Dr Kierzek nous parle aujourd'hui du tourisme médical, à savoir voyager pour avoir une greffe de cheveux ou faire une opération de chirurgie esthétique. Le médecin évoque aussi les risques et les dangers de ces pratiques à l'étranger.
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00:00 - Bonjour. - Vous êtes un peu agacé parce que ce qui est pratique quand vous allez aux urgences, c'est que vous vivez plein de situations que vous venez de nous raconter après le matin.
00:05 Et là, vous avez eu un cas d'un patient qui a déboulé devant vous aux urgences pour une histoire de greffe de cheveux. Expliquez-nous.
00:12 - Oui, alors j'étais pas énervé contre le patient parce que le pauvre, il était pour rien. Mais il revenait en fait d'Istanbul où il s'était fait opérer,
00:18 comme beaucoup, vous savez, ces avions où il y a que des hommes avec le pansement derrière parce qu'ils ont subi une greffe de cheveux.
00:23 - C'est ce qu'on appelle le tourisme médical. - Et c'est ça, c'est le tourisme médical.
00:27 - Et on voit les images avec dans la rue que des gens, des Français, entre autres, qui sont tous avec un pansement derrière parce qu'ils ont tous eu des greffes de cheveux.
00:37 C'est ce qu'on appelle le tourisme médical, le tourisme esthétique. Voilà, il n'y a même pas le mot médical.
00:42 Et alors la Turquie, c'est les cheveux, mais l'Afrique du Nord, par exemple, ça peut être le visage, ça peut être des lipossutions.
00:48 Bref, ce sont des interventions chirurgicales. Et j'étais un peu énervé contre ces pratiques parce que, en fait, les gens, tout est beau, tout est merveilleux.
00:55 Et puis après, ils rentrent chez nous et nous, on fait le service après-vente, en fait.
00:59 Et le service après-vente, on est un peu embêté parce que c'est un geste de chirurgie.
01:03 Il y a parfois des complications et c'est aux chirurgiens de gérer ces complications.
01:07 Sauf que le chirurgien, il était à Istanbul et le patient, il était un peu tout seul ici.
01:11 - Alors je confirme qu'ici, personne n'en a besoin, de greffe de cheveux. Je ne sais pas si vous y avez pensé, moi, en tout cas.
01:15 - Alors on comprend pourquoi les gens vont. C'est une histoire de prix. - Oui, c'est moins cher.
01:18 - Il y a une histoire de prix évidente. Il y a une attente qui est réduite encore que sur...
01:22 Il y a une offre de chirurgie esthétique en France qui est importante. Et puis, il y a des packages maintenant qui sont vendus.
01:27 C'est-à-dire qu'on vous fait miroiter la chirurgie, puis il y a les visites culturelles, etc.
01:31 Sauf que tourisme et médical ou tourisme et chirurgie, ça ne va pas ensemble.
01:36 Enfin, oui, il y a une espèce d'antinomie, de contradiction entre les deux.
01:40 Mais la motivation essentielle, c'est évidemment des prix qui sont moins chers.
01:44 - Mais quels sont les risques ? Qu'est-ce qu'il avait, votre patient ? C'est quoi ? C'est une infection ? C'est une inflammation ?
01:48 - C'était une hémorragie. - Une hémorragie ?
01:50 - Oui, forcément, parce que quand vous plantez des cheveux, il y a un risque hémorragique qui n'est pas négligeable.
01:54 Et donc, vous savez comment se faisait la consultation de suivi avec son chirurgien ?
01:58 C'était par WhatsApp. C'est-à-dire qu'il l'envoyait par WhatsApp.
02:00 - Mais c'est pas possible. - Eh bien, oui, mais c'est pas possible.
02:02 Sauf que c'est quotidien. Alors, nous, on a essayé de l'aider.
02:05 Il va falloir qu'il trouve un praticien qui accepte, en France, de regarder avec son regard de spécialiste et de pouvoir faire quelque chose.
02:13 Donc, on voit bien que... Alors là, c'est une complication qui était plutôt bénigne.
02:16 Mais on a des drames en chirurgie esthétique. Il y a des complications.
02:20 Il y a un mannequin et actrice, Sylvina Luna, qui est morte d'une chirurgie esthétique des fesses.
02:26 - Le BBL, c'est la pire. - Ah ben, on voit...
02:29 Alors, toute chirurgie peut entraîner des complications.
02:31 Un acteur de 22 ans, pareil, qui est mort suite à une douzaine de chirurgies.
02:37 Bref, il peut y avoir plein de complications, de la plus simple à la plus...
02:40 J'allais dire à la plus compliquée ou à la plus grave.
02:42 Et plus on l'apprend tôt et plus le chirurgien qui a fait le geste peut gérer les choses, mieux c'est.
02:47 Et quand on est à distance, on voit bien que c'est compliqué.
02:49 Alors, il y a les complications post-opératoires.
02:51 Il y a les normes et les qualifications quand même des praticiens sur place qu'on ne connaît pas trop.
02:55 On ne sait pas où ils ont été formés, quelles sont les normes de qualité de la clinique.
03:00 Il y a la barrière linguistique aussi. Et ça, c'est important.
03:02 Parce que quand vous ne comprenez pas... Alors, il y a les traducteurs.
03:04 Enfin, on passe par Intermedia. Le secret médical, on ne voit pas bien où il est.
03:08 Et puis la qualité des installations, c'est plutôt l'hôtel qui vous est vendu finalement que la qualité de la clinique.
03:13 Et puis la garantie des résultats. C'est-à-dire qu'un chirurgien ou un médecin esthétique en France,
03:17 s'il y a un problème, il y a un recours.
03:19 Quand vous êtes en Turquie, en Tunisie, etc., où est le recours ?
03:22 Il n'y a pas de recours, en particulier judiciaire.
03:25 Donc en gros, il ne faut pas le faire, tout simplement.
03:27 Moi, je pense qu'il ne faut pas le faire. Je pense que le jeu n'en vaut pas la chandelle.
03:30 Et que finalement, on va gagner de l'argent, c'est du low cost, etc.
03:33 Mais de l'autre côté, ça peut coûter extrêmement cher.
03:36 Il n'y a vraiment des dangers.
03:38 Et pour trouver un chirurgien, en plus, c'est relativement simple.
03:40 Il y a la Société française de chirurgie plastique.
03:42 Vous pouvez trouver un praticien facilement.
03:44 Il y a le Conseil de l'Ordre des médecins en France aussi.
03:47 Donc il y a une offre de chirurgie et de médecine esthétique.
03:49 Il y a des devis qui sont faits.
03:51 Globalement, il y a tout ce qu'il faut en France.
03:53 Alors après, si vraiment, il y a une grosse différence de prix,
03:56 vous voulez vraiment faire ce geste à l'étranger,
03:58 il ne faut pas le faire n'importe où.
04:00 Il faut se renseigner, il faut se renseigner par le bouche à oreille.
04:02 Il faut regarder un peu les avis.
04:04 Prenez une assurance, j'allais dire,
04:06 rapatriement ou une assurance médicale internationale.
04:08 C'est rassurant.
04:10 Si jamais il y a quoi que ce soit, au moins, vérifiez que vous êtes couvert.
04:15 Ça me semble important.