Table ronde - Comment valoriser les énergies, ressources, déchets ?
- Alexandre Garcin - Adjoint au Maire en charge de la Transition Ecologique et Energétique, des Mobilités, des Espaces publics, de l'Eclairage public et de la Voirie, Roubaix (59)
- Gwénaël Guyonvarch - Directeur exécutif adjoint des Territoires, Ademe
-Alexandre Lemille - Directeur Général, Anthesis
- Alexandre Garcin - Adjoint au Maire en charge de la Transition Ecologique et Energétique, des Mobilités, des Espaces publics, de l'Eclairage public et de la Voirie, Roubaix (59)
- Gwénaël Guyonvarch - Directeur exécutif adjoint des Territoires, Ademe
-Alexandre Lemille - Directeur Général, Anthesis
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00:00 Et nous allons continuer avec un autre sujet.
00:03 Comment valoriser les énergies, ressources et déchets ?
00:06 Vaste question, plein de choses à raconter.
00:08 Et c'est ce que l'on va faire tout de suite avec Alexandre Garcin,
00:11 qui est maire adjoint de Roubaix,
00:12 Alexandre Lemille également, qui est directeur général d'Anthesis,
00:16 et Gwenaëlle Guyon-Varches,
00:18 qui est directeur exécutif adjoint des Territoires à l'ADEME.
00:22 On peut les accueillir.
00:23 Bonjour.
00:26 Bienvenue.
00:28 Messieurs, installez-vous où vous voulez.
00:30 Alors, il nous faut le Pavlov, qui est ici,
00:42 parce que vous avez des choses à projeter, me dit-on, dans l'oreillette.
00:45 On commence avec vous, Alexandre Garcin,
00:48 puisque nous avons deux Alexandres, donc il ne faut pas se mélanger.
00:52 Roubaix est une ville pionnière,
00:55 engagée dans l'économie circulaire.
00:58 Et vous allez nous expliquer ça.
00:59 Pourquoi avez-vous notamment décidé d'accélérer
01:03 du côté du zéro déchet ?
01:06 -Le zéro déchet, c'est quelque chose qu'on a porté dès 2014.
01:09 Roubaix, c'est une ville de 100 000 habitants,
01:11 ancienne capitale textile en France,
01:15 le Manchester français, la ville aux 1 000 cheminées.
01:18 Il n'y en avait que 330.
01:19 La ville, elle s'est construite autour des usines,
01:22 avec des usines, et puis ensuite, on construisait des logements autour.
01:26 C'est une crise industrielle du textile qui se délocalise.
01:31 La ville est, depuis les années 50, on va dire,
01:34 dans une difficulté à repasser cette crise.
01:39 Et le zéro déchet, c'était une façon originale
01:42 de répondre au départ à un enjeu de propreté.
01:44 Et puis, finalement, c'est beaucoup plus que ça,
01:47 parce qu'en fait, les déchets, c'est notre consommation.
01:49 Et donc, en travaillant sur les déchets
01:53 et sur la réduction des déchets avec les habitants,
01:56 on a finalement proposé un nouveau parcours de consommation,
01:59 une reprise en main de sa consommation,
02:00 une reprise en main de sa vie,
02:01 avec derrière des effets sur la santé,
02:03 des effets sur le lien social, des effets sur la fierté.
02:07 Et donc, c'est à travers un défi des familles zéro déchet,
02:10 on accompagne vraiment les familles et les gens,
02:12 mais d'une façon très positive.
02:14 C'est-à-dire qu'on ne dit pas "Il faut faire ça",
02:15 on dit "Qu'est-ce que vous voulez faire ?
02:17 Sur quoi vous voulez travailler ?"
02:19 Et on a des retours qui sont extrêmement touchants.
02:24 C'est-à-dire que, je pense, on a un exemple un peu phare,
02:28 mais il y en a plein d'autres, en fait.
02:30 On a Andrée Guy.
02:31 Andrée, elle dépensait 500 euros en 3 semaines.
02:34 La dernière semaine, elle n'avait plus rien à dépenser.
02:36 Parfois, elle n'avait plus rien à manger.
02:39 On lui a saisi sa voiture, elle avait du mal à payer son loyer.
02:42 Elle est rentrée, donc, maintenant, depuis 10 ans,
02:46 dans le dispositif des familles zéro déchet.
02:49 Elle a réduit sa consommation...
02:51 Enfin, elle a réduit sa production de déchets
02:53 de façon monumentale.
02:55 C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
02:56 elle produit 1 kg par an de déchets résiduels,
02:59 la moyenne étant, sur la métropole lilloise, de 240 kg.
03:03 Vous voyez l'effort.
03:04 En fait, elle remplit son sac de nourriture pour chats
03:06 de ses déchets.
03:08 Donc, elle le met sur la balance et puis elle voit
03:10 comment il évolue.
03:12 Et Andrée, elle dépense aujourd'hui 250 euros par mois
03:16 pour ses besoins alimentaires.
03:18 Donc, elle a ouvert un livret A pour ses enfants.
03:21 Elle va chez le coiffeur, elle va au restaurant,
03:24 elle doit témoigner à travers toute la France.
03:26 Je pense qu'elle avait jamais pris le TGV
03:28 avant que je l'emmène à l'Assemblée nationale en TGV.
03:31 Voilà, c'est de ces gens-là dont on parle.
03:34 Et Andrée, ça lui a changé la vie.
03:37 Elle a...
03:40 Son mari, qui était diabétique de type 2,
03:42 n'a plus de diabète.
03:44 Tous les effets cumulatifs.
03:46 Et tout ça, on parle uniquement de la consommation,
03:48 parce qu'en fait, on est dans un univers
03:50 où on nous incite à consommer des choses
03:54 dont on n'a pas besoin.
03:55 Et finalement, ceux qui sont les plus dans la difficulté,
03:58 ils n'ont pas forcément les outils pour bien consommer.
04:01 Et en les accompagnant,
04:04 parce qu'on est vraiment dans des ateliers d'accompagnement,
04:07 à changer leur consommation,
04:09 eh bien, de façon très positive, ils changent leur vie
04:12 et ils deviennent des citoyens complètement transformés.
04:16 -Alors, pour réussir cette transition
04:20 et ces engagements dans l'économie circulaire,
04:22 vous avez été, Alexandre, accompagné par Alexandre,
04:25 ici présent également, chez Anthesis.
04:27 Déjà, peut-être un petit mot sur Anthesis,
04:29 et puis ensuite, nous expliquer comment
04:31 est-ce que vous avez accompagné la ville de Roubaix.
04:34 -Merci, Emily.
04:37 Anthesis, c'est une société qui n'est pas très connue en France,
04:40 puisqu'on est ici que depuis 2 ans,
04:42 mais c'est une société internationale
04:44 qui ne fait que du développement soutenable.
04:46 On ne fait que ça.
04:47 Et on est présent sur les 5 continents
04:49 et on offre tous les services dont une entreprise
04:53 ou une ville a besoin
04:54 dans ces transformations environnementales et sociétales.
05:00 Donc voilà pour Anthesis.
05:02 -Et donc, pour l'accompagnement de Roubaix,
05:04 ça date d'il y a bien longtemps,
05:07 avant même que vous soyez chez Anthesis, je crois.
05:10 -Oui, la passion est commune,
05:13 mais avec Alexandre Garcin et l'ensemble de l'équipe
05:17 de la ville de Roubaix,
05:19 on ne croit pas en une économie circulaire
05:21 qui n'est pas inclusive socialement.
05:24 Parce qu'une économie circulaire,
05:27 il y a quand même derrière ce concept le besoin de consommer.
05:31 Et donc, on ne s'en sort pas.
05:33 On est aussi dans une boucle infinie
05:37 à trouver des solutions pour consommer toujours.
05:40 Et ce qui pose problème,
05:41 j'entendais parler de recyclage tout à l'heure,
05:43 c'est que le recyclage n'est pas circulaire.
05:45 Le recyclage est un concept linéaire
05:47 et il va falloir concevoir des modèles
05:51 pour se débarrasser du concept du recyclage
05:54 qui est une excuse pour consommer.
05:57 Alors, ce que la ville a très bien compris à Roubaix,
05:59 et parce que quand on est dans la panade comme à Roubaix,
06:02 l'une des villes les plus pauvres de France,
06:03 on trouve des solutions.
06:05 Et on prend ses deux mains et ses deux pieds
06:10 et on avance.
06:12 Et en fait, la ville de Roubaix est très en avance sur le concept.
06:15 Et donc, on s'est rencontrés
06:17 et on est tombés dans des discussions passionnées.
06:21 Tant et si bien que j'ai eu l'occasion de mesurer l'impact
06:25 et le retour sociétal du programme Familles zéro déchet
06:29 et économie circulaire,
06:31 parce qu'il y avait aussi des entreprises de Roubaix
06:33 dans la mesure.
06:34 Et donc, j'ai prouvé l'impact sur les familles.
06:37 Il y a à peu près entre 700 et 800 familles
06:40 qui font partie du programme.
06:43 On parlait d'André et de Guy tout à l'heure,
06:45 qui sont bien sûr une famille iconique.
06:48 On a prouvé à travers cette mesure d'impact
06:50 qu'il y a 3 dimensions qui se sont détachées,
06:55 à savoir la diminution de la pression financière,
06:58 donc ce qu'Alexandre expliquait tout à l'heure.
07:01 Non seulement je n'ai plus de problème financier,
07:03 mais en plus, j'investis dans les générations futures,
07:06 puisque j'ouvre des livrets et autres pour mes enfants
07:10 et mes petits-enfants.
07:13 La dimension santé.
07:15 Donc, on parlait du diabète tout à l'heure.
07:17 J'ai eu accès à des retours de docteurs
07:22 qui confirmaient la chute de pression sanguine
07:26 et autres diabètes et autres personnes en meilleure santé
07:30 grâce à une consommation retrouvée.
07:34 Et enfin, l'inclusion sociale.
07:37 Ce sont des gens qui n'osaient même plus sortir de chez eux,
07:39 puisque leur voiture était confisquée,
07:42 parce qu'ils ne pouvaient plus payer pour leur voiture.
07:44 Et aujourd'hui, ils font partie de tous les magazines
07:48 qui sont intéressés par le sujet.
07:51 Donc, ces 3 dimensions amènent les familles
07:53 à se sortir des cycles de pauvreté.
07:56 Et au-delà de ça, bien sûr, le sujet des ressources
07:58 et des déchets, ce qui est intéressant,
08:01 c'est qu'une ville, une collectivité
08:05 ne pourra pas s'en sortir sur ces sujets-là
08:07 si elle n'embarque pas ses citoyens.
08:09 Et ce qui est intéressant à Roubaix,
08:11 c'est que c'est bottom-up.
08:13 Donc, on démarre des citoyens et on leur dit
08:16 qu'il y a peut-être une autre façon de consommer.
08:19 N'allez plus dans les hypermarchés.
08:22 Allez dans les coopératives. Oui, ça coûte plus cher,
08:24 mais on va vous apprendre à peser vos haricots,
08:27 à peser vos fruits et légumes
08:30 par rapport au nombre de personnes que vous êtes chez vous.
08:32 Et vous allez avoir exactement le volume dont vous avez besoin.
08:37 Et donc là, ça coûte moins cher,
08:38 puisqu'en plus, ils ont accès à des jardins partagés
08:40 que la ville leur donne accès, pour les familles les plus pauvres,
08:44 où ils équipent les balcons de composteurs
08:47 et ils apprennent nos familles à faire pousser
08:50 des fruits et légumes.
08:51 Alors, dans cette famille-là, c'est la jungle,
08:54 c'est l'Amazonie sur le balcon.
08:56 On a du mal à passer tellement qu'il y a de fruits et de légumes
08:58 qui poussent partout.
09:00 -Merci. Gwenaëlle.
09:02 L'ADEME accompagne les territoires, comme tout le monde le sait,
09:05 notamment avec son programme
09:07 "Territoires engagés, transition écologique".
09:10 Pouvez-vous nous en dire un petit peu plus ?
09:12 -Oui, très bien. Bonjour à toutes et tous.
09:14 Donc, en effet, l'ADEME accompagne les territoires
09:17 de manière historique, j'allais dire.
09:19 La moitié de l'agence se consacre donc aux territoires
09:22 via ses directions régionales, que je présente aujourd'hui.
09:27 Et donc, on a mis en place un centre de démarche
09:30 d'accompagnement des territoires.
09:31 Alors, nos 2 cibles principales, ce sont les collectivités,
09:34 bien sûr, qui représentent ces territoires,
09:36 mais aussi les entreprises.
09:37 Là, je vous parlais plus spécifiquement
09:39 des collectivités qu'on accompagne de différentes manières.
09:42 Donc, tout d'abord, sensibiliser les élus
09:45 à la transition écologique.
09:46 Aujourd'hui, je crois qu'il y en a plus beaucoup à sensibiliser,
09:49 mais il y a encore de la formation à apporter.
09:52 Et puis, surtout, il y a de l'ingénierie à apporter,
09:54 il y a des outils à mettre à disposition.
09:57 Il y a aussi à mettre en relation, souvent,
10:00 les élus avec d'autres élus ou avec d'autres ressources
10:04 pour pouvoir mener à bien la transition écologique.
10:06 Et puis, on a des projets également à soutenir.
10:09 Et donc, on a des moyens importants en termes financiers
10:11 pour accompagner financièrement les projets.
10:14 C'est l'Etat qui nous confie des budgets
10:16 qui vont croissant, d'ailleurs,
10:18 puisque, à titre d'exemple, l'année prochaine,
10:20 le budget d'intervention de l'agence,
10:22 c'est 1,4 milliard d'euros.
10:24 On était à quelques centaines de millions d'euros
10:25 il y a encore peu de temps, et on voit à quel point, voilà,
10:28 la volonté politique est forte pour accompagner ces projets.
10:32 Mais pour accompagner des projets, encore faut-il les définir.
10:35 Et pour les définir, eh bien, il faut être en dialogue
10:37 avec les collectivités, les accompagner,
10:40 planifier, finalement, en transition écologique
10:42 pour faire émerger les projets.
10:44 Et c'est la raison pour laquelle on a mis en place
10:47 cette démarche qui s'appelle "Territoires engagés
10:49 pour la transition écologique".
10:50 Vous voyez apparaître à l'écran le petit logo, là,
10:53 donc, sur la droite.
10:55 Et l'idée, c'est vraiment d'accélérer
10:57 la transition écologique
10:58 avec, dans un 1er temps, faire un état des lieux
11:02 de la collectivité, du territoire,
11:03 en termes de transition écologique,
11:05 selon 2 référentiels.
11:07 Il y a un référentiel "climat-air-énergie"
11:10 et un référentiel "économie circulaire".
11:12 Donc, ils sont composés de beaucoup d'items
11:14 et qui permettent à des élus de voir où ils se situent
11:18 par rapport à ces 2 grands domaines.
11:22 Et puis, il en ressort une labellisation.
11:25 Ca permet de mettre en évidence
11:28 le niveau d'avancement d'une collectivité
11:30 sur ces différents sujets.
11:32 Alors...
11:34 Voilà, je passe ça.
11:37 Donc, l'offre de la démarche "Territoires engagés
11:40 pour la transition écologique",
11:42 elle est composée d'une offre-socle
11:44 avec les 2 référentiels que je citais tout à l'heure,
11:46 je n'y reviens pas.
11:47 Et puis, surtout, autour de ça, des services sur mesure,
11:51 parce que chaque territoire n'a pas forcément les mêmes besoins.
11:54 L'idée, c'est la mise en réseau dont je parlais tout à l'heure,
11:57 beaucoup de formations qui sont gratuites,
11:59 qui sont à disposition des collectivités.
12:01 L'accompagnement personnalisé,
12:03 sachant que vous auriez un lien direct
12:06 avec la direction régionale et le référent territorial
12:09 qui concerne votre territoire.
12:13 Les soutiens financiers et la labellisation.
12:16 Je ne vais pas rentrer dans tous les détails
12:18 de la composition de ces 2 référentiels,
12:20 mais voilà, pour mémoire,
12:21 donc, climat, énergie, économie circulaire.
12:24 Et puis, si vous voulez...
12:26 Alors, ça, ça reprend le sujet de tout à l'heure.
12:28 Si vous voulez en savoir plus sur la démarche,
12:30 il y a un site qui s'appelle "Territoires engagés"
12:35 sur lequel vous pourriez être guidé dans la démarche.
12:39 Je vais rajouter un point.
12:40 C'est que lors du salon des mers
12:42 qui a été cité tout à l'heure par Christophe Bouillon,
12:45 l'ADEME, via son président, Sylvain Weizermann,
12:48 a annoncé la mise en place d'un réseau d'élus.
12:51 Et donc, on appelle toutes les communes
12:54 à choisir parmi leurs élus un référent
12:58 qui rejoindra notre réseau "Élus pour agir",
13:01 donc qui est tout neuf.
13:03 Et donc, s'il y a dans la salle des élus
13:05 qui, justement, ont cette sensibilité environnementale
13:08 au sein de leur commune,
13:12 eh bien, on les invite à nous rejoindre sur ce réseau.
13:16 Vous pouvez retrouver facilement ce réseau
13:19 des élus référents dans la transition écologique
13:21 sur le site de l'ADEME.
13:23 -Vous en avez un juste à votre gauche.
13:24 -Mais il y en a plusieurs.
13:26 -Il y en a dans la salle, on le sait.
13:28 -Donc, voilà, je les invite à nous rejoindre.
13:31 -Alexandre Garcin, justement.
13:34 Alors déjà, est-ce que Roubaix est accompagné par l'ADEME ?
13:37 -Oui, la ville est accompagnée par l'ADEME depuis 2015,
13:42 avec les Territoires zéro déchet,
13:43 puis ensuite d'autres programmes
13:45 sur lesquels on a pu trouver un soutien de l'ADEME.
13:49 -Mais pas que, puisque Roubaix a été sélectionné
13:53 par la Commission européenne en 2022
13:56 pour être ville pilote
13:58 sur la thématique de l'économie circulaire.
14:01 Alors expliquez-nous.
14:02 -On fait partie des 12 villes et régions pilotes
14:05 à l'échelle européenne
14:07 qui ont été retenues pour être accompagnées
14:09 sur l'économie circulaire.
14:11 On a un vrai coaching, on va dire,
14:15 sur notre feuille de route économie circulaire,
14:17 parce qu'en fait, à partir de la démarche zéro déchet
14:20 dont je parlais tout à l'heure,
14:22 on a finalement commencé à construire une dynamique
14:25 qui est beaucoup plus large,
14:27 qui est celle de l'économie circulaire.
14:28 Comment est-ce qu'on produit ? Comment est-ce qu'on répare ?
14:31 Comment est-ce qu'on développe à l'échelle du territoire
14:33 une vraie stratégie, une vraie politique
14:36 d'économie circulaire ?
14:37 Et ça se traduit avec des projets concrets.
14:41 Donc c'est, par exemple, un ancien monastère
14:43 qui appartenait à la ville,
14:44 qui a été transformé en laboratoire de la frugalité
14:47 avec une occupation transitoire d'un collectif d'architectes
14:50 qui a fait une auberge de jeunesse
14:52 dans laquelle vous dormez dans des liabaldes à quinte
14:53 parce que ce n'est pas chauffé.
14:56 C'est aussi dans l'ancienne chapelle,
14:58 une tente qui permet de faire des réunions,
15:00 même en hiver, parce que ça te permet de réduire l'espace.
15:03 Donc voilà, on requestionne
15:06 la frugalité et la sobriété autrement,
15:10 de façon un peu disruptive.
15:13 C'est aussi une ancienne usine qui a été rachetée,
15:15 une ancienne usine textile, bien entendu,
15:16 qui a été rachetée par la ville, 11 000 m2
15:18 qui sont mis à disposition d'entreprises
15:20 de l'économie circulaire.
15:22 Le lieu a été ouvert cet été
15:24 et on est en train de créer un tiers-lieu économique
15:27 dédié à l'économie circulaire avec des entreprises
15:28 qui n'ont pas forcément les mêmes métiers,
15:30 mais qui déjà envisagent la collaboration,
15:33 parce que l'économie circulaire, ce n'est que de la collaboration.
15:36 C'est que...
15:38 Pour faire des boucles, il faut des collaborations
15:40 entre différents acteurs.
15:43 Et puis c'est aussi tout un réseau d'acteurs, d'entreprises
15:46 qu'on accompagne,
15:49 dont on a analysé les ressources et les déchets
15:53 pour ensuite créer des boucles à l'échelle du territoire.
15:56 Ca, c'était aussi dans le cadre d'un appel à projets européens
15:59 interreg.
16:00 Donc oui, on est soutenus aussi par l'Europe.
16:03 De toute façon, c'est l'économie de demain.
16:05 Donc on n'a pas le choix.
16:07 Nous, on sort d'une crise profonde économique.
16:10 L'idée, c'est de se projeter tout de suite
16:12 dans l'économie de demain
16:13 et faire en sorte de recréer de l'emploi, de la dynamique,
16:17 de la valorisation locale,
16:18 parce que les ressources locales,
16:20 elles doivent être valorisées localement.
16:21 Ca n'a pas de sens d'envoyer les déchets ailleurs.
16:24 Et donc, on recrée du sens localement
16:27 avec l'économie circulaire.
16:30 -Merci. Alexandre Lemille, qui est à côté de moi,
16:33 je précise quand même.
16:34 De quoi ont besoin, selon vous, les territoires
16:37 pour réussir leur développement circulaire et inclusif ?
16:41 -Reste de questions.
16:45 -Vous avez 3 minutes 15.
16:47 -Très bien.
16:50 Mais ils ont besoin de collaboration,
16:52 comme disait Alexandre Garcin.
16:54 Ils ont besoin de différents types d'acteurs.
16:57 Ils ont besoin d'être formés à la circularité,
17:01 aux différents modèles d'affaires, à l'écologie industrielle,
17:06 voir un petit peu leur territoire comme des flux d'énergie
17:10 et des flux de matière,
17:13 et essayer de capter un petit peu tout ça
17:15 et de connecter les entreprises,
17:18 les organisations publiques et privées ensemble
17:23 pour, justement,
17:26 non seulement être efficients d'un point de vue
17:28 de gestion des énergies et des flux de matière,
17:31 mais aussi résilients,
17:34 à savoir qu'un flux de matière ou d'énergie
17:37 puisse revenir en boucle, fermé,
17:40 de manière à ce qu'on puisse le réutiliser à foison.
17:44 Donc ça, c'est vraiment l'objectif de l'économie circulaire.
17:48 Et encore une fois, comme je l'ai dit,
17:50 embarquer les citoyens,
17:51 embarquer les acteurs du territoire,
17:54 parce que c'est une question de faire ensemble
17:59 et d'avancer ensemble en se donnant des objectifs.
18:02 Zéro déchet, c'est la 1re marche de l'escalier
18:06 vers la circularité.
18:07 Je pense que démarrer par là, c'est pas mal.
18:10 -Merci. Gwenaël, est-ce que vous pouvez nous parler
18:12 du projet Transition 2050 ?
18:15 -Alors, volontiers, Transition 2050,
18:17 c'est une démarche prospective
18:19 qui a été lancée par l'ADEME il y a quelques temps.
18:23 Alors, il faut pas confondre, effectivement,
18:24 avec des démarches de planification.
18:27 Le label, la démarche "Territoire engagé",
18:30 dont je parlais tout à l'heure,
18:31 est plutôt une démarche de planification.
18:32 Ici, c'est vraiment une réflexion prospective.
18:35 On se projette à un horizon lointain.
18:37 Pas tant que ça, en fait, quand on réfléchit un peu.
18:40 2050, alors que la planification écologique,
18:43 on l'a fait plutôt à l'horizon 2030,
18:46 on est plus à moyen terme,
18:47 et là, on se projette plus loin.
18:48 Et l'idée, c'est pas de faire de la prévision,
18:52 donc pas non plus de faire la planification,
18:54 c'est plutôt d'apporter un éclairage,
18:57 d'essayer de se projeter et d'imaginer
18:59 si on est bien capable d'atteindre cet objectif
19:02 que nous avons collectivement,
19:03 qui est d'atteindre la neutralité carbone en 2050.
19:07 Donc ça, c'est issu de la loi européenne pour le climat,
19:10 qui date de 2021.
19:11 Donc la France, évidemment, s'est engagée aussi dans ce sens.
19:15 Mais est-ce que c'est possible ?
19:17 Et donc on a développé 4 scénarios prospectifs,
19:20 qui devraient apparaître, je pense, normalement,
19:23 sur...
19:25 Voilà, merci bien.
19:26 Donc ça, c'est effectivement la 1re page du document
19:29 que vous trouverez facilement là aussi sur Internet.
19:31 Alors vous avez une version très complète
19:32 qui fait je ne sais plus combien de centaines de pages,
19:34 qui rentre vraiment dans les détails de la méthode.
19:36 C'est une méthode quand même très élaborée
19:38 pour pouvoir faire ce travail.
19:40 Mais en tout cas, son objectif, c'est d'éclairer,
19:43 d'inspirer, de montrer des chemins.
19:46 Et on peut en retenir 2 choses essentielles.
19:48 Je vais vite aller à la conclusion, mais il y a...
19:52 Donc voilà, je ne sais pas si ces slides seront à disposition.
19:55 Peut-être des participants, vous savez pas ?
19:57 -Les slides ? -Oui.
20:00 -Elles peuvent être disponibles sur l'ADEME.fr, peut-être ?
20:03 -Oui, ça, il n'y a pas de problème.
20:05 Bien sûr, mais sinon, vous trouverez tous ces éléments rapides.
20:07 Je ne vais pas rentrer dans les détails
20:09 de l'ensemble de ces éléments.
20:11 -On fera un article.
20:13 -Plutôt... -On les mettra toutes.
20:14 -Oui, d'accord. -Les 20 slides, je crois.
20:16 -Il y a 4 scénarios qui sont le fruit
20:20 d'une démarche très élaborée que je ne détaillerai pas,
20:22 qui est au milieu de cette slide.
20:24 Donc 4 scénarios, S1, S2, S3, S4,
20:26 c'est comme ça qu'on les appelle à l'ADEME,
20:31 et qui mettent en évidence 2 choses.
20:33 Premièrement, une bonne nouvelle.
20:35 La bonne nouvelle, c'est qu'on atteint la neutralité carbone.
20:37 C'est possible.
20:38 Ca, c'est vraiment ce qu'il faut en retenir.
20:40 C'est la chose la plus importante.
20:42 Et ensuite, il y a un autre enseignement important.
20:47 C'est qu'il y a 2 axes sur lesquels on doit travailler
20:49 pour atteindre ces objectifs.
20:51 Le 1er, c'est la sobriété,
20:53 et le 2d, c'est la technologie.
20:56 Et on a dans les scénarios 2 scénarios extrêmes.
20:58 Le S1 qui repose essentiellement sur la sobriété,
21:02 et le S4 qui repose essentiellement sur la technologie.
21:05 Et les S2 et S3, qui en fait sont intermédiaires.
21:07 Donc il y aurait beaucoup de choses à dire
21:09 sur l'ensemble de ces scénarios.
21:10 J'affiche ici le S1 qu'on a appelé "génération frugale",
21:15 qui est une sobriété un peu subie, quand même.
21:17 Donc ça va très loin dans la sobriété.
21:20 Est-ce réaliste ?
21:22 Je ne suis pas sûr que ce soit totalement réaliste,
21:23 parce qu'on mise vraiment intégralement sur la sobriété.
21:26 Pas plus que le S4, d'ailleurs,
21:27 sur lequel je vais venir rapidement,
21:29 parce que je n'aurais pas le temps, bien sûr,
21:31 de rentrer dans tous les détails.
21:33 Le S4, c'est vraiment... On mise sur la technologie.
21:35 On appelait ça le "pari réparateur".
21:36 C'est la technologie qui va réparer les soucis.
21:40 Donc là, on a beaucoup moins de sobriété.
21:42 On continue à avoir la consommation de masse.
21:45 On continue à faire de l'étalement urbain.
21:49 On mise beaucoup sur l'intelligence artificielle
21:51 et sur les technologies.
21:52 Mais ces technologies, bien sûr, sont relativement incertaines.
21:55 Et en tout cas, ce qu'il faut en retenir,
21:56 c'est que ces 2 actions majeures,
21:58 sobriété, technologie, et que la vérité,
22:00 c'est probablement entre les 2, c'est un des 2,
22:02 c'est un S2 et un S3, et sans doute un mix de tout ça,
22:05 qui permettra d'atteindre l'objectif.
22:07 Donc il faudra développer la sobriété,
22:10 ça, c'est certain.
22:11 Une sobriété qui devra sans doute être choisie,
22:14 sélective, et il faudra aussi la technologie.
22:17 On parlait des transports tout à l'heure.
22:19 Il faudra trouver des moyens de transport
22:21 qui soient effectivement économes en ressources,
22:23 notamment en énergie, mais pas que.
22:26 Donc voilà. En conclusion, c'est vraiment éclairé.
22:28 Inspirer, peut-être provoquer aussi un petit peu,
22:31 parce que vous voyez, la sobriété extrême
22:33 ou la technologie extrême, c'est un peu provoquant,
22:35 mais ça permet de nourrir la réflexion
22:37 et d'éclairer ensuite les orientations
22:40 de nos territoires de collectivité.
22:42 -Merci beaucoup à tous les 3 d'être venus témoigner ce matin.
22:45 (Applaudissements)