• il y a 9 mois
La guerre ouverte en Ukraine avance vers son 2ème anniversaire. Sur le terrain militaire, c’est une déroute terrible qui devrait se poursuivre avec les combats à Avdiivka, à l’image de Bakhmout il y a un an. Après avoir mis le feu aux poudres dès 2014 avec Maïdan, les Etats-Unis se désengagent peu à peu vis à vis de Kiev, préférant se concentrer sur l’année électorale qui verra vraisemblablement s’opposer Donald Trump et Joe Biden. L’Union européenne, la France et Emmanuel Macron en tête sautent sur l’occasion pour briller sur la scène internationale en multipliant les déclarations les plus dangereuses et les financements dispendieux d’armes à Kiev sans pouvoir changer le cours de la guerre. Face à cela, les Etats-Unis ralentissent leur chute grâce à leur complexe militaro-industriel encouragé par les conflits qui mettent l’Europe à plat aussi bien financièrement que sur le plan diplomatique. Caroline Galactéros est géopolitologue, docteur en science politique, présidente du think-thank Geopragma, auteur de "Vers un nouveau Yalta", publié chez Sigest (disponible ici https://boutiquetvl.fr/geopolitique/caroline-galacteros-vers-un-nouveau-yalta).
Vous pouvez retrouver régulièrement Caroline Galactéros sur sa chaîne YouTube ici www.youtube.com/@cgalacteros.

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Transcription
00:00 [Générique]
00:15 Bonjour à tous, je suis ravie de vous retrouver pour ce nouveau numéro du samedi politique.
00:19 J'en profite bien sûr pour vous remercier pour le succès que vous avez accordé à l'émission précédente
00:24 sur l'interview de Tucker Carson et Vladimir Poutine avec François Martin.
00:29 Et j'espère bien sûr que vous serez au rendez-vous de ce nouveau numéro.
00:32 Un nouveau numéro qui sera consacré encore une fois à la géopolitique
00:36 alors que la guerre en Ukraine va tristement fêter son deuxième anniversaire.
00:40 Les États-Unis se désengagent en poussant l'Europe vers Zelensky.
00:44 Alors pour quelle raison, quel rôle joue le conflit israélo-palestinien dans ce grand échiquier ?
00:50 C'est ce que nous allons voir tout de suite.
00:51 Mais avant toute chose, comme vous le savez, j'ai besoin de vous pour le succès de cette émission aussi.
00:55 Je compte sur vous pour écrire vos petits commentaires juste en bas, pour partager cette émission
01:00 et puis bien sûr pour cliquer sur le pouce en l'air pour améliorer le référencement.
01:04 On se retrouve tout de suite, juste après le clin d'œil.
01:07 [Musique]
01:10 Retrouvez le samedi politique avec la collection Terre de France.
01:14 100% des bénéfices aux services d'agriculteurs, de familles, de militaires et d'écoles rurales.
01:19 [Musique]
01:27 Et aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Caroline Galacteros.
01:29 Bonjour Madame.
01:30 Bonjour.
01:31 Merci beaucoup d'être avec nous.
01:33 Alors pour vous présenter, vous êtes docteur en sciences politiques géopolitologue,
01:37 présidente du think tank Géopragma.
01:39 Vous avez également écrit de nombreux ouvrages, le dernier "Vers un nouveau Yalta" publié chez Sixgestes.
01:45 C'est un ouvrage bien sûr que vous pouvez toujours trouver sur la boutique de TVL.
01:48 Sur TVL.fr.
01:50 Et puis bien sûr, je précise que dorénavant, pour les téléspectateurs qui veulent vous voir plus souvent,
01:55 ils peuvent aller directement sur votre propre chaîne YouTube, à savoir "Paix et guerre".
02:00 En référence évidemment à "Guerre et paix".
02:02 Voilà, tout un programme.
02:04 J'ai pensé que j'aurais sans doute dû le faire avant,
02:07 mais j'avais envie depuis longtemps, et ça y est c'est fait,
02:10 d'avoir un sorte de canal où je puisse vraiment parler comme je le souhaite,
02:14 quand je le souhaite, même si pour l'instant la fréquence est hebdomadaire.
02:20 Mais ça va monter, ça se développe, je pense que ça rencontre un certain écho.
02:25 Il faut que ça en ait de plus en plus, parce qu'il y a tellement de sujets à aborder,
02:29 importants en matière de géopolitique, au sens large, de questions internationales et de diplomatie.
02:35 Voilà, je suis très contente de faire ça, je deviens une YouTubeuse.
02:40 Eh bien très bien, nos téléspectateurs ont pris note,
02:42 vous pouvez donc retrouver Caroline Galactéros sur sa chaîne "Paix et guerre".
02:46 Alors, pour commencer cette émission Caroline Galactéros,
02:48 j'aimerais faire le lien avec la précédente,
02:50 sur ce fameux entretien de Tucker Carlson et Vladimir Poutine.
02:53 Il a suscité beaucoup de réactions, et parmi ces réactions,
02:57 j'aimerais tout de suite qu'on écoute celle du général Richou.
03:01 En matière de guerre hybride, on subit trop.
03:03 Et donc à un moment donné, il va falloir...
03:06 On subit, on est toujours en réaction.
03:10 Alors là, on est à moitié paniqué, on se demande comment on va faire pour contrer ce narratif-là.
03:15 Il va falloir qu'on apprenne à avoir nos propres narratifs,
03:17 et à les imposer également, je dirais, un petit peu au monde.
03:21 Et y compris, même, je veux dire, il faut les infester avec des fake news, etc.
03:26 Les infester de fake news, que pensez-vous de ces propos ?
03:35 C'est...
03:38 C'est pathétique.
03:41 Mais que voulez-vous que je vous dise ?
03:43 Si c'est tout ce qu'on a trouvé,
03:46 comme niveau de réflexion, et comme stratégie,
03:49 vis-à-vis de tout ce qui est en train de se passer,
03:51 après toutes les erreurs qui ont été faites,
03:54 c'est très très inquiétant.
03:56 Très inquiétant pour notre manière de réfléchir stratégiquement,
03:59 très inquiétant pour nos officiers généraux,
04:03 très... Voilà.
04:05 On n'en est pas au narratif.
04:07 C'est précisément tout le problème.
04:09 C'est que l'Occident a eu un narratif,
04:11 vis-à-vis d'une Russie qui n'a pas un narratif,
04:14 qui a une attitude cohérente,
04:17 et que cette interview a très bien démontré.
04:20 Très bien démontré par sa longueur même,
04:23 et par son caractère méthodique.
04:26 Donc là, on est juste en mode panique, en mode PLS, comme on dirait.
04:30 Hop, on est passé sur la tranche.
04:32 Et on se demande, mais qu'est-ce qu'on peut encore faire ?
04:35 Et tout ce qu'on se dit, c'est "Ah ben ouais, on va les infester
04:38 avec des mensonges, des trucs, des faux, des fausses histoires, des fausses...
04:43 On va faire de la désinformation et de la propagande."
04:45 Mais on en fait déjà beaucoup.
04:47 On en fait déjà beaucoup.
04:48 Ça fait déjà deux ans qu'on raconte n'importe quoi sur ce conflit.
04:52 Donc il serait temps, au contraire, de revenir au réel,
04:56 de revenir à ce qui se passe,
04:58 d'assumer la réalité douloureuse de ce qui se passe,
05:02 et de nos mauvais calculs, et de nos mauvais raisonnements,
05:04 et de nos mauvaises assessements, évaluations,
05:09 et de commencer à se dire "Mais qu'est-ce qu'on va faire ?"
05:13 Parce qu'à part dire "La Russie est notre ennemi",
05:16 "Si la Russie gagne, la France est en danger, l'Europe entière..."
05:22 Mais où ça nous mène, ce genre de délire idéologique ?
05:27 Là où on en est, j'imagine.
05:29 Voilà, mais ce n'est pas fini.
05:31 C'est-à-dire que plus on continue dans ce déni suicidaire,
05:36 dans cette fuite en avant complètement ridicule,
05:39 complètement...
05:41 Déraisonnable.
05:43 Extrêmement déraisonnable, extrêmement dangereuse maintenant,
05:46 à ce stade du conflit.
05:48 Ça fait longtemps qu'on devrait déjà être en train de discuter.
05:53 Alors justement, parlons de discussion.
05:55 Volody, Volody Mirzalinski, après une escapade à Berlin,
05:58 est en escapade à Paris pour rencontrer son homologue Emmanuel Macron.
06:02 L'objectif est de signer un accord de coopération, de sécurité,
06:06 pour ne pas dire de défense.
06:07 Ça s'inscrit dans les accords de Vilnius,
06:10 conclus au G7 de l'été dernier.
06:14 Le 12 janvier, c'était la Grande-Bretagne,
06:17 qui avait déjà signé un accord de coopération avec Richie Sunak.
06:21 Au-delà des images, quel soutien l'Europe peut-il encore être apporté à l'Ukraine ?
06:29 Euh... Bon.
06:32 Alors, d'abord, oui, Vilnius, c'était le sommet de l'OTAN,
06:36 si je ne m'abuse.
06:37 Alors j'ai vu G7, mais je peux me tromper, je vais vérifier.
06:40 Mais en fait, le truc, c'est que c'est un tel désastre militaire,
06:45 nous nous sommes tellement trompés,
06:47 et maintenant nous sommes juste à sec, nous sommes à l'os.
06:50 C'est l'OTAN qui est affaiblie militairement,
06:52 pas seulement l'Ukraine, c'est l'OTAN.
06:54 Donc là, la Russie est en train d'emmagasiner des points militaires et stratégiques,
07:03 et je ne parle même pas du reste du monde, de l'écho, de l'influence,
07:06 bon, c'est dramatique.
07:08 Tout ça parce qu'on est dans une vision idéologique de ce conflit,
07:12 et donc, face à l'impossibilité désormais,
07:16 sauf à vraiment prendre un risque immédiat,
07:19 peut-être de frappe sur le territoire ukrainien tactique,
07:24 pas sur l'Europe, pas sur les Balfours,
07:26 arrêtez de raconter n'importe quoi.
07:27 En revanche, sur l'Ukraine, ça n'est pas impossible.
07:30 Certains théoriciens russes le disent,
07:32 voilà, les Karaganov et compagnie,
07:34 donc, sauf à prendre ce risque,
07:37 on a été obligé à Vinnius de dire,
07:39 bon, l'OTAN, finalement, peut-être pas tout de suite, enfin bon, enfin bref, voilà.
07:43 Et on est tombé sur, le deuxième choix, l'UE.
07:46 Donc, il faut rentrer dans l'UE.
07:48 Et comment faire pour rentrer dans l'UE,
07:51 vu l'état de l'Ukraine, vu son niveau de corruption, vu…
07:54 – Je vous l'ai dit, l'UE va peut-être se mettre à niveau à terme,
07:57 on est bien parti.
07:58 – Bon, en tout cas, ce serait juste, c'est n'importe quoi encore cette idée,
08:03 c'est purement politique.
08:05 Donc, qu'est-ce qu'on fait ?
08:06 Il faut trouver des garanties de sécurité,
08:08 c'est-à-dire, il faut trouver un moyen de pouvoir dire à Zelensky,
08:12 lors de ses escapades, effectivement, permanentes et planétaires,
08:16 enfin, dans une partie de la planète où on le reçoit encore,
08:19 qu'on va l'aider, on va pouvoir l'aider militairement.
08:23 Donc, il y a, au titre de l'UE,
08:25 je pense que je l'avais déjà expliqué, même ici,
08:27 déjà une façon de garantir une aide militaire possible,
08:33 à partir du moment où un état est membre de l'UE,
08:36 ou même en processus de rapprochement avec l'UE.
08:39 Pour les puissances de l'UE, qui deviennent ses petits camarades,
08:44 ou ses futurs petits camarades, mais qui sont aussi puissances de l'OTAN.
08:47 Donc, c'est une manière de…
08:49 – Hum. – Hum, voilà.
08:50 Et là, on en est, comme on n'ose même pas faire ça directement,
08:55 on le fait à titre bilatéral.
08:57 Et évidemment, nous avons un exemple formidable, Richie Sounack,
09:01 après Boris Johnson, alors eux, ils les produisent à la pelle,
09:04 donc les britanniques, qui sont toujours en avant de la main,
09:10 qui veulent absolument pousser les européens, maintenant, à faire la guerre,
09:14 qui donc ont été les premiers à offrir ces garanties de sécurité,
09:17 contraignantes, pas contraignantes, c'est juste une excuse
09:21 pour pouvoir faire un certain nombre de choses.
09:23 Et c'est ce qui est prévu, c'est-à-dire de la formation,
09:26 de l'entraînement, du soutien, gna gna gna,
09:28 pouvoir aider l'Ukraine sur le long terme,
09:30 donc justifier encore de l'argent.
09:32 On va bientôt nous faire un impôt de guerre, il faut vraiment,
09:36 je ne sais pas si on se rend compte de la gravité de la situation
09:39 dans laquelle nous nous sommes mis, par ces déclarations intempestives,
09:43 qui sont celles y compris de nos plus hautes autorités diplomatiques,
09:47 sur le thème, voilà, on doit faire ça, sinon l'Europe…
09:53 Mais l'Europe et la France se mettent en danger,
09:56 nous sommes en train de nous mettre en danger, voilà.
09:59 Donc on est, pour moi, on est partis en vrille, quoi, en fait.
10:06 – Vous parlez là, à l'instant, d'un impôt de guerre,
10:09 dans le futur, c'est une projection.
10:12 Julien Bayou et Benjamin Haddad, deux députés,
10:15 l'un écologiste, l'autre Renaissance,
10:17 ont proposé que le gel des avoirs russes serve à financer l'effort de guerre.
10:21 – Oui, c'est une bonne idée, ça, oui.
10:24 Alors, je ne connais pas ces deux noms, mais je ne les connais pas.
10:30 En revanche, oh oui, dommage, dommage,
10:33 en revanche, je les invite à réfléchir un tout petit peu au-delà
10:38 de leur haine ou de leur rage ou de leur fureur ou de leur…
10:43 Bon, voilà, si on fait ça, et il y a énormément de pression
10:48 pour qu'on le fasse, et ça concerne plusieurs milliards de dollars,
10:52 ne serait-ce que les intérêts, c'est-à-dire on est en train de faire en sorte,
10:55 alors on le fait commencer en 2024, parce qu'on se dit qu'avant,
10:58 quand même, on prend des gros risques, mais on envisage
11:02 de pouvoir récupérer les intérêts et de les affecter, effectivement,
11:05 à la reconstruction de l'Ukraine, au soutien de l'effort de guerre, etc.
11:09 Mais que va-t-il se passer dans le reste du monde
11:12 si l'Europe ou les États-Unis prennent ce genre de décision ?
11:16 Hein ? Qu'est-ce qu'ils vont faire, les autres investisseurs ?
11:19 – Ben, ils ne vont pas aller ici.
11:20 – Eh ben non, ils ne vont pas investir, c'est encore une balle dans le pied.
11:25 On est encore en train de s'affaiblir économiquement,
11:29 de manière drastique, par ce type de posture, qui sont des postures,
11:34 qui sont vraiment les postures de l'échec, les postures de l'impuissance,
11:37 c'est-à-dire quand vous ne pouvez plus rien faire,
11:39 et que vous ne supportez pas l'idée de discuter,
11:41 ben qu'est-ce que vous faites ? Vous continuez, vous continuez,
11:43 vous continuez, et vous vous enfoncez, vous vous enfoncez, vous vous enfoncez.
11:45 On est dans des sables mouvants.
11:47 Donc, si demain, des investisseurs étrangers envisagent
11:51 des investissements en euros ou en dollars, quelque part,
11:54 et qu'ils se disent "Ah, mais si demain, dans mon pays,
11:57 les États-Unis ou l'Europe considèrent que je ne fais pas ce qu'il faut,
12:00 et commencent à me piquer les intérêts,
12:03 ou même carrément mes investissements étrangers,
12:06 je vais peut-être ne plus les faire en dollars ou en euros."
12:09 – Ce dit en passant, c'est déjà ce qui s'est produit
12:11 avec l'extraterritorialité du droit américain.
12:13 – C'est la suite, c'est la suite.
12:16 C'est-à-dire, c'est la balle dans le pied
12:19 que s'est tirée l'Amérique depuis déjà un certain nombre d'années,
12:23 en transformant le dollar d'une monnaie d'équilibre et de protection
12:27 en une monnaie de pression et de chantage.
12:30 Et voilà, et c'est terminé.
12:32 Et après, on se demande pourquoi les BRICS l'emportent
12:35 en matière de poids relatif sur le PIB mondial,
12:42 pourquoi il y a une contestation world-wide maintenant,
12:46 sur tous les continents, et massive, de toutes ces méthodes.
12:50 Parce qu'en fait, l'idéologie ne produit que de la guerre,
12:53 que du conflit, que de l'opposition, que du rapport de force.
12:56 Donc on dit "Poutine n'aime que le rapport de force",
12:59 et nous, qu'est-ce qu'on fait en fait ?
13:01 Sauf que nous, là, on est dans une position de faiblesse.
13:04 – Mais ce n'est pas parce qu'on le perd
13:05 qu'on n'est pas dans le rapport de force.
13:06 – Voilà, exactement, exactement, tout à fait, c'est exactement bien dit.
13:10 C'est-à-dire qu'on rame, mais en restant sur le même registre,
13:18 au lieu de comprendre qu'il faut qu'on change de registre,
13:21 qu'il faut qu'on regarde ce monde qui a complètement changé,
13:24 où nous ne sommes plus en position dominante.
13:26 C'est terminé, voilà.
13:29 Ça ne veut pas dire qu'on est mort, ça ne veut pas dire qu'on est fichu,
13:33 ça ne veut pas dire qu'on doit passer sous pavillons chinois, russe,
13:37 ou je ne sais quoi, pas du tout.
13:39 Ça veut dire qu'on doit commencer à considérer
13:42 le reste des acteurs internationaux comme des acteurs dignes de discussion,
13:47 de respect, qui ont des intérêts qui valent bien les nôtres,
13:50 et qu'ils défendent, et c'est ça l'objet d'une négociation
13:54 ou d'une diplomatie internationale digne de ce nom.
13:57 Ce n'est pas juste "moi j'en ai une plus grosse que toi" et boum.
14:01 Non, enfin, c'est-à-dire, c'est des trucs infantiles.
14:05 On a parlé là essentiellement de l'aide financière à l'Ukraine.
14:09 Peut-être parlons des armes grâce à Nicolas Tenzer.
14:12 On va l'écouter.
14:14 Ils sont à l'initiative, par exemple, dans la mer Noire.
14:18 Vous avez vu récemment un bateau qui a été coulé, un bateau très important,
14:22 qui en plus avait participé à des opérations criminelles de la Russie en Syrie,
14:26 ce qu'il faut quand même toujours souligner.
14:28 Je vous rappelle, j'ai vu, il y a des activistes syriens qui l'ont salué,
14:32 qui s'en sont félicités. Et ça c'est aussi très important.
14:35 Sur le front, ça ne peut pas avancer tant que l'Ukraine n'a pas reçu suffisamment de minutions,
14:40 n'a pas reçu des missiles à longue portée.
14:43 Et on voit par exemple que les Allemands bloquent toujours les Taurus,
14:46 des missiles à longue portée qui seraient d'une utilité absolument majeure
14:50 pour frapper des infrastructures dures et le pont de Kerch.
14:53 Les Américains n'ont livré qu'une vingtaine d'ATACMS.
14:56 Et ça, ce n'est pas dû au blocage des Républicains,
14:58 c'était déjà, il ne faut pas le rappeler, il ne faut pas l'oublier, du temps de Biden.
15:01 [Générique]
15:07 Alors on va peut-être répondre en deux temps, d'abord sur les propos qui ont été tenus sur la mer Noire
15:11 et ce navire russe qui a été anéanti par les Ukrainiens.
15:15 Ce bateau russe aurait participé à des opérations criminelles en Syrie.
15:20 Non mais...
15:22 Parce qu'on remet les choses dans leur contexte, les Russes, c'est les seuls qui ont été appelés par Bachar el-Assad.
15:29 Mais tout à fait, mais c'est typique, c'est très révélateur.
15:34 Ça, c'est d'abord du mensonge patenté,
15:38 et deuxièmement, ça montre l'inversion complète,
15:44 et l'inversion accusatoire d'ailleurs, d'individus comme Nikola Tenzer.
15:49 C'est-à-dire, lui, pour lui, comment il les a appelés ?
15:53 Pas les djihadistes, il n'a pas osé dire djihadistes, les activistes.
15:57 Les activistes locaux en Syrie, qui sont quand même les scories de l'État islamique et de l'Al-Qaïda,
16:04 c'est quand même les gens qui ont voulu faire exploser la Syrie, tous ces gens.
16:09 Ce sont ceux que nous avons soutenus.
16:11 Avec la bénédiction des Occidentaux.
16:12 Ce sont ceux que nous avons soutenus, mais pour lui, c'est bien.
16:15 Voilà, c'est bien, parce qu'il fallait éclater la Syrie.
16:19 Al-Nusra fait du bon boulot.
16:21 Voilà, Al-Nusra fait du bon boulot.
16:22 Donc, pour lui, il explique que les activités russes sont criminelles en Syrie.
16:28 Alors qu'elle est donc demandée aux Syriens aujourd'hui,
16:31 ce qu'ils pensent des activités russes en Syrie, ils l'auront juste sauvé le pays.
16:37 Voilà, avec les Iraniens, ils l'ont fait.
16:39 Parce qu'on reprenne bien, pour que tout le monde comprenne,
16:41 les activités russes en Syrie se font à la demande.
16:45 Se font à la demande de Bachar Al-Assad, et ensuite se font contre l'État islamique
16:49 et les terroristes islamistes, là, qui voulaient renverser Bachar Al-Assad.
16:53 Absolument, mais vous savez, de toute façon, tout est tordu, tout est distordu,
16:57 et tout est présenté n'importe comment.
16:59 Donc moi, j'ai entendu l'autre jour, je ne sais plus où, à vrai dire,
17:01 un truc sur Idlib, où on nous expliquait qu'à Idlib, c'était horrible, les populations…
17:07 Non mais Idlib, c'est juste un id frelon !
17:09 Idlib, c'est l'endroit où ont été conservés et entretenus et sont tenus
17:16 un certain nombre de mouvements liés à l'al-Qaïda, avec le soutien de la Turquie, etc.
17:22 Je ne parle même pas des bases américaines encore en Syrie,
17:26 qui sont elles-mêmes totalement illégales.
17:28 Ce que j'allais dire avec les white helmets, etc.
17:30 Et puis même ce qui reste de l'État islamique,
17:32 qui, comme par hasard, sont dans la circonférence de ces emprises américaines.
17:36 Donc, il faut arrêter maintenant, c'est plus possible de raconter n'importe quoi.
17:42 Visiblement, si, c'est possible, puisque personne ne le reprend.
17:45 Alors, sur le bateau russe, pour l'instant, les Russes,
17:49 mais il est vrai qu'ils confirment rarement les choses,
17:52 n'ont pas confirmé cela.
17:54 C'est possible, je n'en sais rien, je n'ai pas les informations.
17:58 On le saura probablement au bout d'un moment.
18:01 Il est vrai que les Ukrainiens arrivent à taper, avec l'aide américaine,
18:05 avec l'aide britannique, etc., un certain nombre de bateaux.
18:08 Mais si Nikola Tenzer s'imagine qu'il faut continuer à fournir des armes
18:16 pour ses petits camarades du complexe militaro-industriel américain,
18:19 en passant, pour permettre à l'Ukraine de renverser le rapport de force
18:25 et de l'emporter sur la Russie, parce que c'est quand même ça le sujet.
18:29 Mais c'est ce qu'il dit, grâce à ces armes, ils pourront détruire le pont de Kerch.
18:33 Mais ça va faire quoi ? Qu'est-ce que ça va produire ?
18:37 S'ils endommagent de nouveau Kerch, d'abord il faut qu'ils se souviennent, Coco,
18:40 qu'avant qu'il y ait le pont de Kerch, la Crimée était déjà autonome
18:44 et les Russes arrivaient très bien à la fournir, à l'approvisionner.
18:49 Donc, ce n'est pas non plus ce sujet-là.
18:53 Le vrai sujet, oui, c'est de menacer la Crimée à long terme, etc.
18:56 Et c'est pour ça que les Russes ne sont pas loin, peut-être, de se dire,
19:00 à l'heure où nous parlons, qu'Audessa, il va falloir y passer
19:03 parce qu'on n'a pas trop le choix.
19:05 Qu'est-ce qu'on attend pour arrêter les dégâts ?
19:09 Les dégâts au détriment de l'Ukraine, de ce qui reste de l'Ukraine,
19:14 pas au détriment de la Russie.
19:16 Alors justement, parlons des dégâts, des dégâts humains, surtout.
19:20 Parlons du front, la situation est particulièrement inquiétante.
19:23 Les combats sont actuellement centrés sur Avdivka.
19:26 Ça fait écho terriblement, évidemment, à la bataille de Barkhmout.
19:29 Ils sont supervisés côté ukrainien par un nouveau chef d'état-major,
19:33 le général Sirsky, qui remplace le général Zaloujny.
19:36 Je vous propose d'écouter rapidement le spécialiste de gestion de crise Hervé Carès,
19:40 ainsi que l'historien militaire Sylvain Ferreira,
19:42 pour dresser le portrait du général Sirsky.
19:44 Le général Sirsky a été formé à l'équivalent de l'école de guerre française, à Moscou.
19:52 Donc il connaît parfaitement le fonctionnement de l'armée russe.
19:56 Ce qui n'était pas le cas du général Zaloujny,
19:58 qui avait été formé uniquement en école de guerre ukrainienne
20:02 et encore moins celui du général Boudanov,
20:05 qui lui n'a jamais été formé en école de guerre.
20:08 Donc je reviens au général Sirsky.
20:10 Il est très proche du président Zelensky
20:13 et en général ne conteste pas les orientations politiques du président Zelensky.
20:18 Quand la bataille de Barkhmout a vraiment pris un tournant
20:22 après la chute de Soledar l'année dernière,
20:25 Sirsky a pris les choses en main avec la bénédiction de Zelensky lui-même.
20:30 Ne voyons pas que Zelensky avait pris le risque d'aller sur la ligne de contact,
20:36 en tout cas dans l'immédiat arrière-front,
20:38 pour visiter Sirsky et son état-major
20:41 et donc pour lui intimer l'ordre de tenir la ville coûte que coûte et à tout prix.
20:46 On sait ce que ce prix représente,
20:48 c'est presque 50 à 60 000 pertes du côté ukrainien.
20:52 On sait que Sirsky s'est montré tout à fait obéissant.
20:55 Et là, Sirsky qui, rappelons-le, a été baptisé du surnom de "Boucher"
21:00 à l'issue de la bataille de Barkhmout,
21:02 c'est-à-dire ce qu'il a laissé comme trace pour le moment dans l'histoire de la guerre avec la Russie,
21:07 et bien lui on attend à ce qu'il soit le petit doigt sur la couture du pantalon
21:11 pour obéir aux pouvoirs politiques,
21:13 quels que soient les problèmes que cela va poser
21:16 pour l'effectif de l'armée ukrainienne à court et moyen terme.
21:20 [Musique]
21:25 Alors votre avis sur toutes ces précisions et sur ce fameux général Sirsky
21:29 qui succède à Zalouzhni ?
21:31 Alors, il faut resituer ça dans le contexte de l'opposition grandissante depuis Barkhmout.
21:39 Et pour cause ?
21:40 Entre Zalouzhni et Zelensky.
21:43 Zelensky est dans une position dramatique, mais dramatique.
21:47 Il est en train de dévisser politiquement, il est en train d'être lâché par les américains,
21:51 il s'accroche comme il peut aux allemands, aux français, à ce qu'il veut, aux anglais, bon d'accord.
21:56 Mais lui, son truc c'est de continuer, lui aussi il est dans une fuite en avant folle.
22:02 Bon, Zalouzhni est celui qui justement du temps de Barkhmout avait dit
22:09 "il faut arrêter, on ne peut plus, c'est une boucherie précisément, c'est une boucherie".
22:15 C'est le hachoir à viande, le meat grinder des russes, bon.
22:19 Et Zalouzhni est un officier très populaire, très populaire précisément vis-à-vis de ses hommes,
22:27 parce que c'est un peu l'inverse de l'autre.
22:29 Et Zalouzhni a des ambitions politiques.
22:33 Il n'est pas tout seul, il y en a un certain nombre en Ukraine et à Kiev, mais voilà.
22:37 Donc ça fait longtemps que le conflit couvait, ça fait longtemps que Zelensky voulait le dégager.
22:44 Pour des raisons politiques, il a essayé de le faire à plusieurs reprises.
22:49 D'abord il lui a buté, il lui a tué un de ses lieutenants.
22:53 En échange, enfin en représailles, l'autre a fait empoisonner la femme de Boudanov, le chef des services.
23:03 Enfin bref, il se font tout un tas d'amabilités tous ces gens.
23:07 Et il a essayé surtout de lui coller sur le dos l'histoire des 500 000 hommes qu'il fallait encore à l'Ukraine pour reprendre l'ascendant.
23:16 Parce que Zalouzhni a dit à un moment donné, écoutez, moi je ne peux pas faire des miracles avec rien.
23:24 C'est ou on a 500 000 hommes et on ne les a pas, ou il faut commencer à discuter peut-être,
23:31 il faut commencer à faire autre chose.
23:33 Et ça c'est inconcevable pour Zelensky.
23:36 Un, parce qu'il a des pressions internes autour de lui très très fortes.
23:40 Deux, parce qu'il sait très bien qu'il va faire les frais de cela.
23:44 Il va en faire les frais politiques.
23:46 Trois, parce qu'il a quand même pris un décret en disant "on ne discute pas avec la Russie".
23:49 Donc c'est juste canossa quoi.
23:51 Voilà, donc ils sont très opposés.
23:54 On est dans une période très dangereuse parce que c'est la période 19-20 février, tout ça c'est Maïdan.
24:01 C'est des dates où il se passe toujours un peu quelque chose en Ukraine.
24:05 24 février, entrée du FOPUS.
24:07 Voilà, voilà.
24:08 Donc on est dans une phase compliquée.
24:11 Il y a même eu des rumeurs de coups, il y a même eu des rumeurs de toutes sortes.
24:15 Il y en a toujours.
24:17 Donc le Zelensky, il essaie de se débarrasser de l'autre.
24:23 Il se fait prendre en photo avec les extrémistes de Pravis Sector sur le thème "on n'a pas fini, on vous prépare une petite surprise".
24:33 Donc on est dans une phase très très très dangereuse.
24:37 Mais le problème là encore, alors moi ce que je me dis, mais c'est mon optimisme naturel,
24:44 c'est que peut-être il serait intelligent d'avoir un type comme Zelouzheny pour commencer à discuter sur des bases réelles.
24:52 Parce que lui, c'est un chef militaire.
24:55 Et c'est un chef militaire qui a tout à fait conscience de la déroute.
24:59 Bien sûr.
25:00 Un de ses troupes, du fait qu'il n'y a plus de matos, qu'il n'y a plus rien.
25:04 Donc c'est peut-être avec lui qu'il faudrait commencer à parler.
25:08 À plus forte raison, si je ne me trompe pas, c'est que Zelouzheny est plutôt plus compatible, plus proche avec les Occidentaux paradoxalement,
25:17 que Sirsky qui est un pur produit entre guillemets soviétique.
25:19 Ah non mais Sirsky c'est rien du tout. Sirsky c'est effectivement le boucher, très bien, le boucher de Solidaire.
25:23 Qui exécute ce que veut Zelensky.
25:26 Exactement. Donc Sirsky c'est la frange, j'allais dire, jusqu'au boutiste, on continue, on continue, on continue,
25:34 on essaie de tondre encore un peu les Européens, les Américains, de leur expliquer que sinon c'est leur sécurité qui est en jeu, etc.
25:42 Enfin tout le discours.
25:43 Et que c'est les prochains sur la liste.
25:44 Voilà, c'est ça, les prochains sur la liste, et que les Ukrainiens se battent pour les Européens.
25:50 Ah bon, c'est intéressant, ça se mériterait aussi d'être discuté, ça.
25:54 Depuis quand les Ukrainiens se battent pour les Européens ?
25:56 Parce que l'Ukraine, elle était quand même en sécurité, jusqu'à Maïdan finalement,
26:03 et jusqu'à ce qu'elle se mette à, avec notre aide, entraîner ses forces pour aller au contact, pour aller au choc avec la Russie.
26:11 Mais alors justement, j'ai même plus envie de dire le narratif, mais la rhétorique presque occidentale qui consiste à dire,
26:18 bon concrètement, si on n'arrive pas à empêcher l'Ukraine de tomber face à la Russie, la prochaine fois la Russie avancera plus loin, d'où ça sort, ça ?
26:28 Mais ça sort de nos cerveaux embrumés qui vivent de leurs fantasmes et de leurs utopies,
26:34 et de leur volonté de toute puissance manifestement défaite, et qui au lieu de rétrograder,
26:44 de se dire "bon, on retombe sur terre, il faut discuter, il y a une question grave, c'est la sécurité européenne, il faut re-neutraliser l'Ukraine,
26:52 il faut empêcher la Russie de continuer à avancer", oui, mais pas en lui donnant des raisons de continuer,
27:00 en lui donnant des raisons de remettre l'Ukraine où elle n'aurait jamais dû cesser d'être,
27:07 c'est-à-dire dans l'état d'un état tampon, d'un état justement dont la sécurité et sa neutralité, c'est tellement évident,
27:15 il n'y a pas besoin d'avoir un Bac+12 pour comprendre ça, quoi, on a une carte, non mais c'est dingue,
27:22 vous prenez une carte, c'est tellement évident.
27:25 – Enfin là, si j'ai bien saisi, la zone tampon, elle sera un peu réduite par rapport à ce que ça aurait été en 2014.
27:30 – Elle va l'être de plus en plus.
27:32 – Parce que vous parliez tout à l'heure d'Odessa, si Odessa était prise par les Russes,
27:36 in fine, plus d'accès à la mer Noire.
27:39 – Exactement, mais si on continue, ça va se terminer comme ça, il va y avoir Odessa, il va y avoir Nikola Biev,
27:45 il va y avoir Dnipropetrovsk, il va y avoir Kharkov, en plus de tout ce qu'ils ont déjà,
27:50 moi je pense qu'ils vont peut-être essayer d'obtenir tout ça pour pouvoir après avoir cette zone tampon eux-mêmes
27:56 et décider que ça c'est une zone neutre ou une zone no man's land ou je ne sais quoi, il ne se passe rien.
28:02 – Ça va être le Kurdistan.
28:04 – Mais enfin, c'est très grave, qu'est-ce qu'on aura gagné à tout ça à la fin ?
28:11 La Russie sera toujours là, plus forte que jamais, une économie qui pourrait faire envie à l'un autre,
28:18 un régime de guerre, une popularité des dirigeants et donc un niveau collectif,
28:29 de rassemblement collectif, on peut dire ce qu'on veut, on peut ne pas être d'accord,
28:34 ça peut nous rendre malade, très bien, mais ce n'est pas le sujet,
28:37 le sujet c'est quand même que la guerre est soutenue parce que les gens, ils ont compris,
28:42 ils ont compris et Poutine l'a extrêmement bien expliqué, alors on va dire c'est de la propagande, très bien,
28:47 mais il l'a quand même expliqué comme un et un font deux,
28:51 nous sommes entrés en guerre pour mettre fin à la guerre du Donbass, voilà,
28:57 la guerre civile en fait ukrainienne portée par une partie des forces ukrainiennes
29:03 contre une autre partie des populations ukrainiennes, russophones, qui se font bombarder,
29:10 et d'ailleurs Abdefka c'est le sujet, Abdefka c'est l'endroit,
29:14 c'est une espèce de saillant là qui permet de taper sur Donetsk et sur les populations civiles,
29:21 parce que les ukrainiens tapent sur les populations civiles.
29:24 D'ailleurs, pardon je fais une parenthèse, mais accessoirement,
29:27 à chaque fois qu'on nous parle dans les médias français, c'est fantastique,
29:30 une bombe est tombée dans le Donbass, etc. etc.
29:32 Comme les gens pensent que le Donbass fait partie de l'Ukraine,
29:35 ils pensent que c'est les russes qui bombardent le Donbass,
29:37 mais la plupart du temps c'est toujours des missiles ukrainiens.
29:40 Alors oui, sauf dans la partie des quatre blasts, qui est la ligne de front en fait,
29:46 qui est l'endroit qui n'est pas encore totalement sous contrôle russe dans ces quatre zones.
29:53 Mais là la population est partie globalement.
29:54 Mais là ça n'a rien à voir.
29:56 Là, toutes les attaques effectivement sur Toprol, Belgorod, etc.
30:01 On se rappelle de cette fois, de cette espèce de marché qui a été frappé.
30:03 C'est tous les jours.
30:04 Là, on tape, c'est du terrorisme, c'est vraiment du terrorisme,
30:08 c'est de terroriser les populations civiles.
30:10 Et c'est Bouddhanoff.
30:11 Ah bah oui, non mais, vous savez, il y a quand même des jusco-boutistes aussi militaires,
30:18 pas que politiques.
30:20 Alors on a évoqué cette obsession, cette crainte à l'égard de la Russie en Europe et aux États-Unis.
30:28 Bon, aux États-Unis, elle est sans doute un peu surjouée.
30:30 Je vous propose d'écouter à présent un journaliste indépendant, Frédéric Aigui.
30:35 Il était, il faut le dire, visiblement journaliste à RT, la chaîne Russia Today.
30:41 Il a posé une question, après le Conseil des ministres, à Priska Tevno,
30:44 qui se trouve être le porte-parole du gouvernement.
30:47 On va écouter ça.
30:48 Je voudrais revenir sur l'interview accordée par Stéphane Séjourné à West France,
30:52 dans laquelle il déclare, dans le cadre de la stratégie sécuritaire de l'UE,
30:56 ce sera l'OTAN et l'Europe, les Européens, en besoin d'une deuxième assurance-vie.
31:01 On comprend que sa réflexion est dirigée par l'hypothèse d'une attaque de la Russie contre la Pologne,
31:06 hypothèse que, visiblement, la France juste crédible, mais qu'en l'état n'est que ça, une hypothèse.
31:11 Ce qui est surprenant, c'est qu'il définit les enjeux sécuritaires de l'UE uniquement par ce prisme,
31:16 et n'évoque à aucun moment le sabotage de Nord Stream.
31:19 Or, vous le savez aussi bien que moi, le sabotage de Nord Stream, on n'est plus dans le domaine de l'hypothèse.
31:23 C'est un acte de guerre avéré, qui a visé les intérêts stratégiques vitaux de l'Union européenne.
31:29 Il n'y a qu'à voir l'état aujourd'hui de l'industrie allemande.
31:32 Ma question est donc la suivante. La Russie est-elle, à vos yeux, la seule menace pour l'Union européenne ?
31:38 Est-ce que vous ne pensez pas qu'il y a autre chose qui est en train de se jouer sur le continent aujourd'hui,
31:43 dont le sabotage de Nord Stream et l'expression ?
31:47 Est-ce que nos démocraties, aujourd'hui, sont fragilisées ?
31:51 Oui, je pense que oui. Ce serait complètement vivre dans une grotte que de dire le contraire.
31:56 Mais je rappellerais juste aussi qu'il y a récemment, et d'ailleurs ça a été rappelé hier,
32:01 des atteintes d'ingérence numérique, qui ne sont pas à nier à regarder rapidement.
32:07 Typiquement, il y a...
32:08 Alors, je vois que j'entends bien le point sur la Russie. J'entends bien que vous considérez la Russie de notre,
32:11 mais qu'en est-il de Nord Stream, en fait ?
32:13 Qu'en est-il de Nord Stream ? Je pense que les sujets avaient été abordés à ce moment-là.
32:17 Mais en fait, quelle est votre question ? C'est que, il ne s'est pas que la Russie ?
32:19 Vous ne savez pas du tout qui a pu réaliser le sabotage de Nord Stream ? Vous avez pas de suspects en tête ?
32:22 Je n'ai pas une liste de suspects à vous soumettre aujourd'hui.
32:25 On a l'impression qu'on ne définit les enjeux sécuritaires de l'UE que vis-à-vis de la Russie.
32:29 Alors qu'on a subi une attaque. Aujourd'hui, l'industrie allemande, elle est en train de s'effondrer,
32:34 notamment à cause du sabotage de Nord Stream.
32:36 Vous savez, quand on parle... Stéphane Séjourné, qui a justement porté énormément ce sujet avec le président de la République,
32:41 est missionné sur ce sujet par le président de la République lui-même, de l'Europe de la Défense.
32:46 C'est bien pour se garder, se protéger d'un certain nombre de...
32:50 Un certain nombre de qui ?
32:51 D'un certain nombre de sujets. Je ne vais pas vous faire une liste aujourd'hui.
32:54 [Générique]
33:00 C'est comme souvent avec ces affaires, si ce n'était pas si dramatique, on aurait envie d'en plaisanter.
33:05 En tous les cas, ça fait écho à l'audition de François Fillon à la commission d'enquête parlementaire
33:09 sur l'ingérence étrangère, où il rappelait que la Russie existait certes aux portes de l'Europe,
33:14 voire dans l'Europe d'ailleurs, mais que quand lui, il était au gouvernement, les écoutes,
33:19 ce n'était pas la Russie, c'était l'ANSA américaine.
33:23 Évidemment, non mais c'est lunaire, c'est lunaire.
33:27 C'est-à-dire, c'est là que vous vous dites, qu'est-ce qu'on peut encore faire ?
33:32 Là, ce n'est même plus du déni, c'est de l'ordre du tabou.
33:37 Ce n'est pas possible, elle ne peut même pas penser,
33:42 elle ne peut même pas penser que le sujet, c'est la soumission,
33:51 c'est le fait qu'effectivement, l'Europe s'est laissée couper le gaz,
33:55 l'Allemagne en premier, mais les autres aussi,
33:59 par son grand allié merveilleux américain.
34:04 Qui avait plein de gaz de schiste.
34:05 Qui avait plein de gaz de schiste, que nous achetons maintenant fort cher.
34:09 Alors nous achetons encore du gaz russe d'ailleurs, mais en loose day, n'est-ce pas ?
34:14 Et d'ailleurs, on est en train de prendre aussi des décisions à l'échelle européenne
34:18 pour que ce ne soit même plus possible.
34:20 Donc le vrai sujet, c'est le divorce qui a été programmé, mené et conduit
34:28 par les européens eux-mêmes, mais qui a été programmé à Washington
34:32 depuis très longtemps, entre l'Europe et la Russie, entre l'Allemagne et la Russie.
34:37 Et ça, c'est fait, c'est consommé, c'est divorcé, c'est sur le livret de famille, c'est terminé.
34:42 Il y a l'Europe, la Russie ne fait pas partie de l'Europe,
34:46 non, la Russie ne fait pas partie de l'Europe, c'est aussi un scoop.
34:49 D'accord ? Si, la Russie est une puissance européenne et la Russie était la garante,
34:55 d'une certaine manière, d'une grande partie du développement
35:00 et de la résilience économique et industrielle de l'Europe.
35:04 C'est fini ! Mais on n'ose même pas le dire, on ne peut même pas y…
35:09 C'est dingue ! Si vous voulez, on est mono… je ne sais pas, on est borgne quoi.
35:16 Vous voyez comme les oiseaux qui ont les perruches, moi j'en avais une comme ça, avec un œil,
35:21 on le regardait comme ça tout le temps.
35:23 Ça fait des engueulements.
35:25 Voilà, c'est comme ça.
35:28 Donc, c'est gravissime qu'elle ne soit pas capable de dire oui, même de réagir.
35:36 Bon, ce qui est dit en passant, c'est la porte-parole,
35:38 donc elle ne peut pas dire grand-chose en dehors des clous, si tentée qu'elle ait envie.
35:41 Je n'ai pas une liste de six pairs.
35:44 Je ne sais pas, moi je suis abasourdie du niveau d'incompétence et d'autisme volontaire.
35:54 Revenons peut-être sur la question du journaliste, qui objectivement, à mon avis, fera date.
36:01 Il évoque l'entretien de l'excellent Stéphane Séjourné, notre ministre des Affaires étrangères,
36:07 qui explique donc qu'on ne pourra pas se contenter de l'OTAN,
36:11 mais qu'il va falloir en plus une nouvelle couche, c'est le cas de le dire.
36:15 Emmanuel Macron n'a pas raté non plus, quand il est allé en Suède, de briller sur la scène européenne.
36:20 Et là encore, je vous propose de l'écouter.
36:23 Par ailleurs, je l'ai dit à l'issue de mon discours, il y a déjà quelques années,
36:29 je l'avais dit sans embâge, nos intérêts vitaux, ce que nous définissons comme nos intérêts vitaux,
36:44 sont en partie quintessentiellement européens, ce qui nous confère une responsabilité particulière
36:52 en ce qui concerne ce que nous possédons et notre capacité de dissuasion.
36:58 Pour dire les choses clairement.
37:00 Que pensez-vous de ces déclarations de notre président de la République ?
37:10 C'est douloureux tout ce que vous m'imposez aujourd'hui, j'ai quand même l'impression de…
37:16 C'est vrai que j'ai fait fort aujourd'hui.
37:18 … d'une épreuve.
37:19 Donc, écoutez, je vais répéter ce que j'ai déjà dit.
37:26 Je pense que là aussi, on a manifestement pas bien compris
37:35 qu'on pouvait se faire instrumentaliser de ce point de vue-là aussi.
37:40 C'est-à-dire que l'arme nucléaire, d'abord, d'abord,
37:46 il n'y a que les Américains qui peuvent proposer leur parapluie nucléaire.
37:50 Nous, je veux bien, mais bon.
37:51 Deuxièmement, on devient une cible immédiate de la Russie.
37:55 C'est-à-dire qu'on est encore en train de faire de la prophétie autoréalisatrice.
37:58 À partir du moment où on explique que on va voler au secours de nos petits camarades
38:05 qui sont tellement honnêtes, tellement de bonne foi, n'est-ce pas,
38:08 les Baltes et les Polonais, si jamais l'horrible Russie venait à les menacer,
38:13 c'est comme si on leur proposait, en fait, tout simplement,
38:17 de monter un false flag, de monter une opération de provocation quelconque,
38:21 de monter un truc, de monter une surenchère, quelque chose.
38:24 – On se rappelle d'ailleurs des déclarations du Polonais
38:26 avec le missile qui était tombé en Pologne.
38:28 – Oui, qui avait essayé, ils avaient essayé, ils ont déjà essayé.
38:31 Mais on est fou.
38:33 C'est-à-dire que l'outil nucléaire est destiné à protéger les Français
38:38 et le territoire français et les intérêts stratégiques fondamentaux
38:42 de la nation française contre des attaques de même ordre,
38:48 c'est-à-dire venant d'une puissance nucléaire.
38:50 Bon, déjà, Poutine a encore expliqué en long, en large et en travers,
38:54 et nous a traités quand même d'imbéciles dans l'interview avec Tucker Carlson.
38:58 Non mais arrêtez, qu'est-ce que vous voulez que j'aille faire
39:01 à menacer des puissances membres d'une alliance
39:05 où il y a des puissances nucléaires à l'intérieur ?
39:07 Les Polonais, les Baltes, mais à quoi ça me sert ?
39:10 Quels sujets ?
39:12 Bon, donc, on se met dans une situation là encore pour,
39:19 alors c'est là que c'est très tordu, tout en expliquant que c'est comme ça
39:23 que l'Europe va devenir souveraine, parce que c'est la vieille idée
39:26 de la souveraineté européenne, qui est une fumisterie, n'est-ce pas ?
39:31 Et d'expliquer, comme le fait Séjourner, qu'il y a deux piliers maintenant,
39:35 il faut une deuxième assurance vie, je sais pas quoi.
39:37 Non mais, un, toute défense de l'Europe, si elle pouvait exister,
39:44 ne serait jamais, à tout jamais, que le pilier européen de l'alliance, point.
39:49 Deuxièmement, ça veut dire quoi ?
39:51 Et troisièmement, ça veut dire que notre Président de la République
39:54 s'imagine que la France va devenir le parapluie nucléaire
39:57 de l'ensemble européen face à la Russie.
40:00 Mais non mais, c'est dangereux.
40:02 Il a le grand enjeu pour nous.
40:04 Et c'est très, ou pour lui, c'est très dangereux.
40:07 C'est extrêmement dangereux.
40:08 Nous devenons ipso facto, c'est comme, je sais pas, moi je comprends pas.
40:15 Je ne comprends pas comment on ne peut pas juste se dire,
40:19 on est vraiment allé très très loin dans la bêtise,
40:22 maintenant il faut reculer un tout petit peu, ne serait-ce que rhétoriquement,
40:27 verbalement, et commencer à chercher une solution pour ce malheureux pays
40:32 qu'est l'Ukraine, qui a perdu quasiment la moitié de sa population,
40:36 pas en mort, mais en exilés, en réfugiés, en gens qui se sont tirés, etc.
40:42 Et qui désormais n'a plus que les pauvres et les malheureux
40:45 qui n'ont pas le choix, pas d'autre choix, que de se faire enrôler
40:49 manu militari pour aller servir de chair à canon dans un conflit
40:53 qui est perdu.
40:55 Donc qu'est-ce qu'on veut ?
40:56 Qu'est-ce qu'on veut de plus ?
40:57 On veut une guerre frontale entre les armées européennes
41:02 ou de l'OTAN, ou BAUS, contre Moscou,
41:06 et on s'imagine qu'on a les moyens de l'emporter là ?
41:10 Ou alors on veut une guerre nucléaire, on veut tous être vitrifiés ?
41:13 On veut quoi en fait ? C'est quoi le sujet ?
41:16 On a l'impression quand même que tous les dirigeants européens,
41:20 il n'y a pas que les Français, ne savent pas ce que c'est
41:24 qu'un échange de feu nucléaire, ne savent pas ce que c'est
41:29 que d'entrer véritablement en état de guerre.
41:33 C'est très abstrait en fait pour eux manifestement.
41:37 C'est très abstrait et ça va se traduire à mon avis simplement
41:41 par des mesures peut-être de captation financière
41:45 sur ce qu'il nous reste de maigre richesse dans ce pays,
41:50 au bénéfice d'un État complètement corrompu,
41:54 qui est en train de devenir un État croupion,
41:58 dont plus d'un tiers de tous les armements que les États-Unis
42:02 et l'Europe ont fournis depuis deux ans ont disparu
42:05 et sont en train d'alimenter tous les foyers de violence
42:08 et de terrorisme dans le monde.
42:12 Je ne sais pas, même moralement, à tout point de vue,
42:16 ça me semble indéfendable comme position.
42:19 Ce qui est particulièrement amusant, là encore,
42:22 si ça ne devait pas être aussi dramatique,
42:24 c'est que concomitamment à ces déclarations d'Emmanuel Macron
42:27 qui parle de défense européenne, qui parle de revalorisation de l'OTAN,
42:31 OTAN qui vient d'être rejointe par la Finlande
42:33 et qui va l'être par la Suède, il y a Donald Trump,
42:36 comme d'habitude, qui lui, en meeting,
42:38 fait des déclarations qui ont été beaucoup relevées, on le revoit.
42:41 Le président d'un grand pays a dit
42:44 "Si nous ne payons pas et que nous sommes attaqués par la Russie,
42:48 vous nous protégerez ?"
42:50 Je lui ai dit "Vous ne payez pas, vous êtes délinquant ?"
42:53 Il a dit "Oui, disons que ça s'est passé,
42:55 non, je ne vous protégerai pas,
42:57 en fait, je les encouragerais à faire ce qu'ils veulent,
43:00 vous devez payer."
43:01 Alors peut-être pour commencer,
43:09 ça a été monté en épingle dans les médias français,
43:11 cette déclaration, mais en réalité,
43:12 c'est exactement la même déclaration que ce qu'il disait auparavant.
43:14 Il disait "L'OTAN, ceux qui payent, c'est les États-Unis,
43:17 donc elle est au service des États-Unis, globalement."
43:19 Oui, alors là, si vous voulez,
43:22 je trouve que Donald Trump a beaucoup de qualités,
43:25 en tout cas pour faire la paix en Europe, ça c'est sûr,
43:28 mais là il exagère quand même.
43:31 Parce que dire que les Européens ne paient pas
43:35 et que s'ils ne paient pas, on ne les protège pas
43:38 et qu'on laisse les Russes faire n'importe quoi,
43:41 l'ensemble des pays membres de l'OTAN quasiment,
43:47 sont tous en train de payer des milliards et des milliards
43:50 et depuis des décennies aux États-Unis,
43:53 puisque tous leurs armements quasiment sont américains.
43:57 Il faut arrêter.
43:59 Donc voilà, après, cette déclaration,
44:03 évidemment, est du pain béni pour nos européistes maison,
44:09 qui expliquent "Regardez, ils vont nous abandonner, c'est affreux,
44:13 donc maintenant il nous faut un billet,
44:15 sinon on est face à l'ours russe, c'est horrible."
44:17 Voilà, c'est ça le sujet.
44:19 Donc on est en train de se servir de ça,
44:21 pour expliquer que nous on doit vraiment…
44:25 - Se serrer les coudes, se saigner.
44:28 - Et aller vers la Russie,
44:30 et puis après on a des petits tensers qui agitent,
44:33 qui remuent le petit venin là,
44:36 et puis qui disent "C'est nécessaire,
44:38 parce que sinon, l'Ukraine n'est pas protégée,
44:41 c'est nous derrière, etc."
44:44 Tout ça, on se demande qui tire les ficelles de tout ça,
44:47 parce que concrètement, ça veut juste dire
44:50 faire marcher les industries d'armement,
44:54 ce qu'il en reste en Europe,
44:56 et évidemment le complexe méditerranéen industriel américain.
45:00 Le Sénat vient d'accepter quand même plus de 80 milliards,
45:05 une allocation de plus de 80 milliards de dollars,
45:08 pour à la fois l'Ukraine, qui en a un gros morceau,
45:11 pour Taïwan et pour Israël.
45:13 Bon, il y a encore la Chambre des représentants
45:15 qui fait la sourde oreille,
45:17 mais voilà, on ne peut pas oublier que c'est l'élection là-bas.
45:20 Donc Trump il dit ça, mais il dit aussi
45:23 "Si je redeviens président en 24 heures,
45:25 j'appelle Vladimir et on va régler la question,
45:28 on va arrêter de jouer au con."
45:30 Je suis désolée pour mon langage un peu russique.
45:34 Comment... Alors vous spécifiez à juste titre
45:38 qu'il y a une nouvelle enveloppe américaine
45:40 qui va être débloquée, dont une partie non négligeable
45:43 va être attribuée à l'Ukraine, si les républicains l'acceptent.
45:48 Pour autant, on a quand même le sentiment que l'Europe,
45:51 et Emmanuel Macron, puisque c'est lui qui nous occupe,
45:54 est montée en grade dans cette aide à l'Ukraine,
45:58 à mesure que les États-Unis se sont désengagés.
46:01 Comment expliquez-vous ce désengagement américain,
46:05 au-delà de la présidentielle américaine,
46:07 qui certes fait forcément resserrer les regards sur le pays ?
46:10 Est-ce que c'est plutôt la défaite imminente et inévitable de l'Ukraine,
46:14 ou est-ce qu'au contraire c'est l'ouverture d'un autre front,
46:16 à savoir le conflit israélo-palestinien ?
46:18 Alors, je pense que ça fait quand même un certain nombre de mois
46:26 que des gens au Pentagone disent,
46:30 donc il y a la démarche politique idéologique néo-con,
46:34 mais il y a quand même des gens sérieux aux États-Unis.
46:36 Et eux, ils savent très bien que c'est plié.
46:39 Ils savent très bien que c'est la déroute.
46:43 Donc qu'est-ce qu'on fait ?
46:45 On refile le bébé aux Européens sur le thème,
46:47 mais c'est votre conflit, c'est votre continent quand même.
46:51 C'est à vous de vous défendre,
46:53 c'est à vous de comprendre que c'est tellement important l'Ukraine.
46:56 Donc après l'avoir jetée à l'assaut de la Russie,
47:01 je ne sais même pas si on a pu s'imaginer que ça allait marcher,
47:05 ça me paraît tellement dingue.
47:07 Mais admettons qu'on l'ait imaginée,
47:09 on s'est rendu compte qu'on s'est planté à Washington.
47:11 Donc on refile la patate chaude aux Européens en les culpabilisant,
47:16 en leur disant, il faut l'aider l'Ukraine là maintenant, il faut des sous.
47:19 Nous on a fait tout ce qu'on a pu,
47:21 on a vraiment tout fait.
47:23 – Mais on ne peut pas être partout.
47:25 – On ne peut pas être partout.
47:26 Regardez le Moyen-Orient, la nation indispensable,
47:29 doit un don d'ubiquité jusqu'à un certain point,
47:32 d'ailleurs ça aussi on le leur dit aussi au Pentagone,
47:34 c'est qu'il y a des limites.
47:36 Alors après ouvrir le deuxième front,
47:40 est-ce que ce qui se passe au Moyen-Orient
47:43 est le résultat d'une pensée délibérée,
47:49 d'un calcul délibéré américain,
47:52 de remettre, de repétarader finalement le Moyen-Orient
47:57 qui était en train de se stabiliser ?
47:59 – Vous allez plus loin que ma question, c'était pas ma question.
48:01 – Ah, c'est-à-dire qu'ouvrir un second front, c'est-à-dire ça ?
48:03 – Pour moi c'était tout simplement l'aide qu'ils sont obligés,
48:09 entre guillemets obligés, de donner à Israël,
48:12 qui permet aux États-Unis aussi de se désengager,
48:14 de dire "bon on ne peut pas être partout,
48:16 là la priorité c'est Israël, l'Ukraine on a déjà beaucoup fait,
48:20 la population américaine est objectivement plus attachée
48:23 à la question israélienne qu'à la question ukrainienne
48:25 puisqu'elle est européenne".
48:26 – Et puis surtout politiquement,
48:28 en termes de gains électoraux, politiques, potentiels,
48:32 dans le cadre d'une élection présidentielle,
48:34 il n'y a pas photo là,
48:36 surtout que les autres sont en échec militaire,
48:40 on l'a caché, on l'a caché, on l'a caché,
48:42 on a fait tout ce qu'on a pu, on a essayé,
48:44 on a expliqué que l'offensive ne marchait pas,
48:46 mais que ça allait marcher, ça ne marche pas.
48:48 – Mais est-ce que c'est pas un autre bourbier la question israélo-palestinienne,
48:51 pour les Américains ?
48:52 – Ah, ça reste à voir, c'est un bourbier en tout cas pour Israël à mon avis,
48:57 et il y a un moment où il va falloir soit avoir des résultats militaires
49:05 véritablement probants, je n'ai pas l'impression que ce soit le cas,
49:10 même si certains disent le contraire,
49:13 et puis surtout, ça a levé une indignation occidentale
49:19 sur le caractère quand même totalement disproportionné
49:23 et punitif et humainement, de mon point de vue indéfendable,
49:29 vis-à-vis des populations civiles palestiniennes,
49:32 qui ne sont pas… il n'y a pas 2 millions de membres du Hamas,
49:37 voilà, c'est pas vrai.
49:39 – Sinon ça serait sans doute rendu compte avant.
49:41 – Oui probablement, donc là il y a un problème moral, politique très lourd,
49:48 y compris pour les États-Unis, puisque même aux États-Unis,
49:51 ça a déclenché quand même un certain nombre d'immenses manifestations,
49:56 d'immenses contestations, d'immenses pressions sur le thème,
49:59 vous ne pouvez pas continuer.
50:01 Et là, l'Amérique a un double discours total.
50:03 – Alors c'est ce que j'allais dire, parce que finalement,
50:06 quand il est public, Joe Biden dit "bon, il faudrait mettre le pied
50:09 sur la pédale de frein parce que c'est une réponse disproportionnée", etc.
50:13 Là on se rappelle que l'Afrique du Sud a porté plainte
50:15 devant la Cour internationale de justice pour génocide contre Israël.
50:19 Très récemment, 2 représentants américains ont fait savoir
50:24 qu'ils allaient faire une évaluation des accords économiques
50:27 avec l'Afrique du Sud, sous-entendu, bon, soit vous la mettez en veilleuse,
50:30 soit sur le plan économique, on va s'occuper de votre cas.
50:33 – Exactement, tout à fait, mais ça c'est business as usual,
50:38 c'est tous les jours comme ça dans plein de pays.
50:41 Mais ce qui est certain, c'est que tant que…
50:45 Là aussi, c'est prendre les gens pour des imbéciles.
50:48 Il y a un moment où vous ne pouvez pas dire sans arrêt,
50:51 les responsables américains "ah non, il faut s'arrêter,
50:53 il y a trop de victimes civiles, il faut que l'aide humanitaire arrive,
50:56 il faut qu'il y ait un cécile fait, il faut que ça".
50:58 Et puis derrière, continuer à fournir les armes,
51:01 à autoriser Israël à se servir dans les stocks qui sont dans la région autour, etc.
51:08 Ça devient très difficilement défendable, parce que quel est l'objectif politique ?
51:16 Tout en prétendant éviter, et à mon avis en ayant intérêt malgré tout,
51:21 à éviter une déflagration totale, et ça tout le monde y a intérêt,
51:24 toutes les grandes puissances y ont intérêt, que ce soit la Russie,
51:27 que ce soit l'Amérique, que ce soit même la Chine de loin, et que ce soit l'Iran.
51:32 – Comment vous expliquer que Vladimir Poutine et Tucker Carlson,
51:35 puisque bien entendu ils ont dû se mettre d'accord
51:37 sur le type de questions à évoquer pendant cet entretien,
51:39 n'aient pas du tout, du tout, du tout évoqué la question israélo-palestinienne,
51:44 parce que, je fais l'avocat du diable, mais quelque part,
51:48 Vladimir Poutine aurait pu utiliser le conflit israélo-palestinien
51:52 en montrant l'indignation aux géométries variables par exemple.
51:56 En disant "bon là vous ne dites rien, et pour l'Ukraine, etc."
52:01 – Oui mais lui son objectif c'est de s'entendre avec l'Amérique,
52:05 c'est d'avoir des interlocuteurs américains de bon niveau
52:11 et qui fassent évoluer la situation.
52:14 – Notamment Donald Trump.
52:16 – En l'espèce Donald Trump, donc il n'a pas intérêt
52:20 à leur mettre le doigt sur leurs incohérences.
52:24 Le sujet c'est la sécurité en Europe, c'est ce conflit
52:28 dans lequel lui aussi il perd des hommes, ça coûte cher, c'est lourd,
52:32 ce n'est pas une promenade de santé tout ça.
52:35 Et il l'a dit dans l'interview, nous sommes prêts à des pourparlers,
52:40 mais pas des pourparlers sur un nuage bleu au pays de Oui-Oui,
52:43 des pourparlers sur la base du réel, de ce qui s'est passé,
52:48 de ce qui ne s'est pas passé, et de nos intérêts sécuritaires, bien compris.
52:53 – Respectifs.
52:55 Donc je pense qu'effectivement c'est très remarquable,
52:59 dans cette interview, il n'y a pas un mot sur le Moyen-Orient,
53:02 parce que… – Il n'y a pas un mot de Trump justement.
53:05 – Non mais parce que ce n'est pas le bon…
53:07 Si vous voulez il y a plusieurs objectifs, c'est stratégique, tactique, enfin voilà.
53:10 Donc là stratégiquement, pour Poutine, c'est l'expression d'une volonté
53:18 d'avoir des interlocuteurs sérieux avec lesquels on peut rediscuter
53:22 de problèmes sérieux et concrets, la sécurité européenne, voilà.
53:27 Donc il ne va pas aller aborder un sujet, parce que le jour où,
53:33 si Donald Trump revenait au pouvoir, et que l'un et l'autre reprenaient langue
53:41 et trouvaient un accord et une stabilisation sur ce front-là,
53:45 bien sûr, comme tout est lié en géopolitique,
53:48 il faudra aussi s'intéresser à ce qui se passe au Moyen-Orient.
53:51 Et là, la Russie a aussi des intérêts importants,
53:54 et d'ailleurs au-delà du Moyen-Orient, mais en tout cas importants,
53:57 notamment son alliance, mais qui est compliquée,
54:01 qui n'est pas une alliance, ce n'est pas deux pigeonneaux
54:05 qui s'aiment la mort tendre, entre l'Iran et elle.
54:10 Et ça, ça inquiète aussi l'Iran, bien sûr, ça inquiète,
54:14 cette perspective inquiète l'Iran, parce qu'on sait que les positions de Trump,
54:18 même s'il s'était opposé à des frappes quand il était président, etc.,
54:22 donc il a été beaucoup plus calme que tous les autres,
54:26 à vrai dire, vis-à-vis de l'Iran, en termes militaires,
54:29 mais il est quand même sorti de l'accord nucléaire,
54:33 il a aussi fait des choses dommageables pour la stabilité régionale, à mon avis,
54:37 mais il aura des gages à donner, notamment à Israël,
54:43 donc ça va être une chose compliquée le Moyen-Orient,
54:46 donc ce n'est pas le moment d'en parler, on a déjà un problème à régler en Europe.
54:50 Toute dernière question, Caroline Galactéros,
54:52 quand j'ai préparé cette émission, quand j'ai préparé ces vidéos
54:55 qui vous ont beaucoup plu, je l'ai vue, je me suis dit, finalement,
54:58 comment la vision géopolitique dans le camp souverainiste, patriote, gaulliste,
55:04 etc., peut-elle être tellement différente des autres,
55:09 de ceux qui nous gouvernent, de ceux qu'on vient d'entendre dans ces vidéos,
55:13 comment on en arrive à des conclusions et à une lecture de notre monde aussi différente ?
55:19 C'est une très bonne question.
55:21 Alors, je ne prétends pas représenter le camp patriote, souverainiste, etc.
55:27 C'est très large, mais…
55:28 Voilà, une pensée d'inspiration gaullienne, clairement,
55:31 le courant réaliste en géopolitique, sans doute, enfin j'espère,
55:35 mais la grande différence, c'est juste qu'on part du réel,
55:42 c'est ça la pensée gaullienne, c'est partir des faits, partir des faits.
55:46 Ça ne veut pas dire qu'on n'a pas d'idéaux, qu'on n'a pas d'envie,
55:49 qu'on n'a pas d'ambition, au contraire, mais on part du réel.
55:52 Donc on est connecté, et c'est tout le sujet du souverainisme aussi,
55:57 on est connecté au peuple, on est connecté aux intérêts…
56:01 – De la nation.
56:02 – De la nation et de sa population, et de son peuple.
56:05 – Mais alors ils sont connectés à quoi, les autres ?
56:07 – Je ne sais pas, je ne sais pas, ils sont connectés à des…
56:11 – Et à quels intérêts ?
56:12 – À des abstractions, à des… moi ce que j'appelle des défauts,
56:16 que ce soit l'Europe, que ce soit l'Amérique,
56:20 c'est-à-dire que c'est jamais nous en fait, c'est jamais nous,
56:23 c'est toujours les autres, avec les autres, pour les autres, contre les autres,
56:26 c'est une vision complètement dogmatique et idéologique du monde
56:31 qui ne peut produire que de l'inefficacité,
56:36 ça ne peut produire que de l'impuissance, c'est ça moi qui me frappe,
56:40 c'est-à-dire que personne à un moment donné dit "mais en fait on n'arrive à rien,
56:43 il faut peut-être qu'on regarde le monde tel qu'il est".
56:49 Oui, ça ne correspond pas à nos rêves, oui c'est sûr,
56:53 toute la vie est comme ça malheureusement,
56:55 rien ne correspond jamais vraiment totalement à nos rêves.
56:59 Voilà, donc c'est ça le grand divorce, c'est un divorce en fait de…
57:04 – Divorce avec le réel finalement.
57:05 – Oui, divorce du réel, déconnexion totale,
57:08 et à partir de là, on part en live, on part dans des utopies
57:12 et on est extrêmement vulnérables et fragiles à tous les intérêts extérieurs,
57:16 à toutes les instrumentalisations, à tout,
57:19 parce qu'en fait on a quitté le sol, on a quitté le sol.
57:24 – Espérons qu'on revienne sur Terre alors.
57:27 – Oui, je le souhaite de tout cœur et je le souhaite vraiment
57:30 pour mes concitoyens aujourd'hui, pour leur sécurité
57:33 et pour celle des Européens, je suis aussi une Européenne moi.
57:36 – Merci beaucoup Caroline Galactéro, je rappelle à nos téléspectateurs
57:39 bien sûr qu'ils peuvent vous retrouver sur votre nouvelle chaîne sur YouTube,
57:43 chaîne "Paix et Guerre", j'espère que cette émission vous a plu,
57:47 en tout cas je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour une nouvelle.
57:50 En attendant, si vous ne l'avez pas déjà fait,
57:52 pensez à écrire vos commentaires juste en dessous, j'y réponds à chaque fois.
57:55 Pensez également à partager cette émission
57:57 et bien entendu à cliquer sur le fameux pouce en l'air pour le référencement.
58:00 Portez-vous bien, en attendant et à la semaine prochaine, à bientôt.
58:03 [Musique]
58:16 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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