• il y a 8 mois
Dans ce nouveau numéro de ZED, Valérie Brochard et les équipes de LCP ont posé leurs caméras dans une classe de 1ère du lycée Plaine de Neauphle, à Trappes.
Après le visionnage du documentaire : « Noor », les élèves ont échangé avec la co-réalisatrice Stéphanie Lebrun, et avec Agnès Levallois, vice-présidente de l'institut de recherche IREMMO.
Comment une chorale peut-elle continuer dans un pays en guerre ? comment la filmer ? Que devient le conflit syrien, oublié de tous ?

Pour donner la parole aux jeunes, pour les confronter aux enjeux du monde et les aider à décortiquer le travail journalistique, la Chaîne parlementaire apporte ses films et pose ses caméras dans un établissement scolaire.
Une classe visionne et étudie un documentaire avec l'un de ses professeurs et échange ensuite avec l'auteur ou le réalisateur lors d'un débat animé par Valérie Brochard, parce qu'il n'y a pas d'âge pour questionner le monde et ses images.

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News
Transcription
00:00:00 *Musique*
00:00:23 Bienvenue en Cégep !
00:00:24 Zone d'éducation, documentaire.
00:00:25 Pour vous donner la parole et vous aider à décortiquer le travail journalistique,
00:00:29 LCP apporte ses films et pose ses caméras dans un établissement scolaire.
00:00:33 Mais on est où là ?
00:00:34 Au lycée de la Plaine de Nauf, à Trappes.
00:00:36 Et vous avez regardé quel documentaire ?
00:00:37 Nous !
00:00:38 Alors vous savez quoi ? On va laisser les téléspectateurs le regarder eux aussi
00:00:41 et on se retrouve tous ensemble après dans votre CDI.
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00:00:47 *Bruit de moteur*
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00:05:30 Georges, c'est un ami de moi.
00:05:33 Il chante dans le choral de la churche.
00:05:35 Georges et moi, on s'est connus avant qu'il ne soit dans le choral.
00:05:38 On chantait ensemble, on chantait.
00:05:43 On chantait ensemble, on chantait.
00:05:46 *Musique*
00:06:00 Georges, je sais qu'un jour, il va quitter ce pays et partir.
00:06:05 Mais si il y est, il va quitter une histoire très importante dans mon cœur.
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00:11:36 Le choral est devenu comme ma deuxième famille.
00:11:40 On s'aime, on aide, on soutient.
00:11:43 On a l'impression d'être une famille très cohérente.
00:11:46 J'espère que dans un jour, nous allons envoyer notre message à tout le monde.
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00:56:59 Et voilà c'était "Nour", un film de Stéphanie Lebrun. Bonjour.
00:57:03 Vous nous faites l'honneur de participer à Z, la zone d'éducation documentaire.
00:57:07 Alors un film que vous avez tourné accompagné d'une journaliste syrienne,
00:57:11 Shaza Madad, qu'on salue évidemment.
00:57:13 Tourné sur 5 années, mais vous nous raconterez tout ça plus en détail tout à l'heure.
00:57:17 Et à vos côtés, pour nous donner tous les éléments de contexte, nous avons le plaisir de recevoir Agnès Levallois. Bonjour.
00:57:23 Vous êtes vice-présidente de l'IREMO, c'est l'Institut de Recherche et d'Études Méditerranéennes et Moyen-Orient.
00:57:29 Alors vous partagez régulièrement vos analyses et votre regard sur cette région sur les plateaux télé, mais aussi à Science Po.
00:57:35 Alors là on a un public un petit peu plus jeune, puisque je vous présente donc les élèves options cinéma du lycée Pleine de Naufle à Trappes.
00:57:44 Bonjour les élèves.
00:57:45 Bonjour.
00:57:46 Bon je sais que vous avez plein de questions à poser à nos invités, vous avez énormément travaillé sur ce documentaire.
00:57:52 Mais tout d'abord, avant de commencer, je voulais savoir qu'est-ce que vous en avez pensé ? Est-ce que c'est un film qui vous a étonné ?
00:57:59 Ce qui m'a étonné était plutôt émouvant.
00:58:01 Ah ouais ? Qu'est-ce qui t'a ému ?
00:58:03 Dans le contexte de la danse par exemple, ce moment-là, c'était assez émouvant. Le fait de voir le pays détruit plutôt.
00:58:10 C'était particulier, puisque nous on ne vit pas ça. Donc c'est bizarre à voir, on va dire.
00:58:15 J'ai trouvé qu'il était bien, il était intéressant. Et surtout la chorale en mode, ça rajoute quelque chose au documentaire.
00:58:23 Ça rajoute quoi ?
00:58:25 Je ne sais pas comment dire, mais ça rajoute quelque chose.
00:58:28 Ça t'a touché plus encore ?
00:58:30 Voilà, ça m'a touché, c'est ça.
00:58:31 Ok. Omar, dis-moi.
00:58:34 Le fait d'attirer une chorale, ça rajoute plus d'émotion au documentaire. Et aussi, c'est facile à comprendre ce documentaire-là.
00:58:43 On voit des émotions. On est déjà aussi au courant de la guerre en série.
00:58:48 Bien sûr.
00:58:49 Du coup, rajouter ça en plus, et rajouter quelque chose de différent avec la chorale, ça rajoute un petit peu plus.
00:58:58 Le fait que ce film soit intégralement sous-titré, est-ce que ça vous a gêné ?
00:59:02 On sent vraiment ce qu'il ressent pendant qu'il tourne. Et ce n'est pas des doubleurs qui essayent de reproduire.
00:59:07 Comme c'est les voix originales, le son original, ça donne ce côté d'émotion qu'on retrouve pour atteindre notre sensibilité.
00:59:18 Que ça soit beaucoup plus émouvant que le simple fait d'avoir fait un doublage ou ce genre de choses.
00:59:30 On va passer maintenant à vos questions. Et on commence avec toi, Omar.
00:59:33 On t'écoute.
00:59:34 Parmi tous les pays en guerre, pourquoi vous avez choisi la Syrie ?
00:59:38 Avant de faire des documentaires, j'ai été grand reporter et j'ai couvert différents conflits.
00:59:46 J'ai même travaillé pour l'émission "Envoyé spécial". J'étais envoyée spéciale. Je venais, je repartais, etc.
00:59:52 Et après, j'en ai eu un petit peu marre. J'ai voulu m'installer vraiment dans les pays sur lesquels je travaillais.
00:59:58 Donc j'ai vécu en Asie, j'ai vécu aussi en Amérique du Sud. Et ce conflit en Syrie, je l'avais vécu de très loin.
01:00:04 Parce qu'à ce moment-là, j'habitais au Brésil. Et puis, je suis revenue en France en 2017.
01:00:11 Et j'ai entendu parler de cette chorale, puisque à ce moment-là, la chorale faisait une tournée en France.
01:00:16 C'est le seul moment où ils ont pu partir, avoir des visas.
01:00:20 C'est toute une aventure d'ailleurs, cette histoire, mais je ne les connaissais pas à ce moment-là.
01:00:24 Et ils ont fait une tournée pour récolter des dons, pour reconstruire la cathédrale que vous voyez dans le film.
01:00:30 Et j'ai entendu un reportage à la radio. Donc, je n'ai pas voulu faire un travail sur la Syrie.
01:00:35 Ce n'est pas comme ça que ça s'est passé. C'est que j'ai entendu l'histoire de cette chorale.
01:00:39 Et ces gens qui disaient comment la musique les avait sauvés pendant la guerre.
01:00:44 Ça avait été comme une thérapie. Et moi, je suis très sensible aussi aux histoires
01:00:49 qui permettent de mettre un peu de lumière dans les ténèbres. C'est pour ça que ce film s'appelle "Nour".
01:00:55 C'est-à-dire qu'on peut avoir, et je pense que vous le ressentez, une certaine lassitude.
01:01:00 Parfois, à entendre des mauvaises nouvelles, des désinformations sur les différents conflits dans le monde.
01:01:06 Il y en a beaucoup. Mais en même temps, il y a des gens.
01:01:11 Et ces gens, c'est ceux qui, justement, par leurs actions, par ce qu'ils font, il est là l'espoir.
01:01:16 Il est avec ces gens-là, ces gens qui vivent, qui sont à la fois les victimes des guerres, les civils,
01:01:20 mais en même temps, ceux qui peuvent apporter de l'espoir. Parce qu'on voit que même au milieu du chaos,
01:01:25 il y a encore de l'humanité. Il y a encore des gens qui cèdent. Il y a encore des gens qui essaient de faire le bien.
01:01:32 On continue avec toi, Kélia. Pourquoi vous avez choisi le titre "Nour" ?
01:01:36 En fait, ça m'est venu spontanément. Parce que le personnage, Maya, dit "je resterai jusqu'au bout,
01:01:44 jusqu'à ce que la lumière revienne". C'était une phrase qu'elle m'a dite.
01:01:48 Et là, je me suis dit "en fait, c'est ça, je veux raconter la lumière au milieu de tout ce qu'il y a de sombre,
01:01:55 d'obscur et de triste".
01:01:57 Pouvez-vous nous expliquer ce qui s'est passé en Syrie ?
01:02:00 En 2011, il y a eu un soulèvement à partir du mois de mars, dans la foulée des soulèvements
01:02:04 qui avaient déjà eu lieu en Tunisie, en Égypte, ce qu'on a appelé les révolutions arabes ou les printemps arabes.
01:02:10 Et donc, tous les Syriens avec qui je parlais à ce moment-là, après le déclenchement de la révolution en Tunisie et en Égypte,
01:02:16 me disaient "ah, mais en Syrie, ça ne pourra jamais se produire parce que la répression est telle
01:02:21 que les Syriens n'oseront pas descendre dans la rue".
01:02:24 Et finalement, il y a eu un concours de circonstances assez malheureux, puisque des enfants de votre âge,
01:02:29 et même plus jeunes, sont descendus dans la rue à Daraa, qui est une ville au sud de Damas,
01:02:33 pas loin de la frontière avec la Jordanie, et qui ont écrit sur un mur "Docteur, ton tour viendra",
01:02:39 parce que Bachar el-Assad, le président syrien, est un médecin, et donc on l'appelle "Docteur".
01:02:43 Et ces enfants ont été pris par les services de sécurité, torturés,
01:02:47 et lorsque leurs parents sont allés voir le gouverneur de la ville de Daraa pour dire "mais on veut retrouver nos enfants",
01:02:54 eh bien les propos tenus par le gouverneur ont été des propos très durs,
01:02:58 et en sortant, les parents ont raconté ce que le gouverneur leur avait dit,
01:03:01 et à ce moment-là, ça a été le début de la contestation, tellement les Syriens ont été choqués
01:03:06 par les propos tenus par ce gouverneur de Daraa, qui était en plus le cousin de Bachar el-Assad.
01:03:11 Et là, c'est parti à une rapidité très forte, parce qu'en fait, les Syriens vivaient depuis des dizaines d'années
01:03:17 dans un régime extrêmement autoritaire, et ça a été l'occasion d'exprimer qu'ils voulaient un peu de liberté,
01:03:24 de pouvoir un peu s'exprimer, et de ne pas continuer à vivre dans un système aussi autoritaire.
01:03:31 – Et aussi, comment et pourquoi la guerre a été déclenchée ?
01:03:34 – A éclaté, surtout. – Ah oui, à éclaté plutôt.
01:03:37 – Alors ce qui s'est passé, c'est que les premières manifestations ont eu lieu,
01:03:40 elles avaient eu lieu tous les vendredis à la sortie de la mosquée,
01:03:43 vous savez que dans les pays musulmans, la grande prière a lieu le vendredi,
01:03:47 et donc il y avait des manifestations, et tout de suite, le régime a utilisé les armes
01:03:51 pour réprimer les manifestations, alors que les manifestants n'étaient absolument pas armés.
01:03:57 Et au bout de six mois de ce régime, si je puis dire, c'est-à-dire que tous les vendredis,
01:04:01 il y avait des morts parce que le régime tirait à balles réelles sur les manifestants,
01:04:05 et bien des manifestants ont commencé à se dire "mais il faut qu'on riposte,
01:04:08 on ne va pas se laisser tuer comme ça sans réagir".
01:04:11 Et donc on est rentré dans une deuxième phase au bout de six à huit mois,
01:04:15 où les opposants ont décidé d'aller chercher des armes auprès de pays qui pouvaient leur en fournir,
01:04:21 et on est rentré donc dans la guerre, puisque le régime utilisait des armes,
01:04:26 et les opposants ont commencé eux aussi à utiliser des armes,
01:04:30 et donc il y a eu des morts régulièrement.
01:04:33 Et petit à petit, ce conflit a pris de plus en plus d'importance, avec de plus en plus d'armes,
01:04:38 de plus en plus de pays qui ont soutenu les uns ou les autres, différentes factions,
01:04:44 et ce qui a conduit à une guerre telle qu'on la vit encore aujourd'hui.
01:04:48 La guerre effectivement paraît terminée, mais il y a encore des poches entières qui résistent.
01:04:53 Je pense en particulier à ce qu'on appelle la poche de Idlib,
01:04:56 qui est cette région au sud d'Alep, où vous avez à peu près 4 millions de personnes qui vivent là,
01:05:01 et qui subissent encore aujourd'hui des bombardements réguliers par le régime, aidés par les Russes.
01:05:07 On poursuit avec Maïta.
01:05:09 Êtes-vous sur place pendant les bombardements ?
01:05:12 Alors, moi non, mais en revanche, Shaza Madad, avec qui j'ai réalisé ce documentaire,
01:05:19 oui, elle a été arrêtée, alors qu'elle n'était pas nécessairement critique contre le gouvernement,
01:05:25 elle était juste en train de couvrir les événements, les premières manifestations,
01:05:29 elle s'est exprimée sur ses réseaux sociaux, et elle a été détenue pendant un an.
01:05:37 Et donc Shaza, oui, elle a vécu le début du conflit,
01:05:45 et pas les bombardements, parce qu'elle est partie après son année en prison,
01:05:51 elle s'est enfuie, et je pense qu'elle n'avait pas d'autre choix au final.
01:05:54 Je voudrais reprendre sur les bombardements, justement.
01:05:57 Est-ce que vous vous rappelez de cette scène où Maya, elle discute sur un grand balcon, une terrasse,
01:06:03 et on entend et on voit les bombardements ?
01:06:05 [Musique]
01:06:32 Ça m'a beaucoup surpris, parce qu'ils étaient là, ils ne se mettaient pas à l'abri,
01:06:36 en fait ils disaient "c'est normal", alors qu'en soi ce n'était pas vraiment normal,
01:06:40 c'est juste qu'on voyait que c'était leur quotidien, et du coup, moi je me suis mis un peu à leur place,
01:06:44 et j'ai dit "oh, ça veut dire qu'ils ont vécu ça pendant très longtemps, et du coup maintenant ils sont habitués".
01:06:50 C'était surtout ça.
01:06:51 Dis-moi Omar.
01:06:52 Moi j'ai le plus senti Maya avoir un ressenti de choc un peu,
01:06:58 mais c'est son collègue, l'homme, qui n'a vraiment eu aucune émotion.
01:07:05 Comme si c'était normal.
01:07:07 Alors que Maya, elle, elle a été quand même surpris, alors que ça fait plusieurs années qu'il y a eu la guerre en Syrie.
01:07:12 Maria, je te vois réagir.
01:07:14 Toi, tu as eu peur pour eux, ou pas ?
01:07:16 Moi j'ai eu peur.
01:07:18 Moi, quand j'ai vu l'image, j'ai très saigné, vraiment.
01:07:21 C'est vrai que ça fait un petit truc quand même de voir ça,
01:07:24 mais malheureusement, en voyant tout ce qui se passe dans le monde,
01:07:28 c'est pas si étonnant, c'est horrible à dire, c'est vraiment horrible.
01:07:33 Ça ne t'a pas étonné plus que ça ?
01:07:35 Ça ne m'a pas étonné plus que ça, ça m'a quand même un peu fait peur, mais pas tant que ça non plus.
01:07:40 Ok. On continue avec toi, Omar.
01:07:43 Madame le Voileur, j'ai une question qui évoque la situation actuelle de la Syrie.
01:07:50 J'ai vu que Madame Lebrun a dit que les mortiers, les bombardements se sont tués.
01:07:56 Vous pouvez plus préciser, s'il vous plaît ?
01:07:59 Alors en fait, ce qu'il faut savoir, c'est qu'aujourd'hui, la Syrie est un pays fragmenté.
01:08:03 C'est-à-dire, c'est un pays qui est divisé en plusieurs zones.
01:08:06 Il y a la zone contrôlée par le régime, Adamas, qui est la capitale,
01:08:10 mais la région de Alep, la ville d'Alep aussi, est sous contrôle du gouvernement.
01:08:15 Vous avez au nord, alors je me trompe toujours, nord-est, la région kurde,
01:08:19 qui est dirigée par un gouvernement autonome, plus ou moins kurde,
01:08:24 qui est soutenu par les Occidentaux et les Américains en particulier.
01:08:28 Il y a ce que je l'appelle la zone de Idlib au sud d'Alep,
01:08:31 qui est une zone qui est contrôlée par ce que le régime considère être des terroristes.
01:08:36 En tous les cas, ce sont tous les opposants qui, au fur et à mesure des combats,
01:08:40 ont été mis dans cette zone, se sont réfugiés dans cette zone,
01:08:43 qui n'est pas contrôlée par le régime, mais que le régime aimerait reprendre.
01:08:47 C'est pour ça qu'elle est régulièrement bombardée pour essayer de reprendre le contrôle,
01:08:52 et qui est en partie aussi sous le contrôle de la Turquie,
01:08:55 parce que la Turquie est au nord de la Syrie, et la Turquie en fait contrôle le nord du pays,
01:09:01 avec l'idée de créer une zone tampon entre la Turquie et la Syrie,
01:09:06 qui serait un moyen pour la Turquie de renvoyer un certain nombre de Syriens
01:09:10 qui ont trouvé refuge en Turquie, puisqu'il y a au moins, entre les chiffres,
01:09:15 c'est compliqué d'avoir des chiffres précis,
01:09:17 mais il y a au moins 3 millions de Syriens, et plutôt 4 en Turquie,
01:09:21 et aujourd'hui cette présence de réfugiés syriens en Turquie pose problème.
01:09:26 Donc la Turquie aimerait les renvoyer dans le pays,
01:09:30 mais comme de les renvoyer dans les zones contrôlées par le régime,
01:09:33 ça veut dire qu'ils vont être forcément emprisonnés par le régime,
01:09:36 parce que ce sont des opposants, la Turquie voudrait les mettre dans cette zone tampon,
01:09:40 au nord, donc à la frontière entre les deux, et contrôlée par la Turquie.
01:09:44 Et au sud maintenant, dans la région de Dallara, d'où est partie la révolution en 2011,
01:09:49 on connaît à nouveau des manifestations aujourd'hui,
01:09:53 parce que la vie est compliquée, la vie est très chère,
01:09:56 les conditions économiques et sociales sont dramatiques,
01:09:58 et donc vous avez de plus en plus de contestations
01:10:01 qui sont en train de reprendre dans le sud de la Syrie,
01:10:04 dans une zone qu'on appelle la zone druze,
01:10:08 qui est une des composantes de la société syrienne,
01:10:11 puisque la société syrienne est une société très complexe,
01:10:14 avec différentes communautés, différentes confessions.
01:10:17 Donc aujourd'hui, vous avez un pays, c'est pour ça que j'utilisais le terme de "fragmenté",
01:10:21 qui est vraiment avec plusieurs zones,
01:10:24 et donc le gouvernement de Assad contrôle aujourd'hui,
01:10:28 on parle entre 60 et 70% du territoire,
01:10:32 et son objectif, évidemment, c'est de reconquérir les zones qui lui échappent encore.
01:10:38 Donc c'est un pays qui est extrêmement fragile,
01:10:42 un État que je considère comme failli,
01:10:45 c'est-à-dire un État qui n'arrive pas à gérer le pays
01:10:48 comme il devrait le gérer en raison de la guerre,
01:10:51 et cette guerre, même si elle est beaucoup moins violente aujourd'hui,
01:10:55 elle est encore présente dans certaines régions du territoire.
01:10:59 J'ai une question pour Madame Levallois.
01:11:03 Quels sont les alliés de la Syrie ? Qui est de la population ?
01:11:06 Alors il y a deux choses dans votre question,
01:11:09 puisqu'il y a les pays qui aident le régime syrien, le régime de Bachar el-Assad,
01:11:14 et ça ce sont essentiellement les Russes et les Iraniens.
01:11:17 Et si maintenant on parle de ceux qui aident la population syrienne,
01:11:20 tout dépend de quelle population on parle.
01:11:23 Si on parle de la population qui habite dans les zones contrôlées par le régime,
01:11:27 ou les populations qui sont dans les zones qui ne sont pas contrôlées par le régime.
01:11:32 Et là, dans les zones qui ne sont pas contrôlées par le régime,
01:11:35 ce sont essentiellement des ONG qui sont là pour aider,
01:11:39 fournir le minimum vital pour la population.
01:11:44 Mais ce que l'on sait, c'est qu'aujourd'hui c'est de plus en plus compliqué,
01:11:47 parce que les ressources des ONG sont détournées vers d'autres terrains,
01:11:50 l'Ukraine, Gaza maintenant, qui est aussi dans une situation humanitaire catastrophique.
01:11:56 Et donc l'aide humanitaire apportée dans les zones qui ne sont pas contrôlées par le régime
01:12:01 baisse considérablement,
01:12:02 et les zones qui sont contrôlées par le régime ont aussi besoin d'une aide humanitaire,
01:12:06 parce que l'économie est dans un état catastrophique, évidemment.
01:12:10 Et que donc les ONG plus officielles qui passent par Damas, donc par le régime,
01:12:16 elles aussi ont de plus en plus de difficultés à recueillir des dons
01:12:20 pour apporter le nécessaire pour la population.
01:12:24 J'ai une question pour Stéphanie Lebrun.
01:12:27 Que s'est-il passé pendant 4 ans et pourquoi cette coupure ?
01:12:30 Alors on le précise, on le voit dans le documentaire,
01:12:32 on voit bien qu'il y a eu un tournage en 2018 et d'un seul coup un tournage en 2022.
01:12:36 Voilà, c'est pour qu'on soit très précis.
01:12:38 Alors c'est extrêmement compliqué de rentrer en Syrie en tant que journaliste.
01:12:44 Moi la première fois que je suis rentrée en Syrie, je suis rentrée avec une ONG justement,
01:12:48 qui a pu me procurer un visa.
01:12:51 Après elles m'ont dit "bon, ça va être compliqué, on va réessayer".
01:12:54 Moi je pensais pouvoir retourner 6 mois après, 1 an après.
01:12:58 Donc j'imaginais le film 1 an plus tard, 2 ans plus tard, 3 ans plus tard.
01:13:03 Enfin voilà, ça a été très très long.
01:13:05 On n'a jamais renoncé parce qu'il fallait finir ce film,
01:13:08 parce qu'on avait pendant 8 jours fait beaucoup de choses,
01:13:10 toute la première partie que vous voyez, le voyage à Homs,
01:13:13 enfin voilà, mais c'était trop court, un documentaire c'est beaucoup plus…
01:13:19 Mais pendant toutes ces années, j'ai continué à entretenir le lien
01:13:23 avec les personnages, avec Maya, avec Georges, avec tous ceux que vous voyez, avec Joseph.
01:13:30 Et finalement, j'ai pu avoir un nouveau visa, donc ça a été paré.
01:13:35 C'est toujours très rapide, on a 2 semaines pour pouvoir y aller,
01:13:38 on peut rester très peu de temps sur place.
01:13:40 Et au bout de 4 ans, donc j'y retourne.
01:13:42 Et là, le choc.
01:13:44 C'est-à-dire que rien n'a bougé, enfin ce que vous voyez dans le film.
01:13:47 Rien. Rien n'est reconstruit.
01:13:49 Parce que c'est un pays fragmenté, c'est un pays dans un état qui n'existe,
01:13:54 enfin qui… si, contrôle, veut contrôler, mais qui ne fait rien, qui n'avance pas.
01:13:59 Oui Yédine ?
01:14:00 – Alors moi j'ai 2 questions pour Madame Levallois.
01:14:03 La première c'est, à quel point le pays est-il détruit ?
01:14:07 Et la deuxième c'est, comment une querelle peut-elle exister
01:14:09 au milieu de toutes ces destructions ?
01:14:11 – Alors le pays est en partie détruit, on le voit bien dans le documentaire,
01:14:15 les photos d'Alep, de Homs, cette ville de Homs est absolument ravagée, meurtrie.
01:14:20 Alors Damas a été relativement préservée,
01:14:23 même s'il y a eu des bombardements à un moment,
01:14:25 mais c'est vrai que la capitale est relativement préservée.
01:14:29 Donc vous avez des pans du territoire qui ont été préservés
01:14:31 ou qui n'ont pas subi des bombardements intenses.
01:14:35 Donc vous avez quand même toute une partie du pays qui est détruite,
01:14:39 mais pas tout, il y a des zones qui ont échappé.
01:14:42 Et en fait une querelle peut vivre parce que c'est l'espoir,
01:14:46 c'est vraiment ce qui fait vivre des personnes.
01:14:49 Et cet exemple de cette querelle est le meilleur exemple
01:14:52 de cette capacité qu'ont les êtres humains finalement,
01:14:55 qui sont contraints à rester ou qui font le choix de rester,
01:14:58 comme Maya qui l'exprime très clairement,
01:15:00 "ses sœurs sont parties mais elle, elle veut rester".
01:15:02 Et donc pour vivre, pour survivre dans cet environnement,
01:15:05 eh bien vous vous investissez dans quelque chose,
01:15:08 dans une activité, quelque chose qui vous tient vraiment à cœur
01:15:11 et qui vous tient, qui vous permet de rester debout,
01:15:13 qui vous permet de vivre tout simplement.
01:15:16 Et donc ce n'est pas du tout antinomique me semble-t-il,
01:15:18 d'être dans un pays détruit ou en partie détruit
01:15:22 et en même temps d'avoir cet engagement très fort qui permet,
01:15:25 et j'aime bien cette idée de se tenir debout,
01:15:28 et on les voit, ils sont tous debout,
01:15:29 parce que quand ils chantent, ils sont debout.
01:15:31 – Comment avez-vous eu le contact avec la querelle ?
01:15:34 Est-ce qu'il y a eu des refus ?
01:15:36 – Alors ça n'a pas été très difficile d'entrer en contact avec eux
01:15:39 parce qu'encore une fois, comme ils avaient fait cette tournée en France,
01:15:41 et en France ils avaient été reçus par une ONG qui s'appelle "L'œuvre d'Orient",
01:15:46 qui avait organisé, qui les avait aidés à avoir les visas, etc.
01:15:52 Donc c'est eux qui m'ont mis en contact avec certaines personnes de la querelle.
01:15:56 Mais après, c'était à moi de faire mon travail de réalisatrice,
01:16:02 c'est-à-dire de parler avec les gens,
01:16:04 personne ne m'a dit "tiens, tu parles un tel, tu parles un tel", etc.
01:16:08 J'avais une difficulté, c'est que je n'avais pas de traducteur, première fois.
01:16:12 Et Maya, pareil, elle est venue à moi parce que Maya parlait français.
01:16:16 Donc au départ, Maya m'a aidée parce qu'elle pouvait traduire,
01:16:20 puis en fait, Maya c'était la soprano, Maya, elle était différente,
01:16:25 elle avait quelque chose, on a beaucoup parlé,
01:16:28 c'est vrai que comme elle parlait français, on a aussi pu creuser plus facilement.
01:16:33 Et je me suis dit "Maya, c'est l'héroïne du film".
01:16:37 Donc est-ce qu'ils ont refusé ? Non, ils ont tous dit oui.
01:16:40 À aucun moment, ils se sont dit "c'est pour faire quoi, ces images ?"
01:16:43 Pas du tout, on a expliqué très clairement notre projet.
01:16:47 Et justement, ils étaient aussi très contents qu'on montre autre chose de la série,
01:16:52 parce qu'ils disent tous "la série, c'est un grand pays, un pays de culture,
01:16:57 et nous, on veut montrer ça".
01:17:00 Il n'y a pas que la chorale dans le film, évidemment, c'est l'événement central,
01:17:03 mais il y a aussi la danse.
01:17:04 (musique)
01:17:20 Ça m'a émue un peu, c'est beau, je trouve.
01:17:23 -Ouais ? Dis-moi, Amel.
01:17:25 -Je trouve que ça fait un décalage, mais c'est quand même émouvant
01:17:29 de voir qu'ils s'expriment à travers même la guerre, les décombres.
01:17:33 -Ça m'a touchée, parce qu'il risque sa vie en restant en Syrie.
01:17:36 En fait, il montre qu'il a un bon cœur au fond de lui.
01:17:38 -Question pour Agnès Levalois.
01:17:40 Comment vivent les enfants en Syrie ? Est-ce qu'il y a encore des écoles ?
01:17:44 -Dans les zones contrôlées par le régime, les écoles continuent à fonctionner,
01:17:47 alors avec des moyens très limités,
01:17:49 parce que la situation économique du pays est catastrophique.
01:17:52 Dans les zones contrôlées par l'opposition pendant la guerre,
01:17:55 et ça, on avait vu des reportages et des témoignages dans la ville d'Alep,
01:17:59 où c'était des anciennes institutrices qui s'organisaient chez elles
01:18:04 et qui organisaient l'école avec des enfants,
01:18:06 pour leur permettre quand même d'accéder au minimum,
01:18:09 d'apprendre au moins à lire et à écrire.
01:18:11 Mais il y a aujourd'hui une volonté de la part
01:18:15 même des zones contrôlées par l'opposition de mettre en place des écoles.
01:18:19 Dans la zone de Idlib dont je vous parlais,
01:18:21 qui est tenue par les opposants considérés par le régime comme tous des terroristes,
01:18:26 alors il y en a un certain nombre, mais il n'y a pas que ça,
01:18:28 il y a une organisation islamiste radicale, Hayat Ha-Hasham,
01:18:34 mais qui organise là et de façon délibérée l'école,
01:18:39 pour être sûre que les enfants puissent aller à l'école,
01:18:41 parce que c'est un moyen aussi de montrer à l'extérieur
01:18:44 qu'ils sont responsables et qu'ils ont à cœur que les enfants puissent aller à l'école.
01:18:49 Mais d'une façon générale, ce qui est très problématique aujourd'hui
01:18:53 et qui est très inquiétant pour l'avenir,
01:18:55 c'est le fait que les ONG internationales qui ont beaucoup aidé la Syrie depuis 2011,
01:19:00 aujourd'hui sont en grande, grande difficulté, parce qu'on a oublié la Syrie.
01:19:04 Ça fait partie de ces conflits qui durent de basse intensité,
01:19:07 comme on dit, c'est-à-dire qu'il n'y a plus des bombardements autant qu'auparavant,
01:19:10 c'est-à-dire qu'on parle de conflits de basse intensité, mais quand même conflits,
01:19:14 et du coup, toutes les infrastructures sont en grande difficulté, scolaire, médicale ou autre.
01:19:21 Il y a l'une des chanteuses, Maria, dans votre formidable film,
01:19:26 qui se met à la fenêtre et qui entend l'appel à la prière.
01:19:29 Est-ce que vous vous souvenez de cette scène ?
01:19:32 Ce qui est beau, c'est qu'il y a une vie de vie.
01:19:43 Par exemple, dans cette région, il y a une chambre,
01:19:45 il y a une collègue, il y a une école pour les monastères,
01:19:48 il y a des cahabats, il y a une autre école, donc il y a des choses qui se mélangent.
01:19:52 On voit qu'ils sont tous unis les uns les autres, malgré ce qui a pu leur arriver.
01:19:59 Malgré les conflits politiques, ils sont quand même en union,
01:20:05 même malgré leurs religions différentes, ils sont comme une grande union.
01:20:11 Et on retrouve ça aussi dans la chorale, c'est-à-dire qu'ils sont tous unis,
01:20:17 et du coup, ça fait chaud au cœur de voir qu'ils sont là tous ensemble.
01:20:22 Tout le monde cohabite en fait, et depuis longtemps on le sent.
01:20:26 Agnès Levallois, peut-être expliquez-nous quelle était la place de la religion avant 2011 en Syrie.
01:20:32 Alors, il y a, comme vous l'avez dit, c'est un pays dans lequel il y a plusieurs confessions.
01:20:38 Alors la confession dominante, c'est l'islam, l'islam sunnite,
01:20:42 qui reprend à peu près 70% de la population.
01:20:45 Pendant la grande époque, si je puis dire, les chrétiens représentaient entre 12 et 15%.
01:20:50 Aujourd'hui, on dit qu'ils sont plus que 3%, puisque beaucoup de chrétiens sont partis depuis 2011,
01:20:56 mais ça avait commencé auparavant.
01:20:58 Alors, il y a une idée.
01:21:00 Moi, quand j'habitais en Syrie dans les années 80, pour vous donner un exemple,
01:21:03 moi je ne savais absolument pas, parmi tous les amis syriens que j'avais, quelle était la religion.
01:21:08 Et c'était une question qui ne se posait pas,
01:21:10 que personne n'avait en tête de poser la question, parce que les Syriens vivaient comme cela.
01:21:16 Jusqu'en 2011, c'est vrai qu'il y avait une cohabitation, vraiment, qui fonctionnait, je veux dire, très bien.
01:21:24 Ça ne veut pas dire qu'il n'y avait pas des difficultés de temps à autre.
01:21:27 Mais ce pays avait l'habitude de vivre en respect des autres communautés,
01:21:33 avec les mosquées, avec l'appel à la prière, avec les églises qui étaient là,
01:21:37 avec… ça, vraiment, ça fonctionnait très bien.
01:21:42 Et dans le cadre de la guerre, c'était une question qui a été complètement,
01:21:46 et encore aujourd'hui, instrumentalisée par le régime, à des fins vraiment politiques.
01:21:52 On continue avec toi, Hamilton.
01:21:54 Est-ce que vous avez monté le documentaire à toute la corale et aux autres Syriens aussi ?
01:21:59 Alors, on a envoyé le documentaire à Maya, qui l'a vue,
01:22:03 et ensuite elle l'a passée aux autres membres de la corale.
01:22:06 Et voilà, ils ont tous été très contents.
01:22:08 J'aurais rêvé d'aller là-bas et qu'on le regarde tous ensemble, mais voilà, c'était pas possible.
01:22:14 Tani, pour la dernière question.
01:22:16 Alors, j'ai une question pour Agnès Levallois.
01:22:19 Le conflit est toujours en cours depuis le 15 mars 2011.
01:22:22 Vous voyez tout de même une fin, et comment envisagez-vous la suite en Syrie ?
01:22:27 Ouf, ça, c'est une question extrêmement difficile.
01:22:30 Pour l'instant, je ne vois pas de fin, puisqu'on a un régime qui s'accroche vraiment au pouvoir
01:22:37 et qui est tellement soutenu par la Russie et l'Iran que du coup, ce soutien massif,
01:22:44 que ce soit aussi bien sur le plan militaire que sur le plan diplomatique,
01:22:48 fait qu'il n'y a pas de remise en question de ce régime,
01:22:52 même si je crois que les Russes pourraient tout à fait accepter le départ de Bachar el-Assad
01:22:57 si il y avait une perspective politique qui pouvait se dessiner,
01:23:01 en mettant quelqu'un qui serait proche des Russes bien sûr,
01:23:04 ils ne sont pas attachés à la personne de Assad, mais pour l'instant, c'est lui qui est là,
01:23:07 donc on fait avec, si je puis dire, que les Occidentaux ont complètement lâché la Syrie.
01:23:12 C'est-à-dire que, autant, dans les premières années du conflit,
01:23:15 les Occidentaux étaient très engagés dans la recherche d'une solution politique,
01:23:19 et en fait, depuis 2013, les Américains ont dit clairement qu'ils n'étaient pas intéressés par la Syrie,
01:23:26 que les Européens n'avaient plus les moyens diplomatiques de peser,
01:23:29 et donc j'ai le coutume de dire qu'on a délégué la gestion du conflit syrien aux Russes, aux Iraniens et aux Turcs.
01:23:36 Donc évidemment que ce conflit va s'arrêter un jour, mais je ne vois pas d'échéance actuellement,
01:23:41 et que toutes les perspectives de négociation qui se déroulaient régulièrement,
01:23:47 aujourd'hui il n'y en a pratiquement plus.
01:23:49 Moi j'avais une dernière question à vous poser, peut-être qu'on leur enverra l'émission,
01:23:54 peut-être qu'ils la verront, en tout cas j'espère, on passera par vous pour transmettre le lien de ces échanges merveilleux, magnifiques,
01:24:03 donc à Maga et à tous les autres, on compte sur vous en tout cas.
01:24:06 Alors, ils vont peut-être la voir cette émission, toute la chorale, peut-être voir cette émission,
01:24:11 qu'est-ce que vous avez envie de leur dire ?
01:24:13 Moi j'aimerais de leur dire que c'est bien leur combat, qu'il faudrait continuer.
01:24:20 Si un jour la chorale passe sa trappe, vous irez les voir ?
01:24:23 Oui.
01:24:24 C'est bien, il faut le dire.
01:24:26 Moi j'aimerais leur envoyer beaucoup de force, beaucoup d'amour aussi,
01:24:29 et aussi témoigner mon admiration pour eux, parce qu'ils sont quand même restés dans un pays en guerre,
01:24:35 et voilà, beaucoup de force, beaucoup d'amour.
01:24:38 Merci beaucoup à toutes les deux d'avoir participé à cet échange,
01:24:42 merci à vous les élèves, merci à votre professeur qui vous a si bien préparé,
01:24:47 et puis nous on se retrouve très vite avec une nouvelle classe et un nouveau documentaire
01:24:50 parce qu'il n'y a pas d'âge pour questionner le monde et ses images.
01:24:53 Salut les élèves !
01:24:54 Au revoir !
01:24:55 Voilà, super, bravo, vous pouvez vous applaudir, c'est super.
01:24:58 [Musique]

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