Accord de libre-échange avec le Mercosur: Emmanuel Macron affirme la nécessité d'être "intraitable sur le caractère loyal de la concurrence"

  • il y a 7 mois
Emmanuel Macron s'exprime depuis Bruxelles après le sommet européen qui s'est tenu ce jeudi. Le président de la République s'est entretenu dans la matinée avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, au sujet de la crise agricole, après que de premières concessions ont été accordées sur les jachères et les importations ukrainiennes

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00:00 Vous avez raison de dire que ce n'est pas la France seule qui décide et que nous ne pouvons pas seuls bloquer.
00:06 Ça fait 7 ans qu'on me dit ça et je constate que quand même à chaque fois qu'on a élevé la voix et qu'on a montré les incohérences, on a été suivis.
00:14 Et je me félicite que parce qu'on a élevé la voix, parce qu'on a montré les incohérences, alors même, vous le savez bien, plusieurs d'entre vous d'ailleurs l'avaient écrit, et c'était vrai.
00:23 Le vice-président de la commission se rendait sur place pour signer. On le savait tous. Il n'a pas signé. Il a levé le stylo parce qu'on a été entendus.
00:36 Et donc moi, je ne suis pas contre les accords commerciaux par définition. Je suis simplement contre le libre-échange quand c'est la loi de la jungle.
00:46 Ce n'est pas ma vision des choses. Je ne partage pas, c'est d'ailleurs parfois étonnant comme quoi, toujours des leçons de politique, que c'est des gens qui sont de toute famille politique,
00:56 qui n'étaient pas forcément les plus ultra-libérales, mais qui défendent des accords dont les sous-jacents sont totalement ultra-libéraux.
01:03 Parce que si on dit on est pour ouvrir mais on ne respecte pas les mêmes règles, je ne suis pas pour.
01:08 Et donc je pense que nous ne pouvons pas demander aux producteurs européens d'accepter à marche forcée de respecter plus de règles
01:21 et dans le même temps de continuer de négocier des accords de libre-échange comme on le faisait dans les années 90, ce qui est exactement le modèle du Mercosur.
01:29 Nous, nous sommes pour des modèles de négociation commerciale comme on l'a fait avec la Nouvelle-Zélande, avec le Chili par exemple,
01:35 de nouvelles générations qui sont cohérentes avec cette nouvelle politique agricole que j'évoquais, qui consiste à dire on demande et on impose des règles à nos producteurs
01:44 pour émettre moins de CO2, pour avoir moins de pesticides, pour respecter la biodiversité. Ils le font, parfois ça crée des tensions.
01:51 Pour faire ça, on investit, ils investissent, alors crée des coûts, ça prend de l'argent et du contribuable.
01:57 Si à côté de ça, vous enlevez les tarifs et les quotas à des produits qui viennent de pays qui n'appliquent pas ces règles, on marche sur la tête.
02:04 C'est-à-dire qu'on sera un continent qui prend des règles pour des producteurs qui n'existent plus.
02:09 Et donc on sera un continent qui d'ailleurs, demain, ne pourra même plus choisir ce qu'il consomme.
02:15 Et c'est ça la souveraineté. Parce que si vous n'y veillez pas, les règles que vous jugez bonnes, que vous appliquez à vos producteurs,
02:23 si vous les affaiblissez trop parce que vous laissez vous-même une concurrence déloyale se faire, le risque c'est simplement que vous perdez la capacité à produire.
02:30 Et donc à un moment donné, on sera en situation peut-être de devoir consommer des biens industriels ou agricoles qui viennent de continents ou de régions
02:37 qui ne correspondent pas du tout à nos valeurs et à nos règles parce qu'on aura simplement créé cette situation.
02:42 L'Europe a les meilleurs standards du monde en matière de décarbonation, en matière de cytosanitaire, en matière de pesticides, etc.
02:51 Les meilleurs standards au monde. Pose ! On applique, on investit, on aide. Mais à côté de ça, on est intraitable sur le caractère loyal de la concurrence.
03:05 Il faut que ce soit honnête, sinon on va paumer tout le monde. Et pour que ce soit honnête, il faut qu'à chaque fois qu'on négocie avec d'autres, on leur dise
03:12 « on veut pouvoir contrôler vos modes de production pour s'assurer que ce sont les mêmes que nous ».
03:17 C'est du bon sens. Et après, il faut choisir. Moi, je pense que si nous faisons ça, on peut continuer d'embarquer nos industriels, nos agriculteurs.
03:27 Si on ne fait pas ça, on va les perdre. Et à juste titre. Et on fait monter les extrêmes. Alors après, on peut tous dire « c'est terrible, les extrêmes montent ».
03:35 Enfin, si on prend des décisions qui ne sont pas compréhensibles. Donc vous savez, moi, je suis pour l'écologie du bon sens et l'Europe du bon sens.
03:42 Ça aide beaucoup. Ce n'est pas moins d'ambition au contraire, mais c'est juste de dire « je vais essayer de comprendre ce que je fais et de pouvoir l'expliquer de manière intelligible. »
03:50 Parce que quand je n'arrive plus à l'expliquer, c'est qu'il y a un problème.

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