Dans la région de Valence en Espagne, au moins 230 personnes ont perdu la vie dans des inondations record fin octobre. El Salto, média espagnol, partenaire de StreetPress, a rencontré les habitants sinistrés.
Vidéo traduite par Morgane Vannier dans le cadre du projet européen Sphera qui rassemble plusieurs médias indépendants européens.
Vidéo traduite par Morgane Vannier dans le cadre du projet européen Sphera qui rassemble plusieurs médias indépendants européens.
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00:00C'est un bruit incroyable de l'eau, les rues ressemblaient à des rives,
00:03les voitures se portaient devant, tout se portait.
00:06Lorsqu'on arrivait à 1,80 mètre ou 1,90 mètre,
00:09l'eau se mettait à l'intérieur,
00:11et une personne plus grande s'est endormie.
00:14Le lendemain, on a réussi à la récuperer, mais elle était déjà endormie.
00:23C'est une putain de guerre, tu sais.
00:26C'est la putain de guerre qui va se passer par ici.
00:29Salut, je suis Thomas de Streetpress,
00:31et comme vous l'avez vu en intro,
00:33dans cette vidéo, on va quitter la France pour aller en Espagne,
00:36et plus précisément à Valence.
00:38Dans la nuit du 28 au 29 octobre,
00:40l'équivalent de deux ans de pluie sont tombés en trois heures
00:43sur la ville et sa région,
00:45ce qui a provoqué des inondations super violentes.
00:50Le bilan, il est très lourd.
00:52Au moins 230 personnes ont perdu la vie.
00:54C'est simple, c'est l'une des plus grandes catastrophes climatiques
00:57de l'histoire de l'Espagne.
00:59Dans ce reportage, on suit le journaliste Iago Alvarez.
01:02Il a grandi à Benetousserre,
01:04une commune située au sud de Valence.
01:06Dans les jours qui ont suivi les inondations,
01:08comme des milieux de volontaires,
01:10il est revenu pour aider à nettoyer la ville.
01:14Iago, c'est un journaliste du média espagnol El Salto,
01:17avec qui Streetpress collabore depuis quelques années.
01:20En fait, on fait tous les deux parties de Sfera,
01:22un réseau de médias indépendants européens.
01:25Par exemple, c'est grâce à Sfera qu'on a pu réaliser COP,
01:28la série sur les supporters les plus radicaux d'Europe.
01:31J'ai bossé avec des journalistes partenaires
01:33dans les pays où on a tourné,
01:35en Hongrie, en Pologne ou en Grèce.
01:37Le reportage que vous allez voir, il est fort, il est marquant.
01:40Dites-nous en commentaire ce que vous en pensez,
01:42si ce genre de vidéo vous intéresse,
01:44parce qu'on pourrait vous en proposer d'autres à l'avenir.
01:46Mais d'ici là, n'oubliez pas de vous abonner.
01:56Allez, j'essaie.
01:57J'y vais ?
01:58Quand tu m'appelles, tu filmes ?
01:59Oui.
02:01On est à Benetuser,
02:02l'un des quartiers les plus touchés par la pluie.
02:05Il y a juste une semaine de pluie.
02:08Il reste encore beaucoup de travail à faire.
02:10Ce quartier et les quartiers autour sont totalement dévastés.
02:14J'ai eu la chance, en sortant de travail,
02:17à 2h10 du matin.
02:19On a attrapé des centaines et des centaines de voitures.
02:22À 5h30 de la matinée,
02:24on a vu que l'eau s'étendait.
02:27On a vu les voitures voler.
02:29On s'est mis au mieux possible,
02:31jusqu'à ce qu'on ne soit plus touchés.
02:33L'eau a commencé à entrer de tous les côtés.
02:35Mon frère, qui vit dans les quartiers au-delà,
02:37à 7h15 ou 7h20,
02:39m'a dit que l'eau venait de mon quartier.
02:41Je suis allé bouger mon véhicule.
02:43Il m'a dit qu'il venait à la librairie,
02:45qu'il allait monter tout, au moins un demi-mètre.
02:47J'écoutais les gens dire qu'il venait de l'eau,
02:49mais j'allais monter et je m'étonnais de temps en temps.
02:51J'écoutais quelqu'un dire qu'il était déjà là.
02:53Je m'étonnais, je ne le voyais pas venir.
02:55J'ai terminé les boîtes et quand j'arrivais à la porte,
02:57l'eau commençait à entrer sous la porte.
02:59Je suis sorti et l'eau venait de mon pied.
03:01Un voisin m'a appelé et m'a dit
03:03que l'eau venait de Paiport,
03:05qu'on allait mettre une vallée
03:07dans la porte de la garage.
03:09Le niveau de l'eau a commencé à monter rapidement.
03:11Regarde la marque de l'eau.
03:15Les alarmes sur le téléphone,
03:17en ce moment, nous avions l'eau
03:19à la cinture,
03:21quelque chose comme ça.
03:23Nous avons commencé à sortir les voisins
03:25qui étaient dans les voitures,
03:27le sémaphore était bloqué,
03:29la route ne pouvait pas sortir,
03:31un chaos.
03:33Quand l'alarme a sonné à 20h,
03:35nous étions sur un camion
03:37en regardant les voitures
03:39flotter,
03:41tomber.
03:43Ce soir, nous n'avons pas beaucoup d'informations,
03:45le téléphone a été arrêté.
03:47On ne savait pas s'il était bien ou mal.
03:49Il y avait la lumière,
03:51le bruit de l'eau,
03:53les rues ressemblaient à des riveaux,
03:55les voitures se portaient devant.
03:57Lorsque l'eau est arrivée à 1,80 mètre,
03:59à 1,90 mètre,
04:01dans la plage,
04:03il y avait deux bassins
04:05où une personne plus grande
04:07s'est endormie.
04:09Le lendemain,
04:11nous avons pu la sauver,
04:13mais elle était endormie.
04:15Le premier jour,
04:17nous ne savions rien.
04:19C'était un désastre,
04:21on ne savait rien.
04:23Il y avait des barricades
04:25de voitures de plus de 2 mètres de hauteur
04:27qui portaient un premier bâtiment.
04:29Personne ne venait.
04:31Les jours suivants, nous restions sans lumière,
04:33on a été coupé d'eau,
04:35ceux qui avaient de la nourriture dans le congélateur
04:37ont retiré ce qu'ils avaient.
04:39Je crois que nous avons totalement perdu
04:41la notion du temps.
04:43On n'avait pas l'intention,
04:45mais on pensait que c'était un dimanche,
04:47un samedi, ou même plus tard.
04:49Comment allez-vous ?
04:51J'ai mis de la nourriture pour ma mère,
04:53elle m'a dit.
04:55C'est normal.
05:03Mon collège,
05:05de 1er à 8ème de GED,
05:07totalement détruit,
05:09sans mur.
05:11C'est incroyable de penser
05:13où vient cette voiture.
05:23Mes premières canettes.
05:25Ma erreur de carrière
05:27comme joueur de basketball
05:29a commencé ici.
05:31Je m'appelle Salvador Moragon,
05:33je suis psychologue,
05:35nous travaillons pour Psychologues Sans Frontières,
05:37qui sont actifs aujourd'hui
05:39dans plusieurs villes.
05:41Ce qu'on a pu voir cette première semaine,
05:43c'est que les personnes sont en mode
05:45de survie,
05:47recueillant, nettoyant,
05:49donnant les suppliqués,
05:51et ne donnent pas cet espace
05:53au choc qu'il a pu provoquer
05:55et à donner cet espace
05:57à la partie la plus émotionnelle.
05:59C'est pour cela que nous attendons
06:01beaucoup de débordements,
06:03surtout en accompagnant
06:05les personnes en douleur
06:07et en préventant les problèmes psychologiques
06:09qui peuvent générer une catastrophe
06:11comme celle-ci.
06:13Est-ce que vous avez mis quelque chose en manque
06:15par les autorités publiques ?
06:17Oui, nous distribuons
06:195.000 ou 6.000 rations
06:21de nourriture chaude,
06:23nous distribuons des légumes,
06:25et personne ne nous l'a apporté.
06:27Nous sommes ceux qui donnons au peuple de manger.
06:29L'administration,
06:31sa gestion a été néfaste, néfaste face à nous.
06:33Parce que tu voyais que tu étais seul.
06:35Tu avais de la nourriture parce qu'il y avait des volontariés.
06:37Tu avais de l'eau parce qu'il y avait des volontariés.
06:39Tu avais de l'aide parce qu'il y avait des volontariés.
06:41Et tu te demandais où était l'administration.
06:43La UME est arrivée, l'armée est arrivée,
06:45d'autres corps policiers sont arrivés,
06:47mais surtout, la solidarité est arrivée.
06:49Beaucoup de projets voisins,
06:51auto-organisés, des gens
06:53qui ont mis leur main à l'œuvre.
07:05C'est une aide.
07:07Les volontariés ont été si importants.
07:09Il y a eu près de 90 personnes ici.
07:11Entre des amis, mais aussi des gens qui ne nous connaissent pas
07:13ni qui savent qui nous sommes,
07:15qui sont venus ici travailler.
07:17C'est une aide.
07:19C'est une aide.
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