• il y a 11 mois
Un mois et demi après des crues historiques, le Pas-de-Calais est à nouveau sous les eaux. Dans plusieurs communes, les habitants, impuissants, voient leurs maisons inondées. Certains écopent pour la troisième fois en quelques semaines. Comment expliquer ces crues qui s'enchaînent ? Tout a-t-il vraiment été mis en œuvre pour protéger les habitations ? Faut-il partir définitivement ? Reportage de nos envoyés spéciaux Fabrice Babin, Clément Granon avec Yves Couant, Stéphanie Zenati, Bertrand Séguier et Sophie Herbé.

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Transcription
00:00 Ce territoire est-il condamné ?
00:02 Les inondations à répétition sont-elles inévitables ?
00:07 À 35 km de là, le maire d'Andres ne veut pas baisser les bras.
00:16 Je vais vous emmener sur le cours d'eau.
00:21 Notre cours d'eau et après je vous emmène tout de suite sur la rivière Neuve.
00:23 Vous allez comprendre.
00:26 Ici, comme au mois de novembre dernier, l'eau s'est infiltrée partout.
00:30 Ça ici, c'est une pâture.
00:34 Normalement, il n'y a pas d'eau.
00:35 À 43 ans, Alain Turpin est un homme en colère.
00:40 Depuis des mois, il se bat pour que les fossés chargés de protéger sa ville
00:48 des fortes crues soient davantage entretenus.
00:50 Ça, ce sont des watergans.
00:53 D'accord ?
00:53 C'est quoi ?
00:54 Les watergans, ce sont des grands fossés, des très larges fossés
00:57 qui permettent de récupérer tout l'eau de rissellement des communes
01:01 qui sont en amont et en hauteur.
01:02 Ils servent à évacuer tout l'eau qui vient du bassin versant,
01:07 nos communes, vers la mer.
01:08 C'est-à-dire que si ce niveau n'est pas maîtrisé, si on ne baisse pas le niveau
01:12 l'hiver pour recevoir plus d'eau, ça déborde, on est inondé.
01:17 Depuis le début de la semaine, les niveaux d'eau dans ces watergans
01:22 sont extrêmement hauts.
01:24 Un niveau qui ne baisse pas en raison des nombreux branchages qui s'accumulent.
01:28 En novembre, quand la montée des eaux est arrivée,
01:32 ils étaient en train de curer ce watergan.
01:35 Ils étaient tout juste en train.
01:36 Ils n'avaient même pas fini.
01:37 La grue a été même retrouvée dans l'eau.
01:38 C'est-à-dire qu'on cure en novembre alors qu'en octobre, novembre,
01:42 on est déjà dans les grosses périodes de pluie.
01:44 Le maire pointe du doigt une inaction des services chargés de la gestion
01:49 des eaux dans le secteur, responsable selon lui de l'étendue des dégâts.
01:53 Je suis élu depuis 2014.
01:56 Ça fait depuis 2014 que je suis en colère parce que rien n'avance,
01:58 que ce soit sur les ruissellements qui viennent du bassin versant
02:01 ou que ce soit sur l'eau qui s'écoule vers la mer.
02:04 Dans les deux sens, il n'y a rien qui avance depuis que je suis élu
02:08 et encore plus en colère parce que les administrés
02:11 qui ont subi l'inondation en 2006 ne voient rien avancer non plus.
02:13 Donc oui, je suis en colère, extrêmement en colère,
02:15 parce qu'on ne nous apporte pas de réponse.
02:18 Les élus comme les habitants ne veulent plus attendre.
02:21 Dans ce quartier de Blandec,
02:24 après avoir passé des mois les pieds dans l'eau,
02:27 les sinistrés se sont rassemblés pour tenter de faire pression sur l'État.
02:31 Merci, monsieur le maire, d'être présent.
02:35 Normal.
02:36 On s'est réunis aujourd'hui tous ensemble dans notre quartier,
02:40 quartier de Blandec, très soudé et très solidaire.
02:47 Et on s'est réunis aujourd'hui parce qu'on fait le constat
02:49 que depuis le 6 novembre, on vit l'enfer.
02:52 Nos vies ont été bouleversées et nous, on souhaite vraiment
02:55 faire un appel au secours aux pouvoirs publics pour être aidés.
03:01 Beaucoup d'entre eux sont prêts à quitter les lieux
03:04 pour recommencer une nouvelle vie ailleurs,
03:07 à condition d'en avoir les moyens.
03:09 On aimerait pouvoir partir dignement.
03:12 C'est à chaque fois le travail d'une vie et pour d'autres,
03:16 c'était le début d'une vie.
03:17 Si après, l'État décide de, effectivement, raser certains quartiers
03:23 ou les aménager très sérieusement, on veut pouvoir être associés à cela.
03:28 Soit ils arrivent à nous protéger, tant mieux.
03:31 Soit ils arrivent, ils nous disent clairement, vous êtes improtégeable
03:35 et on vous indemnise à hauteur avant sinistre et partez la tête haute
03:41 et en sécurité.
03:44 La majorité des habitants de cette rue se considèrent désormais
03:47 comme des réfugiés climatiques et n'imaginent plus retourner
03:50 dans ces maisons, aujourd'hui gorgées d'eau.
03:52 Malheureusement, nous, on revient à la réalité en face
03:56 et la nature, surtout, nous rappelle à l'ordre.
03:58 Les éléments nous rappellent à l'ordre.
04:00 On n'a plus rien à faire ici.
04:01 Ensemble, ils ont l'intention de porter plainte contre l'État
04:08 pour mise en danger de la vie d'autrui.
04:12 [Musique]

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