
44:10 de façon idéologique, ça nous sommes bien d'accord.
44:12 Mais aussi parce qu'elle a son électorat de prédilection,
44:17 celui qui a remplacé d'ailleurs le prolétariat,
44:20 si vous voulez, français, il y a quelques dizaines d'années,
44:22 c'est une immigration.
44:24 Ça j'entends, mais on ne peut pas dire une certaine idéologie aussi.
44:26 Ah mais évidemment, c'est les deux.
44:28 C'est à la fois un discours opportuniste
44:30 et un discours idéologique.
44:32 Mais je crois qu'il faut savoir nommer aujourd'hui
44:34 l'antisémitisme tel qu'il est et d'où il vient.
44:37 Alors moi, je veux bien qu'on parle de dialogue interreligieux,
44:40 tout cela serait très beau,
44:43 mais j'ai peur qu'on ait dépassé ce stade, malheureusement.
44:46 Je pense qu'il faut une éducation au dialogue interreligieux,
44:48 parce qu'en fait, il y a des modèles pour discuter avec les gens.
44:51 Oui, j'entends bien, mais j'entends ce discours depuis de nombreuses années,
44:53 mais malheureusement, ça ne suffit pas.
44:55 Vous voyez, là, je crois qu'il y a une détestation
44:59 qui a dépassé ce stade-là.
45:01 Mais oui, mais on n'a pas commencé, en fait.
45:02 Et par ailleurs, il y a une question de nombre, vous savez.
45:04 C'est-à-dire qu'individuellement, ça peut bien se passer,
45:06 mais il y a une question de nombre critique collectif.
45:09 Là, nous avons une arrivée massive de gens
45:11 qui sont animés d'un sentiment culturellement antisémite.
45:14 Denis Deschamps.
45:15 En quelques mots, j'aimerais pointer du doigt
45:19 la caisse de résonance que sont les réseaux sociaux.
45:21 Malheureusement, on est dans une vie, dans un monde à l'heure actuelle
45:25 où on va à une simplification souvent très bête,
45:29 qui tombe très, très bas,
45:31 et ces réseaux sociaux font une caisse de résonance fantastique.
45:34 Et pour ceux qui sont soit un peu en perdition,
45:37 soit en quête de repères, soit en quête de chemin quelque part.
45:40 Vous savez, il y a beaucoup d'individualités,
45:42 beaucoup de, comment dire, de solitude aussi.
45:45 Et ça peut, je n'ai pas dit que c'était le cas, si,
45:47 mais ça peut aussi entraîner à des simplifications
45:51 et à des actes qui soient vraiment très condamnables.
45:54 Youssef Mourciano, selon vous, les Français de confession juive
45:58 sont-ils en sécurité en France aujourd'hui ?
46:00 Je pense qu'il est important, pour répondre à cette question,
46:04 de voir la réponse gouvernementale,
46:08 la réponse directe du ministère de l'Intérieur.
46:12 Cette réponse-là, elle est claire, elle est nette, elle est précise.
46:15 Elle me fait dire, oui, que les Juifs,
46:17 si les mesures qui sont promises, elles sont réalisées,
46:21 les Juifs sont en sécurité en France.
46:23 Et je pense vraiment que c'est un combat de l'EUGF,
46:26 c'est un combat de la communauté juive de France,
46:28 et je pense de tous les Juifs de France,
46:30 de faire en sorte de se sentir le mieux possible ici
46:33 et de continuer à travailler,
46:35 de travailler à vouloir vivre bien en France
46:40 avec tout le reste des Français.
46:43 Donc voilà, l'inquiétude, elle est là.
46:46 L'inquiétude, elle est là, elle est claire.
46:49 Il y a des mesures qu'il faut prendre,
46:52 des mesures qu'il va falloir continuer à prendre,
46:54 mais je ne vais pas dire là tout de suite
46:56 que les Juifs de France sont en danger.
46:59 Il y a des périodes de l'histoire qui nous apprennent
47:02 que le vrai danger, il vient quand le gouvernement,
47:05 l'État, les décideurs se retournent contre les Juifs de France.
47:08 Là, pour l'instant, ce n'est pas le cas.
47:10 Donc rassurons-nous de ça.
47:12 Et en effet, essayons de traiter le problème de fond qui existe.
47:17 Allons dans les écoles, parlons, rencontrons-nous,
47:19 faisons toutes ces choses qui permettent peut-être
47:22 de se débarrasser de ce préjugé du Juif
47:27 qui dirigerait le monde,
47:29 qui serait un colonisateur implacable et terrible
47:33 pour voir que les Juifs de France sont comme les autres Français.
47:38 Merci beaucoup, Youssef Mourciano, d'avoir été avec nous,
47:40 secrétaire national de l'UEJF,
47:43 l'Union des étudiants juifs de France.
47:45 Et puis c'était la question qu'on vous avait posée tout à l'heure
47:47 dans Punchline.
47:49 Selon vous, les Français de confession juive
47:51 sont-ils en sécurité en France ?
47:53 On écoute rapidement vos réponses.
47:55 Les Français de confession juive
47:57 ne doivent plus se sentir en sécurité en France,
47:59 en tout cas de moins en moins.
48:01 Ils ont dû quitter des quartiers,
48:03 quitter des départements,
48:05 mettre leurs élèves dans des lycées spéciaux.
48:09 Ils sont angoissés, je pense qu'ils vivent dans l'angoisse, la peur.
48:12 Les Français de confession juive
48:14 ne sont plus en sécurité dans notre pays,
48:16 mais depuis des années,
48:18 puisque bon nombre d'entre eux étaient déjà partis en Israël
48:21 pour raisons sécuritaires.
48:24 Mais là, depuis le 7 octobre,
48:26 c'est l'explosion de tous les actes antisémites.
48:29 Non seulement les Juifs ne sont pas du tout en sécurité dans notre pays,
48:34 mais plus personne n'est en sécurité dans notre pays.
48:37 Malheureusement,
48:39 ils ne sont pas en sécurité,
48:41 nos compatriotes de confession juive,
48:43 en France, aujourd'hui.
48:45 C'est quand même grave,
48:47 parce que c'est le pays des droits de l'homme
48:49 où on doit tolérer tout le monde,
48:51 où on doit faire en sorte que tout le monde se sente bien en France.
48:54 Et aujourd'hui, ce n'est pas le cas.
48:56 Des actes antisémites en hausse de 1000%
48:58 depuis les attaques du Hamas.
49:00 C'est effrayant ce qu'on vient d'entendre.
49:02 Merci beaucoup, Nathan Devers,
49:04 d'avoir été avec nous ce soir.
49:06 Merci à Gabriel Cluzel.
49:08 Merci à Denis Deschamps, également.
49:10 Et puis, Vincent Delamorendière,
49:12 maître Vincent Delamorendière, avocat pénaliste.
49:14 Un plaisir également de vous avoir autour de la table.
49:16 C'est la fin de ce soir-info-week-end.
49:18 Merci à tous de l'avoir suivi.
49:20 Merci à Coralie Deleplace,
49:22 qui a aidé à préparer cette émission.
49:24 Aux équipes ont régi également.
49:26 L'édition de la nuit dans un instant avec Mathieu Deves.
49:28 Bonne soirée et bonne nuit sur CNews.
49:30 ...

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