Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent du remaniement en cours au sein du Gouvernement.
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00:00 [Musique]
00:07 Il est 18h sur CNews et sur Europe 1, bienvenue si vous nous rejoignez à l'instant.
00:11 Nous sommes à l'heure du gouvernement de Gabriel Attal.
00:14 Va-t-il être annoncé dans les prochaines minutes, dans les prochaines secondes ?
00:18 En tout cas, on a déjà une bonne idée des contours de cette nouvelle équipe
00:23 qui va désormais travailler avec Gabriel Attal.
00:25 Avant de partir avec mes invités en plateau, j'aimerais qu'on rejoigne Thomas Bonnet
00:29 qui se trouve devant le palais de l'Elysée avec Léo Marchegay.
00:32 Bonsoir Thomas. Expliquez-nous si vous avez vu du mouvement,
00:35 si la Cour d'honneur se prépare pour l'annonce de ce gouvernement.
00:40 Eh bien, c'est ce qu'on attend, Laurence.
00:45 Le fait que ces micros soient placés sur le perron de l'Elysée
00:48 afin que le secrétaire général Alexis Kohler annonce les noms des nouveaux ministres.
00:53 Voilà ce à quoi nous sommes suspendus depuis plusieurs heures maintenant.
00:57 L'annonce des nouveaux ministres qui vont former le gouvernement
01:01 autour du premier d'entre eux, Gabriel Attal.
01:03 Alors, disons-le, le contour de ce nouveau gouvernement
01:06 est en train de se dessiner sous nos yeux.
01:08 Plusieurs noms circulent.
01:09 On attend toutefois l'officialisation désormais de la part du palais de l'Elysée
01:15 après des heures, voire des jours, de tractation entre le Premier ministre Gabriel Attal
01:21 et le Président de la République Emmanuel Macron.
01:24 Des annonces qui devraient arriver d'ici quelques instants maintenant.
01:27 C'est en tout cas ce que nous indique du côté de l'Elysée.
01:29 Merci Thomas Bonnet, Léomar Cheguet.
01:31 On prend maintenant la direction de l'hôtel Matignon
01:33 où se trouvent Yoann Hudaille et Bamba Gueye.
01:35 Yoann, bonsoir.
01:36 Est-ce que vous avez des informations sur les nouveaux entrants
01:39 dans ce gouvernement de Gabriel Attal ?
01:41 On a entendu quelques noms, notamment celui de Rachida Dati,
01:45 la maire du 7e arrondissement de Paris.
01:49 Oui, Rachida Dati, effectivement membre éminente des Républicains
01:54 qui est en train en ce moment même de convoquer l'ensemble des maires d'arrondissement
01:58 de droite de la capitale.
02:00 Vous savez qu'elle préside le groupe d'opposition à la mairie de Paris.
02:04 Eh bien, elle réunit son entourage en visioconférence pour leur annoncer
02:08 une nouvelle importante, vraisemblablement son entrée au gouvernement.
02:13 C'est une information, c'est nous.
02:15 Elle devrait bien faire son entrée au gouvernement.
02:17 À quel poste ? Vraisemblablement au ministère de la Culture.
02:21 Ça reste à confirmer, mais c'est ce ministère-là qui est pressenti pour Rachida Dati.
02:25 Ce serait effectivement l'une des grandes surprises de ce remaniement
02:29 puisque Rachida Dati avait encore il y a très peu de temps des mots assez durs
02:33 contre Emmanuel Macron, contre sa politique, contre son gouvernement.
02:36 Eh bien, elle aurait décidé d'entrer, elle aurait décidé d'accepter
02:40 la proposition qui lui a donc été faite en vue des prochaines élections municipales.
02:46 Elle garde Paris en tête.
02:47 Elle souhaiterait de cette manière-là pouvoir être à la fois candidate
02:51 de la droite, des républicains et de la majorité pour faire barrage à Ani Dalgo
02:55 et enfin pouvoir gagner la capitale.
02:57 Mais ce serait donc effectivement la principale surprise de ce remaniement,
03:01 l'entrée de Rachida Dati au gouvernement, probablement au ministère de la Culture.
03:06 Merci beaucoup Yanouzaï et Bamba Gueye devant l'hôtel Matignon
03:09 où se trouve Gabriel Attal.
03:11 Louis de Ragnel, chef du service politique d'Europe 1, bonsoir à vous.
03:13 Bonsoir Laurent.
03:14 L'arrivée de Rachida Dati dans ce gouvernement de Gabriel Attal
03:18 serait sans doute l'effet "waouh" que recherchait et qu'attendait le président Macron ?
03:24 Alors si effectivement cette information a été confirmée,
03:27 donc on attend la confirmation de ce que ce sera le secrétaire général de l'Elysée
03:30 qui l'annoncera, eh bien oui, c'est un coup politique de la part d'Emmanuel Macron.
03:35 C'est un coup double parce que, évidemment, Rachida Dati fait partie des républicains
03:39 et puis c'est la chef de file des républicains à Paris.
03:43 La dernière fois, elle avait été candidate contre Anne Hidalgo,
03:46 elle avait perdu.
03:48 Et donc là, l'objectif, c'est de faire en sorte que Anne Hidalgo
03:51 soit investie à la fois par son parti Renaissance,
03:55 qu'elle maintienne une forme de soutien de la part des républicains
03:59 pour arriver beaucoup plus forte aux prochaines élections municipales
04:02 et essayer de battre...
04:03 En 2026 !
04:04 En 2026, donc un an avant les présidentielles.
04:07 Un an avant les présidentielles, pour essayer de battre Anne Hidalgo.
04:11 De ce point de vue-là, si c'était confirmé,
04:14 et que c'est ce deal-là qui a été négocié,
04:17 c'était assez habile de la part d'Emmanuel Macron et de Gabriel Jarreau.
04:20 Eric Nelot est avec nous, journaliste et essayiste. Bonsoir Eric.
04:22 Bonsoir Laurence, bonsoir à tous.
04:23 Cette nouvelle importante, l'entrée de Rachida Dati au gouvernement,
04:25 est-ce qu'elle est confirmée ?
04:26 Oui, à plusieurs titres.
04:27 Juste avant, une parenthèse, je ne sais pas si vous avez déjà éprouvé cette impression,
04:30 mais vous voyez, on reste dans la culture d'ailleurs,
04:33 vous voyez une bande-annonce, et parfois la bande-annonce dit tout du film.
04:35 Et là, c'est ce qu'on est en train de vivre depuis quelques temps
04:37 puisque en fait, ce n'est pas encore annoncé,
04:39 mais on a déjà la certitude sur à peu près deux tiers des 15 minutes.
04:42 Donc c'est une situation un peu inédite quand même, un peu étrange.
04:45 Après, Rachida Dati, oui.
04:46 Elle tente de se répéter.
04:48 Oui, parce qu'en réalité, comme le salut ne peut venir que de la droite pour Emmanuel Macron,
04:52 non pas que ça va changer la majorité à l'Assemblée nationale,
04:55 mais pour certaines lois, ça peut quand même faciliter l'attache d'Emmanuel Macron et de Gabriel Attal.
04:59 Alors, ce qui est une bonne nouvelle pour Emmanuel Macron et Gabriel Attal,
05:02 parce qu'il n'y a pas que Rachida Dati,
05:04 notre ministre de droite, qui vont entrer ou qui vont...
05:07 On parle de Catherine Vaucrin aussi.
05:09 De Catherine Vaucrin, qui vont rester.
05:11 Ça, c'est une très mauvaise nouvelle pour les Républicains,
05:13 parce qu'il ne reste vraiment plus personne.
05:15 Il ne reste que les seconds couteaux, des gens qui n'ont pas une grande envergure.
05:18 Les poids lourds étaient déjà partis des Républicains pour rejoindre Emmanuel Macron.
05:22 Ça ne sent quand même pas très, très bon, ni pour les Européennes, ni pour les prochaines élections.
05:26 Absolument.
05:27 Alors, Eugénie Bastié, qui est grande reportère au Figaro, est avec nous.
05:30 Effectivement, si deux personnalités des Républicains faisaient leur arrivée
05:34 dans le gouvernement de Gabriel Attal,
05:36 cela pourrait changer la donne des alliances politiques, en réalité ?
05:41 Moi, honnêtement, je pense que ça ne changera pas grand-chose,
05:43 parce que Rachida Dati et Ania Séverin sont des personnalités, certes,
05:47 qui comptent aux Républicains, mais plutôt dans la droite parisienne qu'au niveau national.
05:51 Et puis, Rachida Dati, elle est quand même sur la ligne de Sarkozy depuis longtemps.
05:55 Nicolas Sarkozy, qui plaide pour une alliance avec Emmanuel Macron, on le sait,
05:58 elle fait partie quand même de cette droite plutôt Macrono-compatible.
06:03 Elle a un peu critiqué d'ailleurs la campagne de la droite au présidentiel,
06:09 qui était trop à droite pour elle.
06:10 Donc, elle n'est pas non plus... Ce n'est pas Éric Ciotti.
06:13 Lui, c'est le président du parti, quand même.
06:16 Voilà, donc ce n'est pas non plus...
06:17 Le symbole, ça serait une dynamité.
06:19 Elle était déjà dans une sociologie électorale parisienne
06:24 qui est déjà très compatible avec le macronisme.
06:27 Donc, ce n'est pas non plus, je pense, d'un point de vue politique,
06:30 une prise qui mettra l'air à terre.
06:33 Un mot de Céline Pina, qui est avec nous, qui est journaliste également.
06:36 Céline Pina, sur ce nouvel attelage, si tant est qu'il soit confirmé.
06:42 En fait, le problème des attelages, c'est encore faut-il savoir
06:45 sur quelle route ils sont censés aller et quel but ils sont censés atteindre.
06:48 Et là, on voit bien qu'on nous envoie de la communication.
06:52 Mais le problème, c'est que ce que les Français attendent,
06:55 ce sont des lignes lisibles, claires et, pour le coup, un peu révolutionnaires.
07:01 Et si jamais, à la fin, on se retrouve avec un UMPS,
07:05 le rêve réalisé, à ce moment-là, à part faire monter mécaniquement l'ERN...
07:10 Alors, UMPS, c'est pour rappeler l'UMP qui était le parti...
07:13 Oui, en fait, c'est l'idée que vous avez un centre énorme
07:18 qui, à la fin, veut être aimé de tout le monde,
07:21 donc ne prend jamais de décision réellement tranchée.
07:24 Et par exemple, on pourrait la voir sur l'immigration,
07:26 c'est le fameux discours où on vous dit
07:28 "On va allier la fermeté, mais aussi l'accueil".
07:32 Alors, ça peut tout à fait s'entendre, allier humanisme et fermeté,
07:35 sauf qu'à la fin, on n'a pas la fermeté.
07:37 Quant à l'humanisme, c'est plutôt une manière de se mettre en scène.
07:40 Donc, quand on n'a rien derrière, il est quand même très, très difficile
07:44 de montrer aux Français que les choses vont changer.
07:47 Et à mon avis, la sanction sera impitoyable.
07:50 C'est vraiment la dernière chance.
07:51 Merci à vous, Céline Pinard.
07:52 Florian Tardif, journaliste politique à CNews, est avec nous.
07:55 Bonsoir, Florian.
07:56 Faites-nous un petit résumé.
07:57 Il est 18h08, on est en direct sur CNews et sur Europe 1.
08:00 Nos auditeurs, nos téléspectateurs, veulent savoir
08:02 de quoi sera constitué ce nouveau gouvernement de Gabriel Attal,
08:06 le plus jeune Premier ministre de la Ve République.
08:08 Tout à l'heure, je tentais de faire avec adresse
08:11 cette comparaison entre Nicolas Sarkozy et Gabriel Attal,
08:16 puis plus largement avec ce remainement inattendu,
08:21 comme quoi Nicolas Sarkozy remplacerait Emmanuel Macron.
08:25 Alors, ce n'est pas le cas dans les faits,
08:27 mais sur la forme, c'est ce à quoi l'on est en train d'assister,
08:30 tout simplement parce que depuis tout à l'heure,
08:32 quand on évoque le nom des entrants,
08:34 alors bien évidemment, il y a un certain nombre de ministres
08:37 qui sont confirmés à leur poste.
08:39 Je vais les citer.
08:40 Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Éric Dupond-Moretti, Marc Fesneau
08:45 ou encore Sébastien Lecornu.
08:47 Mais lorsque l'on regarde les entrants...
08:49 Ce sont les hommes du président, là.
08:51 Les hommes du président, les quatre ou les cinq fantastiques.
08:54 Lorsque l'on évoquait le nom de Rachida Dati,
08:59 c'est moi qui le dis, le nom de Rachida Dati
09:01 ou encore celui de Catherine Vautrin,
09:03 on se rend compte qu'effectivement,
09:05 au-delà d'une droitisation tout de même du gouvernement,
09:08 il y a des fidèles de la première heure de Nicolas Sarkozy.
09:12 Rachida Dati, on le sait tous,
09:14 Catherine Vautrin, peut-être un tout petit peu moins,
09:16 mais elle a été porte-parole de sa campagne en 2016.
09:19 Elle est très proche de Nicolas Sarkozy.
09:22 Donc voilà, c'est aussi un signal.
09:24 On voyait aujourd'hui, signe,
09:26 et on fait beaucoup la comparaison entre Gabriel Attal
09:29 et Nicolas Sarkozy depuis son arrivée,
09:31 concernant le style,
09:33 que derrière tout cela, il y a peut-être un Nicolas Sarkozy
09:36 qui pourrait parler, en tout cas,
09:38 à l'oreille du président de temps en temps.
09:40 Il connaît Gabriel Attal, Nicolas Sarkozy.
09:42 Il l'a rencontré.
09:43 Il a rencontré, oui.
09:44 Ils ont déjeuné ensemble, si je ne m'amuse.
09:46 Et c'est vrai que dans les mots qu'a employé Gabriel Attal,
09:50 il y a des mots-clés qui résonnent, évidemment, à droite.
09:53 Autorité, fermeté, souveraineté, patron du déclin.
09:56 - Bien sûr, et puis, ce qui est beaucoup plus explicite,
09:58 quand Gabriel Attal était patron du ministre du Budget,
10:03 il n'hésitait pas à parler de "travailler plus pour gagner plus",
10:06 "abaisser la fiscalité", "la France qui se lève tôt".
10:09 Donc Gabriel Attal, de toute façon,
10:11 tous ces ministres-là sont fascinés par Nicolas Sarkozy.
10:15 Et la plupart du temps, ce sont eux qui demandent
10:18 des rendez-vous à Nicolas Sarkozy,
10:19 parce que pour eux, c'était un peu le dernier président
10:22 très politique, avec des vraies références politiques.
10:25 Un président qui avait aussi vécu des choses,
10:27 qui a vécu cette progression,
10:29 et puis un peu à la Monte Cristo,
10:31 avec les moments de grande réussite,
10:34 les moments où l'ostracisme politique aussi,
10:37 qu'avait vécu un moment Nicolas Sarkozy.
10:39 Puis l'espèce de remontada absolument fascinante,
10:42 la campagne présidentielle de 2007.
10:45 Et quasiment tous les ministres d'Emmanuel Macron
10:49 sont fascinés par Nicolas Sarkozy.
10:51 - Il s'en va plus fasciné par lui que par leur président.
10:55 - Avec Nicolas Sarkozy, il a des défauts,
10:57 mais les choses étaient beaucoup plus claires.
10:59 Ce n'était pas du tout l'eux en même temps.
11:01 - Jean-Sébastien Ferjou est avec nous du site Attentico.
11:04 - Je crois que c'est très révélateur,
11:05 ils sont fascinés par la réussite,
11:07 ils sont fascinés par les trajectoires individuelles.
11:09 Et nous voyons là un casting de gens
11:11 qui se préoccupent de leur destin personnel.
11:13 Parce que Gabriel Attal peut dire "travailler plus pour gagner plus",
11:15 est-ce que pour autant, la politique mise en œuvre
11:17 était une politique sarkoziste ?
11:19 Non.
11:20 Et on voit bien que ce sont des gens qui sont dans la fascination.
11:23 Et peut-être en premier lieu,
11:25 le président de la République lui-même est-il
11:27 le roi de tous ces narcisses, au moins autant que Jupiter.
11:31 Et ce sont leurs destins.
11:32 Parce que je vous le disais tout à l'heure,
11:33 on parlait auparavant d'acteurs politiques
11:35 en faisant référence à l'action.
11:36 On parle là d'acteurs qui meublent le théâtre d'ombre
11:39 qui est devenu la vie politique française
11:41 parce qu'ils ont assez peu de prise sur le réel.
11:44 Et finalement, tout ça, ce sont...
11:45 - Et c'est ça que le rôle des Français a.
11:46 - Je suis bien d'accord, c'est aussi pour ça que je le souligne.
11:48 - Ce co-opte, ce nom qui se renomme.
11:50 - Oui, ça à la limite, le jeu politique est le jeu politique.
11:52 Mais le fait qu'ils aient assez peu de prise sur le réel,
11:55 qu'ils ne cherchent plus véritablement à en avoir,
11:57 ou qu'ils feignent de ne pas savoir
11:58 qu'ils n'en ont plus effectivement,
11:59 parce que j'y fais souvent référence,
12:01 en matière de politique économique par exemple,
12:03 la Banque Centrale Européenne ou les marchés financiers
12:05 ont infiniment plus de pouvoirs
12:06 que n'importe quel ministre des Finances français.
12:09 Et donc, comme ils font semblant, en quelque sorte,
12:12 c'est devenu un théâtre,
12:13 et donc nous sommes là, dans le casting,
12:15 mais il manque quand même le scénario,
12:16 et ce n'est pas parce que vous agitez des oripeaux
12:18 faisant référence aux épopées des uns ou aux autres
12:20 que ça donne un véritable contenu politique.
12:22 - Jean-Yves Camus nous a rejoint.
12:23 Bonsoir, vous êtes politologue.
12:24 - Bonsoir.
12:25 - Si jamais ce gouvernement que nous esquissons
12:28 depuis déjà 12 minutes sur Europe 1 et sur CNews se confirme,
12:32 quelle conclusion pourrait-on en tirer ?
12:35 Avec des poids lourds qui ne bougent pas,
12:37 les grands ministères ne bougent pas, Régalien,
12:39 il y a des prises de guerre,
12:41 éventuellement, l'entrée de femmes LR.
12:44 Quel signal ça enverrait au pays, selon vous ?
12:48 - Ça envoie le signal que nous sommes, à mon avis,
12:52 et ça a déjà été dit, dans une sorte de théâtre d'ombre,
12:56 dont je ne suis absolument pas certain
12:58 que les lecteurs se reconnaissent.
13:01 Nous sommes en train de parler de la politique
13:04 comme on parle d'un roman ou d'un scénario.
13:08 Je ne suis pas persuadé que ce soit véritablement
13:10 ce qu'attendent les Français.
13:12 Et je le dis franchement,
13:14 et dans l'espoir évidemment que cela ne se produise pas,
13:17 mais j'ai peur que cela se termine mal.
13:19 - C'est-à-dire ? Comment ça pourrait se terminer, Jean-Yves Camus ?
13:21 - Ça peut se terminer par exemple
13:22 par un décrochage massif des lecteurs,
13:25 qui se disent "Bon, on a un calendrier électoral,
13:28 mais finalement on se déplace pour voter
13:31 parce qu'on est de bons citoyens.
13:33 Mais on voit que rien ne bouge,
13:36 on voit que rien ne change,
13:37 par conséquent, la prochaine fois, on zappera".
13:40 - On zappera quoi ? L'élection ?
13:42 On n'ira pas voter ?
13:43 - On n'ira pas aux urnes.
13:45 On peut aller vers une démocratie censitaire.
13:48 Je rappelle qu'aux États-Unis,
13:49 la majorité de la population ne se déplace pas.
13:52 On s'en approche effectivement déjà.
13:54 Le sentiment de cooptation,
13:56 le sentiment de "je te passe une prise de guerre,
13:59 la prochaine fois j'en ferai une autre",
14:01 tout ça est absolument tragique
14:04 quand on pense que les mêmes disent
14:07 "la France est une grande nation,
14:09 la France doit recommencer à peser".
14:10 Quand on a l'idée du destin d'un pays,
14:13 très honnêtement,
14:14 ce n'est pas comme ça qu'on fait de la politique.
14:17 - Ça voudrait dire que ce serait un chemin
14:19 qui serait tracé pour le Rassemblement national,
14:21 et là je ne parle ni de Marine Le Pen,
14:23 ni de Jordan Bardella,
14:24 pour le Rassemblement national,
14:25 pour une autre formation politique ?
14:27 Jean-Yves Camus ?
14:28 - Pour une autre formation politique,
14:30 je ne la vois pas.
14:32 Pour l'instant,
14:33 vous savez,
14:34 qui aurait dit en 2016
14:35 qu'Emmanuel Macron allait être élu ?
14:37 Les choses peuvent changer très vite.
14:39 Pour le Rassemblement national,
14:41 oui c'est possible,
14:42 je rejoins assez ce que disait Céline Pina tout à l'heure.
14:46 Encore faut-il que le Rassemblement national
14:49 ne se laisse pas prendre au piège
14:52 et que très vite,
14:54 il repasse dans une posture de franche opposition.
14:58 - Parce que là,
14:59 il y a un petit jeu de séduction
15:01 du côté du Rassemblement national
15:02 par rapport à Gabriel Attal ?
15:04 - Je trouve qu'effectivement,
15:06 la réaction est un petit peu
15:09 une réaction de fascination.
15:11 Et le risque, effectivement,
15:12 qu'on soit dans un feuilleton,
15:14 dans un casting,
15:17 Jordan Bardella va être contré
15:19 par la jeunesse de Gabriel Attal,
15:21 tout ça donne l'impression
15:24 d'être des kilomètres en dessous
15:29 des attentes des Français.
15:31 Parce que malgré tout, en 2017,
15:33 beaucoup ont cru à ce qu'Emmanuel Macron annonçait,
15:36 à savoir qu'il allait résoudre
15:38 les problèmes que ni la droite ni la gauche
15:40 n'avaient résolus depuis, disait-il, 40 ans.
15:44 D'abord, on se retrouve avec un petit peu de gauche
15:47 dans le gouvernement précédent,
15:48 de la droite,
15:49 dont celui qui va venir,
15:51 et la révolution n'a pas eu lieu.
15:54 - Donc ça pourrait inciter les Français
15:55 à choisir ce qu'ils n'ont pas encore essayé ?
15:58 - C'est un petit peu toujours comme ça
16:00 que les choses se sont passées
16:01 pour le Rassemblement national.
16:03 Quand on interrogeait les électeurs du RN,
16:05 du Front national avant le RN,
16:07 on voyait que finalement,
16:09 même ceux qui n'étaient pas
16:10 véritablement convaincus
16:12 par les propositions du parti,
16:14 se disaient "Bon, on est arrivé à un tel stade
16:16 que finalement, les institutions
16:18 nous permettront toujours,
16:19 si jamais on n'est pas contents
16:22 de la présidente RN,
16:25 de zapper encore et de rétablir les choses."
16:28 Donc oui, c'est une possibilité.
16:30 Mais je répète, d'abord,
16:32 on n'a pas le casting de 2027
16:34 et ensuite, le trajet qui sépare
16:36 les 42% de Marine Le Pen en 2022
16:38 de 50% des voix +1,
16:40 c'est le plus difficile à effectuer.
16:42 - Alors, Eric Nolot,
16:43 vous avez entendu Jean-Yves Camus
16:44 faire son analyse.
16:46 - Je trouve que la situation
16:47 est plus ambivalente que vous ne le dites
16:49 dans la mesure où,
16:50 qu'est-ce qui a fait le succès
16:52 au moins médiatique de Gabriel Attal
16:54 à l'éducation nationale,
16:55 c'est que tout d'un coup,
16:56 il a nommé les problèmes
16:57 que beaucoup de Français voyaient
16:59 et qui étaient, non seulement niés,
17:00 mais même aggravés par son prédécesseur
17:02 et même niés par la classe politique
17:04 en général.
17:05 Et là, il va un peu chasser
17:06 sur les terres du Front national,
17:08 il s'approprie certaines de ses idées
17:10 qu'il accommode à sa sauce
17:12 et les Français peuvent avoir,
17:13 au contraire, le sentiment
17:15 qu'enfin, on les entend que
17:17 quelqu'un utilise les mots
17:19 qui sont importants pour eux,
17:20 parle des problèmes
17:21 qui sont importants pour eux
17:23 et que ça déborde le cadre
17:25 d'un parti d'extrême droite
17:26 pour utiliser cette catégorie
17:27 un peu facile
17:28 et que ça commence à être
17:29 un courant mainstream.
17:31 Donc, moi, je trouve que
17:32 ça peut jouer dans les deux sens.
17:34 C'est pour ça que je partage
17:35 une partie de votre pessimisme
17:36 mais pas l'autre.
17:37 - Et moi, je suis entièrement d'accord
17:40 avec la décision prise
17:41 par Gabriel Attal,
17:42 ministre de l'Éducation nationale,
17:44 sur la Baïa, par exemple.
17:46 Mais Premier ministre,
17:47 c'est autre chose.
17:49 Et si vous prenez une décision
17:51 qui consiste à interdire la Baïa,
17:52 décision dont je ne vois pas, d'ailleurs,
17:54 comment elle aurait pu ne pas être prise
17:56 à un moment donné,
17:57 il faut que sur l'ensemble du problème,
18:00 les résultats suivent.
18:02 Il faut, par exemple,
18:03 que quand vous commémorez
18:05 les morts de Charlie Hebdo,
18:07 vous ayez le courage,
18:08 peut-être que le ministre suivant
18:10 de la Culture l'aura,
18:11 de dire qu'ils ont été tués
18:12 par des islamistes.
18:13 Ils n'ont pas simplement expliqué
18:15 qu'aujourd'hui, c'est l'anniversaire
18:16 d'une tuerie affreuse.
18:17 - Une attaque meurtrière.
18:19 Le mot "islamiste" avait disparu
18:21 dans le tweet du ministre de la Culture.
18:23 - Meurtrière, c'est le moins qu'on puisse dire.
18:24 Et il n'y a pas d'auteurs.
18:25 On ne les a pas identifiés.
18:26 - On l'a bien noté, ici.
18:27 - Le fond des problèmes
18:30 reste encore à traiter.
18:31 Vous ne traitez pas le problème
18:33 de l'islam radical,
18:34 ni même celui de l'islam politique,
18:36 en interdisant la Baïa.
18:37 C'est un versant du problème.
18:38 C'est une donnée du problème.
18:40 Ça va dans le bon sens,
18:41 mais ça ne résout pas les questions.