• il y a 11 mois
Avec Charlotte Girardon, directrice d'une école à Plaisance-du-Touch (Haute-Garonne) et trésorière nationale du Syndicat des Directrices et Directrices d'Ecole.

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Transcription
00:00 Puisque nous sommes avec notre nouvelle invitée Charlotte Girardon. Bonjour à vous !
00:04 - Bonjour !
00:06 - Soyez la bienvenue sur Sud Radio.
00:08 Vous êtes directrice d'une école à Plaisance-du-Touche, c'est dans la Haute-Garonne, pas très loin de Toulouse,
00:12 trésorière nationale du syndicat des directrices d'école.
00:16 Si on vous donne la parole ce matin, c'est pour revenir sur cette histoire toulousaine,
00:20 cette autre histoire toulousaine en quelque sorte, qui n'est pas banale.
00:22 C'est une de vos collègues, une directrice d'école,
00:24 qui a été convoquée par le rectorat parce qu'elle a hébergé une famille SDF dans son école.
00:30 Et on va en parler avec vous dans un instant.
00:32 Mais avant ça, je ne peux pas m'empêcher de vous poser cette question.
00:35 Vous êtes directrice d'école, vous êtes syndicaliste.
00:37 Votre nouvelle ministre Amélie Oudéa Castera assume avoir scolarisé ses trois enfants dans le privé,
00:44 à Stanislas précisément, à Paris.
00:47 Et elle l'explique en disant "Pardon, mais j'étais à l'école Littré, juste à côté, dans le public,
00:51 et les cours de mon aîné, quand il n'était pas assuré, n'étaient pas suffisamment remplacés."
00:56 Est-ce que ça vous choque ou est-ce que vous saluez sa sincérité ?
00:59 Alors non, ça me choque vraiment, parce qu'elle est ministre de l'Éducation nationale.
01:06 Qu'elle l'ait fait, qu'elle l'assume, qu'elle soit honnête, grand bien lui fasse.
01:11 Mais maintenant, elle est ministre de l'Éducation nationale et elle est là pour défendre un service public.
01:15 Elle pourrait tout à fait reconnaître l'avoir fait, parce qu'effectivement, c'est une réalité, le manque de remplaçants.
01:23 Et se dire que maintenant, en tant que ministre de l'Éducation nationale,
01:27 elle va remédier à ce problème et remettre ses enfants à l'école publique,
01:31 parce qu'elle va défendre ce service public.
01:33 Effectivement. Alors, petite précision quand même, on parle de l'enseignement privé sous contrat quand même.
01:38 C'est important de le préciser, là où sont ses enfants.
01:41 C'est pas complètement en dehors du giron public, il faut le rappeler aussi.
01:45 Revenons maintenant à cette histoire toulousaine.
01:47 C'est l'une de vos collègues.
01:48 Elle hébergait dans son école à Toulouse, des familles qui n'avaient pas de domicile, avec des enfants justement.
01:54 Elle a été convoquée par le rectorat.
01:57 Elle n'avait pas le droit en même temps de le faire, c'est-à-dire d'héberger dans une école des familles sans domicile fixe.
02:03 C'est ce que dit notamment la mairie de Toulouse.
02:05 Est-ce que vous comprenez cette convocation ?
02:08 Alors, la convocation a eu lieu hier.
02:11 Ça s'est bien passé avec le rectorat.
02:14 Il n'y a pas eu de reproche de fait.
02:16 Je pense que le rectorat voulait surtout comprendre un petit peu ce qui s'était passé.
02:20 Et donc pour revenir sur les faits, ce n'est pas cette directrice qui a accueilli une famille dans son école.
02:27 C'est vraiment le collectif Jamais Sans Toi dans mon école.
02:30 Jamais Sans Toi T.O.I.T.
02:32 C'est important de le préciser.
02:34 Qui organise ces occupations d'école parce qu'on s'aperçoit sur la ville de Toulouse
02:39 que beaucoup de familles en grande détresse, surtout par ces temps divers,
02:45 ne sont pas pris en charge par les services sociaux.
02:48 Donc quand les services sociaux n'agissent pas et qu'on a des enfants dans notre école
02:52 où on sait pertinemment qu'à 5h ils se retrouvent dehors,
02:55 on ne peut pas humainement accepter ça.
02:59 Donc ce n'est pas la directrice, encore une fois, qui a agi de sa propre initiative.
03:03 En tout cas, elle dit qu'elle l'a fait non pas en tant que directrice d'école, mais en tant que citoyenne.
03:08 Après, c'est aussi important de rappeler que c'est elle qui a la clé.
03:10 C'est la directrice, c'est logique.
03:11 Vous l'auriez fait vous-même dans votre école ou pas ?
03:14 Oui, tout à fait.
03:15 Et vous le ferez ?
03:17 Alors j'ai la chance d'être dans une commune où les services sociaux sont très actifs.
03:21 Mais si ça devait arriver, oui, je le ferais.
03:24 Est-ce que vous comprenez que la mairie de Toulouse,
03:27 non pas en accablant votre collègue,
03:30 dit qu'il est important de rappeler le droit ?
03:33 Oui, je pense que le droit, c'est quand même le cadre dans lequel on s'inscrit tous.
03:41 Mais il y a quand même ici un devoir supérieur,
03:46 qui est l'assistance aux personnes en danger.
03:48 Il y a des bébés de 6 mois dans l'histoire.
03:51 Bien sûr.
03:52 Concrètement, ça se passe comment d'ailleurs, cet hébergement dans ces écoles ?
03:56 J'imagine que vous vous en êtes enquis auprès de vos collègues.
04:00 Ça veut dire quoi ?
04:01 Ça veut dire que quand les cours sont terminés, que la nuit commence à tomber,
04:04 on fait entrer ces familles, on les loge dans une classe, on les met au chaud.
04:07 Et puis juste avant que les cours recommencent, on les fait partir.
04:10 Comment ça se passe ?
04:12 Alors, concrètement, oui, c'est à peu près ça.
04:17 C'est-à-dire que vous savez qu'il y a l'accueil périscolaire,
04:20 qui peut durer jusqu'à 18h30.
04:23 Tant qu'il y a cet accueil, évidemment que les familles ne sont pas forcément accueillies dans les écoles.
04:29 Les enfants, eux, restent au chaud dans l'école dans le cadre de cet accueil.
04:33 Et puis ensuite, on fait effectivement rentrer les familles
04:36 pour que tout le monde reste au chaud et à l'abri et en sécurité.
04:40 Mais il y a plusieurs personnes du collectif qui restent avec eux.
04:45 Donc au niveau sécurité, c'est tout à fait pensé et organisé.
04:51 Qu'est-ce que vous dites aujourd'hui à la mairie de Toulouse,
04:54 notamment, qui continue à dire que normalement, ça ne devrait pas avoir lieu ?
04:59 On est bien d'accord.
05:01 Ça ne devrait pas avoir lieu pour la simple et bonne raison que des solutions devraient être trouvées.
05:06 Avant d'en arriver... C'est une extrémité, si vous voulez, d'ouvrir une école.
05:10 Je pense qu'il y a d'autres solutions.
05:12 Avant d'ouvrir des écoles, on pourrait déjà peut-être ouvrir des gymnases.
05:15 Je sais qu'il y a déjà un immeuble qui a été ouvert sur Toulouse.
05:19 On ne jette la pierre à personne dans l'histoire.
05:22 Mais pour ne pas arriver à cette extrémité,
05:26 il faut absolument que la mairie de Toulouse se saisisse de l'urgence
05:29 et trouve d'autres solutions, justement.
05:32 Et vous considérez à ce stade qu'elle ne s'en est pas encore saisie ?
05:36 C'est l'impression qu'on a, en tout cas.
05:38 Dernière question que je vous pose, et j'y reviens.
05:40 Quelle est la première mesure que vous attendez de votre nouvelle ministre, Amélie Houde et Akasera ?
05:45 Une revalorisation conséquente de tous les enseignants,
05:48 puisqu'on constate le manque de motivation,
05:53 le manque de personnel, de candidats qui se présentent au concours.
05:57 Ce n'est pas pour rien.
05:58 Le métier d'enseignant aujourd'hui n'attire plus.
06:00 On a des conditions vraiment dégradées,
06:03 des familles qui sont de plus en plus parfois dans l'incompréhension par rapport aux enseignants.
06:13 Des conditions dégradées et une revalorisation qui se fait vraiment attendre.
06:17 Et autre question, qu'est-ce que vous dites aux futurs candidats qui voudraient devenir instituteurs,
06:21 enfin plutôt professeurs des écoles, pardonnez-moi,
06:23 si jamais ils n'ont pas cette revalorisation ?
06:25 Vous leur dites de venir quand même ou pas ?
06:27 C'est compliqué.
06:30 Oui, forcément. J'encourage.
06:36 Moi, je suis très heureuse de faire le métier que je fais.
06:38 On donne du sens quand même à sa vie.
06:42 On est utile.
06:44 C'est essentiel comme métier.
06:48 Venez quand même enseigner.
06:50 On restera quand même sur ce mot de la fin.
06:52 C'était important de l'entendre.
06:53 Merci beaucoup Charlotte Girardon.
06:55 Je rappelle que vous êtes directrice d'une école à plaisance du Touche,
06:57 dans la Haute-Garonne trésorière nationale du syndicat des directrices d'école.

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