Pour les adeptes de sensations fortes, les sports extrêmes et l’amour de l'adrénaline occupent une grosse partie du quotidien. Par passion, de nombreux sportifs sont prêts à parcourir le monde. Afin de dépasser ses propres limites, Baboo est parti découvrir Hawaï à travers le surf, sans imaginer que sa vie pourrait basculer si radicalement.
Comment réagir lorsque ce qui nous permet de vivre notre passion nous est enlevé dans un dangereux accident ? Comment ne pas renoncer à son amour du sport et se battre pour repratiquer un jour sans laisser la peur nous dominer ?
Baboo est venu raconter son histoire.
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VoyagesTranscription
00:00 Sauf que le rêve il a duré deux heures. Deux heures plus tard je me suis fait attaquer par un requin tigre de 4 mètres
00:06 qui m'a pas laissé le choix, j'ai rien vu venir.
00:08 Au moment où il m'a lâché j'ai voulu savoir dans quel état c'était.
00:11 Bah c'était charpie, je pouvais plus rien faire, c'était tout déconnecté.
00:14 Je suis vraiment à la base un montagnard de chez montagnards qui a appris à nager tard,
00:19 qui a commencé vraiment par le ski.
00:21 Et une fois que j'ai fini mes études je suis venu un peu dans le sud-ouest
00:24 et là j'ai commencé à surfer.
00:26 Ce que je kiffe dans le surf c'est l'accès un peu gratuit déjà,
00:30 pas besoin de forfait, c'est juste tes bras, les mine de rien, l'équipement,
00:35 peu ne pas coûter trop cher.
00:37 Le fait de voir des Brésiliens qui sortent des favelas et qui déchirent tout,
00:42 le fait de voir des Marocains qui ont accès finalement,
00:45 ou des Tahitiens, ça me permet de voyager vachement aussi.
00:48 Je sais pas, c'est quelque chose qui égalise tout quoi.
00:50 Un moment tu te retrouves avec ton bout de polystyrène et tes bras et puis...
00:54 La vague elle fait un mètre, elle fait deux mètres, elle fait trois mètres,
00:57 mais que tu sois banquier ou le plus pauvre du quartier, c'est la même quoi.
01:02 Et après ça je pars à Hawaï avec ma copine de l'époque,
01:06 faire le tour de Maui en premier.
01:09 On a fait 15 jours à Maui en vélo avec les planches derrière le vélo,
01:13 donc avec une tente et on a fait un peu tous les spots autour de l'île.
01:16 Il y a eu du magique, il y a eu des rencontres un peu brutales avec des locaux
01:21 qui nous ont pas laissé fort comme on voulait,
01:23 ce qui peut s'entendre c'était plus la manière dans laquelle ils nous ont sortis
01:27 qui était un petit peu dur.
01:29 Après ils nous ont quand même expliqué que si on était encore là la nuit tombée,
01:32 ils nous accrochaient derrière le pick-up et puis ils nous tiraient derrière le pick-up.
01:37 Histoire de dire déménage.
01:39 Après avoir fait notre tour en vélo de Maui,
01:42 on est parti à Kauai, donc c'est l'île la plus au nord d'Hawaï.
01:46 On a loué une voiture, on est parti au pif voir où est-ce qu'on pouvait mettre la tente.
01:51 Et sur la route, coucher de soleil, une vague, une belle vague toute petite
01:56 qui avait vraiment l'air cool.
01:57 À peine arrivé, session coucher de soleil avec la tente posée sur la plage,
02:02 vraiment trop bien.
02:03 Du coup, le lendemain matin, on s'est mis à l'eau,
02:06 c'était une session facile avec vraiment des petites vagues,
02:10 les enfants dans l'eau, session familiale à Hawaï, vraiment cool.
02:15 Tout se passait bien, sauf que le rêve il a duré deux heures.
02:18 Deux heures plus tard, je me suis fait attaquer par un requin-tique de 4 mètres
02:23 qui ne m'a pas laissé le choix, je n'ai rien vu venir.
02:25 La première sensation, c'est vraiment une grosse pression inexplicable.
02:31 Par contre, je sais pertinemment que ça ne sert même à rien d'essayer de tirer ma jambe,
02:35 qu'elle ne sortira pas de là où elle est coincée.
02:37 Je sens très bien que ça tire trop fort,
02:40 que si je tire, je vais plus l'abîmer qu'autre chose.
02:42 Donc, j'essaye plutôt d'accompagner le truc que de m'en sortir.
02:46 Et du coup, juste après la sensation de pression forte,
02:50 je réalise que c'est un requin parce que je le vois,
02:53 parce qu'il est accroché à ma jambe et que ça fait 4 mètres,
02:56 donc c'est assez facile de m'en rendre compte.
02:59 Il est vraiment juste là.
03:00 Et lui, il reste accroché, il n'a pas croqué la jambe,
03:04 il a mordu, mais il n'a pas coupé la jambe.
03:07 Donc, il reste accroché à ma jambe.
03:09 Pendant ce temps-là, moi, j'ai crié,
03:11 donc j'ai prévenu tout le monde pour que tout le monde rentre à la plage.
03:14 Dans ma tête, au moment où je me retrouve là, coincé,
03:17 et que j'ai prévenu tout le monde, c'est hyper binaire, c'est hyper basique.
03:20 C'est survie, c'est ce que je dois faire pour vivre,
03:23 et c'est tout ce qui compte.
03:25 Et ton corps, il est capable de s'y mettre à 200%.
03:29 Et moi, il n'y a que ça.
03:30 Je suis hyper lucide, je suis assez bien, franchement.
03:33 Je ne suis pas vraiment mal dans ma peau,
03:34 je suis tellement concentré sur ce que je dois faire.
03:37 Je n'ai pas de douleur, le cerveau, il change en mode survie,
03:41 et sans zéro douleur.
03:43 La sensation que j'ai, c'est comme une vibration de téléphone
03:46 un peu posée sur le tibia.
03:47 C'est tout ce que j'ai, ça fait vraiment juste des bzzz.
03:50 J'ai vraiment juste une impression un peu électrique, comme ça.
03:52 Il n'y a vraiment zéro douleur, je ne vois pas de sang.
03:55 Le cerveau a occulté tout ce qui pouvait me faire paniquer
03:58 ou qui pouvait me faire faillir à ma mission,
04:01 qui était de rejoindre la plage.
04:02 Moi, j'ai une photographie dans ma tête de la plage,
04:04 et je veux être là-bas, et c'est tout.
04:06 Je me mets à taper sur le requin de tout ce que j'ai, où je peux.
04:09 Ça a duré 10, 12 secondes.
04:11 Et au moment où il m'a lâché,
04:13 il y a une série de vagues qui est rentrée,
04:16 comme dans "Vaiana".
04:17 J'étais en galère, et hop, il y a une vague qui m'a ramené
04:19 presque jusqu'au bord.
04:20 J'ai eu juste deux coups de rame à mettre à plat ventre,
04:22 et ça m'a ramené quasiment au bord.
04:24 Et à partir de là, les mecs m'ont sorti de l'eau,
04:26 ils m'ont mis sur ma planche de surf comme un brancard.
04:28 J'étais content d'être là, d'être sauvé, d'être vivant.
04:31 J'avais fait mon taf en quelque sorte.
04:32 C'est maintenant, les gars, débrouillez-vous, moi j'en suis là.
04:36 Et je me suis rendu compte de l'ampleur des dégâts,
04:39 de la gravité de ce qui se passait sur le visage des autres.
04:42 Parce que ma jambe, j'ai regardé tout de suite.
04:44 Au moment où il m'a lâché, j'ai voulu savoir dans quel état c'était.
04:47 C'était charpie, il n'y avait plus rien qui fonctionnait,
04:49 mon pied ne bougeait plus du tout.
04:51 Je ne pouvais plus rien faire, c'était tout déconnecté.
04:53 C'est pareil, c'est des choses qu'ils leur parlent aux Hawaiiens.
04:56 Donc les pompiers hawaiens, les requins, tout ça,
04:59 ce n'est pas nouveau pour eux,
05:00 donc ce n'est pas si exceptionnel.
05:03 Donc pour eux, ça existe en fait.
05:05 Et donc, ils ont l'habitude de dealer avec ça.
05:08 Et c'est un petit peu comme si tu es secouru
05:11 dans une avalanche par des spécialistes.
05:14 Ils ne sont pas choqués de te sortir de dessous l'avalanche.
05:16 Et du coup, le fait qu'ils soient confiants dans le déroulé,
05:20 tu sens qu'ils connaissent, qu'ils savent quelles sont les étapes,
05:23 qu'est-ce qu'il faut faire, comment on agit.
05:25 Et donc, tu es tout de suite en confiance.
05:27 Arrivé à l'hôpital, je n'avais qu'une envie,
05:29 c'était qu'ils m'endorment et que mon sort soit entre leurs mains.
05:32 Mais moi, j'en avais marre de me battre.
05:34 Je commençais à être fatigué de résister,
05:36 mais toujours pas trop mal dans mon corps quand même.
05:40 En tout cas, les souvenirs que j'en ai, je n'étais pas à l'agonie.
05:42 En fait, dès le début, quand le requin m'a croqué,
05:46 moi, j'espérais qu'il arrive à l'enlever, ma jambe.
05:49 J'espérais qu'il croque et qu'il s'en aille avec,
05:51 mais que j'ai une chance de rentrer.
05:52 Donc, j'avais déjà abandonné ma jambe dès le début.
05:55 Donc, quand on est arrivé et quand ça a commencé,
05:58 tout le mécanisme de l'opération, que le chirurgien s'est présenté,
06:03 qu'il m'a parlé d'amputation,
06:04 moi, je lui ai toujours répondu la même chose.
06:06 Je lui ai dit "faites ce que vous voulez, mais faites-moi dormir".
06:09 J'avais déjà abandonné ma jambe.
06:10 Je voulais juste être vivant et j'avais fait la plus grande partie du boulot.
06:16 Donc après, une fois que le chirurgien m'a proposé de m'amputer,
06:22 que moi, de toute façon, je lui ai laissé toutes les cartes en main
06:25 parce qu'encore une fois, je n'avais pas les compétences.
06:28 Et puis, mon pied ne bougeait plus du tout.
06:29 Et du coup, il m'endormit.
06:31 Ça a duré 6-7 heures, l'opération.
06:33 C'est un gars qui avait déjà fait ça,
06:36 qui avait déjà fait l'Afghanistan, l'Irak, etc.
06:38 Donc, il savait ce qu'il faisait.
06:40 Donc, il m'a fait un truc vraiment super bien.
06:43 Au dire de tous les spécialistes que j'ai rencontrés ensuite,
06:46 c'était exceptionnellement bien fait.
06:48 Du coup, je me suis réveillé de l'amputation.
06:50 Et là, j'ai eu encore un petit moment où j'ai espéré que c'était un mauvais rêve.
06:55 Donc, j'ai essayé de soulever ma jambe et là, elle était hyper légère.
06:58 Et là, j'ai pris une bonne claque quand même.
07:00 C'était le premier moment où vraiment j'ai pris une gifloue quand même.
07:03 Là, je n'avais plus de jambe pour de vrai.
07:05 Et là, c'était galère quand même.
07:06 J'ai pas eu le temps de beaucoup cogiter
07:08 parce qu'il y a le chirurgien qui est vite rentré dans ma chambre.
07:11 Et avant tout, je lui ai posé cette question-là
07:15 de savoir s'ils allaient pouvoir refaire du ski avec mes deux jambes.
07:18 Et il m'a dit direct qu'il n'y avait pas de souci,
07:20 qu'il avait des copains qui faisaient du snowboard, du surf, de tout.
07:23 Voilà, à partir de là, c'était c'est où, c'est comment ?
07:27 Et puis, j'ai obéi à tout ce qu'on m'a dit de faire bêtement et simplement
07:32 pour que ça aille le plus vite possible.
07:33 Si tout de suite, j'ai pensé au sport,
07:35 si c'est la première chose qui m'est venue dans la chambre
07:37 quand le chirurgien est rentré, c'est que c'est ça qui me fait vivre.
07:41 Depuis tout petit, je vis à travers ça.
07:43 C'est ça qui me rythme.
07:45 C'est ça qui me rend heureux.
07:46 Et je peux être amputé d'une jambe ou de deux même,
07:49 mais pas du sport, ça, c'est sûr.
07:50 Oui, ça me semble logique de retourner dans l'eau.
07:53 La peur prend pas le dessus et elle prend rarement le dessus.
07:56 En fait, chez les mecs qui se font attaquer,
08:00 en tout cas des histoires et des personnes avec qui j'ai pu en discuter,
08:04 en fait, c'est pire de se projeter à la place d'eux que de le vivre.
08:07 Parce que moi, j'ai pas eu de douleur.
08:10 Toi, tout de suite, si tu te projettes à ma place,
08:11 eh ben, tu vas te dire je vais avoir horriblement mal,
08:15 je vais avoir horriblement peur, etc.
08:16 Moi, j'ai pas vécu tout ça.
08:17 J'ai vraiment eu peur de mourir au tout début,
08:19 mais depuis, ça fait que aller bien et ça va en s'arrangeant.
08:24 Un mois après, début juin, j'ai eu ma première prothèse
08:28 et début juillet, je faisais du trampoline et de la planche à vol.
08:31 Donc, ça a mis deux mois et demi.
08:33 C'était incroyable, quoi.
08:35 Même tous les docteurs, les kinés, personne n'y croyait et moi le premier.
08:39 Après être sorti de la rééducation, du coup, l'idée, c'était vraiment
08:45 d'essayer le plus de sports possibles,
08:47 comme le parapente et la plongée, par exemple.
08:50 J'ai tout de suite voulu voir si c'était possible,
08:52 donc quasiment six mois qui se sont effacés tellement
08:55 j'étais obnubilé par le sport et que je pensais qu'à ça,
08:58 ça a causé ma séparation aussi.
09:00 Je n'avais plus que ça dans ma tête, j'étais tout seul, hyper égoïste.
09:03 Et c'est comme ça depuis que je suis adolescent,
09:06 c'est le sport ou les psys et à chaque fois, c'est pareil.
09:08 Dès que je ne peux plus faire le sport, au bout de deux mois, il n'y a plus personne.
09:11 L'été d'après, je suis parti à Tahiti pour rencontrer
09:16 quelqu'un avec qui j'étais en contact depuis un moment,
09:18 un vrai spécialiste des requins-tigres.
09:20 Un mec qui les étudie, qui plonge avec eux
09:22 et qui les connaît.
09:23 Et donc, ce gars m'a vachement apporté.
09:25 On a plongé ensemble, on est allé plonger avec les requins-tigres,
09:28 on les a observés, on a fait...
09:30 J'ai fait connaissance.
09:31 Et c'est ça qui aussi me conforte d'en me dire
09:35 que c'était juste un coup de pas de chance,
09:37 parce que franchement, je me suis retrouvé avec des requins-tigres
09:40 énormes tout près de moi.
09:41 J'avais peur, comme tout le monde j'imagine.
09:44 Mais tu fais trois bulles et puis le requin,
09:47 il fuit parce que ça lui fait peur.
09:49 Tu te dis, mais en fait, en soi,
09:52 tu le vois plus du tout comme le grand méchant loup.
09:55 Tu le vois plus justement comme l'animal sauvage
09:58 qui, s'il a le choix, la première chose qu'il fait,
10:00 c'est de partir.
10:01 Et ça m'a permis de passer aussi au-delà
10:06 et d'aller resurfer dans des endroits où il y a des requins.
10:08 Et là, l'hiver a commencé à s'approcher
10:11 et la tension a commencé à monter
10:13 parce que c'était vraiment le point qui pouvait tout faire basculer.
10:17 Et j'ai réussi à avoir une prothèse tout prête le 16 décembre, je crois,
10:21 ou un truc comme ça, vraiment juste avant de commencer la saison d'hiver.
10:24 Et donc, j'ai chaussé.
10:26 J'avais failli même pas essayer de peur d'avoir une mauvaise nouvelle.
10:30 Franchement, je n'ai jamais été stressé comme ça de toute ma vie.
10:33 Je ne suis vraiment pas quelqu'un de stressé,
10:35 mais alors là, j'avais envie de vomir et tout.
10:38 Il ne fallait pas me parler, quoi.
10:39 Et j'ai chaussé mes skis.
10:40 J'ai fait 4-5 virages pour aller rejoindre la première remontée mécanique.
10:45 Et ça a fonctionné direct, vraiment à peine une piste d'adaptation.
10:49 Après, pour vraiment bien skier et retrouver mon niveau,
10:52 il a fallu faire des petits réglages fins, etc.
10:55 Mais ma première prothèse, dès le premier jour,
10:57 je pouvais faire mes virages, je pouvais sauter,
11:00 je pouvais faire du ski, quoi.
11:02 Alors là, c'est une journée...
11:04 Si je continue d'en parler, je pleure.
11:07 C'était tellement long, tu sais, de ne pas savoir.
11:14 Tu ne peux pas faire sans le ski.
11:16 Ce n'est pas possible.
11:17 J'avais peur, j'avais tellement peur.
11:19 Je savais que c'était mort pour tout, pour les autres.
11:22 J'allais être excécrable si jamais j'allais mettre la misère à tout le monde, à ma famille.
11:28 Je savais que je ne pouvais pas redevenir moi sans le ski.
11:31 Ça fait partie de moi.
11:32 Cette journée, elle ne m'a pas libéré immédiatement
11:34 parce qu'il restait des petits trucs.
11:37 Je n'étais pas complètement satisfait.
11:39 Je me suis rendu compte que ma prothèse, elle n'était pas super bien.
11:43 Du coup, ça a pris un peu de temps.
11:45 Je me suis inscrit à une compétition, à une Coupe de France.
11:49 J'ai rencontré des mecs qui avaient bossé sur leur prothèse depuis 15, 20 ans.
11:54 Il y avait le champion de France en titre qui était là.
11:57 J'ai quand même fait deuxième derrière lui à cette course-là.
12:00 C'est là que tout est parti.
12:02 J'avais enfin un repère, un repère de où j'en étais, de où je skiais.
12:06 C'est toujours hyper dur de savoir à quel niveau on ride dans quelque discipline que ce soit.
12:12 J'avais un vrai repère, un chrono qui me disait
12:15 « Mec, tu n'es quand même pas si loin que ça du champion de France.
12:18 Donc, c'est que ça devrait bien se passer, surtout que ce n'est que le début. »
12:22 Ils m'ont demandé de venir à la Coupe de France d'après,
12:26 puis à la Coupe de France d'après,
12:27 puis à la Coupe de France d'après.
12:30 J'ai à chaque fois fait des résultats plus ou moins bien.
12:33 À partir de l'hiver d'après, j'ai vraiment intégré,
12:36 à partir du début de l'automne, le groupe France sur les entraînements
12:40 et sur le fonctionnement, j'ai fonctionné comme un athlète de l'équipe de France à part entière.
12:45 Après, il y a eu un hiver un petit peu comme ci, comme ça avec le Covid.
12:53 Ça ne m'a pas fait de mal parce que ça m'a permis aussi d'atterrir un petit peu,
12:57 parce que je suis devenu handicapé, sportif de haut niveau en même temps.
13:00 Ce n'est pas simple, ne serait-ce qu'administrativement.
13:02 Donc, ça m'a permis de poser un peu les choses,
13:06 de réparer un peu des petits bobos qui traînaient depuis longtemps aussi.
13:10 Et du coup, de me préparer à 200% pour l'hiver qui vient de passer,
13:14 donc les Jeux paralympiques qui étaient en Chine
13:17 et les Championnats du monde qui ont été reportés à cause du Covid.
13:20 Donc, on a eu un hiver, on a eu les Jeux paralympiques,
13:23 la Coupe du monde et les Championnats du monde.
13:25 C'était l'hiver le plus chargé de l'histoire.
13:27 Et puis voilà, du coup, début février, j'ai reçu ma réponse de sélection pour les Jeux.
13:34 C'était parti, voyage à Pékin, c'était incroyable.
13:36 J'avais dans un coin de ma tête l'idée de descendre en kilte
13:40 pour que mon kilte puisse me servir dans l'ère d'arrivée de banderoles
13:45 pour faire passer un message.
13:46 Parce que j'ai pas mal visité les écoles
13:50 et je suis pas mal intervenu auprès des enfants,
13:52 que ce soit dans les foyers, un peu partout, des plus grands d'ailleurs aussi,
13:56 pour parler un petit peu, dédramatiser le handicap
14:01 et surtout parler du handisport.
14:03 Et un jour, il y a un petit bout qui vient me voir à la fin du...
14:07 Après une heure que je lui explique ce que c'est les Jeux paralympiques,
14:10 il vient me voir et il me dit, en fauteuil roulant,
14:12 depuis qu'il est né, il est né en fauteuil,
14:14 et il me dit "moi, je veux aller aux Jeux olympiques".
14:16 J'ai trouvé ça mignon parce que ça faisait une heure que je lui expliquais
14:19 que pour nous, c'était les Jeux paralympiques puisqu'on est handicapé.
14:22 Et là, il m'a dit "non, non, moi, je veux aller aux Jeux olympiques comme mes copains".
14:25 Et quand je me suis fait cette réflexion,
14:27 alors qu'en plus, je le prenais un peu de haut entre guillemets
14:31 parce que je trouvais que ce n'était pas malin sa réflexion,
14:34 je ne m'étais jamais projeté si loin que ça.
14:36 Et pour moi, c'est grave en fait.
14:38 Je ne vois pas pourquoi on n'a pas les anneaux sur notre dossard.
14:42 Je pense que c'est important qu'en tout cas, qu'on en parle
14:45 et que les gens prennent conscience
14:47 parce que si ça percute dans le cerveau d'un enfant de 8 ans,
14:50 c'est qu'il y a un vrai problème.
14:52 Et le message, c'est "All humans can dream of becoming Olympians,
14:57 are we worthless ?"
14:58 Ça veut dire n'importe quel humain peut rêver de devenir Olympien,
15:02 champion olympique.
15:03 Est-ce que l'on vaut moins ?
15:04 Parce qu'aujourd'hui, un enfant qui naît handicapé
15:07 ne pourra jamais participer aux Jeux olympiques.
15:11 Et je pense que c'est juste ça, le droit de rêver, c'est tout.
15:15 Que ce petit garçon, il aille aux Jeux ou il n'y aille pas,
15:18 en tout cas, si un jour, il est aux Jeux olympiques,
15:21 je serais content d'avoir fait ça.
15:22 Sous-titrage Société Radio-Canada
15:24 C'est quoi, c'est quoi, c'est quoi ?
15:26 C'est quoi, c'est quoi ?
15:27 [Musique]