Parmi les mesures annoncées, plus de 10.000 contrôles seront lancés pour lutter contre les mentions "origine France" abusives. Comment obtenir ces mentions ? Certains industriels fraudent-ils pour les obtenir ? Comment mettre en place ces contrôles ?
Philippe Goetzmann, spécialiste de l'industrie agroalimentaire et notre journaliste Mathilde Piqué vous expliquent tout à 18h40.
Regardez L'invité de RTL Soir du 01 février 2024 avec Marion Calais et Julien Sellier.
Philippe Goetzmann, spécialiste de l'industrie agroalimentaire et notre journaliste Mathilde Piqué vous expliquent tout à 18h40.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL bonsoir, votre émission continue et voici maintenant notre invité pour tout comprendre à 18h44.
00:15 Ce soir on vous explique l'une des grandes annonces du gouvernement pour mettre fin à cette crise agricole.
00:20 Écoutez Bruno Le Maire, c'était tout à l'heure à Matignon.
00:22 Nous allons donc entrer maintenant dans une phase de contrôle massif.
00:27 Nous ferons des contrôles aussi bien sur les industriels que sur les chaînes de supermarchés.
00:32 Contrôle à tout va. La direction des fraudes est sur le qui-vive.
00:35 Mais est-ce que ça va vraiment changer quelque chose ?
00:38 Alors pour le savoir, nous sommes avec Philippe Gossman. Bonsoir.
00:41 Vous êtes expert de l'agroalimentaire, de la distribution. Vous avez travaillé de nombreuses années.
00:46 Avec nous également Mathilde Piquet du service éco de RTL. Bonsoir Mathilde.
00:50 D'abord Mathilde, quand il parle de renforcer les contrôles, il parle de qui, de quoi Bruno Le Maire ?
00:54 De 10 000 contrôles, rien que cette année, sur l'origine des produits.
00:58 En clair, vérifier qu'un emballage avec un drapeau français contient bien de la marchandise
01:02 produite à l'intérieur de nos frontières.
01:05 Ces inspections existent déjà mais elles seront doublées cette année.
01:09 Avec quand même un problème, les agents qui en sont chargés ne seront pas plus nombreux.
01:13 L'augmentation des contrôles se fera à effectif constant.
01:16 Et pourtant c'est un travail de fourmi.
01:18 Des producteurs aux distributeurs, il faut tout passer au peigne fin.
01:21 Emballage, contrat d'achat entre plusieurs pays européens et parfois analyse biologique.
01:27 On prend par exemple un melon charanté et on regarde ses caractéristiques biologiques
01:31 qui font qu'il est bien charanté.
01:33 Et puis on cherche des traces de pesticides interdits en France mais autorisés dans d'autres pays.
01:38 Tous ces agents au travail, avec même deux fois plus de travail on l'a compris,
01:41 est-ce que ça peut fondamentalement changer les choses Philippe Guzman ?
01:44 Il y a beaucoup de tricheurs ?
01:45 Non. Comme dans tous les métiers, il y a des fraudes, ça existe, ça reste marginal.
01:50 Quand il y en a eu il y a quelques années, on a fait beaucoup de...
01:53 Vous en avez beaucoup parlé, on a quelques souvenirs, mais ça reste très marginal.
01:57 Maintenant ça existe et le fait qu'il y ait des contrôles, ça va sans doute en révéler quelques-uns.
02:02 Mais c'est très marginal.
02:04 En revanche, ce que ça va sans doute montrer, c'est que l'origine France
02:10 est quelque chose qui n'est pas très bien protégé et pas très bien comprise.
02:14 L'exemple que vous venez de citer, on est sur un produit brut, un melon,
02:17 et là on a une obligation d'affichage de l'origine France,
02:20 de l'origine d'ailleurs France ou de n'importe quel pays, dans les rayons.
02:23 Donc si elle n'est pas respectée, on est dans la fraude.
02:25 Mais il y a 50 ans, on mangeait surtout des produits bruts.
02:28 Aujourd'hui, on mange surtout des produits industriels, c'est-à-dire des produits très élaborés,
02:32 avec énormément de matières d'origine diverse et dans lesquelles la valeur ajoutée
02:36 est quand même le plus souvent d'abord industrielle.
02:39 Je dirais que c'est un petit peu comme si la valeur d'une voiture
02:42 elle est bien dans l'usine qui la produit et pas tellement dans le métal qui la constitue.
02:46 Et donc c'est très compliqué.
02:48 Et le code des douanes, c'est le code des douanes qui régit ça.
02:52 Il définit que pour dire qu'un produit est d'origine française,
02:55 il faut que la dernière ouvraison soit en France, c'est-à-dire on parle de l'usine,
02:59 et qu'il y ait une part significative de la valeur ajoutée.
03:02 Mais combien, ce n'est pas très clair.
03:03 - Ce que vous nous dites, c'est que sur un plat préparé, je ne sais pas,
03:06 n'importe quoi, des lasagnes, on les achète,
03:09 il y a un petit autocollant bleu blanc rouge,
03:11 ça veut juste dire que l'usine qui a assemblé tous les produits est française.
03:15 Mais les aliments, la tomate, la pâte, la viande, ça peut venir de partout.
03:19 - De façon très directe, oui.
03:21 Parce que la valeur ajoutée de ce produit, si ce produit vaut 5 euros,
03:24 la valeur ajoutée va d'abord sur l'action industrielle,
03:27 plus que sur les matières premières, et que c'est la dernière ouvraison.
03:31 Donc c'est légal. Et c'est un règlement français et européen.
03:34 - C'est légal, donc sur ces 4 figures, les contrôles ne vont rien changer.
03:37 D'abord, on est au cœur du débat.
03:39 - Pour autant, les industriels, comme tous les metteurs en marché,
03:42 sont responsables de ce qu'ils écrivent sur les étiquettes.
03:45 Et il y a un certain nombre d'emballages industriels, de produits,
03:49 qui ont des allégations qui laisseraient entendre
03:52 que le produit serait un peu plus français que simplement l'origine.
03:56 - On va prendre un exemple concret. Une boîte de magret de canard.
03:58 Sur l'étiquette, une maison avec une adresse d'Angers, tout ça,
04:01 bon là on y croit, on se dit là on est bon.
04:03 Et puis en tout petit derrière, quand on retourne,
04:05 c'est écrit "origine du canard UE", donc "Union Européenne".
04:08 Ça c'est autorisé ou c'est de la fraude ?
04:10 - Là en l'état, aujourd'hui, c'est autorisé.
04:12 - Donc quand on pense à quelque chose du Gers,
04:15 peut-être que la maison est dans le Gers et qu'il a été mis en bonne manière,
04:18 mais le canard est là ?
04:19 - Exactement, c'est ce que vous dites.
04:20 C'est que tel que c'est montré, dans l'exemple que vous donnez,
04:23 il faut que l'usine ou que la maison soit bien dans le Gers.
04:26 Parce que c'est ce que vous montrez.
04:27 Si le magret en question, ou la cuisse de canard vient d'ailleurs,
04:31 ça n'a en soi rien d'illégal.
04:33 Mais c'est là où on doit se battre pour faire en sorte
04:36 qu'il y ait une meilleure information de l'origine.
04:39 D'ailleurs, que le produit soit français, ou qu'il soit bulgare, ou je ne sais où,
04:42 l'important c'est de le savoir.
04:44 Et le client, ensuite, le consommateur, fera son choix.
04:47 - Là, ce que vous nous dites, c'est assez aberrant quand même.
04:52 Et pourtant, on a des syndicats agricoles qui semblent se satisfaire de cette mesure.
04:56 On a l'impression que ça ne va pas changer grand-chose, puisque tout est légal.
05:00 - Alors, c'est légal, pour autant il y a beaucoup d'acteurs aujourd'hui,
05:03 à toutes les échelles, évidemment les agriculteurs,
05:06 mais également dans le monde industriel,
05:07 et parmi les distributeurs et les consommateurs,
05:09 qui souhaitent développer la transparence sur l'origine.
05:12 Avoir une préférence nationale absolue, ce serait stupide,
05:15 d'autant plus qu'il y a beaucoup de produits qu'on ne produit pas.
05:17 On a vu ces derniers jours se faire renverser des camions d'orange,
05:21 je ne connais pas d'orange produite en Picardie, donc ça n'a pas de sens.
05:23 - Pas encore.
05:24 - Ça vient dans la tête.
05:26 - Mais en revanche, il faut qu'on soit loyaux vis-à-vis des consommateurs
05:30 pour qu'ils puissent choisir en conscience et arbitrer.
05:33 Et là, la transparence, elle n'est pas absolue.
05:36 - Si on est client d'un supermarché, et qu'on veut absolument acheter français,
05:39 un produit qui soit 100% français,
05:41 est-ce qu'il y a aujourd'hui un logo, un label, un message
05:47 qui puisse nous garantir que cet achat est 100% français ?
05:50 - En général, mais sur un certain nombre de produits frais, c'est le cas,
05:53 je l'ai évoqué sur les fruits et légumes.
05:54 Sur les viandes, vous avez des labels nationaux,
05:56 viande porcine française, viande bovine française, ça, ça le garantit.
06:00 Vous avez les signes officiels de qualité, et notamment toutes les AOC ou AOP
06:03 qui, de fait, garantissent l'origine des matières premières.
06:07 Mais après, sur les produits élaborés, ça n'est pas nécessairement le cas.
06:09 Il faut regarder les étiquettes dans le détail,
06:11 et de plus en plus d'industriels ou de distributeurs
06:14 font l'effort d'afficher l'origine française quand elle est française.
06:17 Ils affichent beaucoup moins souvent l'origine un peu plus exotique,
06:22 quoique souvent européenne, lorsqu'elle existe.
06:25 - Vous nous avez dit que les fraudes étaient marginales, tout à l'heure.
06:28 Mathilde, est-ce que vous avez des exemples de fraudes caractérisées en quelque sorte ?
06:32 - Mathilde a passé l'après-midi au téléphone avec la direction générique des fraudes.
06:36 - Tout à fait. Alors moi, je vais rester sur des exemples avec des produits bruts.
06:39 Il y a des méthodes qui, là, sont contestables.
06:43 On parlait de plats transformés, mais sur les produits bruts,
06:45 je vous prends par exemple le cas d'un producteur français de salades.
06:49 Il va produire une partie de ses jeunes pousses sur son exploitation.
06:52 Elles sont donc bien françaises, mais il va acheter la même marchandise en Italie.
06:58 Et au moment d'emballer, il mélange le tout et il colle un petit drapeau français sur les barquettes.
07:03 Méfiez-vous aussi si vous aimez les kiwis.
07:05 - Ça c'est de la fraude, on est d'accord.
07:07 - Là, c'est caractérisé.
07:08 Et puis méfiez-vous si vous aimez les kiwis français et bio.
07:11 Ils viennent peut-être, là encore, d'Italie.
07:13 Il y a deux ans, un revendeur hardéchois a été condamné pour en avoir écoulé 400 tonnes.
07:18 Et ces fraudes, ça peut évidemment mener à des sanctions, 650 l'an dernier.
07:22 - Et donc les contrôles vont se multiplier, être multipliés par...
07:25 - Deux !
07:26 - Par deux, a dit Bruno Le Maire.
07:27 - Avec le même nombre de personnes.
07:28 - J'avais un trou avec le même nombre de personnes.
07:30 - Et l'année dernière, il faisait rien.
07:31 - Aujourd'hui, merci beaucoup Mathilde Piquet, merci beaucoup Philippe Gossman,
07:34 vous l'expert pour vos explications limpides.
07:37 Ce soir, on va faire nos courses dans les jours à venir,
07:40 en scrutant les étiquettes après vous avoir entendus.
07:43 Merci à tous les deux, ne bougez pas.
07:45 RTL, bonsoir, la suite c'est le match.
07:47 C'est le duel des infos pour Brio Diner.
07:49 Inédit ce soir, entre Cyprien qui tente de défier l'invincible Isabelle.
07:55 - Non, c'est moi qui... C'est lui l'inventeur de l'info pour Brio Diner.
07:58 - Et après 19h, on va accueillir notre grand invité,
08:00 l'un des plus grands auteurs de BD actuel pour petits et grands.
08:04 D'ailleurs, Joanne Sfar sera avec nous à tout de suite.
08:06 RTL.
08:08 [SILENCE]