SMART TECH - Être une femme dans la cyber
Image très technique, manque de modèles féminins, surreprésentation des hommes… Le secteur de la cybersécurité n’échappe pas aux clichés de genre ! Depuis 2020, le Cercle des Femmes de la CyberSécurité organise les Trophées de la Femme Cyber pour répondre à ce déficit de représentation féminine. L'objectif ? Mettre fin à ce fossé et démontrer que les femmes ont une place à prendre dans ce domaine.
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00:00 *Musique*
00:04 Mon invitée est une femme modèle dans la cybersécurité, lauréate du trophée européen de la femme cyber 2023,
00:11 directrice générale de Yogosha.
00:13 Yogosha est une plateforme qui permet de détecter des vulnérabilités et puis surtout d'y remédier
00:18 en faisant appel à une communauté de hackers.
00:21 Bonjour Fanny Forgeau.
00:22 Bonjour.
00:23 Merci beaucoup d'être avec nous.
00:25 Félicitations pour vos prix récents puisque vous en avez quand même obtenu deux, c'est à signaler.
00:29 Alors je voulais parler un petit peu de votre parcours parce que ça nous permet d'adresser le sujet de la cybersécurité
00:34 un peu différemment d'ordinaire.
00:36 Donc vous démarrez vous comme chercheur en sociologie dans la vie active et après le CNRS vous travaillez pour une entreprise
00:43 qui est spécialisée dans l'écoute et l'analyse des réseaux sociaux.
00:46 Quelques années et expériences plus tard vous entrez dans la cybersécurité.
00:51 Je trouve que c'est intéressant de nous expliquer quel est ce lien finalement entre la sociologie et la cybersécurité.
00:58 Merci de me recevoir, je suis ravie.
01:01 Le lien il est déjà au niveau de l'approche de l'enquête, l'enquête sociologique, l'enquête de terrain, l'enquête statistique.
01:10 On retrouve ça dans l'univers des nouvelles technologies, la data science, c'est par cette porte là que je suis rentrée dans ma première start-up.
01:19 Et puis ensuite la cybersécurité c'est aussi un travail d'enquête, d'observation.
01:23 C'est le premier fil, le premier trait commun entre ces différentes activités.
01:27 D'enquête sur les moyens, les méthodes d'action des cybercriminels ?
01:32 Alors d'enquête et de fouilles de recherche pour identifier des failles, des vulnérabilités dans les systèmes informatiques.
01:42 Ça va être ça le nerf de la guerre dans notre activité aujourd'hui.
01:46 Mais comment est-ce que la sociologie entre en jeu sur cette enquête ?
01:50 C'est l'art d'observer, l'art d'analyser et c'est aussi finalement s'appuyer sur la partie sociale, de la science sociale et puis de l'humain.
02:08 Les hackers sont des êtres humains qui vont aller tenter de fragiliser volontairement des systèmes informatiques, des technologies pour identifier des failles, des fragilités avant que les criminels puissent les exploiter.
02:24 Et dans ces failles, il y a la faille humaine, il y a la gouvernance, l'organisation autour du système d'information.
02:32 Il y a la maladresse, les erreurs des humains qui laissent des mots de passe sur des post-it. Effectivement, l'humain est au cœur de la cyber.
02:39 Et ce qu'on appelle le social engineering, c'est en fait des pratiques de cybercriminels qui consistent à identifier des failles humaines.
02:48 A observer, tout à fait, à obtenir des mots de passe, des codes secrets.
02:52 Et à analyser d'une certaine façon des informations qui peuvent glaner sur des individus, les recouper pour pouvoir ensuite les exploiter de manière criminelle.
03:02 Alors, je disais que vous aviez été honorée par deux prix lors de ces trophées européens de la femme cyber 2023 qui est organisé par le Cercle des femmes de la cybersécurité, le CERF6.
03:12 Une initiative qui est portée par sa fondatrice présidente Nassira Salvan. C'est un secteur encore très masculin, trop ?
03:22 Oui, les chiffres pour 14% de femmes seulement. Trop masculin, alors, parce que, et ça Nassira vous l'expliquera mieux que moi, les femmes ont toute leur place dans la cyber.
03:37 Les hommes ont tout intérêt à travailler avec des femmes. Les équipes mixtes sont beaucoup plus efficaces dans tous les métiers de la cybersécurité.
03:45 L'objectif du CERF6, c'est de promouvoir le leadership des femmes dans ce secteur.
03:50 Donc, c'est les faire venir, sensibiliser le grand public, y compris les jeunes, dès le plus jeune âge, dans les collèges, dans les lycées.
03:57 Les faire venir pour leur expliquer qu'on a besoin d'elles. Aujourd'hui, il y a 15 000, rien qu'en France, 15 000 postes à pourvoir en cybersécurité.
04:04 Donc, on va les chercher où ils se trouvent. Et donc, le leadership de ces femmes, l'idée, ce n'est pas inciter les femmes à prendre le pouvoir, c'est apprendre du pouvoir.
04:15 Et l'association a 8 ans, je crois, aujourd'hui, 7 ou 8 ans. Et au-delà de ce travail de sensibilisation, elle met en place des programmes de mentorat.
04:26 Elle intervient au niveau national, mais aussi au niveau local pour toucher le plus de monde possible. Elle publie aussi des ouvrages, un podcast. Et elle est à l'origine de ce fameux projet.
04:37 Et alors, qu'est-ce que ça fait de travailler dans la cybersécurité quand on est une femme ?
04:41 C'est très valorisant.
04:42 Parce que vous avez votre fille, je crois, qui était là à la remise de prix.
04:44 Oui, tout à fait.
04:45 Est-ce que vous arrivez à lui donner envie de s'intéresser à ce secteur ?
04:47 Complètement. Je me suis amusée dans le discours à lui montrer que la cyber, on était très loin des clichés d'un univers qui n'est que masculin et qui est tout sauf glamour.
04:58 Parce que c'était une soirée qui était magnifique, tout le monde était super beau, il y avait des étoiles partout, c'était génial.
05:05 Et donc, je me suis adressée à elle pendant le discours en lui disant, tu vois, en fait, ce n'est pas si ringard que ça.
05:12 Elle a quel âge ?
05:13 Elle a 16 ans.
05:14 Et donc, elle a pris une décision, déjà ?
05:15 Alors non, elle est à un âge où elle peut se permettre de tout explorer.
05:20 Mais c'est vrai que je pense que ça lui ouvre les chakras.
05:22 Et c'est le but du jeu, c'est aussi pour ça que je suis là, aujourd'hui.
05:24 Bosser dans la cyber quand on est une femme, ce n'est pas du tout être victime d'une situation inégalitaire.
05:32 Parce que les femmes sont les bienvenues.
05:34 Et je trouve même que c'est un secteur assez bienveillant.
05:38 Moi, je me sens, ça fait cinq ans que je suis dans la cyber.
05:40 Je me sens, quand je fréquente des partenaires, des prospects, des concurrents, etc.
05:46 Je me sens parmi mes pairs.
05:48 Et je pense qu'il y a une vraie sensibilité à cette cause.
05:53 Je n'ai pas rencontré beaucoup d'opposants à cette cause de la diversité et de l'égalité hommes-femmes.
06:00 Donc, vous nous dites que c'est un monde ouvert où les femmes sont les bienvenues.
06:03 Exactement.
06:04 Et donc, il ne tient qu'à elle.
06:05 Alors, pas qu'à elle, bien sûr, parce qu'il y a quand même certains, on va dire, obstacles.
06:09 Mais il y a aussi des obstacles familiales, éducatifs aussi.
06:11 On ne pense pas forcément aux jeunes filles pour les inciter vers ces filières.
06:15 Oui, c'est ça. Il n'y a pas beaucoup de filles dans les écoles d'ingénieurs, on le sait.
06:18 Néanmoins, je pense que les filles, les femmes, ont besoin d'entendre que,
06:22 déjà, elles n'ont pas forcément besoin d'être ingénieure pour venir.
06:25 On a besoin d'ingénieurs, on a besoin d'experts techniques.
06:27 Mais on peut aussi venir d'autres horizons, comme des sciences humaines, comme c'est mon cas.
06:31 Et c'est un univers qui ouvre ses portes à de nombreux parcours.
06:37 On peut se reconvertir dans la cyber aussi.
06:40 On n'est pas obligé de faire une école spécialisée dans la cyber.
06:43 Et on gagne bien sa vie.
06:45 On travaille pour des causes qui sont des causes au service de son pays,
06:53 au service de la sécurité, au service de la chose publique.
06:57 C'est très valorisant.
06:59 Et on travaille aussi avec des profils très inspirants.
07:05 Je trouve que c'est un métier très valorisant.
07:07 En tout cas, j'en suis extrêmement fière.
07:09 Vous faites partie de ces profils inspirants.
07:11 Merci beaucoup d'avoir été avec nous dans Smartech.
07:13 Fanny Forgeau, directrice générale de Yogosha.
07:17 Allez, on part s'intéresser au secteur du mobile, le mobile business.