Cela peut paraître incroyable en 2024, mais 20 % de nos déchets ménagers sont encore enfouis.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/hugo-clement-en-toute-subjectivite
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00:00 le journaliste et présentateur de l'émission « Sur le front » sur France 5, Hugo Clément,
00:05 bonjour ! Bonjour Nicolas !
00:06 Hugo, ce matin vous nous parlez de nos poubelles.
00:08 Oui, beaucoup de gens sont persuadés, et c'était aussi mon cas avant de commencer
00:12 cette enquête, que toutes nos ordures ménagères sont aujourd'hui incinérées.
00:16 Et pourtant, ce n'est pas le cas, puisque selon l'agence de la transition écologique,
00:20 20% de nos poubelles sont encore enfouies.
00:23 Ça paraît incroyable, mais en 2022, nous avons enterré en France 17 millions de tonnes
00:29 de déchets ménagers, soit le poids de 1 700 tours Eiffel.
00:33 Une quantité loin, très loin des objectifs que notre pays s'est fixé, puisque nous
00:37 sommes censés enfouir moins de 10 millions de tonnes d'ici 2025.
00:40 Nous n'en prenons pas vraiment le chemin, d'autant que certains sites d'enfouissement
00:44 continuent de s'agrandir.
00:45 J'ai pu le constater notamment au Paine-Mirabeau, sur les hauteurs de Marseille, où est installée
00:50 une ISDND, une installation de stockage des déchets non dangereux, c'est le nom officiel
00:56 des décharges.
00:57 Qu'est-ce qui est enfoui dans les décharges aujourd'hui ?
00:59 Alors en théorie, les ISDND ne sont censés enterrer que des déchets ultimes, c'est-à-dire
01:04 qu'ils ne sont pas recyclables ou valorisables.
01:06 Mais en réalité, c'est autre chose.
01:08 Je l'ai vu de mes propres yeux au Paine-Mirabeau et dans tous les autres sites que j'ai visités,
01:13 d'innombrables emballages en plastique, en carton et même en verre continuent d'être
01:18 enterrés aujourd'hui.
01:19 Et pourquoi ?
01:20 Parce qu'il n'y a pas d'incinérateurs partout et parce que le tri est soit mal fait, soit
01:23 carrément inexistant.
01:25 Par exemple, la décharge des Paine-Mirabeau enfouit notamment des déchets de la commune
01:29 d'Aubagne, où les habitants n'ont pas de poubelle de tri à domicile et où ils sont
01:34 censés déposer eux-mêmes leurs emballages recyclables dans des conteneurs situés en
01:38 ville.
01:39 Mais comme très peu de monde le fait, les déchets sont jetés indistinctement dans
01:42 les ordures ménagères et finissent donc enterrés.
01:45 Dites-nous Hugo, quel problème pose l'enfouissement ?
01:47 Une ISDND, ce n'est rien d'autre qu'un énorme trou qu'on remplit de poubelle et qu'on recouvre
01:53 de terre.
01:54 Deuxième problème, le jus de décharge qui est issu de la décomposition des déchets
01:58 organiques.
01:59 Il ruisselle jusqu'au fond du trou en se chargeant au passage de tous les pôles loin.
02:03 Dans les sites modernes, le bas de la décharge est recouvert d'une membrane en plastique
02:07 pour éviter la contamination des nappes phréatiques et des cours d'eau.
02:10 Mais des accidents et des fuites sont inévitables.
02:13 Deuxième souci, le vent qui fait s'envoler les déchets légers avant qu'ils soient recouverts
02:17 et qui propage dans la nature des milliers de sacs plastiques.
02:20 Troisième problème, le méthane, ce gaz au très fort pouvoir de réchauffement qui
02:25 est produit là encore par la décomposition des ordures.
02:27 Certaines décharges récupèrent ce gaz et l'utilisent pour produire de l'énergie,
02:31 d'autres le brûlent sur place.
02:33 Mais dans tous les cas, une partie du méthane s'échappe dans l'atmosphère, parfois
02:37 même plusieurs décennies après la fermeture des sites d'enfouissement.
02:41 Autant dire que si l'on veut arrêter de léguer ces cadeaux empoisonnés à nos enfants
02:45 et petits-enfants, il y a urgence à réduire notre volume de déchets et à appliquer la
02:50 loi puisque depuis le 1er janvier, les collectivités sont obligées de proposer une solution pour
02:55 collecter les déchets alimentaires, ce qui est très peu fait pour l'instant.