• l’année dernière
Après avoir vécu plusieurs vies professionnelles, Bernard Pino a obtenu son diplôme de médecine en septembre dernier. Il exerce donc pour la première fois de sa vie... à 67 ans : le voilà médecin généraliste sur l'île de Sein, au large du Finistère.

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00:02 6h, 9h15, RTL Matin, avec Stéphane Carpentier.
00:08 C'est une très belle histoire que nous avions envie de partager avec vous avant Noël,
00:12 presque d'ailleurs un vrai conte avant ces fêtes, la belle aventure,
00:15 que nous racontait dans RTL Petit Matin, hier Alba Ventura, c'était son coup de cœur.
00:19 Aventure d'un homme passé par bon nombre de métiers
00:22 et devenu médecin généraliste à 67 ans.
00:26 Et en plus, pas n'importe où, sur une île made in Bretagne, l'île de Sein,
00:30 avec ses 286 habitants du Finistère.
00:33 Bonjour Bernard Pinot.
00:34 Bonjour.
00:35 Et donc bonjour docteur.
00:36 D'abord, est-ce que ça vous fait bizarre quand je dis bonjour docteur ?
00:39 Tout à fait, je commence à peine à m'habituer, depuis le mois de septembre, je suis officiellement docteur.
00:43 Donc c'est tout neuf, tout beau, et quand on m'appelle docteur, des fois je ne me retourne pas, bien sûr.
00:48 Pardon, mais qu'est-ce qui vous a pris à 67 ans, un âge où on peut se mettre sur pause,
00:52 être à la retraite, de devenir médecin ?
00:55 En fait, c'est une aventure qui a commencé à l'âge de 20 ans.
00:57 J'ai fait 6 années de médecine.
00:59 Et puis en sixième année, pour des raisons essentiellement financières, j'ai dû arrêter et travailler.
01:05 Et donc j'ai travaillé de bon cœur.
01:08 J'ai travaillé dans ce qui était à l'époque le numérique.
01:11 Et puis j'ai fait des enfants.
01:14 Après, ça a été un petit peu difficile de pouvoir reprendre médecine avec quatre enfants.
01:19 Donc j'ai assumé ma vie avec ma femme, surtout ma femme qui a assumé sa vie avec moi.
01:24 Et puis, quand la dernière a eu 12 ans, à ce moment-là, je n'étais plus à Lyon, j'étais à Brest.
01:30 On a décidé familialement de reprendre les études de médecine.
01:34 C'est-à-dire que quelque part, le virus était en vous ?
01:36 Oui, la question s'est posée régulièrement.
01:39 Tous les cinq ans, on me posait la question, est-ce que c'est possible maintenant ? Pas possible ?
01:43 Non, ce n'est pas possible.
01:45 Ce n'est pas possible, ok, on attend un petit peu.
01:47 Puis un jour, c'était à Noël d'ailleurs, il y a dix ans à peu près, c'était pendant les fêtes de Noël.
01:53 C'était le plus beau cadeau que j'ai eu, c'était simplement de dire "c'est bon, tu peux y aller mon gars".
01:57 Et donc là, j'ai décroché mon téléphone et j'ai appelé la fac de Brest.
02:00 C'est un gros faire des études de médecine en plus, ce n'est pas n'importe quoi.
02:04 À l'approche des 60 ans, donc à l'époque, ce n'est pas fou ça sur le papier ?
02:07 C'est ça, la question s'est posée, le doyen m'a demandé si c'était possible ou pas, si je me sentais capable et tout.
02:13 Et je vous avoue qu'à la fin de la première semaine, j'ai failli quand même décrocher,
02:17 puisque je n'arrivais à rien retenir, c'était impossible.
02:20 Et le dimanche soir en question, je me suis dit "lundi, c'est bon, je vais annoncer ma démission".
02:24 Et le dimanche, effectivement, le cerveau s'est mis à fonctionner de nouveau,
02:28 j'arrivais à retenir ce que je disais et j'ai tenté l'aventure.
02:32 C'est-à-dire qu'à ce moment-là, vous ne vous voyiez pas faire autre chose ?
02:35 Non, je ne me voyais pas faire autre chose.
02:37 Je suis vraiment très très très très bien, je suis vraiment à ma place, je ne les changerais pour rien au monde.
02:42 Je sais que je suis atteint par la limite d'âge au niveau physique, mais je vais en profiter pleinement.
02:47 C'est vraiment ce que je voulais faire et vraiment je me sens bien, je me sens vraiment très très très très bien.
02:52 Vous êtes un jeune médecin à 67 ans, sur l'île de Sein il y a 286 habitants dans le Finistère.
02:58 Ils disent quoi vos patients, vos malades quand ils vous voient ?
03:01 Alors, ils me connaissent déjà, ça fait deux ans que je fais des remplacements ici,
03:04 j'ai fait aussi un stage quand j'étais externe, donc avant l'internat.
03:09 Ils m'avaient déjà adopté.
03:11 J'étais une curiosité, puisqu'effectivement, ils ont l'habitude de recevoir des étudiants ici,
03:16 puisque le médecin docteur Mastias reçoit régulièrement des étudiants ici.
03:20 Elle m'a présenté en disant "voilà l'étudiant" et ils m'ont regardé vraiment comme si je venais de Mars.
03:28 On s'est habitués les uns aux autres, on s'est domestiqués, on s'est apprivoisés.
03:35 Je crois qu'ils m'aiment bien, ils m'aiment vraiment bien je pense et moi je les aime beaucoup.
03:40 La médecine elle a bien changé docteur, depuis vos études des années 70 et puis la version 2023.
03:45 Il a fallu s'adapter j'imagine.
03:47 Voilà, quand j'ai arrêté, il n'y avait pas de scanner, il n'y avait pas d'IRM, il n'y avait pas d'échographie.
03:51 Donc j'ai dû réapprendre la médecine avec ces nouveaux outils, quelques nouveaux médicaments,
03:56 parce que tout n'a pas changé, avec des nouveaux mots que je ne connaissais pas,
03:59 des découvertes qui avaient été faites que je ne connaissais pas, ça a été un peu compliqué.
04:02 Vous en sortez avec la carte vitale, avec le logiciel et tout ça ?
04:06 C'est plus compliqué.
04:08 Enfin, j'ai travaillé dans l'informatique depuis les années 80,
04:12 donc de ce côté-là, je ne suis pas dépassé.
04:14 Je tape avec tous mes 10 doigts dans le noir, je suis à l'aise informatiquement.
04:18 Mais j'avoue que les relations avec le codage Amélie, c'est quelque chose.
04:23 Est-ce que la famille a toujours validé vos envies ?
04:26 C'est-à-dire ce défi-là, madame elle est médecin scolaire si je ne me trompe pas.
04:29 Est-ce qu'ils ont toujours été derrière votre objectif ?
04:33 Oui, j'ai eu un soutien complet, total de la part de ma famille,
04:37 de la part de ma femme qui a dû faire un soutien non seulement moral mais financier.
04:41 C'est elle qui a assuré les 10 années financièrement.
04:44 Pour mes filles, ça a été vraiment du bonheur de me voir faire des études.
04:48 D'abord, j'ai changé parce que je faisais exactement ce que je voulais faire.
04:51 Et en plus de ça, pour elle-même, elle était aussi en études supérieures.
04:55 On avait les mêmes moments d'examens, on avait les mêmes préoccupations.
05:03 Et ça nous amusait beaucoup de nous demander mutuellement comment ça s'était passé,
05:08 telle épreuve ou telle épreuve.
05:10 Histoire géniale. 67 ans, vous êtes un jeune médecin généraliste.
05:14 Est-ce que ça veut dire que vous vous y voyez longtemps ?
05:17 J'ai mis la barre pour l'instant à 10 ans.
05:20 Si le corps suit, si intellectuellement ça suit, si les patients me suivent,
05:24 je resterai 10 ans. Un peu plus peut-être, mais à un moment donné j'arrêterai forcément.
05:29 Mais je n'irai pas grab à terre au cabinet avec des béquilles ou en chaise roulante.
05:35 Non, je ne ferai pas ça à mes patients.
05:37 Vous êtes un homme heureux.
05:38 Complètement. Ma femme m'a dit "tu as eu ton Everest, tu as gravi ton sommet".
05:43 Et je suis au sommet de l'Everest là et je suis vraiment très très heureux.
05:48 Docteur, vous êtes de garde ce week-end de Noël ?
05:50 En fait, à Saint-Ouen, on est de garde 24h/24.
05:53 7h/7. Donc oui, je suis de garde, bien sûr.
05:57 Merci Docteur Bernard Pinault sur RTL ce matin.
06:00 Ravis d'avoir partagé tout ça avec les auditeurs.
06:02 On vous souhaite le meilleur pour cette très belle aventure.
06:04 Merci beaucoup, bonne journée.
06:06 *Bruit de tonnerre*
06:06 Merci à tous !

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