Loi Immigration : «C'est un texte nécessaire pour protéger les Français», estime Bruno Le Maire

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Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique de la France, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de l'adoption de la loi Immigration, d'Emmanuel Macron qui a décidé de saisir le Conseil Constitutionnel, des départements de gauche qui affirment qu’elles n’appliqueront pas la loi et de ses différents avec la Première ministre.
Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews de Sonia Mabrouk" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
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Transcript
00:00 [Générique]
00:05 Place donc à la grande interview sur CNews et Europe 1. Bonjour Bruno Le Maire.
00:09 Bonjour Sonia Mabrouk.
00:10 Bienvenue. Merci de votre présence.
00:12 Vous êtes le ministre de l'Économie, des Finances, de la Souveraineté industrielle et numérique.
00:16 Hier, Bruno Le Maire, le président de la République, a affirmé que le texte sur l'immigration constituait le bouclier qui nous manquait.
00:23 Et en même temps, il a évoqué les protestations légitimes des uns et des autres dans sa majorité.
00:28 Il a cherché à rassurer la gauche.
00:30 Alors clairement, ce matin, est-ce que vous assumez, oui ou non, le texte sur l'immigration ?
00:35 C'est un très bon texte.
00:37 C'est un texte de fermeté.
00:39 C'est un texte de justice.
00:41 C'est surtout un texte nécessaire pour protéger les Français.
00:45 Ce texte, je le soutiens à 100%.
00:48 Vous avez aujourd'hui en France un certain nombre d'étrangers qui sont en situation irrégulière et qu'on n'arrive pas à faire quitter le territoire.
00:55 Ce texte va permettre d'accélérer l'exécution des obligations de quitter le territoire français.
01:00 Vous avez des personnes qui ont été condamnées pour des crimes, pour des délits que vous ne pouvez pas expulser.
01:05 Vous allez pouvoir les expulser.
01:07 Vous avez une multitude de recours qui empêchent de faire quitter le territoire une personne qui est indésirable sur notre territoire.
01:13 Désormais, avec ce texte, elle pourra, elle devra quitter le territoire.
01:17 C'est un texte de protection des Français.
01:19 Il était indispensable.
01:21 Il a mis du temps.
01:23 Il a fallu échanger, discuter. La majorité a été impeccable dans son soutien et dans sa détermination.
01:29 Impeccable dans son soutien ? La majorité ?
01:31 Oui, bien sûr. C'est un texte qui est difficile.
01:32 Impeccable ?
01:33 Je trouve qu'elle a été impeccable.
01:36 La majorité est quasiment en état de crise de nerfs.
01:39 Le président de la commission des lois, Sacha Ollier, n'a pas voté.
01:42 On attache beaucoup d'importance aux positions minoritaires de certains dans la majorité.
01:48 Moi, je regarde les chiffres.
01:50 Je regarde la dureté des débats.
01:52 Et je constate que, comme sur beaucoup de sujets, la seule formation politique qui fait front, qui tient bon,
01:59 que ce soit sur la réforme des retraites, sur la réforme de l'assurance chômage, sur tous ces textes difficiles et sur l'immigration, c'est la majorité.
02:07 Et je rends un hommage appuyé à tous nos députés, y compris à ceux qui, parfois, sur une mesure, sur une autre,
02:13 pour avoir des doutes, mais qui, au bout du compte, ont fait bloc derrière Gérald Darmanin,
02:17 derrière la première ministre, derrière le président de la République,
02:20 pour adopter ce texte dont je redis qu'il est nécessaire pour protéger nos compatriotes.
02:23 – Et j'ai noté que vous avez dit, Bruno Le Maire, que vous le soutenez à 100%.
02:26 Ça veut dire très clairement qu'il n'y a aucune mesure dans ce texte qui vous gêne,
02:29 contrairement au président de la République hier, qui a clairement dit, par exemple,
02:33 sur la caution pour les étudiants étrangers, que ça ne lui allait pas.
02:37 Vous, c'est 100% ?
02:38 – Moi, c'est 100% du texte.
02:40 Il y a des dispositions que je juge indispensables.
02:43 J'ai parlé des dispositions de fermeté, elles sont indispensables.
02:47 On pourrait parler de dispositions sur l'acquisition de la nationalité.
02:49 Il me paraît naturel, quand on est enfant né en France de deux parents étrangers,
02:55 de manifester sa volonté d'adhérer à la nation française,
02:58 parce que la nation française, c'est une grande nation,
02:59 avec des valeurs, avec une histoire, avec des principes.
03:02 Donc, on demande de manifester cette volonté d'adhérer à la nation française.
03:06 Ça me paraît une bonne chose, ça me paraît une chose juste.
03:08 Après, il y a des dispositions qui me paraissent moins nécessaires que d'autres.
03:11 La disposition que vous mentionnez sur la caution,
03:14 ça ne me paraît pas la disposition la plus indispensable du texte.
03:16 Je le reconnais bien volontiers.
03:18 Mais l'équilibre global du texte, c'est un message de fermeté et un message de justice.
03:23 Il me paraît bon et il doit être préservé.
03:25 Mais alors pourquoi l'exécutif ne rêve que de voir le Conseil constitutionnel
03:30 retoquer les mesures durcies par la droite ?
03:32 Je vous propose du tout.
03:33 Monsieur le ministre, Elisabeth Borne l'a dit très clairement.
03:36 Hier, le président n'a pas fait...
03:39 C'était assez clair aussi.
03:40 Est-ce que vous comptez sur les sages pour tout retoquer ?
03:43 Moi, je compte sur le Parlement et je compte sur le peuple français.
03:46 Comme responsable politique, c'est toujours été ma ligne de conduite.
03:49 Les Français demandent de la fermeté en matière de contrôle des flux migratoires.
03:54 Nous venons, dans cette semaine, de marquer deux points majeurs
03:58 pour garantir la fermeté sur le contrôle de l'immigration.
04:01 Le premier point, c'est le texte qui a été adopté à l'Assemblée nationale
04:05 grâce au travail des parlementaires,
04:07 grâce au travail de Gérald Darmanin, de la première ministre
04:09 et à l'engagement du président de la République.
04:11 Étrange, pardonnez-moi, dans votre liste, vous ne citez pas les artisans du texte.
04:15 Mais les artisans du texte...
04:16 C'est les Républicains, c'est Bruno Rotailleau, c'est Eric Stutthof.
04:18 Depuis tout à l'heure, on ne passe pas un mot sur ceux qui ont présenté finalement la copie finale.
04:22 Tant mieux que sur ce texte, les Républicains aient fait preuve de cohérence et d'unité.
04:26 Ils ont tous voté, les 62 députés.
04:28 C'est une très bonne nouvelle et je salue ce vote.
04:31 Mais je suis obligé de reconnaître aussi que l'initiative du texte
04:35 pour renforcer les règles sur l'immigration, le contrôle de l'immigration illégale
04:41 et l'exclusion des personnes qui n'ont pas resté sur notre sol
04:45 vient du président de la République, de la majorité, du ministre de l'Intérieur et de la Première ministre.
04:49 Premier point que nous avons marqué, ce texte.
04:51 Deuxième point important qui a été marqué, le pacte immigration-asile
04:55 qui a été adopté à l'Union européenne, qui va nous permettre de mieux contrôler...
04:59 Qui prévoit une répartition des migrants dans les différents pays.
05:01 Qui prévoit surtout, c'est un mot, quelque chose de très important.
05:04 C'est que lorsque des étrangers se présentent aux frontières de l'Union européenne pour la première fois,
05:09 d'ailleurs ça paraît un peu surréaliste que ça n'ait pas existé avant,
05:12 mais on va pouvoir échanger l'intégralité des données pour avoir une meilleure connaissance
05:16 de l'ensemble de ces personnes qui se présentent aux frontières
05:18 et éviter les abus que nous connaissons aujourd'hui.
05:22 Donc c'est aussi un texte de renforcement.
05:24 Donc avec ces deux piliers, la loi nationale et le texte immigration-asile au niveau européen,
05:30 j'espère que nous apporterons des réponses plus fermes à ce défi migratoire.
05:34 Donc on voit bien M. Mabrouk qui est en train de déstabiliser toutes les nations européennes.
05:37 Encore faut-il que la loi soit appliquée.
05:39 Vous avez les départements de gauche, 31 départements de gauche,
05:42 qui affirment qu'elles n'appliqueront pas la loi,
05:44 qu'elles n'appliqueront pas les nouvelles règles de versement de prestations sociales,
05:47 en particulier la fameuse APA, c'est l'aide personnalisée autonome.
05:51 Est-ce que c'est une véritable offrande ?
05:53 Est-ce qu'on peut en France ne pas respecter la loi au nom, entre guillemets, de ses valeurs ?
05:58 Non.
06:00 Et qu'est-ce qui va se passer s'ils vous tiennent tête ?
06:03 La loi s'impose à tous, surtout quand on est élu, on est élu par le peuple français.
06:08 Ces lois sont adoptées par le peuple français,
06:11 par les représentants du peuple français,
06:13 qui sont dépositaires de la souveraineté nationale.
06:17 Donc c'est très sympathique de mettre la main sur le cœur et de dire "je vais m'opposer".
06:21 Mais il y a une démocratie, il y a un peuple,
06:23 il y a des représentants du peuple et il y a une souveraineté populaire.
06:27 Et je pense qu'il est bon que tout le monde respecte les décisions de la souveraineté populaire,
06:31 en particulier les élus.
06:33 Vous avez entendu aussi Annie Dalgo, François Hollande, Martine Aubry,
06:37 et d'ailleurs c'est un orchestre sur les valeurs et les vertus morales
06:41 qu'ils vous donnent à vous tous.
06:42 Mais quelles valeurs ?
06:43 Ecoutez, celle qui défend dit qu'ils affirment que c'est la solidarité et l'humanité
06:47 et que vous en seriez dépourvus.
06:50 Mais vous pensez que c'est l'humanité de dire à nos compatriotes
06:53 que des personnes étrangères qui sont sur notre sol
06:56 et qui doivent quitter le territoire français ne le quittent pas ?
07:00 Ça s'appelle le laxisme, ça ne s'appelle pas l'humanité.
07:04 Vous pensez que c'est l'humanité de laisser déstabiliser
07:06 toutes les nations européennes comme c'est le cas aujourd'hui
07:09 par des flux migratoires qui ne sont pas contrôlés,
07:12 de laisser faire des passeurs qui sont des vendeurs de mort et des vendeurs de misère ?
07:15 Ce n'est pas l'humanité, c'est l'aveuglement.
07:18 Vous pensez réellement que c'est l'humanité de dire que
07:21 une personne qui arrive sur notre sol doit immédiatement
07:23 toucher des prestations non-contributives,
07:26 comme les aides personnalisées au logement,
07:28 alors même que beaucoup de nos compatriotes ont du mal à se loger ?
07:31 Ce n'est pas de l'humanité, c'est de l'inconscience.
07:34 Toutes ces personnes-là sont responsables de la montée du rassemblement national dans notre pays.
07:40 Mais quand on a la main sur le cœur et qu'on fait preuve de sens de l'irresponsabilité,
07:46 la main sur le cœur pour les autres, mais jamais pour nos compatriotes.
07:50 C'est ce qu'a dit hier aussi en substance Emmanuel Macron,
07:52 il a dit que dans les quartiers populaires, justement,
07:55 les populations peuvent subir les conséquences d'une migration mal maîtrisée.
07:59 C'est l'humanité à recevoir de la part de tous ceux qui sont responsables
08:03 de la montée des extrêmes dans notre pays.
08:04 Je voudrais juste qu'on pense à nos compatriotes qui ont du mal à se loger,
08:08 qui ont du mal à gagner leur vie, qui ont besoin d'aide sociale,
08:12 qui ont contribué à ces aides sociales et qui disent
08:13 "mais nous ce qu'on n'arrive pas à comprendre, on n'est pas xénophobe,
08:16 les Français ne sont pas xénophobes, on est accueillants, les Français sont accueillants".
08:20 On dit juste que pour avoir accès à une aide sociale
08:24 qui est financée par la Contribuable Française depuis des années,
08:26 il faut peut-être être resté un peu plus longtemps sur le territoire.
08:29 Nous disons juste, et ça me paraît légitime,
08:33 que ceux qui travaillent peuvent avoir accès plus rapidement aux aides sociales
08:37 parce qu'ils contribuent au bon fonctionnement de la nation française
08:39 et à la création de prospérité.
08:41 Mais ça n'a rien à voir avec ta préférence nationale.
08:44 Mais absolument rien.
08:45 C'est difficile de ne pas voir ce qui est au centre du débat.
08:47 Pourquoi ce mot est-il tabou ? Cette expression est-elle tabou ?
08:51 Parce qu'il n'y a pas de préférence nationale dans ce texte
08:57 et que je ne suis pas favorable à une préférence qui tiendrait compte
08:59 de la nationalité de l'origine.
09:01 Je dis juste que nous avons un modèle social,
09:04 que ce modèle social est très généreux,
09:07 qu'il protège tous ceux qui sont sur notre sol
09:09 et qui contribuent à la richesse, à la prospérité dans notre pays.
09:14 Prenez l'exemple des APL, des aides pour le logement.
09:17 Nous faisons une distinction entre ceux qui travaillent,
09:20 qui ont accès plus vite à ces aides pour le logement,
09:22 et d'autres qui ne travaillent pas et qui vont mettre 5 ans pour avoir accès à ces aides.
09:26 Ce n'est pas de la préférence nationale,
09:28 c'est tout simplement de la justice et de la légitimité.
09:31 Pendant ce temps, Bruno Le Maire, en plein texte sur l'immigration,
09:34 le président du Medef, Patrick Martin, estime,
09:37 et on va voir sa déclaration,
09:39 que l'économie va avoir massivement besoin de travailleurs étrangers.
09:42 Il affirme, je cite, que 3,9 millions de salariés étrangers
09:46 seront nécessaires d'ici 2050,
09:49 sauf, dit-il, à réinventer notre modèle social et économique,
09:52 comme ce n'est pas pour demain.
09:53 Une telle déclaration, c'est une provocation ?
09:57 Non, je pense que Patrick Martin a parfaitement raison,
09:59 nous devons réinventer notre modèle social et économique.
10:01 Mais ce n'est pas le cœur de sa déclaration.
10:04 Vous voyez le verre à moitié plein, je vous pose la question.
10:06 Le cœur de ma déclaration est très simple,
10:08 formons tous ceux qui sont sur notre sol et qui n'ont pas de travail.
10:11 Ma question, c'est est-ce que nous aurons besoin de ces 3,9 millions de travailleurs étrangers ?
10:14 Je pense qu'on a surtout besoin, dans l'immédiat, de former, de qualifier
10:17 toutes celles et tous ceux qui sont présents sur notre sol,
10:19 qui n'ont pas de travail, qui en cherchent, qui n'ont pas les bonnes qualifications.
10:22 Moi, vous savez, je suis un garçon basique.
10:24 Je constate qu'il y a des centaines de milliers d'emplois non pourvus
10:26 et qu'il y a encore des millions de chômeurs.
10:28 Donc formons et qualifions les chômeurs qui sont sur notre sol
10:31 avant de faire appel à l'immigration.
10:33 Un bon entendeur donc pour M. le Président du MEDEF ?
10:36 On peut avoir des vues différentes, il est dans son rôle.
10:39 Il insiste sur la réinvention de notre modèle social et économique,
10:42 il a parfaitement raison, c'est ce que je porte depuis près de 7 ans
10:45 avec le Président de la République.
10:47 Et je pense qu'un bon modèle social, c'est celui qui va chercher
10:50 toutes celles et tous ceux qui sont éloignés de l'emploi,
10:52 qui ont connu des accidents dans la vie, qui ont du mal à s'en sortir,
10:55 qui n'ont pas forcément la bonne formation et la bonne qualification,
10:57 pour leur dire "on va vous accompagner",
10:59 c'est ce que nous allons faire avec France Travail,
11:00 et on va vous permettre de retrouver un emploi.
11:02 Moi, je me méfie toujours, c'est la main brouke, des solutions de facilité.
11:06 Je trouve que dire "on va laisser des centaines de milliers de gens
11:09 qui sont sur notre sol, qui sont dans la difficulté,
11:11 qui n'arrivent pas à trouver un emploi, qui se débrouillent
11:13 et puis on va ouvrir tout grand nos frontières
11:15 pour les besoins de l'économie française", je suis désolé.
11:17 Ça peut être le marchepied du R.L. ?
11:19 Ce n'est pas ma conception de la nation française,
11:20 ce n'est pas ma conception de l'économie,
11:22 et ce n'est pas ma conception de notre modèle social
11:24 auquel je suis profondément attaché.
11:26 Sur le front des prix, Bruno Le Maire, l'inflation,
11:29 nous sommes à trois jours du réveillon,
11:30 nous avons vécu deux ans d'augmentation des prix quasi non-stop.
11:34 Est-ce que vous diriez vraiment clairement ce matin
11:36 que l'inflation est totalement derrière nous ?
11:38 Vous avez déjà dit que nous sommes en train de sortir de la crise,
11:42 est-ce que l'inflation est derrière nous ?
11:43 Je dirais trois choses.
11:44 La première, c'est que ça reste très dur pour beaucoup de nos compatriotes.
11:47 Et que ça reste pour moi la question des salaires et des prix,
11:50 la question prioritaire pour le ministre de l'économie.
11:53 Parce qu'il y a beaucoup trop de gens pour lesquels ça reste difficile.
11:56 Je vous dirais une deuxième chose, la crise inflationniste,
11:58 je le confirme, est derrière nous.
12:00 Ces prix qui flambent, qu'on a connus au cours des deux dernières années,
12:03 c'est derrière nous, nous serons sous les 3% d'inflation en 2024.
12:06 Mais pas un retour des prix d'avant-crise.
12:08 Non, pas un retour des prix d'avant-crise,
12:09 vous ne pourrez pas non plus,
12:11 comme le président de la République a parfaitement dit hier,
12:12 revenir aux salaires d'avant-crise.
12:14 Tout a augmenté, nous ne reviendrons pas aux prix d'avant-crise,
12:17 mais il y aura un ralentissement très marqué de l'inflation,
12:21 qui sera sous les 3% en 2024.
12:23 Et je dirais aussi une troisième chose,
12:24 pour être tout à fait honnête et complet,
12:27 parce que nous relocalisons des activités,
12:29 parce que la décarbonation de notre économie coûte cher,
12:32 il est probable que le niveau d'inflation structurelle
12:35 sera un peu plus élevé que ce qu'il était avant la crise du Covid.
12:38 Le niveau d'inflation structurelle, ça donne quoi ?
12:40 Pardonnez-moi d'être un peu direct sur le ticket de caisse,
12:43 qu'est-ce qui va se passer concrètement ?
12:44 Ça veut dire qu'on a connu des niveaux d'inflation
12:47 autour de 1%, voire quasi nul,
12:49 et qu'on aura des niveaux d'inflation qui seront
12:51 de manière plus constante, autour de 2%
12:54 au lieu d'être autour de 1%.
12:55 Dans l'actualité, la vente d'une partie des magasins,
12:58 en tout cas en train d'être négociée,
12:59 de l'enseigne Casino, à Auchan et Intermarché,
13:01 inquiète d'abord fortement aussi les salariés.
13:04 Comment les rassurer aujourd'hui, Bruno Le Maire ?
13:07 Quelle garantie est-ce qu'on peut apporter ?
13:09 D'abord en les recevant,
13:10 je pense que c'est le moins qu'on leur doit.
13:12 J'ai reçu les syndicats de Casino il y a une semaine,
13:14 je les recevrai à nouveau aujourd'hui.
13:17 Pour leur dire que la protection de l'emploi
13:19 est ma priorité absolue.
13:21 Il y a un certain nombre d'hypermarchés et de supermarchés
13:23 qui vont être cédés de Casino à Intermarché et Auchan.
13:25 J'ai reçu hier les dirigeants d'Intermarché et d'Auchan.
13:27 Je leur ai dit "écoutez, moi je vous demande une seule chose,
13:30 vous devez préserver l'emploi".
13:32 Ils ont pris des engagements.
13:33 Je veillerai à ce que ces engagements soient tenus.
13:36 Si jamais il y a des emplois qui sont menacés
13:38 dans un hypermarché...
13:39 Comment vous allez veiller à ce que les engagements soient tenus ?
13:40 Je reçois, je veille à ce que ce qui a été dit soit respecté.
13:44 Je le fais à chaque fois et cela donne des résultats.
13:47 Il faut que l'emploi soit préservé.
13:49 La deuxième chose, c'est au-delà des hypermarchés et du supermarché,
13:53 la question des dépôts sur lesquels il peut y avoir
13:55 des difficultés particulières.
13:57 Et soyons très lucides, la vraie difficulté
13:59 elle est sur le siège de Saint-Etienne.
14:00 Pourquoi ? Parce que si au moment où c'est des hypermarchés,
14:03 supermarchés, Intermarché et Auchan,
14:06 dont les centres ne sont pas localisés à Saint-Etienne,
14:09 cela pose une difficulté très concrète sur le siège de Saint-Etienne.
14:12 Il faut qu'on focalise nos efforts désormais
14:14 sur le siège de Saint-Etienne.
14:15 Et puis Casino fait partie quand même d'un imaginaire, d'un patrimoine.
14:18 Donc la question interroge plus largement tous les Français.
14:21 Deux questions rapides, si je peux dire, d'actualité, mais importantes.
14:23 Bruno Le Maire, la Banque de France a baissé de 0,1 point
14:26 sa prévision de croissance pour 2023. Est-ce justifié ?
14:29 Moi, je maintiens les prévisions de croissance pour 2023 à 1%,
14:33 pour 2024 à 1,4%.
14:34 Je constate d'ailleurs, je rentre tout juste de New York.
14:36 J'ai vu tous les investisseurs américains,
14:38 toutes les grandes banques d'investissement.
14:39 Qu'est-ce qu'ils m'ont dit ?
14:41 Le lieu pour investir aujourd'hui en Europe, c'est la France.
14:44 Je voudrais juste qu'on soit capable de regarder la France
14:46 avec des yeux extérieurs pour s'apercevoir à quel point
14:49 ce que nous avons réussi à accomplir sur le plan économique,
14:52 sur le plan social, sur le plan financier,
14:54 rend notre nation attractive pour les investisseurs.
14:57 Il faut poursuivre, décupler nos efforts,
14:59 faire venir de l'emploi et des investissements sur notre territoire.
15:02 Sur la scène européenne, vous vous êtes félicité d'un accord
15:04 sur les nouvelles règles du Pacte de Stabilité de Croissance.
15:06 Alors, quand j'ai vu votre vidéo sur les réseaux sociaux,
15:08 vous vous êtes félicité pour l'Europe.
15:10 Mais quand est-ce qu'on se félicite pour la France ?
15:12 Je suis félicité pour les deux et les deux vont ensemble.
15:15 C'est bien pour la France.
15:16 Oui, on est dans la même zone euro quand vous allez en Italie,
15:19 en Espagne ou en Allemagne, vous payez en euro.
15:21 Donc c'est bien d'avoir des règles qui vont nous permettre
15:23 de renforcer cet euro.
15:24 On en a bien eu besoin pendant la crise du Covid.
15:26 Et c'est surtout bien d'avoir des règles nouvelles
15:28 qui vont enfin reconnaître pour la première fois depuis 30 ans
15:31 que c'est bien de faire des investissements
15:33 dans la transition climatique ou dans la défense
15:35 et que c'est bien de faire des réformes de structure.
15:37 Le véritable acquis de cette réforme,
15:39 c'est que pour la première fois, on dit écoutez,
15:41 c'est bien d'avoir des comptes publics bien tenus,
15:43 mais il y a des besoins d'investissement qui sont considérables.
15:45 À qui on le dit ? À nous-mêmes ?
15:47 Avec les 3 000 milliards de dettes publiques en France ?
15:49 Il faut le dire à tous les états membres de la zone euro.
15:51 C'est ce qui fait la stabilité de l'euro.
15:53 Il faut le dire à nous-mêmes et l'appliquer à nous-mêmes.
15:55 Croyez-moi, j'aurai l'occasion de m'exprimer
15:57 au début d'année 2024 avec le ministre des Comptes publics.
16:00 Nous sommes fermement déterminés à prendre les décisions nécessaires
16:03 pour tenir notre trajectoire de finances publiques.
16:05 Nous arrivons presque au bout, quasiment au bout de cet entretien.
16:07 C'était l'entretien d'avant nomination à Matignon.
16:12 La prochaine fois que je vous recevrai,
16:13 Bruno Le Maire, qu'est-ce que je dois dire ?
16:14 Bonjour, Monsieur le Premier ministre.
16:15 C'était l'entretien d'avant vacances de Noël bien mérité et en famille.
16:20 Et vous aviez un mot d'excuse hier pour ne pas participer au dîner à Matignon
16:24 autour d'Elisabeth Borne, un de vos émunis ?
16:26 Je suis à l'étranger pour défendre l'attractivité du territoire français.
16:30 J'ai quatre enfants, j'ai une femme et j'aime bien retrouver ma femme et mes enfants.
16:34 De temps en temps, il y a des obligations officielles
16:35 auxquelles on se soustrait pour sa famille.
16:37 Donc l'attractivité de la France et de la famille
16:39 passe avant l'attractivité de la première ministre ?
16:41 Non, ça veut tout simplement dire, quand vous rentrez après cinq jours de voyage,
16:44 vous êtes bien content de retrouver votre famille.
16:46 Et je pense que la première ministre l'a parfaitement compris.
16:48 J'ai eu l'occasion d'échanger avec elle.
16:49 Merci, Bruno Le Maire. Merci à vous.

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