• il y a 9 mois
Jérôme Bayle, éleveur de bovins en Haute-Garonne et figure du mouvement de colère des agriculteurs, était l'invité de "Julie jusqu'à minuit" pour évoquer le début du Salon de l'agriculture et les suites de la mobilisation

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Transcription
00:00 Notre invité à 22h50, c'est Jérôme Bale. Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation, on est ravis de vous avoir.
00:06 C'est la première fois que vous venez sur BFM TV, on vous a beaucoup entendu, mais première fois que vous venez en personne sur notre plateau.
00:11 Je le rappelle, vous êtes éleveur de bovins en Haute-Garonne et vous êtes devenu une figure du mouvement des agriculteurs.
00:18 On se souvient de vous particulièrement sur le barrage de la 64 au sud de Toulouse. Vous venez tout droit du Salon de l'agriculture là.
00:25 Est-ce que déjà ça vous fait du bien de rencontrer les Français ? Est-ce qu'ils sont nombreux à être venus vous apporter leur soutien ?
00:35 Oui, bonsoir, merci de l'invitation. Bien sûr, oui, c'est très touchant. Il y a eu énormément de soutien de gens qui viennent me voir et qui me remercient.
00:45 Donc, oui, c'est très, très touchant.
00:47 Vous êtes devenu un peu une star de l'agriculture. J'allais dire, est-ce que tous les Français vous reconnaissent dans les allées ?
00:53 Il y en a beaucoup. On va dire qu'il y en a beaucoup. Après, moi, je ne cherche pas le rôle de star de l'agriculture.
01:00 Vous savez, c'est un peu aussi grâce à nous.
01:03 Oui, on en a fait une star. Bien sûr, c'est ça.
01:06 C'est ça. Et c'est pour ça que je dis que les médias, vous avez un poids qui est vraiment très important dans l'information.
01:12 Voilà. Vous pouvez faire monter quelqu'un comme faire descendre quelqu'un et vous pouvez faire monter une profession comme descendre une profession.
01:17 Donc, moi, j'espère que vous ne me ferez pas monter à moi et que vous ferez avancer l'agriculture et mettre l'agriculture au-devant.
01:25 On est là pour raconter ce qui se passe et effectivement, en l'occurrence, vous faites l'actualité.
01:30 On voulait revenir. Vous aviez un mot à ajouter ?
01:32 Il était ce matin presque avec moi sur le plateau de RMC. Donc, on est dans la continuité.
01:36 Vous passez la journée ensemble.
01:39 Mais moi, Jérôme, qu'est-ce qu'ils vous disent, les gens qui viennent vous voir, qui vous reconnaissent ? Ils vous disent quoi ?
01:44 Merci.
01:44 Oui.
01:45 Ceux qui viennent me voir, c'est des gens qui disent merci.
01:49 Merci tout simplement parce que l'agriculture s'endormait. L'agriculture était dans le déclin depuis plus de 40 ans.
01:55 Et il y avait besoin de remettre un gros coup de pied dans la fourmilière, comme on dit chez nous,
02:01 ou dans le terme rubistique, de relever la mêlée pour que ça reparte de l'avant.
02:09 Les gens, ils avaient perdu espoir. Vous savez, dans le monde agricole, on est souvent isolés.
02:14 On est un métier où on est seul. On travaille souvent seul sur les exploitations. Et au final, on perd confiance.
02:20 Vous, vous travaillez seul ?
02:21 Moi, je travaille seul sur mon exploitation. Et au final, on perd confiance.
02:25 On n'a plus confiance aux gens. Et à la fin, on n'a plus confiance en soi.
02:29 La solitude des agriculteurs, c'est quelque chose qui est connu depuis très longtemps
02:35 et qui est en général cause de suicides plus élevée que dans le reste de la population.
02:40 Vous êtes un peu malade, ma pauvre Rosi.
02:42 Oui, et ce n'est pas nouveau. Mais c'est vrai que cette solitude, elle est terrible.
02:47 Moi, j'ai envie de vous poser une question. Comment allez-vous ?
02:49 Parce que vous êtes devenue une star, mais vous en avez pris plein la gueule.
02:53 Désolé de l'expression. À un moment, ça a été assez dégueulasse ce qui s'est passé sur vous.
02:57 Ce qui a été dit, voilà, que vous aviez accepté une place sur une liste,
03:02 que vous avez offert de l'argent, etc.
03:04 Parce que vous avez été porté au pinacle, vous êtes devenu une star, c'est clair.
03:07 Mais il y a quand même des gens qui vous ont attaqué, qui ont été très mauvais avec vous.
03:11 Comment vous l'avez vécu ça ? Parce que vous n'étiez pas préparé à ça.
03:14 Vous n'êtes pas un éditeur syndical.
03:16 Ça ne m'a pas touché. Non, vraiment, ça ne m'a pas touché parce que 99,99% des messages que j'ai reçus,
03:25 c'est des messages de soutien. Et les gens qui ont parlé, je leur ai dit "Venez me voir,
03:30 venez me parler en face au sein de l'agriculture". Il n'y a personne qui vient me parler.
03:34 Donc parler derrière un écran d'ordinateur avec un pseudo, c'est très facile.
03:38 Ça ne vous attend pas plus que ça.
03:39 Alors justement, je voudrais revenir sur ce qui s'est passé ce week-end.
03:44 Bien sûr, on a le souvenir de présidents qui ont été chahutés au Salon de l'agriculture.
03:48 Mais à ce point-là, c'est peut-être une première.
03:51 Voilà, ça, c'était samedi, l'inauguration du Salon par Emmanuel Macron,
03:55 qui a été retardé parce qu'il y a eu ces affrontements entre les agriculteurs et les forces de l'ordre.
04:00 Quand vous voyez ces images-là, qu'est-ce que vous dites ?
04:05 Je suis déçu. Je suis déçu parce que l'image de l'agriculture, ce n'est pas celle-là.
04:09 Et l'image des agriculteurs, ce n'est pas celle-là.
04:11 Après, les gens ont pris dans la colère et dans l'excès, et surtout dans leur albol.
04:17 On le dit des fois, la colère, elle est passée des limites.
04:19 Et peut-être c'est ce qui est arrivé.
04:21 Après, ce n'est pas l'image qu'on veut montrer aux agriculteurs.
04:23 Montrer les images qu'il y a au Salon de l'agriculture aujourd'hui.
04:25 On sait que les gens font la fête, on sait que les gens sont accueillants.
04:28 Bien sûr, et on les montre aussi.
04:29 On sait que les gens parlent d'agriculture, c'est ça qu'il faut montrer.
04:32 Et c'est la faute à qui, du coup, ces images-là, selon vous ?
04:36 C'est la faute à qui ?
04:37 Les gens qui ont bousculé les gens, c'est eux qui l'ont bien fait.
04:40 Donc, on peut dire que c'est de leur faute.
04:42 Mais c'est leur albol, en fait.
04:44 C'est leur albol.
04:45 Et au bout d'un moment, les agriculteurs ne s'en ont plus écouté.
04:48 Alors, moi, j'ai eu la chance de faire passer les messages
04:50 parce que je suis invité sur des plateaux télé,
04:51 parce que je rencontre des hommes replacés maintenant.
04:54 Mais c'est…
04:55 Vous êtes en contact, d'ailleurs, pardonnez-moi,
04:57 régulièrement, directement avec Gabriel Attal ?
05:00 Oui, je peux dire que oui.
05:03 Je parle avec lui régulièrement, comme je parle avec Marc Fesneau.
05:06 Et comme je parle avec les directeurs de cabinet, voilà.
05:10 Moi, à la fin du discours qu'il a eu chez Ludovic Halvé à Montaigut,
05:18 je lui ai dit…
05:19 Il a dit qu'il ne laisserait pas tomber des agriculteurs
05:21 et que je surveillerais les dossiers.
05:22 Et bien, j'ai dit, moi, je te surveillerais à toi.
05:24 Vous tutoyez le Premier ministre ?
05:27 Oui, j'ai un peu de mal avec ça.
05:30 Après, dans une relation, quand il y a une relation de confiance…
05:32 Ce n'est même pas une relation de confiance.
05:33 Moi, je parle d'un principe que…
05:36 Vous tutoyez tout le monde ?
05:38 Oui, et c'est surtout que le tutoiement, pour moi,
05:41 ce n'est pas une manque de respect.
05:42 Et il y a des gens qui se vouvoient,
05:44 et dès qu'ils ont tourné le dos, ils se crachent dessus.
05:46 Donc, moi, si je tutoie quelqu'un, c'est que je respecte.
05:48 Et vous lui parlez combien de fois par semaine, mois ?
05:53 Il n'y a pas de nombre de fois.
05:55 Il n'y a rien d'écrit.
05:56 On ne s'écrit pas tous les jours,
05:57 mais des fois, on s'écrit, des fois, on parle.
05:59 Quand j'ai besoin de faire remonter une information qui ne me plaît pas,
06:01 ou un dossier, comme le dossier sur la MHE qui a commencé pas assez vite,
06:04 je lui remets un coup de klaxon.
06:06 Il a dit qu'il ne nous lâcherait pas,
06:08 j'ai dit que je ne le lâcherais pas.
06:09 Mais justement, est-ce qu'il n'a pas été un peu surpris ?
06:11 Je vous donne la parole, Perico.
06:12 Est-ce qu'il n'a pas été un peu surpris, Gabriel Attal, quand même,
06:15 vous qui lui parlez régulièrement,
06:16 parce qu'il y a eu cette première salve de mesures
06:18 qu'il avait annoncée il y a quelques semaines,
06:21 qui vous avait d'ailleurs fait prendre la décision
06:23 de lever les barrages de la 64 à côté de Toulouse.
06:27 Il y a eu ensuite des mesures annoncées par Emmanuel Macron,
06:29 à nouveau des mesures annoncées par Gabriel Attal mercredi dernier.
06:33 Est-ce qu'il n'est pas un peu surpris,
06:35 parce que peut-être que lui vous dit "mais moi je fais des choses".
06:39 Bien sûr, ils en font.
06:40 Mais je vous le dis, il y a 40 ans que l'agriculture française va mal.
06:44 Donc il faut reprendre tous les dossiers depuis très très très longtemps.
06:47 Et c'est là qu'ils s'aperçoivent que c'est vraiment compliqué.
06:51 Et il y a aussi autre chose,
06:52 c'est qu'on a une agriculture qui est très riche en France,
06:55 dans la diversité, et il y a des problèmes dans toutes les filières.
06:58 S'il n'y aurait qu'une filière à régler, ça serait facile.
07:01 Mais aujourd'hui, c'est toutes les filières de France qui sont impactées,
07:04 qui sont touchées.
07:05 Alors il y a beaucoup beaucoup de dossiers.
07:06 Et quand les agriculteurs d'un côté voient qu'il y a une avancée pour un dossier,
07:10 eux ils veulent une avancée sur l'autre dossier aussi.
07:13 Donc tout le monde maintenant va dans le sens.
07:15 Et le mouvement est lancé,
07:16 mais maintenant il faut qu'ils assument leur salaire,
07:19 qu'ils assument leurs responsabilités et qu'ils travaillent.
07:23 Il y a une réalité incontestable qui définit l'ampleur de la crise.
07:30 Tout ça arrive trop tard.
07:32 Des gens comme Gérald Bayl ont l'alerté depuis longtemps.
07:35 Vous, vous avez agi en homme responsable et libre.
07:37 Peut-être que vous vous êtes trompé en relevant le pas.
07:40 On verra bien.
07:41 Vous avez pris l'option de laisser le temps de la confiance au gouvernement
07:45 pour mettre en place des mesures longues et difficiles.
07:47 Parce que la tragédie est tellement grande que les mesures à prendre ne sont pas...
07:51 Si ce n'était pas si grave, ce seraient des mesures d'ajustement
07:54 dont on pourrait constater l'application immédiate.
07:56 Ce sont des mesures tellement lourdes à prendre
07:58 dont une petite partie dépend de la France.
08:00 Ça va passer par l'Union européenne.
08:02 C'est une remise en cause du modèle agricole
08:04 qui fait que les agriculteurs veulent vivre de leur travail.
08:07 Ça veut dire qu'il y a un problème de compétitivité
08:10 qui est maintenu par la grande distribution de façon déloyale
08:13 et d'un marché international qui ne correspond pas au modèle agricole.
08:16 Je l'ai dit, c'est simple.
08:18 L'agriculture française est une agriculture légale
08:20 qui respecte des normes, des codes et des qualités de production
08:23 par rapport à la demande que l'on fait.
08:26 Et au contraire, l'industrie agroalimentaire et la grande distribution
08:29 ont inventé une demande qui s'appuie sur une agriculture illégale en Europe
08:32 et interdite et qu'on importe de l'extérieur.
08:34 Donc c'est de la malbouffe et elle n'est pas chère.
08:36 Comment voulez-vous qu'ils fassent ?
08:37 La position de Jérôme Baye était simple.
08:39 On a montré la colère, on a sorti les tracteurs.
08:41 Le monde agricole montre qu'il peut encore se mobiliser.
08:44 Je crois que d'avoir laissé au gouvernement le délai...
08:46 Maintenant, vous avez vu notre colère.
08:48 Et comme vous le dites en le tutoyant,
08:50 maintenant à toi de faire tes preuves.
08:51 Il y en avait d'autres qui étaient jusqu'au bout de tisse
08:53 qui auraient voulu profiter de ce mouvement social
08:56 pour braquer encore plus.
08:57 On les a retrouvés légitimement.
08:58 La colère agricole, j'allais dire, ils ont toujours raison.
09:01 Hélas, ils ont toujours été trompés.
09:03 Et ceux qui ont été manipulés,
09:05 le président de la République parle de manipulation
09:07 des paysans par la coordination rurale.
09:09 C'est lamentable de la part d'un président de la République
09:10 de s'attaquer à un syndicat commun.
09:12 - Non, par manipulation par le Rassemblement national de la coordination rurale.
09:14 - Si les paysans ont été manipulés,
09:18 c'est par l'Union européenne et le gouvernement français depuis 50 ans.
09:21 C'est pour ça qu'on en est aujourd'hui.
09:23 La réalité, elle est là.
09:24 - Ça, on va parler évidemment des propos d'Emmanuel Macron.
09:26 Mais là-dessus, Jérôme Bail, vous aviez dit
09:28 "J'avais trois revendications,
09:30 ils ont répondu à mes trois revendications,
09:32 on lève les barrages, c'est fini."
09:33 Qu'est-ce qui fait que vous êtes toujours en colère aujourd'hui ?
09:35 Qu'on comprenne bien concrètement qu'est-ce qui vous manque ?
09:37 - En fait, je ne suis pas en colère, moi.
09:40 Je suis déterminé, ce n'est pas pareil.
09:43 Et c'est la différence parce que la colère,
09:44 elle peut faire faire des choses dans l'excès qui ne vont pas.
09:47 Nous, on est déterminés.
09:48 Pour revenir aux revendications, on en a eu trois.
09:50 La première, c'est la maladie hémorragique épisodique
09:52 qui touche le sud-ouest.
09:54 Et surtout, cinq, six départements du sud-ouest,
09:56 les Hautes-Pyrénées, les Pyrénées-Atlantiques,
09:59 le Gers, les Landes, la Haute-Garonne et la Riège,
10:02 où il y a eu un fonds d'urgence qui a été versé.
10:04 Donc, je ne peux pas dire que je leur ai accordé ma confiance, oui.
10:09 Mais pour l'instant, ils me l'ont rendu.
10:11 Parce qu'ils nous ont donné des dates butoirs pour remplir des dossiers,
10:13 les enveloppes sont allées dédêter.
10:15 Donc là-dessus, on a...
10:16 - Donc ce point-là a été respecté ?
10:17 - Il est réglé.
10:18 - Cette maladie qui fait quoi exactement ?
10:20 - C'est la maladie...
10:21 C'est un moucheron en fait qui pique les vaches,
10:23 qui crée énormément d'abortements,
10:25 de la mortalité, des vaches qui maigrissent.
10:28 C'est très très dur et très très usant pour les éleveurs.
10:31 - Et donc on doit abattre ?
10:33 - Pas obligatoirement.
10:34 Mais à aujourd'hui, six mois après le début de la maladie,
10:38 on est en asie des vaches.
10:39 - Il y a eu des élevages d'abattre ?
10:41 - Pas sur cette maladie.
10:42 - Mais là-dessus...
10:44 - Là-dessus, il a tenu parole.
10:45 - Il a tenu parole.
10:46 - C'est-à-dire ?
10:47 Les protocoles sont en cours, la réponse n'est pas définitive.
10:49 - Si, si, ça y est.
10:50 On a même posé des dossiers,
10:52 les agriculteurs les premiers qui ont déposé des dossiers
10:55 sur les fonds, sur les remboursements des frais vétérinaires,
10:57 comme il s'était engagé M. Feneau le 2 mars dans les Pyrénées-Atlantiques.
11:01 Il y a plus de 600 agriculteurs qui ont déposé des dossiers
11:04 qui ont été déjà remboursés sous 15 jours.
11:06 C'est une première historique.
11:07 - Donc moi j'aimerais savoir,
11:08 qu'est-ce qui vous manque encore alors ?
11:10 - Il y a deux autres choses.
11:11 - Pourquoi est-ce que vous restez déterminé ?
11:13 - Donc il y a ça là.
11:14 Sur la MHE, c'est OK.
11:17 Sur le Général, il est revenu sur la position et...
11:20 - Le gazole non routier.
11:21 - Le gazole non routier est revenu sur sa position
11:23 qui était de retaxer...
11:24 - Il y a aussi des remboursements sur les arrivées.
11:26 - Oui, ils nous ont même fait une avance sur les 50%.
11:30 Ça a été signé le dimanche,
11:33 les arrêtés étaient signés, donc là-dessus...
11:34 - Bon, donc ça pareil, respecté.
11:36 - Respecté.
11:37 - Bon, et alors ?
11:38 - On a décidé de réparer les lacs,
11:40 de recréer des lacs et des projets de lacs,
11:43 et rouvrir les projets de lacs.
11:45 On y travaille avec les départements,
11:47 avec les syndicats,
11:48 avec les chambres d'agriculture.
11:50 On y retravaille.
11:51 Donc moi j'ai les trois points que j'ai demandé,
11:55 et on les obtient,
11:56 et nous ils sont quasiment réglés.
11:58 Voilà.
11:59 - Donc pourquoi vous restez déterminé ?
12:01 - Parce qu'il y a d'autres problèmes.
12:02 - Parce qu'il y a d'autres problèmes, oui.
12:03 - L'agriculture, c'est pas le problème.
12:04 - C'est une urgence.
12:05 - Moi, aujourd'hui, quand je suis rentré sur l'autoroute,
12:07 j'étais tout seul,
12:08 juste avec des syndicats qui étaient soutiens.
12:11 Mais en fait, voilà, je suis rentré,
12:14 c'est les syndicats qui ont appelé un appel à solidarité,
12:17 derrière moi.
12:18 C'est tout.
12:19 C'est pas eux qui ont mené le combat.
12:21 Donc je pouvais pas partir tout seul à l'aventure.
12:24 Moi je vais être honnête,
12:25 au bout de 24 heures,
12:26 je pensais que les escadrons de Jean-Lamarie
12:28 allaient rentrer sur l'autoroute,
12:29 on allait prendre des coups de matraque dans la tronche,
12:30 et on allait sortir.
12:31 Voilà.
12:32 Le problème c'est qu'on a eu un comportement exemplaire,
12:34 et que 98% de la population au début nous soutenaient.
12:37 Et là c'est difficile,
12:38 quand il y en a 9, 9/10 qui soutiennent les agriculteurs,
12:40 de nous dire "eh bien cela on les sort".
12:42 - Oui.
12:43 - Voilà.
12:44 Donc je pouvais pas partir avec 50 000 propositions,
12:49 et surtout je les connais pas.
12:50 Je connais pas toute la problématique de l'agriculture française.
12:52 - Mais il reste encore, pour vous,
12:54 si on prend votre cas spécifiquement,
12:57 vous avez 90 bêtes, c'est ça ?
12:59 - Ouais.
13:00 - Parce que toute la problématique,
13:02 si on résume d'une ligne,
13:04 c'est permettre aux agriculteurs de vivre dignement,
13:07 et de vivre de leur travail.
13:09 Vous, vous gagnez combien par mois,
13:11 si c'est pas indiscret ?
13:12 - Zéro.
13:13 Je gagne zéro.
13:15 Je paie juste mes frais, mes faux frais,
13:18 qui sont les assurances de voiture,
13:20 le téléphone, Internet, la télé,
13:22 voilà, et on se sort 0 centime.
13:24 - Et donc comment vous faites ?
13:25 - J'ai fait 220 000 euros de chiffre,
13:26 je peux annoncer mes chiffres, je vous ai déjà dit.
13:28 J'ai fait 220 000 euros de chiffre d'affaires.
13:30 - Sur l'année ?
13:31 - Sur l'année.
13:32 Et j'ai fini à -7 000 à la fin de l'année,
13:34 sans faire des excès, tout simplement.
13:36 - Et donc comment vous faites quand vous ne gagnez pas d'argent ?
13:39 - Eh bien, on survit.
13:41 - Sur la ferme.
13:42 - On survit, voilà,
13:43 moi je travaille 70 heures par semaine pour survivre.
13:45 Je pense que ça,
13:46 si il y a un agriculteur,
13:48 ou deux agriculteurs par jour
13:50 qui se suicident en France,
13:51 c'est la question, elle est là.
13:53 Après on ne nous aide pas,
13:55 on ne nous aide pas du tout à créer un revenu.
13:57 - Alors que vos clients croulent sous la fortune.
13:59 - Ils croulent sous la fortune.
14:01 La dichotomie, et ce n'est pas de jeter les uns contre les autres,
14:03 on a des producteurs, fournisseurs,
14:05 des agriculteurs qui travaillent la terre,
14:07 qui produisent, qui fournissent la matière première.
14:09 Vous avez des transformateurs qui s'enrichissent beaucoup,
14:11 et vous avez des distributeurs dont les fortunes sont totalement...
14:13 - Et les intermédiaires !
14:15 - Mais c'est ça, c'est ça.
14:16 - Combien d'intermédiaires en trois ?
14:17 - Non mais surtout transformateurs, donc industriels,
14:19 et distributeurs, avec des fortunes, mais totalement colossales.
14:22 On pourrait dire à ces distributeurs,
14:24 vos fortunes sont immenses, vous l'avez mérité,
14:26 vous avez bossé, vous avez pris des risques.
14:27 Est-ce que vous pensez que vous pourriez redistribuer un petit peu
14:29 pour que Jérôme, il n'ait pas moins 7000,
14:31 il ne demande rien, vous ne demandez pas 600 000 par an,
14:34 vous demandez à vivre normalement.
14:35 - Non mais je voulais poser une question très précise.
14:38 - Ça fait 30 ans que ça dure, ça fait 30 ans que ça dure,
14:40 comment on peut tenir comme ça ?
14:41 - Perico, il n'y a pas que toi qui a la parole.
14:43 - Allez-y Roselyne, c'est toi.
14:45 - Vous n'engueulez pas.
14:46 - Non, non, mais tu l'as depuis tellement longtemps,
14:47 c'est pour ça que je veux parler.
14:48 - Jérôme Page veille.
14:50 - Non mais je voudrais, parce que le président de la République,
14:52 quand il est venu au salon d'agriculture,
14:55 a lancé l'histoire des prix planchers.
14:57 On voit que dans votre milieu agricole,
15:01 tout ça, ça a au moins l'avantage,
15:04 c'est que tout d'un coup on a lancé le débat
15:06 et que finalement les prix planchers,
15:08 qui étaient agités comme des marionnettes
15:10 et comme la solution à tous les problèmes,
15:13 ce n'était pas la solution à tous les problèmes
15:16 et qu'il y avait des effets pervers dans la vie.
15:18 Est-ce que vous, vous soutenez, dans votre filière précisément,
15:21 cette histoire de prix plancher ?
15:23 Quelles seraient les conditions qui vous permettraient
15:26 de rentabiliser votre exploitation bovine ?
15:31 - Alors, je rappelle juste que ce sont les prix planchers,
15:33 pour les gens qui nous regardent,
15:35 ce serait un prix en dessous duquel
15:36 vous ne pourriez pas vendre vos produits.
15:38 - Le prix de revient, ça s'appelle le prix de revient, minimum.
15:40 - Non, c'est un prix plancher, ce n'est pas un prix de revient.
15:42 - Non, mais vous auriez besoin d'un prix de revient en plus, éventuellement.
15:45 - Voilà, mais le prix plancher, aujourd'hui, on le prend sur qui ?
15:49 Sur les agriculteurs français et la production française ?
15:52 Ou sur les pays européens, puisque on est dans l'Europe,
15:55 où c'est qu'ils ont trois fois moins de charges que nous
15:57 et qu'ils produisent trois fois moins cher que nous ?
16:00 Si nous, aujourd'hui, les agriculteurs français,
16:02 on part sur un prix plancher en référence à la France,
16:06 je ne pense pas que les autres pays de l'Europe,
16:08 ils soient d'accord de produire trois fois moins cher.
16:11 - Parce que nos coûts de production sont plus élevés en France.
16:14 - Non, aujourd'hui, ce qu'il faut regarder,
16:16 ce n'est pas le prix où tout le monde dit qu'il faut vendre plus cher,
16:20 mais ce n'est pas vrai, il ne faut pas vendre plus cher.
16:22 Il faut surtout qu'on produise moins cher.
16:24 - Vous vendez combien, votre prix de viande, Jérôme ? Au kilo ?
16:27 - Moi, je le vends à 5,80 €.
16:29 - À qui ? À votre premier acheteur ?
16:31 - À mon premier acheteur.
16:32 - Voilà.
16:33 - En sachant que lui...
16:34 - Combien il vous coûte, le prix de viande au kilo ?
16:36 Combien il vous coûte, en réalité ?
16:38 - Aujourd'hui, pour engraisser une vache,
16:40 il faut compter à peu près 500, 600 €,
16:44 et pour vous dire qu'on vend la vache à 450 kg de carcasse
16:49 à moins de 6 €, ça fait 2 000 €,
16:51 plus le prix du capital, on perd de l'argent.
16:53 - Donc pour faire zéro, il vous faudrait combien du prix de la viande ?
16:55 Déjà pour faire zéro, vous êtes à moins 7 000 €.
16:58 - Il faudrait arriver au moins à 7,50 €.
17:00 - À 7,50 €. Et on vous l'achète combien ? 5,50 € ?
17:02 - Ouais, 5,50 €.
17:03 - Comment on peut accepter ça en République française en 2024 ?
17:08 On est dans un système libéral, concurrence libre non faussée,
17:11 mais quels sont les voyous qui autorisent depuis 30 ans
17:13 que ce système économique ruine des gens qui sont méritants ?
17:16 Ça, je ne comprends pas. C'est un problème démocratique,
17:18 ce n'est même pas un problème politique.
17:19 - Mais ça, clairement, mais en fait, après, là, ce que pose zéro,
17:21 c'est assez intéressant parce que ça a été une proposition
17:23 de la France insoumise qui a été retoquée par le gouvernement,
17:26 cette idée de prix plancher.
17:27 C'est revenu dans la basket du débat ce samedi.
17:31 - Mais là, il est posé. C'est concret, là.
17:34 - Mais souvenez-vous que vous entendez de la part de la majorité
17:36 que c'était une mesure soviétique.
17:38 - Que c'était totalement soviétique, etc.
17:39 - Bien sûr.
17:40 - Mais du coup, qu'est-ce que ça veut dire ?
17:41 On achète, par exemple, à 8 euros.
17:43 On achète à 8 euros, mais si on ne contrôle pas
17:45 et que la grande distribution va acheter en fait en Pologne,
17:50 va acheter en Roumanie.
17:51 - C'est bien le sujet.
17:53 - Donc, on taxe le produit polonais à hauteur de 8 euros.
17:56 - Mais dans ce cas-là, c'est super.
17:57 - Non, non, non.
17:58 - Mais les intraeuropéens ne peuvent pas taxer.
17:59 - On n'a pas compris.
18:00 On ne surtaxe pas. On taxe.
18:02 On ne ferme pas les frontières.
18:03 On taxe à hauteur de libéralisme équitable, au même prix.
18:08 On ne pédalise pas l'étranger.
18:09 - Non, mais c'est...
18:10 - On le met au même prix que lui.
18:11 - Mais ça n'existe pas.
18:12 - Non, mais il n'y a plus d'Europe.
18:13 - Il n'y a plus...
18:14 - Mais c'est ça.
18:15 - Alors, on est dans la marche.
18:16 - Mais c'est l'Europe, c'était ça.
18:17 - Il n'y a plus de marché que le marché.
18:18 - Le marché européen, c'était ça.
18:19 - Vous avez...
18:20 - 57, c'était ça.
18:21 - Mais non.
18:22 - Si.
18:23 - Mais non.
18:24 - Si.
18:25 - Mais non.
18:26 - Concurrence libre et non faussée.
18:27 C'est marqué dans la Constitution.
18:28 - C'est pas parce que vous parlez le plus fort que vous avez raison.
18:29 - Vous avez aussi des agriculteurs qui exportent, y compris en Europe.
18:36 Donc qu'est-ce que ça voudra dire en termes de mesures de rétorsion derrière ?
18:39 - Aucune.
18:40 - Bah si, c'est pas si évident.
18:41 Parce que si vous taxez, par exemple, à hauteur de ce qui se fait en France, la viande polonaise
18:46 ou quelque chose qui est produit, je sais pas, en Espagne ou en Italie, qu'est-ce que
18:50 ça voudra dire derrière pour les agriculteurs français qui veulent exporter ? Ça voudra
18:54 dire qu'ils auront la même chose.
18:56 Donc déjà, le marché commun, c'est terminé.
18:57 - On importe 50% de nos frises et légumes.
18:59 On va déjà les acheter chez nous, on n'a pas besoin d'exporter.
19:01 - Ça veut dire que, comment on pense ce protectionnisme-là ?
19:04 - Il n'y a pas de protectionnisme.
19:06 On s'auto-souffit.
19:07 - On pense comme soi.
19:08 - On s'auto-fournit.
19:09 - On n'est pas complètement s'auto-souffrant.
19:10 - On importe 50% de nos frises et légumes.
19:11 Si on les achète en France, il n'y a plus de problème d'exportation.
19:12 - Ce qu'on voit, c'est que c'est beaucoup plus compliqué à mettre en œuvre que juste
19:20 quelque chose qu'on dira "Allez, hop, voilà, 8 euros".
19:23 C'est au niveau européen comme en France.
19:25 - Ça vous plaît ce combat en plateau ?
19:29 - J'ai jure.
19:30 - J'ai jure, on paye.
19:31 - C'est les débats que vous avez aussi.
19:32 - Au moins, vous débattez, on peut parler et vous parlez.
19:35 - Alors justement, j'aimerais vous redonner la parole.
19:37 - Allez-y.
19:38 - Je suis sérieux.
19:39 - Les prix planchés donc.
19:40 - Parce que nous, on ne les paie.
19:41 - Les prix planchés donc.
19:42 Vous n'en voulez pas, vous êtes contre, qu'on comprenne bien.
19:46 - Ce n'est pas que je ne veux pas.
19:48 C'est comment il va être appliqué et sur qui il va être appliqué.
19:51 - Ils disent filière par filière.
19:53 - Mais par rapport à qui ?
19:54 - Est-ce qu'on prend filière par filière avec la base,
19:57 en référent la France ou les pays européens ?
19:59 - C'est ça qu'il faut savoir.
20:01 - Mais l'Europe, c'est l'égalité de tout le monde.
20:03 - Mais on est même bien.
20:04 - Le prix de production.
20:05 - Est-ce que c'est partout pareil ?
20:07 - Mais surtout, d'autres coûts.
20:09 Il y a des fermes importantes, il y a des fermes plus petites.
20:12 Comment est-ce qu'on fixe un prix planché au niveau français ?
20:16 - La même vache produite aux Pays-Bas n'a pas du tout le même prix de revient.
20:20 Ce n'est pas du tout les mêmes typologies.
20:22 - On n'a même pas besoin d'aller aux Pays-Bas.
20:25 - Entre deux exploitations, c'est différent.
20:27 - La vache ingressée dans le sud de la France,
20:30 où le climat est plus dur et difficile,
20:34 va revenir plus cher qu'une vache ingressée,
20:36 peut-être en Bourgogne où ils ont plus de facilité d'herbe.
20:39 Déjà, rien que dans notre territoire,
20:41 on n'a pas les mêmes charges d'ingressement et de fonctionnement.
20:46 - Alors peut-être que la politique agricole commune,
20:49 qui donne 80% aux des primes les plus lourdes,
20:52 aux 20% des agriculteurs les plus riches,
20:54 la PAC c'est simple, c'est qu'on donne un peu aux gens qui ont beaucoup besoin,
20:58 et on donne beaucoup à ceux qui n'ont pas besoin.
21:01 Si la PAC servait justement à rectifier, à réguler le marché intérieur,
21:05 si la PAC peut servir à réguler, rééquilibrer le marché intérieur
21:09 en fonction des prix du kilo, et celui qui ne peut pas vendre, on régule,
21:12 mais que ça serve au moins à nourrir les paysans qui travaillent pour nous.
21:15 - Aujourd'hui, la PAC, quand même, je vais vous dire un truc,
21:17 52% des aides de PAC ne viennent pas aux agriculteurs.
21:21 - Non.
21:22 - Elles vont même dans les collectivités, même au Restos du Coeur,
21:25 même au club de foot, et au bout d'un moment,
21:28 sur une enveloppe de 9 milliards d'euros, ils manquent des sous à la fin.
21:31 - C'est pas bien pour la pisanerie.
21:33 - On touche à 48%.
21:36 - Ce qu'il faut savoir, c'est que la PAC est construite par rapport à l'hectare.
21:39 Plus vous avez d'hectares et plus vous bénéficiez.
21:41 Par exemple, à l'époque où la Grande-Bretagne était encore dans l'Union européenne,
21:45 la Reine d'Angleterre bénéficiait d'enveloppes de la politique agricole commune.
21:49 Il faut se souvenir de ça.
21:51 - Et en France, le président Macron...
21:52 - Oui, mais pardon, mais on a quand même voté une PAC en 2023
21:55 où ce fonctionnement à l'hectare a été maintenu,
21:58 alors que beaucoup de syndicats, beaucoup de paysans disaient
22:01 "faisons en sorte de sortir de l'ornière et d'arrêter avec ce fonctionnement à l'hectare,
22:05 mais par exemple, calculons ça avec le nombre d'emplois qu'on crée sur une ferme".
22:09 - Avec le vote des parlementaires français au Parlement européen
22:12 et la complicité du gouvernement français...
22:15 - Pas les socialistes, pas les écolos...
22:17 - Mais aujourd'hui, créer de l'emploi dans une ferme, c'est impossible.
22:21 On n'a aucun avenir.
22:23 - Sauf s'il y a une demande.
22:26 - Sauf si vous avez des aides PAC qui vous disent "allez-y, créez de l'emploi".
22:29 - Mais moi je vais vous dire un truc, les aides PAC aujourd'hui, c'est un pansement.
22:33 C'est comme les aides du gouvernement, c'est un pansement.
22:35 - C'est un médicament.
22:36 - Il ne peut déjà pas se rémunérer lui-même, ce n'est pas pour payer un employé.
22:39 - C'est un médicament.
22:40 - Ce n'est pas ça qui va sauver l'agriculture française.
22:41 - Vous voulez la bonne santé, vous ne voulez pas de médicament.
22:43 - Un pansement aujourd'hui, ça soigne une égratignure, mais ça ne soigne pas un cancer malheureusement.
22:48 - C'est sûr.
22:49 - Et aujourd'hui, il faut retravailler une économie agricole.
22:54 - Protéger.
22:55 - On va faire simple.
22:56 - Protéger.
22:57 - Moi, dans mon canton, sur ma commune, donc c'est le chef-lieu de canton, il y a 10 communes.
23:03 Il n'y a pas une industrie.
23:05 Il n'y a rien.
23:06 On est en fin de compte du vol veste, il n'y a rien.
23:07 - Il n'y a pas d'emploi du tout.
23:08 - Il n'y a pas d'emploi.
23:09 - C'est une belle campagne.
23:10 - Les seules personnes qui payent vraiment des impôts, ce sont les agriculteurs avec la TFNB, la taxe financière non bâtie.
23:17 Il y a une école maternelle, une école primaire, un collège.
23:22 Je n'ai jamais vendu un kilo de viande de mon exploitation où je paye des impôts de la taxe financière.
23:29 - A la cantine ?
23:30 - A la restauration collective.
23:32 - Ils ne vous prennent pas chez vous.
23:33 - Pourquoi on ne prend pas le problème déjà à la base ?
23:35 - Et bien voilà.
23:36 - Quand on ne vous aide pas et que l'État n'aide pas les restaurations collectives par exemple,
23:41 en leur donnant une enveloppe et en disant "faites vivre vos agriculteurs d'un côté",
23:45 vous ne pensez pas que vos enfants préfèrent manger de la viande de leur farme d'un côté que du poulet d'Ukraine ?
23:51 Moi je pense que si.
23:52 - Merci Géraud.
23:53 - Mais est-ce que ce n'est pas justement l'une des propositions du gouvernement ?
23:55 - Attendez, mais en 2024...
23:57 - Ça, ça faisait même partie dans l'absolu du programme de la PAC de la ferme à la fourchette.
24:02 Le problème c'est qu'on voit bien qu'entre la réalité des textes et la mise en œuvre, il y a quand même un gap.
24:08 - Il y a des lobbies qui empêchent, avec la complicité du pouvoir politique.
24:11 - C'est aussi une question, mais Perico, l'action publique elle est difficile.
24:14 Est-ce qu'on est aussi aujourd'hui en capacité de dire à des parents que potentiellement le repas de vos enfants,
24:20 il va être multiplié par deux, voire par trois ?
24:22 C'est un choix politique ?
24:23 - Non, non.
24:24 - Non mais ça veut dire que tu prends...
24:25 - Il y a un choix de santé aussi.
24:26 - Non, non, il y a des cantines scolaires où c'est au même prix, il n'y a aucun surcharge.
24:31 - Voilà, c'est une volonté politique, une organisation politique.
24:33 - Il faut juste le dire, c'est un choix politique.
24:34 - Mais aujourd'hui, si votre enfant il mange de meilleure qualité, alors santé publique ok,
24:40 mais si l'agriculteur derrière, au lieu de demander des aides et de faire des manifestations tous les quatre matins,
24:47 il arrive à vivre de son métier, vous croyez que l'argent on va le placer dans les paradis fiscaux nous ?
24:52 - Non, pour réinvestir.
24:53 - Mais nous on va le réinvestir, donc on va refaire travailler l'économie locale.
24:55 - Et en plus on le sait.
24:56 - On va parler local parce que nationalement, voilà, mais on va parler déjà local nous parce qu'on est des petits,
25:01 mais au moins on va refaire vivre l'économie locale.
25:03 - Vous serez patriote, vous serez patriote.
25:05 - Alors aujourd'hui tout le monde adore ça.
25:06 - Oui mais enfin pensez à du patriotisme.
25:08 - Ça les deux fêtes.
25:09 - Non mais c'est un gros zénibastion.
25:12 - Pensez que le localisme peut résoudre la question d'agriculture, c'est beaucoup plus profond, beaucoup plus sérieux que ça.
25:21 - Mais c'est pas que ça, c'est un cumul de mesures.
25:22 - Mais on ne dit pas que ça.
25:23 - C'est un ensemble de mesures.
25:24 - Mais aujourd'hui il ne faut pas présenter ça comme le remède miracle.
25:27 - Non c'est une partie de la solution.
25:29 - La agriculture française c'est aussi 84 milliards de chiffres d'affaires à l'exportation.
25:34 - Jérôme Bail, vous avez besoin de l'Europe, vous en tant qu'agriculteur ?
25:39 - Bien sûr, 90% de la céréale du Sud-Ouest part en Espagne.
25:43 90% de mes bêtes nées sur mon exploitation partent en Italie.
25:47 - Bien sûr.
25:48 - Bien sûr qu'on les a besoin.
25:49 - C'est ça, ils sont là.
25:50 - Aujourd'hui la question à se poser, on exporte de la céréale en Espagne
25:55 et on rentre de la céréale ukrainienne en France.
25:57 On rentre de la céréale américaine en France.
26:00 On rentre de la viande brésilienne en France.
26:03 - Et on importe de la tomate hollandaise ?
26:05 - Et nous on exporte.
26:06 Au bout d'un moment, pourquoi on ne peut pas fermer les frontières ?
26:09 - Elles n'ont pas les mêmes usages.
26:12 - Voilà, mais est-ce qu'aujourd'hui on ne peut pas aider les agriculteurs français à reproduire ?
26:16 - Si.
26:17 - À produire.
26:18 - Pourquoi on est obligé d'exporter la céréale en Espagne
26:22 et de rentrer de la limangue espagnole en France ?
26:24 - Ah ben voilà.
26:25 - Et ça c'est pas normal.
26:26 Et je pense qu'au niveau écologique, ça serait bien d'éviter tout ce trajet.
26:31 - Par exemple, il y a eu un vote dernièrement sur des accords de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande.
26:38 Alors on sait que le Mercosur est toujours en discussion et n'a pas encore été voté.
26:42 - Il a refermé la porte là-dessus Emmanuel Macron.
26:44 - Il était temps.
26:45 - L'accord entre l'Union Européenne et certains pays d'Amérique latine.
26:48 - Il était à deux doigts de se faire.
26:49 - Mais pour le coup, la Nouvelle-Zélande a été votée en novembre dernier.
26:54 Pour vous, il faut en finir avec ce type d'accord ?
26:57 - Je ne dis pas qu'il faut en finir.
26:59 - Mais pas comme ça.
27:00 - Mais par contre, vous pensez vraiment qu'un agneau élevé en haut des Pyrénées,
27:06 à l'herbe et avec des céréales françaises,
27:09 il est moins bon qu'un gigot d'agneau qui vient de Nouvelle-Zélande ?
27:12 - Dans le formol.
27:14 - Et qui a fait 20 heures d'avion pour venir en France ?
27:17 - Evidemment.
27:18 - Et nous parle d'écologie à nous les agriculteurs ?
27:20 - Voilà.
27:21 - Je pense qu'il est quand même meilleur et plus vert et plus écologique
27:24 que l'agneau fabriqué chez nous et mangé chez nous, non ?
27:26 Moi je ne sais pas.
27:27 Et c'est là que nous, on est complètement déconnectés avec eux.
27:31 C'est qu'au bout d'un moment, on ne comprend vraiment pas
27:34 le fonctionnement du gouvernement français,
27:35 et pas que du gouvernement français, de toute la...
27:37 - De l'Union Européenne.
27:38 - De l'Union Européenne et de toute la chaîne alimentaire.
27:41 - Alors qu'il n'y a que des solutions européennes.
27:43 - Et donc vous restez mobilisés, le mouvement n'est pas terminé ?
27:49 - Eh bien sur que non, il n'est pas en mouvement.
27:51 Comment vous voulez qu'il soit terminé ? Il n'est pas fini.
27:54 - Il n'est même pas commencé, à peine commencé.
27:56 - Oui, c'est le début du match.
27:57 Je l'ai dit, nous on ne fait pas un sprint, on fait un marathon.
28:00 Donc nous...
28:01 - Il va y avoir plusieurs sets à ce match, oui.
28:03 - Mais bien sûr, ça va être long.
28:05 Comme je l'ai dit, on parle de la restauration collective,
28:07 mais qui vous dit que dans les jours prochains,
28:09 une action nationale ne sera pas d'aller rendre visite
28:11 à toute la restauration collective et à montrer aux gens
28:14 ce qu'ils mangent dans les hôpitaux, dans les collèges, dans les lycées.
28:16 - Ah, il se peut que vous alliez dans les hôpitaux, les collèges et les lycées
28:18 pour pointer du doigt ce qu'ils mangent, ce qui va, ce qui ne va pas ?
28:22 - Attention, ce ne sera pas l'État, là, c'est les collectivités territoriales.
28:25 - Mais au bout d'un moment, est-ce qu'on peut parler de la chaîne ?
28:27 - Oui, bien sûr, c'est le public aussi.
28:29 - Est-ce qu'on n'a pas le droit de montrer aux gens ce qu'ils mangent ?
28:31 - Absolument.
28:32 - Oui, bien sûr.
28:33 - On me parle de malbouffe, moi, ça peut en faire partie, ça aussi ?
28:36 - Oui.
28:37 - Oui, mais pour le coup, certainement, en fait, que les Français sont en attente
28:40 d'avoir une forme de transparence sur ce qu'ils mangent beaucoup,
28:42 sont aujourd'hui d'accord sur le fait qu'il faut mieux manger
28:45 et que le fait que ce soit sur la nourriture, qu'on aille chercher des économies,
28:50 il y a quelque chose d'illogique aussi à fonctionner comme ça.
28:53 Ce besoin de transparence-là, il est réel ?
28:56 - Bien sûr.
28:57 - Quoi qu'on dise de vous.
28:58 - C'est ce qui nous aidera.
28:59 Après, je ne dis pas que ce sera la solution miracle,
29:01 mais il y en a plein de solutions pour aider les agriculteurs.
29:04 - Quoi qu'on dise de vous.
29:05 - Je vous coupe.
29:06 - Non, non, c'est moi qui vous écoute.
29:08 - Je peux vous prendre un exemple.
29:09 Je me suis permis de le dire à Gabriel Attal quand je l'ai rencontré,
29:12 il n'y a pas longtemps, et je lui ai dit,
29:15 "Tu veux faire un revenu aux agriculteurs ? C'est facile.
29:18 On a des milliers d'hectares de toitures, de bâtiments qui ne font rien."
29:21 Mais aujourd'hui, moi, si je vais voir mon banquier,
29:24 je lui ai dit "Il me faut 400 000 euros pour faire un bâtiment photovoltaïque,
29:26 une toiture photovoltaïque."
29:28 Il va me dire "T'as quoi comme avenir ? T'as rien."
29:30 Donc aujourd'hui, pourquoi l'État ne ferait pas des prêts bonifiés à 1% aux agriculteurs
29:34 pour utiliser les toitures et les bâtiments ?
29:37 Pourquoi ils n'aideraient pas les agriculteurs à mettre des transformations près de leurs fermes,
29:41 des transformateurs, pour vendre de l'énergie ?
29:43 Ça ferait un revenu d'avis aux agriculteurs avec une vision sur 20 ans.
29:47 - Sachant que les panneaux photovoltaïques, on les met même sur les terres arides.
29:50 - Mais aujourd'hui, c'est les investisseurs, je vous coupe,
29:53 c'est les investisseurs qui viennent se servir des terres agricoles,
29:57 des agriculteurs et des bâtiments, parce qu'eux, on les moyens,
30:00 et nous, on ne les a pas, qui nous aident.
30:03 Et c'est des trucs simples à faire, ça.
30:04 Je pense que l'État aujourd'hui est capable d'aider les agriculteurs sur des trucs comme ça.
30:08 - En un mois, vous avez fait une explication qui a fait, qui vaut 10 ans d'action syndicale de la FNSEA,
30:13 parce qu'on comprend vos enjeux, concrètement.
30:15 - Mais c'est pas ça, il ne faut pas dire...
30:17 On ne peut pas dire ça, la FNSEA fait des choses bien, comme ils font tous des choses bien.
30:21 - Bien sûr, bien sûr, mais elle s'est trompée aussi, et elle a pris des orientations.
30:24 - Mais à aujourd'hui... - Il y a des vrais paysans à la FNSEA.
30:28 - Je pense qu'aujourd'hui, il faut surtout, en 9 mois, des élections de chambre d'agriculture.
30:34 Vous savez qu'au niveau syndical, c'est beaucoup plus compliqué, parce qu'il y a des places à prendre.
30:38 Je pense qu'il va falloir que les agriculteurs français se remobilisent tous ensemble,
30:43 tous ensemble, pour aller dans un but commun.
30:46 Et dans 9 mois, ils mettront les enveloppes pour qui ils voudront.
30:49 C'est ça qu'il faut se mettre dans la tête.
30:51 Moi, à la fin de chaque discours de barrage de carbone, je leur disais un truc aux mecs,
30:55 c'est "ensemble, on risque rien".
30:57 Et c'est ça qu'il faut s'inculquer.
30:59 - On est bien d'accord.
31:00 - Et donc, Jérôme, vous annoncez de nouvelles actions à venir, des actions surprises ?
31:03 - Je n'ai pas annoncé, je vous dis juste que ça peut être une éventualité.
31:07 Mais il n'y aura peut-être pas que ça, non plus.
31:10 Dites-vous, nous, dans l'agriculture, on est un métier où on est capable de faire beaucoup de choses.
31:14 Il faut faire un vétérinaire pour soigner une vache,
31:16 il faut faire un mécanicien pour réparer un outil.
31:18 Donc, on a de la jugeote, on réfléchit très vite, et des fois, on réfléchit bien.
31:24 - Vous retournez au Salon d'agriculture ces prochains jours, ou vous rentrez chez vous ?
31:29 - Si votre taxi veut me ramener, oui, je ne vais pas finir la soirée.
31:32 - Bon, très bien. Bon retour alors.
31:34 - Mais oui, je reste jusqu'à encore quelques jours.
31:36 - Dans la région parisienne.
31:37 - Merci beaucoup, merci Jérôme Beyl d'être venu sur notre plateau sur BFM TV.

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