Avec Jérome BAYLE leader du mouvement, Fabrice BOURIANNE éleveur de chevaux et membre Confédération Paysanne et - Laurence D'ALDÉGUIER, présidente de la MSA Midi-Pyrénées Sud , et céréalière dans le Lauragais
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00:00 Et ce 6/9 spécial depuis le barrage de la 64 à Carbone, nous sommes au plus près des agriculteurs en colère
00:07 avec vos invités Clémenceau.
00:09 Oui, nous retrouvons Fabrice Bourriane qui est éleveur et Laurence Daldéguier nous a rejoint. Bonjour.
00:14 Merci d'être avec nous. Vous êtes présidente de la MSA, la mutualité sociale agricole.
00:19 Jérôme Bail qui est éleveur va aussi nous rejoindre dans un instant.
00:24 D'abord je voulais vous demander à tous les deux, on a parlé précédemment de la question de l'eau.
00:29 C'est l'une des revendications. L'autre c'est aussi évidemment de bien vivre tout simplement de votre métier.
00:35 Est-ce qu'aujourd'hui vous accepteriez de nous dire combien vous gagnez si vous déduisez par exemple les cotisations, les mutuelles, les vétérinaires, etc.
00:42 Laurence Daldéguier.
00:44 Oui, je viens de terminer effectivement ma comptabilité.
00:47 Vous êtes siréalière dans le lorrain.
00:48 Je suis siréalière et en 2023 j'aurai un revenu de 14 000 euros.
00:53 Donc si on divise ça fait à peine plus de 1000 euros.
00:56 Un peu plus de 1000 euros, 1200 euros par mois. Je suis sur deux exploitations.
01:00 Pour un travail j'imagine de...
01:02 Plus de 50 heures par semaine.
01:03 Et vous Fabrice Bourianne ?
01:05 Oui alors, moi je suis éleveur.
01:07 Donc le statut aussi je suis en entreprise individuelle.
01:10 Et donc quand on fait fini la compta aussi, on voit qu'on déclare aux impôts.
01:14 Mais quand on déclare aux impôts, moi je dois être à 4000 euros à peu près.
01:19 Et donc 4000 euros. Et quand vous parliez de sortir les frais de mutuelle et tout ça, ils y sont pas dedans encore.
01:25 Donc oui je crois qu'on est dans le dur quand même.
01:28 Y'en a... Beaucoup disent que finalement les aides de la PAC, la politique agricole commune,
01:35 sont pas forcément bien orientées.
01:37 D'autres disent que vous êtes sous perfusion.
01:39 Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
01:40 Est-ce que vous pouvez vivre aujourd'hui sans la PAC, Laurence Dalleguay ?
01:43 Sans la PAC il est sûr que non, nous ne vivons pas.
01:46 Nous touchons... Je touche moi 200 euros à l'hectare de la PAC.
01:53 Vous avez combien d'hectares ?
01:54 J'ai 67 hectares.
01:56 Donc si vous faites le calcul, vous apercevez qu'effectivement, sans aide de la PAC, pas de revenus.
02:02 Pourtant nous produisons des céréales, des léoprotéagineux.
02:07 Donc c'est difficile.
02:10 Vous avez, Laurence Dalleguay, une vision un peu globale sur l'ex-Midi-Pyrénées, la région toulousaine,
02:16 puisque vous êtes, je le disais, présidente de la MSA.
02:19 La situation des agriculteurs aujourd'hui, elle est très variée.
02:23 Où tout le monde galère ?
02:26 Tout le monde galère, quelles que soient les filières.
02:32 Particulièrement chez nous, dernièrement, les éleveurs, beaucoup à propos de l'AMHE.
02:39 Ça je pense qu'il faut vraiment, vraiment...
02:41 La maladie, je l'ai raté.
02:42 La maladie hémorragique épisodique qui touche les bovins, principalement.
02:46 Jérôme Bay, éleveur et l'un des leaders de cette contestation sur la 64, nous a rejoints.
02:50 Je demandais à vos collègues combien il touche, une fois déduits, les cotisations, les vétérinaires.
02:56 Et on entend derrière nous les klaxons de ceux qui vous soutiennent ce matin, qui passent au-dessus de la 64.
03:01 Jérôme Bay.
03:02 Comment on touche ? Moi je vais vous le dire.
03:04 J'ai fini l'année à -7000.
03:06 Voilà, donc...
03:07 Dans le rouge, donc.
03:08 Dans le rouge, puisque dans le rouge, puisqu'on reprend de l'argent qu'on n'avait pas prévu de mettre là.
03:13 Il nous arrive tout le temps quelque chose.
03:15 Et en sachant que dans les -7000, je n'ai pas payé ma MSA.
03:19 Donc, et bien ouais, ça devient de plus en plus compliqué pour le monde agricole, on le voit autrement.
03:26 Et c'est pas que dans la région Occitanie, puis c'est toute la France qui a répondu de suite à l'appel.
03:31 Est-ce que revenu agricole minimum, par exemple, garanti, pourrait être une bonne idée ?
03:37 Fabrice Bourriane.
03:38 Moi je trouve que c'est... Toutes les idées, de toute façon, si on est autour de la table aujourd'hui,
03:43 et si ce mouvement est parti, c'est qu'il y a une grande, grande détresse du monde paysan.
03:47 Que... qu'un revenu minimum soit étudié, moi je trouve pas ça ridicule, bien au contraire.
03:53 Par contre, effectivement, la première attente des paysans, c'est de vivre de leur métier, quoi.
03:58 Et... et rajouter des primes, ou... qui sont souvent au cas par cas, quoi.
04:03 Enfin, là, la MHE c'est quelque chose qui est dans le dur, quoi, qui était pas prévu.
04:07 Je crois que... c'est assez compliqué.
04:10 Et la base du revenu du métier agricole, effectivement, c'est... c'est la priorité.
04:15 Et les gens... le malaise qu'il y a aujourd'hui à la MSA, enfin...
04:19 Pour les gens, vous devez les voir, vous sûrement...
04:21 Oui, peut-être on peut... on peut le dire, vous avez fait une étude, la MSA, l'année dernière,
04:26 qui disait que statistiquement, les agriculteurs de 15 à 65 ans avaient un risque de se suicider
04:32 30% supérieur aux autres catégories professionnelles, Laurence Zaldégué.
04:37 Vous avez des gens qui vous appellent, aujourd'hui, en vous disant "on n'en peut plus et on est au bord du suicide" ?
04:42 Tous les jours, tous les jours, deux agriculteurs se suicident.
04:46 En France.
04:47 C'est ce que vous avez voulu symboliser ?
04:49 C'est effectivement ce qui est montré là-haut.
04:51 Pour ce qui nous regarde sur France 3 Occitanie, des combinaisons suisses quand même.
04:54 Nous essayons, au niveau de la MSA, d'avoir des réunions sur les territoires.
04:59 Nous voulons surtout que ce ne soit plus un sujet tabou.
05:02 Donc, il y a un gros travail de sentinelle, d'essayer de se serrer les coudes,
05:07 avec mes collègues agriculteurs, mais aussi tous ceux de la profession agricole.
05:11 Tous ceux qui travaillent, je sais, dans les coopératives.
05:14 Des dispositifs qui existent, peut-être, pour ceux qui nous écoutent ce matin ?
05:17 Je communique souvent sur le numéro d'Agri-Ecoute, 09 69 39 29 19,
05:23 où vous avez effectivement des professionnels qui peuvent vous entendre, qui peuvent vous écouter.
05:27 Et puis, la MSA, au niveau des travailleurs sociaux, puisque quand vous avez un agriculteur qui nous appelle,
05:35 on peut effectivement le faire rentrer dans notre cellule prévention du mal-être.
05:40 Et nous insistons beaucoup sur la prévention.
05:42 Regardez, effectivement, est-ce qu'il a activé tous ses droits sociaux ?
05:46 Que se passe-t-il ?
05:48 Beaucoup de dispositifs, le fait par la MSA.
05:50 Beaucoup de dispositifs, voilà. Surtout, lever ce tabou.
05:52 Et Jérôme Bail, je ne sais pas si vous souhaitez en parler à l'antenne,
05:54 mais votre père, votre papa, s'est suicidé.
05:56 Bien sûr, moi j'en parle librement, mais comme elle vient de dire, il y a des agriculteurs qui appellent.
06:02 C'est bien, mais ce qu'il faut se dire, c'est qu'il y en a énormément.
06:05 Tous ceux qui font ce geste-là, malheureusement, ils n'appellent pas.
06:08 Parce que l'agriculteur, il est fier, il reste chez lui.
06:10 Et nous on l'a vu dans ce mouvement.
06:12 Moi j'ai parlé avec énormément de gens ici.
06:14 On a eu énormément d'agriculteurs qui sont venus ici.
06:17 Et au début ils osaient pas venir parce qu'ils devaient d'argent à quelqu'un.
06:21 Et au final, ils restaient enfermés chez eux, et ils s'enferment chez eux.
06:25 Et c'est là que ça s'aggrave le cas. Parce qu'ils en parlent pas.
06:28 Donc moi je veux bien qu'il faille appeler un numéro, mais les gens ils le font pas.
06:33 Mais ceux qui le font, c'est peut-être ceux qui sont dans le mal, mais pas dans le plus mal.
06:38 Et peut-être il y a aussi des mesures que le gouvernement peut mettre en place.
06:41 Et on va en reparler, notamment des lois EGalim.
06:43 Avec vous, Jérôme Baye, Laurence Daldégui et Fabrice Bourrienne.
06:47 Vous restez avec nous, et on revient dans quelques minutes.
06:49 Et oui, d'abord on va faire un petit détour avec notre vadrouilleur
06:52 avant de reprendre ce tour de table.
06:54 Sébastien Bretonneau qu'on rejoint, elle est dans une seconde.
06:57 France Bleu, France 3, Occitanie. En direct de Carbone.
07:01 Le temps de vous rappeler justement que nous faisons cette émission spéciale jusqu'à 9h.
07:07 En direct sur France Bleu, Occitanie et sur France 3 au cœur du barrage de Carbone.
07:11 Sébastien, à 8h20, où est-ce que vous êtes ?
07:14 Eh bien je suis avec Alexandre, on est tout près de la réserve de nourriture.
07:19 Ici donc sous le pont au niveau du barrage de Carbone.
07:22 Bonjour Alexandre.
07:23 Bonjour.
07:24 Heureux parce qu'on s'est parlé tout à l'heure.
07:26 D'abord vous m'avez dit, vous avez été sourd parce que je suis arrivé hier soir,
07:29 je suis arrivé hier soir ici sur ce barrage, j'ai dormi ici.
07:33 Et qu'est-ce que vous m'avez dit vous, vous Alexandre ?
07:35 Vous êtes agriculteur, je le rappelle.
07:37 Non mais ça j'ai trouvé quand même que c'est pas tout le monde qui aurait fait ça,
07:40 en immersion totale, à venir dormir sur place avec nous, dans la paille ou quoi.
07:44 C'est quand même impressionnant de la part d'une télé de faire ça, ou d'une radio.
07:50 Ben voilà, c'était important de le faire.
07:51 Là on se retrouve devant des panneaux, des panneaux où il y a des remerciements pour les commerces,
07:56 pour les particuliers qui justement ont amené des boissons et de quoi manger ici.
08:02 Oui nous avons fait des panneaux, d'abord un premier gros panneau,
08:05 qui ont marqué tous les noms des commerçants et comme vous dites tous les particuliers,
08:10 il faut quand même les marquer et penser à eux.
08:13 Et puis finalement il y a eu tellement de personnes qui nous ont donné des choses
08:16 et généreusement on aurait dû refaire deux panneaux derrière ça.
08:20 Juste ce petit mot, merci papa et maman de vous battre pour mon avenir,
08:25 qui a été déposé avec une cagnotte et un petit panier des personnes qui mettent des pièces.
08:30 Je voudrais qu'on s'irrige vers Valentin et Baptiste. Bonjour Valentin !
08:34 Bonjour !
08:35 Je me suis pas trompé, vous vous êtes bien Valentin et vous c'est Baptiste.
08:37 C'est ça.
08:38 Agriculteur hier, j'étais très content d'arriver et de vous croiser et aussi de croiser votre papa.
08:42 C'est quoi le prénom de votre papa ?
08:44 Michel.
08:45 Je m'en souvenais plus pardon.
08:46 C'est très sympa qu'il s'est approché de moi et qu'il lui voulait aussi parler de la retraite,
08:50 toute petite retraite Michel. Il m'a dit ça, je trouve qu'on n'en parle pas assez.
08:54 C'est vrai, on n'en parle pas et vu le parcours qu'il a fait, je trouve que c'est vraiment très peu.
08:58 Vous nous en parlez de votre papa en quelques mots ?
09:01 C'est un monsieur qui a bossé depuis l'âge de 18 ans, qui cotise depuis l'âge de 18 ans,
09:06 qui a maintenant 63 ans et qui n'a jamais arrêté de travailler.
09:10 Et il voulait prendre sa retraite et c'est très compliqué aujourd'hui.
09:13 Valentin, qu'est-ce qu'il dit votre papa de vous voir ici sur le barrage et mobilisé pour les agriculteurs ?
09:19 Mon père, il est assez fier déjà qu'on ait repris l'exploitation.
09:22 C'était important pour lui qu'on prenne la suite après tant d'années.
09:27 Il est fier de ce qu'on fait, il est là tous les soirs avec nous et tous les midis, dès qu'il peut, il vient.
09:33 Moi je vais vous dire, je me sens un peu agriculteur aujourd'hui, même si je n'ai pas votre talent.
09:39 Une dernière question pour vous Alexandre, c'est vous qui m'avez dit hier,
09:44 il y a juste une question qu'on ne nous pose jamais, c'est comment vous allez ?
09:47 Oui c'est vrai que cette question on ne nous l'a pas posée, on répète souvent les mêmes.
09:51 Là je pense qu'on s'est resserré tous ensemble.
09:55 Personne n'était préparé à ça et on s'est rendu compte qu'on se sentait bien entre nous,
10:01 de cette cohésion qu'on a réussi à avoir ici.
10:04 Vous cultivez des choses différentes en tout cas tous, mais vous avez un point en commun, c'est le cœur.
10:09 Vous avez le même cœur les uns les autres.
10:12 Un grand merci pour votre gentillesse, votre générosité les garçons.
10:16 Il y a aussi l'amour du métier quand même.
10:18 L'amour du métier, bien sûr.
10:20 Merci Sébastien, justement vous qui êtes au cœur de ce barrage avec nous, qui nous faites vivre les coulisses.
10:28 Et puis nous on va continuer notre tour de table Clémence, avec nos invités pour mieux comprendre cette colère.
10:33 Oui Jérôme Bayle, Fabrice Bourriane et Laurence Daldégui, vous nous avez dit vos revenus aujourd'hui.
10:39 Parmi les questions et les revendications, il y a la question des lois EGalim,
10:44 qui devaient permettre de mieux partager la valeur entre tous les acteurs de la chaîne alimentaire.
10:49 Est-ce que vous aussi vous dites que c'est finalement, comme d'autres le disent,
10:52 que c'est la grande distribution qui joue pas le jeu, qui vous rémunère pas assez, Laurence Daldégui ?
10:57 Je suis exploitante agricole, productrice en céréales.
11:02 Les prix aujourd'hui en céréales sont les mêmes qu'en fin 2020.
11:06 En revanche mes intrants, donc tout ce qui est engrais, a augmenté.
11:11 Si je pars sur une base de 100 en 2020, je suis à 130 aujourd'hui.
11:16 Et sur tout ce qui est énergie, 180.
11:19 Et tout ce qui est investissement, service et autres, je suis aussi à 130.
11:24 Sachant que les prix qui étaient à 100 en 2020 sont toujours à 100.
11:28 Donc vous voyez la grande...
11:31 Donc effectivement, c'est pas le producteur qui touche le fruit de son travail.
11:37 Jérôme Bail, vous avez cet avis sur la grande distribution ?
11:40 Vous vendez vos produits ou pas ?
11:44 Moi je vends tout mon engraissement dans un local.
11:48 Après la grande distribution, quand je vois que des agriculteurs ont été pillés des magasins,
11:52 c'était pas le but du jeu, parce que nous ici, les premiers qui nous ont ramené des provisions,
11:56 et pour tenir le coup, c'est la grande distribution.
11:58 Le souci, c'est pas que la grande distribution.
12:01 Moi je vends 10% de ma production en local,
12:05 mais 90% de mes broutards partent en Italie,
12:10 100% de ma céréale part en Espagne,
12:13 et en fait en Italie ils engraisent mes broutards pour les renvoyer en France,
12:17 et la céréale est transformée en Espagne pour la renvoyer en France aussi.
12:20 Donc au bout d'un moment, c'est juste que nous localement, on n'est pas capable de bien travailler,
12:25 et c'est un projet qu'on a dans le futur, avec le groupe Mandant 64,
12:28 avec le département, le conseil...
12:30 De mieux travailler en local. Mais pourquoi vous n'arrivez pas à bien travailler en local ?
12:33 Fabrice Bourriane peut-être ?
12:35 Alors moi je suis pas complètement concerné, puisque je fais de l'élevage de chevaux,
12:38 mais en fait on travaille quand même avec beaucoup de personnes,
12:41 et je crois que c'est le côté logistique aussi, de se mettre ensemble,
12:45 de maîtriser, il faut stocker, enfin c'est quand même pas si facile que ça.
12:49 C'est vrai qu'on en discutait hier, il y a eu des paysans qui sont venus,
12:53 ils me disaient, et notamment ceux qui font de la caissette et tout ça,
12:55 ils disent "mais c'est quand même..." il y en a qui disent "mais c'est un autre métier d'être boucher,
12:59 c'est un autre métier aussi."
13:00 Donc nous on sait produire, on sait faire des produits de qualité,
13:05 après de les vendre et tout ça, c'est quand même un autre métier aussi.
13:08 Jérôme Bail vous disiez faire un regroupement,
13:10 est-ce que finalement, avec des gens de la grande distribution,
13:13 si je comprends bien, des éleveurs, des agriculteurs,
13:15 mais est-ce que c'est possible, est-ce que c'est pas ça aussi que vous voulez demander au gouvernement
13:19 de faciliter les choses en termes de normes finalement ?
13:21 Mais ça c'est un projet qu'on a... il ne faut pas le demander au gouvernement,
13:25 parce que le gouvernement, il ne regarde pas en bas d'échelle ce qu'il y a.
13:28 Mais par contre, au niveau départemental et régional, c'est ça qu'on a travaillé.
13:32 Pourquoi vous ne l'avez pas fait avant ?
13:34 Parce qu'il n'y a personne qui s'est réveillé.
13:35 En fait, c'est tout simplement, c'est qu'il n'y a personne qui a dit
13:38 "mais maintenant on tape du poignet sur la table et on regroupe tout le monde autour d'une table."
13:42 Au bout d'un moment, il y en a un qui est de droite, l'autre qui est de gauche,
13:45 l'autre qui est du milieu, l'autre qui est à l'extrême d'un truc.
13:47 Et donc, politiquement, on n'est pas d'accord.
13:49 Tout le monde s'oppose, mais ceux qui traînent, encore une fois, c'est ceux qui sont sur le terrain.
13:53 Donc nous, on a dit ici, à politique, à syndical, et maintenant on prend les choses en main.
13:57 Donc je vais regrouper le conseil départemental, le conseil régional,
14:00 on va regrouper la mairie de Toulouse, et des acteurs locaux...
14:05 — Et la maison sera autour de la table peut-être ou pas ?
14:08 — La maison ne sera pas autour de la table, parce qu'ils ne produisent pas aujourd'hui.
14:11 — Non, mais... — On ne met que des producteurs.
14:13 — C'est un interlocuteur, c'est pour ça que je vous pose la question, Laurent Zaldégué.
14:16 — Oui, mais ça sera... La MSA viendra autour de notre table pour un autre sujet,
14:20 et nous, on part d'un principe, c'est qu'on va directement à l'intéressé,
14:25 parce qu'il vaut mieux parler à Dieu qu'à ses apôtres, donc...
14:28 — Laurent Zaldégué, sur cette question, est-ce que vous trouvez que des regroupements comme ça
14:33 auraient dû peut-être être faits avant, et est-ce que ça vous enthousiasme de se dire
14:36 "Il y a des solutions à notre échelle" ?
14:38 — Je vois qu'effectivement, quand je regarde Jérôme, que les jeunes sont partants,
14:43 les jeunes et les moins jeunes ont envie de vivre de leur métier, ont envie d'être reconnus,
14:47 ont envie qu'effectivement, les citoyens qui nous écoutent, les citoyens ont envie d'aider les agriculteurs,
14:55 se sont peut-être rendus compte que sans agriculteurs, plus de nourriture française de bonne qualité,
15:02 et donc les regroupements, oui, je suis pour, vous savez, suffiraient de pas grand-chose.
15:07 Je prends juste un exemple sur le pain. Dans une baguette de pain, le prix du blé, c'est 4 centimes.
15:15 On a communément à dire "Si vous nous donnez 5, on vit, enfin, si vous nous donnez 5, on équilibre nos charges,
15:21 si vous nous donnez 6 centimes sur le prix d'une baguette à 1,20€ aujourd'hui, à ce moment-là, oui...
15:27 — Donc mieux rémunérés aussi, pour permettre ça. Juste une dernière question, Laurent Zaldégué.
15:31 — ...donnera ce regroupement.
15:32 — Vous parlez des engrais. Est-ce que vous, vous êtes pour un moratoire sur les interdictions de pesticides,
15:37 notamment au niveau européen ?
15:39 — Pesticides, un mot que je n'utilise pas. J'utilise les produits phytosanitaires, qui disent qu'effectivement,
15:45 nous, nous occupons de l'environnement, nous nous occupons des plantes qui poussent dans nos champs.
15:53 Et il faut pouvoir travailler, parce qu'effectivement, comme tout à chacun, les animaux, les plantes sont malades.
16:00 Il faut laisser effectivement les spécialistes, ceux qui connaissent et qui travaillent avec la nature, et qui veulent la préserver...
16:07 — Donc vous êtes plutôt pour qu'on... qu'on parle... voilà.
16:11 — Juste une dernière question à tous les trois, très rapidement. Est-ce que vous vous voyez comme des Gilets verts ?
16:14 Un peu la suite des Gilets jaunes ? Fabrice Bourriane.
16:16 — Alors... Moi, non, pas du tout. Et je sais pas si on peut parler de ça. Moi, ce que j'aimerais revenir...
16:21 Vous parliez des coopératives et tout ça, aussi. Le problème qu'on voit, c'est... Il y a eu cette...
16:26 Vous dites... Pourquoi vous l'avez pas fait avant tout ça ? On voit qu'aujourd'hui, ceux qui ont les plus gros revenus de la PAC,
16:34 c'est aussi des groupements agro-industriels. Enfin c'est pas des agriculteurs, c'est pas des paysans.
16:38 Et on a du mal, justement, à... Ceux qui négocient pour nous, au niveau supérieur, ils ont déjà fait ce lien entre...
16:47 Mais ça sert que pour eux, quoi. Et nous, ici, ça redescend pas jusqu'en bas.
16:50 — Donc peut-être faire en forme que cette politique agricole commune, aussi, soit réformée, et vous ayez directement...
16:54 — Elle s'en prend juste pour... — On a bien compris. En tout cas, vous prenez les choses en main à l'échelle locale.
16:58 Merci d'avoir été avec nous, Jérôme Bayle, éleveur Fabrice Bourriane, éleveur également, et Laurence Naldeguy, céréalière et présidente de l'AMSA Midi-Pyrénées.