La filière endives dans une crise sans précédent
Témoignage de Benoît Coustenoble, producteur d'endives à Avelin (Nord) et président de la coopérative du Marché de Phalempin, sur la crise actuelle de la filière endives.
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00:00 Dans 5 ans, on ne parle plus d'endives.
00:04 Si on n'a pas de solution, ce sera très compliqué.
00:07 On a surtout deux problématiques.
00:13 Une problématique de l'électricité.
00:16 On a signé des contrats il y a un an, deux ans, trois ans,
00:21 pour une durée de un an, deux ans ou trois ans.
00:24 Il y a encore des endiviers qui vont payer leur électricité très très chère pendant longtemps.
00:29 Le gouvernement nous dit que ça baisse.
00:32 Oui, ça baisse.
00:33 Mais nous, comme on a signé pour trois ans,
00:36 comme ici on est engagé jusqu'en décembre 2025,
00:39 donc on va payer cher longtemps.
00:42 L'État nous remet encore des taxes qu'ils avaient enlevées depuis deux ans,
00:49 notamment la CSPE.
00:51 C'est une taxe qui était descendue à 0,5.
00:55 0,5.
00:57 Et ils nous la mettent à 20,5.
01:00 40 fois plus.
01:02 Voilà.
01:04 Donc, on voudrait pouvoir casser nos contrats.
01:09 Parce qu'aujourd'hui, quand on veut casser notre contrat,
01:12 on doit payer les IRA, les indemnités de rupture en ficebris,
01:16 et qui sont très très élevées.
01:18 Donc, on ne peut pas les casser, on continue.
01:21 On voudrait au moins que les IRA baissent,
01:23 ou qu'on puisse tout de suite casser notre contrat et redémarrer sur un nouveau.
01:27 Pour l'instant, ce n'est pas possible.
01:29 Et la deuxième problématique, c'est le retrait de plusieurs matières actives
01:35 qu'on utilise depuis très longtemps en endive,
01:38 notamment celle du bonalent.
01:40 Donc, on utilise le bonalent depuis plus de 50 ans.
01:44 Et on a appris il y a 24 mois maintenant
01:49 que le produit était arrêté en 2025.
01:54 On n'a pas de solution alternative à ce produit.
02:00 Donc, on voudrait au moins...
02:05 On n'est pas contre d'enlever des produits,
02:07 ils sont dangereux, ils sont dangereux aussi pour nous.
02:10 Donc, on n'est pas contre d'enlever des produits,
02:12 mais qu'on nous laisse le temps de trouver des solutions.
02:15 On va trouver.
02:16 Si on nous laissait trois ans de plus, on va trouver des solutions.
02:20 Il y a des recherches qui sont faites à la PEF.
02:23 On va trouver, il n'y a pas de raison.
02:25 Et là, c'est trop court.
02:27 Donc, on a ce produit, le bonalent.
02:29 Après, on a le safari, c'est aussi la même chose.
02:32 On a un retrait en 2024.
02:35 Et après, le movento, ça, c'est un insecticide.
02:39 Donc là, il y aurait des pucerons qui se mettraient sur les endives
02:43 et ça diminue la pousse de la plante.
02:48 Donc, on a beaucoup moins de rendement à la fin.
02:52 Donc, c'est pénalisant aussi, surtout les années sèches.
02:58 On a de plus en plus des années sèches,
03:00 donc c'est de plus en plus compliqué.
03:02 Pour l'instant, c'est compliqué.
03:06 Si sur l'électricité, on se dit, on a peut-être deux ans,
03:11 ça ne va pas aller bien,
03:13 mais on voit quand même une perspective de fin.
03:16 Mais sur les produits, les retraits de matières actives, c'est l'inverse.
03:19 On se dit, là, la fin, elle arrive.
03:22 Si on ne donne pas un délai supplémentaire,
03:25 il va vraiment y avoir des surfaces d'emblavés en moins
03:29 et une filière qui va disparaître à court terme.
03:32 Ça pourrait aller vite.
03:34 Par contre, dans cinq ans, on ne parle plus d'endive.
03:39 Si on n'a pas de solution, ce sera très compliqué.
03:42 Quand je suis président d'une coopérative, on le voit bien,
03:45 déjà depuis deux ans, on a beaucoup moins d'investissements.
03:48 Les investissements baissent parce que les gens attendent,
03:51 ils attendent de voir.
03:53 Laissez-nous le temps de trouver des solutions.
03:56 C'est tout.
03:57 [Musique]