Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, était l'invité de BFMTV ce dimanche soir pour parler de la situation et des revendications des agriculteurs.
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00:00 Bonsoir Arnaud Rousseau.
00:01 Bonsoir Benjamin Nuelle.
00:02 Merci beaucoup d'être avec nous ce soir.
00:04 Je rappelle que vous êtes président de la FNSEA,
00:06 le premier syndicat agricole,
00:08 et qu'il y a encore quelques jours,
00:09 vous étiez l'une des figures de la mobilisation des agriculteurs.
00:13 Si vous êtes avec nous ce soir, c'est pour pousser un coup de gueule.
00:18 Ce que vous nous avez dit,
00:20 ce que vous dites aussi dans Le Parisien ce matin,
00:22 c'est qu'à deux semaines du Salon de l'Agriculture,
00:24 les choses n'avancent pas,
00:25 les annonces du gouvernement ne sont pas suivies des faits.
00:28 C'est ça ?
00:29 Oui, c'est ce qu'on a dit.
00:30 On a dit qu'on n'était pas dans le bon tempo.
00:31 Alors je sais qu'il y a des réunions qui s'opèrent entre différents services.
00:35 Je sais qu'on a des réunions en préfecture qui se passent globalement bien.
00:39 Mais au moment où je vous parle,
00:40 moi depuis dix jours, je n'ai pas vu le ministre de l'Agriculture,
00:43 je n'ai pas vu le Premier ministre,
00:44 et je le redis, on n'est pas dans le bon tempo.
00:46 Vous savez, on a dit le Salon de l'Agriculture,
00:49 ça doit être un moment finalement où on accueille l'ensemble du public
00:52 pour parler de notre métier.
00:53 Et nous les annonces, on les veut avant le Salon de l'Agriculture,
00:56 ou en tous les cas, le démarrage,
00:57 parce qu'on est conscient qu'il y a un certain nombre de sujets
00:59 qui prendront du temps.
01:00 Mais par exemple, quand sur le plan élevage,
01:02 le Premier ministre dit "on va le mettre en route avant le Salon",
01:04 et qu'au moment où je vous parle,
01:05 il n'y a pas eu le début du commencement d'une réunion,
01:07 ni même d'un coup de fil,
01:08 oui, ça nous inquiète.
01:09 Et donc voilà, ce soir, l'idée c'est de dire "il faut s'y mettre,
01:13 il faut s'y mettre maintenant,
01:14 parce qu'on ne peut pas attendre le Salon de l'Agriculture
01:16 pour voir si finalement, oui ou non, ça va aller".
01:18 Et comment est-ce que vous expliquez le fait, vous dites,
01:21 j'ai appelé le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau,
01:24 qu'est-ce qu'il vous dit ? Pourquoi ça traîne, selon vous ?
01:26 Écoutez, je ne sais pas, moi je ne suis pas responsable de l'appareil d'État.
01:29 Le ministre me dit "on travaille, on travaille",
01:30 je vous dis, je l'ai eu une fois en fin de semaine pour lui dire
01:32 que je m'inquiétais de ne pas être contacté,
01:35 de ne pas avoir de retour, de ne pas avoir de point
01:38 sur les différents événements.
01:39 On a dit qu'on suspendait le mouvement
01:41 parce qu'il fallait qu'on travaille.
01:43 Encore une fois, il y a eu des réunions décentralisées
01:45 dans les préfectures.
01:46 Et vous savez, quand on parle du cadre de la loi,
01:49 rapidement, le sujet est national.
01:51 Donc le sujet, c'est d'abord à Paris qu'il faut le traiter.
01:53 Et moi, je trouve que sur le suivi, on est un peu léger
01:55 au moment où on se parle.
01:57 Je comprends que les choses vont changer la semaine prochaine
01:59 puisque j'ai été convoqué à un rendez-vous
02:01 chez le Premier ministre mardi.
02:02 Donc j'imagine qu'à ce moment-là...
02:03 Donc il y a des contacts ?
02:04 Oui, mais enfin, encore une fois, des contacts,
02:06 il y en a tout le temps.
02:08 Mais des contacts, c'est sympathique.
02:09 Moi, je redis que ce qui nous intéresse,
02:11 c'est qu'on commence à voir la trame de ce que vont être
02:13 les décisions concrètes qui vont changer la vie des agriculteurs.
02:16 Un exemple, le ministre M.Béchu est allé dans le Nord-Pas-de-Calais
02:20 avec le Premier ministre jeudi, où il y avait de fortes attentes
02:22 sur le curage des fossés.
02:24 Eh bien moi, ce que me disent les agriculteurs du Pas-de-Calais,
02:26 c'est qu'aujourd'hui, on n'y est pas.
02:27 Et que quand on a un décret qui a été pris pour pouvoir limiter
02:32 le temps de demande administrative,
02:34 pour autant, quand les grues arrivent,
02:35 le travail n'est pas complètement fait.
02:37 Et donc, pour que les choses soient très claires à Arnaud Rousseau,
02:39 vous nous dites, dix jours après la fin des blocages
02:41 et les dernières annonces, on se souvient de cette conférence
02:43 de presse du Premier ministre et de cette prise de parole
02:46 du président de la République au Conseil européen,
02:49 vous nous dites, il y a des promesses qui, en l'état, ne sont pas tenues.
02:53 Je ne sais pas si elles ne seront pas tenues.
02:54 Encore une fois, moi, ce qui m'inquiète,
02:55 c'est de ne pas avoir de nouvelles depuis dix jours.
02:57 Vous voyez, moi, je vais attendre ce que sont les décisions.
03:00 J'ai compris qu'ils travaillaient.
03:02 Moi, ce qui m'inquiète, c'est qu'au moment où je vous parle,
03:04 je n'ai pas eu de contact depuis dix jours.
03:06 Ça ne me paraît pas être la bonne manière de suivre les sujets.
03:09 Et encore une fois, peut-être que mardi, je vais vous dire autre chose,
03:11 mais au moment où je vous parle, on ne sait pas à quel rythme s'avance.
03:14 Et je le dis, on n'est pas dans le bon tempo.
03:16 On n'est pas dans le bon tempo sur le plan élevage.
03:18 On n'est pas dans le bon tempo sur les compensations environnementales.
03:21 On n'est pas dans le bon tempo.
03:22 Donc, il y a des réunions qui vont encore se tenir toute cette semaine,
03:25 notamment demain, une réunion importante autour du plan éco-phyto.
03:28 Mais au moment où je vous parle, le tempo ne nous semble pas le bon.
03:31 Très concrètement, qu'est-ce que vous allez dire à Gabriel Attal
03:34 que vous voyez donc en début de semaine ?
03:36 Vous savez quand est-ce que vous le voyez ? Mardi, c'est ça ?
03:37 Aujourd'hui, le rendez-vous est prévu mardi dans l'après-midi à une heure à définir.
03:41 Mais vous savez, moi, je vais être comme tous mes collègues,
03:43 je vais arriver avec la liste de course qui est ni plus ni moins
03:46 ce que sont les engagements du Premier ministre.
03:48 Et puis, on va prendre les points les uns après les autres
03:52 et on va regarder où on en est.
03:54 Moi, l'engagement que j'ai pris vis-à-vis de l'ensemble des adhérents de la FNSEA
03:59 avec nos collègues des jeunes agriculteurs,
04:00 c'est de dire qu'on veut des décisions concrètes qui se voient sur les exploitations.
04:04 Donc, on comprend encore une fois que concernant la loi, par exemple,
04:08 on a besoin d'un peu de délai.
04:09 Oui, parce que certains, ceux qui nous regardent, peuvent se dire
04:11 "Attendez, ça fait dix jours que les blocages ont été levés,
04:14 que les annonces ont été faites, dix jours, ce n'est pas grand-chose".
04:17 Oui, mais ce n'est pas grand-chose.
04:19 Est-ce que ce n'est pas simplement peut-être les lourdeurs de l'appareil d'État ?
04:22 Mais est-ce qu'il y a vraiment une volonté de ne pas mettre en œuvre
04:26 ce qui a été promis par le gouvernement ?
04:28 Mais c'est ça qui nous inquiète.
04:29 Vous voyez, vous parlez vous-même des lourdeurs de l'appareil d'État.
04:31 Encore une fois, chacun fait son travail là où il a à le faire.
04:35 Il y avait une réunion importante à Bruxelles, vendredi après-midi,
04:38 sur laquelle nous attendions des décisions.
04:40 Finalement, les États membres ne se sont pas mis d'accord,
04:43 notamment concernant les fameux 4% de Jachère,
04:46 qui sont un vrai leitmotiv de mécontentement des agriculteurs.
04:50 Qu'est-ce qu'on fait ?
04:51 Sur le prix, sur la grande distribution,
04:53 on attend aussi un certain nombre d'engagement des grands distributeurs.
04:56 Ça, on voudrait que ce soit possible avant le Salon de l'agriculture.
04:59 Il y a l'un d'entre eux, Lidl, pour ne pas le citer,
05:01 qui a fait une proposition.
05:02 Est-ce qu'elle est reprise ? Comment on fait ?
05:04 Je comprends qu'il faille un peu de temps.
05:06 On l'a dit nous-mêmes.
05:07 Vous avez le sentiment d'être un peu baladé par le gouvernement ?
05:10 On se souvient, vous aviez été très critique
05:13 à l'égard de la première prise de parole de Gabriel Attal,
05:15 avec la botte de foin.
05:16 Vous aviez dit au fond, il a voulu faire un coup de com' sur notre dos,
05:19 en allant auprès de Jérôme Bale sur le premier blocage à Ackermann.
05:22 Est-ce que vous avez l'impression d'être baladé par le gouvernement ?
05:24 C'est pour ça que vous voyez, je suis ce soir chez vous.
05:26 C'est pour dire, je pense que personne n'a intérêt à nous balader, personne.
05:30 Parce qu'on l'a dit, s'il n'y a pas de rendez-vous à la fin, on reviendra.
05:34 On l'avait dit très clairement au début.
05:35 On est à mi-parcours.
05:36 Vous voyez, on a suspendu il y a dix jours.
05:38 Dans douze jours, c'est le début du Salon de l'agriculture.
05:40 Or, je vous l'ai dit, depuis dix jours, pas de rencontre ministérielle,
05:44 pas de point de suivi du travail.
05:46 Certes, et là, je reconnais que, encore une fois,
05:48 dans les préfectures, les services se parlent.
05:51 Mais moi, je suis quand même comptable de rendre aussi des comptes
05:54 aux gens qui nous ont mandatés.
05:55 Et je dis que là, on a un problème de tempo.
05:58 On attendra la fin pour dire si c'est bien ou si ce n'est pas bien.
06:02 Mais je vous l'ai dit, sur un certain nombre de sujets très concrets,
06:04 tels que je vous l'ai dit, quand il n'y a pas de réunion de programmé,
06:06 quand il n'y a pas le coup de fil passé, oui, ça nous inquiète.
06:08 Maintenant, on va attendre le salon.
06:10 C'est un avertissement que vous lancez au gouvernement.
06:11 Un avertissement, encore une fois, tout le monde agit en responsabilité.
06:14 Moi, je l'ai dit, on a pris nos responsabilités quand il s'agit
06:18 de dire qu'on transformait l'action.
06:21 Mais moi, je ne vais pas attendre le Salon de l'agriculture
06:22 pour finalement découvrir que le compte n'y est pas.
06:24 Donc, mon rôle à mi-chemin, c'est de dire là, on n'est pas dans le bon tempo.
06:29 Et le rendez-vous des 12 prochains jours, c'est un rendez-vous
06:32 où toutes les 48 heures, il nous faut un point d'étape
06:35 pour qu'on puisse marquer les étapes et rendre compte
06:37 et dire quand ça va dans le bon sens et dire ce qui ne va pas.
06:39 Pour que les choses soient très claires,
06:40 vous évoquiez le fait que les blocages avaient été élevés il y a dix jours.
06:44 Est-ce que vous nous dites là, les agriculteurs,
06:46 ceux que vous représentez à la tête de la FNSEA,
06:48 sont prêts à se remobiliser, à de nouveau bloquer certains axes
06:54 si le compte n'y est pas ?
06:54 Est-ce que là, les tracteurs sont prêts à ressortir des fermes ?
06:59 Dès cette semaine, dans un certain nombre de départements,
07:02 à l'initiative des départements, il va y avoir à nouveau des actions
07:05 qui seront plutôt tournées vers la grande distribution
07:09 pour les relever de prix, pour voir si le fameux message
07:11 qui a été porté dans le cadre des lois EGalim,
07:13 qui consiste à dire on protège la matière première agricole,
07:15 si ça, c'est bien respecté.
07:17 Donc, dès cette semaine, il va déjà y avoir un certain nombre de mouvements.
07:20 Et puis effectivement, si au moment du salon, on n'avait rien
07:24 ou en tous les cas des résultats qui ne sont pas à la hauteur des espérances,
07:26 on l'a dit depuis le début et tout le monde a été très au clair.
07:29 Donc, de ce point de vue-là...
07:30 Vous sentez la base prête à se remobiliser ?
07:33 Mais bien sûr, tout le monde attend des décisions.
07:35 Encore une fois, cette action agricole,
07:38 elle n'a pas d'équivalent depuis 1992.
07:40 Ce qui s'est passé là n'a pas d'équivalent...
07:41 Et la colère n'a pas disparu ?
07:44 Non, elle est toujours vive.
07:45 Les gens attendent des résultats concrets
07:47 et pour un certain nombre d'entre eux, ont du mal à y croire.
07:49 Donc, il faut donner des signes très concrets, rapidement,
07:52 de la qualité du travail et du compte rendu du travail.
07:54 Et puis ensuite, viendront le temps des annonces,
07:56 mais ça, ce sera dans 12 jours.
07:57 Mais là, il me semble important que dès maintenant,
07:59 on puisse voir à peu près où est la zone d'étarissage,
08:01 pour autant qu'il y en ait une.
08:02 En l'état, si les choses restaient telles quelles,
08:05 ce que vous nous dites, c'est que le déplacement du président de la République
08:08 à l'ouverture du Salon de l'Agriculture, le 24 février,
08:10 ça risque de mal se passer, il risque d'être mal accueilli ?
08:13 Écoutez, il reste 12 jours, que tout le monde fasse son travail.
08:15 Nous, on a mis des propositions très concrètes sur la table.
08:17 Que les annonces se passent, personne n'imagine que ça puisse mal se passer.
08:20 Mais si, encore une fois, on se moquait de nous,
08:22 évidemment, ça ne pourrait pas se passer dans les conditions classiques
08:25 de l'accueil du président de la République,
08:27 le premier samedi d'ouverture du Salon.
08:29 C'est-à-dire ? Pas les conditions classiques ?
08:30 Écoutez, d'habitude, il est accueilli, il y a toujours un point d'étape.
08:33 Et puis ensuite, le Salon se déroule avec un certain nombre de commentaires.
08:36 Si là, les gens considéraient que ce qu'il leur est proposé
08:38 n'est absolument pas au rendez-vous,
08:40 évidemment, les choses ne pourraient pas se passer de la sorte.
08:41 Mais encore une fois, il y a 12 jours pour travailler.
08:43 Nous, on dit qu'il faut accélérer le tempo.
08:45 On est là pour travailler et on fera les comptes à la veille du Salon.
08:48 Mais nous, on veut d'abord des points d'étape avant le Salon.
08:51 Merci beaucoup, Arnaud Rousseau.
08:52 Je rappelle que vous êtes président de la FNSEA
08:54 et que vous verrez donc le Premier ministre Gabriel Attal.
08:57 Ce sera mardi.