Les cultures subissent de plus en plus le changement climatique, avec des sécheresses, des tempêtes, des épisodes de grêle ou de gel tardif. Pour en parler, Philippe Mauguin, président de l'Inrae, l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, et la spécialiste environnement de RTL, Virginie Garin.
Regardez L'invité de RTL Soir du 01 mars 2024 avec Vincent Parizot.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL Bonsoir en direct du Salon de l'agriculture avec Vincent Parizeau et Isabelle Churquin.
00:10 Et on vous retrouve toujours en direct du Salon de l'agriculture. Je vous rappelle que nous sommes dans le hall 2-2,
00:16 au rayon au stand des fruits et légumes frais.
00:20 Voilà c'est ça et vous pouvez bien sûr venir nous saluer. Place au deuxième invité de ce RTL Bonsoir exceptionnel.
00:27 C'est l'invité pour tout comprendre. Tout comprendre ce soir à l'agriculture de demain.
00:31 Une agriculture qui subit de plus en plus le changement climatique, les sécheresses, les inondations, les épisodes de grêle ou de gel tardif.
00:38 Pour en parler avec nous, Philippe Mauguin, le président de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement.
00:45 L'INRAE, bonsoir. Bonsoir. Et puis notre spécialiste environnement Virginie Garin que l'on retrouve.
00:52 J'allais vous dire re-bonsoir Virginie. Bonsoir à tous. On peut déjà avec vous dresser un premier constat parce qu'on parle de l'agriculture de demain, du futur.
00:59 C'est le réchauffement climatique qui est déjà en train de modifier nos paysages.
01:03 Oui d'ailleurs les paysages de nos campagnes ont déjà changé. Aujourd'hui par exemple les rendements de blé, de céréales sont en baisse dans certaines régions.
01:10 A cause de la sécheresse les récoltes sont avancées de 15 jours pour les vendanges en moyenne.
01:15 Depuis deux ans les Pyrénées-Orientales ont un climat qui représente, qui est égal à celui de l'Espagne avec des cultures qui n'ont pas pu pousser une production de vin dans le Languedoc en forte baisse.
01:26 Les paysages donc changent. Il y a aussi de moins en moins de vaches dans les champs et donc de prairies parce qu'il y a un million de bovins qui ont disparu en dix ans remplacés par des cultures.
01:35 On a vu plus de tournesols. On voit pousser du sorgho dans le sud-ouest. C'est une culture africaine qui sert de nourriture pour le bétail.
01:42 Et qui a besoin de moins d'eau que le maïs. Dans la région de Perpignan en ce moment les agriculteurs sont en train de réfléchir pour voir s'ils ne peuvent pas planter des agrumes ou des cacahuètes.
01:53 Donc il y a vraiment une grande modification des paysages agricoles.
01:56 Merci Virginie. L'agriculture subit le changement climatique on l'entend mais elle tente aussi de s'y adapter avec de nouvelles semences plus résistantes.
02:03 Je me tourne vers vous Philippe Mauguin. Qu'est-ce qu'on sait faire aujourd'hui ? On sait faire des plantes par exemple qui ont besoin de moins d'eau ?
02:09 Exactement. Ça fait partie des priorités de recherche pour INRAE. On a déjà anticipé évidemment depuis plus de 15 ans.
02:16 On a travaillé, on a mis au point des variétés qui sont ensuite développées, multipliées par les semenciers qui sont dans les cours de ferme.
02:24 En fait on ne sait pas forcément. Mais la recherche d'INRAE, on a tendance à penser que c'est la recherche pour demain ou après-demain.
02:30 Mais c'est de la recherche qui a déjà débouché sur les solutions.
02:33 Par exemple le maïs. Traditionnellement on dit que le maïs a beaucoup besoin d'eau.
02:37 C'est vrai.
02:38 Aujourd'hui ?
02:38 On trouve des variétés de maïs qu'on a travaillé dans nos laboratoires, puis dans nos unités expérimentales,
02:44 qui sont par exemple déployées par une coopérative comme l'IMAGRAIN avec qui on a un partenariat de recherche.
02:50 On travaille avec d'autres coopératives et qui permettent de mieux résister au stress hydrique, de limiter les consommations d'eau.
02:56 On entendait avec Virginie Garin l'impact du réchauffement climatique sur la viticulture.
03:00 Oui.
03:01 Est-ce qu'on va avoir des vignes dans le nord de la France ?
03:04 Alors, c'est vrai que le changement climatique peut faire des gagnants, des perdants.
03:10 Il y a beaucoup de viticulteurs en Europe, y compris on peut penser aux collègues en Angleterre,
03:16 qui attendent avec une certaine impatience l'élévation du climat pour tester des cépages dans leurs contrées.
03:21 Pour autant, il faut donner des signaux d'optimisme à nos viticulteurs.
03:25 On a trouvé toute une série de solutions pour que, y compris dans nos régions méridionales,
03:29 je pense au Midi-Viticole qui est en crise, qui est en difficulté en ce moment,
03:33 pour avoir des pratiques viticoles, la façon de conduire la vigne,
03:38 des cépages adaptés au changement climatique, une façon peut-être de réduire le degré d'alcool aussi,
03:43 puisqu'on veut rester dans des vins qui soient à la fois qualitatifs,
03:46 mais qui tiennent compte évidemment des attentes du consommateur.
03:49 Quand vous dites des cépages adaptés, ça veut dire qu'ils vont devoir changer de cépage ?
03:52 Alors, ils le font.
03:53 Il faut savoir que, évidemment, c'est des cultures qui se tiennent dans le long terme,
03:58 et tous les 15 ou 20 ans, il y a des réencépagements.
04:00 Et donc, tout notre enjeu, c'est de mettre sur le marché des plants
04:06 qui vont être adaptés à ces conditions climatiques.
04:08 Est-ce qu'on peut dire un mot aussi de l'élevage ?
04:10 Parce que là, on a parlé des semences, des cultures,
04:12 mais les vaches, les moutons doivent aussi s'adapter, pour le coup, au réchauffement climatique.
04:17 Est-ce qu'on travaille sur des races qui s'adaptent, ou de nouvelles méthodes d'élevage ?
04:22 Tout à fait. On a évidemment l'élevage, un enjeu majeur pour l'agriculture.
04:27 Je dirais qu'on ne peut pas imaginer, c'est important de le dire aussi,
04:30 de le partager avec les auditeurs,
04:32 on ne peut pas imaginer d'agriculture durable sans élevage.
04:35 On a besoin d'élevage pour plusieurs raisons.
04:37 A la fois parce qu'il valorise, quand on pense à l'élevage extensif sur pâture,
04:41 des terres qui ne seraient pas propices à la culture de céréales.
04:44 Donc, opposer l'idée que ça prend plus d'hectares de faire un kilo d'un côté, d'un kilo de l'autre,
04:51 c'est vrai si on a des élevages intensifs qui se nourrissent de céréales,
04:55 mais quand on est sur de l'élevage extensif à l'herbe, c'est faux.
04:57 Donc, on a besoin des élevages pour valoriser ces espaces.
05:01 On a aussi besoin, disons-le, des élevages pour boucler ce qu'on appelle les cycles.
05:06 La nutrition des plantes, c'est aussi des déjections organiques issues des élevages.
05:12 Et comme on demande aux agriculteurs de réduire les engrais minéraux,
05:15 si on n'a pas ce qui revient de l'élevage, on n'arrivera pas à boucler l'équation.
05:19 Donc, on a besoin d'élevage.
05:20 On travaille sur plusieurs angles, à la fois l'adaptation des races.
05:25 On essaye de trouver des races qui soient plus résistantes au stress hydrique
05:29 et qui soient aussi moins émettrices de méthane.
05:32 Pour les ruminants, on sait que c'est un des points faibles de l'élevage.
05:36 - Et comment on fait pour refaire des races ? On va chercher des zébus en Afrique ou alors des races anciennes en France ?
05:40 - Alors, on a des... ça, c'est une des forces d'Inrae qui n'est pas forcément connue,
05:44 c'est qu'on a des collections, ce qu'on appelle des collections de ressources génétiques.
05:47 Alors, on connaît nos collections d'agrubes, nos collections de blé,
05:50 mais on a aussi des collections de ressources génétiques sur la grande diversité des races animales
05:57 qui sont des sources de recherche quand on veut chercher des gènes d'intérêt pour ensuite faire des croisements.
06:03 Mais déjà, dans nos races allaitantes et la grande diversité des races, on a quand même des éléments de réponse.
06:09 Deuxième sujet, les prairies. Parce que les prairies aussi vont être affectées par le changement climatique.
06:14 Donc, de la même façon qu'on sélectionne les blés pour 2040, on a dans notre station de l'Usignan
06:20 des prairies entières sous stress en les couvrant avec des formes de hangars mobiles
06:25 pour savoir si avec ou sans pluie, les variétés de graminées vont se développer.
06:30 Et ça, c'est extrêmement important parce qu'on a besoin d'avoir des prairies permanentes demain.
06:34 - On pourra avoir des prairies si on a des étés à 45° sur de longues semaines ?
06:40 Oui, vous nous dites, il y aura encore de l'herbe verte à brouter ?
06:43 - C'est bien notre espoir. On travaille là-dessus. Il y a besoin de ressources en eau aussi.
06:47 C'est un autre sujet évidemment qui est au cœur de l'actualité, parfois des débats.
06:50 Dans quelles conditions ? Parce qu'il faut partager l'eau dans le futur.
06:53 On sait qu'il n'y a pas d'agriculture sans eau et qu'on aura besoin d'eau demain
06:58 à la fois pour un certain nombre de cultures et pour l'élevage.
07:00 Le tout, c'est de l'économiser, c'est de l'utiliser à bon escient.
07:04 Et donc, si on a des variétés de graminées qui ont besoin d'un petit peu d'eau à certains moments,
07:09 il faudra qu'on ait des réserves pour pouvoir les sauver.
07:12 C'est vraiment vital pour l'avenir de notre élevage.
07:14 - Merci beaucoup Philippe Moguin, président de l'INRAE,
07:17 l'Institut National de Recherche pour l'Agriculture.
07:21 Vous ne bougez pas, dans un instant, ce sera RTL Inside, notre immersion au cœur d'actualité.
07:26 - Et ce soir, on embarque avec un vétérinaire qui soigne les animaux ici au Salon de l'Agriculture.
07:30 - A tout de suite. - Merci.
07:31 RTL. Bonsoir.
07:33 !