Abandon de l’accord UE : Mercosur serait-il positif pour nos agriculteurs ?

Europe 1

il y a 10 mois

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Ce mardi, sur Europe 1, Nicolas Bouzou revient sur les enjeux du Mercosur pour les agriculteurs.
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00:00 - Bonjour Nicolas Bouzou. - Bonjour Dimitri. Bonjour Anissa. Bonjour Atti. - Bonjour Nicolas.

00:04 - Alors faut-il rejeter l'accord de libre-échange avec le Mercosur ?

00:08 La semaine dernière, Emmanuel Macron a demandé à Ursula von der Leyen de renoncer à poursuivre les pourparlers avec les pays d'Amérique du Sud.

00:15 Vous dites qu'Emmanuel Macron a tort ?

00:17 - Ah oui, alors je sais que je vais défendre une position impopulaire, mais je voudrais vous démontrer que l'agriculture française ne sera pas forcément gagnante de ce renoncement.

00:26 On va regarder les chiffres. Globalement, la balance commerciale agricole de la France est déficitaire si l'on enlève le vin.

00:33 Ça veut dire qu'on importe plus que ce qu'on exporte, ça traduit un problème de compétitivité globale de notre agriculture.

00:39 Mais regardons la répartition géographique de notre commerce extérieur.

00:43 En fait, on voit que notre balance commerciale est excédentaire vis-à-vis des pays non-européens, et c'est un excédent tout à fait conséquent.

00:51 Ça veut dire que notre agriculture est très performante et compétitive pour le commerce lointain.

00:55 Et d'ailleurs, Dimitri, je me rappelle qu'en 2017, on critiquait l'accord avec le CETA, c'est l'accord de libre-échange avec le Canada,

01:03 comme on critique aujourd'hui l'accord avec le Mercosur. Résultat, 7 ans après, notre balance commerciale avec le Canada est largement excédentaire sur les produits laitiers, les céréales, et bien sûr le vin.

01:13 Le CETA a été bon pour la France.

01:15 - Mais alors d'où viennent nos problèmes de compétitivité agricole ? Pourquoi on a si peur de ces accords de libre-échange ?

01:19 - Eh bien en fait, nos problèmes viennent de nos échanges, non pas avec les pays lointains, mais avec l'Europe.

01:23 Notre sol commercial est déficitaire à l'intérieur de l'Union Européenne, et il l'est de plus en plus.

01:29 Notre baisse de compétitivité par rapport aux pays européens est très nette pour le lait, les oeufs, le blé, la farine, le sucre.

01:36 Autrement dit, l'agriculture française excelle pour conquérir le monde, mais elle se fait attaquer en Europe.

01:41 Notre problème, ce n'est pas la concurrence de l'Amérique latine, mais celle de l'Allemagne et des Pays-Bas.

01:45 Ceux qui voudraient revenir sur les accords de libre-échange entre l'Union Européenne et le reste du monde ne réalisent pas ou ne veulent pas voir qu'ils tapent sur une grande réussite de nos agriculteurs et qu'ils sont complètement à côté du sujet.

01:55 - Donc vive l'accord avec le Mercosur, Nicolas !

01:57 - Oui absolument ! Notre agriculture est globalement gagnante avec ces accords de libre-échange lointains.

02:02 Et puis n'oublions pas que le protectionnisme entraîne la réciprocité.

02:06 Si nous fermons commercialement l'Europe au monde, nous risquons de fermer le monde à la France.

02:11 Nos agriculteurs seraient perdants, les consommateurs aussi, parce qu'en se privant de produits extra-européens, ils devraient souvent payer plus cher.

02:17 Bref, renoncer à l'accord avec le Mercosur, c'est jouer sur les peurs, aller dans le sens du vent médiatique, mais pas agir dans le sens de l'intérêt général.

02:24 - Signature en Europe 1, Nicolas Bouzou. Merci Nicolas !