• il y a 11 mois
Alain Fontaine, maître restaurateur, nous ouvre les portes de la cuisine de son bistrot parisien, Le Mesturet. Fervent opposant à la loi immigration, il nous dévoile pourquoi les travailleurs étrangers sont utiles à la profession.

Situé dans le quartier de la Bourse depuis 1883, Le Mesturet est un charmant restaurant traditionnel qui propose une cuisine française, fait maison, tel que le bœuf bourguignon, la tête de veau ou alors la délicieuse blanquette.

C'est au sous-sol que les cuisiniers s'affairent derrière les fourneaux afin d’élaborer de savoureux plats à partir de produits frais et sous la direction du chef cuisinier, Régis Fève.
«Des dizaines d'apprentis de toutes origines ont été formés dans cette cuisine et ça s'est toujours bien déroulé avec les travailleurs sans-papiers car ce sont des gens qui « ont faim », c'est à dire qu'ils ont envie de se battre», nous explique le chef exécutif de la cuisine.

Alain Fontaine, président de l’association des Maîtres restaurateurs, s'insurge contre cette loi immigration qui va avoir des conséquences dramatiques : «On met un paquet d'argent pour la formation et l'apprentissage et dès que le travailleur sans papiers devient majeur, il faut s'en séparer…Alors qu'il a une fiche de paie, un numéro de sécurité sociale et qu'il participe à la recette fiscale et sociale de la société».
«On les aide auprès des préfectures pour qu’ils puissent avoir leurs papiers mais ça nous place dans des situations critiques au niveau de la régularité.", souligne le restaurateur.

Magassa, malien, travaille depuis 3 ans en tant que commis puis cuisinier au Mesturet : "La France, pays des droits de l'homme pourrait refuser des immigrés ainsi que restreindre l'aide médicale, je suis étonné», nous lance avec inquiétude le jeune cuisinier.
La cuisine est une passion pour le jeune travailleur qui s'est d'abord lancé dans la boulangerie avant d’évoluer au Mesturet : «C’est un métier qui te permet de te faire plaisir mais aussi de faire plaisir aux autres. Si tu as faim, tu ne peux rien faire dans la vie», souligne Magassa.

«On ne peut pas faire de corrélation entre chômage et immigration», tient à préciser le patron. Il justifie sa déclaration en nous citant les 10 millions d’immigrés présents en Allemagne avec un taux de chômage de 5,2%, bien inférieur à celui de la France. Il conclue en évoquant les voix qui s’élèvent pour baisser le RSA et les aides sociales : «Il faut donc mettre tout le monde dans la misère ?» questionne le restaurateur.

Concernant l’appel à manifester contre la loi immigration dimanche 21 janvier et relayé par l’Humanité et Mediapart via une tribune signée par 201 personnalités, Magassa réagit avec enthousiasme. «Mon planning de travail m’empêche d’y participer mais je serai avec eux, dans mon esprit et dans ma tête…»

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Transcription
00:00 La loi immigration m'a fait très peur,
00:03 parce que, sans vouloir faire de l'humour,
00:06 c'est un peu comme si tu attaquais l'Himalaya en short et en basket.
00:10 L'entrée du jour, tartare de rouget, gondin, la moutarde de provins parfumée à la rose.
00:14 Je viens d'y goûter, j'ai rajouté du sel et un peu de citron.
00:17 Ça manquait de citron, il avait oublié le citron.
00:19 Plat du jour, traditionnel pot au feu.
00:21 Alors, traditionnel pot au feu, ça veut dire qu'on forme des gens,
00:24 on met un paquet d'argent, quelles que soient leurs origines,
00:27 pour la formation et pour l'apprentissage.
00:29 Puis, parce qu'il devient majeur, il faut s'en séparer.
00:33 Alors qu'il a une feuille de paye, qu'il a un numéro de sécurité seul, qu'il a tout.
00:36 Qu'il participe à la recette fiscale et sociale.
00:40 Et donc, du jour au lendemain, on dit "bah non, il ne peut pas rester chez vous".
00:43 Alors, on se bat pour qu'il soit régularisé, on le soutient, on l'aide.
00:48 Mais ce n'est pas du travail au noir,
00:50 parce que les détracteurs de cet article 3,
00:53 parce qu'on parle de celui-là, c'est pour ça que j'aurais aimé
00:55 que cet article 3 soit complètement sorti de la loi immigration,
00:58 parce qu'on a tout mélangé comme ça.
01:00 Et ce n'est pas bon, parce que d'un côté, il y a la régularisation des gens
01:04 qui travaillent déjà dans une entreprise, qui sont déclarés.
01:07 Et puis de l'autre côté, il y a le travail au noir.
01:09 Et ça, le travail au noir, c'est grave.
01:11 Je pense que c'est un pays qui a accueilli beaucoup d'immigrations,
01:22 plus que tous les pays du monde.
01:24 Donc, vu que j'ai entendu qu'ils allaient commencer à refuser les gens
01:28 ou de dire que les gens ne pouvaient pas avoir de médicales pour soigner,
01:31 je suis un peu étonné.
01:33 Parce que je sais que c'est un pays qui demande les droits de l'homme.
01:36 Normalement, quand on dit droits de l'homme, tout le monde doit avancer.
01:39 Peu importe que tu viennes, ils doivent t'attaquer quand même.
01:42 Mais je peux dire que certains aussi viennent et font des choses qui ne sont pas bonnes.
01:47 Ce n'est pas bon aussi.
01:48 Pour les gens qui viennent pour faire du mal aux autres,
01:51 je suis contre ça aussi.
01:54 Esté, tu lui donnes sa chèvre ?
01:56 Oui, laisse.
01:57 Merci beaucoup, mon grand.
01:59 Tu peux servir les gens avec ça.
02:01 Ils ne peuvent pas t'oublier toute sa vie.
02:03 Parce que si tu as faim, tu ne peux rien faire dans la vie.
02:06 Donc, du coup, tous les bonhommes qui viennent après,
02:08 ils viennent manger d'abord.
02:10 Pourquoi il ferme la cuisine ?
02:11 Non, parce que c'est le noir.
02:12 Quand il reprend, ça fait partir.
02:14 Quelque soit le bien, c'est un investissement.
02:17 Mais si on forme bien un apprenti,
02:20 la deuxième année, il équivaut à un comité de cuisine.
02:23 Tous les travailleurs sans papiers ou en cours de régularisation,
02:26 ça se passe toujours bien avec eux.
02:28 Ce sont des gens qui ont faim.
02:29 Ils ont envie de se battre.
02:31 Ce sont de très bons travailleurs en général.
02:33 Quatre poteaux feu, un rognon à poing, une truite frite.
02:39 La truite, elle est frite.
02:41 Ils ne peuvent pas faire de corrélation, je le dis souvent,
02:43 entre chômage et immigration.
02:46 On va donner deux exemples très vite.
02:48 5,2 de chômeurs en Allemagne,
02:51 avec plus d'émigrés que nous, 10 millions d'émigrés.
02:53 Donc moins de chômage, plus d'émigrés.
02:55 Ce n'est pas le sujet.
02:56 Certains disent qu'il faut baisser le RSA,
02:59 il faut baisser tout ça.
03:00 C'est en mettant tout le monde dans la misère.
03:02 C'est moi, chouchou.
03:17 Oui.
03:18 Ça marque un Z, quelqu'un.
03:20 D'accord.
03:21 Dans les grands restaurants, il n'y a pas que des têtes blondes.
03:24 Il y a aussi des gens qui ont été formés dans des restaurants comme moi.
03:27 Et parce qu'on les a formés à tout faire maison,
03:29 ils ont une connaissance de la matière première,
03:33 de l'alchimie de la cuisine,
03:34 qui fait qu'ils peuvent aller où ils veulent.
03:37 Et on les a formés, l'État français les a formés.
03:45 L'émigration m'a fait très peur.
03:47 Parce que, sans vouloir faire de l'humour,
03:50 c'est un peu comme si tu attaquais l'Himalaya en short et en basket.
03:54 Mais en aucun cas, elle va résoudre le problème.
03:57 Elle va abîmer des gens.
03:59 Elle peut abîmer des gens, plutôt que reconstruire quelque chose.
04:02 J'aimerais bien participer.
04:10 Mais par rapport à mon planning,
04:12 je travaille tout le week-end,
04:13 samedi, dimanche, jusqu'à 23h.
04:15 Donc je ne peux pas participer,
04:18 mais quand même, je suis avec eux.
04:20 Parce que, même si je ne suis pas là,
04:22 je sens qu'on est tous la même bite.
04:26 Donc je suis là-bas toujours.
04:28 Dans ma tête, dans mon esprit, je suis avec eux.
04:31 Je suis avec eux.
04:33 [Bruit de la foule]

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