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Les traumatismes silencieux de ses aïeux, les failles chez les héros, la sagesse de Nelson Mandela, sa rencontre inspirante avec Bruce Springsteen, ou encore, son rapport à la mort... Notre rencontre avec Roschdy Zem.

Dans "Une affaire d'honneur" de Vincent Perez, qui se dévoile aujourd'hui dans les salles obscures, l'acteur charismatique et césarisé incarne un maître d'armes, qui apprend à la féministe Marie-Rose Astié à manier l'épée.
Transcription
00:00 On a beau se dire, oui, aujourd'hui, le monde est plus violent, plus ceci, plus cela.
00:04 Non, c'est marrant, ça.
00:06 Il y a un esprit dans cette chambre.
00:09 Et je ne sais pas s'il est d'accord avec moi.
00:11 Quelle est votre définition de l'honneur ?
00:17 En fait, moi, quand je pense à l'honneur, je pense à mes anciens, plus qu'à moi.
00:23 Aujourd'hui, j'aurais du mal à dire ce que c'est que d'un point de vue plus personnel,
00:27 ce que c'est que de s'en prendre à mon honneur.
00:29 J'ai une souplesse et une tolérance par rapport à tout ça qui fait que...
00:32 Mais c'est vrai que je serais peut être un peu plus exigeant
00:37 et un peu plus alerte dès qu'il s'agirait de mes anciens, mes parents, mes grands-parents,
00:40 mes aïeux. Je pourrais me mettre en colère, peut être.
00:43 Oui.
00:44 Quels étaient les défis pour ce rôle ?
00:47 Il faut savoir que chaque fois qu'on découvre un scénario,
00:50 la première question qui vous vient à l'idée, c'est "Tiens, pourquoi moi ?"
00:55 Et puis, il y a ce rôle très beau, très fort, très intense,
00:59 qui devient très vite, en tout cas pour moi, une vraie gageur de l'interpréter.
01:04 Et le défi, c'est de l'interpréter avec finalement une particularité
01:09 qui concerne ce personnage, à savoir, peu de mots.
01:14 Donc, ça veut dire l'incarner dans son silence, dans ses regards,
01:17 dans ses doutes, dans ce qu'il peut suggérer.
01:21 Et c'est dans ses silences, dans ses regards que vous apportez.
01:24 On comprend que votre personnage est intraumatisé de la guerre.
01:28 Évidemment, j'aime interpréter des héros,
01:31 mais les héros ne sont intéressants à mes yeux, en tout cas,
01:34 que s'ils ont des failles, des blessures.
01:36 Sans être le personnage torturé, un peu la caricature qu'on peut imaginer,
01:41 c'est un personnage qui a une sagesse, qui a une dignité.
01:44 Et donc, ces traumatismes que vous avez évoqués, on les devine.
01:47 Mais en tout cas, il ne les expose pas.
01:48 Il n'est pas dans une forme de complaisance par rapport à ça.
01:51 Et ça, ça me plaît beaucoup parce que ça me renvoie à une génération
01:55 que je comparerais à celle de nos parents ou de nos grands-parents
01:59 qui ont vécu d'autres formes de traumatismes,
02:01 mais qui avaient aussi ce rapport à ça,
02:03 qui était une forme de dignité avant tout et surtout
02:07 une volonté de protéger les plus jeunes,
02:11 une volonté de transmission, mais d'autre chose,
02:13 pas de la partie sombre de leur existence.
02:17 Et si je vous demande, je ne sais pas, une personne, un artiste
02:21 qui incarne cette sagesse, vous pensez à qui ?
02:23 Il y a les personnages historiques.
02:25 Je pense à Mandela.
02:27 J'ai eu la chance de partager un moment avec Springsteen.
02:30 Il y a ça chez Springsteen, avec le parcours qui est le sien.
02:32 Il n'a véhiculé que des paroles de partage, d'échange et de don de soi.
02:38 Et c'est intéressant d'entendre ça chez quelqu'un qui a tout connu,
02:41 qui a tout obtenu, surtout, très important,
02:43 et de s'apercevoir que finalement, l'essentiel de l'existence
02:46 se situe dans l'échange et dans le partage.
02:48 Et quand j'entends ça de quelqu'un qui a le parcours
02:51 d'une rockstar internationale, ça me rassure et ça me conforce
02:55 dans l'idée que je peux me faire du rapport à l'existence
02:59 qu'on doit avoir, qu'on est supposé avoir.
03:02 Et dans le respect de l'autre, votre personnage,
03:04 il respecte aussi les femmes par rapport à d'autres hommes de cette époque.
03:08 Si ce personnage qui a une dimension héroïque,
03:12 si elle ne se situait que autour de la discipline du combat et des duels,
03:17 on était peut-être dans une narration, peut-être un peu classique, ordinaire.
03:21 Et là où réellement il a, pour moi, une dimension héroïque,
03:25 c'est dans cette main tendue qu'il a envers le personnage de Astier,
03:29 qui est interprète de Rattilié, et qui est donc un précurseur,
03:33 une visionnaire du féminisme.
03:36 Le personnage de Rattilié, d'ailleurs, a une réplique très jolie à un moment
03:39 où elle dit que ce que vous avez en commun, elle et votre personnage,
03:42 c'est votre peur irraisonnée de la mort qui vous empêche d'aimer.
03:46 Est-ce que vous pensez que la peur de la mort peut empêcher d'aimer ?
03:50 Est-ce que moi je pense ça ?
03:51 D'abord, est-ce qu'il ne serait-ce qu'une seule fois
03:54 je me suis posé cette question, je ne suis pas sûr.
03:56 Mais je n'ai pas peur de la mort.
03:57 D'un point de vue personnel, j'ai peur de la mort des autres, forcément.
04:00 La mienne, en tout cas, peut-être que quand l'heure approchera,
04:05 je pense qu'effectivement, je serai confronté à la peur.
04:07 Et est-ce que pour autant, ça m'empêcherait d'aimer ?
04:09 Je ne suis pas sûr, mais j'aime bien cette dimension romanesque,
04:12 en tout cas, qu'ont les personnages.
04:14 Ce sont des personnages qui sont confrontés à une époque
04:16 qui est beaucoup plus violente.
04:18 On a beau se dire, oui, aujourd'hui, le monde est plus violent,
04:21 plus ceci, plus cela.
04:23 Non, c'est marrant, ça.
04:25 Il y a un esprit dans cette chambre.
04:26 Et je ne sais pas s'il est d'accord avec moi.
04:29 Je ne sais pas ce que ça veut dire.
04:31 Attendez, je regarde juste quel est le livre qui est apparu.
04:33 Je lis le titre, si vous permettez.
04:36 Le titre, c'est "Ce qu'a vu le vent de Ouest".
04:40 Bon, non, ça ne parle pas.
04:41 Il s'agit d'un rôle historique.
04:43 Vous en avez joué d'autres.
04:43 Quel rôle, qui s'inscrit dans quelle période,
04:46 vous intéresserez de jouer maintenant ?
04:47 C'est une bonne question.
04:48 Je ne sais pas, peut-être.
04:52 J'aime bien les films d'anticipation.
04:53 Pas qui se déroulerait en 3100,
04:56 mais qui se déroulerait en 2045 ou en 2050,
05:00 c'est-à-dire juste 20, 30 ans.
05:01 Il y a parfois des bonnes fictions là-dessus.
05:04 J'ai beaucoup aimé la série qui s'appelle "Black Mirror".
05:07 Et là, avec ce qui se passe aujourd'hui
05:09 autour de l'intelligence artificielle,
05:11 c'est intéressant d'essayer d'imaginer les conséquences de tout ça.
05:13 Évidemment, c'est intéressant que si on imagine une dystopie.
05:16 [Musique]

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