Les enseignants sont appelés à la grève ce jeudi pour dénoncer pêlemêle les suppressions de postes, les problèmes de remplacement et d'attractivité du métier...sans parler de la polémique engendrée par les propose de la ministre de l'Education, Amélie Oudéa-Castéra
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00:00 7h45 après les agriculteurs, les taxis, les centres sociaux, voilà les profs qui manifestent aujourd'hui.
00:05 Emmanuel Champal, le secrétaire FSU-SUNIBP de la Drôme est avec nous.
00:09 - Bonjour Florian Bonguimar. - Bonjour.
00:11 - Appel à la grève aujourd'hui pour dénoncer la suppression de 11 postes de profs des écoles dans la Drôme.
00:18 C'est 12 en Ardèche.
00:20 Les effectifs sont en baisse. Est-ce que c'est une hérésie que le nombre de postes de profs baisse finalement aussi ?
00:28 - Écoutez, la colère est grande dans le monde de l'éducation
00:32 et elle dépasse largement les questions de nombre de postes et de fermeture de nombre de postes.
00:38 Pour répéter un slogan qu'on va entendre dans la rue cet après-midi,
00:45 il y en a ras le bol de ces guignols qui cassent l'école.
00:48 - Ces guignols ? - Ces guignols. On parle de la ministre Amélie Oudéa Castellar,
00:54 on parle de Gabriel Attal, on parle d'Emmanuel Macron quand on parle de ces guignols.
00:59 Vous venez de le dire, tout le monde sait que l'école ne va pas bien,
01:03 qu'elle ne réussit pas bien sa mission de faire réussir tous les élèves, en particulier les plus fragiles, et qu'est-ce qu'on va faire ?
01:10 On va supprimer encore plus de moyens.
01:13 On l'a vu au moment de la crise Covid en particulier, mais si on est parent d'élève, on le sait depuis des années.
01:19 Par exemple, le remplacement.
01:22 La règle est devenue le non-remplacement,
01:24 et l'exception le remplacement, que ce soit au collège, au lycée ou dans les écoles.
01:29 Et là on va supprimer 650 postes au niveau national, 40 dans l'académie de Grenoble, 11 en Drôme, 12 en Arbèche, et ça va s'améliorer
01:37 avec ça ? Non, ça va juste faire remonter les effectifs dans les classes, les élèves les plus en difficulté
01:43 ne seront pas plus aidés. Et la solution par rapport à ça ? - Que répond l'inspection académique quand vous lui dites ça ?
01:49 - Bah, elle nous répond rien, parce que de toute façon elle fait avec les moyens qu'elle a.
01:52 Donc 11 postes retirés, ça veut dire que en Drôme il y a 412 écoles,
01:58 1951 classes.
02:01 Pour 1951 classes, donc vous imaginez le nombre de remplaçants qu'il faut à peu près par jour,
02:06 il y aura trois remplaçants de plus sur l'ensemble de ces 412 écoles.
02:11 Donc non, ça ne va pas s'améliorer, et comme je disais, les élèves
02:15 les plus en difficulté, les plus fragiles, plutôt que de mettre des moyens pour les aider, dédoubler les classes, alléger les classes, avoir des
02:22 maîtres spécialisés pour les élèves en difficulté,
02:24 permettre l'accompagnement des élèves en situation de handicap par exemple, avec les AESH qui sont toujours aussi
02:31 précaires dans leur statut, dans leur salaire. Qu'est-ce qu'on fait ? Non, on va les assigner
02:36 à leur origine sociale et à leurs résultats scolaires en créant des groupes, des classes de niveau à partir du collège.
02:44 C'est insupportable, c'est inadmissible. - Les classes de niveau ne fonctionnent pas ? - Ah ben c'est pas pour moi, tout le monde le sait.
02:50 L'entre-soi, c'est bien pour les élèves forts qui sont ensemble, mais à concentrer la difficulté scolaire, vous pensez vraiment que les conditions d'apprentissage
02:59 sont meilleures dans ces conditions-là ? Vous pensez vraiment qu'il est plus facile d'enseigner ? Du côté conditions de travail des
03:05 personnels, toutes les recherches le montrent. Non, l'hétérogénéité, la mixité sociale, ça c'est la clé de la réussite. Après il faut donner les moyens
03:13 pour les élèves les plus en difficulté, pour leur permettre d'avoir eux aussi accès à tous les savoirs, parce que que des maths et que du français
03:19 pour les élèves en difficulté, et puis les arts, les sciences,
03:23 la culture générale pour les autres, ça c'est une école à deux vitesses et c'est une société à deux vitesses.
03:29 Et à la fin,
03:31 c'est une guerre scolaire qu'ils sont en train de préparer.
03:35 - Vous parlez d'une guerre scolaire qui se prépare ? - Mais oui, regardez les propos de la ministre sur l'école privée, surtout sur l'école publique.
03:42 - Ça c'est pas passé, il y a eu des excuses ? - Ah mais c'est pas que c'est pas passé,
03:47 elle n'est plus à sa place, très clairement. - Vous demandez sa démission ? - Elle doit être démissionnée, elle ne peut plus rester, elle n'est plus une
03:55 interlocutrice crédible,
03:58 et elle ne peut plus assurer sa mission,
04:00 d'ailleurs bien trop large avec le ministère des sports et les Jeux olympiques et paralympiques qui se préparent.
04:08 Donc oui très clairement, là on est encore dans la phase où on doit nommer des ministres, nous on veut un ministre plein exercice,
04:14 que pour l'éducation nationale, et avec le mépris qu'elle a exprimé de manière totalement décomplexée contre l'école publique et ses personnels,
04:22 oui elle ne peut plus rester. - Très franchement, il y a déjà eu des ministres de l'éducation qui ont trouvé grâce à vos yeux ?
04:27 - En tout cas, là c'est une sortie qui s'est faite de manière
04:32 méprisante à un plus haut point,
04:35 on n'a jamais vu ça, voilà. Donc après c'est les conséquences d'une politique, elle pointe en mentant quelque chose qui est bien réel,
04:43 malheureusement pas dans l'école où elle scolarisait ses enfants à Paris. - Les problèmes de remplacement ? - Les problèmes de remplacement, c'est quand même ses
04:49 prédécesseurs qui sont la cause de tout ça, donc plutôt que de dénoncer, en fait plutôt que d'instrumentaliser les sujets avec la baïa,
04:56 l'uniforme,
04:58 de faire des classes de niveau, il faut traiter les vrais problèmes de l'école, et les vrais problèmes de l'école,
05:04 c'est mettre des moyens pour que tous les élèves aient un professeur devant eux, rien que ça, c'est la base de l'école.
05:12 Il faut traiter la question de l'attractivité du métier, aujourd'hui les jeunes, les étudiants ne souhaitent pas forcément, ne souhaitent plus forcément
05:19 passer les concours de l'enseignement. - C'est un problème de salaire ? - Il y a entre autres des problèmes de conditions de travail. - C'est pour ça que vous vous battez aujourd'hui ?
05:26 - Il y a aussi pour ça, bien sûr,
05:29 on sait très bien que les salaires en France des professeurs, et ne parlons même pas des salaires des
05:34 accompagnantes pour les élèves en situation de handicap à moins de 1000 euros par mois,
05:38 on sait très bien que les personnels de l'éducation nationale sont mal payés en France. - Le gouvernement avait annoncé des augmentations de salaire pour les jeunes profs ?
05:45 - Bah écoutez, ouais, pour les jeunes profs il y a eu quelques primes revalorisées l'année dernière, c'est vrai,
05:50 largement en dessous de l'inflation, et que pour les jeunes profs.
05:53 Donc quand vous savez que vous devez faire une carrière jusqu'à maintenant 64 ans,
05:58 et encore vous n'aurez pas forcément tout votre trimestre, donc faudra peut-être aller au-delà,
06:02 on se pose la question, non en réalité on ne se la pose pas, les jeunes ils veulent plus faire
06:07 enseignant. - La colère des guignols, ce sont vos propres mots qui cassent l'école, on a bien entendu votre message ce matin,
06:14 Florimont, Guimard, vous êtes secrétaire FSU,
06:17 SNUPP dans la Drôme, deux manifestations sont prévues chez nous aujourd'hui à 11h à Privas et à 14h à Valence, merci à vous.
06:24 Ainsi qu'à Montélimar à 14h. - Montélimar aussi, merci, passez une bonne journée.
06:28 Merci, interview que vous trouverez dans quelques instants sur francebleu.fr, 7h51.