La révolte des agriculteurs en Europe
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00:08 Bienvenue dans "Les Informés de l'Europe" sur France Info,
00:10 votre rendez-vous de décryptage de l'actualité européenne en compagnie de François Bodonnet,
00:15 rédacteur en chef de la rédaction européenne de France Info,
00:17 de France Télévisions et d'éditorialistes chaque matin sur France Info Télé.
00:21 Je vous laisse présenter nos invités, François.
00:23 - Eh bien aujourd'hui, nous sommes avec Théo Bourgerie-Gonz,
00:25 qui est journaliste géoractive, qui est un site spécialisé sur l'Europe,
00:29 et José-Manuel Lamarque, grand reporter à Radio France, spécialiste de l'Europe.
00:34 - Des centaines de tracteurs qui bloquent les routes, les autoroutes et même les villes,
00:38 ces scènes, on les voit un peu partout en Europe en ce moment et depuis quelques semaines,
00:41 pas seulement en France, François, le monde agricole est en colère.
00:44 - Oui, c'est une traînée de poudre qui est en train de se répandre à travers toute l'Europe,
00:48 ou presque, Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Belgique, Portugal, Espagne, Roumanie,
00:52 et maintenant donc, eh bien la France.
00:54 Les agriculteurs manifestent simultanément dans tous ces pays.
00:56 Au départ, il s'agissait de mouvements nationaux,
00:59 mais dorénavant, c'est un vent de révolte qui est en train de souffler sur l'ensemble de notre continent.
01:05 Tous ces agriculteurs ont en effet une cible commune, c'est l'Union Européenne, c'est Bruxelles donc.
01:10 Écoutez Michael Schmid-Kunz, il est agriculteur et il manifestait à Vienne, en Autriche.
01:16 - C'est un proteste des agriculteurs, qui est très important.
01:21 Il était urgent pour nous de manifester,
01:23 car nous sommes de plus en plus sous la pression de l'Union Européenne.
01:27 Rien qu'en Autriche, nous importons du Brésil plus de 5 millions de tonnes de viande de poulet,
01:32 et plus de 2 millions de tonnes de bœuf.
01:34 Or, c'est de la viande que nous devrions produire ici, chez nous.
01:37 Nous, les agriculteurs, on nous oblige à investir énormément dans nos exploitations,
01:42 pour des soi-disant raisons écologiques, qui sont en fait des fantasmes.
01:46 - Alors, les agriculteurs européens dénoncent donc les normes que l'Union Européenne leur impose,
01:51 en particulier sur le plan environnemental, on vient de l'entendre,
01:55 des normes qui les empêchent, selon eux, d'être compétitifs face aux agriculteurs des autres continents.
02:00 Ils ne veulent pas non plus des accords de libre-échange signés,
02:03 ou qui sont sur le point de l'être, par Bruxelles.
02:06 Et enfin, ils s'opposent à la suppression de la réduction dont ils bénéficient sur le prix du gazole,
02:11 ce qu'on appelle le gazole non routier.
02:13 C'est une suppression qui a été annoncée en France, mais aussi et surtout en Allemagne.
02:17 - Et José-Emmanuel Lamarck, c'est en Allemagne, justement, que le mouvement de révolte est le plus fort.
02:22 Pourquoi l'Allemagne ?
02:23 - Tout a commencé quand le gouvernement de M. Scholz a présenté son budget
02:28 à la cour constitutionnelle de Karlsruhe, la "Bundefassungsgericht".
02:32 Et là, la cour constitutionnelle a retoqué le budget en disant qu'il fallait 17 milliards d'économies.
02:37 Alors, on a fait des économies dans tous les ministères,
02:40 et il s'est avéré que le ministre de l'Agriculture a choisi d'abolir, justement, la subvention du diesel agricole.
02:46 Voilà, ça a commencé comme ça.
02:47 Ça s'est transformé dans un mécontentement général, d'autant que les agriculteurs allemands,
02:52 il faut savoir qu'ils éprouvent par ailleurs le sentiment que les grandes centrales d'achat les préfèrent comme des citrons.
02:57 Beaucoup d'exploitations agricoles en Allemagne sont en péril aujourd'hui,
03:01 à cause, justement, des contraintes et des normes européennes.
03:04 Et puis, il ne faut pas oublier que la Commission européenne veut faire passer en force des textes contraignants
03:10 concernant les questions environnementales avant les élections européennes, comme la transition écologique.
03:15 Sans oublier qu'en Allemagne, il y a un parti qui s'appelle le Freiawella, surtout en Bavière.
03:21 C'est un parti composé d'agriculteurs.
03:23 Donc voilà, tout le mouvement en Allemagne est très important.
03:26 Énormes manifestations à Nuremberg, énormes manifestations à Berlin.
03:31 L'Allemagne, tous les Landes Wehrs sont mobilisés.
03:33 - Théo Bourger-Hégon, ça fait trois semaines qu'on voit, justement, ces manifestations,
03:36 avec des professions qui viennent rejoindre, justement, les agriculteurs.
03:40 Est-ce qu'on peut imaginer chez nos voisins allemands un mouvement semblable à celui qu'on a connu avec les Gilets jaunes en France ?
03:45 - C'est toute la question et toute l'inquiétude au sein de la coalition gouvernementale allemande,
03:50 mais aussi dans les couloirs des instances européennes.
03:52 Le point de départ est le même, comme l'expliquait José Manuel.
03:54 En France, l'augmentation du prix du carburant lors du début du mouvement des Gilets jaunes.
04:00 En Allemagne, c'est cette soudaine suppression des subventions, notamment sur le diesel agricole,
04:04 qui a fait bondir les agriculteurs.
04:07 Mais la comparaison pourrait s'arrêter là.
04:08 Et je parlais à un eurodéputé allemand qui disait qu'il y a une différence fondamentale
04:11 entre les Gilets jaunes, mouvement non structuré aux revendications éparses et sans leader naturel,
04:17 et les manifestations allemandes, particulièrement structurées, aux revendications très précises,
04:22 et chapeautées, en ce qui concerne du moins les agriculteurs, par les syndicats.
04:26 Maintenant, l'extension du mouvement à d'autres professions avec comme dénominateur commun
04:30 cette lourdeur administrative qui, prétendument, vient de Bruxelles,
04:34 oblige le gouvernement à vraiment se penser sur la question.
04:38 Et les arbitrages économiques et budgétaires des prochains jours vont être absolument cruciaux,
04:43 avec en toile de fond, bien sûr, cette percée fulgurante du parti d'extrême droite, l'AFD,
04:48 qui pourrait devenir, ou du moins qui souhaiterait devenir,
04:50 le nouveau porte-parole de ces contestataires.
04:52 – En tout cas, cette colère, c'est vrai, François Bodonnet,
04:55 elle inquiète le chancelier allemand Olaf Scholz,
04:57 il dénonce justement une récupération de l'extrême droite.
05:00 – Oui, elle l'inquiète parce que, si vous voulez, elle arrive à un moment
05:03 où sa coalition bat des records d'impopularité.
05:07 Et donc Olaf Scholz est dans une situation de faiblesse,
05:10 l'AFD, on vient d'en parler, s'envole dans les sondages,
05:14 ils sont à 23% au niveau national et à 30% dans les ex-Allemagne de l'Est.
05:21 Donc c'est énorme, il y a eu récemment des menaces de la part des extrêmes,
05:26 même des violences contre un ministre, donc oui, Olaf Scholz s'inquiète,
05:30 et il a dénoncé tout ça.
05:31 Ce qu'il faut savoir, c'est que l'extrême droite allemande
05:34 est en train de tenter de noyauter le mouvement des agriculteurs,
05:38 d'ailleurs ce n'est pas seulement le cas en Allemagne,
05:40 mais ça marche quand même assez mal,
05:42 bien qu'il soit présent dans toutes les manifestations,
05:43 les agriculteurs n'ont pas envie de se faire récupérer,
05:47 surtout qu'en fait l'AFD ne manque pas de touper d'une certaine façon,
05:50 puisque dans son programme, l'AFD est pour plus de taxes
05:54 et moins d'aide pour les agriculteurs.
05:56 Donc tout d'un coup, il se découvre une fibre agricole, on va dire.
05:59 Le paradoxe quand même, c'est que l'AFD,
06:02 donc l'extrême droite allemande, est très populaire,
06:04 on l'a dit dans les sondages, et à la fois, il y a eu hier,
06:07 par exemple, une centaine de manifestations contre l'extrême droite,
06:11 après la révélation d'une réunion secrète qui serait tenue en novembre
06:14 et à laquelle participaient des membres de l'AFD et des néo-nazis,
06:18 et cette réunion avait pour objectif la mise sur pied d'un plan secret
06:24 pour l'expulsion massive de personnes d'origine étrangère.
06:26 Donc vous voyez, l'AFD est à la fois très populaire,
06:29 mais également, on va dire, très impopulaire.
06:31 En tout cas, la société allemande est en train de se fracturer
06:35 autour de cette thématique de l'extrême droite.
06:37 - Et on voit en France, Jordan Bardella, justement, aussi
06:39 aller sur le terrain au contact des agriculteurs,
06:41 et dire que c'est un sujet d'urgence.
06:43 Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur,
06:46 ce matin, s'exprime également sur le sujet,
06:47 il dit "la colère des agriculteurs".
06:49 Face à cela, le RN se réveille avant les européennes,
06:52 c'est ce qu'il lui reproche aujourd'hui.
06:55 Théo Bourgerigonce, la mobilisation des agriculteurs allemands,
06:57 elle est assez récente, mais déjà l'an dernier,
07:00 aux Pays-Bas, cette fois, les agriculteurs ont manifesté,
07:02 ils avaient même créé un mouvement citoyen
07:05 qui a remporté les législatives.
07:06 Qu'est-ce qui s'est passé là-bas ?
07:07 - Tout à fait.
07:08 En fait, avec un peu de recul, on pourrait dire que la genèse
07:11 de ce malaise agricole européen se trouve aux Pays-Bas,
07:14 puisque dès juin 2022, c'est une décision de la Cour suprême néerlandaise
07:18 qui a forcé le gouvernement à réduire le nombre de cheptels
07:22 d'environ 30 %, donc c'est environ 10 000 à 15 000
07:24 des exploitations dont on parle, afin de réduire les émissions
07:27 d'azote du pays de l'ordre de 50 %,
07:30 qui est ce gaz très polluant qui est produit notamment
07:33 dans l'usage d'engrais dans l'industrie agricole.
07:35 Il y a eu des manifestations particulièrement vives,
07:37 parfois violentes, qui ont débouché, c'est une singularité,
07:40 presque une singularité européenne, par la création d'un parti
07:44 dédié aux revendications des agriculteurs,
07:46 qui est le BBB pour Mouvement agriculteur citoyen,
07:50 et qui a fait une percée dans les élections en mars 2023,
07:55 scrutins régionaux et sénatoriaux, ils sont arrivés en premier.
08:00 Donc il y a une incarnation politique de la cause agricole
08:03 aux Pays-Bas qui est particulièrement forte,
08:05 et qui en inquiète certains, que ce type de parti pourrait
08:09 se développer dans d'autres pays membres à l'aune des élections européennes.
08:11 - José-Manuel Lamarque, dans l'Est de l'Europe,
08:13 là cette fois en Roumanie, en Pologne, on voit les agriculteurs
08:16 manifester aussi, mais c'est plutôt pour leur proximité avec l'Ukraine.
08:20 - Alors c'est vrai, proximité avec l'Ukraine,
08:22 d'abord pour la Roumanie, c'était une révolte
08:24 contre les taxes exorbitantes, bien sûr, et les normes européennes.
08:27 Le prix de l'énergie, par exemple.
08:29 Pour la Pologne, idem, la volonté aussi de la Commission européenne,
08:33 vous en parlez, d'autoriser l'importation de produits ukrainiens,
08:36 le blé en Pologne par exemple, et d'autres produits sans droit de douane,
08:39 et puis aussi, ce qui est très important, avec, oui ou non,
08:43 un contrôle phytosanitaire pour ce qui vient d'Ukraine.
08:45 Alors pour la Pologne, ça a été réglé concernant le blé,
08:48 mais les actions continuent, et bien sûr, l'Ukraine inquiète
08:51 les agriculteurs européens, mais pas seulement,
08:53 je pense que le point central, c'est surtout la Commission européenne,
08:58 les nouveaux textes que Mme von der Leyen veut faire passer,
09:00 et puis le millefeuille administratif, où là, il faut le dire,
09:03 les agriculteurs étouffent littéralement.
09:07 - On va poursuivre cette discussion autour de la colère des agriculteurs
09:11 en Europe avec les informés de l'Europe sur France Info,
09:14 juste après le Fil info à 9h40 avec Sophie Echene.
09:17 - Kélian Mbappé et toute l'équipe de France 2 Football apportent
09:20 leur soutien à Mike Ménihan, le gardien des Bleus,
09:22 visé par des injures racistes hier soir lors d'un match en Italie
09:26 de l'AC Milan, son équipe contre l'Udinese, il a quitté le terrain.
09:30 La colère monte dans le monde agricole malgré une rencontre
09:33 avec le préfet de Haute-Garonne.
09:34 Hier, les agriculteurs continuent ce matin de bloquer l'autoroute A64
09:38 au sud de Toulouse, ils prévoient même d'intensifier leur mobilisation.
09:42 D'autres actions sont prévues en Ariège, dans le Gers et les Hautes-Pyrénées.
09:46 Un week-end de mobilisation contre l'extrême droite en Allemagne,
09:49 250 000 personnes ont marché hier contre le parti AFD en tête.
09:53 Dans les sondages, d'autres rassemblements similaires sont prévus aujourd'hui.
09:57 Le tennis à l'Open d'Australie, Novak Djokovic n'a fait qu'une bouchée
09:59 d'Adrien Manarino, le numéro 1 français, éliminé en 8e de finale.
10:03 Djokovic affrontera Tyler Fritz en quart de finale.
10:06 Yannick Sinner, également qualifié, affrontera le vainqueur du duel
10:09 entre Alex Deminor et André Rubleff.
10:14 France Info.
10:16 Les informés de l'Europe.
10:18 François Bodonnet, Benjamin Fontaine.
10:22 En compagnie de José-Manuel Lamarque, grand reporter à Radio France,
10:26 spécialiste de l'Europe, et Théo Bourgery-Gonce, journaliste chez Uractive,
10:30 site spécialisé sur l'Europe.
10:32 François Bodonnet, on est à moins de 5 mois des élections européennes maintenant.
10:35 Cette colère des agriculteurs, est-ce qu'elle pourrait devenir
10:38 un grand thème justement de ce scrutin ?
10:41 Je crois que ce sera effectivement un thème de la campagne électorale.
10:43 Vous allez avoir à mon avis trois thèmes principaux.
10:45 Le premier, ça va être l'immigration, parce que ça aussi c'est un thème qui,
10:49 je dirais, irradie, si on peut dire, sur l'ensemble du continent européen.
10:53 Le deuxième thème, ça sera le soutien ou non à l'Ukraine,
10:55 qui est évidemment un thème essentiel.
10:57 Et ce troisième point qui est apparu un peu récemment en fait,
11:00 on le disait tout à l'heure, ça fait quelques semaines seulement,
11:02 mais qui est en train de se cristalliser au niveau européen,
11:04 c'est effectivement la colère des agriculteurs.
11:07 Il faut savoir que depuis plusieurs mois, la droite européenne,
11:11 au Parlement européen, donc les conservateurs, ce qu'on appelle le PPE,
11:15 est en train de mettre, on va dire, de s'aborder plusieurs textes
11:20 du pacte vert européen, le Green Deal,
11:23 justement parce qu'ils se mettent du côté des agriculteurs
11:25 et les agriculteurs dénoncent ces normes sur l'écologie
11:29 qui, selon eux, encore une fois, les bloquent.
11:32 Il faut se souvenir par exemple qu'une déclaration qui était assez étonnante
11:35 d'Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne,
11:37 c'était pour prendre position sur les loups
11:40 et dire en gros qu'il fallait voir s'il n'y avait pas trop de loups
11:43 qui étaient en train de se développer en Europe.
11:45 Et là, on s'est dit, tiens, elle est en train d'entrer en campagne
11:47 et elle est en train de parler au monde agricole, au monde rural,
11:51 qui en a marre de toutes ces normes qui arrivent de Bruxelles.
11:54 Donc en gros, pour résumer, je dirais qu'il y a deux forces qui s'affrontent.
11:57 Ceux qui pensent que l'Europe doit rester très ambitieuse sur l'écologie
12:01 et ceux qui comprennent que les agriculteurs n'en peuvent plus de cette écologie
12:05 qu'ils appellent une écologie punitive.
12:07 Or, les agriculteurs, ça représente à peine 4% de la population active européenne.
12:12 Mais ils sont extrêmement puissants, à la fois d'abord parce qu'ils sont populaires.
12:15 Ils nous nourrissent, donc ils sont populaires.
12:18 Ils ont des réseaux, on en a parlé, puis ils ont aussi des tracteurs.
12:21 Donc avec leurs tracteurs, ils peuvent bloquer les routes.
12:23 Et puis à noter enfin que l'Union européenne
12:26 essaye de faire passer rapidement des textes avant la fin du mandat
12:30 de la Commission européenne et du Parlement, donc avant le mois de juin prochain.
12:35 Et donc forcément, tout ça, ça exaspère les agriculteurs.
12:38 Théo Bourgerigons, on imagine justement qu'au sein des institutions européennes,
12:42 on suit de très près ce qui se passe en ce moment en France, en Allemagne et ailleurs.
12:47 Est-ce que l'Union européenne a les moyens d'apaiser, de calmer cette colère avant les élections ?
12:52 François, on a déjà touché un mot.
12:55 Il y a une inquiétude palpable dans les couloirs des institutions européennes à Bruxelles.
13:01 Et je dirais d'abord qu'il y a un durcissement des positions politiques,
13:04 comme le précisait François, au sein de l'hémicycle du Parlement européen,
13:07 notamment dans les parties de centre et de la droite vis-à-vis du Green Deal,
13:12 qui est vraiment pointé du doigt par les agriculteurs comme étant la source de tous leurs mots.
13:16 Pour vous donner un exemple, il y avait une loi qui faisait partie de ce Green Deal,
13:19 qui était la loi sur la restauration de la nature,
13:22 qui a été tellement attaquée, notamment par la droite européenne,
13:25 fustigée de détruire l'agriculture européenne,
13:28 qu'en conséquence, son contenu a été réduit à peau de chagrin lors de son adoption
13:33 en juillet 2023.
13:35 Et puis, encore dans un souci d'envoyer peut-être un message pacificateur à ce malaise agricole,
13:41 eh bien certains projets législatifs qui devaient être présentés là en fin de mandature
13:45 ont été renvoyés au calende grec.
13:46 Il y avait la révision d'une législation, par exemple, sur la protection
13:50 de l'environnement et des Européens sur les substances chimiques,
13:52 ou encore une nouvelle législation sur le bien-être animal,
13:54 qui semble tout bonnement avoir été abandonnée.
13:57 Autant de signaux et de messages envoyés aux agriculteurs
14:00 à moins de cinq mois maintenant des élections européennes.
14:03 - Mais José-Manuel Lamarck, on a vu les raisons de cette colère,
14:06 on vient d'en parler avec des problématiques qui sont parfois communes à tous ces pays,
14:09 mais il y a aussi des enjeux nationaux.
14:11 On le voit pour le coup dans le sud de la France chez nous,
14:14 avec ces agriculteurs qui demandent un accès à l'eau.
14:16 Est-ce que ça ne rend pas plus compliquée la réponse à apporter, justement ?
14:19 - Alors, d'abord, n'oublions pas que nous sommes à quelques semaines du Salon de l'agriculture.
14:24 Un moment très, très important pour la France.
14:28 Oui, il y a la question du problème de l'accès à l'eau,
14:30 mais pas que. Dans les revendications, l'accès à l'eau,
14:33 on pense aux bassines, on pense par exemple au château d'eau.
14:36 Une institution française ô combien vénérable et importante,
14:39 Voie navigable de France, qui justement gère aussi l'eau pour les agriculteurs
14:43 par rapport aux canaux et rivières, avec le changement climatique.
14:46 On a toujours parlé de l'or bleu.
14:47 L'or bleu, c'est cette eau qui va être arrifiée.
14:50 Mais pas que. Les agriculteurs aussi se révolent contre les centrales d'achat,
14:55 qui tirent les prix vers le bas.
14:58 Vous en avez parlé, il y a Bruxelles.
15:00 Et puis, il faut aussi dire, il y a tout un mouvement qui est en train de se créer,
15:04 qui demande un secrétariat d'État de l'eau.
15:08 Et rappelons-le, pour tous les pays européens, ce sont des mouvements non violents.
15:12 Les agriculteurs mettent le doigt là-dessus.
15:14 Il faut que ce soit des mouvements non violents.
15:17 Et pour en revenir à cette question, justement,
15:19 l'Europe risque d'avoir un peu de mal à répondre à cette problématique plus locale.
15:23 Peut-être. Il y a des problématiques qui sont nationales.
15:26 N'oublions pas que le monde agricole, ce sont aussi les us,
15:29 les coutumes et les traditions.
15:30 C'est la raison pour laquelle les agriculteurs nous permettent aujourd'hui de vivre.
15:35 Sans agriculture, comme disait François,
15:37 il n'y a pas de chance pour nous de vivre et de survivre.
15:41 – François, vous qui suivez justement l'actualité européenne depuis longtemps,
15:44 maintenant, est-ce que ce mouvement de protestation,
15:46 qui éclate un peu partout en même temps, c'est rare ou pas ?
15:49 – Alors, je dois vous avouer qu'il m'a un peu surpris, en fait.
15:51 On l'a vu monter, on a vu comme ça des feux clignotants
15:54 qui s'allumaient un peu dans les différents pays.
15:56 Mais je ne pensais pas qu'il allait se cristalliser comme ça au niveau européen.
15:59 Parce qu'en fait, des mouvements sociaux au niveau européen,
16:04 finalement, il n'y en a pas tant que ça.
16:05 Par exemple, quand on était en plein dans l'inflation,
16:08 oui, dans chaque pays, il y a eu des manifestations contre la vie chère,
16:12 contre l'inflation, etc.
16:13 Des manifestations qui ont eu lieu simultanément.
16:15 Mais c'était plutôt contre le gouvernement, en fait.
16:17 Ce n'était pas contre Bruxelles.
16:19 Et là, c'est ça qui est en train de se passer.
16:22 C'est-à-dire que tous ces agriculteurs manifestent contre l'Union européenne.
16:27 Alors, il y aura peut-être des solutions qui vont être trouvées.
16:30 Ça sera peut-être d'ailleurs au niveau national, par exemple au niveau français.
16:33 Et effectivement, peut-être avant le salon de l'agriculture,
16:35 il y a une espèce d'échéance comme ça.
16:38 Après, il faut voir si les solutions qui seront trouvées au niveau national,
16:42 par exemple en Roumanie, le gouvernement a déjà apporté un début de solution, etc.
16:46 On va voir si les solutions qui sont apportées au niveau national suffisent
16:49 à calmer la colère des agriculteurs au niveau européen.
16:53 En tout cas, les syndicats continuent de mettre la pression en France, notamment.
16:56 Et on va suivre ces mouvements sur France Info, on vous tient informés.
17:00 Merci à vous, les informés de l'Europe,
17:02 Théo Bourjurigonz du site Reactive et José Manuel Lamarck.
17:04 Et merci à vous, François Bodonnet, rédacteur en chef
17:07 de la rédaction européenne de France Télévisions.
17:08 On vous retrouve dimanche prochain.
17:10 Et en attendant, les informés de l'Europe se réécoutent en podcast
17:13 sur le site franceinfo.fr.
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