• il y a 10 mois
Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.

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00:00 [Générique]
00:04 - Alors Brigitte, vous m'avez expliqué que c'était la maladie neurologique la plus fréquente après la migraine.
00:09 Elle touche environ 650 000 personnes. Mais pour commencer, un petit rappel. C'est quoi l'épilepsie ?
00:15 - L'épilepsie, ça veut dire attaquer par surprise. Alors attention, en fait, un Français sur 10 fera une crise d'épilepsie dans sa vie.
00:23 Mais on ne parle d'épilepsie que quand on fait au moins deux crises. Parce qu'on peut en faire une pour une petite fièvre par exemple.
00:30 Auquel cas, on n'est pas épileptique. Oui, ça peut arriver, des enfants qui ont trop de fièvres, tout à coup, qui font des convulsions, etc.
00:38 Donc on ne parle d'épilepsie que quand il y a eu au minimum deux crises dans une vie. Mais comme vous le disiez, c'est la deuxième maladie la plus fréquente après la migraine.
00:47 Alors que se passe-t-il ? Vous savez que notre cerveau fonctionne essentiellement avec de la chimie, mais surtout de l'électricité.
00:53 Et d'ailleurs, pour mesurer l'activité de votre cerveau, William, qu'est-ce qu'on fait ? Un électrode ?
00:57 - On me branche. - Oh, c'est pas le grave. Et tout est réglé, mais c'est incroyable. Le papier à musique, c'est rien à côté.
01:07 Il y a un neurone qui va s'exciter, qui va exciter un autre neurone. Et comme ça, tout est bien réglé. Et tout se passe très bien dans le milieu des mondes.
01:15 Sauf en cas d'épilepsie, où là, ça bug. Il y a comme un court-circuit, il y a comme un éclair dans le cerveau.
01:22 Pour vous donner un exemple, c'est-à-dire qu'au lieu d'avoir tant d'impulsions par seconde, on va passer à 500 au lieu de 80 impulsions par seconde.
01:30 C'est-à-dire que ça va se mettre à décharger dans tous les sens, de manière n'importe comment. Et les neurones s'excitent les uns les autres, comme ça, et se mettent à décharger.
01:38 Heureusement, c'est transitoire, ça s'arrête. Mais sinon, c'est n'importe quoi dans le cerveau.
01:44 – Mais on le sent quand on a ça ? On souffle ? – Alors, il y a plusieurs types de crises.
01:50 Il y a deux types de crises essentiellement. Les crises généralisées, c'est-à-dire qu'en fait, ce sont tous les neurones qui vont se mettre à décharger, à faire n'importe quoi.
01:59 Et les crises partielles, où il y aura simplement une zone du cerveau qui va s'exciter. Et dans les crises généralisées, deux types...
02:07 Vous avez perdu quelque chose. Deux types de crises. Il y a la crise grand mal, celle que l'on connaît, celle que l'on voit dans les films, où la personne...
02:18 Alors, je l'ai dit, ça survient brutalement. C'est-à-dire que vous n'avez pas le temps de sentir la crise arriver. Donc le grand danger, c'est quoi ?
02:26 – Oui, on a rien. – La chute.
02:27 – Oui, j'ai vu ça. – La chute avec souvent des...
02:30 – Il y a quand même les chiens maintenant qui détectent une demi-heure avant. Donc après, il faut que ce soit un chien dressé pour ça.
02:35 – Alors, toi, tu le sens pas, mais lui, il détecte une demi-heure avant que ça peut arriver. C'est chez les jeunes, notamment, maintenant, qu'il y a ça.
02:41 – Alors, on va pas tous se balader avec un chien non plus. – Non.
02:46 – Non, mais les chiens font des choses fantastiques, maintenant, entre les dépissages de cancer, enfin, plein d'autres choses.
02:52 Bref. Donc ces crises généralisées, c'est celles que l'on connaît, que l'on voit, où la personne, donc, c'est brutale.
02:58 Tout à coup, elle va se mettre... En fait, comme c'est tout le cerveau...
03:00 – À trembler un peu. – Oui, tout. Tout va être tonicoclonique.
03:03 Ce qu'on appelle, regardez, ce qu'on appelle la phase tonicoclonique, vous voyez, la personne est totalement...
03:08 Ce sont tous les neurones qui déchargent en même temps. Et il peut y avoir des troubles aussi sphinctériens.
03:14 Parfois, la personne a des pertes d'urine et d'autres évacuations. Voilà. Et ça dure, heureusement, très peu de temps.
03:22 La personne, en fait, quand elle se réveille, elle est d'abord épuisée. Et puis surtout, elle ne sait pas ce qui s'est passé.
03:28 – Ce qui s'est passé. – Il y a une amnésie, la crise.
03:31 Ce qu'il faut surtout, c'est ne pas essayer... Quand on voit ça, quand on assiste à une crise d'épilepsie,
03:36 les gens se disent "Qu'est-ce que je fais ?" Alors, déjà, si on a le temps de l'avoir venir, il faut surtout protéger pour la jupe.
03:42 – Oui, mais ça va assez vite. Ça ne dure pas très longtemps. – Ça dure 3-4 minutes.
03:46 – Pour avoir vu ça, c'est très rapide. C'est le temps qu'on se réveille en disant "Tiens, il ne va pas bien".
03:50 – Oui. – Mais il tombe.
03:52 – Ça va très vite, mais c'est très mauvais, vous imaginez bien, pour les neurones.
03:58 Et puis, comme ça peut vous arriver n'importe où, n'importe comment, vous imaginez au volant ou n'importe quoi...
04:05 – Vous traversez la rue. – Oui, oui, voilà.
04:08 Et donc, surtout, les gens ont tendance à vouloir, quand ça arrive...
04:12 – Maintenir. – Maintenir. Ça ne sert à rien.
04:14 – D'accord. – Mais alors, ça, c'est une bonne question.
04:16 – Oui. – Mais qu'est-ce qu'il faut faire ?
04:18 Qu'est-ce qu'il faut ne pas faire ? – Essayer de protéger, éventuellement enlever les lunettes
04:22 pour pas que ça vienne faire des cassées, mais sinon, il n'y a rien à faire.
04:26 Et autre légende aussi, je vois que tu allais le dire...
04:29 – La langue. – Oui, oui, mais ça, ça va.
04:31 – Ça aussi, c'est une légende. Personne n'a jamais perdu sa langue.
04:35 En fait, la langue, elle est hyper accrochée. Personne n'est jamais mort de sa langue.
04:39 En fait, la langue, c'est 17 muscles. 17 muscles qu'il y a au fond.
04:43 Tu vois, quand tu tires la langue, tu vois qu'il y a un petit bout, là.
04:46 Mais en fait, tout ça, c'est accroché au fond et on ne risque absolument pas d'avaler sa langue.
04:50 Personne, personne n'a jamais avalé sa langue.
04:53 – Il y a cette idée reçue que la langue, elle repart en arrière et on l'avale.
04:58 Mais non, elle ne peut pas.
05:00 Elle revient, si jamais vous y menez, elle reviendrait.
05:05 Elle ne peut pas descendre comme ça, toute seule. Elle est tenue.
05:08 – En revanche, ce que la personne peut faire, c'est se mordre la langue.
05:11 – Ah oui. – Puisqu'il y a des conjonctures.
05:12 Ça, oui, elle peut se mordre la langue. – C'est peut-être ça qu'on veut dire.
05:16 – Personne, personne n'a jamais avalé sa langue.
05:18 – Ok. – C'est les crises généralisées
05:21 que l'on connaît, que l'on voit dans les films.
05:22 Après, dans les crises généralisées, qui sont beaucoup moins connues
05:26 et qui sont pourtant, qui concernent quand même 10% des crises d'épilepsie chez les enfants.
05:31 Chez les enfants, en fait, ça s'appelle des absences.
05:35 – Ah oui ? – Oui.
05:36 Et en fait, les enfants, ça peut leur arriver de 20 à 200 fois dans une journée.
05:40 C'est-à-dire qu'en fait, tout à coup, c'est on-off.
05:43 C'est-à-dire qu'en fait, il est présent et tout à coup, il n'est plus là.
05:46 Ça dure 10 à 20 secondes.
05:49 Mais quand je ne te dis plus là, déconnecté, c'est totalement de la réalité.
05:52 Et ça peut arriver sur…
05:53 – C'est comme vous disiez tout à l'heure, comme si on débranchait quelqu'un.
05:56 – Exactement.
05:57 – On enlève l'électricité, on enlève le courant, quoi.
05:59 – Et alors, il est là, comme ça, les yeux fixes, et il ne se passe rien.
06:02 – Mais là, il ne ressent rien. – Rien ? Il ne ressent rien ?
06:05 – Il n'y a pas de douleur ? – Non, non, il n'y a rien du tout.
06:07 – Mais ce n'est pas grave.
06:07 – Mais ce qui est terrible, c'est que, vous imaginez les profs.
06:11 Non mais les profs, ils pensent qu'il est dans la Lune, qu'il n'écoute pas,
06:14 puisqu'il a été complètement déconnecté,
06:15 donc il ne sait pas du tout ce qui s'est dit, ce qui s'est passé, ni rien.
06:18 Donc, il y a énormément d'élèves qu'on a pris pour des…
06:22 "Il est toujours dans la Lune, il s'en fout, il n'écoute pas", etc.
06:25 Quand on sait que ça peut arriver 20, 50, 100 fois par jour, c'est horrible.
06:30 – Mais comment on y fait ?
06:32 – L'idée, c'est d'apprendre maintenant.
06:34 On essaye de former les instincts.
06:38 C'est généralement vers 7 ans que ça survient chez les sous-petits.
06:41 Donc, on essaie vraiment de former, mais c'est très important
06:43 de connaître ces crises, ces absences généralisées et de les traiter.
06:47 – Ecoutez, dans une même journée, un enfant de 7 ans fait ça 5 fois ou 10 fois,
06:52 on le met à l'abri, on dit "attention, ça va peut-être…
06:54 – Il faut aller voir un neurologue.
06:55 – Mais tout de suite, on le met…
06:57 – Quand on parle des crises d'épilepsie, on parle toujours des autres,
07:01 mais on ne parle jamais des absences qui sont très importantes.
07:04 En tout cas, l'important, c'est de parler de ces crises d'épilepsie.
07:07 Il y a encore 10% des Français qui pensent que ça relève de la sorcellerie.
07:11 Non, parlez-en, il y a des traitements qui vont être différents selon les causes,
07:15 parce que dans les causes partielles, ça peut être dû à un accident vasculaire cérébral,
07:19 à une tumeur, à autre chose.
07:20 Donc, il faut absolument en parler, ne pas avoir peur et aller consulter
07:24 et arrêter de voir ça.
07:25 C'est une maladie du cerveau, mais ce n'est pas une maladie mentale.
07:29 – D'accord, il faut prévenir les parents aussi que si votre enfant est victime
07:31 de ça, prévenir les enseignants de façon à ce qu'ils soient au courant.
07:36 C'est le cas de le dire.
07:37 – Allez, merci beaucoup docteur.
07:38 Autre chose…
07:39 [Musique]

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