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Colère des agriculteurs : la faute à Bruxelles ?

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00:00 (Générique)
00:06 Bienvenue sur le plateau des informés de l'Europe, comme chaque semaine, comme tous les dimanches,
00:09 à 9h40, les informés où l'on décrypte à la radio France Info et à la télévision Canal 27
00:14 l'actualité de cette année européenne. Avec vous, François Baudonnet.
00:18 Bonjour François. - Bonjour Jean-Rémy.
00:19 - Rédacteur en chef de la rédaction européenne de France Télévisions,
00:22 éditorialiste chaque matin sur France Info TV.
00:25 Qui sont nos invités ce matin ?
00:26 - Eh bien nous sommes ce matin avec Clara Bauer-Babeff qui est journaliste au site Euractive.
00:31 Le site Euractive est un site spécialisé sur l'Europe.
00:34 Et avec Juliette Rangeval, présentatrice de l'émission "Accent d'Europe" sur RFI, Radio France Internationale.
00:40 Une très bonne émission que je vous conseille d'ailleurs.
00:42 - Alors qu'en France, bon bonjour à toutes les deux, alors qu'en France,
00:45 deux syndicats d'agriculteurs appellent à assiéger Paris à partir de demain lundi,
00:49 on va se pencher sur les causes de cette colère, des causes profondes.
00:53 Une colère, François, qui ne touche pas d'ailleurs que les paysans français.
00:56 - Oui parce que depuis deux mois maintenant, la colère des fermiers se répand partout en Europe.
01:01 Roumanie, Pologne, Belgique, Pays-Bas et plus récemment Allemagne.
01:05 Des milliers de tracteurs ont bloqué les autoroutes européennes.
01:08 Les agriculteurs français leur ont emboîté le pas il y a maintenant une dizaine de jours.
01:11 Alors qu'à Bruxelles, cette semaine, la présidente de la Commission européenne
01:15 a débuté un round de discussion avec toute la filière alimentaire européenne.
01:19 Il s'agit d'une série de réunions qui avaient été annoncées en septembre dernier,
01:23 mais qui n'ont donc commencé que cette semaine, en pleine crise agricole.
01:27 Donc voici ce qu'a dit Ursula von der Leyen aux agriculteurs,
01:30 industriels de l'agroalimentaire, mais aussi aux ONG de défense de l'environnement
01:34 qui se trouvaient autour de la table. On l'écoute.
01:37 - Nous partageons tous ce sentiment, il faut améliorer les choses en urgence.
01:44 Nous devons donc trouver de nouvelles voies et des solutions communes et durables.
01:48 Je suis intimement convaincue que nous ne réussirons à dépasser les oppositions
01:52 que nous ressentons tous uniquement par la voie du dialogue.
01:59 - Vous avez entendu, elle se veut très conciliante.
02:01 La présidente de la Commission européenne a bien compris qu'elle joue gros.
02:04 Vous savez qu'elle aimerait se succéder à elle-même.
02:07 Ursula von der Leyen marche donc sur une ligne de crête.
02:10 Il va lui falloir reculer forcément sur l'écologie pour calmer la colère des agriculteurs,
02:15 mais pas trop, parce que la protection du climat est le principal marqueur de son bilan depuis 5 ans.
02:21 - Clara Boerbabeff, Euractiv, on l'a entendu avec François, la colère des agriculteurs,
02:25 c'est une colère européenne au sens large.
02:28 C'est donc bien aussi que les causes sont elles-mêmes un peu européennes.
02:31 Mais on a du mal à comprendre parfois ce qui est rejeté par les agriculteurs.
02:35 Est-ce que c'est le pacte vert européen dont on parle parfois ?
02:39 - Pas exactement, c'est plus subtil que ça.
02:41 C'est vrai qu'on entend beaucoup parler du pacte vert européen,
02:44 mais ce que rejettent les agriculteurs, c'est ce qu'on appelle la nouvelle PAC,
02:47 donc la politique agricole commune, qui est appliquée depuis janvier 2023.
02:52 Et cette PAC, elle sert notamment à accompagner le secteur de l'agriculture
02:56 dans sa transition écologique à l'aide de subventions.
02:59 Et c'est là que ça coince, c'est là où les agriculteurs disent
03:02 "Non, attendez, il y a des normes qui sont beaucoup trop inadaptées pour notre agriculture en ce moment".
03:07 Je vous donne un exemple.
03:08 Par exemple, dans cette PAC, il y a la mise en jachère d'au moins 4% des terres
03:13 pour pouvoir préserver et développer la biodiversité.
03:16 - Et ça, pour les agriculteurs, c'est beaucoup trop ?
03:18 - C'est compliqué.
03:19 - Alors, autre cause de mécontentement des agriculteurs,
03:22 c'est la montagne de démarches administratives qu'ils doivent accomplir
03:25 pour toucher notamment des aides européennes.
03:27 Juliette Rangeval, est-ce bien là-dessus, la "faute à Bruxelles", comme on dit ?
03:32 - Les subventions, elles sont européennes, ça c'est certain.
03:35 Mais pour pouvoir toucher ces subventions, il faut passer par l'échelon national, par l'État.
03:41 Et alors, on va prendre, pour suivre ce que disait Clara, sur l'exemple de la jachère et des haies,
03:46 qui a été un exemple qui a été très souvent mis en avant.
03:48 Il y a 14 règles à respecter pour pouvoir mettre des haies sur ces terres agricoles.
03:54 C'est vertueux, en principe, c'est pour préserver la biodiversité, c'est bon pour l'environnement.
03:58 Mais sur ces 14 normes, il y a des règles qui sont européennes, il y a des règles qui sont françaises.
04:03 Il faut respecter le code foncier, il faut respecter les éléments de patrimoine.
04:07 Et on a vu ces dernières années qu'il y avait une véritable inflation côté français des normes à respecter.
04:13 Et puis après, il y a aussi des lenteurs administratives en France.
04:17 Ça, ça a été dénoncé par la FNSEA, par exemple, pour installer un métanier,
04:21 c'est-à-dire pour pouvoir transformer les déchets biodégradables en biogaz.
04:27 Eh bien, en France, ça va mettre un an et demi, deux ans, alors que ça va mettre deux fois moins de temps en Allemagne.
04:32 Donc la question administrative n'est absolument pas anodine dans la colère des agriculteurs.
04:38 François Bonnet, on va revenir à ce pacte vert, ce qu'on appelle aussi le Green Deal.
04:42 Qu'est-ce qui va se passer quand il sera pleinement appliqué ?
04:44 Parce qu'on le rappelle pour l'instant, il ne l'est pas.
04:46 Les agriculteurs européens, ils vont devoir bloquer toutes les routes, toutes les autoroutes pour se faire entendre.
04:52 C'est la question qu'on peut se poser parce qu'effectivement, ils sont déjà très en colère, juste si je puis dire, avec la PAC, la nouvelle PAC dont parlait Clara.
04:58 Alors effectivement, avec le pacte vert européen, ça sera peut-être encore plus fort.
05:02 Mais encore faudrait-il que le volet agricole du pacte vert européen soit appliqué un jour dans sa totalité, ce qui en fait est loin d'être certain.
05:08 Parce que depuis l'hiver dernier, en gros, on voit qu'à Bruxelles, sous la pression des conservateurs européens,
05:14 certains textes du pacte vert ont carrément été torpillés.
05:17 D'autres, par exemple, comme la restauration de la nature, qui est un texte important, ont été vidés de leurs substances.
05:23 Et enfin, Bruxelles a réautorisé, vous vous en souvenez, pour 10 ans, l'autorisation du glyphosate.
05:29 Donc on voit que tout ça, ça va dans le même sens, qui est un affaiblissement du pacte vert européen.
05:33 Et à propos de la nouvelle PAC, celle qui remplacera la PAC qui est entrée en vigueur très récemment, juste en 2023,
05:39 elle ne sera pas appliquée avant bien longtemps. Valérie Astruc est la correspondante de France Télévisions à Bruxelles.
05:46 Le paquebot Europe est parfois lent à manœuvrer. C'est le cas sur les réponses à la colère agricole.
05:52 Le dialogue engagé par la Commission vise la future PAC qui démarra en 2028. Autant dire que cela ne va pas calmer la grogne.
05:59 A défaut de réponse immédiate, la présidente de la Commission a envoyé des messages d'amour aux paysans européens,
06:05 déclarant qu'ils méritent un revenu équitable et qu'il faut trouver un équilibre raisonnable entre transition écologique et nécessité agricole.
06:13 D'ailleurs, Bruxelles est déjà passée aux travaux pratiques. Tous les textes irritants sont en mode pause.
06:19 Plus de loi pour réduire les pesticides, les élevages bovins ne sont plus concernés par la future réglementation visant à limiter les émissions industrielles.
06:27 Bref, la pause réglementaire réclamée par Emmanuel Macron a bel et bien démarré.
06:32 Pas forcément de quoi ramener le calme chez les paysans, mais au moins éviter de les braquer encore plus.
06:38 Voilà Valérie Astruc, correspondante de France Télévisions à Bruxelles.
06:41 Quand on écoute Valérie et François, on se dit que tout ça, ça va prendre du temps,
06:45 mais que la solution à long terme pour les paysans européens, elle viendra en réalité que de l'Europe.
06:51 Oui, et c'est tout le problème du gouvernement français. En fait, le gouvernement français peut apporter des solutions à court terme.
06:56 En fait, ça peut être des ajustements. Il a déjà pris des décisions en ce qui concerne, par exemple, le gazole non routier.
07:02 Encore une fois, il peut y avoir un accompagnement au niveau national, mais à long terme, ça sera véritablement au niveau européen.
07:08 Pourquoi ? Parce que l'agriculture est ce qu'on appelle une compétence partagée de l'Union européenne,
07:13 c'est à dire qu'en fait, énormément de choses, énormément de décisions se prennent à Bruxelles en ce qui concerne l'agriculture.
07:19 La politique agricole commune, c'est le premier budget de l'Union européenne.
07:23 Un euro européen sur trois, en gros, part dans la PAC, dans la politique agricole commune.
07:28 C'est 53 milliards d'euros par an. La France, on le sait, est le pays européen qui bénéficie le plus des aides agricoles de la PAC,
07:35 avec quasiment 10 milliards d'euros par an qui sont reçus bien devant l'Espagne et l'Italie.
07:40 Donc en gros, si vous voulez, comme revoir une législation, ça prend, allez, deux, trois ans en moyenne.
07:46 C'est à dire que le gouvernement français est face à un mur. Il a besoin d'une réponse avant demain matin, en gros,
07:51 puisque lundi matin, il menace de bloquer la capitale, alors que l'Union européenne, elle, ne pourra lui donner cette réponse que dans trois ans.
07:58 Et il y a quelque chose dont on entend beaucoup parler, c'est la question de la concurrence, concurrence internationale, Clara.
08:02 Notamment la question des accords de libre-échange.
08:06 Il y en a un qui est en négociation actuellement à Bruxelles, qui est ce qu'on appelle le Mercosur, avec quatre pays d'Amérique du Sud.
08:11 Si ce texte était signé, pour l'instant la France dit qu'elle s'y oppose, mais ça remettrait clairement l'huile sur le feu.
08:17 Absolument. Et d'ailleurs, le vice-président de la Commission européenne a déclaré mercredi dernier qu'il souhaitait voir ce texte signé avant les élections européennes.
08:24 Là, il y a un point de blocage.
08:25 Exactement. Et en fait, le problème, et c'est donc une autre revendication des agriculteurs, c'est qu'ils dénoncent le deux poids, deux mesures.
08:30 Ils disent "attendez, d'un côté, on nous demande d'aller vers plus de respect de l'environnement, mais en même temps, on signe un accord de libre-échange avec les pays du maire secours,
08:39 qui eux, ne sont absolument pas sous les mêmes législations environnementales, et qui en plus, leurs produits seraient exonérés de leurs droits de douane.
08:45 Donc ce que disent les agriculteurs européens, ce serait la fin d'une agriculture locale produite en Europe, si cet accord était en tout cas signé en l'état.
08:53 Il y a cet accord du Mercosur. Il y a un autre accord, Juillet-Rangeval, qui est celui avec la Nouvelle-Zélande.
08:58 Là aussi, il y a des conséquences pour les agriculteurs.
09:01 Et là, ça a été signé par le Parlement européen. On attend la ratification. Ça devrait être pour le premier semestre 2024.
09:08 Alors cet accord avec la Nouvelle-Zélande, c'est pas qu'un accord agricole, c'est un accord de libre-échange.
09:13 Ça doit permettre d'augmenter les échanges de 30% entre l'UE et la Nouvelle-Zélande. C'est important. C'est un partenaire assez important pour l'Union européenne.
09:24 Et en termes de géopolitique, parce qu'il y en a toujours un petit peu, c'est important d'avoir des accords aussi avec des partenaires qui se trouvent dans la zone Asie-Pacifique.
09:32 Mais pour les agriculteurs, parce que ça compte évidemment pour eux, ça veut dire qu'à terme, il va y avoir des importations de produits néo-zélandais qui sont du miel, des pommes, des oignons, sur le territoire de l'Union européenne.
09:47 Ça, c'est des choses qu'on produit ici aussi. Et donc, ils dénoncent une concurrence à venir.
09:52 L'Europe dit beaucoup que c'est un accord qui est avec des normes exceptionnelles par rapport à ce qui a déjà été conclu.
09:59 Les agriculteurs ne sont pas toujours convaincus. Les écologistes non plus.
10:04 Juliette Rangeval de RFI, Clara Bouher-Babeuf de Eure Active.
10:08 François Bodonnet de France Télévisions. On se retrouve dans un instant, juste après le Fil info de Diane Ferchit à 9h51.
10:14 Le Premier ministre Gabriel Attal attendu d'ici une demi-heure dans une exploitation maraîchère près de Tours en Indre-et-Loire alors que les agriculteurs du Grand-Bassin parisien annoncent vouloir faire le siège de Paris demain.
10:25 Mouvement soutenu par la FNSEA ainsi que les jeunes agriculteurs de la région. Un siège distil pour une durée indéterminée.
10:31 Ils menacent d'occuper tous les grands axes autour de la capitale.
10:35 D'autres agriculteurs, ceux du Lot-et-Garonne, prendront la route demain matin direction Rungis.
10:40 Ils veulent bloquer le marché d'intérêt national. Annonce de la coordination rurale du Lot-et-Garonne.
10:46 Un enfant de 8 ans meurt dans un accident de ski au Grand-Bornon.
10:50 Le garçon emporté par sa vitesse s'est retrouvé sur une piste noire fermée au public avant de chuter 100 mètres plus bas.
10:58 Le début à l'instant de la finale homme de l'Open de tennis d'Australie.
11:02 Yannick Sinner contre Daniel Medvedev. Le Russe vise un deuxième titre du Grand-Chelem.
11:06 L'Italien va lui tenter de décrocher son premier titre majeur. Autre finale.
11:10 Finale de l'Euro de handball. La France va retrouver le Danemark ce soir.
11:14 Affiche devenu presque un classique des grandes finales internationales.
11:17 Coup d'envoi à 17h45.
11:32 De retour sur le plateau des informés de l'Europe avec cette question.
11:34 Est-ce que c'est la faute à l'Europe cette colère des agriculteurs en France ?
11:38 Mais sur l'ensemble de l'Union Européenne.
11:41 Clara Bouherbabev de Ractive. Dans l'Est de l'Europe on n'a pas exactement les mêmes revendications.
11:46 En tout cas on n'a pas les mêmes craintes.
11:48 Là-bas on se tourne, on est tout près de l'Ukraine évidemment.
11:50 Et c'est le blé ukrainien qui inquiète tout le monde.
11:53 Absolument. Et rappelez-vous lors de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022.
11:57 La Commission Européenne avait mis en place ce qu'on appelait les corridors de solidarité.
12:01 Qui sont toujours en place.
12:02 Et elle avait également mis des suspensions de droits de douane sur le blé ukrainien.
12:07 Ce qui avait considérablement impacté la Pologne, la Moldavie, la Hongrie.
12:11 Ces pays frontaliers.
12:12 Donc ils se retrouvaient avec, qu'on comprenne bien, avec du blé ukrainien.
12:16 Alors qu'au départ c'était pas du tout contingenté de cette manière là.
12:19 Exactement. Il y a eu des exportations massives de blé ukrainien.
12:22 Et en fait aujourd'hui ces pays dénoncent une concurrence déloyale.
12:25 Et ils veulent absolument que la Commission Européenne revienne sur ses règles.
12:29 Alors c'est prévu. La Commission Européenne a déclaré qu'elle allait à nouveau...
12:34 On va vers une prologation de ses règles.
12:35 Mais qu'elle allait en tout cas prendre en compte le point de vue de ces pays.
12:38 Pour éviter une distorsion de concurrence.
12:40 En France, les exportations ukrainiennes, François, c'est un problème ça pour nos agriculteurs ou pas ?
12:45 Oui c'est un problème. Et en particulier en ce qui concerne le poulet.
12:49 Le poulet ukrainien. Il faut savoir que l'Ukraine est un très gros producteur de poulet.
12:53 Et que le coût de production d'un poulet ukrainien est 75% inférieur par rapport à un poulet français.
13:01 Et comme il y a eu sur le poulet la même chose que sur le blé.
13:03 C'est à dire qu'en fait les droits de douane ont été levés.
13:05 Mais c'était pour aider l'Ukraine. On comprend.
13:07 À ce moment là c'était juste après le début de la guerre.
13:09 On s'est dit il faut aider l'Ukraine. Il faut qu'elle puisse exporter ses céréales, sa viande.
13:14 Qu'elle ne peut plus exporter à cause de la guerre en Ukraine.
13:16 Il fallait qu'elle puisse le faire sans droits de douane du côté européen.
13:20 Le problème c'est que maintenant, par exemple, les importations de poulet ukrainien ont doublé en France sur les 6 premiers mois de l'année 2023.
13:29 Et alors c'est essentiellement dans les plats cuisinés.
13:32 Mais ça pose quand même un problème parce qu'en fait il n'y a absolument pas les normes sur la production du poulet.
13:36 Il n'y a absolument pas les mêmes normes qu'en Europe, que dans l'Union européenne.
13:40 Et ça fait baisser les prix pour les producteurs français.
13:42 Qui eux demandent le retour des niveaux d'importation avant la guerre.
13:46 Donc en fait ils ne veulent pas fermer la porte aux poulets ukrainiens.
13:48 Mais ils demandent que les importations retrouvent un niveau normal.
13:53 J'aimerais qu'on reparle un instant de ce pacte vert, de ce Green Deal.
13:56 Juliette Rangeval de RFI.
13:58 Le Green Deal c'est un peu le navire amiral de la commission von der Leyen.
14:02 Est-ce que vous pensez que toutes ces manifestations d'agriculteurs un peu partout sur le continent
14:05 pourraient faire un petit peu tomber, sombrer la protection du climat en Europe ?
14:10 Est-ce qu'on est allé trop loin en fait ?
14:12 En tout cas le pacte vert aujourd'hui, il a du plomb dans l'aile.
14:15 Et justement, François le rappelait, on a déjà vu des signes que ce soit sur le glyphosate,
14:19 que ce soit la loi sur la restauration de la nature.
14:21 On voit bien qu'il y a du mal à faire passer ces mesures-là.
14:24 Il y a des élections au mois de juin.
14:26 Il y a un dialogue stratégique qui a commencé avec l'Union européenne.
14:30 Mais ce dialogue, il sera interrompu de facto par les élections.
14:35 Et puis demain il y aura une nouvelle commission.
14:37 Il y aura un nouveau Parlement.
14:39 Il faudra sans doute recommencer avec une nouvelle donne.
14:42 On annonce la droite, les extrêmes, en tête des prochaines élections.
14:49 Donc bien sûr, ça peut avoir des conséquences.
14:51 Mais vous y voyez-vous, Juliette, une baisse d'ambition sur les questions environnementales
14:55 ou une forme de réalisme ?
14:56 Parce que peut-être, comme je le disais, je pose la question, est-ce qu'on est allé trop loin ?
15:00 Je pense que l'Europe est très habituée au compromis
15:04 et que c'est tout de même une véritable préoccupation des citoyens européens aujourd'hui.
15:10 Et que l'Europe est quand même une...
15:13 Ce sont des institutions qui sont productrices de normes, énormément,
15:17 qui s'imposent... C'est le premier marché de consommateurs mondial.
15:20 C'est quelque chose qu'on arrive à imposer à nos partenaires commerciaux aussi.
15:24 Donc je ne vois pas abandonner quelque chose d'aussi essentiel.
15:28 C'est quand même très haut dans l'agenda de tout le monde,
15:30 même s'il y a des difficultés géopolitiques,
15:32 il y a des difficultés financières qui sont évidentes.
15:34 Clara, est-ce qu'on est conscient de ce risque-là, à Bruxelles ?
15:36 Oui, absolument.
15:37 Et comme le disait Juliette, l'Europe est habituée au compromis
15:40 et c'est exactement ce qui est en train de se passer sur la Vendée Gliane.
15:43 En fait, elle marche sur une ligne de crête entre le Green Deal européen
15:46 qui a été vraiment érigé comme texte phare de son mandat
15:50 et à côté, comme vous le disiez, un réalisme aussi.
15:53 Comment dans la réalité, notamment en ce moment, on le voit chez les agriculteurs,
15:56 ça peut se traduire ?
15:57 Des agriculteurs, pour l'instant, le débat, en tout cas au niveau français,
16:00 il reste très franco-français.
16:01 François, on le rappelle, dans quatre mois et demi, il y a eu une élection européenne.
16:04 C'est aussi pour ça qu'on en parle tous les dimanches matin.
16:07 Est-ce que vous pensez que l'agriculture, les agriculteurs,
16:09 pourraient se retrouver au cœur des débats ?
16:11 Alors, ça dépend, en fait.
16:12 Sauf si les États, si les capitales arrivent à trouver une solution,
16:15 puisqu'on a vu que la solution européenne, elle sera beaucoup plus longue.
16:17 À ce moment-là, ça pourrait se calmer.
16:19 Mais même si j'y arrive, je crois que ça a quand même ouvert, d'une certaine façon,
16:22 la boîte de Pandore sur ce qui est perçu comme une écologie punitive.
16:27 Globalement, vous savez, par exemple, il y a les voitures thermiques
16:30 qui sont interdites à partir de 2035.
16:32 Même ça, moi, je me demande si finalement, ça va vraiment être fait,
16:35 parce qu'on voit que ça pousse très fort pour revenir en arrière.
16:37 Donc, en fait, ce qui est en train de se passer sur l'agriculture au niveau européen,
16:41 je pense que ça remet quand même profondément en cause
16:43 tout ce qui a été fait sur l'écologie ces dernières années.
16:45 Et il y aura un test, évidemment, sur l'ambition de la transition écologique.
16:49 Merci beaucoup, François Boddenet, rédacteur en chef à France Télévisions.
16:52 Merci beaucoup, Clara Boerbeef du site Euractiv.
16:55 Et merci beaucoup, Juliette Rangeval, de RFI, d'être venue ce matin dans Les Informés de l'Europe.
16:59 On se retrouve la semaine prochaine.
17:01 [Musique]

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