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00:00 [Musique]
00:09 Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie de vous retrouver dans The Good Talks.
00:14 J'ai le plaisir aujourd'hui d'accueillir Sophie Boissart, qui est directrice générale du groupe Clariane.
00:19 Bonjour Sophie.
00:20 Bonjour Émilie.
00:21 Merci d'être avec moi aujourd'hui.
00:23 Alors j'ai une première question.
00:24 Clariane, tout le monde ne connaît pas un corps.
00:27 Clariane, c'était anciennement le groupe Corian.
00:30 Est-ce que vous pouvez nous expliquer un petit peu ce changement de nom qui est assez récent ?
00:34 Clariane, en fait, c'est une communauté de 70 000 professionnels de santé, de soins,
00:40 qui œuvrent dans sept pays d'Europe auprès de personnes fragiles.
00:43 Alors effectivement, nous œuvrons auprès de personnes âgées sous la marque Corian,
00:48 auprès de patients chroniques avec des établissements sous la marque Inisséa,
00:53 à domicile avec la marque Petit Fils.
00:55 Et Clariane, finalement, c'est le nom communautaire que nous nous sommes choisis
00:59 pour rassembler toutes ces activités sous un chapeau commun
01:02 et pour marquer l'engagement et les valeurs communes qui nous unissent
01:06 autour de la confiance, de l'initiative et de la responsabilité,
01:09 qui sont finalement l'inspiration et les principes au nom desquels nous agissons tous les jours.
01:17 Alors, combien de collaborateurs, du coup, dans ce groupe ?
01:20 70 000 collaborateurs, et je devrais plutôt dire des collaboratrices,
01:23 puisque ce sont à 85 % des femmes,
01:26 comme souvent dans les métiers des services de soins et de santé.
01:30 Alors, le groupe est entreprise à mission, c'est ça ?
01:35 Depuis peu ? Depuis 2023 ?
01:38 Alors, c'est un chemin effectivement de transformation que nous avons engagé il y a deux ans,
01:42 en préparant au sortir du Covid un nouveau projet d'entreprise,
01:47 qui est bien nourri de tout ce qu'on a traversé et ce qu'on a appris aussi de ces épreuves parfois très difficiles.
01:56 Le projet d'entreprise s'appelle À vos côtés,
01:59 et il est d'une certaine manière la marque de ce que nous souhaitons porter,
02:03 c'est-à-dire la personnalisation du soin, de l'accompagnement dans toutes les situations de fragilité,
02:09 et aussi l'accompagnement, le développement de nos collaborateurs.
02:13 Symmétrie des attentions, À vos côtés, ça nous a mis en chemin pour nous dire,
02:17 on veut pas seulement avoir un projet d'entreprise, mais on veut vraiment l'inscrire dans les statuts de l'entreprise,
02:22 soumettre au vote de l'Assemblée Générale des Actionnaires,
02:26 et inscrire à la fois dans les statuts et dans les engagements que nous prenons,
02:32 la matérialisation de cet impact.
02:35 Avec un comité de mission du coup ?
02:37 Alors, avec trois choses en réalité, donc une mission inscrite dans nos statuts,
02:40 prendre soin de l'humanité de chacun dans les moments de fragilité,
02:45 trois éléments clés, le prendre soin, l'humanité de chacun et les fragilités,
02:51 des initiatives qui soutiennent cette mission avec cinq principes,
02:56 la considération, celle que l'on veut pour le patient, la personne accompagnée,
03:01 mais aussi celle que chacun d'entre nous attend comme collaborateur,
03:05 l'équité, vraiment l'assurance de traiter chacun de manière équitable,
03:11 et en particulier les collaborateurs dans leur développement dans l'entreprise,
03:15 l'innovation, puisqu'on sait à quel point dans le champ des métiers de la santé,
03:20 on peut faire, on peut, on doit faire mieux,
03:23 et le progrès médical fait aussi partie des engagements, des causes pour lesquelles nous engageons,
03:28 la proximité et la sobriété dans le contexte d'ensemble que nous connaissons.
03:34 C'est donc le deuxième socle, ces cinq engagements,
03:37 et nous avons choisi dix initiatives que nous voulons mener à bien dans les cinq ans qui viennent
03:43 pour finalement que ces principes s'incarnent.
03:47 C'est un fonds de solidarité pour les collaborateurs, c'est une ligne d'écoute pour les aidants,
03:53 c'est un engagement associatif dans chacune des communautés et des territoires dans lesquels nous sommes présents,
03:58 donc des choses très simples et qui parlent en fait à toute la communauté clériale.
04:03 Pour accompagner cela, donc à la fois la mise en œuvre de ces initiatives,
04:08 mais aussi la mesure de leur impact, et finalement nous aider à approfondir cette démarche,
04:14 nous avons mis en place un comité de mission,
04:17 qui est d'une certaine manière le contrepoids du conseil d'administration,
04:22 qui regroupe 14 personnes, une personnalité éminente et très engagée, en trois collèges.
04:29 Un collège qui est le collège des collaborateurs, un collège qui représente les patients et les résidents,
04:36 les personnes que nous accompagnons, et un collège de personnes hétéqualifiées,
04:41 dans lequel on a vestisseurs, des élus, des personnes du monde mutualiste,
04:47 ou des personnes qui oeuvrent à la tête d'associations, notamment dans le champ du handicap.
04:52 Et ce comité de mission, il est passionnant parce qu'il est européen,
04:56 et peut-être c'est un autre point important pour moi, que la Rennes est aussi société européenne,
05:00 on a adopté le statut de société européenne,
05:03 parce que le défi des fragilités du grand âge est un défi européen, un défi démographique,
05:09 un défi de santé publique aussi, avec les maladies chroniques qui se développent,
05:13 liées au mode de vie, à l'environnement aussi,
05:17 et d'une certaine manière on a cette chance de pouvoir être une communauté de soignants européens,
05:24 partageant une culture commune, des pratiques communes,
05:27 mais aussi beaucoup d'approches différentes,
05:30 et on peut prendre le meilleur finalement de ce que chaque communauté apporte,
05:34 en termes de prise en charge, en termes d'accompagnement, en termes d'innovation.
05:38 Et donc ce comité de mission, il reflète dans sa diversité de nationalités et de compositions,
05:47 il reflète aussi cet ancrage européen.
05:50 Pour moi c'est une instance très riche, et qui dialogue avec le conseil d'administration,
05:55 puisque le conseil d'administration qui a lui-même en son sein un comité dédié à l'éthique et aux politiques RSE,
06:05 en fait nous avons choisi avec le conseil d'administration, en composant le comité de mission,
06:12 de demander au président du comité, à l'administrateur qui préside ce comité RSE,
06:17 de siéger en observateur au sein du comité de mission.
06:20 Donc il y a un lien dans les deux sens, en fait, entre les travaux du comité de mission,
06:25 les interpellations du comité de mission, et le fonctionnement du conseil d'administration.
06:29 Vous avez trouvé que ça avait changé beaucoup de choses dans votre gouvernance, ce comité de mission ?
06:33 Alors je voudrais être très très humble, puisque le changement de statut,
06:38 vous comprenez, un chemin de réflexion stratégique, un chemin de…
06:42 Il date du 15 juin 2023, donc c'est vraiment tout ce qu'il y a là.
06:45 C'est la dernière assemblée générale annuelle.
06:48 Il a d'ailleurs été adopté, l'adoption de ce statut d'entreprise à mission a été adopté à 98,8%,
06:55 donc il a vraiment fait l'unanimité parmi les actionnaires votants.
07:01 Et donc évidemment la démarche est encore assez récente, mais en fait on était partie lancée,
07:06 on avait préfiguré le comité à la fin de l'année dernière, donc ça fait un an,
07:11 et on préside le comité de mission, le docteur Françoise Weber,
07:17 qui préside depuis maintenant 5 ans le conseil des parties prenantes françaises.
07:21 Donc ça fait 5 ans qu'elle connaît l'entreprise en étant la voix des patients, des résidents, des familles,
07:26 en France, qui est notre principal pays, et donc elle a d'une certaine manière pris appui sur cela
07:31 pour étendre sa vision et intégrer finalement tous les pays autour de la démarche.
07:39 Ils vont publier le premier rapport de mission,
07:43 les premiers chantiers ont vraiment été orientés autour de ces 5 piliers,
07:47 qu'est-ce que ça veut dire la considération, comment est-ce qu'on peut la mesurer,
07:51 ils nous ont challengés en disant finalement vous parlez de considération,
07:54 vous dites que vous mesurez, vous demandez à vos patients de répondre à une question simple,
08:00 comment vous sentez-vous considérés dans la prise en soin, dans l'accompagnement,
08:04 est-ce que ça suffit, est-ce que c'est précis, est-ce que vous êtes assez exigeant dans cette mesure-là,
08:11 qu'est-ce que vous en faites, comment, une fois qu'on vous dit oui/non, c'est quoi la suite ?
08:16 Donc ils ont vraiment des questions à la fois très pragmatiques et puis parfois très stratégiques,
08:21 en travaillant dans ces groupes de travail auxquels participent évidemment les membres du management
08:28 à la fois très opérationnels et puis du siège, pour avoir vraiment un dialogue.
08:33 Moi ce que je vois c'est que c'est une démarche très cadrante au bon sens du terme,
08:39 c'est-à-dire elle nous oblige vraiment à ne rien laisser au hasard
08:42 et à être juste dans les engagements que nous prenons, la mesure et à s'assurer que ça boucle.
08:49 Que ce soit cohérent en 360 et dans les détails quoi.
08:53 Et que quand on dit, je donne un exemple dans nos initiatives,
08:57 on a l'engagement d'offrir à 7000 collaborateurs chaque année dans le groupe,
09:05 donc 10% de l'effectif, l'accès à une formation diplômante,
09:10 pour vraiment avoir une démarche de promotion professionnelle par le diplôme à tout niveau.
09:15 Quand on pose ce chiffre des 7000 et quand on dit, c'est là-dessus qu'on s'engage, on sera audité.
09:22 Et si on n'atteint pas cet objectif, on met en jeu d'une certaine manière le statut d'entreprise à mission,
09:28 puisque c'est un organisme tiers indépendant.
09:31 On y réfléchit de fois, on se dit, est-ce que 7000, je vais pouvoir le faire ?
09:35 Comment je répartis mes 7000 dans les différentes filières professionnelles ?
09:41 Voilà, comment je m'assure de...
09:44 Chaque initiative est finalement sous-tendue par une politique et des engagements
09:51 qui ont des conséquences opérationnelles très concrètes.
09:54 Est-ce que ça venait nourrir un besoin de mesure de l'impact social de votre entreprise ?
09:59 Oui, absolument, mais cet été, ce besoin remonte un peu plus longtemps, à 5 ans.
10:05 En 2019, on a sorti notre première feuille de route extra financière à 5 ans.
10:12 Donc on a mis 2019-2023, mais d'ailleurs on arrive là au bout de ces premières 5 ans.
10:18 Et on avait choisi 15 indicateurs qui nous semblaient refléter notre impact,
10:23 en direction évidemment des patients, des résidents, des collaborateurs, des territoires,
10:27 dont nous sommes souvent l'un des premiers employeurs,
10:30 donc des acteurs très engagés dans la vie locale.
10:33 Et puis en direction évidemment de la planète et de tout l'écosystème de fournisseurs avec lequel nous travaillons.
10:40 Donc 15 indicateurs, 3 fois 5.
10:44 Et on s'est un peu lancé à l'époque en ayant finalement des capacités de mesure,
10:50 de définition des indicateurs et assez peu de points de repère,
10:53 puisque finalement il n'y avait pas beaucoup d'institutions dans notre secteur
10:57 avec telle diversité de territoires et d'activités avec lesquelles on pouvait se comparer.
11:02 Donc on manquait aussi un peu de points de repère.
11:06 Et au bout de ce cycle de 5 ans, et pourtant il s'est passé beaucoup de choses au cours des 5 dernières années,
11:11 à commencer par la période de pandémie qui a quand même été une période très chahutée,
11:17 dans laquelle tout s'est un peu arrêté pour se concentrer sur la pandémie.
11:23 Mais en fait on se rend compte que ça a construit un vrai chemin de progrès sur les politiques sociales,
11:27 sur la formation, sur la fidélisation, sur la mesure de la qualité technique des soins,
11:33 qu'à l'époque on savait qu'on était un peu rudimentaires.
11:37 Et aujourd'hui on a réussi à construire un indicateur de la qualité technique des soins
11:42 en prenant finalement 3 dimensions liées par exemple au nombre d'escarts acquises,
11:51 donc c'est ces plaies qui sont liées souvent à la station couchée
11:56 et à l'insuffisante mobilisation des patients ou à l'hygiène dermatologique insuffisante.
12:02 L'objectif c'est d'en avoir zéro, tendre vers zéro.
12:06 Et c'est vrai qu'on s'est dit qu'avec un tel indicateur,
12:09 qu'on est tout à fait en capacité de suivre partout,
12:12 on capture en fait la qualité de la prise en soin au quotidien de patients ou de résidents qui sont alités.
12:21 Donc voilà, on avait posé des bases en 2019 et année après année on franchit des capes.
12:30 Et puis avec la nouvelle directive européenne CSRD,
12:33 vous allez encore aller plus loin dans ces mesures-là j'imagine ?
12:37 Absolument, alors là on va entrer dans un cadre très ambitieux et très détaillé
12:43 dans lequel dans ces 160 ou 180 indicateurs qui sont pointés par l'acte délégué
12:51 qui vient avec la directive CSRD,
12:57 il va falloir qu'on choisisse au vu de notre double matrice de matérialité économique
13:03 et l'impact sur les tiers, quels sont les champs sur lesquels on va publier des indicateurs.
13:11 Donc c'est un gros travail, je pense qu'il faut d'ailleurs ne pas mésestimer le temps nécessaire
13:16 pour passer au peigne fin ces indicateurs, s'assurer qu'on choisit les bons
13:20 et que quand on les choisit, on sera effectivement capable de suivre.
13:23 Donc on est en train de faire cet état des lieux et l'analyse qu'on a aujourd'hui,
13:31 c'est qu'on est probablement prêt à 50%, ça veut dire qu'il nous reste encore 50% à achever de couvrir,
13:39 y compris en mettant nos systèmes d'information et de recueil des données en place.
13:44 C'est ça, c'est derrière, il y a toute une organisation opérationnelle.
13:47 On va pouvoir couvrir la quelques soixantaine d'indicateurs qu'il va falloir enseigner
13:53 dès la fin de l'exercice 2024.
13:55 Bon courage avec ça.
13:57 Merci Sophie Boissard d'être venue dans The Good Talks.
14:02 Merci beaucoup à vous.
14:03 [Musique]