Agriculteurs: l'extension de la colère

  • il y a 9 mois
Comment se passe réellement la mobilisation des agriculteurs sur le terrain? BFMTV a suivi certains manifestants depuis leurs exploitations jusque dans les barrages

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Transcription
00:00 Florent Andrieux effectue la même tâche chaque matin, 365 jours par an.
00:06 Il donne à manger à ses vaches.
00:09 Il entame ensuite le reste de sa journée.
00:12 - Je fais ça deux fois par jour.
00:15 Pas l'identique, mais l'alimentation du troupeau, c'est deux fois par jour.
00:21 Cela fait 5 ans qu'il tient l'exploitation familiale.
00:25 Mais depuis un an, il ne parvient plus à joindre les deux bouts.
00:29 - Pendant les 4 premières années, j'arrivais à me verser à peu près 800 euros par mois.
00:37 Et là, ça fait une grosse année que c'est 800 euros tous les 2 mois, quoi.
00:43 Florent Andrieux est père de 2 enfants.
00:46 C'est sa compagne qui assure l'essentiel des revenus de la famille.
00:51 Mais pour combien de temps ?
00:54 Depuis plusieurs mois, ses dépenses ont augmenté de manière fulgurante.
00:59 - En gasoil, ça me coûtait à peu près 15 000 euros.
01:05 Et pour un volume identique l'année dernière, on est presque à 30 000 euros, quoi.
01:12 Des charges qui doublent.
01:16 Or, Florent Andrieux vend sa viande toujours au même prix.
01:20 Impossible pour l'agriculteur de s'en sortir dans ces conditions.
01:25 Ce qui le préoccupe le plus en ce moment, c'est la suppression progressive de l'aide de l'Etat sur le GNR,
01:31 le carburant utilisé par les agriculteurs.
01:35 - Jusque-là, on récupérait à peu près 14 centimes au litre.
01:39 - Oui.
01:40 - Et en fait, ils sont en train d'essayer de faire sauter 6 centimes sur ces 14 centimes qu'on récupérait, quoi.
01:48 Et donc, moi, pour mon exploitation, ça représente... Donc les 14 centimes, ça représente entre 4 et 5 000 euros.
01:55 Donc 6 centimes, ça représente entre 2 et 3 000 euros, quoi.
02:00 Apparemment qu'on perd encore, quoi.
02:03 Et ce qui plombe également ses journées, ce sont les obligations administratives.
02:10 Dans son bureau, des classeurs entiers de factures et de documents à remplir,
02:14 notamment pour répondre au cahier des charges de l'Union européenne.
02:19 - On est constamment en train de faire des formations pour se remettre à jour,
02:24 parce que tout change régulièrement et on n'a jamais la dernière info, quoi.
02:28 Si on ne va pas chercher l'info, du jour au lendemain, t'es plus en règle, quoi.
02:33 Alors Florent Andrieux a décidé de passer à l'action.
02:38 Depuis jeudi dernier, il rejoint chaque jour d'autres agriculteurs sur le blocage de l'autoroute A64.
02:45 Plus de 400 exploitants agricoles de la région se relègent jour et nuit
02:50 dans l'espoir de se faire entendre par le gouvernement.
03:01 Tous rencontrent ici les mêmes difficultés, des aides qui s'amenuisent et des taxes qui augmentent.
03:08 - On est sur un marché complètement déloyal et on vend...
03:14 Enfin bon, c'est clair, quoi, on vend au même prix que les autres pays,
03:17 mais avec des charges et des contraintes bien plus élevées.
03:20 Et c'est ça qui complique vraiment notre quotidien aujourd'hui, quoi.
03:23 Un mouvement de colère qui mobilise dans toute la France.
03:28 A 150 km plus au nord, sur l'autoroute A62,
03:37 Karine Duc se réveille au milieu des tracteurs et des bottes de foin.
03:42 - Ça va ? En forme ? - Oui.
03:46 À 38 ans, cette mère de 2 enfants a abandonné son exploitation viticole
03:52 pour se mobiliser aux côtés des agriculteurs de sa région.
03:56 - J'ai dormi là et on a tous dormi dans les fourgonnes, dans les tracteurs.
04:02 Puis on a dormi. On était là, quoi.
04:06 C'est même elle, en tant que coprésidente du syndicat agricole coordination rurale,
04:11 qui prend les choses en main.
04:13 - Vous dormez ou quoi ? - Non !
04:15 - Bon, voilà, ça va, allez, à feu, on est partis !
04:18 Ce matin-là, direction la préfecture d'Agin pour une opération coup de poing.
04:25 - J'ai quand même à la faire l'intention de pas arrêter et de pas crever, en tout cas.
04:31 Une détermination sans faille, même si au quotidien,
04:35 sa situation financière, notamment, est compliquée.
04:39 Un peu plus de 3 ans après avoir lancé son activité,
04:42 cette viticultrice n'arrive toujours pas à se dégager un salaire.
04:46 - L'inflation des charges et des normes, ça nous empêche de nous sortir en revenu.
04:52 - Je ne vis qu'au travers du revenu de mon mari.
04:56 Tu vois ? C'est pas normal, hein. Je travaille comme une folle.
05:02 Bon, je l'ai voulu, hein, je me suis installée.
05:05 Le projet est beau, au départ, puis après, on est confrontés à la réalité du métier,
05:11 et puis on se demande simplement si on va pouvoir s'en sortir, quoi.
05:18 Devant la préfecture, les agriculteurs se rassemblent.
05:22 Une banderole est installée, puis les uns après les autres,
05:27 des camions viennent déverser devant les grilles du bâtiment
05:30 des quantités de fumier et de purin.
05:32 Une action symbolique.
05:34 - Grosse emmerdeau, ils nous prennent pour de la merde, donc on lâche de la merde.
05:37 Voilà, rien de plus.
05:39 - Des agriculteurs à bout de nerfs, qui, encouragés par Karine Buch,
05:43 pressent le gouvernement d'agir.
05:46 - On a essayé plein de méthodes, ça réagit pas,
05:48 donc maintenant, eh bien, on reprend la force et on tiendra jusqu'au bout.
05:51 Ça, c'était une certitude. Maintenant, on est prêts, on lâchera pas.
05:54 - Ce qu'ils réclament, des propositions concrètes de la part de l'Etat
05:59 pour soutenir le monde agricole et valoriser la profession.
06:03 - Que Gabriel Attal, ce soir, il passe devant la télé,
06:06 et il dit ce qu'il a à dire, il fait des annonces très fortes,
06:09 des aides d'urgence immédiates, et on revoit complètement
06:13 cette putain de politique agricole qui ne va à personne.
06:17 - Dès demain, son syndicat ira manifester avec d'autres à Bruxelles.
06:22 Une action de plus pour tenter d'enfléchir la politique agricole européenne.
06:27 de recueillir.

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