• il y a 9 mois

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00:00 *Générique*
00:15 Bonsoir l'imam du Gard Majoub. Majoubi en passe d'être expulsé.
00:20 Première affaire médiatisée après la mise en application de la nouvelle loi immigration.
00:26 Nous serons dans un instant en ligne avec Florence Bergeau-Blacklare, docteur en anthropologie chargée de recherche au CNRS.
00:35 Il va monter sur le ring, J-2 pour le salon d'agriculture.
00:39 La colère est toujours là, celle des agriculteurs, mais Emmanuel Macron organise, et oui, un grand débat avec eux.
00:47 Un nouveau plan contre la pénurie du médicament en France, mieux gérer les stocks,
00:53 et faire revenir les usines un parfum de déjà entendu.
00:57 Gérald Darmanin avec ses enfants à la une de match.
01:00 Quelque chose de Sarkozy, nous en parlerons à la fin de ces informés.
01:05 Ce soir avec Anne-Elisabeth Moutet, journaliste éditorialiste au Télégraph de Londres.
01:12 François Miguet, journaliste éco à l'hebdomadaire Le Point.
01:16 Le Point qui titre cette semaine à la une de Staline à Poutine, c'est français, au service de Moscou.
01:22 Avec Stéphane Zumsteig, directeur du département Opinion et Politique d'Ipsos.
01:29 Bienvenue à tous les trois et bonsoir.
01:31 Sera-t-il expulsé ? Et si oui, dans quel délai ?
01:37 Mahjoubi, l'imam tunisien de la mosquée de Bagnoles-sur-Seize, c'est dans le Gard,
01:42 accusé d'avoir proféré des appels à la haine dans ses prêches,
01:45 a été interpellé et placé dans un centre de rétention en région parisienne,
01:49 en vue de son expulsion, qu'il entend bien évidemment contester.
01:53 Qu'est-ce qui lui est reproché ? Je vais le résumer assez rapidement.
01:56 L'imam est accusé d'avoir véhiculé une conception littérale, rétrograde, intolérante et violente de l'islam,
02:03 vision de nature encouragée des comportements contraires aux valeurs de la République,
02:08 selon le ministère de l'Intérieur, qui détaille, alors on y va,
02:11 discrimination à l'égard des femmes présentées comme inférieures, faibles et vénales,
02:15 repli identitaire, éloge de la charia, incitation à la haine envers les juifs,
02:21 présentée comme ennemie historique et même radicalisation djihadiste.
02:26 Voilà pour ces informations du service Police Justice de France Info.
02:30 Bonsoir à vous Florence Bergeau-Blacler.
02:33 - Bonsoir.
02:34 - Alors je rappelle, un docteur en anthropologie, chargé de recherche au CNRS,
02:38 auteur du passionnant essai "Le frérisme et ses réseaux", l'enquête parue chez Odile Jacob.
02:44 Vous êtes une spécialiste de ces questions, vous faites autorité.
02:47 De ce que nous en savons, est-ce que, à vos yeux, ce religieux présente une menace grave pour l'ordre public ?
02:55 - Alors c'est évidemment difficile de répondre et il ne m'appartient pas de toute façon
02:59 de commenter une telle décision du ministre, où on verra de la justice.
03:05 Disons que sur la question de l'extrait de vidéo, il me semble qu'on n'a pas là les éléments
03:13 culpés d'associations de terrorisme ou de choses comme ça.
03:17 Mais voilà, je voudrais préciser que je ne connais pas les griefs reprochés à monsieur Majoubi.
03:22 Ce que je remarque en revanche, c'est que la décision d'expulsion a été prise extrêmement rapidement,
03:29 parce que l'imam Majoubi a été d'une certaine manière lâché, sacrifié, presque immédiatement,
03:38 par les notables qui représentent l'islam de France auprès de l'État,
03:43 c'est-à-dire le Conseil français du culte musulman, la Grande Mosquée de Paris
03:47 et les frères de l'UOIF, qui s'appelle maintenant Musulmans de France.
03:51 Alors la raison, à mon avis, pour laquelle ils l'ont lâché, c'est que cet imam est trop visible,
03:57 est trop voyant, c'est-à-dire qu'il dit finalement avec des mots assez directs,
04:02 utilisant un vocabulaire cru, un vocabulaire religieux à l'usage interne, si je peux dire,
04:08 dans la communauté, des choses qu'on peut dire dans le cadre de prêches, dans l'entre-soi,
04:13 mais qu'il ne faut pas dire en dehors de la communauté, qui ne pourrait pas le comprendre.
04:18 Vous voulez dire quoi ? Que c'est un prosélytisme trop visible en quelque sorte ?
04:22 C'est ça, c'est un prosélytisme visible, mais en réalité c'est la norme de ce qu'on entend dans les mosquées.
04:29 Mais c'est la façon de le dire, à mon avis, c'est plus la forme qui les a inquiétés,
04:33 parce qu'évidemment il peut y avoir des répercussions, vous voyez la réaction immédiate.
04:37 Donc c'est ça qui les inquiète et ils l'ont sacrifié, à mon avis.
04:42 Qu'est-ce qu'il a dit dans ce prêche ? C'est que les États-nations divisent l'oum,
04:48 mais tous ceux qui le sermonnent aujourd'hui le disent exactement…
04:52 ils le disent aussi, ils le disent différemment, mais ils disent aussi que les musulmans doivent être solidaires,
04:59 ils déplorent les divisions nationalistes, on les voit aussi soutenir comme un seul homme
05:06 ce qui se passe en Palestine, à Gaza.
05:09 Vous voulez dire dans un grand nombre de mosquées, c'est ce que vous voulez dire ce soir ?
05:14 Oui, mais c'est un discours tout à fait ordinaire, soit ce qu'il est dit de façon un peu crue,
05:19 c'est ce qu'on appelle le salafisme, moi je l'appelle plutôt le frérot salafisme,
05:23 ce sont des éléments techniques qui seraient un peu longs de développer.
05:26 Il semblerait aussi qu'il ait dit des choses au sujet des femmes, sur le statut inégalitaire des femmes,
05:33 mais c'est notable là que les dirigeants de l'Islam de France, tous disent que le voilement du corps féminin est obligatoire.
05:45 Il se serait aussi exprimé sur les juifs, mais tous ces gens-là ont refusé de condamner le Hamas.
05:53 Donc il y a à mon avis une volonté de sacrifier un élément pour que la communauté reste unie et un peu protégée
06:01 et qu'on puisse continuer à dire à peu près les mêmes choses en des termes plus acceptables.
06:06 Je reviens vers vous dans un instant Florence Bergeau-Blacklare, Anne-Elisabeth Moutet,
06:11 apparemment c'est un peu l'imam visible de quelque chose qui semble bien plus général dans le pays.
06:18 Oui parce qu'en réalité on en parle, et je suis sûre que madame Bergeau-Blacklare ne va pas me contredire,
06:23 on a parlé de ces dérives depuis au moins 20 ans.
06:28 Et on sait très bien que dans les mosquées il y a des prêches qui, comme on vient de le dire,
06:34 encouragent le mépris des infidèles en général, les juifs en particulier, mais les infidèles.
06:40 On sait très bien que dans les écoles, parce que tout un tas de professeurs s'en sont plaints
06:44 et n'ont pas vraiment été aidés par leur rectorat respectif,
06:48 ne peuvent plus enseigner des pans entiers de l'histoire, que ce soit les croisades, que ce soit la Shoah, etc.
06:54 Et on sait très bien aussi qu'à chaque fois il y a des volontés de pousser un peu, de pousser le bouchon
07:02 pour voir jusqu'où on peut faire échouer des tentatives de la République d'imposer quelque chose d'égalitaire pour tout le monde.
07:09 Et en particulier, je me souviens très bien, parce que j'en avais parlé à l'époque dans mon journal,
07:14 le fait qu'il y a des femmes qui sont allées sur les plages du sud de la France,
07:18 sans sac à main, sans rien, sans parasol, voilées et en burkini,
07:23 dans le but exprès de se faire arrêter par la police et de se martyriser ensuite.
07:27 Et toutes les chaînes de Al Jazeera, qui est du Qatar, aux chaînes, à l'époque,
07:34 ne font plus maintenant de l'Arabie Saoudite et des Emirats, disaient "Regardez comme les Français martyrisent les pauvres musulmans
07:42 qui essayent simplement d'aller au soleil".
07:44 Et il y a une stratégie, et cette stratégie, effectivement, je peux parfaitement imaginer,
07:50 d'une part elle continue, ça on s'en rend bien compte, parce qu'on voit bien comment les élèves réagissent au quart de tour,
07:54 par exemple, dans les problèmes avec les professeurs.
07:57 Les professeurs ont régulièrement peur, ils disent qu'il y a des incidents,
08:01 quelque chose comme une vingtaine ou une trentaine d'incidents par trimestre,
08:07 c'est donc quelque chose qui existe de manière récurrente.
08:09 Florence Bergeau-Black, l'air jaune, revient vers vous dans un court instant.
08:14 François Miguet, Stéphane Zumstek, vous avez la parole également, juste après le Fil info, il est signé Emmanuel Langlois.
08:20 Et avec des vents dépassant les 100 km/h et des pluies diluviennes, la tempête Louis a balayé ce jeudi la France.
08:27 Elle a fait une victime à un automobiliste âgé de 52 ans, il est mort dans les deux Sèvres,
08:32 après que sa voiture a été emportée par une rivière encrue au sud de Partenay, piégé à l'intérieur.
08:38 Il est donc décédé, 22 départements restent ce soir en vigilance orange.
08:42 A deux jours maintenant de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris,
08:45 des actions des agriculteurs ont à nouveau émaillé la journée.
08:49 Des paysans en colère ont manifesté à bord de leur tracteur à Arras, à Beauvais, à Compiègne, à Sanlis aussi,
08:55 pour maintenir la pression sur l'exécutif avant le Salon.
08:58 A l'étranger, Israël a de nouveau bombardé ce jeudi la ville surpeuplée de Rafah,
09:03 dans le sud de la bande de Gaza, où l'armée israélienne prépare une offensive terrestre.
09:08 Des pourparlers compliqués se poursuivent pour tenter d'arracher une trêve dans le territoire palestinien.
09:13 Selon le Hamas, les bombardements ces dernières 24h ont fait une centaine de morts.
09:18 Enfin, la Ligue Européenne de football et des matchs en cours, les 16e de finale en retour.
09:22 L'an se mène à Fribourg 2 à 0, Rennes et la Sémillan 2 partout,
09:26 Toulouse est pour l'instant à égalité avec le Benfica Lisbonne 0 à 0.
09:30 En attendant, Marseille contre les Ukrainiens du Shakhtar Donetsk, c'est à 21h au stade Vélodrome.
09:46 François Miguet de l'hebdomadaire Le Point, sur l'expulsion de l'imam en question,
09:54 est-ce que au fond, est-ce que le ministère de l'Intérieur peut procéder à une expulsion rapide dans cette histoire ?
10:00 Quel est le point de droit ?
10:01 Alors, le ministère de l'Intérieur a annoncé une expulsion assez rapide de l'imam Mahjoubi.
10:07 Cela dit, c'est vrai que ça peut prendre quand même un peu de temps,
10:11 parce qu'on a vu avec l'affaire il n'y a pas si longtemps d'un autre imam, Iq Hussein,
10:16 que ça avait pris de longs mois.
10:18 Donc on rappelle, c'était un imam qui avait la nationalité marocaine,
10:23 mais qui prêchait depuis longtemps sur le sol français.
10:25 Ensuite, il est allé se réfugier en Belgique.
10:28 Enfin, tout ça a pris de longs mois avant de pouvoir le renvoyer vers le Maroc.
10:32 Il a fallu d'ailleurs aussi que le Maroc accepte de l'accueillir.
10:36 Donc là, évidemment, l'imam Mahjoubi a été arrêté, il a été entendu.
10:42 Mais il va falloir maintenant prouver devant le juge administratif
10:46 qu'il a raison de l'expulser et que son prêche a créé un trouble à l'ordre public.
10:54 Et là, c'est assez délicat sur le plan juridique,
10:57 parce que d'abord, il est résident présent sur notre sol depuis plus de dix ans.
11:01 Il est marié avec une ressortissante française.
11:04 Et il est parent d'enfants résident en France.
11:07 Ça, c'est une situation qui va être examinée de près par le juge administratif.
11:11 Ce sont des freins éventuels.
11:13 Et puis, il va falloir prouver qu'il a eu un comportement de nature
11:18 apporté atteint aux intérêts fondamentaux de l'État,
11:21 d'une violation délibérée ou d'une particulière gravité des principes de la République
11:26 ou d'activités à caractère terroriste ou d'actes de provocation explicite.
11:30 Donc, il va certainement y avoir un débat.
11:32 On voit d'ailleurs que son avocat est d'ores et déjà en train de dire qu'il y a eu l'absuce
11:38 et prépare ce débat qui va avoir lieu devant le juge administratif.
11:41 Justement, un extrait de l'interview de l'avocat, de l'imam Majoubi,
11:45 Samir Amroun, maître Samir Amroun, sur France Info.
11:49 Sagesse veut qu'on attende la décision de justice au moins.
11:52 C'est ça un État de droit.
11:53 Étant donné le sort qui a été réservé aujourd'hui à monsieur Majoubi,
11:56 qui est une première dans l'histoire de la Ve République concernant un étranger,
12:00 j'ai des craintes, effectivement.
12:01 C'est un message fort qui est envoyé à tout le monde.
12:04 Si c'était une personne radicalisée, je validerais dès demain moi-même
12:08 ce message qui est envoyé aux personnes dangereuses.
12:10 Mais nous, nous affirmons et nous démontrerons, je l'espère,
12:12 qu'il n'est pas radicalisé et dangereux.
12:14 C'est un bouc émissaire qu'on sacrifie sur l'autel de la nouvelle loi immigration
12:18 qui a été adoptée par le Parlement.
12:20 Voilà donc l'avocat, maître Samir Amroun, qui parle de bouc émissaire.
12:24 Avant de vous retrouver, Florence Bergeau-Blacklare,
12:26 Stéphane Zumsteig, l'opinion publique nationale
12:29 est sensibilisée à ces questions.
12:32 Oui, et de plus en plus, et dans un sens qui ne se dément pas
12:36 depuis de nombreuses années, c'est-à-dire de droitisation,
12:38 de volonté d'une plus grande dureté dans le traitement
12:42 de toutes ces questions liées notamment à l'islamisme radical.
12:46 Mais ce qui est intéressant aussi, c'est que les Français se disent
12:48 "Oui, les propos qui ont été prononcés par l'imam sont choquants,
12:51 il faut les sanctionner d'une façon ou d'une autre."
12:53 Et en l'occurrence, en expulsant cette personne,
12:56 et ça en dit long d'ailleurs sur le fossé qui se creuse
12:59 entre les Français et leur personnel politique,
13:01 il y a une vraie interrogation sur la capacité,
13:04 voire la volonté des pouvoirs publics, et en l'occurrence de ce gouvernement,
13:07 d'aller jusqu'au bout des choses.
13:08 Il y a plein de gens dans des enquêtes d'opinion qui ont été réalisées
13:10 qui disent "Oui, mais il ne sera pas expulsé,
13:12 parce qu'on n'y arrivera pas, parce que les pouvoirs publics n'auront pas..."
13:15 Une sorte de fatalité.
13:16 Oui, une sorte de fatalité, mais qui est gravissime en termes d'image
13:19 et d'impact de l'opinion publique sur les pouvoirs publics
13:22 qui sont en fait accusés de laxisme à chaque fois
13:25 qu'une affaire de ce type se développe en France.
13:27 Florence Bergeau-Blaclair, vous diriez que salafisme, frérisme,
13:31 sont particulièrement répandus en France.
13:34 On a l'impression que c'est un sujet qui est placé sous couvert.
13:37 Oui, vous avez raison, Madame Moutot le disait à l'instant,
13:42 ces phénomènes sont très anciens, ils ont au moins 20 ans.
13:48 On regarde le problème par le petit bout de la lorgnette,
13:51 et moi j'ai peur que cette affaire,
13:53 si par exemple l'imam ne peut pas être expulsé,
13:56 attention au backlash, c'est-à-dire à la victimisation systématique
14:01 et qui est une arme frériste, on le sait aujourd'hui,
14:04 pour faire avancer leurs revendications.
14:07 Donc il faut faire attention à toutes ces actions que décrivait Madame.
14:12 Il y en a d'autres, les offensives, les abaya,
14:15 les prières dans les lieux d'enseignement, sur les campus,
14:19 les voiles intégraux, les manifestations pro en masse aussi à l'université,
14:24 tout ça en fait est un effet système.
14:28 Et il faut faire attention de ne pas se tromper de combat
14:33 et finalement d'organiser des espèces de chasse à l'individu,
14:37 alors qu'il faut prendre à bras le corps ce problème du frérisme
14:41 qui nous empoisonne depuis 30 ans.
14:45 Est-ce que vous avez la sensation qu'au niveau du ministère de l'Intérieur,
14:48 du gouvernement général de la présidence de la République,
14:51 ce problème du frérisme, ce prosélytisme rampant est pris en compte réellement ?
14:57 Je pense qu'il y a des éléments qui remontent.
15:01 J'ai l'impression que les pouvoirs publics se sentent un peu démunis
15:07 parce que je pense qu'il y a des freins.
15:11 Il faudrait faire analyse de tout cela pour voir quels sont les blocages
15:17 parce qu'il y a de l'information, il y a une volonté manifestement
15:21 de combattre ces fondamentalismes qu'on appelle salafisme ou frérisme,
15:27 peu importe, mais je pense qu'il y a un problème de méthode,
15:31 il y a un problème d'objectif, qu'est-ce qu'on veut,
15:34 il y a un problème de connaissance du problème.
15:37 Ça me frappe, je fais pas mal de tournées en France avec mon livre
15:42 et je m'aperçois qu'à tous les niveaux, il y a une méconnaissance,
15:45 une très très faible compréhension de ce phénomène.
15:49 Anne-Elisabeth Moutet, je rappelle que vous êtes éditorialiste au Télégraph.
15:53 Qu'est-ce qui se passe à Londres ? C'est pas du tout la même situation.
15:57 Ce genre de situation existe, ça s'est manifesté de manière un peu différente
16:02 parce que alors qu'en France, on a eu pendant longtemps...
16:07 Mais l'approche est différente quand même.
16:09 La France avait la tradition de l'assimilation et la Grande-Bretagne
16:13 reconnaissait les communautés, mais ça existe vraiment.
16:16 Il y a des mosquées qui ont été fermées un peu tard.
16:19 Les cris d'alarme ont été poussés de la même manière.
16:22 En 2006, Mélanie Philips du Times publie un livre qui s'appelle "Londonistan",
16:27 c'est pas par hasard, et il y a la même conscience
16:31 qu'avec une minorité musulmane qui est d'abord moins importante
16:37 et qui est sociologiquement très différente
16:39 parce qu'elle réussit plus que les blancs pauvres.
16:42 Les Pakistanais, les Bengalis envoient leurs enfants dans des écoles,
16:47 ils insistent pour qu'ils fassent des études,
16:49 et le résultat, c'est que leur niveau social est beaucoup plus élevé.
16:52 Mais vous avez tout de même des minorités salafistes
16:54 qui font exactement la même chose et qui, à la fois,
16:57 créent un système de victimisation et aussi ont totalement joué sur la...
17:04 Moi, ce que j'appelle personnellement le fantasme de l'islamophobie
17:08 qui est quelque chose de très compliqué,
17:10 parce qu'on a amalgamé ça avec du racisme,
17:11 alors que ça n'est pas du racisme, c'est de l'opposition,
17:13 à une pensée politique particulière.
17:15 - Allez, 20h20 sur France Info, encore une dernière question à ce sujet à vous poser.
17:19 Tout d'abord, c'est le Fil info/Le Retour, avec vous, Emmanuel Langlois.
17:23 - Et moins d'une semaine après ces propos polémiques,
17:26 l'imam tunisien de Bagnoles-sur-Cesse dans le Gard a été arrêté ce midi en vue de son expulsion.
17:32 Mahjoubi est accusé par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
17:37 après une vidéo de prêche considérée par les autorités comme des appels à la haine.
17:42 Son avocat annonce le dépôt d'un recours.
17:45 Deux départements seulement sont maintenus ce soir en vigilance orange au vent violent,
17:50 après le passage de la tempête Louis sur la France.
17:53 Deux autres, la Seine-et-Marne et les Deux-Sèvres,
17:55 où un automobiliste a trouvé la mort emportée par une rivière,
17:59 restent maintenus ce soir en alerte orange au cru.
18:02 90 000 foyers étaient privés d'électricité dans toute la France en début de soirée,
18:06 selon l'opérateur Enedis.
18:08 La SNCF a suspendu par précaution la circulation de certains trains dans le nord et l'ouest du pays.
18:15 A l'étranger, la mère d'Alexei Navalny affirme avoir pu voir la dépouille de son fils hier,
18:22 mais dans une vidéo, elle accuse les autorités russes de chantage
18:25 en la forçant à accepter un enterrement secret en Katimini,
18:29 alors qu'elle souhaite qu'il soit public.
18:31 L'opposant russe Alexei Navalny a décédé samedi dernier dans sa prison de l'Arctique.
18:37 Et puis la disparition d'Arthur Georges, l'ancien entraîneur portugais emblématique du Paris Saint-Germain,
18:42 avec lequel il avait remporté le championnat de France de football en 1994,
18:46 est décédé, il avait 78 ans.
18:58 Encore une question à vous poser Florence Bergeau-Blaclaire.
19:02 Vous avez la sensation que la nouvelle loi immigration va changer quelque chose ?
19:05 Je pense que ce n'est pas un problème d'immigration.
19:09 La question migratoire aggrave évidemment le problème, mais ce n'est pas la source du problème.
19:14 Et donc il ne faut pas se tromper, par exemple l'imam Majoubi, certes est tunisien,
19:19 mais il a vécu 40 ans en France.
19:21 Donc il faut bien comprendre que ce frérisme, il est endogène, il est d'ici.
19:26 Il s'est même parfaitement adapté à nos sociétés.
19:29 Donc il faut traiter, là on est en train de traiter finalement la symptomatique,
19:33 il faut aller beaucoup plus profond, traiter des causes idéologiques.
19:38 Le frérisme c'est une idéologie qui prend naissance dans l'islam,
19:42 mais qui n'est pas l'islam total, ça n'est pas l'islam en entier,
19:47 c'est une guidance, moi je l'appelle un système d'action.
19:52 Il fait une lecture dynamique des textes religieux, c'est une nouvelle théorie de l'action humaine.
19:57 Et pour le dire plus simplement, on a affaire avec les frères à des théocrates.
20:02 Et ce qu'ils veulent défaire, ce n'est pas la laïcité, c'est la démocratie.
20:09 Merci à vous en tous les cas, merci Florence Bergeau-Blacklert.
20:12 Je vous libère, docteur en anthropologie chargé de recherche au CNRS.
20:17 J'attire l'attention sur votre essai qui fait référence.
20:20 Le frérisme et ses réseaux, l'enquête parue chez Odile Jacob, merci à vous.
20:25 François Biguet, c'est le sujet de Gérald Darmanin qui est sur la table.
20:29 Complètement, Gérald Darmanin est ministre de l'Intérieur,
20:32 et au vu de la déclaration de l'imam Majoubi,
20:37 il n'est pas étonnant de voir qu'il essaye de réagir le plus rapidement possible.
20:40 On parle quand même d'un imam qualifié le drapeau français, de drapeau satanique, ce n'est pas rien.
20:46 Et puis Gérald Darmanin, il est dans une séquence où il est obligé d'agir pour deux raisons.
20:51 La première, c'est qu'il a été fragilisé par le pataquès autour de la loi immigration,
20:56 sur laquelle il s'était engagé lui-même.
20:58 On se souvient de son intervention au journal de 20 heures,
21:00 où il était contri de voir que les votes n'étaient pas allés dans le sens qu'il voulait.
21:03 Et puis deuxièmement, il y a les élections européennes qui arrivent bientôt.
21:07 L'ERN est largement devant la majorité, et Gérald Darmanin le sait très bien.
21:13 Donc il essaye de montrer que le gouvernement agit sur un sujet,
21:17 comme le rappelait Stéphane Zumsteig d'Ipsos, il n'y a pas longtemps, tout à l'heure,
21:21 qui est un sujet qui est au cœur des préoccupations des Français.
21:24 Stéphane Zumsteig, vous prenez la main.
21:26 Oui, Gérald Darmanin a réagi vite, et il y a le contexte des européennes.
21:29 Oui, c'est à la fois une opportunité pour le gouvernement et pour lui,
21:32 aussi un gros risque, opportunité de montrer que, effectivement,
21:35 le gouvernement prend le taureau par les cornes et va pouvoir procéder rapidement à cette expulsion.
21:39 Mais ce n'est pas le gouvernement qui décide d'une expulsion, c'est bien ça le problème.
21:42 Il y a un ministre, il y a la justice aussi, et les conditions, ça ne sera pas forcément de sa faute.
21:46 C'est un banc d'essai quand même pour la mécanique d'expulsion qui est dans la nouvelle loi.
21:50 Bien sûr, mais imaginons que la justice s'oppose à cette expulsion,
21:54 ça énervera encore, je ne sais pas comment le dire autrement,
21:59 les Français qui ne comprendraient pas pourquoi le système, les institutions françaises,
22:03 en fait, ne sont pas en capacité, en mesure, n'ont pas été écrites ou prévues pour expulser quelqu'un.
22:08 Je parlais tout à l'heure du fossé qu'il peut y avoir entre certains Français et les corps intermédiaires ou la classe politique,
22:14 mais l'effet sera énorme.
22:18 Et dévastateur si d'aventure, ce film n'est pas expulsé.
22:21 Dévastateur, il y a un autre, évidemment, il y a un autre élément aussi,
22:24 vous soulignez raison les élections européennes, c'est qu'on ne va, une fois de plus,
22:28 la preuve est faite qu'on ne va parler quasiment que d'immigration durant les quelques mois qui nous restent
22:32 jusqu'aux élections européennes, ce qui est un vrai problème.
22:35 Il y a d'autres choses que l'on peut aborder dans le cadre d'un scrutin européen.
22:38 On voit bien que ce thème va cannibaliser, a déjà cannibalisé, il va contribuer à cannibaliser la campagne.
22:42 Allez, j'ai un autre thème pour vous, Anne-Isabeth Moutet.
22:45 Tout de même, j'ai une chose que je voudrais rappeler parce que ça me paraît important.
22:49 Pendant plusieurs années, on a pensé un peu naïvement qu'on pouvait s'appuyer sur les grands frères,
22:56 qui étaient en réalité des frères dans les quartiers, parce que ça empêcherait les jeunes d'être délinquants,
23:01 qu'ils arrêteraient de trafiquer de la drogue, qu'ils iraient à la mosquée.
23:04 On y pensait comme ça, comme s'ils seraient allés à l'église et des choses comme ça.
23:07 Et en réalité, ce qu'a fait ce langage, qui va vers le coup du drapeau satanique, c'est effectivement très fort,
23:14 ça a à la fois, ça a un petit peu endormi l'opinion des gens et en même temps, ça a séparé les gens,
23:19 les membres de ces communautés, pas toutes ces communautés, en disant "vous êtes différents,
23:24 vous serez toujours différents, vous êtes meilleurs d'ailleurs et les autres ont tort".
23:28 Et ça a enraciné l'idée dans la tête que la France était méprisable et ça, je pense que c'est très dangereux.
23:34 Allez, la crise agricole, autre sujet à présent. Emmanuel Macron peut-il sauver le salon qui démarre samedi avec un grand débat ?
23:42 Et oui, la colère n'est pas retombée malgré les annonces de Gabriel Attal.
23:46 Le plan est-il réellement suffisant ? C'est la question qui est posée, la colère demeure.
23:51 Alors Emmanuel Macron va inaugurer samedi matin ce salon avec dans le parcours un grand débat.
23:56 Il sera sur un ring, le grand ring qui sert généralement d'ailleurs au concours général agricole,
24:02 celui qui est dans le hall 1 du parc des expositions de la Porte de Versailles.
24:07 Question posée tout à l'heure à Julien Bayou, le député écologiste de Paris dans le 18-20 France Info.
24:13 Est-ce que vous allez suivre ce débat ?
24:15 Moi, je n'ai pas de temps à perdre. Depuis six ans, ce gouvernement se moque du monde,
24:21 aussi bien des agriculteurs que des consommateurs.
24:23 Alors, le petit spectacle d'Emmanuel Macron, comme il sait faire, comme il a fait le grand débat,
24:28 puis la convention citoyenne, puis les rencontres de Saint-Denis, ceci, cela, on n'a plus le temps.
24:32 Enfin, je veux dire, on parle de vingtaines de fermes qui meurent par jour en moyenne depuis 2010.
24:38 Entendre encore Emmanuel Macron faire son spectacle, faire son show, pour que à chaque fois, ça ne débouche rien, c'est ralent.
24:46 Donc, il ne regardera pas le grand débat, on a bien compris, du salon de l'agriculture.
24:49 Stéphane Zumsteig d'Ipsos, est-ce que c'est la bonne idée ?
24:53 Pour le président de la République ? De la part du président de la République ?
24:55 Oui. C'est celui-ci, le joueur.
24:57 J'en doute un peu, parce que, alors, il est très joueur, évidemment, mais ce que dit Julien Bayou n'est pas totalement faux, c'est un euphémisme.
25:03 A l'exception du grand débat qu'il avait organisé à la sortie de la crise des Gilets jaunes,
25:09 qui a été pour lui, en tout cas, un succès, un succès politique,
25:11 ça lui a permis de reprendre la main et de limiter vraiment la casse, il y a presque cinq ans maintenant,
25:16 lors des dernières élections régionales face au Rassemblement National.
25:19 Depuis, quand vous interrogez les Français, vous leur demandez, mais qu'est-ce qu'il reste des conférences citoyennes ?
25:23 Qu'est-ce que c'était que Saint-Denis 1, Saint-Denis 2, toutes ces choses-là ?
25:26 Les gens disent, mais en fait, ça n'a accouché que d'une souris à chaque fois.
25:29 Et il y a quand même toujours ce sentiment que, finalement, ce qu'on répète depuis des mois et des mois maintenant,
25:33 depuis plus d'un an, et c'est ce qui prouve les Français, en tout cas, c'est qu'il n'y a pas de cap,
25:37 il n'y a pas d'idée directrice dans le cadre de ce second quinquennat.
25:40 Donc, ressortir l'idée d'un grand débat national, de toute façon, ça va laisser les Français assez stoïques, je pense.
25:46 Mais de toute façon, l'urgence pour Emmanuel Macron, ce n'est pas de renouer le fil avec les Français,
25:50 c'est avant tout d'éviter un nouvel embrasement de la crise des agriculteurs,
25:55 ce qui est totalement possible, parce que, pour le coup, là, l'opinion publique est derrière cette profession.
25:59 - François Miguet, vous avez vu, ce sera un débat élargi avec les agriculteurs.
26:03 Il y aura des associations de défense de l'environnement, l'Élysée Cite, Génération Futur, Dernière Rénovation,
26:09 les soulèvements de la terre, ça, c'est une source du service politique Paul Barcelone de De France Info.
26:13 Ils souhaitent par ailleurs que les participants puissent interpeller les acteurs de l'agro-industrie
26:18 ou de la grande distribution, Michel-Édouard Leclerc, par exemple.
26:21 Ça veut dire quoi ? Qu'Emmanuel Macron va dire "C'est pas nous, c'est eux" ?
26:24 - Je ne sais pas, en tout cas, si vos informations sont justes, ça veut dire qu'on va inviter à ce débat
26:30 des gens qui ne sont absolument pas d'accord les uns avec les autres.
26:33 Donc, on risque d'avoir un échange assez houleux.
26:37 - Une fois n'est pas coutume, oui, moi aussi, comme Stéphane Zumsteig,
26:42 je vais reprendre ce que disait Julien Bayou, c'est vrai qu'on n'arrête pas en France en ce moment
26:47 d'avoir des débats, le Grand Débat, la Convention citoyenne,
26:50 et tout ça accouche de quasiment rien à chaque fois.
26:54 Est-ce que les agriculteurs veulent vraiment à nouveau débattre ?
26:57 Est-ce que les associations, d'ailleurs, je ne sais pas, veulent encore à nouveau débattre ?
27:00 Alors, ce qu'on voit aussi, c'est que c'est une façon pour le président de la République de reprendre la main,
27:04 puisque finalement ce dossier avait été géré par Gabriel Attal en direct,
27:07 pendant que lui-même était en déplacement en Inde, on se souvient.
27:10 Donc là, maintenant, il vient lui-même, il va débattre lui-même,
27:13 mais est-ce qu'il y aura des annonces ? Le gouvernement a déjà annoncé beaucoup,
27:16 400 millions d'euros, 62 mesures sur la table, et ça fait à peine un mois.
27:21 Donc, on va voir ce qui va ressortir de ce débat,
27:24 mais peut-être qu'il faudra en sorte des propositions concrètes.
27:27 - Et je vous poserai la question à vous également dans un instant,
27:29 Anne-Elisabeth Moutet du Télégraphe, il est 20h30 sur France Info.
27:32 *Générique*
27:39 - Et l'Info, c'est avec vous, bonsoir Mathilde Romagnon.
27:41 - Bonsoir Jean-François, bonsoir à tous.
27:43 Emmanuel Macron va participer à un débat avec l'ensemble des acteurs du monde agricole
27:48 pour esquisser l'avenir de la filière.
27:51 Ce sera après-demain au Salon de l'agriculture.
27:54 Y participeront des agriculteurs bien sûr, mais aussi des industriels,
27:58 des représentants de la grande distribution et des ONG,
28:01 les agriculteurs eux restent mobilisés et ont mené plusieurs actions
28:05 aujourd'hui dans toute la France.
28:07 Un homme de 52 ans est mort noyé dans les Deux-Sèvres,
28:10 son véhicule emporté par une rivière lors de fortes pluies.
28:14 On attend une accalmie concernant les vents violents.
28:17 Il n'y a plus que deux départements en vigilance orange ce soir,
28:20 le Pas-de-Calais et le Nord.
28:22 Les rafales ont dépassé les 100 km/h par endroit.
28:25 90 000 foyers sont privés d'électricité ce soir, selon Enedis.
28:30 Les Etats-Unis appellent les autorités russes
28:33 à rendre le corps d'Alexei Navalny à sa mère.
28:36 Dans une vidéo, elle affirme subir des pressions
28:39 pour que l'enterrement de son fils reste secret.
28:42 L'annonce de la mort de l'opposant russe a été faite samedi dernier.
28:46 L'avocat de l'imam Mahjoubi va contester la procédure d'expulsion contre lui.
28:51 Cet imam tunisien du Gard a été interpellé.
28:54 Aujourd'hui, en vue de son expulsion de France,
28:57 il est accusé d'apologie du terrorisme.
29:00 Et puis le football, 16e de finale retour de la Ligue Europe.
29:03 Ce soir, trois matchs sont toujours en cours.
29:06 Rennes a ses 1000 ans, les Bretons mènent 3 à 2 face aux Italiens.
29:10 Fribourg lance, ce sont les 100 et Or qui mènent 2 à 1.
29:14 Et toujours pas de but entre Toulouse et Benfica-Lisbonne 0-0.
29:19 Et puis à 21h, Marseille reçoit les Ukrainiens du Shakhtar Donetsk.
29:24 France Info.
29:26 20h21, France Info, les informés de Jean-François Ackilly.
29:33 Nous sommes sur la crise agricole et le président Macron
29:37 qui va monter sur le ring samedi au salon.
29:40 Nous allons évoquer le plan médicament et nous reviendrons sur la une de Paris Match
29:45 avec Gérald Darmanin, les informés, Anne-Elisabeth Moutet, journaliste,
29:49 éditorialiste au Télégraphe de Londres, François Miguet, journaliste éco à l'hebdomadaire Le Point.
29:56 Je rappelle la une du Point, c'est de Staline à Poutine, c'est français au service de Moscou.
30:01 Stéphane Zumstek, directeur du département Opinion et Politique d'Ipsos.
30:07 La colère des agriculteurs et les annonces.
30:10 Mercredi, le rappel de ce qui a été engagé par Gabriel Attal.
30:13 Eh bien ça n'a pas apaisé la colère, pas content du tout.
30:17 Écoutez et regardez Jean-Louis Fénard, président de la coordination rurale du Pas-de-Calais
30:22 qui a mené une action devant la préfecture d'Arras.
30:25 Il y a une colère, il y a une colère qui s'installe et qu'on ne retient plus.
30:29 Et à l'avant-maille du Salon de l'Agriculture, c'est le moment d'exprimer notre colère.
30:33 Elle est latente depuis plusieurs années, voire une quinzaine d'années au moins.
30:38 Et on vient exprimer tous nos points à monsieur le préfet.
30:42 Et les points principaux, donc c'est le problème de revenus,
30:44 le problème de l'environnement et le problème administratif.
30:47 Anne-Elisabeth Moutet, il fallait au moins un ring pour affronter la colère, c'est ça ?
30:51 Écoutez, je ne sais pas, je sais que le président de la République,
30:54 quand il avait 15 ans, voulait devenir acteur et que quelque part,
30:57 il aime beaucoup faire un numéro de virtuose et il a fait ça pendant le grand débat.
31:01 Il a fait des débats de 5, 6 heures, etc. à travers la France.
31:05 Je ne suis pas entièrement sûre.
31:07 Alors naturellement, je vais joindre tout le monde pour expliquer que Julien Bayou a probablement bien raison.
31:12 Il l'exprime de sa façon.
31:14 Mais je ne pense pas nécessairement que parler, faire un débat avec les agriculteurs,
31:18 c'est la même chose que de faire un débat avec les gilets jaunes.
31:21 Et là, il est possible qu'il y ait une erreur de stratégie.
31:24 Pourquoi ?
31:25 Parce que les gilets jaunes avaient l'impression qu'on ne les voyait pas, qu'on ne les écoutait pas,
31:29 qu'on ne leur parlait pas.
31:31 Et la première chose qu'ils voulaient, c'était eux-mêmes apparaître.
31:34 Et on voit bien avec les représentants syndicaux,
31:36 que ce soit ce monsieur de la coordination rurale ou que ce soit de la FNSEA,
31:40 il y a une habitude de représentation chez les paysans,
31:45 et ce n'est pas du tout la même chose.
31:47 Ce qu'ils veulent, c'est des mesures.
31:49 Les mesures sont relativement précises.
31:51 Ils n'ont pas besoin qu'on leur donne de la crédibilité en leur disant "je vous écoute, vous existez",
31:55 ce qui est un petit peu le niveau zéro de la politique.
31:57 Et sur ce cas précis, alors l'idée que France Info vient de révéler,
32:01 sur qu'il y aurait des représentants de l'écologie et même de l'écologie dure,
32:05 en même temps, ça va faire des débats absolument lunaires,
32:08 parce que premièrement, je pense qu'une partie des agriculteurs vont se sentir trahis.
32:12 Leur problème à eux, c'est non seulement l'abondance de normes,
32:15 mais le fait que la France en rajoute par rapport à Bruxelles.
32:17 Ça s'appelle la surtransposition.
32:19 80% maintenant de notre législation est transposée de la législation européenne.
32:24 Mais en particulier pour les questions d'environnement,
32:27 on a rajouté des choses aux lois européennes pour les rendre encore plus difficiles.
32:30 Et leur autre problème, c'est le maquis terrifiant des normes
32:35 et des agences qui s'occupent de ces normes
32:37 et qui les obligent à avoir 5 calendriers dans la tête au moins.
32:40 Et ces calendriers sont eux-mêmes en contradiction.
32:43 Quand est-ce que vous avez le droit de couper une haie ?
32:45 Quand est-ce que vous n'avez pas le droit de couper une haie ?
32:47 Si vous avez, suivant la façon dont je détermine un fossé qui ressemble beaucoup à un autre fossé,
32:51 il faut le nettoyer ou au contraire, il faut protéger l'agriculture, etc.
32:55 Les agriculteurs estiment que le compte n'y est pas.
32:58 Ils veulent des réponses et tout de suite, engagement tenu, a dit en revanche Agnès Pannier-Runacher, évidemment,
33:04 ministre déléguée auprès du ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire.
33:09 Elle était l'invitée de France Info ce matin.
33:11 Je crois qu'on a répondu à une grande partie des attentes qui avaient été posées
33:16 lors des rendez-vous qu'avaient menés le Premier ministre et le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau.
33:22 62 engagements du Premier ministre et sur ces 62 engagements, vous en avez 80% qui sont soit mis en oeuvre,
33:29 soit on est en train d'avancer assez singulièrement sur le sujet.
33:35 Je pense notamment sur les sujets européens.
33:37 Vous savez que lundi, Marc Fesneau ira au Conseil européen de l'Agriculture
33:41 sur un agenda de simplification pour l'agriculture.
33:45 Stéphane Zoumtec, ce discours n'est pas entendu par la base ?
33:49 Non.
33:50 Comment l'expliquer ?
33:51 Visiblement, non. Parce que ce mouvement...
33:53 Parce qu'il y a eu une réponse rapide quand même.
33:55 Il y a eu une réponse rapide. Le Premier ministre a été assez réactif.
33:58 Oui.
33:59 En tout cas, ne serait-ce que...
34:00 Et explicatif.
34:01 En termes de communication, en tout cas, cette séquence, son déplacement dans des fermes a été plutôt réussi, évidemment.
34:08 Et d'ailleurs, ça lui a bénéficié. Après, oui, on est face à une population, à une profession,
34:13 mais en fait, à un monde rural qui veut aller beaucoup plus loin maintenant,
34:18 qui veut peut-être crier sa colère, sa désespérance à l'égard de son mode de vie.
34:22 Parce qu'on est au-delà. Là, on ne parle... Alors évidemment, on parle encore des normes européennes.
34:25 On parle d'un certain nombre d'aides. On parle d'argent. Mais on voit bien que derrière, c'est un monde, un écosystème
34:30 qui a décidé de demander plus, d'obtenir plus, mais aussi de profiter de ça pour crier quelque part sa rage.
34:37 Et c'est un peu la nasse, en tout cas le piège dans lequel est en train de tomber le gouvernement.
34:42 Le gouvernement pensait avoir réagi vite. Il a réagi vite, avoir dépensé de l'argent.
34:46 La ministre vient de le dire, c'est en cours. Mais ça ne suffira pas.
34:49 Ça ne suffira pas parce qu'on est face à des gens qui sont déterminés avec ce...
34:53 Je reviens à l'Europe, puisqu'on l'évoquait tout à l'heure. Ce sentiment que maintenant, l'Europe est critiquée d'une part,
34:58 ou en tout cas, en partie critiquée par un gouvernement dont l'ADN, par un président de la République
35:02 dont l'ADN originel, c'est la construction européenne, mais aussi par une population qui, en tout cas pour les grands céréaliers,
35:07 mais pas que, pour une population agricole qui, très très longtemps, a bénéficié de l'Europe
35:12 par le biais de la politique agricole commune. On voit bien que tout s'est retourné.
35:15 Et que là, il y a une sorte de gouffre qui s'est creusée et une Europe qui est aujourd'hui considérée par ce monde agricole
35:25 comme destructrice de leur activité.
35:27 - Ça c'est difficile à... - C'est protectrice.
35:29 - Cette idée est difficile à enlever. - Oui, absolument.
35:31 - François Miguet, vous êtes un spécialiste des questions économiques au point.
35:34 On entend beaucoup, en fait c'est la principale revendication, ce sont les revenus des agriculteurs.
35:39 On a la sensation que c'est un peu un dialogue de sourds là-dessus.
35:42 - Oui, alors je voudrais en fait dire deux choses. D'abord, ce qui me frappe, parce que moi je regarde les chiffres,
35:48 c'est la durée de vie des annonces comparée au montant qu'on met sur la table.
35:53 On parle de 400 millions d'euros qui ont été annoncés d'aide aux agriculteurs divers et variés par le Premier ministre.
35:59 C'est pas rien. Ça fait seulement trois semaines que ça a été annoncé et on dirait que ça n'existe déjà plus.
36:04 Pourtant c'est 62 mesures. Il y a, au-delà de ces 400 millions d'euros, vous avez l'aide sur le gazole non routier.
36:11 Tout ça va coûter énormément d'argent aussi aux finances publiques.
36:14 Et donc j'en viens à ma deuxième remarque, c'est qu'en fait, à mon avis, on se retrouve toujours avec le même scénario.
36:21 C'est-à-dire qu'on a un gouvernement qui est dans la réaction et qui attend des périodes de crise,
36:26 de crise vraiment violente, pour réagir souvent trop tard, même quand il prend les bonnes mesures.
36:34 C'est-à-dire que les agriculteurs, on les a pas entendus pendant tellement de mois, tellement d'années,
36:39 que au moment où on leur donne 400 millions d'euros, mais ils sont déjà tellement énervés que de toute façon ça peut plus les calmer.
36:45 Et vous avez la même chose, si vous me permettez 30 secondes d'en parler, avec le programme de Rabot dont on parle, de Bruno Le Maire.
36:54 Ça fait des mois et des mois que les économistes les plus sérieux disent que les prévisions de croissance de la France ne sont pas les bonnes.
37:02 Qu'on est largement... Alors à Bercy, on disait "oui, mais on est un petit peu..." Non, ils étaient dix fois trop optimistes.
37:09 Dix fois trop, mais c'est pas leur de grandeur, mais ils étaient très optimistes.
37:12 Trop optimistes.
37:13 Bien sûr. Et même en off, les gens le disaient. Ils disaient "oui, on le sait, mais bon..."
37:18 Le problème, c'est que maintenant, quand c'est trop tard, quand vous avez des agences de notation qui très bientôt vont délivrer leurs notes,
37:26 ce qui a un impact énorme puisqu'on dépense déjà 50 milliards en charge d'intérêt de la dette, ça sera bientôt beaucoup plus,
37:34 et bien là, il faut sortir absolument 10 milliards supplémentaires. Alors comment on fait ?
37:39 Donc si on avait réfléchi à ça bien plus en amont, par exemple il y a un an, on aurait eu une stratégie cohérente,
37:45 on aurait pu expliquer aux Français "voilà où on va, etc."
37:48 Là, on se retrouve encore une fois avec un vainteur de TF1 en l'occurrence, où en dernière minute, on explique qu'on va raboter 10 milliards.
37:55 Et de manière incohérente, puisqu'on coupe 2 milliards à l'écologie alors que c'est censé être une priorité,
38:00 on coupe de l'argent à Business France alors qu'on dit qu'on va augmenter la tractivité du pays,
38:05 et on coupe dans le CNES alors que la recherche spatiale est censée être une autre priorité.
38:10 Et vous nous dites ce soir, François Miguet, que gouverner, c'est...
38:13 Choisir.
38:14 Prévoir.
38:15 C'est prévoir.
38:16 C'est prévoir. Gouverner, c'est prévoir. Allez, dans un instant, on parle du médicament et de Gérald Darmanin.
38:19 20h41, une minute sur France Info. Retour du Fil Info avec vous, mon cher Emmanuel Langlois.
38:25 La grève n'est pas terminée. À la Tour Eiffel, les salariés ont reconduit ce soir leur mouvement pour un quatrième jour consécutif.
38:33 Cette journée de jeudi a toutefois été marquée par les premières négociations sérieuses et une offre de la direction sur les rémunérations.
38:40 Les grévistes dénoncent le modèle économique intenable, selon eux, imposé par la mairie de Paris, propriétaire du monument.
38:47 Le siège du PSG à Boulogne-Billancourt, près de Paris, perquisitionné il y a quelques jours, on l'apprend ce soir, dans l'enquête sur le transfert de Neymar.
38:56 La justice cherche à savoir si le club parisien a obtenu des avantages fiscaux lors de ce transfert de la superstar brésilienne en 2017.
39:06 16 000 boîtes de Fitos, médicaments destinés à soulager le stress, rappelé après la découverte d'un autre médicament, un antihistaminique qui s'était glissé dans certains tubes.
39:17 Les deux comprimés sont fabriqués sur le même site du laboratoire Bayer. Les patients sont invités à rapporter les tubes en question à leur pharmacie.
39:26 Enfin, elles avaient été déboutées en décembre de leur demande d'astreinte d'un milliard cent millions d'euros à l'encontre de l'Etat, qu'elles accusent d'inaction climatique.
39:36 Les associations du collectif l'affaire du siècle annoncent avoir déposé un pourvoi en cassation auprès du conseil d'Etat.
39:43 France Info.
39:46 20h, 21h, les informés. Jean-François Aquiline.
39:52 Oui, nous évoquions samedi le salon de l'agriculture. C'est aussi samedi le deuxième anniversaire, si je puis dire, de la guerre que Poutine mène en Ukraine.
40:03 Et le président Emmanuel Macron va organiser une conférence d'aide à l'Ukraine. Ce sera lundi à Paris. C'est ce qu'annonce à l'instant l'Elysée.
40:11 Allez, la pénurie des médicaments, le plan Catherine Vautrin va-t-il suffire ? Nous en avons beaucoup parlé sur France Info aujourd'hui.
40:17 La ministre du Travail et des Solidarités de la Santé a présenté une série de mesures. Je vous les résume quand même.
40:22 Mieux informer les patients, mais aussi les médecins et les pharmaciens sur les stocks disponibles.
40:27 C'est important. Favoriser la non-prescription d'antibiotiques. Nicolas Miguet, François Miguet, pardon, on en consomme trop des antibiotiques dans ce pays.
40:36 Ce que vous disiez à l'instant. Oui, les Français consomment beaucoup plus d'antibiotiques que les autres Européens.
40:42 Et donc, il y a une mesure qui est intéressante, d'ailleurs, dans le plan qui a été présenté aujourd'hui.
40:47 C'est de permettre aux médecins de faire des tests sanguins qui seraient systématisés pour voir si, oui ou non, la maladie est d'origine bactérienne.
40:55 Et donc, il pourrait expliquer aux patients. Voilà, c'est un virus. Donc, je ne prescris pas d'antibiotiques.
41:01 Mais il y a une demande très forte en France. Je crois que c'est 45 % de consommation en plus que dans les autres pays de l'OCDE.
41:07 Donc, c'est beaucoup. Allez, il faut relocaliser à terme. C'est ce qui est intéressant aussi. La production en France et en Europe, c'est ce que nous dit Philippe Bessé.
41:16 Il est président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques. Il était invité de France Info ce matin.
41:20 En fait, nous sommes de plus en plus nombreux sur la planète. Et les pays qui sont en voie de développement veulent maintenant soigner leur population.
41:27 C'est bien normal. Et ça génère une compétition mondiale sur l'utilisation des médicaments.
41:33 Donc, ça veut dire que la première des réponses, c'est de produire les médicaments sur notre sol français et européen.
41:38 Il faut répatrier les molécules essentielles sur le sol européen. On rentre à une élection européenne.
41:43 Ce doit être le grand projet européen de réindustrialisation de notre continent dans les médias.
41:48 Dans ces pays, on est complètement dépendant économiquement des pays asiatiques.
41:51 Anne-Elisabeth Moutet, et oui, la Chine et l'Inde sont, on va dire, les géants de l'industrie pharmaceutique désormais.
41:59 Du moins, ça se passe chez eux. Rapatrier la production en France, en Europe, on en parle depuis des années.
42:06 Je n'ai pas de solution à ça parce que ça ne demande pas une technicité terrifiante de faire de la production de médicaments.
42:12 Et en plus, on a encore des laboratoires sur le territoire français. Donc, c'est des gens qui ont la compétence de lancer ça plus loin.
42:19 À ce moment-là, on rentre dans le domaine du consultant, que je ne suis pas, et des experts, que je ne suis pas non plus.
42:25 Mais je voudrais donner une idée bête, qui est l'idée... C'est un des rares trucs que j'aime bien dans le système de santé britannique,
42:30 qui, sinon, par rapport aux Français, est vraiment misérable. Au lieu d'avoir des boîtes de médicaments en Grande-Bretagne,
42:37 on vous donne le nombre de cachets dont vous avez besoin. Et si c'est 4, eh bien vous avez 4 cachets dans un petit flacon à cachets.
42:44 Il faut les conditionner. C'est la difficulté aussi.
42:47 Les pharmaciens font ça, eux. Ils ont des petites bouteilles.
42:49 Ou les déconditionner pour mettre la dose prescrite. C'est ça.
42:52 Ça dépend du cachet.
42:53 Ça fonctionne. Ça fonctionne.
42:54 Ce sont les médicaments que nous avons, nous aussi, et on va dire au passage du bien de l'Agence du médicament en France,
42:59 qui réduit considérablement le coût du médicament par rapport à tous nos voisins européens.
43:03 Je me suis fait soigner dans différents pays, et je me rends compte du prix que nous avons réussi à faire baisser en France.
43:09 Parfois, c'est le quintuple pour certains médicaments contre la migraine, par exemple.
43:13 Parce que l'Agence du médicament français est extrêmement efficace pour négocier ces choses-là.
43:17 Parlons des choses qui marchent.
43:18 Mais en revanche, ce sont nos médicaments.
43:20 Simplement, on prend les cachets qu'on vous a demandés, et puis on les met dans une petite bouteille.
43:25 Il y a votre nom dessus, et voilà le moment où vous le prenez, et c'est terminé.
43:28 Mais ça, ça n'existe pas en France, ma chère.
43:30 Ça pourrait marcher.
43:31 Stéphane Zumsteig a attiré la production avec des millions versés de subventions aux industries qui s'installeraient chez nous.
43:37 Enfin, quand je dis chez nous, c'est en France, mais aussi en Europe.
43:39 Mais exiger des usines qui partent de trouver repreneurs, il y a une forme de désir d'attirer l'industrie pharmaceutique
43:47 qui rechigne à rentrer.
43:49 Oui, bien sûr, mais après, c'est aussi relié, je pense, à cette idée de souveraineté économique qui est chère au président de la République
43:55 et au gouvernement, qui plaît assez à l'opinion, évidemment.
43:59 Mais aujourd'hui, on parle beaucoup du pouvoir d'achat, la principale priorité des Français.
44:03 Il y en a une autre, c'est le système de santé.
44:05 Le système de santé, ça peut être l'hôpital, ça peut être les déserts médicaux, mais c'est aussi le médicament.
44:08 Et c'est quelque chose de palpable, ces pénuries, parce qu'une grande majorité des Français se rendent régulièrement dans une pharmacie.
44:15 Avant, on vous expliquait qu'il n'y avait pas de médicament, mais qu'il serait livré dans l'après-midi ou qu'il fallait revenir le lendemain.
44:19 Aujourd'hui, c'est cinq, six, sept jours.
44:21 Donc, l'idée de réindustrialiser ce domaine, en tout cas de réinvestir en France ou dans les autres pays européens,
44:29 oui, bien sûr, mais ça se fera à quel coût ?
44:31 On parlait de finances publiques tout à l'heure, c'est encore quelque chose qui va coûter, évidemment, très, très cher,
44:34 parce que j'imagine que pour l'instant, les pouvoirs publics, en supposant que le prix du médicament en général devait augmenter,
44:40 personne n'oserait, à mon avis, augmenter les tarifs ou en tout cas réduire le remboursement, pas dans le contexte actuel.
44:47 Donc, je pense que l'équation, elle est quand même très, très compliquée.
44:49 Et on est encore là, quand même, beaucoup dans la déclaration d'intention.
44:52 Il ne suffit pas de dire que des entreprises vont revenir et qu'il faut réindustrialiser la France dans le domaine pharmaceutique
44:58 pour que tout soit fait aussi facilement.
45:00 Et ce n'est pas une histoire de deux ou trois mois.
45:02 Il faudra des décennies. Il faudrait des décennies.
45:04 Il faudra du temps, effectivement, Stéphane Zumsteg.
45:06 François Miguet, pour conclure, vous avez la sensation que nous sommes condamnés à gérer la pénurie.
45:09 Oui, en fait, je voudrais quand même rappeler quelque chose qui me paraît assez basique et qui a peut-être été un peu éludé dans les débats.
45:16 C'est que la France et l'Europe, de manière générale, n'a absolument pas perdu les savoir-faire en matière de pharmacie.
45:22 Attention, les cerveaux sont toujours là.
45:24 Les chercheurs sont toujours là.
45:25 Mais c'est produit ailleurs.
45:26 On a un champion qui s'appelle Sanofi.
45:27 Il a été décidé, mais pas d'aujourd'hui, depuis une vingtaine d'années, de produire, d'off-shorer, de délocaliser, pardon,
45:34 la production des médicaments les plus simples et sur lesquels on gagne le moins d'argent à l'étranger.
45:40 Mais comme on a délocalisé la production d'autres choses, ça ne veut pas dire qu'on ne saurait pas les reproduire demain en France.
45:46 C'était vraiment juste une question de coût.
45:48 Mais sur les brevets, sur les médicaments, par exemple, le vaccin contre la bronchiolite B. fortus a été développé par Sanofi.
45:54 C'est un succès.
45:55 Donc, je voulais rappeler ça.
45:56 Sur la question de la relocalisation, bien sûr, ça coûte cher aux finances publiques.
46:02 Seulement, la question, elle se pose plutôt en termes de souveraineté.
46:05 On s'est rendu compte pendant la crise du Covid qu'en vérité, il pouvait y avoir des moments de rupture dans la marche,
46:12 dans le monde de l'économie ouverte qu'on avait connu jusqu'à présent, où c'est chacun pour soi.
46:19 Donc, on a envie, peut-être, et ce n'est pas forcément idiot, d'avoir un certain nombre d'usines,
46:25 un certain nombre de sites de production sur place, d'ailleurs pas que de médicaments,
46:28 qui, dans le cas d'une crise comme ça, pourraient servir au pays.
46:32 Et là, à ce moment-là, la question de la rentabilité du site, la question des subventions se pose autrement.
46:38 Elle se pose au regard de la souveraineté et de la santé des Français,
46:42 qui est un impératif absolu pour l'État de la préserver.
46:45 Donc, il faut regarder ça très attentivement.
46:49 Et par ailleurs, il y a quand même des projets qui ont commencé à démarrer.
46:53 Il y a une usine de paracétamol à Toulouse.
46:57 Il y a un projet pour la moxiciline de GSK en Mayenne qui devrait ouvrir en 2025.
47:02 Il y en a un autre pour le paracétamol dans l'Isère aussi.
47:05 Donc, il y a un certain nombre de projets qui sortent vraiment de terre.
47:07 – Allez, nous avions démarré ces informés avec l'expulsion de l'imam Majoubi.
47:12 Nous allons les refermer dans un court instant avec Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur,
47:17 qui nous surprend avec ses enfants à la une de Paris Match cette semaine,
47:22 avec une grande interview à l'intérieur du ministre de l'Intérieur.
47:25 Et une iconographie, une photo qui nous rappelle quelques souvenirs politiques.
47:31 Il est 20h50 sur France Info.
47:33 Tout d'abord, le Fil info, c'est avec vous, Emmanuel Langlois.
47:36 [Générique]
47:37 – Et l'Élysée annonce qu'Emmanuel Macron profitera de l'inauguration du Salon de l'agriculture ce samedi
47:42 pour débattre avec tous les acteurs d'un secteur en pleine crise.
47:46 Des agriculteurs, mais aussi leurs syndicats, des industriels,
47:49 des représentants de la grande distribution et enfin des ONG.
47:53 Dans ce contexte, un magasin Carrefour d'Angers a lui été sanctionné d'une amende de 15 000 euros
47:58 pour avoir vendu des fruits et légumes en mentionnant une origine France
48:02 alors que le produit était étranger.
48:04 Indication de la répression des fraudes ce soir,
48:06 après un contrôle mené au service Drive du magasin.
48:10 Deux départements seulement, maintenus ce soir en vigilance orange au vent violent
48:15 après le passage de la tempête Louis sur l'Hexagone.
48:18 Deux autres, la Seine-et-Marne et les Deux-Sèvres,
48:21 un automobiliste a trouvé la mort emporté par une rivière.
48:24 Ces deux départements donc restent maintenus en alerte orange cru.
48:28 Et puis en football, Toulouse éliminé de la Ligue Europa
48:31 après son match nul 0-0 contre le Benfica Lisbonne ce soir en 16e de finale retour.
48:37 Rennes éliminée malgré sa victoire 3-2 contre la Cémilan.
48:40 Les Bretons étaient inclinés 3-0 face aux Italiens à l'allée.
48:44 Pilons est en prolongation en Allemagne face à Fribourg.
48:47 Les deux équipes en étaient à 2-2 à l'issue du temps réglementaire.
48:51 En attendant, à partir de 21h, Marseille qui reçoit au Stade Vélodrome les Ukrainiens du Shakhtar Donetsk.
48:58 Gérald Darmanin fait la une de match qui titre "Ma famille".
49:11 Il me permet de relativiser les difficultés politiques.
49:14 Photo souriant, le ministre de l'Intérieur téléphone à l'oreille.
49:18 Vous la voyez sur vos écrans sur France Info 27.
49:21 Avec un de ses enfants sur les genoux et l'autre qui est de dos en premier plan
49:26 qui n'est pas sans rappeler une autre photo plus ancienne.
49:29 On va y venir.
49:30 Juste ce court extrait qui était au 4 vérités sur France 2 le 31 janvier dernier avec Thomas Soto.
49:36 Écoutez cette compression de phrases, l'absurde du ministre de l'Intérieur.
49:40 Non, j'en ai pas marre de servir les policiers, les gendarmes et la sécurité des Français.
49:44 Mais il faut rester modeste. Je ne suis pas propriétaire de ma charge.
49:47 Moi, je suis élu chez moi à Tourcoing dans le nord de la France.
49:50 Il y a une petite tentation de Venise.
49:51 Non, pas du tout.
49:52 Ma volonté c'est d'être président de la République jusqu'à la dernière minute de son élection.
49:56 Ce qui ne m'empêche pas de penser aux gens de chez moi.
49:58 Et on est bien dans le nord, vous savez.
50:00 Gérald Darmanin, c'était chez Thomas Soto au 4 V.
50:03 Cette photo est étonnante. La une de match.
50:05 Elle nous rappelle, c'était 17 ans en arrière, en 2007, Nicolas Sarkozy, bureau Place Beauvau,
50:11 avec le petit Louis qui était sous le bureau, qui rappelait à l'époque, ça a été dit,
50:17 et bien John F. Kennedy, le junior, qui était lui-même sous le bureau de JFK en 1963.
50:25 Anne-Elisabeth Moutet, il y a un petit côté retour vers le futur.
50:29 Dans le texte de l'article, il y a aussi un côté retour vers le futur,
50:36 puisqu'il utilise, brut de décoffrage, une série d'expressions de Nicolas Sarkozy sur l'ordre,
50:41 sur le fait qu'il est lui-même un enfant de sang mêlé,
50:43 ce que Sarkozy avait dit à son meeting de la porte de Versailles en 2007.
50:48 Enfin, il a vraiment repris toute la gamme.
50:51 On voit très visiblement, bon d'abord, son article, c'est un programme présidentiel.
50:57 Il ne faut pas se leurrer.
50:59 Rétablir l'ordre, rétablir les valeurs, tout ce qu'on veut.
51:03 C'est donc un programme présidentiel où on se met à droite, mais pas trop.
51:07 Ouvrir des passerelles, j'appartiens encore au parti des Républicains, enfin, c'est assez clair.
51:13 On se rend bien compte tout de même qu'il a l'impression qu'il est obligé de faire ça maintenant,
51:19 probablement parce qu'un homme beaucoup plus jeune que lui, Gabriel Attal,
51:22 a atteint un niveau de popularité dans les sondages.
51:25 Je suis sûre que M. Zumbach va nous en parler, qui est assez impressionnant.
51:29 Donc oui, ça consiste à dire avec, je dirais, tout le monde connaît ce genre de code,
51:37 que oui, j'ai une carrière et je tiens bien à la mener, etc.
51:40 L'autre problème, c'est qu'il a des choses à se faire pardonner, des choses à faire oublier.
51:45 Mais parmi les choses qu'il a à faire oublier, évidemment, c'est le dernier,
51:48 c'est ce qu'avait dit M. Miguet, c'est-à-dire les échecs de la loi migration.
51:54 Mais il y a beaucoup d'autres événements.
51:57 D'abord, le fait que dans les trois ans, c'est même le ministre de l'Intérieur,
52:01 pendant la durée duquel ça fait longtemps qu'il est ministre de l'Intérieur,
52:04 les crimes, les violences, etc. ont augmenté de manière exponentielle.
52:08 Je pense que vous avez les chiffres.
52:10 Et puis, les réactions à des trucs emblématiques comme le Stade de France,
52:14 qui a été très mal vécu en Angleterre.
52:15 - Alors je cite Gérald Darmanin dans l'interview qui est menée par Laurence Ferrari de Paris Match.
52:20 "Les Français ne confient pas les clés de la maison à quelqu'un qui n'a pas d'expérience."
52:25 Je ne sais pas à qui il pense au passage.
52:27 François Miguet, assez rapidement, parce que malheureusement, le temps tourne.
52:30 Vous avez repéré certaines choses sur la photo, vous.
52:32 - Oui, comme cette citation que vous avez retenue,
52:35 tout semble avoir été pensé dans cette interview, dans cette mise en scène.
52:41 Clairement, c'est une mise en scène.
52:43 - Il ne laisse rien au hasard.
52:44 - Rien n'est laissé au hasard.
52:46 Même les DVD, les livres qu'on peut voir à l'arrière-plan.
52:50 Il y a cette photo où on voit Gérald Darmanin montré sur une carte du Monde,
52:54 la France, à l'un de ses fils.
52:56 Et derrière, on voit ce DVD en évidence du professionnel avec Jean-Paul Belmondo,
53:02 donc le film de Georges Lautner, où on le voit le flingue à la main comme ça.
53:06 Vous avez aussi la biographie de Napoléon en évidence.
53:09 Vous avez aussi les livres dans la collection de la Pléiade.
53:12 Dans l'interview, il cite Gary, il cite Brassens dans le texte.
53:16 Tout ça apporte une dimension supplémentaire.
53:18 C'est pour montrer qu'il n'est pas le simple ministre de l'Intérieur.
53:21 Il a aussi une dimension culturelle.
53:23 - Stéphane Zumsteig, pour conclure, il y a ce côté un peu vintage.
53:27 Il fait appel à des ressorts anciens.
53:30 - Oui, mais c'est totalement assumé.
53:31 D'ailleurs, il le fait plutôt bien.
53:32 C'est un peu une partie de l'image qu'il a pu véhiculer ces derniers mois et ces dernières années.
53:37 Gérald Darmanin, c'était quoi ?
53:38 C'était l'atout populaire d'Emmanuel Macron.
53:40 L'atout sécuritaire, très bien, le premier flic de France, comme l'avait été Nicolas Sarkozy.
53:44 Mais c'était aussi quelqu'un qui avait l'image de venir d'un milieu populaire,
53:48 c'est-à-dire une image, un background, un milieu social
53:52 qui constitue l'angle mort aujourd'hui électoralement de la Macronie.
53:56 Quand on voit ce que les milieux populaires disent, pensent dans les enquêtes d'opinion
53:59 et comment ils se comportent lors des élections,
54:01 c'est le gros problème de la Macronie aujourd'hui.
54:03 Gérald Darmanin, lui, était censé ramener, en tout cas une partie de ses catégories professionnelles,
54:09 vers ce bloc présidentiel.
54:11 Pour l'instant, il a échoué, parce qu'on le voit bien dans les enquêtes d'opinion
54:13 et lors des différentes enquêtes après les élections,
54:15 les milieux populaires ne votent pas, ne votent plus pour Emmanuel Macron.
54:18 Allez, à lire cette interview fleuve de Gérald Darmanin, il dit beaucoup de choses,
54:23 mine de rien, dans le Paris Match cette semaine.
54:25 Il parle de sa mère.
54:26 Il parle de ça, il dit beaucoup de choses.
54:28 Elisabeth Moutet, allez, il est temps de conclure.
54:29 Je signale quand même au passage, dernière information, ça va vous intéresser,
54:32 le président de la FNSE1 qui refuse de participer à un grand débat avec Macron, dit-il,
54:40 en présence des soulèvements de la terre, il le dit sur Twitter ce soir.
54:45 Cette histoire n'est pas terminée.
54:47 Anne-Elisabeth Moutet, est-ce que vous avez la une du Télégraphe demain ?
54:49 Non.
54:50 Écoutez, il s'est passé un énorme charivari dans la Chambre des communes,
54:55 sous la pression, le président de la Chambre, qui n'est pas du gouvernement,
55:01 a changé la nature des débats parce qu'il y avait une manifestation pro-palestinienne assez dure dehors.
55:08 Et donc toute la nation en ce moment est en train, est affolée,
55:11 et parle du fait que les parlementaires britanniques, le plus vieux parlement du monde,
55:15 ne doit pas écouter le bruit de la rue et les menaces de violence.
55:17 La une du Télégraphe, la une de l'hebdomadaire, le Point avec vous, François Miguet.
55:22 Alors cette semaine, une enquête exclusive à la Une du Point,
55:25 c'est français au service de Moscou, de Staline à Poutine.
55:29 On révèle, grâce au travail du journaliste Vincent Jauvert,
55:33 de nombreux noms de journalistes hauts fonctionnaires politiques
55:37 qui se sont mis au service de Moscou.
55:39 Et puis il y a aussi cet événement qu'on met en avant,
55:42 le Paris-Saclay Summit, qui est un grand rendez-vous de la science,
55:45 qui est la semaine prochaine à Saclay,
55:47 où il y aura notamment le prix Nobel Pierre Agostini.
55:50 On y parlera intelligence artificielle et technologie et science avec beaucoup d'optimisme.
55:55 Allez, je vous retrouve dans les informés, et oui, du matin, demain à 9h avec Jules De Kys.
55:59 Bérengère Bond sera de retour demain soir à 20h.
56:01 Merci à vous, également Stéphane Zumsteig, Deep Sauce.
56:04 Une soirée sur France Info.
56:06 ...

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