Avec Thérèse Hargot, sexologue et auteure de “Tout le monde en regarde (ou presque). Comment le porno détruit l'amour” publié chez Albin Michel.
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00:00 Sud Radio Berkhoff dans tous ses états, le face à face.
00:06 8 sur Sud Radio, l'heure pour vous André Berkhoff de recevoir le face à face du jour.
00:10 Vous recevez Thérèse Argo, sexologue et auteur de ce nouveau livre "Tout le monde en regarde"
00:14 ou presque "Comment le porno détruit l'amour".
00:16 C'est aux éditions Albin Michel.
00:18 Bonjour Thérèse Argo.
00:19 Bonjour.
00:20 Alors Thérèse Argo, est-ce que ce que vous venez d'entendre et que tout le monde connaît
00:23 bien sûr, "Je t'aime, moi non plus" avec Gainsbourg et Berkine, est-ce que c'est de
00:27 la pornographie ?
00:28 Non, pas du tout.
00:30 Pour moi c'est de l'érotisme.
00:31 Et voilà la différence que je fais entre la pornographie et l'érotisme.
00:34 L'érotisme c'est une production artistique qui éveille le désir, qui éveille la créativité,
00:39 l'imagination.
00:40 La pornographie c'est une industrie qui cherche à faire du profit en fabriquant des images
00:44 qui mettent en scène des fantasmes sexuels pour provoquer instantanément chez celui
00:47 ou celle qui la regarde une excitation sexuelle en vue de la masturbation.
00:51 Donc quand on écoute cette musique-là, on a très envie de faire l'amour, en tout cas
00:54 moi oui.
00:55 On regarde, mais on ne se masturbe pas au moment où on écoute cette musique-là, ça
00:59 donne envie.
01:00 Alors que quand on regarde une vidéo pornographique, il y a vraiment cet éveil de la pulsion et
01:04 qui demande une satisfaction immédiate.
01:06 Voilà la grande différence.
01:07 Alors l'écrivain Alain Robbier disait "La pornographie c'est l'érotisme des autres".
01:10 Est-ce que quelque part on n'est pas en train aussi de transférer ? C'est intéressant,
01:15 j'ai lu votre livre, votre livre est intéressant, votre livre est effectivement, vous prenez
01:21 en nuance aucune, mais vous y allez effectivement en disant "La pornographie, cette pelée,
01:26 cette galeuse dont nous vient tout le mal, c'est pas possible".
01:29 Et vous donnez d'ailleurs beaucoup de raisons, dont certaines sont très légitimes, sur
01:33 le fait que c'est une drogue dure, que ça tue l'amour, quelque part ça tue un certain
01:41 nombre de sentiments, ça tue la gestion émotionnelle, etc.
01:44 On va en parler, vous appuyez beaucoup sur le rapport du Sénat, l'enfer du décor,
01:48 pour une fois que le Sénat fait des jeux de roues, on peut le voir.
01:51 - C'est des rapports aussi.
01:53 - Oui, mais très sincèrement, moi j'ai lu et puis en même temps je suis l'imitatif
01:56 et je pose des questions à vous de poser.
01:58 Des milliards de gens, vous le dites vous-même, ont vu des films pornographiques.
02:04 Je veux dire, moi, il n'y a pas une personne que je connais qui n'en ait pas vu.
02:10 Bien.
02:11 Ça ne l'a pas fait de nous et de beaucoup de gens, des obsédés, des stressés, des
02:17 angoissés, des impuissants ou des gens qui ne peuvent plus rien faire, etc.
02:21 C'est-à-dire que, autant je vous suis et on comprend sur les cigarettes, sur la drogue,
02:28 sur etc., quand vous parlez des drogues dures, effectivement, et on sait l'impact que ça
02:32 a du point de vue santé, du point de vue psychique et autres, autant la pornographie,
02:36 est-ce qu'on ne devrait pas être plus nuancé que vous ne l'êtes ?
02:39 - Oui.
02:40 En fait, ce qui est très important de comprendre pour tous les auditeurs qui sont à notre
02:44 écoute aujourd'hui, c'est que quand on parle de pornographie, il faut comprendre que c'est
02:48 une industrie qui a énormément évolué ces dernières années avec Internet.
02:53 C'est-à-dire qu'aujourd'hui...
02:54 - Vous dites que ce n'est plus la pornographie des années 70, il y a 50 ans, etc.
02:58 - Voilà.
02:59 Mais moi, de mon point de vue, quand je vois des images pornographiques des années 70,
03:02 je trouve ça de l'érotisme très mignon, très gentil, très joli.
03:06 Quand je parle de pornographie aujourd'hui, on ne parle plus du tout de la même réalité.
03:10 Et donc ça, c'est important de le comprendre.
03:11 Il y a quelque chose qui a évolué et qui a changé.
03:13 - Alors, c'est vrai que ce qu'on appelait pornographique à l'époque ne rejoint plus
03:18 ce que nos enfants regardent massivement.
03:21 C'est-à-dire que quand on parle de l'exposition des mineurs à la pornographie, on ne pense
03:24 pas du tout au film "Gentil et mignon" du samedi soir sur Canal+.
03:29 Ce n'est pas ça dont on parle.
03:30 On parle d'une industrie qui s'est transformée avec l'arrivée de ces fameux tubes, ces
03:35 plateformes qui mettent à disponibilité 24h/24, 7j/7, des vidéos gratuitement, des
03:42 vidéos pornographiques gratuites, accessibles à n'importe qui.
03:45 Je vais toutes les semaines voir des collégiens, des lycéens, ils me disent "Madame, c'est
03:48 hyper facile, évidemment de tomber dessus, on clique qu'on a 18 ans, tout le monde s'est
03:52 cliqué sur une case, et donc on peut avoir accès à ça."
03:54 - Juste un moment Thérèse Argaud, quelle différence, alors d'abord parce que vous
03:58 avez parlé de ça, quelle différence entre les films des années 70, y compris les pornos
04:02 de Canal+ parce que c'est des pornos, il y avait pénétration, etc.
04:05 Et aujourd'hui ? Sur le contenu, quelle différence ?
04:09 - Alors, vraiment la question de la gratuité elle est importante parce que la différence
04:14 majeure c'est que le contenu qui est produit aujourd'hui a pour objectif de rendre dépendant
04:20 le consommateur, puisque quand on était en train de regarder les films sur Canal+ à
04:24 l'époque, il fallait s'abonner, c'est-à-dire qu'il fallait payer et c'était à un certain
04:28 moment donné de la semaine qu'on avait accès à ces vidéos.
04:32 Et donc la production était faite pour accorder un moment de plaisir aux personnes qui voulaient
04:38 regarder.
04:39 Aujourd'hui ces fameuses plateformes, elles fonctionnent sur un business model qui est
04:42 différent, c'est-à-dire qu'il faut générer du trafic sur la plateforme, c'est-à-dire
04:46 qu'il faut beaucoup d'utilisateurs, qu'ils reviennent souvent et qu'ils restent longtemps.
04:50 En gros, beaucoup d'utilisateurs et qu'ils soient accros.
04:52 Pourquoi ? Pour augmenter le trafic, qui va augmenter le prix de la publicité.
04:55 C'est comme ça que ça génère de l'argent.
04:57 Donc, dans la façon dont le produit est diffusé, la façon dont il est monté, la façon dont
05:03 il est accessible, il est fait pour générer un système de dépendance, ce qui n'était
05:09 pas du tout le cas de ce film du samedi soir sur Canal+.
05:12 On prend ça parce que moi j'ai pas trop connu ça.
05:15 - Vous pouvez prendre ça comme référence.
05:16 - Vous comprenez.
05:17 C'est pour ça qu'aujourd'hui quand je parle de la pornographie qui est une drogue dure,
05:22 je parle de cette nouvelle pornographie qui fonctionne avec un système d'addiction, ce
05:26 qui n'était pas le cas quand la pornographie était payante.
05:29 Donc voilà déjà une première distinction.
05:32 C'est comme TikTok ou n'importe quel réseau social, vous savez, ces réseaux où en fait
05:36 on est censé passer.
05:37 - Sauf que TikTok c'est deux minutes.
05:38 - Oui mais on passe, on regarde deux minutes et puis en fait on reste pendant plusieurs
05:42 heures.
05:43 L'objectif c'est de rester longtemps sur ces réseaux sociaux.
05:44 Et bien sur ces plateformes c'est fait de la même façon.
05:46 Alors que le porno qui était payant où on décide de regarder ces images-là et on va
05:52 s'installer, c'est pas le même rapport.
05:53 Ça semble un peu anecdotique ce que je raconte, mais ça ne l'est pas du tout.
05:56 Parce qu'il va pas se passer le même phénomène et les mêmes conséquences.
05:58 - Je voudrais qu'on précise justement, parce que vous parlez beaucoup dans votre livre
06:02 de drogue dure.
06:03 En quoi très sincèrement, parce qu'on sait ce que c'est que les addicts à l'héroïne
06:07 ou à d'autres drogues, etc.
06:09 On sait ce que c'est que les addicts à la cigarette.
06:12 Et comme vous le savez d'ailleurs, on pourrait vous répondre juste sur la cigarette et les
06:16 drogues dures, que les cigarettes sont en vente libre dans tous les bureaux de tabac.
06:19 - Et c'est ce qui peut aussi poser problème.
06:21 - Voilà, c'est aussi une industrie qui marche très très bien.
06:24 - Et qui pose problème.
06:26 Mais justement, pour revenir à ça, en quoi c'est-à-dire que vous pensez vraiment que
06:31 les gens, parce que c'est très différent, y compris chez les jeunes, pensez que quelqu'un
06:36 qui regarde un film porno va être amené à regarder tout le temps ou presque tout
06:40 le temps ou à revenir de regarder un film porno ?
06:42 - Donc si l'objectif...
06:44 En fait, ce qui se passe, l'histoire de la drogue ou de l'addiction, cette industrie
06:49 pour faire du profit, comme je le disais, a besoin d'utilisateurs et qu'ils soient
06:53 accros.
06:54 Et pour faire en sorte qu'il y ait beaucoup d'utilisateurs accros, ils vont faire en
06:58 sorte que des enfants tombent sur ces images-là.
07:00 Et ils le font volontairement parce qu'ils savent parfaitement que des enfants consomment
07:03 ces images-là et qu'ils ne créent pas des systèmes de protection bien plus efficaces.
07:08 Donc ils le savent, il y a une vraie hypocrisie.
07:09 Parce que si on habitue un enfant à voir ces images-là et à en consommer, on s'assure
07:14 qu'à l'âge adulte, il va continuer d'en consommer.
07:16 Donc ce qui pose vraiment problème, c'est que cette exposition, quand on est mineur,
07:23 peut générer de l'addiction.
07:25 C'est-à-dire qu'on parlait de la cigarette.
07:27 - Parce que je suis des adultes, franchement...
07:30 - Fumer sa première cigarette quand on a 40 ans, on risque pas vraiment d'être un gros
07:36 fumeur et d'être vraiment dépendant.
07:37 Fumer ses premières cigarettes quand on est collégien, on risque très fortement d'être
07:41 un gros fumeur pendant plusieurs années de sa vie quand on est adulte.
07:43 C'est pour ça que la loi est très claire à ce sujet.
07:46 En dessous de 18 ans, aucun mineur n'est censé voir des images à caractère pornographique.
07:50 Parce qu'on sait qu'à cet âge-là, on est dans un état de plus grande vulnérabilité,
07:53 le cerveau n'est pas encore mature, etc.
07:56 Et donc on n'est pas capable de faire face à ce produit qui est très addictif.
07:58 - Sauf que c'est faux, c'est qu'on sait très bien, vous le dites vous-même dans votre
08:01 livre, que beaucoup de mineurs regardent des films pornographiques comme beaucoup de mineurs
08:05 fument.
08:06 - Exactement ! Mais moi, ce que je veux dénoncer, cette fameuse hypocrisie, on le sait maintenant.
08:12 Je redonne les chiffres.
08:14 Un enfant sur trois en dessous de 12 ans a déjà vu des images pornographiques.
08:17 Deux enfants sur trois en dessous de 15 ans, la moitié des garçons de 12-13 ans regardent
08:21 des vidéos pornographiques plusieurs fois par mois.
08:22 Quand on sait ce qu'ils regardent, parce que ce qu'on sait aussi, les chiffres le disent,
08:26 que 90% des images qui sont visionnées concernent des scènes de violence explicite.
08:31 Ce n'est pas des gens qui font l'amour dans les prés, ce n'est pas du tout ça.
08:34 Je vous passe les détails, mais quand on parle de violence, c'est vraiment violent.
08:37 Et donc on peut s'inquiéter sur les faits que ça a sur ces enfants qui deviennent un
08:40 jour des adultes et sur leur vie.
08:43 On va en parler, on va continuer à en parler, parce qu'effectivement, vous avez pris votre
08:48 parti, vous avez un parti pris, c'est très bien et c'est légitime.
08:50 Et là, moi, je voudrais vous poser, on va parler de cela, et vous aussi, 0826 300 300,
08:57 les auditeurs de Sud Radio, vous nous dites, est-ce que la pornographie rend sourd ? Non,
09:01 ce n'est pas ce que dit Thérèse Argaud, mais est-ce que le porno détruit l'amour ?
09:06 Effectivement, c'est le sous-titre de son livre.
09:08 Intéressant, on en parle, en tout cas, c'est un livre intéressant à lire.
09:13 0826 300 300 et sur le Facebook aussi de Sud Radio, on attend vos réactions et vos commentaires.
09:18 A tout de suite sur Sud Radio.
09:21 C'est Céline Alonso, je vous souhaite une très bonne année 2024 avec Sud Radio.
09:25 Bonne année avec Sud Radio.
09:26 Sud Radio, parlons vrai.
09:28 Ici Sud Radio.
09:32 Les Français parlent au français.
09:37 Je n'aime pas la blanquette de veau.
09:41 Je n'aime pas la blanquette de veau.
09:43 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
09:47 Tout le monde en regarde ou presque comment le porno détruit l'amour.
09:51 Alors, et vous, auditeurs de Sud Radio, résistants à Sud Radio, vous regardez du porno ?
09:55 Qu'est-ce que ça vous fait ou pas ?
09:57 Écoutez, parlez-en, en tout cas, appelez-nous au 0826 300 300.
10:00 Dans quelques minutes, on en reparlera avec Thérèse Argaud.
10:04 Mais Thérèse Argaud, il y a des choses intéressantes parce que vous dites...
10:08 Alors, je veux savoir quel est votre avis, c'est pour préciser votre pensée.
10:11 Vous dites dans votre livre, il faut savoir que les trois grandes religions,
10:14 chrétiennes, musulmanes et juives, condamnent la masturbation,
10:18 la jouissance sexuelle est noble uniquement quand elle se vit dans le cadre du mariage.
10:22 Et vous ajoutez, vous ne condamnez pas la masturbation.
10:25 Non, c'est peut-être vraiment un point de rupture.
10:28 Moi aussi je parle en accord avec ce que disent les religions à ce niveau-là.
10:31 Je pense que le discours sur la masturbation est très réducteur.
10:35 Donc il faut bien comprendre une chose, c'est vrai que dans ce livre,
10:37 je m'attaque vraiment à l'industrie pornographique et je pense qu'elle fait du mal
10:40 pour nos relations d'amour et notre vie sexuelle.
10:42 Et moi je pense qu'il n'y a rien de meilleur que la vie sexuelle et l'amour.
10:46 Et donc c'est au nom de ça que je m'attaque à ce problème.
10:49 En revanche, je ne suis pas du tout opposée à l'action de la masturbation et à l'érotisme.
10:53 Et j'ai envie de dire, c'est parce que je suis pro-sexe que je suis contre le porno.
10:56 C'est un peu ça.
10:58 Par rapport à la question de la masturbation,
10:59 c'est qu'il y a une confusion qui est faite entre pornographie et masturbation.
11:02 Pourquoi ? Parce que la pornographie, il faut appeler un charge,
11:05 c'est un support à la masturbation.
11:06 Autrement dit, on ne prend pas une tasse de thé quand on regarde du porno.
11:08 Si vous faites ça, vous venez consulter, c'est qu'il y a un petit problème quelque part.
11:11 Donc c'est fait pour se masturber.
11:13 Alors qu'on peut très bien avoir accourant à la masturbation sans regarder la pornographie.
11:17 Beaucoup ont appris à associer masturbation et pornographie
11:20 parce que ça a commencé quand ils étaient collégiens, lycéens,
11:23 et qu'ils ont pris cette habitude-là.
11:24 Moi je vous propose de dissocier les deux, ça n'a rien à voir.
11:28 La masturbation c'est une fonction naturelle que nous avons les êtres humains
11:32 pour nous donner du plaisir.
11:33 - Je pense que nos ancêtres se masturbaient avant l'industrie pornographique.
11:37 - C'est pour ça que pour moi, c'est deux sujets très différents
11:39 et qu'on a tort de les confondre.
11:41 Donc dans ce livre, je précise bien ma pensée à ce niveau-là.
11:44 Ce n'est pas la même chose.
11:45 De la même façon, je fais cette distinction entre érodisme et pornographie.
11:48 Donc ne confondons pas tous les sujets.
11:50 Et voyons bien ce à quoi je m'attaque.
11:52 Et quand je parle de pornographie, j'ai aussi eu l'occasion de le préciser,
11:54 je parle de cette nouvelle pornographie,
11:56 c'est-à-dire celle qui existe depuis l'arrivée d'Internet et de ces grandes plateformes.
12:00 Et je pense qu'une façon de sortir de ce problème de société,
12:04 c'est en rendant la pornographie à nouveau payante.
12:07 Je suis désolée de le dire,
12:08 mais c'est ça qui va nous permettre d'avoir un rapport beaucoup plus ajusté à ce produit.
12:11 - On va vous accuser de censure encore une fois.
12:14 - Non, justement, parce que je ne suis pas en train de vous dire
12:16 qu'on interdit la pornographie,
12:18 je ne pense pas que ce soit la bonne stratégie.
12:19 Par contre, je dis qu'il faut la rendre payante
12:21 pour justement mieux contrôler cette industrie.
12:24 C'est comme si sur Internet, tout était possible,
12:26 tout était permis, il n'y avait aucun contrôle,
12:28 alors qu'il se passe des choses sur Internet qui sont graves,
12:31 qui font du mal et qu'il est temps un peu de réguler tout ça.
12:33 - C'est vrai, mais justement, on va y arriver.
12:36 Mais avant ça, je voudrais...
12:38 Parce qu'on va parler des choses graves qui se passent,
12:40 et on le sait, notamment la pédocriminalité.
12:42 - Oui, c'est important de parler.
12:43 - Une autre chose, mais qui est très importante.
12:46 - Oui, je vous coupe, parce que hier soir,
12:48 je reçois un message sur les réseaux sociaux,
12:52 une femme qui me dit "je suis très touchée par votre travail,
12:54 votre combat contre la pornographie",
12:55 parce que mon mari a commencé à consommer de la pornographie
12:57 quand il était collégien, lycéen,
12:59 et il a fini par consommer de la pédopornographie.
13:01 Et un jour, les flics sont arrivés chez lui,
13:04 et il a fait six mois d'incarcération.
13:06 Et cette femme, elle était désemparée face à cette situation-là.
13:09 Et en fait, ce qui se passe, et ce que j'explique aussi dans mon livre,
13:12 c'est qu'il y a des hommes et des femmes
13:17 qui vont être habités par des fantasmes sexuels
13:20 qu'ils n'auraient jamais eus
13:21 s'ils n'avaient pas été exposés à la pornographie.
13:23 Pourquoi ? Parce qu'on peut chercher à augmenter la dose d'excitation.
13:26 C'est-à-dire que des fantasmes mis en scène
13:29 tout sympas, tout gentils,
13:32 ne vont plus faire aucun effet d'excitation.
13:35 Et donc on va chercher le plus tard.
13:37 - C'est toujours votre comparaison avec la drogue, on va plus loin.
13:39 - Tout le monde ne va pas le faire, mais il y en a certains qui vont le tenter.
13:41 - Et puis il faut faire attention, parce que la pédocranie-ménialité,
13:45 elle n'est pas liée à l'industrie du film porno.
13:48 - Non, mais elle existe aujourd'hui.
13:50 - Regardez ce qui s'est passé, regardez les trafics d'enfants, etc.
13:53 - Ça a toujours existé, vous allez me dire.
13:55 - Ça n'a rien à voir et ça a toujours existé.
13:57 - Mais elle est très présente aujourd'hui encore,
13:59 et ce qui est intéressant aussi, c'est de considérer
14:01 être de la pédopornographie,
14:05 et donc de la pédocriminalité,
14:07 tout contenu qui va mettre en scène des personnes,
14:11 peu importe le rage, mais qui va les faire passer
14:13 pour des collégiennes, pour des petites lycéennes,
14:15 ou pour des enfants.
14:17 C'est-à-dire que parfois il y a des femmes adultes qui font comme si elles étaient collégiennes.
14:20 - Mais ça, la loi honnêtement est très très forte et punie.
14:22 Je veux dire, dis qu'il y a ça.
14:24 - Et donc elle punit, mais par contre ça existe encore
14:26 et donc il faut passer quand même à la vitesse supérieure en termes de régulation.
14:30 - Alors justement, on va en parler,
14:32 mais alors là sur le fond,
14:34 on va parler du plaisir sexuel.
14:36 Vous dites ceci, vous dites "le plaisir sexuel
14:38 il est vrai une expérience très agréable".
14:40 Vous l'admettez, très bien.
14:42 "Mais la particularité du plaisir, c'est qu'il ne dure pas.
14:44 L'état de bien-être s'estompe assez rapidement
14:46 et laisse place aux émotions qui étaient présentes,
14:48 le stress, l'ennui,
14:50 l'inquiétude, la colère, la frustration, la tristesse."
14:52 Thérèse Argot, enfin,
14:54 le plaisir, oh c'est très très bien,
14:56 on l'a eu, on l'a, et on attend de la revoir.
14:58 Pourquoi voulez-vous
15:00 que forcément, là vraiment,
15:02 là vous m'avez dit
15:04 "on a eu le plaisir sexuel, mais ensuite
15:06 arrive le stress, l'ennui,
15:08 l'inquiétude, la colère, la frustration, la tristesse."
15:10 - Non, j'expliquais dans la spirale de la consommation de pornographie.
15:12 Je m'explique.
15:14 - Non mais là, vous ne parlez pas de consommation de pornographie
15:16 dans ce paragraphe.
15:18 - Là, en fait, ce que j'explique, c'est que
15:20 qu'est-ce qui va générer de l'addiction ou pas ?
15:22 Parce qu'on parlait de ce produit,
15:24 et moi je défends le fait que c'est un produit addictif.
15:26 Tout va dépendre de l'état émotionnel
15:28 dans lequel on va consommer ce produit.
15:30 Mais vous savez, c'est la même chose avec n'importe quel produit addictif.
15:32 On peut fumer très bien un joint et ne pas tomber dans la dépendance.
15:34 Si je fume bien dans mes baskets
15:36 et bien dans ma peau, je peux le fumer et je ne vais pas être dépendant.
15:38 Il faudrait me dire les choses.
15:40 Sauf que si maintenant, je suis justement
15:42 en train de traverser un mal-être, je ne vais pas bien,
15:44 j'ai de la colère, j'ai de la tristesse, j'ai de la frustration, du stress,
15:46 peu importe, et que je fume ce joint
15:48 et que je me rends compte que ça me rend bien à ce moment-là,
15:50 je peux avoir envie de recommencer
15:52 pour évacuer cette émotion désagréable.
15:54 Et c'est le même phénomène qui peut se passer avec la pornographie.
15:56 C'est-à-dire que si je suis dans un état émotionnel
15:58 qui est déséquilibré,
16:00 je ne suis pas bien,
16:02 comme le sont souvent les collégiens
16:04 ou les lycéens, ce qui est tout à fait normal à cet âge-là,
16:06 il n'y a vraiment aucun jugement sur leur personne.
16:08 Mais c'est les personnes les plus fragiles.
16:10 Si je fais l'expérience qu'en consommant ce produit,
16:12 je me sens dans un état super agréable.
16:14 Tout ça est positif sur le moment,
16:16 mais ça ne va pas résoudre
16:18 la cause de mon stress, de mon angoisse,
16:20 de ma colère, de ma tristesse.
16:22 Et donc, finalement, je vais vouloir
16:24 reconsommer à nouveau ces images pour me sentir de nouveau bien.
16:26 Mais ça ne résout pas le problème.
16:28 En gros, ce que je dis, c'est que c'est un mauvais moyen
16:30 pour répondre à un vrai besoin, celui d'être bien,
16:32 d'être bien dans sa peau et dans sa vie.
16:34 - Mais vous ne dites pas que le plaisir sexuel, en tant que tel,
16:36 va amener à... - Non, non, non, c'est pas ça.
16:38 Je le disais. Parce que justement, je pense...
16:40 Et attendez, je suis quand même sexologue, et donc je défend justement
16:42 le plaisir sexuel, et j'apprends en jouant
16:44 à avoir du plaisir sexuel, c'est ce que quand même je fais toute la journée.
16:46 Donc je suis hyper pro-plaisir sexuel.
16:48 - Mais vous, justement,
16:50 vous leur dites... - Ça me semble vrai, moi.
16:52 - Juste un mot.
16:54 Vous, vous leur dites, justement, vous êtes sexothérapeute,
16:56 vous êtes sexologue, est-ce que vous leur dites
16:58 surtout jamais de regarder des films pornos,
17:00 surtout arrêtez si vous regardez des films pornos, très franchement.
17:02 - Oui, moi je dis arrêtez la consommation de films pornographiques.
17:04 Et voyez ce qui se passe dans votre vie.
17:06 Là, je viens de rencontrer un jeune homme,
17:08 27 ans, qui me dit...
17:10 Mais je vois
17:12 votre combat sur l'action de la pornographie.
17:14 Il me dit "c'est fou parce que j'ai arrêté de regarder du porno,
17:16 ma vie a changé. Ma vie a changé, dans mes relations,
17:18 etc. ça a changé."
17:20 Donc, ce que je dis, vraiment, c'est arrêtez de regarder
17:22 ces images pornographiques, ça ne veut pas dire
17:24 arrêtez d'avoir du plaisir, bien au contraire.
17:26 Ça ne veut pas dire arrêtez d'avoir des relations sexuelles, ça ne veut pas non plus dire
17:28 arrêtez de fantasmer,
17:30 de créer, de développer
17:32 votre érotisme, tout ça est nécessaire à la vie.
17:34 Mais ces images-là, à mon avis,
17:36 il n'y a rien de bon dans le porno. C'est comme, je dirais,
17:38 arrêtez de fumer.
17:40 - Oui, oui. - De la même façon, quoi.
17:42 - Il n'y a rien de bon dans la cigarette. - Je crois que vous éludez le côté divertissement
17:44 de cela, mais on va en reparler.
17:46 - C'est intéressant ce que vous dites. - Il y a un côté divertissement.
17:48 - Ah oui, c'est intéressant. Je comprends ce que vous voulez dire.
17:50 - On va en reparler tout de suite après cette...
17:52 - On en reparle avec Thérèse Argo et avec vous
17:54 au 0826 300 300.
17:56 Emmanuel, on vous attend au standard.
17:58 A tout de suite sur Sud Radio.
18:00 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
18:02 Appelez maintenant pour réagir
18:04 0826 300 300.
18:06 - Viens.
18:08 - Ici Sud Radio.
18:10 Les Français parlent au français.
18:12 Les carottes sont cuites.
18:14 Les carottes sont cuites.
18:16 Les carottes sont cuites.
18:18 Les carottes sont cuites.
18:20 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
18:22 - Alors, toujours pour jouer
18:24 l'avocat, non pas du diable,
18:26 mais du dieu sexe ou autre,
18:28 Thérèse Argo,
18:30 deux choses d'abord. Oui, pour finir
18:32 avec le plaisir sexuel, et vous en êtes bien expliquée,
18:34 mais vous dites, la solution n'est pas
18:36 le plaisir sexuel obtenu seul ou à deux,
18:38 la solution, c'est la gestion émotionnelle.
18:40 Que voulez-vous dire par là ?
18:42 - Pour ne pas tomber dans un rapport
18:44 compulsif à la sexualité.
18:46 C'est exactement comme par rapport à la nourriture.
18:48 Parfois, on n'a pas faim,
18:50 on est juste triste parce qu'on vient de se faire
18:52 larguer par son petit copain,
18:54 on se rue sur un pot de Nutella,
18:56 on va prendre tout le Nutella,
18:58 non seulement ça ne va pas nous faire revenir nos petits copains,
19:00 mais en plus on va avoir 10 kilos de plus,
19:02 on va perdre encore confiance en soi pour rencontrer quelqu'un d'autre.
19:04 C'est-à-dire que ce n'est pas le Nutella qui est mauvais en soi,
19:06 c'est le fait que
19:08 ça vient répondre à un problème émotionnel.
19:10 Et donc j'ai un rapport compulsif
19:12 à la nourriture. De la même façon, on peut observer,
19:14 et ça on l'observe en tant que sexologue,
19:16 que beaucoup de nos contemporains peuvent avoir
19:18 un rapport compulsif au sexe. C'est-à-dire que
19:20 ils ont des émotions désagréables
19:22 qui les encombrent,
19:24 et puis ils se disent qu'au travers du plaisir sexuel,
19:26 ils vont sortir un soulagement et une détente. Mais ça ne va pas résoudre
19:28 les choses, c'est ça que je veux dire.
19:30 Donc la gestion émotionnelle, c'est dire "je suis triste, je pleure,
19:32 je suis en colère..." - Vous êtes catholique ?
19:34 - Je viens d'une famille très catholique,
19:36 mais je n'ai plus la foi depuis mes 15 ans.
19:38 Je n'ai plus les lunettes, ce qui me permet de voir Dieu.
19:40 Je ne les vois plus. - Si vous voulez, moi je vois
19:42 et encore une fois, deux choses.
19:44 Moi sur le porno,
19:46 ce qui m'embête vraiment, je le dis,
19:48 c'est tellement médiocre, souvent inaminable,
19:50 c'est mal filmé, c'est mal fait,
19:52 ça n'a aucun intérêt, c'est le pizzaïolo
19:54 qui arrive et c'est tellement...
19:56 je veux dire, qui arrive pour arranger le truc,
19:58 et la femme est là "ah, tout offerte,
20:00 mais chérie, vous crevez de rire quoi !"
20:02 Enfin, c'est même, je veux dire,
20:04 c'est tellement médiocre, mais justement,
20:06 ça, ça nous amène à deux choses.
20:08 D'abord, effectivement, et là je vous rejoins,
20:10 c'est que des gens pensent peut-être,
20:12 s'il y a 14-15 ans, que les filles sont consentantes,
20:14 comme on voit, mais je crois que c'est pas
20:16 seulement le porno qui fait ça, c'est aussi une certaine culture.
20:18 Mais c'est un autre problème.
20:20 Mais la chose la plus grave,
20:22 c'est que, pourquoi
20:24 des gens n'auraient pas,
20:26 effectivement, ils sont ce qu'ils sont,
20:28 n'auraient pas, eux sont des...
20:30 je dirais,
20:32 je parle pas encore une fois,
20:34 ni des pédocriminels, ni tout ça, enfermés, tout ça.
20:36 Mais pourquoi il n'y aurait pas des hommes
20:38 et des femmes qui sont érotomanes,
20:40 qui aiment le plaisir sexuel,
20:42 qui se sentent bien dans le plaisir sexuel,
20:44 à condition que ça soit évidemment consentant,
20:46 et évidemment bien,
20:48 ils sont bien dans leur peau,
20:50 bon, ben c'est leur truc !
20:52 Comme ils pourraient être collectionneurs,
20:54 ou autre, vous voyez ?
20:56 - Le problème, effectivement, n'est pas là. C'est pour ça que je pense
20:58 que la solution qu'on peut tout de suite appliquer,
21:00 c'est de rendre le porno payant,
21:02 pour réguler cette industrie,
21:04 et d'avoir un rapport qui soit différent
21:06 à ces images pornographiques.
21:08 C'est-à-dire que si, pour moi, je veux voir ces images-là,
21:10 et bien je sais où je peux aller les voir,
21:12 et je paye pour ça. Le fait aussi de rendre le porno payant,
21:14 va quand même résoudre un problème majeur,
21:16 c'est tout ce qui se passe de gravissime
21:18 au sein de l'industrie,
21:20 c'est-à-dire la maltraitance d'acteurs, d'actrices,
21:22 on le sait aujourd'hui, parce qu'il y a une
21:24 course à la production d'images,
21:26 de plus en plus folles, et donc pour protéger
21:28 aussi les acteurs et les actrices, et pour s'assurer
21:30 que les choses se passent dans des conditions
21:32 on va dire meilleures,
21:34 et bien rendre le porno payant
21:36 permettrait davantage d'avoir un contrôle
21:38 sur ce produit.
21:40 - En mieux payé, peut-être, et autrement.
21:42 - Voilà. Donc je pense que là, il y a quand même
21:44 une piste qui peut exister,
21:46 enfin qui existe, et qui peut être
21:48 appliquée tout de suite. Je veux dire, ça peut être appliqué
21:50 cette année, on ne doit pas attendre encore un
21:52 hexième rapport du gouvernement,
21:54 pour nous dire que peut-être ce serait une solution,
21:56 on peut mettre ça en place facilement, donc ça demande juste
21:58 une volonté politique. - On verra ce que pensent les presses qui nous gouvernent,
22:00 mais vu les scandales, je ne parle pas de la France seulement,
22:02 mais un peu partout,
22:04 on n'est pas sortis de l'auberge.
22:06 - Bah non, et pourtant... - Vous savez, relisez
22:08 "La vie des 12 Césars" de Suéton, il y a 3000 ans,
22:10 vous verrez qu'il n'y avait pas
22:12 les plateformes, il n'y avait pas les pornos, il n'y avait pas
22:14 internet, mais c'était déjà très très très
22:16 très mou. - On va revenir à tout ça.
22:18 C'est ça qui va être génial, on va ressortir...
22:20 - Les éditeurs, ils sont là. On a Frédéric
22:22 qui nous appelle depuis Angers. Salut Frédéric !
22:24 - Oui, bonjour.
22:26 - Bonjour Frédéric, et bonne année.
22:28 - Bonne année,
22:30 merci à vous également.
22:32 Alors moi j'appelle par rapport
22:34 à deux points. Tout d'abord
22:36 le premier, c'est que j'ai le sentiment que souvent
22:38 dans ces débats-là, on a tendance
22:40 à mettre de côté un petit peu la perte de l'éducation
22:42 des parents.
22:44 Et de faire parfois des femmes
22:46 marginaux une forme de généralité.
22:48 Elle évoque
22:50 une pulsion, la pulsion
22:52 d'assouvir un besoin immédiat,
22:54 qui est souvent la masturbation.
22:56 Pour beaucoup de personnes, une fois la jouissance
22:58 passée, l'envie s'estompe
23:00 et
23:02 quand on est à deux, on se caline,
23:04 quand on est seul, on éteint l'écran tout simplement.
23:06 Alors certes, il y a des exceptions,
23:08 mais selon moi, c'est de l'ordre de l'exception.
23:10 Enfin, il y a des exceptions, mais ça reste de l'ordre
23:12 de l'exception, quoi, par rapport à ça.
23:14 Ces pulsions, donc,
23:16 cette addiction, par rapport à ça,
23:18 j'ai du mal un petit peu à le rendre
23:20 aussi important qu'elle peut l'évoquer.
23:22 - Que Thérèse Argo le répète, oui.
23:24 - Oui.
23:26 - Par rapport à... - Le second point,
23:28 c'est qu'il y a un documentaire
23:30 sur Netflix qui donne la parole aux actrices
23:32 de cette plateforme.
23:34 Et elles mettent en avant
23:36 le fait qu'elles contrôlent
23:38 mieux leur image grâce à cette plateforme-là.
23:40 Et qu'elles ont plus le contrôle
23:42 de leur image, de leur corps,
23:44 et sont moins dépendantes d'un tiers
23:46 qui peut verser dans l'abus.
23:48 Et ensuite, il y a un moment,
23:50 vous aviez évoqué
23:52 l'inspiration de cette intratie qui peut être
23:54 discutable, tendanceuse, ou je sais pas quoi.
23:56 Moi, je me dis, du moment que ça
23:58 reste dans le consentement de chacun,
24:00 pourquoi pas ?
24:02 - Oui, il y a beaucoup de choses à ce que vous partagez.
24:04 D'abord, par rapport à
24:06 l'éducation des enfants.
24:08 Alors, moi, je fais ça depuis
24:10 toujours, depuis presque 20 ans maintenant.
24:12 - Vous êtes maman, vous, ben oui.
24:14 - Et puis oui, mais avant d'être maman, je commençais à intervenir
24:16 en milieu scolaire, à faire de l'éducation affective, relationnelle
24:18 et sexuelle. C'est comme ça, d'ailleurs, que je me suis rendue compte
24:20 que la pornographie est un vrai sujet chez les collégiens,
24:22 chez les lycéens. Et vous avez raison
24:24 que la prévention et l'éducation
24:26 sont nécessaires. Et alors, vous dites
24:28 que je suis maman, j'ai beau être sexologue,
24:30 écrire des livres sur ce sujet, donner des conférences
24:32 partout, je peux pas protéger 100% mes
24:34 enfants. C'est-à-dire qu'on a
24:36 beau, en tant que parent, être très
24:38 au courant de cette problématique-là,
24:40 vous savez, c'est compliqué de protéger
24:42 les mineurs de ces images, parce que l'industrie
24:44 est tellement forte et puissante sur Internet,
24:46 et en tant que parent, on se sent vraiment
24:48 démuni. Donc, bien sûr que la première chose à faire en tant
24:50 que parent, c'est d'en parler. Ça ne peut plus
24:52 être un sujet tabou. On en parle comme on
24:54 parle de n'importe quel produit qui existe au monde.
24:56 Ensuite, de protéger avec
24:58 des filtres, ça c'est sûr, mais après on a besoin
25:00 en tant que parent que le gouvernement nous aide, parce qu'on
25:02 n'arrivera pas tout seul. - Ouais, alors juste,
25:04 Philippe parlait de la... de Frédéric,
25:06 pardon, parlait de la pulsion.
25:08 Mais effectivement, on peut se dire, mais ce qu'il
25:10 disait, mais la pulsion à un moment donné,
25:12 OK, une fois qu'elle est satisfaite, elle est satisfaite.
25:14 On ne va pas tout de suite se dire "Ah là là,
25:16 quand est-ce que je vais la retrouver ?" - Alors, la pulsion,
25:18 qui est une espèce de tension qu'on ressent
25:20 et donc qui est un peu une espèce de...
25:22 composée d'un amas d'émotions désagréables
25:24 qu'on peut ressentir, et qui cherche à sortir
25:26 au travers d'un plaisir. On a parlé du plaisir
25:28 sexuel, on peut parler du plaisir à nourriture, mais ça peut être aussi
25:30 des achats, enfin il y a plein de choses qui peuvent
25:32 nous permettre d'avoir une dose de dopamine
25:34 qui fait qu'on se sent mieux.
25:36 - La pulsion, elle s'éduque. C'est-à-dire que
25:38 ce qu'on va faire avec nos enfants, c'est qu'ils veulent parfois
25:40 quelque chose, mais on ne va pas la souvire
25:42 tout de suite. Par exemple, je veux telle chose,
25:44 je veux avoir du plaisir, on va mettre
25:46 dans une temporalité, on va dire "Oui,
25:48 il y a un moment pour..." Ici, moi, ce qui me pose
25:50 problème, c'est que les vidéos gratuites
25:52 24h sur 24, 7 jours sur 7, c'est qu'il n'y a plus cette temporalité.
25:54 Je veux, j'ai. Je veux, je peux tout de suite
25:56 aller consommer. Et on n'apprend pas à éduquer
25:58 cette pulsion, et alors
26:00 du coup, on a des adultes qui ont un rapport
26:02 complexif. - Thérèse Argot, est-ce que vous ne faites pas,
26:04 vous ne faites peut-être pas assez la différence dans votre
26:06 livre, je vous écoute,
26:08 et entre
26:10 ce qui se passe pour les jeunes
26:12 adultes, entre adolescents et enfants,
26:14 et les adultes. Je pars entre ceux qui
26:16 ont quand même raison,
26:18 pas parce que les adultes sont plus raisonnables,
26:20 mais je pense que c'est quand même
26:22 deux populations différentes, et vous
26:24 le savez, puisque vous êtes
26:26 sexothérapeute, et avec des envies
26:28 et des contrôles, et des
26:30 mécanismes de contrôle très différents. - Vous avez
26:32 raison, mais je pense que la différence,
26:34 si je ne veux plus choquer personne, mais la différence,
26:36 elle n'est pas adulte,
26:38 enfant, et la génération qui a
26:40 grandi avec Internet est celle qui n'a pas grandi
26:42 avec Internet. Pour moi, elle est là, la différence.
26:44 Parce qu'aujourd'hui, les 18-30 ans
26:46 consomment massivement de la pornographie, plus de 80%,
26:48 mais ce sont
26:50 en fait des jeunes adultes,
26:52 parce qu'ils sont quand même adultes, mais qui ont grandi avec
26:54 le porno. Alors, le porno sur Internet,
26:56 qui n'est pas la même chose que
26:58 des livres érotiques, etc. Donc moi, je ferais une différence
27:00 par rapport à l'accessibilité de ces
27:02 images-là, et donc cette transformation
27:04 qu'il y a eu dans les années 2000 de l'industrie
27:06 pornographique, et c'est vrai que c'est pas tout à fait
27:08 la même réalité. Vous avez raison de le dire.
27:10 - On va en parler. Oui. On accueille
27:12 Philippe, qui nous appelle depuis Libourne.
27:14 Bonjour Philippe. - Bonjour Philippe.
27:16 Bonne année.
27:18 - Bonjour.
27:20 - Bonjour à votre amitié aussi. - Oui, bonjour.
27:22 - Voilà,
27:24 donc moi je vous appelle parce qu'en fait,
27:26 bon,
27:28 depuis le Covid, vous savez,
27:30 il y a beaucoup de choses qui ont changé dans mon
27:32 raisonnement. Peut-être qu'il y a un temps,
27:34 j'aurais été d'accord avec vous, madame, mais
27:36 depuis le Covid, j'ai beaucoup réfléchi
27:38 et j'ai tellement
27:40 peur de tous ces gens
27:42 qui veulent tout réguler, tout enfermer,
27:44 tout contrôler, tout dé...
27:46 Enfin, ils veulent
27:48 tout contrôler, ils ne contrôlent rien.
27:50 C'est-à-dire, je vais prendre un exemple.
27:52 Alors, comme André l'a dit,
27:54 la pédophilie, en fait,
27:56 c'est le problème numéro un
27:58 sur les réseaux. Pour moi, ça devrait être là,
28:00 la pierre de base, tout le monde devrait
28:02 lutter contre ça. - Tout à fait.
28:04 - Tout le monde,
28:06 ça n'intéresse personne. Il y a la liste Einstein
28:08 qui est sortie, mais en fait, ça devrait être
28:10 un gigantesque tremblement de terre,
28:12 on s'en fout, d'accord ?
28:14 Donc, en fait, les gros trucs, alors le Covid,
28:16 c'était le pompon, donc il fallait
28:18 enfermer tout le monde, machin.
28:20 Pendant ce temps-là, il y en a qui faisaient
28:22 n'importe quoi, on s'en foutait.
28:24 Donc, du coup, moi, vous savez,
28:26 je n'ai jamais fumé de ma vie.
28:28 Mais, en fait, quelqu'un qui fume,
28:30 moi, je me dis, mais c'est son problème,
28:32 c'est son choix. S'il a envie de fumer, c'est qu'il
28:34 en tient un plaisir, c'est qu'il... Bon, après,
28:36 il y a des gens qui sont plus faibles, mais on ne peut pas
28:38 faire des contrôles
28:40 sur les généralités.
28:42 Vous voyez ce que je veux dire ? Alors,
28:44 comme disait André aussi, je repense son argument
28:46 qui est vraiment, à mon avis, la pierre angulaire
28:48 de la chose. C'est-à-dire que, effectivement,
28:50 les enfants, je serais assez d'accord
28:52 avec vous, qui ne regardent pas
28:54 du porno, surtout le porno de la dernière génération.
28:56 Moi, j'ai connu Union, tout ça, donc,
28:58 c'est autre chose. Mais, en fait,
29:00 alors, au lieu de tout,
29:02 de contrôler ça, parce qu'avec
29:04 les artefacts modernes
29:06 qu'on a, vous n'allez pas me dire qu'on ne peut pas
29:08 contrôler que les mineurs aillent pas sur certains
29:10 trucs. Ça se fait dans certains autres
29:12 domaines, ça marche très bien
29:14 dans l'informatique. Et par contre,
29:16 là, pour supprimer l'accès à tout
29:18 du monde, donc même aux adultes,
29:20 je veux dire, eux,
29:22 les adultes, ils sont finis,
29:24 s'ils ont envie d'aller regarder un porno,
29:26 n'importe lequel, ils n'ont qu'à aller regarder un porno.
29:28 - C'est pour ça que vous m'avez entendu.
29:30 Je n'ai pas dit de tout bloquer.
29:32 En tout cas, ma proposition, c'est de rendre
29:34 le porno à nouveau payant. Voilà, je n'ai pas dit
29:36 qu'il fallait supprimer l'industrie pornographique.
29:38 - C'est un contrôle.
29:40 Le paiement,
29:42 vous savez, c'est le nerf de la guerre, c'est l'argent.
29:44 C'est comme ça que ça marche.
29:46 Le Covid, c'est pareil.
29:48 Il y a des leviers comme ça, et en fait, vous contrôlez tout.
29:50 Vous voyez,
29:52 et à la fin, on se retrouve dans une société
29:54 complètement contrôlée
29:56 et qui ne ressemble plus à rien.
29:58 - Ce que dit effectivement
30:00 Thérèse Argaud, ce que dit Philippe,
30:02 moi, ce qui me frappe, et c'est vrai,
30:04 c'est que, encore une fois, il y a beaucoup de choses
30:06 sur lesquelles nous sommes d'accord.
30:08 Tout le problème, par exemple,
30:10 vous dites, rendez la pornographie payante.
30:12 Attendez, ce qu'il faut,
30:14 et là, oui,
30:16 c'est qu'il faut rendre,
30:18 par exemple, condamner beaucoup plus fort
30:20 tout ce qui est pédopornographie,
30:22 de toutes les manières, je ne parle même pas de la pédocriminalité,
30:24 mais un adulte,
30:26 revenons à ça, un adulte
30:28 qui est ce qu'il est,
30:30 pourquoi rendre la pornographie payante ?
30:32 Il faudrait...
30:34 Alors, vous allez me dire, c'est pas facile,
30:36 parce que moi, je crois que vous dites,
30:38 effectivement, la différence est entre Internet
30:40 et la pornographie d'antan.
30:42 Le problème, c'est que,
30:44 ou alors, à ce moment-là, il faut effectivement
30:46 censurer,
30:48 parce que sinon, moi, c'est très gênant
30:50 cette espèce de, comment dirais-je,
30:52 de discrimination par l'argent.
30:54 Même si ce n'est pas beaucoup d'argent.
30:56 - Je comprends ce que vous voulez dire.
30:58 La discrimination par l'argent...
31:00 - Oui, parce qu'il y a des gens qui n'ont pas les moyens,
31:02 "ouah, lui, il va se regarder
31:04 ses pornos autant qu'il veut",
31:06 mais il en fait parce qu'il a les moyens,
31:08 il gagne de l'argent, l'autre qui n'en a pas,
31:10 "ah bah toi, mon vieux, tu es un gueux,
31:12 t'es interdit de porno". C'est ça, Thérèse Argaud.
31:14 - Ah ouais, c'est intéressant, votre
31:16 raisonnement. Je comprends ce que vous voulez dire,
31:18 mais on a quand même...
31:20 L'idée,
31:22 pourquoi rendre le produit payant ?
31:24 Parce que derrière, il y a des hommes et des femmes
31:26 qui travaillent,
31:28 et c'est comme on parle d'être travailleur du sexe,
31:30 donc ils ont besoin d'être rémunérés aussi.
31:32 - Ils sont rémunérés.
31:34 - Oui, mais donc, le système par la publicité,
31:36 comment dire...
31:38 Le problème, c'est que ces plateformes
31:40 qui fonctionnent sur ce
31:42 système de gratuité, on peut se dire
31:44 "c'est génial parce que ça a démocratisé le porno".
31:46 Aujourd'hui, c'est vrai, on est en France,
31:48 le porno c'est pour tout le monde,
31:50 on est tous égaux devant le porno, ça je le dis tout le temps,
31:52 là-dessus on a réussi à démocratiser l'accès
31:54 à la pornographie. Mais est-ce que c'est
31:56 pour notre bien, et est-ce que ça nous libère ?
31:58 Et c'est pour ça que c'est intéressant, parce que vous revenez sur un argument
32:00 auquel je suis extrêmement sensible, c'est celui de la liberté.
32:02 Et moi, ce que je défends
32:04 dans ce livre et au travers de mon travail, c'est que
32:06 cette pornographie ne nous permet pas
32:08 d'être libre, elle nous met
32:10 sous emprise et elle exerce un contrôle
32:12 sur notre sexualité. Si vous voulez avoir
32:14 une vie sexuelle libre,
32:16 il faut sortir de cette emprise-là. Pourquoi
32:18 il y a une emprise ? C'est qu'elle met des idées dans la tête,
32:20 elle formate notre imaginaire, elle nous conditionne
32:22 dans notre façon de vivre la sexualité. Pour moi, ce n'est pas
32:24 du tout le symbole d'une liberté
32:26 sexuelle et d'une liberté en tant que telle.
32:28 Et c'est pour ça que moi je m'alarme contre la pornographie.
32:30 On doit arrêter d'associer
32:32 ce produit à la liberté. Pour moi, ce sont
32:34 deux choses différentes. - Oui, d'ailleurs
32:36 c'est tout le problème qui est posé, on va
32:38 faire une interruption, mais
32:40 avant ça, le problème qui est posé
32:42 c'est effectivement le problème de la liberté
32:44 parce que vous savez très bien qu'il y a
32:46 aussi des, par exemple
32:48 des viols, des tabassages qui se
32:50 commettent, non pas au nom de la pornographie,
32:52 au nom, parce que c'est le genre du film, au nom du culture.
32:54 Vous avez des cultures, je dis bien,
32:56 qui méprisent les femmes, par exemple, pour ne prendre
32:58 que cet exemple, qui considèrent des femmes comme
33:00 de la viande et qui considèrent que
33:02 il y a d'un côté les mamans et d'un autre côté les putains.
33:04 Vieille
33:06 discrimination dont je ne
33:08 nommerai pas religieuse d'ailleurs. - On voit encore
33:10 beaucoup dans notre société française aussi cette distinction
33:12 entre d'un côté il y aurait la mère et
33:14 de l'autre côté la putain et ce regard
33:16 - Et donc ça, ça dépasse loin la pornographie
33:18 mais le vrai problème qui est posé, c'est vrai,
33:20 c'est le problème de la liberté et le problème
33:22 de comment réguler. Et je crois
33:24 qu'il est là, on s'en reparle tout de suite
33:26 après cette pause et on continue à recevoir
33:28 des auditeurs.
33:30 En tout cas, c'est très intéressant.
33:32 Sud Radio Bercov dans tous ses états
33:36 midi 14h. André Bercov
33:38 Cerise
33:40 Ici Sud Radio
33:42 Les français
33:46 parlent au français
33:48 Je n'aime pas la
33:50 blanquette de veau. Je n'aime pas
33:52 la blanquette de veau.
33:54 Sud Radio Bercov dans tous ses états
33:56 13h50 sur Sud Radio, nous sommes
33:58 toujours avec Thérèse Argot, sexologue
34:00 qui vient nous voir pour son livre. Tout le monde en parle,
34:02 tout le monde en regarde ou presque. Comment le porno
34:04 détruit l'amour ? C'est aux éditions
34:06 Albin Michel et on a des questions sur nos réseaux
34:08 sociaux. Alors je vais synthétiser, on a deux questions
34:10 en une. Thérèse Argot, qu'est-ce que vous pensez
34:12 des vidéos amateurs postées
34:14 sur les sites gratuits, donc
34:16 pas de l'industrie professionnelle ? Et deuxième
34:18 question, des plateformes de type
34:20 OnlyFans ou MemePayante, où c'est
34:22 des jeunes filles qui monétisent leur corps
34:24 via des écrans.
34:26 Bonne question. Oui, mais il y a eu un très grand
34:28 scandale aux Etats-Unis
34:30 sur une grosse plateforme, je ne citerai pas
34:32 le nom, mais une des plus grosses. On s'est rendu
34:34 compte que ces vidéos postées
34:36 ne respectaient pas tout
34:38 le consentement des personnes qui étaient
34:40 mises en scène dans ces vidéos.
34:42 Et donc cette grosse plateforme a dû retirer
34:44 un pourcentage très important
34:46 de ces vidéos. Et donc morale de l'histoire,
34:48 en fait on ne contrôle pas, on ne sait pas
34:50 qui poste ça, on ne sait pas dans quelles conditions a été
34:52 tournée la vidéo, on ne sait pas si tout le monde est d'accord avec le fait que
34:54 cette vidéo soit en ligne. Mais il y a des adolescents
34:56 qui monétisent. Et voilà, et alors,
34:58 ça c'est une première chose. Les adolescents qui monétisent,
35:00 ça c'est aussi un vrai sujet. A partir du moment
35:02 où tu es collégien, tu es tout petit, tu apprends que
35:04 la sexualité finalement, bon ben
35:06 c'est un objet de consommation comme un autre
35:08 parce que finalement, on peut monétiser
35:10 tout ça, ben tu peux,
35:12 quand tu es biberonné au porno depuis que tu es enfant
35:14 collégien lycéen, tu te dis "Et pourquoi
35:16 pas gagner un peu d'argent en faisant ça ?"
35:18 Et donc on voit aussi que c'est devenu ultra
35:20 accessible à n'importe qui
35:22 de produire soi-même du contenu
35:24 pornographique, et de nouveau, dans
35:26 quelles conditions, dans quel contexte,
35:28 ça on ne peut pas le protéger.
35:30 - Mais vous aussi, ce sont des adultes consentants
35:32 qui décident de faire
35:34 leur cinéma avec les copains
35:36 etc. et qui décident de le
35:38 rendre public.
35:40 Après tout, c'est leur droit.
35:42 - C'est intéressant parce que finalement, on en revient à cette question
35:44 du consentement, on veut s'assurer que
35:46 ce produit soit quand même fait dans des
35:48 conditions qui respectent l'intégrité
35:50 de la personne humaine.
35:52 Le consentement, c'est un sujet
35:54 qui est essentiel mais qui est extrêmement
35:56 complexe, parce qu'on sait qu'il peut y avoir des pressions
35:58 économiques,
36:00 sociales, etc.
36:02 affectives qui peuvent entraver notre consentement.
36:04 Donc on ne peut pas tout réduire à une sorte de consentement.
36:06 Par contre, ce qui se passe actuellement,
36:08 et je suis en dialogue avec une personne que j'aime
36:10 beaucoup, qui
36:12 agit souvent sur le pseudo de Lisa Del Sierra
36:14 et Émilie Delonay
36:16 qui est productrice
36:18 aujourd'hui de films pornographiques et ex-actrice
36:20 et qui par exemple, plaide
36:22 pour changer dans l'industrie de
36:24 pornographie, les conditions
36:26 dans lesquelles sont tournées ces vidéos,
36:28 avec ces fameuses "coordinateurs
36:30 d'intimité". C'est-à-dire qu'il y a des
36:32 personnes qui sont présentes pour être
36:34 sûres que le consentement est bien posé.
36:36 Donc ce sont des belles initiatives, dans un sens
36:38 parce qu'on sent qu'on veut vraiment respecter les uns les autres
36:40 mais moi je dois dire... - Coordinateurs d'intimité.
36:42 - Ça va être comme ça, oui. - Bientôt ce sera
36:44 "Santimity" Lisa. - Voilà. Mais bon, moi j'y crois
36:46 moyennement parce que je pense que en soi
36:48 ça pose problème, mais c'est quand même intéressant
36:50 et on voit qu'on a besoin de s'assurer que
36:52 ce qu'on regarde est fait dans des conditions qui soient
36:54 respectueuses. Parce que si ça ne l'est pas
36:56 en fait c'est grave. C'est-à-dire que le consommateur
36:58 devient d'une certaine façon
37:00 responsable aussi, parce qu'en tant que client
37:02 d'un produit qui est fait dans des
37:04 mauvaises conditions, ben... Oui j'ai ma part
37:06 de responsabilité. - Oui.
37:08 Non, ce que vous posez c'est un
37:10 grave problème parce qu'on est
37:12 beaucoup dans l'industrie du porno, des gens
37:14 qui en ont vécu, qui en ont
37:16 bien vécu et qui en sortent
37:18 pas du tout. Alors il y a effectivement toujours
37:20 comme partout, vous savez, comme
37:22 dans l'industrie de la chaussure ou de
37:24 la grand-distribution, vous avez les
37:26 esclaves et les serfs et les gens bien
37:28 et les gens qui s'en sortent. Mais je
37:30 voudrais vous poser une question parce qu'on arrive
37:32 sur votre exercice
37:34 de thérapeute. Est-ce que
37:36 hors antenne vous m'avez dit
37:38 il y a des gens et des jeunes
37:40 que je vois qui finissent par
37:42 préférer la femme idéale qu'ils voient
37:44 dans le film porno ou dans les feux à
37:46 la fille ou la femme qu'ils peuvent rencontrer
37:48 dans la vie ? - Oui, parce que pourquoi j'ai écrit ce livre ?
37:50 Parce que moi mon cabinet il est plein
37:52 à craquer d'hommes et de femmes qui ont des
37:54 problèmes dans leur vie sexuelle,
37:56 dans leur vie relationnelle, dans leur vie amoureuse
37:58 dues à la pornographie.
38:00 Une des réalités que je peux constater
38:02 ce sont des jeunes gens entre 18 et 30 ans
38:04 qui regardent du porno depuis qu'ils sont
38:06 enfants, 10 ans, 11 ans
38:08 et qui sont habitués
38:10 à ressentir de l'excitation sexuelle
38:12 sur un certain type de corps
38:14 on sait tous un peu trafiqués
38:16 mis en scène ou avec des filtres
38:18 etc. Et ils ne ressentent
38:20 plus d'attraction sexuelle
38:22 pour des vraies femmes de la vraie vie
38:24 ou des vrais hommes de la vraie vie.
38:26 Et ça, ça pose aussi problème parce que dans
38:28 la relation à l'autre, il n'y a pas cette dimension
38:30 sexuelle qui va venir. Autre chose
38:32 c'est que ça crée des dysfonctions sexuelles
38:34 et bien oui, les fameuses angoisses de performance
38:36 qu'on connaît bien nous les sexologues, c'est-à-dire que
38:38 cette industrie, quand on regarde ces images-là
38:40 - Quand on voit le type comment il performe
38:42 - Bah oui ! Et moi
38:44 je ne suis pas aussi performant
38:46 et j'ai peur de ne pas réussir
38:48 à faire comme aussi bien
38:50 et on sait bien que le pire ennemi dans la sexualité
38:52 c'est la peur. Si j'ai peur, plus rien
38:54 ne fonctionne. Donc c'est là que tout le monde a des dysfonctions
38:56 et la pornographie
38:58 a ce risque-là de générer
39:00 des angoisses, de la peur et du coup des dysfonctions sexuelles.
39:02 - C'est vrai Thérèse Argaud, mais heureusement
39:04 moi j'adore le tennis et je ne me prends pas pour Novak Djokovic.
39:06 - Voilà, peut-être que si
39:08 on comprend ça, ça va beaucoup
39:10 nous aider aussi à faire la part des choses, mais
39:12 vous êtes adulte et capable de faire la part des choses
39:14 et parfois quand on est enfant c'est difficile, parce que la question
39:16 de la comparaison, vous savez quand on se construit
39:18 on se construit par rapport à différents modèles
39:20 et finalement on n'a pas d'autres exemples de sexualité
39:22 enfin je veux dire on ne voit pas d'autres choses
39:24 donc comme ça s'impose comme l'unique modèle, ça a une influence
39:26 très importante sur nous.
39:28 - Bah ça veut dire parent, surveiller
39:30 et surveiller et éduquer vos enfants.
39:32 - Et renseignez-vous sur ce phénomène de société
39:34 ne pensez pas que c'est la même chose qu'à votre époque
39:36 ça a changé, il faut s'en intéresser.
39:38 - Je ne sais pas si le porno
39:40 détruit l'amour, je sais en tout cas
39:42 que tout le monde en regarde, Thérèse Argaud
39:44 a écrit un livre, en tout cas qui mérite
39:46 largement d'être lu. - Merci beaucoup en tout cas
39:48 d'avoir pris le temps de parler de ce sujet.
39:50 - Merci beaucoup d'avoir été avec nous André Bercoff, on vous revenait
39:52 demain de midi à 14h
39:54 comme d'habitude, tout de suite c'est Brigitte Leï
39:56 qui va vous parler de "Pourquoi l'amour c'est si compliqué"
39:58 oui ça c'est la question éternelle.
40:00 A demain sur Sud Radio.
40:02 - C'est Cécile de Manibus, je vous souhaite
40:04 une bonne année 2024 avec Sud Radio.
40:06 - Une bonne année avec Sud Radio.
40:08 - Sud Radio, parlons vrai.
40:10 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]