My star muslim star reçoit Oualas, humoriste ivoiro-marocain
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00:00 [Musique]
00:17 Notre invité du jour a réussi à aller au-delà des clivages.
00:21 Il a un humour qui réconcilie tous les fils de la Côte d'Ivoire.
00:24 C'est un mélange de couscous à la semoule d'achéqué.
00:28 Everybody talk about Wallace.
00:30 Bienvenue dans My Muslim Star.
00:32 [Musique]
00:48 - Salam alaykoum Wallace. - Walaykoum salam.
00:50 - Bonjour. - Bonjour.
00:51 - Comment tu vas ? - Mais ça va et toi ?
00:53 Alhamdoulilah, ça va très bien.
00:54 En tout cas, merci de nous recevoir chez toi.
00:56 - Avec grand plaisir. - Pour My Muslim Star.
00:58 - Avec grand plaisir. - On va en savoir un peu plus sur Wallace.
01:01 - Exact. - Et surtout pourquoi,
01:02 et d'où vient le Everybody talk about Wallace.
01:04 Est-ce que tu as rêvé d'être une star américaine un jour ?
01:06 Je ne sais pas moi.
01:07 - Je suis une star américaine. - Ah, excuse-moi.
01:09 C'est juste que je ne suis pas encore reconnu comme telle.
01:11 - Mais tu es une star déjà. - Dans ma tête.
01:13 - Ah d'accord, dans ta tête, tu es une star américaine.
01:16 - Dans ma tête, il se passe des trucs. - Vous êtes nombreux là.
01:18 - Il se passe plein de choses. - On est beaucoup.
01:20 Alhamdoulilah.
01:21 En tout cas, nous sommes donc dans My Muslim Star.
01:23 On va découvrir un peu qui se cache derrière M. Wallace.
01:27 Dis-moi, où est-ce que tu as passé ton enfance exactement ?
01:30 En Côte d'Ivoire ou au Maroc ?
01:31 - A Boaké précisément, donc en Côte d'Ivoire. - D'accord.
01:34 Voilà, j'ai fait pratiquement toute mon enfance en Côte d'Ivoire.
01:37 Et puis, quelques années au Maroc quand même,
01:39 parce que mon père tenait à ce qu'on ait l'arabe,
01:44 qu'on sache parler l'arabe, qu'on fasse "Tzarbiel islamia" comme on dit.
01:47 C'est comme ce que vous appelez ici "Madrasa".
01:50 Nous, on a fait ça là-bas.
01:53 Mais nous, "Madrasa" de là-bas, c'était pour qu'on sache lire le Coran,
01:56 pour que les parents soient sûrs que leurs enfants seront des bons musulmans,
02:01 qui font la prière, etc.
02:03 Mais non, "Madrasa" là-bas, de toute façon, on nous a tapés.
02:05 Ça ressemble quoi à la "Madrasa" de Wallace, par exemple ?
02:09 Le matin, quand tu vas, l'oustaze ou l'imam, est-ce que c'est comme ici déjà ?
02:14 Non, pas vraiment, parce que nous, ce n'est pas un imam.
02:16 Nous, ce sont des oustazes.
02:17 Nous, ceux qui nous apprennent même à faire la prière,
02:18 on n'est pas sûr qu'eux-mêmes y prient.
02:20 D'accord.
02:21 Nous-mêmes, on a des doutes des fois.
02:23 De toute façon, ils nous tapent fort.
02:24 Tu te dis, est-ce qu'ils croient en Dieu même ?
02:27 Et donc voilà, j'ai fait, franchement, quelques années.
02:31 Deux, trois ans après ça, le vieux a dit, bon, c'est bon, il sait lire le Coran.
02:36 Allons à Bidjambé.
02:37 Si on le laisse ici, ils vont finir par le tuer.
02:39 Donc voilà.
02:40 Donc tu as appris le Coran et tu rentres en Côte d'Ivoire.
02:44 Exact.
02:44 Comment s'est passé ton enfance à Boaké ?
02:46 Tu es issu d'une famille de combien de personnes ?
02:49 Combien de frères et soeurs ?
02:49 Alors, on est cinq.
02:52 Ça, c'est ceux que moi, je connais.
02:54 Parce qu'il y a peut-être des gens que tu ne connais pas ?
02:56 On ne peut pas savoir.
02:57 J'espère que ton père nous regarde.
02:58 Il regarde, il est au courant de tout ça.
03:02 D'accord.
03:02 On est cinq.
03:06 Quatre garçons et une fille.
03:07 D'accord.
03:08 Tous partis.
03:10 Il y en a aux États-Unis, il y en a un peu partout.
03:13 Moi, la Côte d'Ivoire m'a dit...
03:14 Tu es le seul qui est resté.
03:15 C'est le garbat à retenue, le placalit, tout ça.
03:18 Mais même les autres ne sont pas partis de leur plein gré.
03:21 J'ai un frère qui est parti aux États-Unis
03:23 parce que son rêve, c'était de devenir Américain.
03:25 Comme toi ?
03:25 Oui.
03:26 Non, moi, ça, c'est que dans ma tête.
03:28 Moi, mon rêve, je l'ai déjà réalisé.
03:30 Et lui, son rêve, c'était de devenir Américain.
03:32 Aujourd'hui, il l'est.
03:33 Mais malgré ça, quand on parle au téléphone,
03:35 il me dit que je ne peux pas savoir comment la Côte d'Ivoire me manque.
03:37 Il a envie de savoir comment ça se passe ici,
03:40 comment ça se passe par rapport à quand lui, il était là.
03:42 On était tous à Boaké.
03:44 Et quel quartier de Boaké, précisément ?
03:45 Au Commerce.
03:46 On en habitait au Commerce.
03:47 Il faut faire un coucou à tous ceux qui sont là-bas.
03:50 Je salue toute la communauté boakienne du Commerce
03:55 et puis de tous les autres quartiers de Boaké.
03:58 C'est une ville que j'aime tellement.
04:00 Est-ce que tu as l'occasion de retourner à Boaké ?
04:02 Très souvent.
04:03 J'y ai été il n'y a pas très longtemps.
04:05 Très souvent, j'ai encore des amis là-bas.
04:07 D'ailleurs, quand je vais, je suis très souvent chez eux à la maison.
04:11 J'ai ma tante-il même qui m'a vu naître,
04:14 qui est à son hôtel en Afrique, qui est Catherine Delon.
04:18 C'est ma tante-il, ma maman même.
04:21 Quand je vais à Boaké aussi, je dors chez elles à la maison.
04:24 Donc tu as vraiment tes racines à Boaké.
04:25 J'ai mes racines, j'ai ma famille, j'ai mes amis.
04:28 C'est Boaké.
04:29 Nous, c'est parce qu'il y a eu les gbang-bangs
04:31 qu'on est venus à Abidjan.
04:32 Il y a eu les gbang-bangs ?
04:32 Oui.
04:33 Sinon, nous, venir à Abidjan ne faisait pas partie des projets de mon père.
04:38 Mon père venait à Abidjan faire ses courses et puis repartir à Boaké.
04:40 Très bien.
04:41 Et les études, alors voilà, comment ça se passe ?
04:44 C'est fini là, les études.
04:45 Les études se sont bien passées.
04:47 Tu as étudié à Boaké.
04:49 J'ai étudié à Boaké.
04:50 Puis après, quand il y a eu les événements, je suis venu ici.
04:52 Donc j'ai fini mes études ici à Abidjan et une partie au Maroc.
04:56 Très bien.
04:57 Et étant petit, quel métier tu rêvais de faire ?
05:00 Humoriste.
05:01 Humoriste.
05:02 Depuis petit ?
05:02 Depuis tout petit, je voulais faire comédien humoriste.
05:05 Je faisais déjà rire mes amis en classe.
05:07 Ça m'a coûté d'être renvoyé de la classe très souvent.
05:10 Et les parents ne devaient pas être contents d'ailleurs, je pense.
05:12 Que je sois renvoyé de la classe, ils n'étaient pas toujours au courant.
05:15 Parce que j'arrivais à...
05:17 Tu arrivais à aller à l'école malgré le fait que tu sois renvoyé ?
05:20 Renvoyé juste du cours.
05:22 Ah du cours, d'accord.
05:22 Donc je jouais au basket.
05:23 Le professeur te faisait sortir, et puis après tu rentrais pour l'autre cours.
05:26 C'est ça.
05:26 Mes parents, ils se doutaient qu'il y avait des problèmes, mais pas autant.
05:31 D'accord.
05:31 Et le jour où ils ont voulu aller voir ma prof pour aller demander comment ça se passe et tout,
05:35 je savais que j'étais mort dans le film.
05:37 Donc je dis aux vieux que la prof est décédée.
05:40 Donc tu tues la prof en même temps ?
05:41 Oui, comme ça.
05:42 Tranquillement.
05:42 Mais si jamais il la rencontre dans la rue, là c'est le problème que tu vas avoir.
05:46 Non, ça se passe, elle était là.
05:46 Il allait acheter fleurs.
05:48 J'ai dit aux vieux, tu ne la connais pas.
05:50 On t'a dit, la prof est décédée, va à la maison, t'as acheté fleurs là, pourquoi ?
05:54 Il a payé fleurs, il allait à l'école pour présenter les condoléances au directeur.
05:58 Bon, quand j'ai vu le directeur même, il était à son bureau,
06:01 j'ai compris que moi j'étais mort dans le film.
06:03 Donc je lui ai pris un taxi pour rentrer à la maison.
06:05 Je n'ai même pas attendu le vieux qu'il finisse,
06:06 parce qu'il allait avoir tous les échos de ce qu'il n'avait pas depuis longtemps.
06:10 Et puis je suis resté à la maison, vraiment là, il y a des choses qui passaient dans ma tête.
06:14 Je me disais peut-être que la prof va dire à mon père,
06:17 votre enfant est très intelligent, mais il n'exploite pas bien ses capacités.
06:21 On ne sait jamais, tu avais l'esprit positif.
06:22 Oui, parce que c'est ce qu'on dit en général aux parents d'élèves pour dire,
06:24 ton enfant est bête, on dit il est intelligent,
06:26 mais il n'exploite pas ses capacités.
06:28 C'est ça, tu es bête, mais de manière polie.
06:31 Et puis, à un moment donné, j'entends le klaxon, donc le vieux est arrivé.
06:34 Et puis je regarde par la fenêtre, en habitant en duplex,
06:37 je regarde par la fenêtre pour voir s'il est un peu fâché.
06:39 Et puis, le vieux, il a assis dans sa main, mais il n'est pas menuisier.
06:44 Donc, je dis qu'est-ce que je peux faire pour essayer de m'échapper ?
06:47 Je dis, échappatoire, mais qu'est-ce que j'ai fait ?
06:50 Vraiment, ironie du sort, j'ai pris la nade de prière et puis je me suis mis dessus.
06:54 J'ai commencé à prier.
06:55 C'est pas mâchallah, c'est parce que je voulais fuir,
06:58 parce que c'est le seul endroit où le vieux ne pouvait pas me faire débattre.
07:00 - Mais au moins, tu as pensé à ça ?
07:02 - Mais parce qu'il ne peut pas me déranger quand je parle avec Dieu, c'est son Dieu aussi.
07:06 Donc, j'ai prié toute la nuit.
07:07 Le vieux attend pour me chicoter, il ne laisse pas.
07:09 Et j'ai prié ce mois.
07:10 - Surtout ce temps que tu as passé sur la nade de prière.
07:11 - J'ai dû faire 50 raccords cette nuit-là pour à la fin me faire tabasser le lendemain matin.
07:16 - Mais au moins, tu n'es pas mort.
07:17 - Au moins, je ne suis pas mort.
07:18 Mais quand il est arrivé, il m'a dit, tu pries, ça tombe bien.
07:20 Dis-leur que tu arrives bientôt.
07:23 - Si vous nous prenez en marche, vous suivez My Muslim Star
07:26 et nous recevons aujourd'hui l'international américain Wallace.
07:29 - Voilà, hé, Américain, ça t'a tué.
07:31 - D'ailleurs, Wallace, tu as un autre nom.
07:33 - Oui, Abdelhak Tébakniyem Koujouja.
07:35 - Est-ce que tu peux reprendre ça pour que...
07:37 - Abdelhak Tébakniyem Koujouja.
07:38 - Je crois qu'on va se contenter de Wallace.
07:40 - Voilà, ce n'est pas ce que je disais au début.
07:42 - Donc, tu rêvais d'être humoriste depuis petit.
07:44 Et je crois que le déclic part en 1998 quand tu regardes une cassette vidéo.
07:48 Alors, pour ceux et celles qui ne savent pas,
07:50 l'ancêtre des DVD et autres CD que vous avez, ce sont les cassettes VHS
07:54 qui se jouaient avec des magnétoscopes.
07:56 On est d'une autre époque, Wallace.
07:57 - Ils ne peuvent pas connaître tous ces jeux-là.
07:59 - Pour m'enbobiner, des fois, tu prends ton doigt et tu te fais rire.
08:01 - Tu prends le doigt, tu trouves un stylo ou un gros feu pour tourner.
08:04 - Ils ne peuvent jamais...
08:05 Vous ne pouvez pas connaître ça.
08:07 - C'est la belle époque, ça.
08:09 - Ça me fait mal pour eux. L'époque où on jouait aux billes.
08:11 - Aujourd'hui, tout le monde est connecté.
08:13 - Téléphone. - Voilà.
08:15 Et donc, tu regardes et tu découvres un certain Gad Elmaleh.
08:17 - En fait, je ne découvre pas.
08:19 Alors, Gad Elmaleh, nous, on connaît parce que
08:21 Gad Elmaleh a fait ses études exactement dans la même école
08:23 où moi, j'ai été au Maroc.
08:25 Donc, automatiquement, on en parlait.
08:27 Gad était venu au Maroc avec Elie Semoun
08:29 dans nos écoles
08:31 pour faire des conférences aux étudiants.
08:33 Le jour de Gad, je l'ai raté.
08:35 Le jour d'Elie Semoun, j'avais un palu,
08:37 mais je n'ai pas voulu le rater. - Tu as fait un palu au Maroc ?
08:39 - Pas un, plusieurs palus.
08:41 - Ça, c'est un peu compliqué. - Oui, surtout quand
08:43 eux, ils ne maîtrisent pas la maladie. Ils ont peur en plus.
08:45 Et tout. Donc, je leur dis, non, y'a rien.
08:47 Y'a nia-nia. On dit, c'est quoi ?
08:49 Je dis, Wallace, non, moi, ouais, nia-nia, d'habitude,
08:51 mais maintenant, le vieux a fait ça, un peu de lit,
08:53 tcham-tcham, tu vois ? - Et puis, ça a guéri.
08:55 - Rapidement, le même soir.
08:57 - Tu découvres donc la vidéo.
08:59 - Elie Semoun qui vient faire la conférence.
09:01 Il nous fait une conférence et puis, il nous explique
09:03 qu'il veut faire quoi plus tard.
09:05 Et puis, tous les élèves lui disent,
09:07 Wallace, il veut devenir humoriste.
09:09 Donc, il me demande si je le connais.
09:11 Et puis, moi, je dis, je le connais pas. Ça lui fait mal.
09:13 - Ah, quand même. - Et il dit, c'est qui que je connais ?
09:15 Je dis, c'est Gad Elmaleh. Il dit, bon, comme c'est Gad,
09:17 je connais, lui, il va me faire un cadeau.
09:19 Et en sortant de là, il ouvre sa voiture
09:21 et il me donne un VHS de Gad
09:23 et un VHS de lui.
09:25 - Ah, quand même.
09:27 - Je vais à la maison, je regarde
09:29 Elie Semoun. J'aime beaucoup ce qu'il fait,
09:31 je le trouve marrant. Et puis, je regarde
09:33 Gad et là, c'est un déclic.
09:35 - Le déclic. - Mais vraiment un déclic.
09:37 Ça veut dire que pendant une heure et demie,
09:39 on pouvait pas me déconcentrer.
09:41 On pouvait pas me parler et j'allais
09:43 entendre. J'étais absorbé par
09:45 un autre monde, par le monde de l'humour,
09:47 par un mec qui est sur scène
09:49 pendant une heure et demie en train de faire rire les gens
09:51 avec des faits de société
09:53 dans lesquels j'arrêtais pas de dire
09:55 "mais c'est vrai ce qu'il dit,
09:57 mais il a raison, mais ça,
09:59 c'est moi, j'ai vécu ça".
10:01 J'avais l'impression que Gad me parlait
10:03 à moi. - Tu t'es vu à sa place aussi.
10:05 - Et je me suis vu à sa place. - Très bien. Et donc,
10:07 tu commences donc à travailler de ton côté,
10:09 certainement. - Je commence à travailler.
10:11 - Et en 2007, une rencontre
10:13 avec M. Abazine. - Exact.
10:15 - Tu joues dans la pièce "Shawarma Story".
10:17 - Exact. - Et à partir de là, les choses vont s'enchaîner
10:19 pour toi. - Je joue pas dans la pièce pour la première
10:21 année. En 2007, je suis
10:23 à... je vais, moi, faire du
10:25 forcing à Abazine. - Tu fais du forcing ?
10:27 - Ah, forcing, carrément. - Ça ressemble à quoi ?
10:29 Voilà ce qu'il fait du forcing. - Bah, c'est,
10:31 je lui ai tellement cassé la tête qu'il m'a dit
10:33 "voilà, c'est bon, ok, tu veux jouer,
10:35 y'a pas de problème, bon, va t'asseoir maintenant". - D'accord.
10:37 - C'est tellement je l'ai fatigué.
10:39 Et, donc Abazine
10:41 va me donner l'occasion de faire
10:43 la première partie de "Shawarma Story".
10:45 - Oui. - Cette pièce de théâtre
10:47 qui traite de l'intégration des Libanais
10:49 en Afrique, en général.
10:51 Et du fait que, parmi eux, y'a des gens
10:53 qui ne sont jamais repartis, même vers le
10:55 Liban, pour... ils savent même pas
10:57 à quoi ils ressemblent. Y'a des enfants, aujourd'hui,
10:59 qui sont nés en Côte d'Ivoire,
11:01 les Libanais sont à la cinquième ou à la sixième génération
11:03 de leur communauté.
11:05 Quand ils ouvrent un livre, ils voient le Liban.
11:07 Mais ils ne connaissent pas le Liban. Ils connaissent
11:09 le Liban à travers des livres. - C'est des Ivoiriens.
11:11 - A travers la télé. C'est des Ivoiriens.
11:13 C'est des vrais Ivoiriens.
11:15 C'est des gens à qui on peut pas dire "tu n'es pas Ivoirien".
11:17 Parce que ces gens ne connaissent qu'un seul
11:19 pays, c'est la Côte d'Ivoire. Ils ne connaissent qu'une seule culture,
11:21 c'est la culture Ivoirienne. Ils ne connaissent qu'une seule nourriture,
11:23 c'est la nourriture Ivoirienne. Les seules nourritures
11:25 libanaises qu'ils connaissent, c'est ce qu'on vend dans les shawarmas.
11:27 - Justement, "Shawarma Story", d'où...
11:29 - D'où le nom "Shawarma Story", exactement.
11:31 Et, donc Abazine
11:33 va me donner l'occasion de faire
11:35 la première partie et puis, l'année d'après,
11:37 il va me dire "Ecoute Wallace, tu intègres la troupe".
11:39 Et là, je vais devenir un membre
11:41 de la troupe pour pouvoir jouer
11:43 enfin dans la pièce de théâtre. - Très bien, mais ça, c'était pas de l'humour
11:45 à la base. C'était plus...
11:47 - C'est une tragique comédie. - Voilà, une comédie.
11:49 Mais toi, tu te destines à l'humour.
11:51 Et c'est plus vers ça que tu vas
11:53 te concentrer, travailler.
11:55 Et en 2013, tu
11:57 partis au Marrakech du Rire
11:59 avec l'excellent Djamel Debouze. - Exactement.
12:01 - Comment on se sent devant
12:03 la foule du Marrakech du Rire ?
12:05 - On avait l'habitude, nous, de la foule ici. Parce qu'on jouait
12:07 au Palais de la Culture, dans 4-5 000 places.
12:09 On avait l'habitude, déjà, de jouer
12:11 devant autant de monde. Mais comment on se sent
12:13 de jouer dans...
12:15 sur sa terre-mère.
12:17 - Sur la terre de ses ancêtres. - Voilà.
12:19 C'est ça qui était une vraie pression pour moi.
12:21 Parce que, pour ma mère, qui est
12:23 venue en Côte d'Ivoire
12:25 après s'être mariée avec mon père,
12:27 elle reste très
12:29 attachée, bien sûr, à sa
12:31 culture marocaine autant qu'à sa culture
12:33 ivoirienne. Et c'était un rêve
12:35 pour elle de voir son enfant
12:37 jouer au Maroc. Contrairement à un
12:39 père qui est arrivé en Côte d'Ivoire en
12:41 1956, il avait 13 ans.
12:43 Il est arrivé, il n'y avait même pas de drapeau
12:45 de Côte d'Ivoire. C'était un drapeau français à l'époque.
12:47 Il n'y avait pas d'hymne national, il n'y avait rien.
12:49 Et qui, aujourd'hui, voit son fils
12:51 qui est en train de
12:53 grandir dans
12:55 son pays.
12:57 Le père qui m'a vu grandir dans
12:59 notre Côte d'Ivoire,
13:01 pour lui, ce n'est pas forcément une
13:03 priorité que son fils joue au Maroc.
13:05 Son fils est aujourd'hui
13:07 dans son pays d'accueil, son pays
13:09 d'adoption, qu'il considère comme son
13:11 propre pays aujourd'hui.
13:13 Et il arrive à donner de la joie
13:15 aux Ivoiriens.
13:17 C'est suffisant pour mon père. Il y a de la fierté.
13:19 Il y a de la fierté. Mais ça n'a pas toujours été évident.
13:21 Non, au début, il était réticent.
13:23 Il était réticent parce qu'il ne savait pas où ça allait
13:25 parce qu'il s'est dit, est-ce qu'on peut en faire
13:27 un métier ? Est-ce que tu vas pouvoir demain subvenir
13:29 à tes besoins, aux besoins d'une famille ?
13:31 Aujourd'hui, je suis père de trois enfants
13:33 et puis je me bats
13:35 pour faire en sorte que ma famille
13:37 ne manque de rien, mais toujours
13:39 dans mon milieu et dans mon domaine.
13:41 Je ne sors pas de mon domaine.
13:43 C'est important de le rappeler.
13:45 Tu restes dans ton domaine,
13:47 tu vis de ton art
13:49 et tu es aussi musulman.
13:51 Comment est-ce que tu arrives à allier
13:53 ta notoriété
13:55 de star internationale américaine
13:57 avec ta religion musulmane ?
13:59 Est-ce que c'est facile
14:01 de faire les deux ?
14:03 Parce que quand on est une star, parfois on peut être
14:05 confronté à certaines difficultés,
14:07 certaines pressions. Comment est-ce que tu vis ça ?
14:09 Il n'y a aucune pression.
14:11 Dieu est là.
14:13 On dit "Allah la yudayya ikhnafsun illa was'aa"
14:15 Si Dieu nous a donné
14:17 l'occasion d'avoir une tribune
14:19 aujourd'hui et
14:21 une audience à qui s'adresser,
14:23 c'est qu'il sait ce qu'il fait.
14:25 Il faut garder la tête froide.
14:27 On n'est pas non plus
14:29 des prophètes ni des dieux.
14:31 On fait rire les gens
14:33 parce qu'on aime ça et les gens nous aiment
14:35 parce qu'on les fait rire et c'est vice-versa.
14:37 Il y a un amour qui est réciproque
14:39 et le reste, le "kamaloulila",
14:41 le reste, c'est Dieu qui nous guide
14:43 et on essaie de
14:45 rester guidé
14:47 en gardant la tête sur les épaules,
14:49 bien évidemment.
14:51 En tout cas, c'est ce que tu donnes
14:53 comme conseil à tous ceux qui nous regardent.
14:55 Tu ne t'es pas arrêté
14:57 à participer
14:59 à des festivals. Tu en as créé un
15:01 qui s'appelle "Afrique du rire".
15:03 Comment est-ce que ça commence
15:05 cette aventure ?
15:07 Cette aventure commence quand je vais être invité
15:09 dans d'autres festivals où il y a des galas africains
15:11 et puis on va commencer
15:13 à nous dire "vous les africains,
15:15 allez jouer là-bas, dans cette
15:17 petite salle". Puis on va nous faire
15:19 passer sur
15:21 des télés qui ne sont pas très
15:23 médias. Pas trop d'audience.
15:25 Pas énormément
15:27 d'audience.
15:29 Et puis un jour, je vais me
15:31 réveiller comme ça et je vais dire "mais attends,
15:33 au fait, c'est nous qui sommes cons".
15:35 On nous invite à jouer
15:37 dans plusieurs festivals africains
15:39 et puis on ne nous donne
15:41 pas de la visibilité.
15:43 Nous-mêmes, on fait quoi ?
15:45 Les gens, ils viennent nous regarder, non ?
15:47 Ils viennent regarder le festival, ils viennent regarder les africains jouer.
15:49 Mais pourquoi nous-mêmes, on ne montre pas notre truc ?
15:51 J'ai pris mon téléphone et puis j'ai appelé
15:53 tous mes frères.
15:55 J'ai appelé tout le monde. J'ai appelé Le Magnifique,
15:57 j'ai appelé En 4 de 4, j'ai appelé Aga Lawal,
15:59 j'ai appelé Ramatoulaï,
16:01 j'ai appelé Dick Bé-Cravate,
16:03 forcément, Go Michel,
16:05 j'ai appelé Mamane,
16:07 j'ai appelé tous les humoristes
16:09 qui tiennent l'Afrique dans leur cœur
16:11 et je leur ai dit "les gars,
16:13 on va faire un truc".
16:15 Ils m'ont dit "oui, mais voilà, si tu sais que ça coûte cher",
16:17 j'ai dit "ok, c'est l'argent le problème, ne vous inquiétez pas".
16:19 Nous, on a des partenaires
16:21 qui vont vraiment nous suivre parce qu'ils
16:23 font confiance à l'avenir
16:25 de notre continent.
16:27 Vous, la seule chose que je vous demande, c'est
16:29 les financements
16:31 pour faire ce projet-là,
16:33 on va les avoir.
16:35 La seule chose que je vous demande, c'est de vous investir à fond.
16:37 - Donc, avoir une vision,
16:39 avoir les bonnes personnes qu'il faut,
16:41 et puis croire en ses rêves.
16:43 - C'était au-delà d'un rêve,
16:45 c'était un devoir,
16:47 c'était celui de mettre notre continent à la lumière.
16:49 Il fallait que les gens comprennent maintenant que
16:51 en Afrique, il se passe des choses.
16:53 Il fallait que les gens comprennent que
16:55 l'humour ne vient pas seulement de France.
16:57 Et qu'en Afrique, on a des humoristes
16:59 qui sont excellents.
17:01 Et que malheureusement, on ne leur donne pas
17:03 une vraie audience. - En tout cas, aujourd'hui,
17:05 tu as de l'audience.
17:07 Nous sommes donc dans "My Muslim Star"
17:09 et nous recevons Wallace
17:11 qui nous parle de son parcours
17:13 et surtout, comment a démarré son festival
17:15 "Afrique du Rire".
17:17 C'était depuis 2017.
17:19 Tu as réuni tes frères, comme tu aimes le dire.
17:21 C'est très important que tu mettes l'accent sur ça
17:23 parce que tu es Ivoirien.
17:25 Tes frères Ivoiriens
17:27 t'ont soutenu, sont venus
17:29 et l'aventure a commencé.
17:31 Comment a répondu le public ?
17:33 - Mais de manière incroyable. On a fait guichet fermé
17:35 depuis la première édition.
17:37 Depuis la première édition, on refuse du monde.
17:39 On a fait la dernière édition, quelques jours avant
17:41 le début de cette pandémie en 2020.
17:43 Kev Adams, on l'a ramené en Côte d'Ivoire.
17:45 Les gens ne revenaient pas.
17:47 Kev Adams en Côte d'Ivoire. Il est venu pour "Afrique du Rire".
17:49 Parce que c'est un Africain aussi.
17:51 Parce que Kev Adams,
17:53 beaucoup de gens ne le savent pas, mais il est d'origine
17:55 tunisio-algérienne.
17:57 Malgré qu'il vive en France et qu'il soit français,
17:59 bien sûr, il est français, mais il est aussi
18:01 tunisien et algérien et c'est quelque chose qu'il aime mettre en avant.
18:03 Et c'est pour ça qu'il a répondu présent
18:05 au festival "Afrique du Rire" et qu'il a fait avec nous
18:07 au Sénégal, le Maroc, la Côte d'Ivoire.
18:09 On est allé jouer au Bénin.
18:11 Ces humoristes-là, Rachid Badouri,
18:13 Djamal Debbouze, nous a fait
18:15 plein de vidéos pour dire qu'ils soutenaient le projet
18:17 et qu'ils voulaient être là, mais malheureusement,
18:19 il était en pleine tournée avec son one-man-show.
18:21 Et ils voulaient absolument être des nôtres.
18:23 - En tout cas, c'est un bel
18:25 exemple que tu donnes à la jeunesse
18:27 et à tous ceux qui nous regardent.
18:29 Ça veut dire qu'il y a du potentiel.
18:31 Il suffit seulement de se mettre
18:33 ensemble et puis de canaliser les énergies
18:35 et justement d'aller de l'avant pour faire rire.
18:37 D'ailleurs, qu'est-ce que tu peux dire
18:39 aux téléspectateurs de "My Muslim Star"?
18:41 Il nous reste, je crois,
18:43 cinq minutes. Qu'est-ce que tu peux leur dire?
18:45 - Merci infiniment.
18:47 C'est toujours un plaisir.
18:49 De toute façon,
18:51 Albaïane, je vous écoute beaucoup,
18:53 surtout pendant le mois de Ramadan.
18:55 - Il faut nous regarder beaucoup aussi.
18:57 - Je vous écoute et je vous regarde.
18:59 - Sur le canal 208 du bouquet Canal+
19:01 - Oui, exactement. Mais quand je dis "pendant le mois de Ramadan",
19:03 tu fais ça. Mais tes oreilles marchent.
19:05 Donc tu écoutes la télé.
19:07 Parce que c'est pas tout le monde qui regarde la télé.
19:09 - La télé te regarde, mais tu l'écoutes.
19:11 - Exactement.
19:13 - Non, j'ai tué.
19:15 Et je regarde
19:17 beaucoup la télé et puis j'écoute beaucoup
19:19 aussi la radio albaïenne depuis toujours parce que
19:21 c'est ce qui nous donne le temps
19:23 pour rompre le jeûne pendant le Ramadan.
19:25 - C'est important.
19:27 - Tu peux pas imaginer ce "tin tin"
19:29 - Il est tellement attendu.
19:31 - Il est important dans la vie d'un musulman.
19:33 - Oui.
19:35 Et en dehors du Ramadan,
19:37 effectivement, on a beaucoup d'enseignements
19:39 - Bien sûr, et ça c'est extraordinaire.
19:41 J'écoute beaucoup
19:43 la radio dans la voiture albaïenne.
19:45 La télé, bien sûr, je suis "My Muslim Star".
19:47 Tu as une émission qui est magnifique.
19:49 - "Allons à l'iftar".
19:51 - "Allons à l'iftar".
19:53 - N'est-ce pas?
19:55 - Oui, bien sûr. Où tu as reçu Anka Deka.
19:57 - Anka Deka est venu dans "My Muslim Star".
19:59 - Il est fou, le seul fou déclaré à la CNPS.
20:01 - Il te suit, il te regarde.
20:03 - Il est fou.
20:05 - Il va te répondre.
20:07 - Il connaît quelque chose.
20:09 - Il va faire comme s'il n'est pas au courant.
20:11 - Anka Deka, tu as entendu.
20:13 - Il est fou, déclaré à la CNPS.
20:15 - En tout cas, nous sommes très heureux
20:17 d'avoir été en ta compagnie.
20:19 - Merci infiniment.
20:21 - Et tes entreprises seront couronnées de succès.
20:23 - Amine.
20:25 - Tu nous fais rire et comme je l'ai dit,
20:27 on est des Ivoiriens.
20:29 Parce qu'au-delà des clivages,
20:31 tu as montré qu'on peut être blanc de peau
20:33 et s'appeler Ivoirien.
20:35 On peut avoir un patronyme
20:37 qui est dans un autre pays également.
20:39 Et être Ivoirien. D'ailleurs,
20:41 quand on préparait cette émission,
20:43 quand j'ai dit "Mazine Bari", d'où?
20:45 Je suis Ivoirienne comme toi.
20:47 Donc on a peut-être tous les deux
20:49 eu à être confrontés aux mêmes soucis.
20:51 Mais au-delà de tout ça,
20:53 on est des Ivoiriens.
20:55 Après, je pense que
20:57 ce ne sont pas vraiment des soucis.
20:59 Vous savez, des problèmes,
21:01 il y en a partout.
21:03 Demain, tu vas aller en Tunisie, au Maroc,
21:05 en Algérie, etc.
21:07 Tu vas avoir des problèmes dus à ta couleur de peau.
21:09 De la même façon que moi, en Côte d'Ivoire,
21:11 je vais avoir des problèmes dus à ma couleur de peau.
21:13 Mais ces gens-là, ils sont combien?
21:15 Ils sont 4%. Il ne faut pas leur donner d'importance.
21:17 Il faut se concentrer sur les 96%
21:19 qui sont avec des bonnes ondes
21:21 et des bonnes énergies.
21:23 Exactement.
21:25 C'est ça qui est important.
21:27 Mais tu sais que tu es américain,
21:29 donc c'est pour ça que tu ne dis pas des mots en anglais.
21:31 J'ai peur pour les téléspectateurs.
21:33 Ils ne vont pas comprendre.
21:35 C'est difficile.
21:37 Tout le monde parle de ça.
21:39 Merci.
21:41 C'était My Muslim Star.
21:43 Nous recevions l'excellent Wallace.
21:45 J'aime bien quand tu dis ton nom.
21:47 Merci.
21:49 C'était lui-même que nous recevions.
21:51 Merci d'avoir suivi.
21:53 Rendez-vous très prochainement pour un autre numéro de My Muslim Star.
21:55 Salaam alaikum wa rahmatollahi ta'ala wa barakato.
21:57 Sous-titrage Société Radio-Canada
21:59 [Musique]