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Périco Légasse (journaliste à Marianne et chroniqueur sur RMC) évoque les arnaques de certains industriels sur l'origine des produits de consommation

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00:00 Parmi les mesures du gouvernement aujourd'hui, on en a parlé, il y a un plus grand contrôle concernant l'origine des produits qu'on trouve dans les rayons.
00:09 Le gouvernement a annoncé le renforcement de la loi EGalim, censée protéger les revenus des agriculteurs lors des négociations entre distributeurs et industriels.
00:18 Et il dit qu'il y aura plus de contrôles. Toutes les chaînes de supermarchés seront contrôlées dans les prochains jours.
00:23 Plus de 10 000 contrôles sur l'origine française des produits. Ça c'est un problème péricolégas actuellement dans les supermarchés.
00:31 Il y a trop pris sur la marchandise ?
00:33 Il y a trop pris sur l'indication et sur le conditionnement de la marchandise.
00:38 Il y a un principe qu'il faut savoir. L'Union européenne, la Commission, depuis toujours, interdit la traçabilité des viandes sur les produits transformés.
00:47 Ils considèrent que pour ne pas contrevenir au principe de libre-échange, de l'acte unique de 1986 qu'a voulu M. Delors,
00:53 le consommateur n'a pas à savoir sur un produit transformé, autrement dit un produit cuisiné, ou un produit qui a été élaboré,
00:58 on n'a pas à savoir d'où vient la viande si elle vient de l'étranger.
01:00 Jusqu'au jour où des lasagnes au bœuf fin d'us, se sont avérées être des lasagnes au cheval roumain, qui était d'ailleurs d'origine ukrainienne.
01:09 Et moi, général en Union européenne, dans le marché, et le ministre français d'agriculture Stéphane Le Foll dit
01:16 "Est-ce qu'on pourrait dans ce cas, établir en Europe une traçabilité sur les viandes dans les produits transformés ?"
01:22 Est-ce que le consommateur a le droit de savoir si le poulet vient d'Ukraine ou le bœuf de Roumanie ?
01:26 Et il obtient une dérogation provisoire qui vient d'être suspendue en 2021 à la demande du groupe Lactalis,
01:34 qui a dit que c'est contraire au principe européen, c'était sur des produits laitiers.
01:37 On n'a pas à savoir d'où vient le lait sur un produit laitier français,
01:40 et la Cour de justice européenne a donné raison à Lactalis et le Conseil d'État français a été obligé d'annuler la dérogation
01:47 concédée au gouvernement français du temps de Stéphane Le Foll, qui autorisait les français à faire une traçabilité.
01:51 - Donc concrètement, vous avez tous ces produits devant vous, donc en camembert qui sont très forts.
01:57 - Donc le gouvernement français a créé Stéphane Le Foll, il a créé un label qui est la traçabilité avec le logo bleu, blanc, rouge, une France,
02:04 où il est dit "Produits, viandes, nés, élevés, abattus en France".
02:08 C'est un engagement du producteur, c'est un label qui est validé par l'État, c'est pas une appellation d'origine, mais c'est un label,
02:14 qui est une garantie que le produit contenu dans cet aliment est bien d'origine française, nés, élevés, abattus en France.
02:20 - Donc pour ce produit-là, c'est bon ?
02:23 - Par exemple, on a ici, sur cette moussaka, c'est du bœuf.
02:28 - La recette est grecque, mais le bœuf est français.
02:30 - Mais on est européens, on n'est pas racistes, on n'est pas chauvins.
02:33 Sur ces petits pois, vous avez "Cultivés en France", et là, si le producteur triche, l'ADGSSR peut le sanctionner,
02:39 parce qu'il s'engage à ce que le petit pois soit produit en France.
02:42 Sur ce fromage, que les enfants adorent, c'est marqué "Lait frais et crème, produits totalement français", ça aussi c'est vérifiable.
02:50 Et puis ensuite, vous avez les petits malins qui se sont dit "Il y a le logo bleu, blanc, rouge, qui donne une certitude et une authenticité française".
02:58 - Et on trouve la formelle, sans additifs, élaborée en France.
03:04 Préparée en France.
03:07 - Mais ça veut dire quoi, "l'usine est en France" ?
03:09 - Arrêtons-nous, Périco.
03:11 - Non, ça veut dire que l'usine est en France, mais ça ne me dit pas du tout d'où vient le produit.
03:15 Donc le produit peut venir du monde entier, mais il a été transformé en France.
03:19 Or, on sait que la réglementation européenne autorise un produit qui vient de l'extérieur
03:24 à prendre l'identité du pays où il arrive pour peu qu'il y ait une transformation.
03:27 Je prends l'exemple sur le poulet ukrainien.
03:29 Il arrive en Pologne, en vrac, congelé, il est réemballé en Pologne, il devient polonais sur l'étiquette.
03:34 Et lorsque Robert Ménard dit tout à l'heure qu'il y avait un camion de poulet polonais qui allait vers l'Espagne ou au Calais,
03:40 c'était peut-être du poulet ukrainien rebaptisé en Pologne.
03:42 Donc la traçabilité, elle n'est pas établie, c'est ce qu'au gouvernement va assurer.
03:46 Ici vous avez un jambon, vous voyez, l'industrie est sans nitrite, comme on peut le faire.
03:51 Lui, il ne ment pas, il ne précise rien, et celui-ci, qui a le même jambon, certainement étranger,
03:56 il vous met "fabriqué dans notre atelier du limousin".
03:59 Mais qu'est-ce que j'en ai à faire que ça soit fabriqué dans notre atelier du limousin ?
04:01 - Alors ça, ça veut dire quoi par exemple ?
04:03 - Alors le gouvernement serait en droit de dire "le logo bleu, blanc, rouge, attention, on va peut-être le réglementer,
04:08 on ne donne pas à n'importe qui".
04:10 Et la seule valeur qui soit valable, c'est "né, élevé, abattu en France",
04:13 qui est le label que Stéphane Lefoy avait installé,
04:15 et que beaucoup de producteurs et d'agro-industriels sérieux et raisonnables continuent à appliquer.
04:20 Ici, j'ai encore quelque chose de plus extraordinaire.
04:22 On a ici du poulet, vous voyez le poulet rôti dans une boîte.
04:25 Vous avez remarqué, vous avez la valeur pour l'éleveur,
04:28 on accompagne l'éleveur dans son travail, c'est extraordinaire.
04:31 Et puis à côté, si vous lisez bien, nos ingrédients, viande de poulet d'origine Union européenne, 85%.
04:37 Mais on ne sait même pas si c'est du poulet européen,
04:39 puisque comme je vous l'ai expliqué, pour peu qu'il y ait une modification du produit,
04:42 ne serait-ce qu'une cuisson ou une salaison, il devient européen.
04:45 - Tout ça, ce n'est pas illégal en fait ?
04:47 - Alors ce n'est pas illégal, je n'ai même pas dit que c'était mauvais,
04:50 je dis que c'est une tromperouille, c'est une astuce, c'est un stratagème,
04:53 pour induire le consommateur en erreur et lui faire croire qu'un produit qui est français
04:57 n'est peut-être pas du tout français, mais il lui achète en confiance,
05:00 je trouve ça absolument dégueulasse.
05:01 - Et les français se font globalement berner, parce que c'est vrai qu'on n'est pas là à regarder précisément dans les rayons.
05:05 - Les consommateurs qui ne sont pas initiés, qui ne connaissent pas la réglementation,
05:07 quand ils voient le blanc rouge sur un produit de ce genre,
05:10 ils se disent "tiens, c'est français".
05:11 Non, la fabrication est faite sur les territoires français,
05:14 mais l'ingrédient qu'ils le composent peut très bien venir du bout du monde,
05:17 à l'insu du consommateur.
05:18 C'est une infamie et je pense que là, la morale de l'Europe est totalement bafouée.
05:22 - Vous faites attention à ça, vous Safia ?
05:24 - Oui, mais en fait, on ne connaît pas ces réglementations.
05:28 Et en plus, je le dis d'autant plus chez les jeunes, les étudiants,
05:31 j'ai plein de camarades de classe qui ont du mal à se nourrir,
05:33 on a faim, mais l'une des préoccupations, c'est très intéressant,
05:36 même chez les étudiants précaires, c'est de bien manger.
05:38 Et donc en fait, on fait attention à ces trucs-là,
05:40 mais on ne connaît pas bien les réglementations.
05:42 Donc oui, quand on voit au bleu blanc rouge, on y va.
05:44 Mais en fait, c'est vraiment embêtant que ce soit la règle du marketing
05:48 qui prime plutôt que le bien manger.
05:50 - Préparer en France, c'était quoi l'autre formule ?
05:53 - Cuisiner en France.
05:55 - Cuisiner en France, voilà.
05:57 C'est vrai que ça prête à confusion.
05:59 - Non, il faut faire un peu le tri dans ces logos,
06:01 et notamment ce fameux hexagone bleu blanc rouge
06:03 ne doit être réservé qu'à ceux qui en effet font le nom.
06:06 - Qui jouent le jeu, qui respectent la langue.
06:07 - Des ingrédients totalement français.
06:09 Il faut remonter cela.
06:11 - Donc quand même, je rappelle la mesure annoncée aujourd'hui,
06:13 qui est l'une des principales par Bruno Le Maire,
06:15 plus de 10 000 contrôles sur la traçabilité des produits,
06:17 sur l'origine française des produits.
06:19 - Et le respect de la loi EGalim, bien sûr.
06:20 - Et le respect de la loi EGalim qui protège les revenus.
06:22 - C'est vrai que sur cette question-là, on le retrouve dans l'alimentation.
06:25 On a les mêmes problèmes sur le textile, par exemple.
06:28 - Sur le Made in France.
06:29 - Sur le Made in France, il y a plein de choses comme ça.
06:31 Donc il y a un moment où effectivement, il va falloir clarifier tout ça.
06:34 Et malheureusement, on a ça aujourd'hui sur la provenance,
06:37 mais sur le sang OGM ou le sang nitrite,
06:40 là aussi, il y a plein de labels qui sont très différents.
06:44 Et c'est vrai que le consommateur ne peut pas aujourd'hui s'y retrouver
06:48 parce qu'on a chaque producteur qui invente un nouveau label,
06:52 un nouveau indicateur et c'est très difficile de...
06:54 - Mais c'est vrai qu'on se dit, comment ça se fait qu'on ne s'en rende compte que maintenant ?
06:58 - Parce que c'était...
06:59 - Qu'on n'y fasse attention que maintenant.
07:00 - C'était une norme qui n'existait pas jusqu'au scandale de la lasagne au cheval roumain.
07:04 Le gouvernement français a pris des mesures,
07:07 à l'époque c'était le gouvernement de gauche.
07:09 Quand M. Macron est arrivé, son discours à Rungis,
07:12 celui en octobre 2017, est un concentré de, j'allais dire,
07:16 de bon sens, de courage et de lucidité sur l'enjeu.
07:19 Et tout le monde s'est dit, bon, aussi bien défini, aussi bien présenté,
07:23 le président de la République, le tournant, il est là, il est en octobre 2017.
07:26 Et nous avons, en février, en janvier 2024,
07:30 c'est-à-dire 7 ans après, un Premier ministre qui vous dit,
07:33 on va commencer peut-être à appliquer ce que le président de la République
07:36 a annoncé en octobre 2017. Mais on marche sur la tête, vous voyez.
07:39 Et très important, puisqu'on est en France, le camembert,
07:42 le seul vrai camembert, camembert de Normandie,
07:45 appellation d'origine protégée, et non pas le camembert fabriqué en Normandie,
07:49 dont l'usine est sur le territoire normand,
07:51 mais dont le lait qui le compose, pour en prévenir de nulle part ailleurs.
07:54 - Donc celui-là, c'est un bon vrai camembert français ?
07:56 - AOP camembert de Normandie, et pas fabriqué...
07:58 - Un camembert français, c'est un camembert normand.
07:59 - De Normandie, encore mieux.
08:00 - Avec du lait de Normandie, par des vaches normandes,
08:02 et non pas fabriqué en Normandie, où le lait peut venir de n'importe où.
08:05 - Donc, raison de plus pour me le donner à la fin,
08:07 j'ai le droit de prendre ce bon camembert pour mon frigo personnel.
08:10 - Ça c'est pour vous, et ça c'est pour Christophe.
08:12 - Et les petits biscuits.
08:13 - On répond peut-être maintenant que nous, on se retrouve à Normandie.
08:15 - On a un petit creux à la fin de l'émission.
08:17 - On se fera des tartines.

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