Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, était l'invité du Face à Face sur RMC et BFMTV.
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00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Arnaud Rousseau, merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:08Vous êtes le président de la FNSEA, le premier syndicat agricole dans ce moment de gouvernement introuvable.
00:15Vous nous direz ce que vous demandez éventuellement ou en tout cas sur quoi vous alertez le Premier ministre.
00:21Mais il y a un an, quasiment jour pour jour, c'était les prémices de la crise agricole,
00:26une colère qui a fini par paralyser tout le pays.
00:30Et ce matin, Arnaud Rousseau, est-ce que vous pouvez nous dire dans quel état d'esprit sont les agriculteurs ?
00:36Eh bien écoutez, ils sont avec le constat que depuis un an et vous savez les panneaux retournés dans nos villages,
00:41on marche sur la tête, le changement de logiciel qu'on avait demandé n'est pas au rendez-vous.
00:46D'abord parce qu'un certain nombre de promesses qui ont été faites depuis le mois de janvier,
00:49les manifestations, la volonté de porter cette souveraineté alimentaire européenne,
00:55on n'a pas eu les réponses attendues.
00:57Par ailleurs, l'été a été extrêmement difficile sur le plan des productions,
01:02plus faibles récoltes de blé depuis 40 ans,
01:05les vendanges qui ont lieu en ce moment sont mauvaises, près de 20% en diminution.
01:10Le secteur de l'élevage fait face à des crises sanitaires sans précédent,
01:14que ce soit la fièvre cataralovine, que ce soit la maladie hémorragique épisodique,
01:18le retour de la grippe aviaire.
01:20Et vous ajoutez à cela une forme d'inconnu quant à la situation politique confuse
01:25qu'on connaît maintenant depuis quelques mois en France.
01:27Ce cocktail, il est explosif à Pauline de Malaire,
01:29parce que les agriculteurs ont l'impression qu'on n'a pas entendu ce qu'ils avaient à dire
01:32et que leur colère n'a pas eu de réponse.
01:34Quand vous dites cocktail explosif, ce qu'il faut comprendre,
01:37c'est que même cause, même effet, cette colère pourrait à nouveau se traduire
01:42par un mouvement d'agriculteurs qui paralysent le pays,
01:45qui traversent la France sur leur tracteur et viennent bloquer Paris ?
01:51Oui, vous savez, les mêmes causes produisent les mêmes effets,
01:54avec un effet démultiplicateur, c'est le sentiment d'avoir été floué.
01:57Nous l'avions dit, ce qu'on voulait, c'était des réponses concrètes
02:00et que la parole donnée se transforme en actes concrets.
02:03Le sentiment, c'est qu'on nous a fait beaucoup de promesses
02:05et que depuis le 9 juin et la dissolution de l'Assemblée nationale,
02:08finalement, une grande partie de ces promesses ne sont pas tenues.
02:11Je vous donne quelques exemples.
02:12Allez-y.
02:13Vous avez dit, à l'été, vous n'aurez plus qu'un contrôle administratif unique.
02:16Vous savez, en agriculture, c'est 35 à 40 contrôles administratifs différents.
02:19On se souvient des fiches, de tous ces formulaires que vous êtes obligés de remplir,
02:24des 32 justifications pour tailler une haie.
02:27Ça s'est quand même amélioré ?
02:29Il y a quelques mesures qui ont été mises en place,
02:31notamment une concernant le gasoil non routier,
02:33avec la possibilité d'obtenir directement, quand vous achetez un litre,
02:36la remise et puis d'éviter d'avoir des papiers.
02:39Donc, il y a quelques sujets qui ont avancé,
02:41notamment aussi quelques décrets.
02:43Mais vous savez, le fondement, la loi,
02:45cette loi d'orientation agricole dont on nous parle depuis maintenant près de deux ans,
02:49qui a été suspendue après une première lecture à l'Assemblée nationale,
02:52nous l'attendons toujours.
02:53Nous avions dit qu'elle n'était pas complète,
02:55notamment sur les mesures fiscales.
02:57On attend que le projet de loi de finances, dont on voit bien qu'il prend du retard,
03:00et ça nous inquiète aussi, va être un gros sujet.
03:03Pour nous, ce qu'il faut, c'est des réponses concrètes.
03:05Et quand vous n'avez pas de réponse sur le plan structurel,
03:07ou pas suffisamment de réponses,
03:09quand vous n'avez pas, sur le plan conjoncturel, de vision,
03:12et je vous ai expliqué ce qu'était la situation de l'été,
03:15et qu'en plus, vous n'avez pas de ministre depuis près de deux mois,
03:18ou un ministre démissionnaire qui expédie les affaires courantes,
03:20évidemment, c'est source de grande inquiétude.
03:22Sur cette question en particulier,
03:24qui est une de celles qui rendait le quotidien des agriculteurs impossible,
03:28la part d'administratifs, la part de justifications, la part de normes,
03:32est-ce que malgré tout, les promesses ont été suivies de fait ?
03:36Est-ce qu'il y a des transformations concrètes ?
03:38Non, Apolline de Malherbe, les transformations ne sont pas concrètes.
03:41Les agriculteurs n'ont pas le sentiment,
03:43mais vous les interrogez tous les jours avec vos reportages,
03:45n'ont pas le sentiment que les choses ont changé.
03:47Là aussi, quelques exemples.
03:49Sur le paiement des aides dues aux agriculteurs,
03:52le Premier ministre s'était engagé à ce que le 15 mars, tout soit payé.
03:56Eh bien, vous voyez, j'ai fait le point hier dans le département de Vendée,
03:59au moment où je vous parle, il y a encore 150 dossiers qui ne sont pas payés.
04:03Ça veut dire 150 agriculteurs qui n'ont pas eu tout ou partie
04:06des promesses qui lui avaient été faites.
04:0815 mars, on est le 15 septembre.
04:10Vous voyez, là encore une fois, on n'a pas le sentiment que ça avance.
04:14La machine administrative n'a pas été rénovée
04:18et le rendez-vous qui avait été pris n'est pas là.
04:22Et donc, les agriculteurs continuent à avoir le sentiment que finalement,
04:25ce qu'ils avaient fait dans la dignité, je voudrais le rappeler quand même,
04:28avec une forme de maîtrise, la mise au travail et les engagements pris
04:33se traduisent par des non-réponses.
04:35Vous savez, quand vous êtes quelqu'un de responsable,
04:37que vous posez les problèmes et qu'on vous fait des engagements
04:40et qu'à la fin, vous avez le sentiment d'être floué,
04:42ça crée beaucoup de frustration et de la colère.
04:44Vous dites, on l'entend, que finalement, la colère est la même,
04:46mais qu'elle est doublée d'un sentiment d'avoir été pris pour des jambons.
04:49Oui, c'est exactement ça.
04:51Il y a le sentiment clairement d'avoir été floué,
04:54pris pour des jambons, si vous voulez.
04:57Même certains sont plus imagés.
04:59Ça finit pareil.
05:01On l'a bien compris.
05:03Ça finit avec beaucoup de frustration
05:05et le sentiment que finalement, dans ce pays,
05:07si on n'utilise pas la violence et une forme de démagogie,
05:09on n'est pas entendu.
05:11Nous, on a toujours été un syndicat responsable.
05:13On l'est tellement que, voyant cette espèce de chien-lit
05:17dans laquelle nous sommes enfoncés,
05:20on a produit à la rentrée un texte de loi en disant finalement…
05:24Il est prêt, c'est-à-dire que…
05:26Il est prêt, il est prêt, il est à la disposition des parlementaires.
05:29Les parlementaires font leur travail, c'est eux qui votent la loi,
05:31donc ce n'est jamais clé en main.
05:33Mais c'est pour montrer que le corps intermédiaire que nous sommes
05:35est responsable et que dans ce moment de grand trouble
05:38et de forte colère, comme je vous l'ai indiqué,
05:40nous, on est une force de proposition et on a dit tout ce qu'on voulait,
05:43à la fois sur ce qui avait été fait et à la fois sur ce qu'on veut dire.
05:45Alors Arnaud Rousseau, il y a effectivement un gouvernement introuvable,
05:49en quelque sorte, mais à la tête de ce futur gouvernement,
05:53il y a Michel Barnier qui lui-même a été ministre de l'Agriculture.
05:56Est-ce que pour vous, ce n'est pas au minimum un bon signal ?
05:59Alors, Michel Barnier a deux qualités,
06:01c'est qu'il a été ministre de l'Agriculture entre 2007 et 2009
06:04et qu'il connaît bien les arcanes européennes
06:06qui sont un sujet central pour l'agriculture.
06:08Et donc, de ce point de vue-là, son CV plaide pour lui.
06:10Mais comme je l'ai indiqué déjà, ce qui compte,
06:13ce n'est pas ce que Michel Barnier a fait dans le passé,
06:15ce qui compte, c'est ce que Michel Barnier,
06:17Premier ministre de la France, va faire dans le mois qui vient.
06:19Est-ce qu'il vous a appelé ?
06:21J'ai eu un rapide échange par message avec lui
06:24pour lui dire, un, que je souhaitais le voir urgemment,
06:26ce à quoi il m'a répondu, qu'il mettait son gouvernement en place
06:29et qu'évidemment, il nous recevrait.
06:31Mais, je le redis, le sujet, c'est que dans le mois qui vient,
06:34face à quelque chose qui est connu et que Michel Barnier connaît,
06:37nous ayons, encore une fois, les réponses.
06:39Ce qui compte, c'est le caractère concret de ce qui va se passer.
06:42Il y a quoi dans le projet de loi que vous proposez ?
06:44On rappelle effectivement que la dissolution avait mis fin
06:48à la loi agricole que vous espériez,
06:50qui a donc été, évidemment, remisée.
06:52Dans ce que vous, vous demandez,
06:54quelles sont les mesures concrètes que vous demandez immédiatement au gouvernement ?
06:57Il y a les mesures autour du sens du métier et de la dignité.
06:59Les retraites agricoles, dont on parle depuis des lustres
07:02et qu'on ne voit toujours pas aboutir.
07:05L'agriculture, reconnue comme d'intérêt général majeur.
07:08Il y a des mesures autour du revenu et de la compétitivité.
07:12Qu'est-ce qui fait, par exemple, qu'on peut, les années difficiles,
07:15comme on est cette année, pouvoir réintégrer une partie de l'argent
07:18qu'on aurait mis de côté pour pouvoir lisser les à-coups de production
07:21parce que nous, nos fermes, sont des entreprises à ciel ouvert
07:24qui dépendent de la météo et on sait ce qu'il en est en ce moment.
07:27On veut aussi des mesures sur la simplification administrative.
07:30Quand vous déposez une autorisation pour agrandir, par exemple,
07:33votre élevage de volailles, aujourd'hui, c'est minimum deux ans.
07:36C'est moins d'un an en Allemagne, c'est encore plus court en Belgique.
07:40Est-ce qu'à un moment, on peut faciliter la vie des entrepreneurs ?
07:43Vous savez, nous, ce qu'on veut, et je crois qu'on est fiers de ça,
07:46c'est continuer à nourrir les Français avec une alimentation de qualité.
07:49Aujourd'hui, on a besoin de faciliter.
07:51Nous, ce qu'on porte, c'est le goût d'entreprendre en agriculture.
07:54Vous avez mentionné cette pire récolte depuis 40 ans pour ce qui est du blé,
07:59des vendanges qui sont aussi extrêmement décevantes pour les vignerons.
08:04Est-ce que là-dessus, les agriculteurs vont être accompagnés ?
08:08Écoutez, c'est trop tôt pour le dire.
08:10On avait demandé aux ministres, notamment,
08:12qu'il puisse y avoir un certain nombre de choses faites à Bruxelles,
08:15sur des fonds de crise.
08:16Je n'oublie pas la fièvre cataralovine.
08:18Aujourd'hui, pour un éleveur, chaque matin, rentrer dans sa bergerie
08:21et voir des animaux étalés, c'est une catastrophe.
08:23Et ce n'est pas maîtrisé.
08:25Soit parce qu'on n'a pas suffisamment de vaccins.
08:27Vous savez, quand vous avez une épisoderie de cette nature,
08:30il nous faut des vaccins.
08:31Il nous faut des vaccins pour traiter le troupeau,
08:34que ce soit la fièvre cataralovine de sérotype 3 au nord de la France,
08:37de sérotype 8 avec un variant, la maladie épisodique hémorragique
08:41qui touche les bovins, le retour de la grippe aviaire.
08:44Pour ces sujets-là, il nous faut rapidement des vaccins.
08:47Vous savez, on a déjà perdu au moment où je vous parle, à Pologne-de-Malherbe,
08:4910% du troupeau ovin, c'est-à-dire des brebis français.
08:55C'est énorme.
08:57Et quand vous n'avez pas les brebis, vous n'avez pas les agneaux.
08:59Mais qu'est-ce qui bloque ?
09:00Ce qui bloque aujourd'hui, c'est l'anticipation,
09:02c'est la capacité rapidement à collecter des vaccins.
09:05Je me réjouis que le ministre démissionnaire, M. Feneau,
09:08ait dit que l'État allait commander massivement des vaccins.
09:11Il faut aller plus vite.
09:12Et puis surtout, il faudra indemniser rapidement.
09:14Parce qu'encore une fois, quand vous avez perdu vos animaux,
09:16comment vous construisez le nouveau cycle d'exploitation ?
09:18Quand vous avez fait une récolte de blé de moins de 40%
09:21ou que vos vendanges font moins de 20%,
09:23il faut construire le cycle d'exploitation.
09:24Donc là, on a besoin de réponses rapides.
09:26Ça, c'est le côté très conjoncturel.
09:28Mais sur le structurel, je le redis, on a aussi besoin d'une vision.
09:32Cette vision, c'est comment on défend notre souveraineté alimentaire française,
09:35comment on continue à produire en France
09:37et comment on évite de continuer à importer une alimentation
09:39qui ne répond pas à nos besoins.
09:40Est-ce qu'il y aura des conséquences sur les prix pour les consommateurs ?
09:43On parle évidemment là des eaux-vins et on parle du blé et on parle du vin.
09:47Est-ce que tout cela aura des conséquences sur aussi les prix ?
09:51Non, pas à ce stade.
09:53Et tant mieux pour le pouvoir d'achat des Français.
09:55En blé, même si on a une récolte de moins de 40%,
09:58vous savez, on en exporte près de la moitié.
10:00Donc que vos auditeurs ne s'inquiètent pas,
10:03si leur boulanger augmente le prix de la baguette,
10:06ce ne sera pas à cause du prix du blé, qui par ailleurs, lui, baisse.
10:10Sur les marchés mondiaux, parce qu'effectivement,
10:13on se souvient d'en avoir beaucoup parlé avec vous
10:15au moment précisément du moment aigu de la crise agricole.
10:19Le prix du blé, le cours du prix du blé,
10:22il est décidé au niveau mondial.
10:24Absolument, ce sera pareil aujourd'hui.
10:27Le prix de l'agneau ne va pas augmenter.
10:30Il est à un prix rémunérateur.
10:32Pour peu que vous ayez des animaux à vendre.
10:34Donc le sujet du pouvoir d'achat, puisqu'on en parle pour nous,
10:37c'est de continuer à construire ce fameux prix en marche avant,
10:40respecter la matière première agricole.
10:42C'est tout le sens des négociations que nous avons
10:44avec les industriels et avec la distribution,
10:46pour faire en sorte que...
10:48C'est quoi le prix en marche avant ?
10:50C'est-à-dire qu'il y avait l'expression prix plancher,
10:53qui finalement n'a pas vraiment été retenu.
10:55Vous aviez peur que ça devienne un prix plafond.
10:57On en est où ?
10:59Alors nous, ce qu'on veut, c'est ni des prix planchers,
11:01ni des prix administrés, parce que comme vous l'indiquez,
11:03le prix plancher devient le prix plafond.
11:06Mais on ne peut pas non plus avoir une économie dérégulée.
11:08On a besoin de construire en marche avant,
11:10à partir des indicateurs de coûts de production interprofessionnels,
11:13notamment dans les productions d'élevage,
11:15celles qui ont bénéficié des lois Egalim, vous vous souvenez,
11:18que le coût de la matière première agricole soit respecté.
11:21Parce qu'un agriculteur qui vend son kilo de viande,
11:24de bœuf ou son litre de lait en dessous de son coût de revient,
11:27il y a un moment, il ne tient pas.
11:29Et ensuite, que les industriels fassent leur négociation
11:31avec la grande distribution,
11:33de sorte qu'on puisse continuer à fournir
11:35une alimentation abordable pour les Français,
11:37sans finalement appuyer sur la tête du maillon de la production.
11:41Et vous parlez à l'instant de cette question des trois maillons.
11:44Quand on va faire ses courses pour acheter de quoi manger,
11:47il y a eu en réalité trois intermédiaires en quelque sorte,
11:50ou disons un producteur, deux intermédiaires.
11:52Il y a le producteur, c'est-à-dire vous les agriculteurs,
11:55il y a le transformateur, celui qu'on appelle l'industriel,
11:58et il y a le distributeur, la plupart du temps, la grande surface.
12:02Les fameuses négociations commerciales, on se souvient,
12:04en réalité, elles ne sont qu'entre les deux derniers,
12:06c'est-à-dire l'industriel et la distribution.
12:09Vous vous demandez aussi à pouvoir vous asseoir
12:11à la table des négociations, au moins pour certaines d'entre elles.
12:14Est-ce que là-dessus vous êtes entendu ?
12:16Eh bien écoutez, c'est effectivement ce qu'on veut.
12:18Alors je précise bien pour les productions
12:20qui sont aujourd'hui sous le cadre de la loi EGalim,
12:22parce qu'il y a un certain nombre de produits,
12:24nous parlions du blé par exemple, ou du colza,
12:26qui sont des marchés mondiaux, qui sont des marchés différents,
12:29mais en tous les cas, protéger la matière première école
12:32dans la construction, c'est important.
12:34Et oui, je vous le confirme, Apolline de Manerbe,
12:36on veut être à la table des négociations.
12:38Mais est-ce qu'on vous entend là-dessus ?
12:39J'ai l'impression que ça fait un an que vous en parlez.
12:41Écoutez, là, on s'est mis autour de la table,
12:44souvenez-vous, il y a un an, on voulait avancer les négociations
12:47entre l'industriel et...
12:49Nous, on ne l'avait pas demandé.
12:51C'était industriel, distributeur, d'avancer de 15 jours.
12:54Ce n'est pas ça qui a bouleversé le monde.
12:56Le sujet pour nous, c'est qu'il y ait une date de clôture
12:59des négociations entre industriel et distributeur,
13:02fin février, mais qu'avant que cette négociation s'ouvre
13:06et qu'elle continuera à le faire,
13:08il puisse y avoir entre les organisations de producteurs
13:10dans les productions sous égalisme essentiellement dans l'élevage,
13:14une négociation entre l'organisation de producteurs
13:16et l'industriel.
13:17Et puis j'ajoute que ça, c'est la grande distribution,
13:20mais on a besoin de le faire aussi pour les marques de distributeurs
13:23et on a besoin de le faire pour tout ce qui est
13:25en dehors de la grande distribution,
13:27qui représente à peu près 45% des volumes alimentaires,
13:30tout ce qui est chez les grossistes.
13:32Qu'est-ce qu'on veut derrière ça ?
13:33On veut garantir qu'on pourra continuer à produire en France.
13:35Et on pense qu'on est capable de le faire
13:37de manière intelligente avec tous les maillons,
13:39de sorte que les consommateurs,
13:41parce que c'est eux qui restent les décideurs,
13:43puissent avoir accès à une alimentation française de qualité
13:45à des prix qui sont supportables pour leur portefeuille.
13:49Vous parlez à l'instant de la question des producteurs
13:51et aussi des marques, des distributeurs.
13:54Ce matin, l'association L214, et on l'a révélé sur RMC,
13:58a révélé ce qui a ensuite entraîné l'ouverture d'une enquête
14:03par le parquet de Saint-Brieuc pour maltraitance animale
14:06visant un élevage porcins dans les côtes d'Armor.
14:09L214 explique d'ailleurs que cet abattage fournit le jambon Leclerc,
14:13Leclerc qui a immédiatement mis fin à sa collaboration,
14:16hier donc, avec cet abattoir.
14:19Est-ce que ça veut dire que quand on commence à mettre vraiment le nez dedans,
14:22comme le fait L214, il y a encore un certain nombre d'élevages,
14:27là en l'occurrence c'est un élevage porcins,
14:29qui ne respectent pas les règles contre la maltraitance animale ?
14:33D'abord, on connaît bien cette association qui emploie
14:37des moyens qui sont évidemment illégaux.
14:40Par ailleurs, je ne connais pas cette affaire précise
14:42puisque vous l'avez révélée il y a quelques minutes,
14:44donc on va regarder.
14:46Il est arrivé qu'il puisse y avoir des images
14:49qui puissent être choquantes pour ceux qui les regardent,
14:51et qui ne correspondent ni plus ni moins qu'à ce qu'est la réalité
14:53d'un élevage qui parfois...
14:55Non, en l'occurrence, je vous ai regardé les images ce matin.
14:57Je ne les ai pas vues.
14:59Ce que je veux vous dire, c'est qu'on ne cautionne pas.
15:02Ce sont des truies qui sont enchaînées,
15:06et encagées plus précisément,
15:08et dont les petits finalement n'arrivent même pas à se dégager de leur poids
15:11et meurent sous elles.
15:13On ne cautionne pas la maltraitance animale.
15:15La quasi-totalité des éleveurs sont des gens
15:19qui sont extrêmement respectueux de leurs animaux.
15:21Il peut y avoir quelques exceptions.
15:23Encore une fois, je ne commande pas ce cas que je ne connais pas.
15:26Et s'il peut y avoir des abus, nous les dénonçons.
15:29Donc, c'est très clair, il n'y a pas de malentendu sur le sujet,
15:32mais je voudrais rappeler ici que la volonté d'Aile 214,
15:35c'est plus d'élevage en France.
15:37Et nous, on continue à affirmer que d'avoir un élevage,
15:39encore une fois, parmi les plus respectueux
15:41de ce qui se fait sur l'ensemble de planètes,
15:43ça a du sens pour le consommateur français.
15:45Le consommateur français lui-même le demande au fond.
15:47Bien entendu, mais je l'invite, le consommateur,
15:50à regarder comment les animaux sont produits
15:52dans des feedlots au Brésil ou en Argentine.
15:54Et il verra que le bien-être animal,
15:57qui est un sujet central, est respecté en France.
15:59Et je le redis, l'immense, pour pas dire la quasi-totalité
16:03des éleveurs sont extrêmement précautionneux de leurs animaux
16:06et sont les premiers malheureux
16:08quand il y a des sujets de cette nature.
16:10Maintenant, s'il y a quelques cas de dérive,
16:12il faut les traiter.
16:13Mais je ne connais pas ce cas,
16:14donc je ne porte pas de jugement.
16:15On avait beaucoup parlé, Arnaud Rousseau,
16:17au moment de la crise agricole,
16:18de la question d'une forme de concurrence
16:20jugée déloyale avec le poulet ukrainien.
16:23Pour effectivement soutenir la population ukrainienne,
16:26les droits de douane avaient été considérablement baissés
16:29pour pouvoir permettre à l'agriculture ukrainienne
16:32d'avoir des débouchés, notamment en Europe,
16:34jusqu'à finalement constater que quasiment la moitié
16:37de la consommation de poulet,
16:38notamment le poulet transformé, consommé en France,
16:41provenait d'Ukraine et, vous le dites,
16:44de fermes qui ne respectent pas les mêmes normes,
16:47justement, en termes notamment de gigantisme des élevages.
16:50On en est où ?
16:51On en est au même point, Pauline de Mener.
16:53D'abord, les Ukrainiens, malheureusement,
16:55sont toujours un pays en guerre.
16:56Et de ce point de vue-là, notre soutien ne se dément pas.
16:59Pour autant, les conditions de production
17:01et le fait qu'on fasse finalement payer cette guerre
17:04en Ukraine aux agriculteurs européens
17:05n'est toujours pas tenable.
17:06Un certain nombre de mesures avaient été prises à Bruxelles
17:08avec la possibilité d'activer des freins d'urgence.
17:10Ils ne le sont pas, par exemple, en blé.
17:13Et ce qui se passe en ce moment en blé
17:15avec les chutes de prix vertigineuses
17:16est un vrai problème.
17:17Donc, ce problème doit continuer à être regardé.
17:20Il a été un peu oublié parce qu'à Bruxelles,
17:22on a aussi un changement de commission.
17:23Donc, les commissaires européens,
17:25et notamment le commissaire européen...
17:26En fait, on a l'impression qu'à chaque changement politique,
17:27alors évidemment, sur la scène française,
17:28c'est particulièrement prégnant,
17:29mais c'est effectivement le cas aussi au niveau européen,
17:32tout ce qui était dans les tiroirs,
17:35c'est comme si on repartait à zéro.
17:36Oui, c'est d'ailleurs notre grand drame.
17:39C'est qu'on a besoin, je le disais à l'instant,
17:41d'un commissaire européen à l'agriculture
17:43qui s'empare de ce sujet.
17:44Encore une fois, non pas...
17:46Ils seront nommés la semaine prochaine.
17:47Donc, on a l'impression qu'effectivement
17:48les deux calendriers sont concomitants
17:50en France comme là-bas.
17:51Oui, avec, vous l'avez dit, une période de latence
17:53qui n'est pas favorable à l'expression concrète
17:56de la vision européenne de la souveraineté.
17:58Le sujet pour nous, encore une fois,
17:59n'est pas d'écarter les Ukrainiens
18:01qui ont de véritables problèmes.
18:03C'est d'avoir du commerce qui est loyal.
18:05Et surtout, de faire en sorte que
18:06s'il y a des aides apportées aux Ukrainiens,
18:08elles soient faites dans un cadre communautaire
18:10et que ça ne soit pas simplement
18:11les paysans européens
18:12et qu'ils soient la variable d'ajustement.
18:13Arnaud Rousseau, vous nous avez dit,
18:14effectivement, que la colère,
18:16la frustration et le sentiment aussi
18:18de cette fait-avoir, en quelque sorte,
18:20nourrissait une colère qui gronde.
18:24Est-ce que c'est une prévision ?
18:26Est-ce que vous alertez ?
18:28Ou est-ce qu'il y a un peu de la menace ?
18:30Non, vous savez, c'est pas notre mode opératoire.
18:32Je crois que vous l'avez vu au mois de janvier.
18:34On nous a longtemps dit
18:35vous êtes en train de vous faire déborder,
18:37vous ne maîtrisez rien.
18:38Je crois qu'on a montré
18:39qu'on était des gens responsables.
18:40Je rappelle que pas une seule personne
18:42des forces de l'ordre n'a été blessée,
18:44qu'il n'y a pas eu d'atteinte
18:45aux biens et aux personnes,
18:46qu'on s'est mis au travail,
18:47qu'on a discuté
18:48et qu'on a fait en sorte
18:50que les choses puissent se passer.
18:51Mais je le dis très clairement,
18:53il n'y a pas de menace,
18:54il y a un constat.
18:55Vous savez, nous, on est des gens
18:56qui observons ce qui se passe
18:57et ce qu'on observe,
18:58c'est que quand vous faites une promesse
18:59à quelqu'un qui s'est bien tenu
19:00et que finalement,
19:01il a le sentiment
19:02que vous vous êtes moqués de lui,
19:03pris pour des jambons
19:04pour reprendre l'expression
19:05que vous avez prise
19:06et qu'à la fin,
19:07vous n'avez pas les résultats
19:08et qu'en plus,
19:09la situation dans laquelle vous vivez
19:10est difficile,
19:11sans vision politique.
19:12Les autres syndicats agricoles
19:13tiennent-ils la même ligne que vous ?
19:16Écoutez, vous leur poserez la question.
19:18Moi, les agriculteurs que je vois,
19:19je ne leur demande pas
19:20s'ils sont de la FNSEA
19:21ou d'ailleurs,
19:22je les écoute tous
19:23et je vois que ce sentiment
19:24est très largement partagé.
19:25Merci Arnaud Rousseau
19:26d'être venu alerter au minimum
19:28ce matin sur RMC et BFM TV.