La société Matis a récemment été agréée par l'AMF pour proposer des club deals dédiés aux investissements dans l'art contemporain. Les club deals permettent un investissement fractionné dans une œuvre d'art. Matis cible principalement les œuvres des grands noms du XXe siècles, inaccessibles pour la plupart des investisseurs mais dont la cote reste très stable.
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00:04 Bonjour François Carbone, alors vous êtes cofondateur de Matisse et vous proposez d'investir dans des œuvres d'art contemporains à travers des clubs d'îles.
00:13 Ça c'est la structure, voilà ce que vous proposez.
00:16 Bien sûr, est-ce qu'on peut commencer par démocratiser ce terme ?
00:21 Qu'est-ce qu'un club d'îles et bien sûr comment l'apporter dans le monde de l'art ?
00:25 Bonjour Sybille, merci de me recevoir avant tout.
00:28 Donc Matisse, comme vous l'avez dit, on permet d'investir dans des œuvres d'art d'artistes iconiques du XXe siècle
00:33 sous un format qu'on appelle le club d'îles et tout simplement un club d'îles c'est une société qui permet de se réunir à plusieurs
00:39 pour faire une opération qu'on n'aurait pas pu faire seul.
00:42 En fait pour bien comprendre Matisse, il faut bien comprendre deux sujets sur les problèmes auxquels on répond.
00:47 Le premier c'est que l'art c'est une des dernières classes d'actifs qui n'a pas été rendu accessible facilement à l'investissement.
00:55 C'est une très grosse classe d'actifs parce que c'est à peu près 2300 milliards d'art et d'objets de collection qui sont détenus par des particuliers uniquement
01:03 et ça transacte énormément, il y a une soixantaine de milliards par an qui s'échangent.
01:06 Mais on ne peut pas investir simplement dans des œuvres d'art.
01:09 Et la deuxième chose pour bien comprendre Matisse c'est que quand on collectionne et qu'on veut aller sur des pièces où la valeur se tient bien dans le temps,
01:17 il faut aller principalement sur des œuvres de qualité muséale en fait d'artistes qui composent l'histoire de l'art.
01:23 Et pour ça il faut avoir entre 30 à 100 millions à déployer, donc il faut être milliardaire grosso modo.
01:29 Et donc tout le monde ne l'est pas, tout le monde n'a pas cette chance là.
01:32 Et donc Matisse c'est très simple, c'est qu'on permet à plusieurs personnes d'investir dans des œuvres d'art comme celles d'artistes comme Yves Klein,
01:39 Yayoi Kusama, Andy Warhol, Basquiat, d'autres des noms très connus qui composent le marché de l'art
01:46 et qui sont très transactés par les marchands d'art tous les ans à travers le monde.
01:49 Et donc on permet ça simplement.
01:51 Oui, qui peut faire un peu peur au début parce que forcément, même si c'est assez grand public, c'est sûr c'est des noms,
01:55 on se dit jamais je pourrais atteindre, je pourrais arriver à investir dedans.
02:00 Et justement ça veut dire que vous considérez que ce sont ces noms là qui vont avoir le moins de volatilité,
02:07 qui seront les plus sûrs en termes d'investissement ?
02:09 Comme dans tous les marchés en fait on voit la valeur qui se concentre, particulièrement dans des temps incertains,
02:15 qui se concentrent sur les actifs les plus rassurants.
02:19 Donc si je fais le parallèle avec de l'immobilier, l'osmanien parisien, cœur du huitième,
02:23 c'est plus rassurant que de l'immobilier en périphérie d'une ville secondaire française.
02:31 Pour l'art c'est la même chose, quand on est concentré sur des artistes qui sont de renommée internationale,
02:36 qui sont présents dans toutes les grandes collections, publiques ou privées,
02:40 qui sont représentés par des galeries leaders à travers le monde,
02:43 peu importe on ne va pas citer le top 10 mais qui sont extrêmement représentés,
02:46 présents dans toutes les foires internationales,
02:48 on va être sur des valeurs qui se tiennent extrêmement bien et qui vont avoir tendance à s'apprécier
02:53 parce que leur rareté va ne faire qu'augmenter.
02:55 Si je vous demande de citer trois noms pour vous d'artistes qui ont marqué le XXe siècle, vous citeriez qui ?
03:01 Oui effectivement il y a Warhol, Basquiat, Bokusama, je ne sais pas.
03:10 Et je pense que si on prend ça sur chacun des siècles, vous aurez une liste qui tendra à réduire
03:15 et comme ce sont des artistes dont la désirabilité n'arrête pas,
03:18 toutes les collections voudront ces œuvres-là et la valeur aura tendance à se concentrer là-dessus.
03:22 C'est pour ça qu'on se concentre sur ces œuvres et c'est des œuvres qui vont de quelques centaines de milliers d'euros
03:27 à quelques millions d'euros, voire qui dépassent les 10 millions d'euros.
03:30 Et comment est-ce que vous fonctionnez ? C'est vous qui achetez l'œuvre en tant que Matisse et après vous constituez le pool d'investisseurs ?
03:40 L'œuvre est achetée systématiquement par une société qui porte le projet d'acheter l'œuvre et de la revendre.
03:45 Donc à chaque fois une société constituée va acheter en vente privée auprès de collectionneurs ou parfois en vente publique.
03:52 À une nouvelle société par œuvre ?
03:53 Une société par œuvre. C'est le principe du Club Deal, c'est qu'on permet à nos clients,
03:57 à toutes les personnes qui s'y intéressent, de diversifier. Vous voulez faire un deal une fois avec nous pour tester, vous pouvez.
04:02 Vous êtes déjà convaincu ou vous voulez diversifier, vous pouvez en faire 30, 40, 50 comme vous voulez.
04:06 Et en fait l'intérêt qu'on a là-dedans c'est un intérêt d'explication et de pédagogie.
04:11 On propose un investissement, mais on a un investissement qui a beaucoup de parties affinitaires dedans.
04:17 Et ce dont on est convaincu, on se l'applique à titre personnel, c'est que la découverte ou la redécouverte d'un artiste, il y a un réel plaisir à ça.
04:24 Donc on a des fiches qui expliquent l'œuvre dans le contexte historique de l'artiste, l'artiste dans le contexte de son époque.
04:31 Et donc les investisseurs ont pas mal de plaisir à se dire "ok j'ai beaucoup entendu parler d'Andy Warhol,
04:38 mais quand je vais investir sur une œuvre de Jackie Kennedy qu'il a pu produire en série,
04:45 je vais découvrir pourquoi est-ce qu'il a fait des portraits, d'icônes de l'époque, comment est-ce qu'il a travaillé".
04:49 Donc il y a beaucoup de plaisir à ça et on veut apporter beaucoup de contenu sur un aspect, finalement, histoire de l'art sur chacune des œuvres.
04:55 Oui, et puis j'imagine que vous faites aussi toute l'audit, toutes les recherches autour de l'œuvre.
05:01 C'est vous qui présentez un choix d'œuvre dans lequel vous jugez que c'était pertinent d'investir,
05:05 et une œuvre en particulier dont la provenance est particulièrement tracée, etc.
05:10 C'est une grande partie de l'intérêt de ce qu'on fait, c'est que quand on veut approcher ce marché pour soit acheter des œuvres,
05:16 soit investir dessus, en fait c'est un marché d'experts, d'experts par période même,
05:20 et même parfois par courant artistique dans une même période.
05:25 On peut être expert du pop art et pas du minimalisme, par exemple.
05:30 Et donc un métier d'expert, un métier de réseau,
05:34 et un métier où l'importance de la provenance et de la condition des œuvres est extrêmement forte.
05:39 Et donc tout ce travail-là est fait en amont.
05:41 Une fois que tout ce travail est fait et passe dans un comité d'investissement,
05:44 là on va effectivement constituer le fameux "club deal",
05:48 ce terme qui n'est pas extrêmement répandu, mais qui tout simplement explique qu'on est plusieurs à investir sur l'œuvre.
05:53 - Là ça fait un an et demi que vous avez été créé ?
05:57 - On a pu proposer le premier deal en placement privé en mai dernier.
06:01 - D'accord. Est-ce qu'il y a déjà eu un club deal qui a déjà été réalisé jusqu'au bout ?
06:07 - Ecoutez, il y en a 12 qui ont été réalisés.
06:09 On a obtenu un agrément de l'autorité des marchés financiers en fin d'année dernière.
06:13 Les tout premières opérations, on les a faites en ce qu'on appelle placement privé auprès d'un cercle restreint d'investisseurs.
06:18 Et là, depuis la fin d'année dernière, on est la première société à pouvoir le faire partout à travers l'Union européenne,
06:24 ce qui est une grande fierté, parce que je disais au tout début, un des problèmes auxquels on répond,
06:28 c'est que l'art n'est pas facilement investissable et on le fait dans un cadre régulier, ce qui est vraiment important.
06:34 - Oui, c'est ça, parce que vous disiez que vous étiez la première société de ce type à être agréée par les AMF.
06:41 Pourquoi est-ce qu'il n'y en a pas eu d'autres avant ?
06:44 Est-ce que c'est un encadrement qui est très particulier, très spécifique, qui ne permet pas à l'AMF d'agréer tout le monde ?
06:50 - Je pense qu'il y a plein d'explications. Il y a des choses qui sont plutôt dans l'air du temps.
06:54 Aujourd'hui, tout type d'actif est investissable.
06:56 Donc, ça a débloqué des cases et donc ça a développé des envies.
07:01 Et après, effectivement, il y a eu des tentatives et il y a eu des fonds d'investissement dans des œuvres d'art régulées,
07:07 avec certaines grosses contraintes. C'est que la publicité autour de ces fonds-là était très restreinte.
07:11 Je vais pas rentrer dans les détails qui ne sont pas passionnants, mais ça empêchait d'aller vers le grand public.
07:16 Et en fait, il y a un agrément qui existe depuis peu d'années, puisque ça fait à peu près deux ans, que je connais extrêmement bien,
07:21 parce que c'est celui dans lequel opérait ma précédente société, et qui permet de le faire à l'échelle européenne depuis deux ans en Europe.
07:27 Donc, on a construit le fonctionnement de Matisse autour de cet agrément pour pouvoir s'adresser à des particuliers partout à travers l'Europe, comme je le disais,
07:36 mais aussi pour pouvoir distribuer les œuvres de Matisse à travers des réseaux de banques privées, des réseaux de conseils en gestion de patrimoine, de multifamilies office.
07:44 Pour nous, en fait, c'est un actif qui doit être un actif réflexe, peu importe la proportion, je dirais que ça dépend des personnes et des choix,
07:51 mais qui doit être un actif réflexe et qui ne pouvait pas l'être.
07:53 Oui, parce que ma dernière question, assez rapide, c'est les personnes à qui vous vous adressez,
07:57 vous remarquez que ce sont en majorité des personnes qui veulent diversifier leur actif,
08:01 ou des personnes qui sont vraiment des grands collectionneurs et qui auraient rêvé d'investir dans ces noms-là ?
08:07 Franchement, l'écart type est énorme. On a des clients qui viennent chez nous, qui n'avaient jamais acheté une œuvre d'art auparavant,
08:14 et qui font un investissement avec nous, néophytes complets, et qui vont investir une fois 20 000 euros avec nous.
08:19 Et à l'autre spectre, on a des collectionneurs, des galeristes, des commissaires-priseurs qui peuvent comprendre la valeur sous-jacente autour de ce qu'on fait,
08:28 et qui peuvent déployer plusieurs centaines ou qui dépassent le million d'investissements avec nous à date.
08:33 Donc on fait le grand écart là-dessus, complètement.
08:35 Merci beaucoup François Carbone, je vous rappelle que vous êtes co-fondateur de Matisse.
08:38 Merci d'avoir été avec nous, et quant à nous, on se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro d'Art et Marché.
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