Un déjeuner partagé avec Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue, pour parler de l'élevage fortement émetteur de gaz à effet de serre. Faut-il se passer de la viande? Au menu également: des villages dans le sud de la France frappés par la sécheresse sont approvisionnés en eau par camion citerne. Va-il falloir s'habituer à une telle situation?
Brigitte Boucher et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.
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00:00 [Musique]
00:18 Bonjour à tous et bienvenue dans Politique à table, l'émission où on parle cuisine,
00:22 alimentation, agriculture, écologie et aussi un peu politique.
00:26 Et cette semaine nous recevons Valérie Masson-Delmotte. Bonjour !
00:29 Bonjour !
00:30 Et avec moi pour présenter cette émission, Jean-Pierre Montanay. Bonjour Jean-Pierre !
00:33 Bonjour Brigitte ! Bonjour Valérie Masson-Delmotte !
00:35 Bonjour !
00:36 Vous êtes paléoclimatologue, c'est-à-dire que vous étudiez les climats passés et leurs variations.
00:42 Alors intéressant au moment où la COP 28 s'est ouverte à Dubaï, cette ville qui climatise ses terrasses.
00:47 Alors vous êtes aussi directrice de recherche au CEA, le commissariat à l'énergie atomique,
00:52 et vous avez été coprésidente d'un groupe du GIEC jusqu'en juillet dernier,
00:57 date à laquelle le bureau a été renouvelé.
00:59 En 2022, vous avez été classé parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde par le magazine Time.
01:07 Alors promis, Jean-Pierre vient à vélo et moi je prends le RER, pas de souci là-dessus.
01:13 Vous êtes celle en tout cas que le président et tout le gouvernement consultent après la canicule de 2022,
01:19 une formation express de 30 minutes et des entretiens bilatéraux avec les ministres, pour leur dire quoi ?
01:25 Pour leur dire que la France doit doubler son rythme de baisse des émissions de gaz à effet de serre pour respecter l'accord de Paris.
01:32 Alors évidemment, après avoir dit ça, il faut un menu exemplaire.
01:35 Exactement, un vrai menu végétarien avec des légumes de saison, Brigitte, chou romanesco, butternut, purée de pois chiche,
01:44 et en salade et en dessert plutôt qu'une salade de fruits.
01:47 Dans le dessous des plats, l'élevage fortement émetteur de gaz à effet de serre. Faut-il se passer de la viande ?
01:54 Dans les pieds, dans le plat, la France aux régimes secs des villages dans le sud frappés par la sécheresse,
01:59 sont approvisionnés en eau par camions-citernes. Reportage à suivre.
02:04 Allez, on passe à table, tout de suite cuisine et confidences.
02:09 Alors Valérie Massandel-Bottes, je voulais vous dire que j'ai fait un épouvantable cauchemar.
02:18 J'ai rêvé qu'avec Brigitte, on recevait en pleine COP28 l'ex-co-patronne du GIEC,
02:23 acronyme signifiant "Gouin, frireductible, éternel et carboné", un groupuscule d'ultras non pas identitaires mais culinaires.
02:30 Dans ce cauchemar, les réseaux sociaux étaient déchaînés contre ces apôtres de la bouffe du monde d'hier
02:35 qui ont eu le culot de réclamer ici à la table de LCP des côtes de bœuf gonflées aux hormones,
02:40 des poulets gavés aux gélules protéinées élevées dans des géantes batteries chinoises.
02:44 Je me suis réveillée Brigitte, en sursaut, quand des monceaux de fraises méga carbonées du Chili étaient servis.
02:51 En trance, j'ai soudain réalisé que GIEC signifiait "Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat".
02:58 Ouf pour notre image, mais sur la table, oups, on est passé subitement de l'orgie alimentaire hérétique au repas de la cantoche
03:06 subventionnée par une mairie écolo, des légumes de saison, choux romanesco et une purée de pois chiches en guise de protéines.
03:13 Alors certes, cette présentation est volontairement caricaturale pour illustrer la bataille radicalisée autour de notre assiette de demain.
03:20 Alors dites-nous franchement, ce plat-là, c'est la recette pour bien vieillir ?
03:24 En fait, c'est un plat, je pense, qui est bien équilibré, avec de tout, des fibres, des légumineuses, donc des protéines végétales.
03:34 Et ça fait partie, en fait, des choses qui permettent de vivre longtemps en bonne santé et de réduire l'empreinte carbone.
03:39 Et ça fait partie, en fait, des leviers d'action qui sont importants pour, à la fois, en fait, agir en termes de santé publique,
03:46 mais aussi, en fait, avoir un système alimentaire qui soit plus durable, parce que c'est un enjeu majeur.
03:52 Et dans le monde, le système alimentaire, c'est 30% des émissions de gaz à effet de serre.
03:56 Et ce n'est pas seulement des enjeux climat, en fait.
03:58 On a 800 millions de personnes qui souffrent de malnutrition et de faim,
04:02 2 milliards de personnes qui souffrent de maladies chroniques liées au surpoids et à l'obésité.
04:06 Donc on voit qu'on touche à des enjeux majeurs, en fait, pour la soutenabilité dans son ensemble.
04:10 Mais alors, Valérie Masson-Delmote, c'est un menu politiquement correct, là, que vous nous proposez, ou vous mangez toujours comme ça ?
04:16 Moi, j'espère, moi, je suis devenue végétarienne il y a quelques années, et je pense qu'en fait, j'espère surtout que c'est bon.
04:22 Parce qu'en fait, cuisiner essentiellement à base de plantes, c'est un vrai défi.
04:26 Ça demande, en fait, d'arriver à sublimer le goût des légumes, le goût des légumineuses, par exemple.
04:32 Et c'est un défi plus grand pour beaucoup de cuisiniers, d'arriver à le faire bien.
04:36 Donc on voit des choses qui avancent, qui sont intéressantes.
04:38 Vous, vous avez donc choisi d'être végétarienne il y a quelques années.
04:42 Qu'est-ce qui a été le déclic ? Est-ce que vous vous êtes dit...
04:44 C'est le climat, j'imagine, le dérèglement climatique, l'empreinte carbone,
04:48 ou il y avait vraiment cette envie de mieux manger aussi, d'être en bonne santé ?
04:53 Il y a un peu de tout, mais donc dans ma vie personnelle, j'essaie de me mettre plus en cohérence,
05:00 dans ma vie professionnelle aussi, entre la manière dont on vit et les enjeux d'arriver à alléger l'empreinte environnementale que l'on a.
05:10 Et donc dans ma démarche familiale, ça fait partie des choix qu'ils m'ont donnés qui sont devenus une pratique au quotidien.
05:17 Donc toute la famille s'est mise...
05:19 Non, non, en fait, on a tout un spectre de choix.
05:22 Et donc du coup, en fait, on apprend à cuisiner un peu à la carte, où ceux qui veulent manger de la viande, de la charcuterie, le font.
05:30 Ceux qui n'en veulent pas ont un autre choix.
05:32 Il y a de la tolérance au fond de la table.
05:33 Oui, parce que c'est un moment de plaisir, de convivialité, puis de liberté, évidemment.
05:37 Vous aviez réclamé des légumes de saison. Est-ce que vous êtes contente avec ce qu'il y a dans votre assiette ?
05:41 Il y a du four au manesco. Là, c'est joli, butternut.
05:44 Et puis alors, il y a assez légumineuse, lentilles et pois chiches.
05:47 On ne les associe pas tout le temps, on fait plutôt lentilles ou pois chiches, non ?
05:50 En fait, ça ressemble à la manière dont on se nourrit depuis des siècles et des milliers d'années, de manière vraiment durable,
05:55 notamment autour de la Méditerranée, où les légumineuses font partie des plats habituels.
06:01 Et même à l'époque simplement de mon arrière-grand-mère, la viande, c'était un luxe.
06:05 On n'en mangeait pas deux fois par jour ou tous les jours.
06:08 Et donc, c'est simplement revenir aussi à une forme de bon sens, où on cherche un équilibre, et puis surtout que ce soit bon et nutritif.
06:14 En Méditerranée, on mange du poisson aussi. Ça arrive fréquemment qu'il n'y ait pas que des menus végétariens.
06:21 Non, l'idée, ce n'est pas d'imposer quoi que ce soit, mais c'est simplement de s'interroger sur,
06:26 trouver un juste équilibre entre ce qu'on aime manger, les enjeux de santé,
06:30 les enjeux de préservation des revenus des agriculteurs, de la production agricole.
06:34 Et ça tombe bien, en fait, en France, on fait aussi des lentilles et des pois chiches.
06:37 On fait des légumes de saison.
06:39 C'est une vraie privation pour vous, ou ça l'a été en tout cas, de se priver de viande, où en fait, finalement, vous n'aimiez pas tellement ça ?
06:45 Ça a été une évolution régulière.
06:47 Non, non, je ne vois pas du tout ça comme une privation, c'est l'inverse.
06:50 C'est penser autrement la façon de se nourrir, se faire plaisir en mangeant.
06:54 Moi, je vais bien manger, en fait, il faut le dire, mais autrement.
06:57 Et du coup, c'est un chouette défi, je trouve, d'arriver à faire autrement.
07:00 Alors, on le goûte en sain, en tout cas.
07:02 On parle souvent aussi de la Méditerranée, on parle souvent du régime crétois,
07:06 pour vieillir longtemps, que c'est le régime très sain, avec du poisson, de l'huile d'olive.
07:10 Celui-ci, il est encore plus sain que le régime crétois ?
07:12 Vous ne pouvez pas l'évaluer ?
07:14 Je ne peux pas l'évaluer, parce qu'en fait, ce n'est pas un plat,
07:17 mais c'est vraiment le fait de diversifier son alimentation à l'échelle de la semaine, à l'échelle du mois.
07:23 Et en réalité, beaucoup de personnes qui sont soucieuses des deux,
07:27 c'est-à-dire l'empreinte environnementale,
07:29 privilégient aussi la production agricole de proximité française,
07:32 il y a des enjeux majeurs sur les revenus des agriculteurs,
07:35 et manger sain, qui font le choix, ce n'est pas systématique,
07:40 mais c'est de remplacer à un moment donné un repas par une offre végétale.
07:43 Et par exemple, la cantine où je vais manger le midi,
07:46 il y a toujours une offre alternative,
07:49 et l'intendant me disait que c'est maintenant à peu près 30% des plats qui sont choisis comme ça,
07:55 quand on a le choix, et que c'est bon.
07:56 Mais c'est bon ou c'est juste quelques légumes posés sur l'assiette ?
07:59 Alors non, mais là c'est forcément bon, c'est chez Françoise qui a cuisiné,
08:03 donc c'est forcément excellent.
08:05 Ça manque un tout petit peu de sel, mais c'est pas bon le sel non plus pour la santé,
08:08 mais j'aurais bien salé.
08:09 Et les pois chiches, alors, ils sont un peu, je voulais vous parler des pois chiches,
08:12 mais là ils sont sous forme de purée.
08:13 Alors là c'est plutôt du homo, qu'on retrouve dans les pays du Moyen-Orient, du Proche-Orient.
08:19 Trois choses à savoir du coup, en attendant sur le pois chiche,
08:22 comme ça vous pouvez goûter le plat, et après vous nous dites.
08:24 C'est un élément santé, riche en fibres, en minéraux et en vitamine B,
08:29 il est aussi très protéiné et pauvre en matière grasse,
08:32 et assasiant, donc il est très utile dans un régime végétarien.
08:35 On le trouve toute l'année, cuit en bocal et en conserve,
08:38 dans ces cas-là il suffit de le faire réchauffer.
08:40 S'il est sec, c'est un peu plus compliqué, parce qu'il faut le faire tremper toute une nuit,
08:43 ou alors une heure dans une eau très très chaude, bouillante.
08:46 Ensuite il faut bien rincer les petits pois pour enlever la petite peau qui est autour,
08:50 avant de lancer la vraie cuisson, qui peut durer quand même encore une heure et demie.
08:54 Donc si vous aimez vraiment les bons pois chiches de nos campagnes secs,
08:57 il faut y penser un peu à l'avance.
08:59 S'il se mange froid en salade avec des oignons, du cumin,
09:03 il est mixé en purée, comme ça, c'est le houmous,
09:06 mais aussi chaud dans un curry indien avec du lait de coco,
09:09 et puis dans un couscous, ou même avec des pâtes,
09:12 ça paraît comme ça un peu bizarre, mais c'est très bon, c'est une recette de calabre.
09:15 - Alors c'est peut-être un peu plus lourd.
09:17 - Oui, mais vous avez moitié de pâte et un peu de pois chiches,
09:20 mais protéines et pâtes, c'est pas mauvais, c'est très bon.
09:22 C'est la Cucina Povera.
09:24 - C'est ce que vous en pensez, Valérie Massad-Elmotte, est-ce que ça vous plaît ?
09:26 - C'est bon, il y a une herbe, je sais pas si c'est de la coriandre ou quelque chose,
09:29 qui est parfumée, qui est très bonne.
09:31 Il y a une autre recette qui est moins légère de couscous,
09:33 en fait on les met dans une plaque avec un peu d'huile d'olive au four,
09:35 on met du paprika ou une épice, ça fait comme des chips un peu.
09:38 C'est très bon, et puis le houmous en apéritif avec des petits légumes crus,
09:41 c'est agréable en fait.
09:43 - Et la farine de pois chiches aussi, avec les panis, la soka à Nice, c'est très bon.
09:46 - Voilà une tradition méditerranéenne qu'on voit à Nice, délicieuse.
09:48 - Alors, est-ce que vous nous disiez tout à l'heure,
09:50 c'est pas toujours facile de bien cuisiner sans protéines végétales ?
09:55 Animales, pardon.
09:57 Ça veut dire qu'il faut quoi ? Il faut des sauces, il faut des herbes,
10:00 il faut agrémenter ces légumes quand même ?
10:03 - Relever le goût des légumes.
10:05 En fait, le mettre en valeur, le relever, pour pas que ce soit fade.
10:08 - Mais pas forcément avec du sel, comme le disait Jean-Pierre.
10:10 - Non mais jouer, ce qui est très joli aussi, c'est ce qu'on voit là,
10:13 ce qu'on voit dans la culture, par exemple, végétarienne en Inde,
10:17 ou bien en Amérique du Sud, c'est jouer aussi sur les couleurs,
10:19 pour que ce soit appétissant en fait.
10:21 Donc jouer sur un mélange de couleurs, il y en a 5 ou 6 là dans l'assiette,
10:24 c'est très joli en fait.
10:25 - Alors moi j'aurais bien mis un petit peu d'huile d'olive,
10:27 mais du coup là, l'indice calorique il est plus fort.
10:29 Oui mais un tout petit peu mes céreux, il serait un peu la leucène.
10:31 - Oui, moi je trouve que c'est méditerranéen, c'est pas mauvais l'huile d'olive.
10:33 Un petit peu de gras, mais c'est du bon gras.
10:35 - C'est des bons gras, des meilleurs gras qu'une huile d'arachide.
10:37 - Et il y a un enjeu, parce que par exemple, avec la chaleur extrême
10:40 qui a eu lieu cette année en Méditerranée, Espagne, Grèce, etc.
10:45 La production a chuté, et du coup le coût de l'huile d'olive a fortement augmenté.
10:50 C'est un vrai enjeu, parce que les oliviers, ce sont des arbres qui ont une croissance lente.
10:56 Et donc dans les pays qui sont plus secs, la distance par exemple entre les arbres,
11:01 elle va être liée à la nappe phréatique, la quantité d'eau disponible.
11:04 Et donc ça fait partie des enjeux aussi importants d'adaptation pas évidente
11:07 dans un climat qui se réchauffe et qui s'assèche en Méditerranée.
11:10 - Et puis ça change les habitudes alimentaires. J'étais en Espagne il n'y a pas très longtemps.
11:13 Les Espagnols sont furieux, parce que dans les étals des supermarchés,
11:15 le prix de l'huile a doublé quasiment. Et ils ne savent pas comment cuisiner.
11:19 Et puis en Italie, il y a le problème aussi des maladies dans les pouilles,
11:21 où on a dû détruire des centaines de milliers d'oliviers.
11:24 - Alors vous, vous aimez cuisiner ou pas ? Qu'est-ce que vous faites à la maison ?
11:28 - Des poêchers.
11:29 - Non, non, en fait, je n'ai pas toujours le temps de cuisiner.
11:33 Donc c'est souvent rapide dans la semaine.
11:35 Le soir, souvent, c'est une soupe, par exemple.
11:37 Et puis après, une forme de protéines végétales variées qu'on va faire.
11:42 - Donc vous allez choisir vos légumes, vos fatasses ?
11:44 - Mais moi, je mange aussi, par exemple, des œufs, je mange du fromage,
11:47 des produits laitiers, donc ce qui permet très facilement d'avoir des protéines.
11:49 - D'avoir des protéines. - Voilà, c'est ça, exactement.
11:51 - Pourquoi vous avez décidé de conserver, justement, les laitages ?
11:54 - Alors, vraiment, il y a un côté culturel.
11:56 C'est-à-dire, un des goûts que j'aime le mieux,
12:00 c'est le goût du fromage et la diversité de fromages qu'on a.
12:03 C'est vraiment le goût, en fait.
12:04 - La culture intensive, ça vous exprime quoi ?
12:08 Parce que souvent, on se dit, bon, il faut qu'on puisse nourrir toute la planète,
12:11 mais en même temps, vous nous disiez, il faut du local,
12:13 il faut qu'on aille chercher à côté de chez soi les produits.
12:16 - Alors, en fait, ce dont on ne se rend pas compte,
12:18 c'est que ce qui pèse le plus sur l'empreinte en termes d'émissions de gaz à effet de serre
12:22 ou d'utilisation des terres de l'alimentation, ce n'est pas la distance du transport.
12:26 Le transport, c'est une petite partie.
12:28 Le transport, par exemple, de marchandises par cargo est assez efficace.
12:32 Donc, ce qui pèse le plus sur les émissions de gaz à effet de serre,
12:34 c'est ce qu'on mange, en fait.
12:35 Ce n'est pas la distance parcourue.
12:37 Mais le transport, par exemple, frigorifié, a une empreinte carbone importante,
12:42 plus que le reste.
12:43 Du coup, il y a cet intérêt à favoriser ce qui est produit localement.
12:48 Et puis, en plus, on a des meilleures qualités nutritives.
12:50 Quand on achète directement les légumes frais qui n'ont pas été stockés pendant longtemps,
12:54 le goût n'est pas du tout le même.
12:55 - Alors, dites-nous, vous, par exemple, la banane, la mangue,
12:59 tous ces fruits, ces légumes qui pourraient être importés de loin,
13:04 vous n'en mangez jamais ?
13:06 - Si, j'en mange, mais j'en mange comme quelque chose de plus rare.
13:08 Et par bateau, pas par avion.
13:11 Parce que le transport par avion qui se fait,
13:13 par exemple pour des ananas, des choses comme ça,
13:15 c'est celui qui a l'empreinte carbone la plus forte par rapport aux kilos de marchandises.
13:19 - Si ça vient par bateau, c'est affiché ?
13:21 - Oui, c'est affiché et ça se voit dans le prix aussi, en fait.
13:23 Mais ce que je voulais mentionner juste, c'est que moi,
13:26 je fais aussi partie du Haut Conseil pour le climat,
13:28 qui regarde plus les enjeux dans le contexte français.
13:31 Donc, l'adaptation à un climat qui change, c'est un enjeu, on l'a dit,
13:36 pour le système alimentaire aussi, de le rendre résilient.
13:39 Et donc, on travaille justement sur un rapport portant sur agriculture et alimentation
13:44 qui va être publié dans quelques semaines.
13:46 Je ne vais pas en dévoiler le contenu, mais ça montre en fait l'ampleur des enjeux.
13:49 Et donc, pour l'utilisation des terres dans son ensemble,
13:54 on est vraiment sur des défis majeurs.
13:56 D'une part, on a une population qui va augmenter, qu'il faut nourrir.
13:59 On estime un demi-laire de personnes en plus à nourrir dans les décennies qui viennent.
14:04 On a en fait des chocs sur les rendements agricoles liés aux inondations,
14:08 aux pluies extrêmes, aux chaleurs extrêmes ou aux sécheresses
14:11 qui s'intensifient dans un climat qu'on réchauffe par nos rejets de gaz à effet de serre.
14:15 On a besoin aussi de produire de la biomasse, par exemple pour l'énergie ou comme matériaux.
14:21 C'est compliqué en fait, pour gérer l'utilisation des terres.
14:25 Et c'est pour ça qu'en fait, l'approche qui est vraiment importante,
14:29 ce n'est pas seulement l'approche production agricole, c'est extrêmement important,
14:32 c'est critique, avec des gains possibles sur les meilleures pratiques,
14:36 l'efficacité, l'action contre les pertes et le gaspillage.
14:39 Mais il y a aussi ce qu'on choisit de manger.
14:41 Les deux, si on ne l'articule pas, si ça n'avance pas ensemble, ça ne fonctionnera pas.
14:45 Imaginons par exemple, les pays autour de nous, il y a 10% de végétariens,
14:49 je crois que c'est l'ordre de grandeur, Suisse, Allemagne, Royaume-Uni.
14:52 Alors moi je disais en France, 2% de végétariens.
14:54 On est encore tard nous.
14:55 Mais si par exemple, les gens arrêtent de manger de la viande, on en mange moins ici,
15:00 et qu'on en produit toujours autant, ce sera exporté, ça ne changera rien.
15:03 Donc en fait, on voit bien que les deux aspects ont besoin d'avancer ensemble.
15:08 Et on est sur des situations très compliquées, par exemple, ce qu'on voit,
15:11 c'est que sur, par exemple, les Français mangent un peu moins de viande, mais ça reste élevé.
15:16 On en reparlera plus tard, oui.
15:17 Et moins de viande rouge et plus de poulet, et la moitié des poulets sont importés.
15:21 Donc ce n'est pas du tout satisfaisant non plus, en termes de filières agricoles.
15:25 Alors on a bien compris que ce plat, vous l'aimez beaucoup,
15:27 mais quand vous avez envie de vous faire plaisir, d'aller dans un restaurant gastronomique,
15:31 qu'est-ce qui vous fait kiffer ?
15:33 Moi je vais assez rarement dans des restaurants gastronomiques, pour être honnête.
15:37 C'est plutôt des restaurants qu'on va trouver.
15:39 Moi j'habite en Essonne, à 25 km de Paris.
15:42 Il n'y a pas trop d'offres gastronomiques, c'est des restaurants type brasserie habituelle.
15:46 Il y a des étoiles et en campagne, dans les zones rurales, on trouve des très bons restaurants.
15:49 Je ne crois pas que j'ai jamais été manger dans un restaurant à plusieurs étoiles, en fait.
15:53 Mais je fais aussi partie des gens qui font de la recherche publique.
15:57 C'est par dogmatisme ou c'est parce que vous n'y voyez pas d'intérêt, de plaisir dans la nourriture ?
16:01 C'est parce que je pense qu'on a dans ma famille une approche plus sobre, en fait,
16:06 de la partie de notre budget qu'on consacre à l'alimentation aussi.
16:09 Et la brasserie, par exemple, est-ce qu'aujourd'hui elle s'est adaptée ?
16:13 Parce qu'en général, il n'y avait pas dans les brasseries de plats d'offres végétariennes.
16:17 Si, il y a toujours.
16:18 Et c'est un peu toujours les mêmes plats qui sont proposés ?
16:21 Alors souvent, ce qu'on voit, c'est plutôt une approche un peu cuisine du monde.
16:24 Donc on va avoir des bols en fait, un peu type asiatique, variés, très jolis.
16:29 Avec des fèves à base de soja, des choses comme ça.
16:33 On va avoir toute la cuisine méditerranéenne qui a toujours des choix végétariens.
16:37 Cuisine asiatique aussi, en fait, par tradition.
16:41 Cuisine indienne aussi.
16:43 Voilà, donc c'est plutôt là qu'on va trouver dans ma famille,
16:45 avec des choix alimentaires contrastés, ce qui convient à tout le monde.
16:49 Vous disiez, notre famille consacre peut-être moins à l'alimentation,
16:53 une part de son revenu.
16:56 Aujourd'hui, on voit...
16:57 Je veux dire, à la restauration haut de gamme.
16:59 C'est pas dans ma pratique.
17:01 Pas à l'alimentation générale, parce que si on prend du bio, du local,
17:06 c'est parfois un petit peu plus cher que si on va acheter des produits
17:10 de grande consommation dans des supermarchés.
17:13 Nous, par exemple, en Essonne où on est, on a aussi la chance,
17:16 sur les marchés, d'avoir des producteurs qui vendent directement.
17:19 On a aussi des potagers d'insertion près de chez nous.
17:22 Ce sont des personnes qui sont éloignées de l'emploi, en situation précaire,
17:26 qui sont employées dans ces potagers, qui vendent directement.
17:29 On peut aller le samedi, par exemple.
17:31 Et là, ça permet d'avoir un coût abordable,
17:33 et puis surtout des légumes très frais, délicieux.
17:35 - Et vous arrivez à trouver des produits bio abordables ?
17:38 Il y a quand même quelques introns.
17:40 - Sur ces aspects-là, oui, on peut trouver des potagers d'insertion bio,
17:44 par exemple, qui font un travail de qualité sur les légumes qui sont fournis,
17:49 et qui permettent aussi à des gens de retrouver l'emploi.
17:51 Mais c'est pas la chose la plus facile en Ile-de-France.
17:54 - Vos enfants ne vont jamais dans les fast-foods ?
17:57 Vous avez réussi à les éduquer ?
17:58 - Je peux pas parler pour mes fils et des jeunes adultes.
18:01 - Mais quand ils étaient plus jeunes ?
18:02 - Si, bien sûr.
18:04 Il y a une pression très forte de la société à valoriser,
18:09 y compris avec les petits cadeaux, une alimentation
18:11 qui n'est pas forcément le meilleur exemple pour la santé.
18:14 - C'était une bataille avec ces jeunes ?
18:16 - Il y a eu différentes phases.
18:17 Je pense que, comme dans toutes les familles,
18:19 mes deux filles cuisinent, et voilà, une alimentation plus végétale.
18:25 - D'accord.
18:26 - Alors, on va voir si vous êtes vraiment incollables.
18:28 C'est le quiz.
18:33 - Alors, vous, l'experte en gaz à effet de serre et en physique des fluides,
18:37 sauriez-vous nous dire si ces affirmations sur l'eau gazeuse,
18:41 donc carbonée, sont vraies ou fausses ?
18:44 C'est un horloger allemand du nom de Schwepp,
18:47 qui a inventé à Genève en 1873 la première machine à gazéifier l'eau.
18:53 - En fait, je n'en ai aucune idée.
18:55 - Eh bien, c'est vrai.
18:56 - Je vais dire oui.
18:57 - Ah, pardon.
18:58 Alors, je vous ai...
18:59 - C'est un mot.
19:00 - J'ai bien senti que ce oui était sincère.
19:02 - On vous accorde le point.
19:03 - C'est un oui.
19:04 - Et ce fameux Schwepp donnera d'ailleurs le nom de la marque Schwepp plus tard.
19:08 Au début du 19e siècle, les sodas water, comme on dit, débarquent sur le marché,
19:13 mais sont réservés à l'aristocratie.
19:16 - Vraie ou fausse ?
19:18 - On va dire vraie.
19:19 - Eh bien, non, fausse, parce que c'était une consommation massive
19:22 et populaire d'eau gazéifiée, parce que ça faisait chic,
19:25 mais en fait, ça dépendait des marques.
19:27 Il y avait des gros écarts de prix entre des marques low cost, déjà,
19:30 et des marques aristocratiques, mais c'était un mouvement assez populaire
19:33 de boire de l'eau gazéifiée.
19:35 Les eaux naturellement gazéifiées sont très prisées,
19:38 mais beaucoup plus chères, bien sûr, à l'époque,
19:40 à cause des coûts d'extraction.
19:42 Vraie ou fausse ?
19:44 - Je ne sais pas du tout, je vais dire non.
19:47 - Non, c'était surtout l'embouteillage qui coûtait très cher, exactement.
19:51 Et enfin, c'est une grande famille anglaise qui a créé la source d'eau
19:55 Perrier dans le sud de la France.
19:57 Vraie ou fausse ?
19:58 - Aucune idée, je vais dire non, mais...
20:00 - Eh bien non, vrai, ce sont des Anglais qui sont à Perrier.
20:03 Perrier, c'est fou, mais ce sont des Anglais.
20:05 - Ce sont des Anglais.
20:06 Alors, vous allez pouvoir vous rattraper,
20:08 parce qu'il y a un deuxième quiz, Valérie Manon-Zellmott.
20:10 Vous, qui êtes fan de légumineuses,
20:12 pourriez-vous nous dire lesquels sont utilisés
20:15 dans les différents potages que je vais vous donner ?
20:17 Alors, un, le pois cassé.
20:20 Est-ce que c'est utilisé dans le Condé, l'Essao, le Saint-Germain ou le Soissonnet ?
20:25 - Alors là, c'est une très bonne question.
20:27 - Soissonnet ?
20:29 - Saint-Germain.
20:31 Je ne pourrais pas vous en dire plus.
20:33 De le haricot rouge.
20:35 Alors, est-ce qu'on l'utilise pour le Condé, l'Essao ou le Soissonnet ?
20:40 - Soissonnet ?
20:42 - Alors, le Condé.
20:43 - Deuxième tentative !
20:44 - Le Condé.
20:45 - Le Condé.
20:46 Il nous reste deux...
20:47 - Alors, je peux ajouter une chose ?
20:48 - Oui.
20:49 - Les pois cassés délicieux en purée, en soupe.
20:52 Les haricots rouges, en fait, nous on a une recette
20:54 de substitut de steak qu'on peut faire dans des burgers
20:57 à base de betteraves mixées et de haricots rouges,
21:00 d'oignons caramélisés qui est vraiment délicieuse.
21:03 Vraiment délicieuse, en fait.
21:04 - C'est une bonne recette.
21:05 - Et c'était pour faire diversion dans le monde.
21:07 - Oui, c'est ça.
21:08 Trois, on continue.
21:10 Vous n'allez pas vous en sortir comme ça.
21:12 Le haricot blanc, est-ce que c'est dans l'Essao ou dans le Soissonnet ?
21:17 Et bien là, c'est bon.
21:18 On va y arriver, les haricots de Soisson.
21:20 - Oui, voilà.
21:21 - Exactement, il y avait un bon indice.
21:23 - Et finalement, le 4.
21:24 - Et alors, les lentilles, on se retrouve avec l'Essao.
21:26 Finalement, ça fait quand même 50/50.
21:28 Vous avez quand même deux bonnes réponses.
21:30 - Ce sont des soupes traditionnelles ou des veloutés traditionnelles
21:32 de différentes régions ?
21:33 - Exactement.
21:34 Mais souvent, ce sont à base de légumineuses
21:36 qui est très intéressante dans les soupes.
21:38 - Vous le savez sans doute, c'est parfois autour de la table
21:41 que se racontent les meilleures histoires,
21:43 que se nouent parfois aussi des deals politiques,
21:45 que se fait la petite et la grande histoire.
21:47 C'est la brève de comptoir.
21:51 - Valérie Masson-Delmotte, on vous a demandé
21:53 de vous rappeler d'une anecdote,
21:55 pourquoi pas autour d'un repas en politique.
21:57 Est-ce que vous avez quelque chose à nous raconter ?
21:59 - Oui, le mois dernier, il y avait le travail de préparation
22:02 du One Planet Summit sur les pôles et les glaciers.
22:05 Donc, un sujet important,
22:07 parce que ce qui se passe dans ces régions
22:09 affecte d'autres régions, par exemple,
22:11 l'eau de fonte des glaciers et de la neige,
22:13 qui va alimenter les cours d'eau,
22:14 donc important, par exemple, pour l'irrigation, l'agriculture,
22:17 ou bien la montée du niveau de la mer,
22:19 qui est un enjeu pour tous les littoraux,
22:21 et notamment, par exemple, le risque de salinisation
22:23 des eaux côtières, ou bien les grandes deltas agricoles,
22:26 au niveau mondial, très exposées à cela.
22:28 Et donc, dans ce dîner de préparation,
22:30 il y avait la ministre de la Recherche,
22:32 le ministre de la Transition écologique,
22:34 il y avait des membres du Conseil scientifique
22:36 qui préparaient ce sommet,
22:38 il y avait Jean-Louis Etienne, également,
22:40 et d'autres personnes.
22:42 Et donc, la discussion, elle, portait aussi
22:44 sur le financement, bien sûr,
22:46 qui a donné lieu à des annonces
22:48 du président de la République, à ce sommet.
22:50 Et je me souviens, en fait, d'une ministre
22:52 de la Transition écologique qui regardait, finalement,
22:54 le besoin de recherche pour mieux évaluer
22:56 les risques d'instabilité de certains secteurs de l'Antarctique.
22:59 Donc, c'est le principal facteur d'incertitude
23:01 sur l'ampleur et la montée du niveau de la mer,
23:04 qui peut rajouter plusieurs dizaines de centimètres
23:06 d'ici à la fin du siècle.
23:08 Et il comparait le besoin de financement
23:10 de la recherche française sur l'Antarctique
23:12 au coût, ne serait-ce que,
23:14 l'évaluation de l'exposition
23:16 des communes du littoral,
23:18 c'est infime, en fait, ou bien
23:20 au coût du fait de surélever
23:22 certaines digues. Et donc, la chose intéressante,
23:24 du point de vue politique, c'était se dire
23:26 on n'arrive pas à dégager
23:28 un tout petit budget pour cette recherche
23:30 polaire, et pourtant, les enjeux
23:32 économiques sont considérables.
23:34 Et donc, c'était le fait de mettre
23:36 en relation ces deux aspects-là.
23:38 - Le delta entre ces deux chiffres. - Oui, tout à fait.
23:40 - Et le montant, ça correspond à combien ?
23:42 Qu'est-ce qu'il faudrait consacrer, finalement ?
23:44 - À l'époque, ce qui était discuté, c'était un montant
23:46 de, je ne sais pas, sur une dizaine d'années,
23:48 de l'ordre de 50 millions d'euros, pour la
23:50 partie financement de la recherche,
23:52 sachant qu'il y a des investissements qui ont été actés
23:54 pour rénover des bases antarctiques ou
23:56 avoir un nouveau navire, par exemple.
23:58 Donc, c'était juste la partie financement de la recherche
24:00 à comparer au milliard d'euros
24:02 déjà mis maintenant pour
24:04 évaluer, en fait, l'exposition
24:06 des communes françaises au risque de recul
24:08 du trait de côte, et au montant colossal
24:10 de chaque kilomètre de digue
24:12 à rehausser, par exemple, ou de la
24:14 relocalisation qui devrait être planifiée
24:16 pour ceux qui sont en première ligne.
24:18 - Ça veut dire aussi qu'avec chaque sout investi
24:20 dans la recherche, dans l'innovation, on peut aussi faire des économies,
24:22 ensuite, non ? - Alors,
24:24 il y a plusieurs aspects, mais notamment, ce qu'on sait,
24:26 c'est que tout ce qui est mis sur la prévention
24:28 des risques est toujours extrêmement efficace
24:30 par rapport à la réparation après catastrophe.
24:32 Donc, ça, c'est quelque chose qui est extrêmement
24:34 viable. Et l'enjeu, en fait, c'est
24:36 notamment parce que le gouvernement français
24:38 veut construire une trame de référence pour l'adaptation.
24:40 Donc, on voit bien qu'on peine
24:42 à réduire suffisamment vite les émissions
24:44 de gaz à effet de serre dans le monde.
24:46 Donc, sur la base des politiques publiques actuelles, on va vers
24:48 un réchauffement dans le monde qui serait
24:50 de l'ordre de 3 degrés, et si toutes
24:52 les promesses là faites à horizon 2030
24:54 se réalisent, ce serait entre 2,5
24:56 et 3 degrés. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire
24:58 en France, 4 degrés
25:00 en fin de siècle. En France,
25:02 3 degrés en 2050. Ça veut dire
25:04 qu'en 2050, ce qui était
25:06 l'année la plus chaude enregistrée à ce jour,
25:08 2022, avec son cortège d'impact grave...
25:10 - Alors, maintenant, on sait que c'est l'année 2023.
25:12 - Alors, la plus chaude est
25:14 2022, 2023 est juste derrière.
25:16 - Ah bon ? J'ai cru que c'était... - En France. En France.
25:18 - Ah oui, pas dans le monde. - En France. Ça veut dire que cette
25:20 année-là, 2022, vague de chaleur, sécheresse,
25:22 feu de forêt, vous vous souvenez, hein ? La plus chaude
25:24 enregistrée serait l'année moyenne en 2050.
25:26 Donc, l'enjeu, c'est se préparer à ce que
25:28 sera l'année record de 2050
25:30 pour renforcer la résilience
25:32 pour l'eau, pour
25:34 la production alimentaire, les infrastructures
25:36 clés, les endroits où on vit et tout le reste.
25:38 Et donc, voilà, donc, investir
25:40 pour mieux caractériser la réponse
25:42 de l'Antarctique, c'est aussi
25:44 savoir quel sera le rythme, l'ampleur de la montée
25:46 du niveau de la mer. Et c'est pas la même chose
25:48 si ça monte de 1 mètre en
25:50 2300 ou si ça monte de 1 mètre
25:52 avant 2100, pour beaucoup
25:54 de communes du littoral. Donc, cette information-là,
25:56 elle est importante à avoir
25:58 pour avoir les meilleures stratégies de réponse.
26:00 - Vous nous parlez de 2022, de cette
26:02 canicule. Juste après,
26:04 le président de la République
26:06 vous a demandé de venir vous exprimer
26:08 devant l'ensemble du gouvernement.
26:10 Je ne sais pas si c'était autour du repas.
26:12 Qu'est-ce que vous pouvez nous raconter ? - Ah non, c'était très formel.
26:14 C'était dans le cadre d'un séminaire de rentrée gouvernementale,
26:16 donc dans une salle assez
26:18 spectaculaire de l'Elysée, avec tous les ministres
26:20 et secrétaires d'Etat. Et donc,
26:22 moi, j'ai été là au titre de l'état
26:24 des lieux scientifiques, en fait,
26:26 Monde et France, sur les émissions
26:28 de gaz à effet de serre, dans le contexte
26:30 où la première ministre a mis en place
26:32 tout un aspect de planification écologique
26:34 qui commence, en fait, à se décliner
26:36 graduellement, sachant
26:38 qu'il y a ce double enjeu, finalement,
26:40 c'est comment on fait face à un climat qui se réchauffe
26:42 pour être résilient, et après,
26:44 d'autre part, c'est comment on fait pour limiter
26:46 l'ampleur du réchauffement, parce qu'on est devant des choses
26:48 qui vont être très dures à gérer, en fait,
26:50 notamment dans tous les contextes plus
26:52 fragiles. Je pensais à ça en
26:54 écoutant les personnes qui ont été touchées par
26:56 les inondations dans le nord de la France,
26:58 qui disaient "Voilà, nous, on est coincés là, en fait,
27:00 on est en zone inondable, qu'est-ce qu'on va pouvoir
27:02 faire pour limiter le risque ? Quelle est la valeur
27:04 de nos biens ? On voit bien qu'on est dans le dur,
27:06 maintenant, en fait, c'est pas... - Et sur quoi s'interrogeaient
27:08 les politiques, par exemple ? - Donc, il y a eu,
27:10 moi, j'ai présenté l'état des lieux
27:12 en une vingtaine,
27:14 une trentaine de minutes, puis après, j'ai
27:16 écouté leurs échanges,
27:18 et un des points qui était assez frappant, c'est un des
27:20 ministres qui a dit... Donc, d'abord,
27:22 ils étaient, pour beaucoup d'entre eux, en plein dedans,
27:24 ils avaient géré crise après crise, tout l'été,
27:26 donc ils étaient vraiment bien concernés,
27:28 mais la question qui était posée,
27:30 c'est "On comprend bien qu'on va devoir enclencher
27:32 des changements structurels,
27:34 et chaque fois qu'on met en place des changements
27:36 structurels, certains le comprennent
27:38 et d'autres le comprennent moins,
27:40 donc quel est le capital politique qu'on peut gagner à ça ?"
27:42 Et après, j'ai écouté leurs échanges...
27:44 - Il fallait quand même dire "un intérêt politique". - J'ai écouté leurs échanges,
27:46 qui sont instructifs, parce que c'est pas mon monde,
27:48 en fait, je suis dans un monde de physicienne,
27:50 voilà, mais c'est instructif
27:52 à noter,
27:54 comme tous les enjeux, en fait, d'articulation,
27:56 de mise en cohérence de politique publique, que j'ai découvert
27:58 via le Conseil pour le climat. - Souvent,
28:00 les scientifiques raillaient les hommes politiques,
28:02 parce qu'ils ne connaissaient pas bien toutes ces questions, vous trouvez que ça a changé
28:04 un peu, maintenant, ils sont plus techniques, plus experts ?
28:06 - Il y a vraiment un enjeu de montée en compétence,
28:08 et ce qu'on voit, c'est que, d'abord,
28:10 il y a besoin, toujours, de formation,
28:12 de formation continue,
28:14 sur l'état des connaissances sur ces enjeux-là,
28:16 il y en a qui se
28:18 les sont appropriées, mais pas tous,
28:20 donc il y a eu des actions, justement,
28:22 de formation, notamment de cabinet ministériel,
28:24 de l'administration publique,
28:26 ça, c'est extrêmement important,
28:28 et après, il y a, au-delà de simplement une sensibilisation,
28:30 c'est comment on porte
28:32 ces transformations, qu'est-ce qui fonctionne,
28:34 quel est le retour d'expérience d'autres pays,
28:36 quelles sont les meilleures pratiques, ça, c'est des compétences
28:38 de conduite du changement, en fait,
28:40 de science politique,
28:42 et on voit bien qu'il y a ce besoin,
28:44 et pour moi, c'est vraiment une des valeurs des COP,
28:46 elles sont souvent critiquées,
28:48 l'Association Internationale sur le Climat,
28:50 mais finalement, c'est un espace de dialogue,
28:52 où on va avoir des coalitions d'une ambition forte
28:54 dans tel ou tel sujet, par exemple,
28:56 l'agriculture et l'alimentation, c'est ressorti, là,
28:58 à Dubaï, plus fort qu'avant,
29:00 et d'autre part, c'est là où il y a
29:02 des retours d'expérience, des meilleures pratiques
29:04 de ce qui fonctionne,
29:06 qui peuvent être inspirants, qui peuvent être vraiment
29:08 engageants. - On va continuer, évidemment,
29:10 à parler de tout ça, et on va
29:12 d'abord s'intéresser à l'impact
29:14 de la viande sur la planète, qu'est-ce qui se cache
29:16 derrière un steak ou une côte de veau ?
29:18 Eh bien, c'est le dessous des plats.
29:20 La production et la consommation de viande
29:27 ont un impact important sur
29:29 le réchauffement climatique, l'élevage serait
29:31 responsable de 14,5%
29:33 des émissions de gaz à effet de serre, c'est pourquoi
29:35 la Cour des comptes préconise de réduire
29:37 le cheptel, allez écouter
29:39 Les Français y sont prêts.
29:41 Reportage Clément Perreault et Alzéar Logonitec.
29:44 Les Français réduisent-ils
29:46 leur consommation de viande ?
29:48 Au marché de Malakoff, en banlieue parisienne,
29:50 la réponse est plutôt oui.
29:52 Les consommateurs se veulent de plus en plus
29:54 responsables. - Si on mange
29:56 moins de viande, dans l'ensemble,
29:58 ça devrait contribuer à
30:00 un meilleur climat,
30:02 moins d'énergie dépensée, etc.
30:04 - Consommer trop de viande,
30:06 c'est éventuellement aussi pollué,
30:08 peut-être, et en plus,
30:10 pour la santé, je pense qu'il est
30:12 nécessaire de réduire notre
30:14 consommation. - J'achète des produits
30:16 plus respectueux, de la
30:18 façon dont on traite les animaux.
30:20 - Par rapport, oui, quand même à la nature.
30:22 On en mange beaucoup moins qu'avant.
30:24 Nos parents prenaient
30:26 beaucoup plus de viande à une époque
30:28 que nous, aujourd'hui.
30:30 Les dernières enquêtes d'opinion sont claires.
30:32 Les Français sont de plus en plus nombreux
30:34 à déclarer consommer
30:36 moins de viande, 57%
30:38 selon une étude Harris Interactive
30:40 réalisée cette année.
30:42 Pourtant, cette tendance ne se vérifie
30:44 pas vraiment dans les chiffres.
30:46 En 1998,
30:48 les Français consommaient
30:50 93,6 kilos de viande
30:52 par an en moyenne.
30:54 Ensuite, une baisse significative
30:56 s'est amorcée jusqu'en 2013,
30:58 mais depuis 10 ans, la consommation repart
31:00 en légère hausse.
31:02 A l'échelle mondiale, l'évolution est
31:04 beaucoup plus nette. La production globale
31:06 de viande est en constante augmentation
31:08 depuis les années 60.
31:10 La progression la plus forte est en Asie.
31:12 43% de la production mondiale
31:14 y est désormais concentrée,
31:16 principalement pour le porc et la volaille.
31:18 L'Afrique est aujourd'hui
31:20 le continent qui consomme le moins de viande,
31:22 mais un bond de 200%
31:24 est prévu d'ici 2050.
31:26 Toutes ces évolutions
31:28 sont observées de près par les organismes
31:30 qui travaillent sur le réchauffement climatique.
31:32 L'enjeu est majeur.
31:34 14,5% des émissions
31:36 de gaz à effet de serre
31:38 proviennent aujourd'hui de l'élevage.
31:40 Ce qui pèse le plus,
31:42 c'est la production des aliments pour nourrir le bétail.
31:44 Viennent ensuite les fermentations
31:46 antériques, les rots des animaux
31:48 qui produisent beaucoup de méthane.
31:50 Le fumier pèse aussi dans l'équation,
31:52 tout comme l'énergie consommée,
31:54 notamment par le transport.
31:56 Les émissions dépendent aussi
31:58 des espèces. La viande la plus émettrice
32:00 et le bœuf en produire 1 kg
32:02 entraînent 38 kg de CO2.
32:04 Viennent ensuite
32:06 l'agneau, le porc et le poulet.
32:08 Alors Valérie Masson-Delmotte,
32:14 peut-on vraiment sauver la planète
32:16 en réduisant mondialement la consommation de viande ?
32:18 A vous de répondre.
32:22 Alors Valérie Masson-Delmotte.
32:24 Oui, en fait, faire évoluer l'éducation
32:26 à une alimentation saine et durable
32:28 finalement sur
32:30 une consommation responsable de viande,
32:32 de produits laitiers, ça peut faire partie
32:34 des leviers d'action.
32:36 En quelle quantité
32:38 faudrait-il réduire sa consommation
32:40 de viande ?
32:42 Ça dépend de point de départ.
32:44 Selon les personnes, on a des pratiques
32:46 avec des consommations qui peuvent être très élevées
32:48 ou tout à fait raisonnables.
32:50 Est-ce que c'est du steak par semaine ?
32:52 Est-ce que c'est de la viande un jour sur deux ?
32:54 Ce n'est pas n'importe quelle viande.
32:56 En plus, ça dépend de la viande, non ?
32:58 Si on regarde en France
33:00 sur l'empreinte carbone, les émissions
33:02 de gaz à effet de serre par personne et par an, à peu près 9 tonnes,
33:04 le premier poste, c'est les transports.
33:06 Le deuxième poste,
33:08 c'est effectivement l'alimentation
33:10 avec la partie, on va dire,
33:12 protéines animales qui pèsent plus que le reste.
33:14 Puis après, la partie boisson, parce que c'est lourd en fait.
33:16 C'est le transport
33:18 plus loin, de choses plus lourdes.
33:20 Et donc,
33:22 on voit que si on regarde par exemple
33:24 les recommandations nutritionnelles,
33:26 on peut tout à fait vivre très bien en mangeant
33:28 un, deux steaks par exemple
33:30 par semaine, quand on en mangeait davantage.
33:32 Mais on n'est pas nécessairement obligé
33:34 de le faire.
33:36 On n'est pas obligé de le faire. Et c'est ce côté-là
33:38 qui est intéressant, c'est qu'il n'y a pas une réponse univoque.
33:40 Il y a une multitude de choix.
33:42 Ce qu'on voit également, c'est que les personnes avec des niveaux
33:44 de revenus plus élevés réduisent
33:46 leur consommation de viande pour leur santé.
33:48 Et oui, mais ce qu'on voit aussi,
33:50 c'est qu'effectivement, les pays en voie de développement,
33:52 qui vont pouvoir permettre d'accéder à la viande,
33:54 vont en consommer 200% de plus.
33:56 Parce qu'en fait, historiquement,
33:58 ça a augmenté avec les revenus.
34:00 Simplement la capacité à pouvoir acheter davantage de viande
34:02 qui est plus chère.
34:04 Mais ça c'est culturel.
34:06 Et donc comment on peut aussi faire évoluer notre regard
34:08 sur ça, pour se dire
34:10 culturellement, qu'est-ce qu'on va
34:12 le plus valoriser. Et on voit bien par exemple
34:14 en France, dans les personnes
34:16 qui ont les revenus les plus contraints,
34:18 il y a une aspiration à consommer de la viande
34:20 comme un signe de pouvoir
34:22 nourrir sa famille avec
34:24 des protéines qu'on associe à
34:26 des valeurs de force, par exemple.
34:28 Qu'est-ce qu'on dit par exemple à l'Afrique,
34:30 qui elle, va consommer, c'est prévu,
34:32 beaucoup plus de viande
34:34 d'ici 2050, 200% de plus.
34:36 Qu'est-ce qu'on leur dit ? Eux, ils ont envie d'accéder
34:38 à la viande, ils n'avaient pas
34:40 de pouvoir d'achat pour le faire avant.
34:42 On leur dit, ben non, vous...
34:44 Alors moi, ce qui m'a frappée... Il ne faut même pas commencer.
34:46 En 2019, nous en avions porté un rapport du GIEC
34:48 spécial sur le changement climatique,
34:50 l'utilisation des terres en la sécurité alimentaire.
34:52 C'est un enjeu considérable,
34:54 aujourd'hui, et notamment en Afrique, cet enjeu de sécurité alimentaire,
34:56 avec des scientifiques du monde entier.
34:58 C'était un des rapports, je trouvais,
35:00 qui était le plus constructif, parce que ça montrait
35:02 quelles étaient les options d'action
35:04 qui permettent à la fois
35:06 de répondre à des enjeux d'adaptation
35:08 à un climat qui se réchauffe, de réduction d'émissions,
35:10 de préservation des écosystèmes,
35:12 de la biodiversité, parce que si
35:14 on veut davantage nourrir
35:16 un cheptel d'animaux importants dans le monde,
35:18 on va déforester
35:20 pour avoir des espaces de culture, par exemple.
35:22 - On pourrait imaginer aussi...
35:24 - Ce qui était frappant, c'est qu'il y a des contextes
35:26 où les gens dépendent vraiment,
35:28 notamment dans des zones semi-arides,
35:30 des protéines animales.
35:32 C'est critique, en fait, pour leur sécurité alimentaire.
35:34 Il y a d'autres contextes
35:36 où il y a d'autres alternatives possibles.
35:38 Il y a des traditions, il y a des pratiques.
35:40 Ce qui ressortait, notamment des scientifiques africains,
35:42 c'est un chercheur,
35:44 d'ailleurs, du Sénégal,
35:46 qui avait piloté le chapitre qui portait sur l'alimentation,
35:48 c'était aussi de valoriser
35:50 les connaissances
35:52 locales, culturelles,
35:54 sur une alimentation saine et soutenable,
35:56 parce qu'en fait, le fait de consommer
35:58 davantage de viande ne vient pas forcément
36:00 spontanément des populations locales.
36:02 C'est aussi quelque chose qui est construit
36:04 par des acteurs industriels.
36:06 Et sur ce rapport et les autres du GIEC,
36:08 quand on avait souligné les enjeux,
36:10 bien sûr, de soutien aux agriculteurs,
36:12 pour qu'ils soient résilients, pour que les meilleures pratiques
36:14 type polyculture-élevage, en fait, soient valorisées,
36:16 l'élevage sur herbe,
36:18 c'est une des meilleures options, par exemple,
36:20 pour réduire l'empreinte carbone
36:22 des ruminants et des produits laitiers.
36:24 Donc, on a aussi
36:26 des savoir-faire, c'est important de les valoriser.
36:28 Ce qui ressortait assez nettement,
36:30 c'était plutôt les grands pays exportateurs
36:32 de viande, notamment en Amérique du Sud,
36:34 qui, eux-mêmes,
36:36 ont essayé d'affaiblir la partie qui portait
36:38 sur le fait de végétaliser
36:40 l'alimentation.
36:42 Il n'y avait pas d'obstruction de pays africains
36:44 ou autres. - Comme le Brésil, par exemple ?
36:46 - Brésil, Argentine. Et donc là, vraiment, c'est
36:48 plutôt, je dirais, l'industrie de l'exportation
36:50 de viande, à très grande échelle,
36:52 qui cherche à conserver
36:54 ces marchés, ou à créer de nouveaux marchés.
36:56 Ce n'est pas forcément des aspirations
36:58 spontanées et locales. Donc, je pense
37:00 à regarder avec précaution les deux sujets
37:02 les plus sensibles dans l'approbation des rapports
37:04 du GIEC, c'était celui-là,
37:06 donc, végétaliser la part des protéines,
37:08 quand on en consomme trop,
37:10 réduire les protéines animales.
37:12 Et le deuxième sujet le plus sensible,
37:14 c'est celui qui portait sur le fait de réduire
37:16 l'utilisation d'énergies fossiles.
37:18 Ce n'étaient pas les mêmes acteurs, là, c'était plutôt les exportateurs
37:20 d'énergies fossiles. - Est-ce qu'on pourrait imaginer
37:22 que les animaux mangent une autre nourriture ?
37:24 C'est-à-dire pas le soja
37:26 qui oblige à déforester une partie
37:28 de l'Amazonie ? - De l'herbe, par exemple,
37:30 pour les ruminants. - Oui, mais... - Ça fait de mieux.
37:32 - De l'herbe, dans l'Afrique subsaharienne,
37:34 il n'y en a pas beaucoup. - Ça, ça contribue aussi aux émissions de gaz à effet de serre,
37:36 c'est toute la nourriture pour les animaux.
37:38 - Oui, bien sûr. Et est-ce qu'on voit également,
37:40 dans le reportage tout à l'heure, c'était assez marqué,
37:42 les gens ont l'impression de consommer moins de viande,
37:44 mais notamment avec tous les plats
37:46 préparés, les fast-foods,
37:48 il y a une tendance, en fait, dans l'alimentation,
37:50 on va dire plus industrielle,
37:52 facile à accéder,
37:54 à avoir une consommation
37:56 plus élevée de viande. Du coup,
37:58 on est sur des choses un peu contradictoires.
38:00 Il y a aussi des effets liés à l'âge,
38:02 où souvent c'est les personnes plus âgées qui veulent faire
38:04 attention à leur santé, et donc
38:06 font évoluer leur alimentation,
38:08 la végétalisent un peu plus.
38:10 Par contre, il y a parfois une forme d'indifférence
38:12 chez les plus jeunes aussi.
38:14 - Scénario fiction, Brigitte, on interdit la viande,
38:16 on sauve la planète ou pas ?
38:18 - Je pense que ça ne se pose pas du tout dans ces termes-là,
38:20 ni en France, ni partout ailleurs dans le monde.
38:22 C'est plutôt, en fait... Alors, pourquoi je vais l'expliquer ?
38:24 Donc, le reportage tout à l'heure
38:26 reliait, je ne sais pas si c'était
38:28 un kilo de différents types de viande,
38:30 à des émissions de CO2, mais ce n'est pas ça qui fonctionne.
38:32 Ça ne fonctionne pas comme ça.
38:34 C'est une émission de méthane,
38:36 et par les épandages d'oxyde nitreux,
38:38 deux autres gaz à effet de serre,
38:40 pour arriver à limiter le réchauffement,
38:42 il va être critique d'arriver à des émissions de CO2
38:44 à zéro net, ça c'est la première chose.
38:46 Donc ça, c'est essentiellement énergie fossile, déforestation.
38:48 Et pour le méthane, il s'agit de réduire.
38:50 Il ne s'agit pas d'aller à zéro.
38:52 Donc il ne faut pas non plus avoir une vision qui soit caricaturale.
38:54 - Donc on peut continuer à manger de la viande, en fait.
38:56 - Voilà, mais en valorisant
38:58 les filières les plus vertueuses,
39:00 donc par exemple, les ruminants sur herbe,
39:02 c'est aussi une viande qui va être plus chère.
39:04 Donc l'idée, c'est, dans la réflexion,
39:06 c'est valoriser les meilleures pratiques,
39:08 comment les rendre mieux visibles,
39:10 comment reconnaître les efforts qui sont faits
39:12 par notamment les exploitants qui mettent en place
39:14 les meilleures pratiques.
39:16 Et puis, c'est un enjeu sur les marchés internationaux.
39:18 Donc on parlait tout à l'heure
39:20 de l'alimentation industrielle.
39:22 Là, en fait, les commerçants,
39:24 la grande distribution,
39:26 va aller chercher la viande la moins chère,
39:28 faite dans les conditions qui ne sont pas
39:30 exactement ce qu'on décrivait tout à l'heure,
39:32 mais ça ne se voit pas pour le consommateur.
39:34 Donc comment arriver aussi à le rendre plus visible ?
39:36 - Et pour rebondir sur la question de Brigitte
39:38 qui parlait de l'alimentation, est-ce qu'on ne peut pas changer ?
39:40 J'ai entendu dire qu'il fallait la changer
39:42 pour baisser les émissions de méthane.
39:44 Il fallait peut-être transformer la nourriture des animaux.
39:46 - Alors, il y a des enjeux
39:48 sur les pratiques d'alimentation,
39:50 certains compléments alimentaires
39:52 qui peuvent permettre, effectivement,
39:54 de réduire un peu cet aspect-là.
39:56 Donc c'est des petits leviers d'action,
39:58 mais pas du tout négligeables à grande échelle.
40:00 Ça fait partie des choses qui sont explorées actuellement.
40:02 - La viande de synthèse, par exemple,
40:04 ça peut être une solution pour
40:06 pallier, finalement,
40:08 cette production de viande traditionnelle ?
40:10 - Ça peut être des choses un peu de niche.
40:12 Moi, je pense que c'est plutôt des choses un peu de niche.
40:14 Parce que, bien sûr, si on veut brasser
40:16 des cellules animales, ça revient à ça,
40:18 un peu comme on brasse de la bière.
40:20 Il y a une consommation de matières premières
40:22 pour le fer, d'énergie.
40:24 Donc, il faut bien regarder ce qu'on gagne
40:26 et ce qu'on évite.
40:28 Il me semble que ceux qui favorisent ces approches-là
40:30 sont plutôt ceux qui ont un attachement
40:32 à éviter la souffrance animale,
40:34 notamment, et donc, ils seraient intéressés
40:36 à avoir des alternatives sans
40:38 cette dimension-là. Donc, il y a quelques
40:40 démonstrateurs, mais ce n'est pas
40:42 quelque chose qui est, aujourd'hui, à l'échelle
40:44 nécessaire, et puis, souvent associé
40:46 à un coût assez élevé. - Et les insectes ?
40:48 - Alors, dans beaucoup de régions du monde,
40:50 en fait, les insectes sont une source de protéines.
40:52 - Oui, déjà. Est-ce qu'il ne faut pas...
40:54 - Le FAO veut mettre le paquet sur les insectes.
40:56 - Il y a aussi un potentiel pour l'alimentation des animaux d'élevage,
40:58 notamment, à partir de protéines issues d'insectes,
41:00 avec une empreinte plus soutenable,
41:02 en fait. Voilà, donc, ça peut faire partie
41:04 d'élevés d'action. - Il y a des alternatives, voilà.
41:06 - Mais il y a des freins culturels qui sont
41:08 intéressants. Quand on parle des pratiques
41:10 alimentaires, on voit bien que c'est ancré dans des
41:12 cultures. Donc, en France, c'est
41:14 tout à fait acceptable, par exemple, de manger des cuisses
41:16 de grenouilles. Dans d'autres pays du monde,
41:18 pas du tout. Et après, ça demande à regarder,
41:20 par exemple, sur les cuisses de grenouilles qui sont
41:22 importées de pays où on a
41:24 une chute, en fait, de la diversité
41:26 de batraciens, typiquement en Indonésie.
41:28 On est vraiment sur des choses pas du tout
41:30 durables. Il y a un décalage entre
41:32 le ressenti des gens et puis la réalité
41:34 des filières d'approvisionnement.
41:36 Et c'est pour ça, en fait, les insectes ou d'autres choses,
41:38 dans certaines régions du monde,
41:40 c'est perçu comme une chance, comme
41:42 quelque chose qui est associé, parfois,
41:44 à des fêtes, des moments dans les
41:46 saisons. Et donc, ça demande
41:48 aussi de s'interroger sur le
41:50 regard qu'on porte sur différentes sources
41:52 de protéines. Alors, en plus d'émettre
41:54 beaucoup de gaz à effet de serre, eh bien, l'agriculture
41:56 est le secteur le plus gros consommateur
41:58 d'eau. L'eau, une denrée de
42:00 plus en plus rare avec le réchauffement climatique.
42:02 On en parle et on met les pieds dans le plat.
42:04 [Générique]
42:09 Eh bien, figurez-vous qu'avec la sécheresse,
42:11 une source s'est tarie
42:13 dans le département de l'eau.
42:15 Résultat, deux petits villages, au régime sec,
42:17 au robinet, l'eau qui coule provient de
42:19 camions-citernes. Pas de pluie non plus
42:21 dans les champs pour irriguer les cultures.
42:23 Toute une vie au quotidien est à réinventer
42:25 pour les 200 habitants. C'est un reportage
42:27 de Clément Peyrouault.
42:29 [Générique]
42:32 La sécheresse au mois de décembre.
42:35 Coustouche, dans le massif
42:37 des Corbières, affronte
42:39 une pénurie d'eau.
42:41 Pour y remédier, voilà
42:43 le traitement. Des camions-citernes
42:45 viennent alimenter le village deux fois
42:47 par semaine.
42:49 L'eau vient de Lézignan,
42:51 à 25 kilomètres d'ici.
42:53 - Il y a 29 000 litres là.
42:55 Ça tient à peu près
42:57 deux jours sur la commune.
42:59 - L'eau est versée dans le réseau
43:01 communal de Coustouche
43:03 et de Jonquière, le village voisin.
43:05 Les deux communes rassemblent
43:07 200 habitants au total.
43:09 Leurs maires sont venus tous les deux
43:11 assister aux opérations.
43:13 La situation les inquiète beaucoup.
43:15 - On ne contrôle plus rien.
43:17 On est tributaires des précipitations.
43:19 Les prévisions météo
43:21 sont très défavorables.
43:23 - On parle souvent d'un dérèglement
43:25 climatique, etc.
43:27 On est en plein dedans.
43:29 On a un manque crucial de précipitation
43:31 ces deux dernières années.
43:33 Voilà à quoi ça aboutit.
43:35 Une pénurie d'eau pour nos deux villages
43:37 et ce fameux ravitaillement par citerne.
43:39 Depuis plusieurs années,
43:41 les deux villages étaient alimentés
43:43 par la précipitation.
43:45 Mais elle s'est définitivement tarie
43:47 fin novembre, faute de précipitation.
43:49 - C'est sec.
43:51 C'est inédit.
43:53 On ne l'a jamais vu.
43:55 Généralement, ça coule toujours un peu.
43:57 Là, on n'a plus rien du tout.
43:59 - Dans ces conditions,
44:01 au village, les habitants ont appris
44:03 à limiter leur consommation d'eau,
44:05 chacun à sa manière.
44:07 - On a mis des économiseurs d'eau
44:09 à chaque robinet.
44:11 - On a moins de temps pour se laver.
44:13 Les chasse-eau d'eau, on les économise.
44:15 - La vaisselle, on la fait systématiquement.
44:17 Je la fais le matin.
44:19 Je stocke la vaisselle, des choses comme ça.
44:21 - La pénurie d'eau n'infecte pas
44:23 que le quotidien des particuliers.
44:25 Conjuguée aux fortes chaleurs,
44:27 elle est une calamité pour les viticulteurs
44:29 comme Valérie Seugon.
44:31 Sa vigne est en situation
44:33 de stress hydrique.
44:35 - Là, on a de la repousse.
44:37 La vigne repousse alors qu'on est au mois de décembre.
44:39 - La vigne est complètement déréglée.
44:41 Elle ne sait pas qu'on est au mois de décembre.
44:43 Elle s'apprête à pousser.
44:45 C'est en mars-avril qu'elle pousse.
44:47 - Elle se croit au printemps.
44:49 - Elle se croit au printemps.
44:51 - Le bois des vignes
44:53 est aussi beaucoup plus faible.
44:55 Cette année, sur cette parcelle,
44:57 la production de vin a chuté de 60%.
44:59 ...
45:01 - Alimenter un village
45:03 de 200 habitants et des camions-citernes,
45:05 ça va, mais si jamais,
45:07 dans les années qui viennent,
45:09 ce sont des villes entières de plusieurs dizaines
45:11 de milliers d'habitants,
45:13 comment va-t-on faire ?
45:15 - On voit les enjeux majeurs
45:17 liés au réchauffement planétaire.
45:19 À mesure de l'ampleur du réchauffement,
45:21 dans certaines régions, c'est une baisse
45:23 de la pluviométrie qui va aggraver
45:25 l'intensité des sécheresses.
45:27 C'est le cas cette année
45:29 en Amazonie, par exemple.
45:31 Ça a été le cas en France en 2022,
45:33 sécheresse record.
45:35 - En Espagne aussi, il y a des sécheresses.
45:37 - Actuellement, sur la partie méditerranéenne,
45:39 on l'a vu tout à l'heure...
45:41 - Ça veut dire quoi ? Il va y avoir des camions-citernes
45:43 qui vont se promener comme ça dans plusieurs villes de France
45:45 pour alimenter en eau ?
45:47 - Je pense aussi à la Nouvelle-Orléans,
45:49 où il y a une entrée d'eau salée
45:51 qui fait que l'alimentation en eau potable
45:53 est compliquée parce que l'eau devient
45:55 de plus en plus saline, impropre à la consommation.
45:57 Mayotte, plus d'eau potable.
45:59 - Les reportages livrent des millions de bouteilles.
46:01 - On est sur une autre échelle qui pose la question
46:03 sur les petites îles qui n'ont pas de stock
46:05 d'une plus grande vulnérabilité.
46:07 Et puis les déchets aussi.
46:09 Le plastique de ces bouteilles est catastrophique
46:11 pour la vie au quotidien.
46:13 On voit que dans un climat qui se réchauffe,
46:15 on a un cycle de l'eau
46:17 plus intense et plus variable.
46:19 Plus de saisons et d'événements
46:21 très humides et très secs.
46:23 Parfois, c'est l'excès et parfois, c'est la pénurie.
46:25 En région méditerranéenne, c'est dans les points chauds
46:27 d'un climat qui se réchauffe.
46:29 On a une tendance à avoir moins de précipitations.
46:31 Et puis quand il fait plus chaud, on vide plus rapidement
46:33 les sols de leur humidité en plus.
46:35 Donc il y a les deux facteurs qui jouent dans le même sens.
46:37 - Quand il y a un excès d'eau, on se rend compte que les nappes
46:39 phréatiques ne remontent pas forcément d'un coup.
46:41 - Alors ça va dépendre. Il y a l'effet surface
46:43 puis après, il y a le temps de réponse des nappes.
46:45 Avec parfois, l'utilisation locale
46:47 des nappes qui n'est pas du tout soutenable.
46:49 C'est-à-dire qu'on prélève beaucoup plus d'eau
46:51 que ce qui se renouvelle régulièrement.
46:53 Donc le niveau des nappes baisse, comme en Espagne par exemple.
46:55 Et là, on est sur des enjeux d'aridification.
46:57 Et moi, ce qui me frappe également,
46:59 c'est dans les conflits récents, à quel point l'eau
47:01 est une arme de guerre et l'eau est un facteur de conflit.
47:03 Par exemple, entre l'Ukraine et la Russie,
47:05 il y a une utilisation non durable de l'eau
47:07 dans la partie est de l'Ukraine
47:09 et l'eau a été utilisée dans les deux cas
47:11 comme une arme de guerre.
47:13 Entre Israël et Palestine,
47:15 on est sur, pareil, contexte méditerranéen,
47:17 une ressource très contrainte,
47:19 y compris un appauvrissement des nappes
47:21 et une population qui augmente.
47:23 Donc on est sur des tensions
47:25 qui sont très lourdes.
47:27 - Il faut trouver des alternatives.
47:29 Je pense en France notamment,
47:31 le traitement des eaux usées,
47:33 la désalinisation, est-ce que ça peut être
47:35 des alternatives ou pas ?
47:37 - Ça fait partie des choses qu'on a regardées
47:39 dans un rapport de l'Académie des technologies
47:41 sur comment est-ce qu'on peut rajouter des ressources
47:43 en eau qui n'étaient pas exploitées précédemment.
47:45 Il y a un potentiel très limité.
47:47 Sur la désalinisation, ça consomme beaucoup d'énergie,
47:49 donc très restreint à certains contextes spécifiques,
47:51 type île, par exemple.
47:53 - Et puis on rejette le sel,
47:55 du coup l'eau est encore plus salée, c'est ça ?
47:57 - Donc il y a des enjeux de le faire
47:59 le moins mal possible quand on le fait.
48:01 - Pourtant sur le papier,
48:03 on se dit que c'est une très bonne solution.
48:05 - Ça consomme beaucoup d'énergie.
48:07 Ensuite, la deuxième chose,
48:09 réutiliser des eaux usées.
48:11 Dans certains contextes, c'est tout à fait faisable,
48:13 mais c'est des enjeux aussi d'assurer la qualité de ces eaux
48:15 par rapport à leurs usages.
48:17 - Mais ça, Israel le fait par exemple très bien.
48:19 - L'Australie également.
48:21 - Donc là, il y a quand même un moyen d'avoir une véritable alternative.
48:23 - Exactement, mais ce n'est pas ça qui va
48:25 augmenter la ressource.
48:27 En France, on s'attend à mesure du réchauffement
48:29 à avoir une augmentation des vagues de chaleur,
48:31 une baisse de l'humidité des sols,
48:33 graduelle,
48:35 et donc ce qu'on voit, c'est une double contrainte.
48:37 On aura besoin de plus d'eau,
48:39 par exemple pour l'irrigation,
48:41 pour garder les mêmes cultures, en fait,
48:43 et d'autre part, on aura une ressource qui risque
48:45 de diminuer, et elle diminue aussi parce que
48:47 dans un climat plus chaud, on a l'enneigement
48:49 qui se réduit, on a un peu de recul
48:51 des glaciers aussi, et donc la capacité
48:53 à déstocker de l'eau quand on a
48:55 le plus besoin se réduit également
48:57 depuis les régions de haute montagne.
48:59 Donc la réponse n'est pas seulement dans
49:01 les technologies qui vont permettre d'utiliser
49:03 mieux l'eau, c'est aussi en fait ce qui était
49:05 tout à fait décrit par les habitants du village,
49:07 ce qu'on peut faire dans nos pratiques au quotidien.
49:09 - C'est le système D, en fait, il faut...
49:11 - C'est être plus efficace aussi à l'échelle individuelle collective.
49:13 - Les couches moins longues, par exemple,
49:15 peut-être pas tirer la chasse d'eau à chaque fois,
49:17 économiser finalement quand on fait la vaisselle,
49:19 c'est tout ça. - Oui, mais ça c'est l'échelle
49:21 individuelle. Après, on a toute la qualité
49:23 des réseaux d'eau... - C'est efficace, ça ou pas ?
49:25 - Ces petits gestes du quotidien, c'est efficace ou pas ?
49:27 - C'est une partie de la réponse, mais il y a aussi tous les réseaux d'eau
49:29 qui peuvent fuir, donc là, les entretenir, c'est un point
49:31 très important, la qualité des réseaux,
49:33 et puis ensuite, ce qui prélève le plus d'eau,
49:35 notamment en été, c'est bien sûr
49:37 l'irrigation, donc avoir aussi des techniques
49:39 très performantes de micro-irrigation, par exemple,
49:41 qui vont permettre d'assurer
49:43 la sécurité alimentaire, c'est un point important,
49:45 tout en limitant l'utilisation
49:47 de la ressource. - Là, on n'entend que sobriété,
49:49 finalement, est-ce que c'est une politique
49:51 publique, la sobriété ? - Moi, je dirais que c'est plutôt
49:53 une approche vraiment intelligente,
49:55 c'est pas forcément sobriété,
49:57 parce qu'en fait, on est surtout sur des situations de gaspillage,
49:59 en fait, souvent, donc c'est plutôt en fait
50:01 être le plus intelligent collectivement sur ce qui
50:03 peut être fait, et il y a des
50:05 exemples dans plein de pays différents, justement,
50:07 qui montrent ce qui peut être
50:09 fait, mais aussi parfois les limites dures,
50:11 c'est un terme qu'on utilise par rapport à
50:13 l'adaptation au changement climatique, dans certains cas,
50:15 on est un peu le dos au mur, quand on n'a pas
50:17 d'eau dans un cours d'eau, c'est une limite dure, quand on a
50:19 une source qui se tarisse, c'est une limite dure,
50:21 où là, on voit bien qu'on va passer en gestion de crise,
50:23 et pas en résilience, en fait.
50:25 - Alors, une douche courte, c'est le bon sens,
50:27 est-ce qu'on a déjà réglementé l'usage
50:29 de l'eau dans les cultures, est-ce qu'un jour,
50:31 on va pas être obligé de réglementer l'usage
50:33 à l'intérieur des maisons ?
50:35 Ça, vous le voyez, ça venir ? - Alors, il y a des réflexions,
50:37 par exemple, sur les besoins de base
50:39 et la tarification, par exemple,
50:41 pour les besoins de base, avoir un tarif faible,
50:43 et puis, au contraire,
50:45 augmenter quand on a une utilisation excessive,
50:47 par rapport à la taille de la ménage.
50:49 - Oui, mais ça, c'est pour gonfler la facture, et pour limiter
50:51 les gens, mais réglementer vraiment l'usage de l'eau,
50:53 quand on vous entend tout à l'heure... - La limite aux libertés individuelles,
50:55 Jean-Pierre ! - Oui, mais quand on vous entend, les scénarios...
50:57 - Moi, j'ai jamais entendu parler de la moindre réflexion
50:59 dans ce sens, et ce qu'on voit
51:01 dans les communes qui sont touchées par des restrictions
51:03 très dures, c'est que les gens, très vite,
51:05 prennent la mesure des enjeux, et se partagent
51:07 les meilleures pratiques, aussi. - Aujourd'hui,
51:09 mais quand on a entendu tout à l'heure votre exposé,
51:11 on se dit, dans 30 ans,
51:13 à mon avis, on nous dira, vous avez droit à 5 litres
51:15 par jour, aujourd'hui ? - Le seul exemple que j'ai vu en ce...
51:17 Ben, ça, c'est ce qu'il y a à Mayotte. - Ben alors, voilà !
51:19 - C'est ce qu'il y a à Mayotte,
51:21 et c'est atroce, en fait.
51:23 Vous imaginez la vie... - Non, mais est-ce que Mayotte préfigure
51:25 pas ce qui pourrait se passer ailleurs, dans quelques décennies ?
51:27 - Alors, ce que j'ai vu, par exemple, à Singapour,
51:29 c'est qu'ils sont très contraints sur l'utilisation de l'eau,
51:31 ils rachètent les eaux usées de la Malaisie, ils les traitent,
51:33 pour l'approvisionnement de Singapour,
51:35 qui a très peu de ressources,
51:37 et ce qui était plutôt, c'était de l'encouragement.
51:39 Donc, par exemple, dans les douches,
51:41 une couleur qui passe de, je sais plus,
51:43 mettons du vert au bleu,
51:45 au bout de quelques minutes, qui donne un signal,
51:47 c'est pas du tout une obligation, mais c'est un signal,
51:49 voilà, maintenant... - Un appel à l'ordre.
51:51 - Maintenant, c'est du luxe, vous avez déjà utilisé.
51:53 Voilà. Et c'est plutôt ces approches incitatives,
51:55 le bon sens,
51:57 le fait de se prendre en main, en fait,
51:59 collectivement, quand on est dans des situations
52:01 de tension, qui fonctionnent le mieux.
52:03 - Valérie Masson-Delmotte, il y a la COP28
52:05 qui a lieu en ce moment à Dubaï,
52:07 quelles sont les décisions qu'il faudrait prendre,
52:09 selon vous, pour limiter le réchauffement climatique
52:11 à 1,5 degrés, qui était l'accord de Paris ?
52:13 - Alors, ce qu'on voit,
52:15 c'est que le premier facteur
52:17 du réchauffement actuel et futur,
52:19 c'est le cumul des émissions de dioxyde de carbone
52:21 qu'on émet quand on brûle du charbon,
52:23 du pétrole, du gaz,
52:25 lorsqu'on détruit une forêt.
52:27 Et donc, la marge de manœuvre
52:29 pour limiter le réchauffement à 1,5 degré,
52:31 en fait, année après année, elle se réduit.
52:33 On estime maintenant qu'au rythme
52:35 actuel des missions, parce que ça continue encore
52:37 à monter légèrement, moins vite qu'avant,
52:39 on aura épuisé
52:41 la marge de manœuvre qui nous reste
52:43 pour contenir le réchauffement à 1,5 degré
52:45 avant la fin de cette décennie. Donc, on va vers
52:47 ce niveau-là de réchauffement, ça va être compliqué,
52:49 ça va demander plus d'efforts
52:51 d'adaptation, plus d'efforts
52:53 pour accompagner les plus fragiles,
52:55 notamment les mécanismes liés aux pertes et d'hommages.
52:57 Et donc, le point
52:59 clé, c'est si on veut être sérieux,
53:01 arriver à limiter le réchauffement le plus près possible
53:03 de ce niveau-là, pour éviter des choses ingérables,
53:05 dont on a parlé pour l'eau, la sécurité alimentaire,
53:07 c'est en fait
53:09 planifier collectivement
53:11 une sortie des énergies fossiles.
53:13 - Toutes les énergies fossiles ? - C'est planifier une sortie
53:15 graduelle des énergies fossiles,
53:17 en commençant bien sûr par le charbon.
53:19 - Donc là, Emmanuel Macron a fixé 2030
53:21 comme objectif ? - En France.
53:23 - 2027 en France ? - Oui.
53:25 - 2030 pour tout le monde ? - C'est un appel.
53:27 - Mais les Indiens ne veulent pas, les Chinois...
53:29 - Charbon, pétrole, puis gaz.
53:31 Donc ça, c'est vraiment important.
53:33 - Et on voit à quelle échéance ? - Graduelle.
53:35 Et à horizon 2050,
53:37 si on veut vraiment avoir réussi à limiter le réchauffement,
53:39 il faudrait que les émissions mondiales
53:41 de CO2 dues aux activités humaines
53:43 seules, soient à zéro. C'est-à-dire
53:45 si jamais on en émet encore dans des secteurs
53:47 très difficiles, on soit capable
53:49 d'en éliminer, et on n'y est pas.
53:51 Et dans ce contexte-là, chaque mot compte.
53:53 Donc on voit bien là qu'on est dans le dur
53:55 au moment de la COP28,
53:57 où cette question, elle est sur le devant
53:59 de la table. C'est une COP présidée par
54:01 le PDG de la Compagnie nationale
54:03 émiratie, dans un pays
54:05 qui, voilà,
54:07 est un exportateur de gaz et de pétrole,
54:09 comme beaucoup dans cette région.
54:11 Un pays qui aborde
54:13 plus frontalement les enjeux de
54:15 diversification économique que d'autres pays
54:17 de la même région, et notamment
54:19 l'Arabie saoudite, là, qui a pris des positions
54:21 très dures, ne souhaitant
54:23 pas qu'on mentionne le fait
54:25 de sortir des énergies fossiles, même
54:27 l'utilisation de ces termes.
54:29 - Donc vous avez un doute sur la réussite de cette COP ?
54:31 - Non, on est dans le dur, et ça, il faut bien le comprendre.
54:33 Et moi, j'ai vu, notamment
54:35 dans des rapports d'évaluation scientifique
54:37 comme ceux du GIEC,
54:39 le poids très fort de pays exportateurs
54:41 d'énergies fossiles, l'Arabie saoudite,
54:43 la Russie et d'autres, pour essayer
54:45 d'atténuer les conclusions pour servir
54:47 leurs intérêts, notamment par exemple de dire
54:49 l'enjeu, c'est pas de sortir des énergies fossiles,
54:51 pour eux, c'est de réduire
54:53 les émissions, en faisant miroiter une capacité
54:55 d'arriver à utiliser des énergies fossiles
54:57 en captant les émissions
54:59 de CO2 et en les stockant.
55:01 Et c'est pour ça, d'ailleurs, que le Haut Conseil pour le Climat
55:03 a rendu un avis sur cet aspect-là,
55:05 donc avant la COP,
55:07 la semaine dernière, à la demande de la Première
55:09 Ministre, pour évaluer le potentiel
55:11 réel. Et il faut
55:13 quand même bien comprendre que les compagnies pétrolières,
55:15 ce qu'elles savent faire, c'est transporter du liquide
55:17 et du gaz et le stocker ou
55:19 le déstocker de réservoirs géologiques.
55:21 Donc dans leur vision des choses, après avoir
55:23 été payée pour en extraire, être
55:25 payée pour le capter et le stocker,
55:27 c'est peut-être une opportunité, mais
55:29 le potentiel est limité, le coût est élevé,
55:31 ça ne se déploie pas du tout à l'échelle,
55:33 donc l'enjeu, c'est monter très vite en
55:35 puissance sur l'efficacité énergétique,
55:37 les renouvelables, le nucléaire, pour ceux qui souhaitent
55:39 le faire. Ça a fait partie des annonces
55:41 en début de COP, et là on est dans le dur,
55:43 parce qu'il ne s'agit pas de rajouter des énergies
55:45 renouvelables en plus du reste. - Donc on espère en tout cas
55:47 qu'il y aura une décision qui
55:49 sera prise à cette COP28.
55:51 On va passer maintenant au dessert,
55:53 puisque tout le monde a fini, et c'est le Pêcher Mignon.
55:55 [Musique]
55:57 - Alors après les légumes de saison,
55:59 eh bien, on est un peu dans la logique,
56:01 on a droit à des fruits de saison, enfin c'est ce qu'avait
56:03 demandée Mme Masson-Delmotte, alors je vois
56:05 que dans cette salade de fruits, il y a des fruits qui sont
56:07 certes de saison, mais pas forcément de chez nous.
56:09 Vous nous direz si c'est une bonne chose.
56:11 En tous les cas, la sobriété,
56:13 les fruits de saison, les légumes de saison,
56:15 c'est un peu votre mantra. On s'attendait
56:17 à un peu une pâtisserie, un truc un peu rock'n'roll,
56:19 mais non, rien. - Alors en fait, il faut que j'explique
56:21 que j'ai eu un rhume carabiné, comme beaucoup de monde en fait,
56:23 la semaine dernière, et du coup, on a besoin
56:25 de vitamines aussi. - D'accord.
56:27 Sinon on aurait droit à une mousse au chocolat.
56:29 - Non, vous, vous êtes plutôt
56:31 fruit que dessert,
56:33 que pâtisserie. - Non, non, j'aime bien en fait
56:35 aussi le sucré, de manière raisonnable.
56:37 Un de mes desserts préférés, en fait,
56:39 c'est le clafoutis aux cerises, par exemple.
56:41 - Ah oui, c'est pas de saison. - C'est délicieux, mais c'est pas la saison.
56:43 - Vous savez le préparer ? - Ah oui, bien sûr.
56:45 - Oui ? - Oui, oui. C'est de la pâte à crêpes
56:47 avec des cerises, c'est très facile. - Oui, c'est vrai
56:49 que c'est assez bon. Alors vous savez, on finit toujours cette
56:51 émission en chanson, en musique.
56:53 Vous avez choisi celle-là, on va l'écouter ensemble.
56:55 Cher Fabien, tu ne me connais pas encore,
56:57 je suis ton petit-fils, je t'écris
56:59 depuis l'année 2083.
57:01 Je te passe ce message afin que ton époque réagisse.
57:03 Ici, la planète va mal, il faut absolument
57:05 que tu me crois. Jakarta, Lagos,
57:07 New York ont disparu sous la mer,
57:09 mais aussi Venise, Londres et un tiers des Pays-Bas.
57:11 Tombouctou et le Nord-Mali
57:13 ensevelissent sous le désert, et le fleuve Niger
57:15 n'a plus une seule goutte d'eau dans ses bras.
57:17 Les villes côtières qui luttent contre la montée des eaux
57:19 ont beau construire des tigres, des barrages
57:21 et des murailles, elles ne pèsent pas bien lourd
57:23 et éclatent vite en morceaux
57:25 quand les cyclones et ouragans viennent finir le travail.
57:27 Dans plusieurs pays d'Afrique
57:29 et d'Asie du Sud-Est, mais aussi à Athènes,
57:31 Aucker et quelques autres élus,
57:33 il fait souvent 60 degrés, chaque été
57:35 est un test, où les riches vivent sous la clim
57:37 et les pauvres ne vivent plus.
57:39 Alors c'est 2083,
57:41 de grands corps malades,
57:43 on a compris le message
57:45 écologique et politique. En fait, c'est une chanson
57:47 où il fait parler son petit-fils,
57:49 ce que j'ai bien compris, en 2083,
57:51 avec lui. C'est une petite référence au fait
57:53 d'ignorer les rapports du GEC actuellement.
57:55 Et j'aime bien ce côté se projeter,
57:57 c'est-à-dire se dire, voilà, où on sera à ce moment-là,
57:59 comment on vivra, qu'est-ce qu'on fera,
58:01 quels sont les futurs qu'on n'a pas envie de vivre,
58:03 où est-ce qu'on veut être et comment on va y arriver
58:05 collectivement. Le côté positif, en fait,
58:07 qui n'est pas abordé là.
58:09 Voilà, et c'était "Grands Corps Malades". Merci.
58:11 Je propose qu'on diffuse cette chanson à chaque COP,
58:13 en début. A chaque début de COP,
58:15 ça pourrait être une idée, le message est lancé.
58:17 Merci Valérie Masson-Delmotte
58:19 d'avoir accepté notre invitation dans "Politique à table".
58:21 Merci à H.E. François qui nous a fourni
58:23 ces petits plats, comme d'habitude, délicieux.
58:25 Merci à vous tous de nous avoir suivis.
58:27 Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau numéro
58:29 de "Politique à table" sur LCP.
58:31 [Musique]
58:45 Merci.