Paul, un adolescent de 17 ans, raconte à BFMTV avoir été victime d'une violente agression homophobe par trois autres adolescents en raison de son orientation sexuelle ce samedi à Mazamet, dans le Tarn.
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00:00On est en direct avec Sandy, la mère de Paul. Merci d'être avec nous en direct. J'espère que vous m'entendez.
00:06Je précise que vous avez accepté de témoigner, mais témoigner de manière anonyme. Anonyme parce que vous avez toujours peur, Sandy, aujourd'hui ?
00:16Oui, peur des représailles, puisque, après l'agression, à deux reprises, on a été menacé... Enfin, mon fils, surtout, a été menacé. Et donc, je ne souhaite pas montrer mon visage.
00:30On le comprend, évidemment. Mais ça veut dire qu'après l'agression, que ce soit à l'hôpital ou au commissariat, certains des agresseurs sont venus jusque-là pour vous trouver.
00:37C'est ça. Oui, oui, c'est ça. Il y en a une qui s'est introduite de la famille des agresseurs aux urgences. On se demande comment c'est possible. Et ils sont venus jusque devant le commissariat à la 2e salve d'identification des agresseurs, en fait.
00:56Samedi, c'est Paul qui vous appelle pour vous raconter. Qu'est-ce qu'il vous dit ?
01:03Alors, ses mots, c'est simple. C'est « au secours, maman, j'ai la tête en sang, je viens d'être agressée, je suis cachée, ils vont revenir, j'ai peur ». Voilà. Ces premiers mots, ça a été ça.
01:14Ensuite, il m'explique très brièvement. Ça s'est passé très vite puisqu'il fallait le mettre en sécurité. Donc mon ami appelle la gendarmerie. J'ai Paul sur l'autre ligne. Et là, la police s'est intervenue très rapidement au moyen d'une patrouille pour l'amener au poste avec son ami.
01:32Et ça s'est vraiment passé très, très vite. Tout a été très vite, en fait.
01:38Très vite aussi parce qu'il y a un homme, un jeune homme qui passe par là d'une trentaine d'années et qui fait fuir les agresseurs, visiblement.
01:45Trentaine d'années.
01:46Vous l'avez retrouvé, ce jeune homme ? Vous avez pu lui parler ?
01:48Oui, trentaine d'années. Et non, malheureusement, on l'a pas retrouvé. Je demande que ça parce que je le dis, je le redis, j'ai pas assez de merci dans la bouche parce que selon l'ami de ma fille, si cet homme n'était pas intervenu, on sait même pas si Paul serait encore là aujourd'hui, en fait.
02:06Pour vous, sans motifs, l'homophobie ne fait aucun doute ?
02:13Ah ben, ça fait aucun doute puisque les filles ont quand même dit qu'elles avaient les moyens de les faire devenir hétéros.
02:24Et les premiers mots qui ont été utilisés à son encontre, c'était « tu es un sale pédé ». Donc si ça, c'est pas homophobe, qu'est-ce que c'est, en fait ?
02:33Et Paul, je tenais à mettre une précision. On n'habite pas à côté de Mazamé. Paul n'avait jamais rencontré ces personnes. Nous ne sommes pas de Mazamé. Ce n'est pas une guerre de clans. Voilà.
02:47C'est une précision qui est effectivement importante. Je reviens sur les insultes homophobes. C'était déjà arrivé à Paul. Il a déjà dû affronter cela ?
02:56Alors j'ai appris hier qu'il avait déjà eu des moqueries. Mais agressions et insultes, jamais, en fait.
03:07Comment vous réagissez, vous comme maman, face à ces insultes-là, face à ce comportement homophobe ?
03:13De la tristesse, de beaucoup de colère, de l'incompréhension aussi parce que nous, on n'a pas élevé les enfants comme ça. Et comme c'est pas nos valeurs, en fait, c'est violent. Quand on le prend, c'est très très violent, en fait.
03:34Qu'est-ce que vous avez envie de dire aux agresseurs, justement ?
03:38Aux agresseurs, mais aussi aux parents. J'ai envie de dire aux agresseurs, s'il vous plaît, laissez-nous tranquille. On n'a rien fait.
03:47Et aux parents, raisonnez vos enfants. Faites arrêter ça. Il y a autre chose à faire que d'utiliser de la violence. Il y a autre chose à faire que d'utiliser de la violence.
03:58Ils ont mieux à faire, ces gens. Enfin, je sais pas. Et aux parents, j'ai envie de dire, essayez de vous mettre à notre place. Comment vous réagiriez si c'était les vôtres ? C'est violent, quand même.
04:10Je vous trouve très fort, Sandy.
04:13Pour le moment. Parce que ce que je montre, c'est pas forcément ce qui se passe derrière en coulisse, puisque je ne dors pas bien.
04:26Jusqu'ici, ça allait à peu près... Puisque j'étais encore dans l'effervescence, dans les démarches, etc. Mais les premières crises d'angoisse pour moi sont arrivées hier soir, en allant me coucher.
04:39Et comment ça s'est manifesté ?
04:40Mais j'étais persuadée qu'il allait se passer quelque chose hier soir, en fait.
04:47Qu'ils allaient revenir ?
04:48Qu'ils allaient se passer quelque chose. Ouais, c'est ça, c'est ça. Qu'ils allaient revenir, qu'ils allaient mettre les menaces à exécution. J'étais franchement pas sereine.
04:59Quand vous entendez... Alors je sais pas si vous l'avez entendu tout à l'heure, mais le maire de Mazamé-d'Irmé, en fait, on les connaît, ces 5-6 familles, que rien ne calme, qu'il n'y a aucune réponse judiciaire face à eux systématiquement.
05:13Est-ce que ça, ça vous met en colère ?
05:17Ah oui, ça me met en colère, parce que je ne comprends pas qu'on puisse pas sanctionner... Pour moi, ce sont des multirécidivistes. Il faut mettre un mot là-dessus.
05:28Et pourquoi est-ce qu'un multirécidiviste est encore dehors ? Et pourquoi il n'est pas sanctionné sous prétexte qu'il est mineur ? Il y a quand même quelque chose qui fonctionne mal chez nous, en France.
05:39Et ça, il faudrait peut-être que ça change.
05:43Je voudrais qu'on reparle de Paul. Je prenais des nouvelles de Paul tout à l'heure avec Célia Jusquadi, notre envoyée spéciale, qui nous disait à quel point il était évidemment traumatisé.
05:524 jours après, 3 ou 4 jours après, comment est-ce qu'il va ? Est-ce que, par exemple, ce matin, il a pu retourner en cours ?
05:58Alors, Paul est préinscrit dans un CFA pour être en bac pro alternance. Ce matin, il n'est pas en cours. Et ce matin, il est accompagné d'amis quelque part – on ne va pas dire le lieu, ne soyons pas fous – pour faire des démarches pour chercher son employeur en alternance.
06:21Mais il est accompagné. Et je le trouve très courageux parce qu'il dit « Tu sais, maman, c'est comme un accident de voiture. À un moment donné, il faut reprendre la voiture. Là, à un moment donné, il faut ressortir ». Voilà.
06:33Donc les prochaines étapes, c'est quand même une thérapie. Mais je le trouve très courageux puisqu'il a pris sur lui et il est sorti.
06:41Mais en sachant qu'il voit ses agresseurs partout, il y a quelqu'un qui hausse le ton, il sursaute. Il est dans ce genre de réaction pour le moment, Paul.
06:54– Merci beaucoup, Sandi. – Et je sais qu'il n'a pas bien dormi puisque je l'ai entendu. OK.
06:59– Non, pardon. Allez-y, allez-y. Vous pouvez conclure. Il n'y a aucun problème.
07:03– Non, j'allais finir par « Je sais qu'il n'a pas bien dormi puisque je l'ai entendu jusqu'à très tard dans la nuit aller boire, aller aux toilettes, etc. ».
07:12Donc il ne dormait pas encore sur les coups de 3 heures ce matin. Voilà.