Valérie Toureille historienne et conseillère historique pour "l'Affaire Jeanne d'Arc"
Antoine Pluvy, professeur d'histoire géographie au collège Dunois, à Orléans
Antoine Pluvy, professeur d'histoire géographie au collège Dunois, à Orléans
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00:00 Il est 8h moins 10, l'histoire de Jeanne d'Arc, à nouveau au cœur d'un film, un
00:05 docu-fiction d'ailleurs, sera diffusé sur France 2 ce soir Clémentine.
00:08 Oui, sous forme de film d'animation, l'affaire Jeanne d'Arc ressemble un peu à un jeu vidéo.
00:14 On suit l'enquête menée 25 ans après la mort de la pucelle d'Orléans, une enquête
00:18 de l'église sur sa réhabilitation.
00:20 Et peut-être que vous allez le regarder ce docu-fiction avec vos enfants ou vos petits-enfants.
00:25 Est-ce que vous trouvez que ce type de films sont un bon support pédagogique ? On en
00:29 discute maintenant avec vous par téléphone, vous êtes nos témoins de l'actu.
00:32 02 38 53 25 25 pour nous rejoindre.
00:35 Bonjour Antoine Pluvie, professeur d'histoire-géo au Collège du Noys à Orléans.
00:40 Déjà, est-ce que vous allez regarder ce documentaire ce soir sur France 2 ?
00:43 Oui, je vais le regarder puisque souvent, quand on a ce genre de documentaire, on a
00:49 aussi le lendemain les élèves qui nous demandent "Monsieur ou Madame, est-ce que vous avez
00:52 vu le documentaire ? Qu'est-ce que vous en pensez ?" Donc, ça fait peut-être aussi
00:56 partie des fonds de mission de se renseigner sur ce qui se passe à la télé ou au cinéma.
01:00 Vos élèves, les collégiens sont friands de ce genre de documentaire ou de séries
01:05 de films historiques ? Une partie oui, en effet.
01:09 Une partie peuvent regarder ce genre de documentaire, pas tous, mais ils peuvent avoir une demande
01:15 de leur part.
01:16 Une demande d'aller rechercher des vidéos ? Ils se servent beaucoup de vidéos qu'ils
01:19 vont chercher eux-mêmes sur internet pour apprendre l'histoire ?
01:22 Au collège, ils ne vont pas forcément chercher, pas tous, très peu, ça va être plutôt
01:30 4ème, 3ème, mais le format qu'ils apprécient, c'est la vidéo.
01:36 Donc, ça leur parle beaucoup et donc ils vont plutôt chercher, oui, des vidéos s'ils
01:40 veulent se renseigner sur l'histoire et pas forcément aller chercher un article, ça
01:44 ne va pas leur passer par l'esprit.
01:46 Ça va être le format vidéo qui les intéresse plus.
01:48 Et finalement, ce sont les usages qui évoluent, on regarde beaucoup plus de vidéos, notamment
01:52 avec les réseaux sociaux, Instagram, TikTok, Facebook pour les plus anciens.
01:55 Ce documentaire sur Jeanne d'Arc, est-ce que, par exemple, vous pourriez l'utiliser
02:00 en cours comme support pédagogique ?
02:02 Alors, il faudrait d'abord que je le regarde, mais en effet, s'il me paraît intéressant,
02:08 ça peut être à utiliser tout en ne montrant que des extraits, puisque déjà, le but,
02:14 c'est pas de montrer l'entièreté du documentaire, c'est pas le documentaire qui fait cours,
02:20 ça reste nous qui faisons cours.
02:22 Et puis, il y a aussi les droits d'auteur à prendre en compte, on peut diffuser que
02:26 quelques extraits, mais ça peut être une idée, en effet.
02:30 Oui, vous pouvez prendre des petits moments, alors moi je l'ai vu hier pour la petite
02:34 anecdote, mais il y a des moments où ils vont aller, par exemple, à Orléans, ils
02:38 vont retracer les pas de Jeanne d'Arc pour la libération d'Orléans, ça peut être
02:42 ces petits extraits-là qui vont aller intéresser vos élèves forcément orléanais ou du Loiret ?
02:45 Oui, ça peut être intéressant quand il y a des propositions de reconstitution, notamment
02:49 architecturales, qu'ils aient une idée, alors bien évidemment, on leur précise à
02:54 chaque fois que ces reconstitutions, ce sont des hypothèses, c'est pas une réalité,
03:00 on essaye, enfin les historiens ou les personnes qui travaillent là-dessus, essayent de s'approcher
03:06 au plus de la réalité, mais ce n'est pas la réalité, c'est une hypothèse, on se
03:11 pose des questions là-dessus, on propose des réponses, mais on n'en est pas sûr.
03:15 C'est important de recontextualiser et d'expliquer le travail de l'historien pour l'esprit
03:21 critique de vos élèves ? C'est primordial, puisque l'histoire est
03:26 quand même énormément utilisée sur les médias et puis en politique aussi, et il
03:32 est important que les élèves développent cet esprit critique et puissent se poser
03:39 les bonnes questions en disant "ok, j'ai vu ça, qui est-ce qui a fait ça ? Est-ce
03:43 que c'est cohérent ? Est-ce que c'est proche de la réalité ou pas ?
03:48 Un docu-fiction sous forme de film d'animation sur Jeanne d'Arc est diffusé ce soir en
03:52 prime time sur France 2, et à l'occasion, on veut savoir, de l'autre côté de la radio
03:56 et de la télé, les films et les séries inspirés de faits historiques, est-ce que
03:59 c'est une bonne ou une mauvaise idée pour l'apprentissage des enfants et des adolescents
04:04 et pour leur culture ? Appelez-nous 0238 53 25 25 pour nous rejoindre en direct.
04:10 Et vous pourrez aussi en parler avec l'historienne Valérie Tourey.
04:13 Bonjour.
04:14 Bonjour.
04:15 Vous avez été conseillère historique pour l'affaire Jeanne d'Arc, ce documentaire,
04:20 alors est-on plus dans le documentaire ou dans la fiction avec ce film ?
04:24 Je vous répondrai par un compromis, l'idée étant d'approcher au plus près de la rigueur
04:33 historique tout en laissant une part, pas d'imaginaire, mais en tout cas d'interprétation
04:39 aux auteurs.
04:40 Et très concrètement, en tant que conseillère historique, comment vous avez travaillé pour
04:44 ce film ?
04:45 J'ai travaillé sur différents plans, à la fois sur le script pour le relire, le corriger,
04:51 mais aussi pour donner une expertise sur les objets, les vêtements, on a parlé de l'architecture
04:57 tout de suite, les combats, la cartographie, c'était un très long et fastidieux travail
05:03 mais passionnant en même temps.
05:04 C'est ce que vous disiez Antoine Pluvy, vous-même vous faites ce genre de travail d'aller vérifier
05:10 quand vous regardez une vidéo avec vos élèves en classe par exemple, pour remettre en contexte
05:15 c'est important ?
05:16 C'est important, là je pense à un autre exemple mais avec le film Napoléon qui est
05:22 sorti il y a peu, où des élèves m'ont demandé au final si je l'avais vu, si j'allais le
05:28 voir, ils étaient intéressés, alors je ne l'ai pas vu, mais j'ai vu les critiques
05:33 et en effet s'ils devaient le voir, il serait important de recontextualiser parce qu'il
05:37 y a beaucoup de choses à dire sur ce film, notamment si je prends cet exemple, et leur
05:43 expliquer que c'est une vision d'un auteur et qu'elle ne se reproche pas forcément d'une
05:52 réalité et que des fois on est plus proche d'une légende que d'une réalité.
05:58 Et pourtant Ridley Scott, le réalisateur, s'était entouré de plein de consultants
06:02 un peu comme vous Valérie Toureil, mais bon il y en a certains qui ont été renvoyés,
06:05 ça a été un peu un bazar autour de ce film.
06:08 Comment on travaille Valérie Toureil ? Comment vous faites pour apporter vos arguments et
06:13 surtout est-ce que vous êtes écoutée quand vous apportez des arguments sur les vêtements,
06:17 la situation de certaines scènes ?
06:19 Alors pour rebondir sur l'exemple de Ridley Scott, il n'a jamais été tellement apprécié
06:27 par les historiens qui ont pu travailler avec lui, ça a toujours été assez compliqué
06:33 et objectivement les historiens sont unanimes pour dénoncer les erreurs historiques qui
06:39 se trouvent dans ce film.
06:42 Pour ce qui est de mon expérience, ma foi, j'ai corrigé un certain nombre de choses.
06:49 Il y a aussi des éléments sur lesquels nous n'avons pas d'éléments objectifs et totalement
06:57 arrêtés.
06:58 C'est-à-dire que cette part de liberté s'insinue là et j'avoue que je les laisse faire parfois
07:06 et lorsque il y a quelque chose qui me semble vraiment orthogonal ou contraire à ce que
07:12 l'on sait, j'intervenais.
07:14 Donc non, le dialogue a été très fécond et très positif de ce point de vue-là.
07:19 Et vous disiez que vous aviez corrigé quelques petites choses, est-ce que vous avez un exemple
07:22 à nous citer ce matin par exemple ?
07:23 Non, ce serait trop technique.
07:26 Sauf si je ne veux pas rentrer dans les détails du script, mais il y a des personnages qu'on
07:33 voulait faire intervenir dans des scènes qui de toute évidence ne sont pas intervenus
07:36 là.
07:37 C'est plus facile ou plutôt simple à expliquer quand on évoque par exemple le village de
07:46 Don Rémi où au début on m'a présenté des huttes faites de foin et de branchage.
07:52 Je me suis dit qu'on n'est pas aux néolithiques quand même.
07:54 Donc voilà, c'est des choses comme ça qu'il a fallu corriger.
07:57 Je vois Antoine Pluvie en studio avec vous qui fait une petite grimace aussi, je pense
08:00 qu'il n'aurait pas apprécié l'approximation historique.
08:04 Antoine Pluvie, en un mot, vous êtes rassuré d'entendre cette historienne vous dire qu'elle
08:09 a travaillé sur ce film ?
08:10 Oui, alors rassuré qu'elle a travaillé, surtout rassuré qu'elle a été écoutée.
08:15 C'est surtout ça.
08:16 Comme elle l'a dit, Ridley Scott a pris des historiens en conseil mais s'il ne les écoute
08:25 pas, ça ne sert à rien.
08:26 D'ailleurs, je vais rester poli, je ne vais pas reprendre ses mots, mais il a dit qu'il
08:29 n'en avait rien à faire des critiques.
08:30 Donc ça exprime bien sa façon de penser.
08:34 Voilà, et ce n'est pas ce qui s'est passé apparemment sur ce film, l'affaire Jeanne
08:38 d'Arc qui est diffusée ce soir sur France 2.
08:40 Merci beaucoup Antoine Pluvie, professeur d'histoire-géographie au Collège du Noir-Orléans.
08:45 Merci beaucoup Valérie Tourey, historienne d'être venue avec nous ce matin pour parler
08:50 de ce documentaire, l'affaire Jeanne d'Arc.