Y aurait-il en France une organisation autorisée à saccager les bâtiments publics, à agresser les forces de l’ordre et à intimider physiquement ses opposants, sans que personne ne réagisse ?
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/hugo-clement-en-toute-subjectivite
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00:00 Il est 7h20 en toute subjectivité ce matin avec le journaliste et présentateur de l'émission
00:05 sur le front sur France 5, Hugo Clément, bonjour !
00:08 Bonjour Nicolas !
00:09 Hugo, ce matin vous nous parlez d'actions musclées qui se multiplient en régions sans
00:14 faire de bruit.
00:15 Oui, y aurait-il en France une organisation autorisée à saccager les bâtiments publics,
00:21 à agresser les forces de l'ordre et à intimider physiquement ses opposants sans que personne
00:25 ne réagisse ? C'est la question qu'on peut se poser en observant les nombreuses
00:29 opérations coup de poing organisées ces dernières semaines par la FNSEA, le principal
00:34 syndicat agricole.
00:35 A Dijon, ses membres ont déversé du fumier et des déchets sur le conseil de région
00:40 et ils ont tagué des inscriptions visant les élus.
00:43 Pareil à Rennes où le conseil de région a été visé.
00:45 A Brest, c'est la sous-préfecture qui a été prise pour cible.
00:48 A Châteauroux, du lisier a été déversé sur plusieurs bâtiments de l'État.
00:53 A Cahors, les manifestants ont carrément muré les locaux d'un service de la préfecture.
00:57 Et à Saint-Brieuc, certains agriculteurs masqués s'en sont pris directement aux
01:01 forces de l'ordre en leur lançant des œufs.
01:03 Il y a quelques mois, c'est à La Rochelle que les agriculteurs, rassemblés à l'appel
01:07 de la FNSEA, attaquaient le domicile privé du représentant d'une association écologiste
01:13 en jetant des pierres sur la maison, en déversant des pneus dans son jardin, en taguant son
01:17 mur et en insultant sa femme présente à ce moment-là.
01:20 Je vous laisse imaginer, Nicolas, ce qu'il se serait passé si ces coûteuses dégradations
01:25 et ces actes violents avaient été commis par des militants écolos.
01:28 D'énormes moyens policiers auraient été déployés pour arrêter les responsables
01:33 et la classe politique aurait légitimement condamné ces agissements.
01:36 Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture, se serait empressé de publier un communiqué
01:41 pour condamner les éco-terroristes, comme il l'a déjà fait par le passé.
01:45 Mais là, étrangement, quand ça concerne la FNSEA, silence radio.
01:49 Ni vague d'arrestations massives, ni polémique médiatique, ni communiqué indigné de Marc
01:55 Fesneau.
01:56 Il a fallu qu'Ali Baddou interroge le ministre sur notre antenne pour qu'il lâche du bout
01:59 des lèvres qu'il condamnait toutes les violences.
02:02 Bref, les adhérents de la FNSEA sont traités avec beaucoup de bienveillance.
02:06 Et quelles sont les revendications de la FNSEA ?
02:09 Moins de contrôles, moins de normes, moins de contraintes pour utiliser les pesticides.
02:13 En résumé, laissez-nous faire ce qu'on veut.
02:15 Le pire, c'est que ça fonctionne de saccager des préfectures.
02:18 Sous pression, la première ministre, Elisabeth Borne, a décidé de renoncer à la hausse
02:23 d'une taxe sur la vente de pesticides et d'une redevance sur l'irrigation, initialement
02:28 prévue dans le budget 2024.
02:30 Alors bien sûr, il ne faut pas laisser tomber les agriculteurs, pris au piège d'un système
02:34 industriel qui détruit la nature sans pour autant les rendre moins pauvres.
02:38 Mais il est déplorable que cette détresse soit utilisée par un syndicat qui fait la
02:42 loi en utilisant la violence.
02:44 Surtout que la FNSEA, qui prétend défendre les intérêts des agriculteurs, défend surtout
02:48 les intérêts de l'agrochimie et de l'agro-industrie.
02:51 Ce syndicat est d'ailleurs dirigé par Arnaud Rousseau.
02:53 Ce n'est pas un paysan, mais un industriel.
02:55 Il gère une immense exploitation de 700 hectares et il préside surtout le groupe Avril, un
03:01 géant de l'agro-alimentaire dont le chiffre d'affaires s'élevait en 2022 à 9 milliards
03:06 d'euros.