Crise de l'immobilier : RTL reçoit Loïc Cantin, le président de la FNAIM.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin du 12 février 2024 avec Olivier Boy et Marina Giraudeau.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin du 12 février 2024 avec Olivier Boy et Marina Giraudeau.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL
00:06 Les trois questions du petit matin.
00:08 L'invité d'RTL Petit Matin est Loïc Quentin, président de la FNAIM. Bonjour monsieur.
00:12 Bonjour.
00:13 Donc vous êtes, je le rappelle, le premier syndicat des professionnels de l'immobilier.
00:17 On parle ce matin sur RTL d'un secteur qui est en pleine crise.
00:21 Je rappelais ce chiffre juste avant de vous recevoir.
00:23 Des transactions en baisse de plus de 20% l'année dernière.
00:26 Ça veut dire un secteur qui se porte comment aujourd'hui ?
00:30 Des conséquences concrètes dans vos agences, dans les agences que vous représentez ?
00:33 Le secteur du logement est en difficulté.
00:35 Je dirais que c'est tous les intervenants, pas uniquement les agents immobiliers.
00:37 Je dirais que c'est même une crise du logement qui est partagée par tous les secteurs et par tous les Français.
00:42 2023, bien évidemment, a sonné le glas d'une série, je dirais, de succès.
00:47 On avait trois, quatre années de volume ininterrompu, toujours à la hausse.
00:51 Et on a chuté de 22% réellement en 2023.
00:54 On partait d'un million deux cent mille transactions pour atterrir à 865 000 transactions que l'on estime à la fin 2023.
01:00 C'est dire la brutalité de la crise qui était déjà annoncée,
01:03 mais aujourd'hui qui est devenue réalité et avec laquelle il va falloir composer, il va falloir trouver des solutions.
01:08 Dans le journal de 6h à l'instant, on entendait un notaire, vous le disiez vous-même,
01:12 ça n'est pas que les agents immobiliers qui souffrent, ce sont toutes les professions à côté.
01:15 Un notaire qui va être obligé peut-être de licencier.
01:17 Est-ce que c'est le cas dans les agences, notamment que vous représentez ?
01:20 Quand on perd 20% de transactions, ça veut dire qu'on a moins besoin d'agents immobiliers ?
01:25 Ça veut dire que tous les jours on a moins de visites à faire ?
01:27 Ça veut dire ça, évidemment.
01:29 Je crois que la crise a un impact qui est brutal.
01:32 Alors on va corriger certainement des excès avec cette crise.
01:35 On était un peu dans une situation d'anormalité, où les prix avaient flambé, les volumes aussi avaient augmenté.
01:40 On a 900 fermetures en 2023.
01:43 On estime qu'à la fin 2024, nous ne serons pas en dessous, je dis bien difficile à l'estimer, de 1400 fermetures,
01:49 qui était le chiffre de la crise des sopremes en 2009.
01:52 Donc c'est une fermeture qui est annoncée, une réduction.
01:55 Ce n'est pas encore catastrophique, c'est inquiétant,
01:58 mais tous nos cabinets, toutes nos entreprises sont en difficulté,
02:01 et doivent se restructurer, se réorganiser.
02:03 Tout à l'heure, à 7h40, le nouveau ministre du Logement sera l'invité d'Amandine Bégaud sur RTL.
02:11 Qu'est-ce que vous lui demandez à ce nouveau ministre qui prend ses fonctions ?
02:15 Je crois qu'à Guillaume Gasparian, je lui souhaite d'abord tous mes voeux de réussite dans son mandat.
02:19 Je pense que... J'avais dit à Patrice Vergrit qui n'est resté que 6 mois à cette fonction,
02:24 ça sera le 3ème ministre en 18 mois depuis le mandat...
02:27 C'est un problème ça pour vous d'ailleurs ?
02:28 Il faut une stabilité dans la politique du logement pour avoir de la lisibilité,
02:31 parce qu'on ne peut pas continuer comme ça, ce n'est pas possible.
02:34 J'avais dit à Patrice Vergrit, je lui souhaitais d'être magicien, il m'a répondu, je n'ai pas de baguette magique.
02:38 Là, je souhaite à Guillaume Gasparian d'être un grand chef d'orchestre,
02:42 parce qu'il va falloir effectivement conduire l'orchestre, suivre la partition et faire jouer tous les instruments.
02:47 Quand je parle d'instruments, c'est quoi ? C'est à la fois un secteur social qui est en difficulté,
02:52 à la fois sur le locatif social, le locatif privé, un secteur privé qui est en difficulté au niveau de l'accession à la propriété,
02:59 les jeunes ne peuvent plus accéder à la propriété, voire ne peuvent même plus louer un logement,
03:02 il y a des étudiants qui refusent de poursuivre des études sur la ville de Paris parce qu'ils n'avaient pas de logement,
03:06 une construction neuve qui est en berne, et en plus de cela on demande de plus en plus d'efforts aux français,
03:11 une fiscalité de plus en plus élevée, et en même temps des constructions qui s'effondrent.
03:15 Voilà la quadrature du cercle qu'il va falloir composer avec tout ça.
03:17 - Alors parlons d'un critère dont on parle le plus peut-être, ce sont les taux d'intérêt qui ont flambé,
03:23 qui ont été multipliés par trois en à peine deux ou trois ans.
03:26 Est-ce que c'est ça le principal problème qui fait qu'il y a moins de français qui peuvent acheter,
03:31 donc moins de gens qui vendent parce qu'ils ne veulent pas baisser les prix ?
03:34 Est-ce que c'est ça qui bloque tout le secteur ?
03:36 - Non, je voudrais dire que la crise est beaucoup plus grave.
03:37 Si avec les taux d'intérêt on pourrait effectivement s'en sortir,
03:39 parce que les taux d'intérêt c'est un impact, c'est un détonateur sur l'instant,
03:43 mais ça va pouvoir se résorber. Mais simplement la crise est beaucoup plus profonde, elle trouve ses racines.
03:47 C'est pas uniquement le gouvernement de M. Macron qui est en cause.
03:50 Je dirais ces 30 ans d'absence totale de politique du logement,
03:53 et d'orientation et de soutien à une demande, et notamment des ménages,
03:55 et d'absence de compréhension et d'analyse économique.
03:58 Moi je demande à ceux qui... - Comment on les aide les ménages ?
04:00 - Les ménages, d'abord il faut avoir des priorités quand on mène une politique du logement.
04:03 Priorité c'est d'abord aider ceux qui sont les plus faibles.
04:06 Aujourd'hui c'est plutôt, je dirais, le logement qui est un facteur d'exclusion.
04:12 Précédemment c'était le travail. Mais il faut rétablir un juste droit à avoir un logement.
04:17 L'abbé Pierre disait "Gouverner c'est d'abord loger son peuple".
04:20 Et il avait raison, et je crois que c'est une des priorités.
04:22 Et ce n'est pas "Devrer un secteur pour un autre", c'est d'abord,
04:25 notamment répondre à la légitimité d'avoir un toit au-dessus de sa tête.
04:28 - Donc il faut construire plus de logements ?
04:30 - Il faut bien évidemment construire plus, mais aussi, je dirais, il va falloir faire des choix.
04:35 Des choix budgétaires que nous n'avons plus.
04:37 Les 12 milliards d'euros qui sont réclamés par Bruno Le Maire, malheureusement,
04:40 ne permettront pas d'accompagner des secteurs qui sont en souffrance et qui en ont besoin.
04:44 Je ne parle pas du secteur des transactions dans l'existant.
04:46 Une crise a toujours effectivement des vertus,
04:48 notamment pour pouvoir permettre une réorganisation.
04:51 Les prix dans l'ancien pourront baisser, dans le neuf c'est impossible.
04:53 Il faut revoir le coût de la construction du neuf,
04:55 et avoir une vraie politique territoriale, notamment d'établissement de ces logements.
05:00 - Et alors vous faites partie des secteurs, on entend "il faut moins de normes".
05:03 Ça c'est le mot qu'on entend sans arrêt.
05:05 Ça veut dire quoi "moins de normes" ?
05:06 D'ailleurs vous êtes pour "moins de normes" dans le secteur,
05:08 et ça veut dire quoi "moins de normes" dans le secteur du logement ?
05:10 - Je crois qu'il faut être pragmatique quand on affiche des normes,
05:12 et qu'elles soient réalisables.
05:13 Moi je pense par exemple sur la rénovation énergétique,
05:16 par les syndicats de copropriété,
05:17 si le planning qu'on nous impose est intenable, n'est pas soutenable,
05:20 on n'a même pas les entreprises pour le faire.
05:22 S'il fallait rénover énergétiquement ce pays,
05:25 à partir des entreprises qui existent dans le secteur entretien du bâtiment,
05:28 il faudrait multiplier par deux le chiffre d'affaires.
05:30 Ça veut dire multiplier par deux les effectifs.
05:31 - Donc il faut être moins exigeant sur les normes écologiques des appartements,
05:35 et dans l'ancien notamment ?
05:36 - Il faut être strict, il faut rénover énergétiquement,
05:38 mais une loi mérite bien évidemment une étude d'un bac
05:41 qui n'a pas été conduite comme elle aurait dû être réalisée à ce moment-là,
05:44 c'est ce que l'on reproche,
05:45 et aujourd'hui on est devant le fait accompli,
05:46 il faut réformer par petites mesurettes,
05:48 à chaque fois c'est de la pommade que l'on passe,
05:51 et à chaque fois c'est du rafistolage, du raccommodage,
05:53 c'est insoutenable, il faut revoir la politique du logement sur tout son logiciel.
05:57 - Donc rappelez-nous un dernier mot,
05:58 qu'est-ce que vous dites au nouveau ministre du Logement,
06:01 Guillaume Casmarian ?
06:02 - Je lui souhaite tous mes voeux,
06:03 et je lui souhaite avant tout d'être un grand chef d'orchestre,
06:05 il va falloir jouer cette partition qui n'est pas simple.
06:08 - Merci beaucoup Loïc Quentin d'avoir été sur RTL avec nous ce matin,
06:11 je rappelle que vous êtes le président de la FNAIM,
06:14 qui est le premier syndicat des professionnels de l'immobilier,
06:16 je vous souhaite une très bonne journée, à bientôt sur RTL.
06:19 Retrouvez cette interview sur RTL.fr
06:22 [Générique de fin]