La vraie vie de Rania, palestinienne à Paris

  • l’année dernière
Rania Talala, restauratrice parisienne d'origine palestinienne, a ouvert Ardi, le seul restaurant palestinien de Paris. StreetPress l'a suivie des fourneaux à une manif de soutien à Gaza.

Transcript
00:00 Je m'appelle Rania, je suis d'origine palestinienne.
00:03 Je me définis en tant qu'activiste culturelle et culinaire.
00:08 Décider d'arrêter l'enseignement pour ouvrir un lieu tel que Ardi,
00:15 c'est un acte politique et un acte de résistance.
00:18 Moi j'ai décidé de créer mon lieu qui s'appelle Ardi, ma terre,
00:21 parce que je me suis rendu compte à quel point on était vraiment invisibilisés.
00:25 Il était hors de question dans ma tête que j'ouvre uniquement un restaurant palestinien.
00:29 Moi ce que je voulais aussi c'est vraiment représenter la culture palestinienne
00:34 et promouvoir nos artistes et nos talents.
00:36 Ça va, tout va bien ?
00:38 Bienvenue à Ardi !
00:43 Depuis le 7 octobre, on est accrochés à nos téléphones,
00:52 je sais que moi je ne dors plus la nuit.
00:54 Les seuls journalistes sur place sont des journalistes, sont des palestiniens.
00:57 Ce sont les seuls qui peuvent nous donner les informations sur le terrain.
01:02 Il y a Mouattaza Hezeiza qui lui est un gazaoui.
01:06 "Free Palestine"
01:08 Quasiment toutes ses photos, ses vidéos sont censurées.
01:13 Cette vidéo pourrait contenir du contenu violent explicite,
01:17 mais en même temps c'est la réalité.
01:19 On n'est pas dans GTA, on n'est pas dans un film, c'est ce qui se passe en vrai.
01:23 Là on est en train de vivre un génocide en direct.
01:25 Les habitants de Ranyounès contemplent ce qui reste de leur quartier.
01:28 Moi ce que je ressens, moi je suis complètement brisée de l'intérieur.
01:32 Lorsque je vois toutes ces images d'exode, des gazaouis vers l'Egypte.
01:38 J'ai entendu beaucoup parler de la "route de la mort", de la "forêt de la mort", de la "mer de la mort".
01:42 Non, on a la "route de la mort" en Gaza.
01:45 C'est hyper violent pour moi parce que ça me rappelle que mon père a vécu la Nakba.
01:50 La Nakba, ça veut dire en français "catastrophe".
01:55 Donc c'est le jour où la catastrophe s'est abattue sur les Palestiniens,
02:01 où ils ont été forcés de quitter leur maison, beaucoup ont été tués.
02:07 Par essence, le Palestinien ou la Palestinienne est politisé,
02:11 qu'on le veuille ou qu'on ne veuille pas.
02:12 Et ça c'est terrible. On est individu colonisé.
02:16 Forcément, on doit être le symbole de la lutte de notre peuple.
02:20 Mais jamais je ne me suis dit que j'allais quitter mon travail, mon emploi de prof pour ouvrir un restaurant.
02:25 Il m'arrivait de poster, comme tout le monde, les plats que j'ai fait à la maison.
02:30 Et je voyais à quel point il y avait un engouement spécial autour des photos que je postais.
02:35 "Marhaba" Donc aujourd'hui, comme vous savez, c'était ma Loubélé.
02:39 Le plateau.
02:42 Yeah !
02:43 La musique.
02:47 Yeah !
02:52 C'est vrai qu'on me posait beaucoup la question "Mais Rania, où est-ce qu'on peut manger palestinien ?"
02:56 Et ça me fendait le cœur de me dire "Nulle part, ça n'existe pas en France."
03:01 Je parle encore de 2015 à 2018.
03:04 Je me suis dit "Si moi je ne le fais pas, qui le fera ?"
03:08 Et c'est vrai qu'il y a un agent immobilier qui m'a dit "Mais madame, vous vous êtes enterrée toute seule.
03:13 Pourquoi vous dites que c'est un restaurant avec de la cuisine palestinienne ?"
03:17 Au bout de deux ans et demi de recherche de local et de refus et de déceptions,
03:22 je me suis dit "Je vais écouter les conseils de l'agent immobilier.
03:28 Je ne vais pas mettre le mot Palestine."
03:31 Et effectivement, en dix jours, c'était fait.
03:37 Comment ça va ?
03:39 C'est la première fois que tu viens ?
03:41 Oui, c'est la première fois.
03:42 Je m'appelle Fouad. Je suis Jordanien d'origine palestinienne.
03:46 C'est le seul endroit à Paris maintenant où je me trouve chez moi.
03:50 Ce n'est pas une histoire de guerre religieuse entre musulmans et juifs,
03:53 mais c'est juste une histoire d'occupation.
03:57 Moi, je vais manifester régulièrement.
03:59 C'est le devoir, je pense, de tous les Palestiniens de la diaspora
04:02 de montrer à notre peuple qui est encore là-bas qu'on ne les lâche pas.
04:07 Impossible de mesurer le début et la fin du cortège,
04:18 tellement il y a de Parisiens venus soutenir le peuple palestinien.
04:28 Je me présente, je m'appelle Rania, je suis palestinienne.
04:32 Je vous demande de nous humaniser enfin.
04:42 Le peuple palestinien est un peuple tellement beau,
04:45 tellement riche de sa culture, de son héritage.
04:49 J'ai toujours dit que si un jour la Palestine devait se libérer,
04:53 ce serait grâce au peuple et pas grâce aux politiques.
04:55 C'est une histoire !
04:58 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
05:01 "La vie est une histoire"
05:05 "La vie est une histoire"
05:08 [SILENCE]

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