DB - 05-12-2023
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TVTranscription
00:00 *Musique*
00:29 Je me disais toujours mon Bertrand les yeux brûlants de ne pouvoir pleurer.
00:32 Cette Christine, quel monstre d'avoir ainsi abandonné mon gamin.
00:36 J'aurais voulu aider mon petit tout dans sa peine, mais c'est un sauvage.
00:39 Alors j'ai dû remettre mon chapeau et revenir à ce maudit mascaron.
00:43 Emilien était bien content de me revoir.
00:45 Son fils n'a pas réapparu depuis l'heure dernière aux disputes.
00:48 Où donc est-il allé ?
00:50 Comme disait ma sainte mère, chercher la femme.
00:54 *Musique*
01:22 *Musique*
01:27 Bonjour petite !
01:28 Oh Marie-Claisan, c'est gentil de te venir.
01:30 Ah, laisse là tes contes et allons faire trois pas ensemble.
01:32 Tu as vu ta mine ?
01:33 Tu vas prendre l'air de temps en temps au lieu de rester toujours le nez dans tes calculs.
01:36 C'est que...
01:37 J'ai hâte de parler de femme à femme.
01:38 Allez, viens.
01:39 Bon j'arrive.
01:41 Viens là petite.
01:44 Vous n'avez pas la peine de nier.
01:46 L'oeil moi tu sais.
01:49 Il y a longtemps que je me rends compte que tu te languis d'amour pour Jean-Yves.
01:52 Quelle importance ?
01:53 Parce que lui il ne m'aime pas.
01:55 Comment sais-tu ?
01:56 Il me l'a dit.
01:58 Pour lui je ne suis que sa meilleure amie.
02:00 Tout à fait comme son père.
02:01 Oh, quelle famille.
02:03 Vous niquez de famille !
02:04 Dis-moi, as-tu idée de ce que va faire Jean-Yves maintenant qu'il est parti du domaine au Carrefour ?
02:10 Je ne peux pas le dire.
02:13 Et puis ce n'est pas encore sûr.
02:14 Et quoi ?
02:15 On promettait de le garder pour nous.
02:18 Tu me connais.
02:19 Mais voilà, figurez-vous que...
02:23 C'est comme je te le dis.
02:25 Qui aurait cru ça de ton ami Tarbes ?
02:27 Le salaud.
02:28 Il me prend mon fils.
02:29 Parce que tu l'as laissé partir.
02:31 Et Jean-Yves est d'accord ?
02:32 Il ne sait plus où il en est le pauvre. Il attend un signe.
02:34 Un signe de qui ?
02:36 Du bon Dieu.
02:37 Et où vas-tu ?
02:42 Je vais faire le bon Dieu.
02:47 Monsieur Tarbes, vous n'êtes qu'un prêtre.
02:49 Vous n'avez pas le droit de me voler mon fils.
02:51 Ne prenez pas vos grands airs, monsieur Emilien.
02:53 Vous ne me faites pas peur.
02:55 Quand je pense que je te prenais pour mon seul ami.
02:57 Nous sommes allés à l'école ensemble.
02:59 Nous avons fait le service militaire ensemble, la main dans la main.
03:02 Et tu me donnes maintenant ce coup de poignard dans le dos.
03:04 Mais pas du tout.
03:05 Tu ne trouves pas Jean-Yves utile à ton domaine ?
03:08 Je me le prends.
03:09 Vous l'entendez ?
03:10 Je le prends.
03:12 Il faudra que je le veuille bien d'abord.
03:13 Et qu'est-ce que tu vas faire ?
03:14 Au moment où nous tombons tous en faillite.
03:16 Tu tombes peut-être en faillite, pas moi.
03:18 Tu te crois fort, mais nous sommes logés à la même enseigne.
03:20 Non.
03:21 Pendant que vos fourrures en série restent en rade,
03:24 moi, que je suis un prévoyant, je me suis pris une couverture.
03:27 Queue couverture !
03:28 Tu es frileux maintenant ?
03:29 Frileux ou pas, je me suis fait du raisin de table
03:32 pour les gens qui l'hiver rêvent du soleil d'été.
03:35 Nous avons des acheteurs jusqu'en Angleterre.
03:38 Voilà ma couverture.
03:39 Et Jean-Morty, elle est petite, elle le sait,
03:42 c'est ce qu'elle appelle son département.
03:45 Alors, comme notre firme va prendre de l'extension
03:48 et que Françoise et moi sommes obligés de rester ici,
03:51 j'engage Jean-Yves pour représenter notre firme à l'étranger.
03:56 Nous allons faire de la promotion.
03:58 C'est ce que nous appelons de la prospective.
04:02 Notre firme, de la promotion, prospective.
04:06 Oh, Julien, tu veux que j'élargisse tes portes
04:09 pour que ta tête puisse s'y profiler ?
04:10 Allez, rentre dans la maison.
04:11 Jean-Yves, n'écoute pas ce vieillard gâteux et égoïste.
04:15 C'est un égoïste toi-même,
04:16 qui ne pense qu'à se sécher les pieds quand tout le monde fait naufrage.
04:19 Jean-Yves, c'est ton devoir de revenir chez nous.
04:21 Jean-Yves, ne l'écoute pas, il va te faire mener une vie d'enfer.
04:25 Si le domaine de carmeau se casse à la margoulette,
04:27 c'est toi qui portera le chapeau.
04:28 Jean-Yves, écoute-moi bien.
04:29 Ne l'écoute pas !
04:31 Euh, je peux donner mon avis ?
04:33 Ben, on attend que ça.
04:34 Qu'est-ce qui t'en empêche ?
04:36 Julien, l'intérêt que vous me portez me touche beaucoup.
04:38 Grâce à vous, je sais que je peux être utile à quelque chose.
04:40 Oui, je sais reconnaître les valeurs, moi.
04:42 Oui, oui, mais vous voyez,
04:44 j'ai commencé à m'attacher au domaine de la famille,
04:46 alors je crois que si un jour je suis agriculteur,
04:48 je le serai chez nous ou nulle part.
04:51 Il n'a pas envie d'être le représentant de Détroit-Guin de raisins de table anglaise.
04:55 Tu l'as entendu ? Il veut être agriculteur.
04:57 Bravo, mon fils.
04:58 Tu sais, papa,
04:59 aujourd'hui, tu m'as prouvé que je comptais pour toi.
05:02 Je ne l'aurais jamais cru.
05:04 Tu me prenais pour un minus.
05:05 Mais non, mon gars, à ton âge, j'étais pareil.
05:08 Je sais que j'ai fait l'imbécile, tu sais,
05:10 c'est parce que j'ai peur de pas être à la hauteur.
05:12 Maintenant, c'est fini.
05:14 Alors, si tu veux bien de moi...
05:17 Mais j'ai besoin de toi, boucron de guignol.
05:20 Voilà, c'est dit.
05:23 Et je veux bien retirer "guignol", ça fait plaisir à tout le monde.
05:25 Emilien, Emilien,
05:27 tu vas faire rater la plus belle affaire de ma vie, toi.
05:29 Et comme c'est moi qui en profite,
05:31 réjouis-toi, mon vieux camarade, réjouis-toi.
05:34 Allez, tu bois un frais vert.
05:36 Allez.
05:38 Dis-moi, Françoise, je peux te demander un conseil ?
05:49 Bien sûr, puisque je suis ta meilleure amie.
05:52 Viens.
05:54 Voilà.
06:01 Comment est-ce qu'on fait pour dire à une fille qu'on l'aime ?
06:05 On lui dit.
06:07 On lui dit ?
06:10 Ben voilà.
06:13 Puis-je te l'expliquer ?
06:15 Je vais y aller.
06:34 Tu es bien, Françoise ?
06:36 Eh oui, tout arrive.
06:39 Combien il vous de sucre ?
06:43 C'est bien que j'en prenne toujours deux et demi.
06:45 Deux et demi.
06:47 Tiens, ma belle.
06:56 Merci, Emilien.
07:03 Tu ne trouves pas que nous passons une bonne soirée ?
07:06 C'est vrai que...
07:08 Les enfants sont chez Calda.
07:10 Nous sommes là, bien tranquilles,
07:12 d'après toutes ces complications.
07:14 Après l'orage, c'est le soleil.
07:16 Il n'y avait pas mon Bertrand qui me tue en lupine.
07:20 Laisse-le s'user son chagrin d'abord.
07:23 C'est comme une maladie.
07:25 A qui le dis-tu ?
07:27 Il a quand même une bête, l'allure.
07:30 Nous n'aurions jamais dû écouter nos parents.
07:32 En ce moment, nous serions à...
07:34 Comme nous nous sommes.
07:36 En train de boire de la tisane comme deux vieux.
07:38 Moi, je suis peut-être un vieux bonhomme.
07:40 Mais toi, tu es encore belle, Marie-Claisance.
07:42 Crois-tu ?
07:44 Dis-moi une chose.
07:48 Si un homme te demandait en mariage,
07:52 qu'est-ce que tu lui répondrais ?
07:54 Je le remercierais bien.
07:56 Mais je me demanderais s'il n'est pas un peu fada.
08:00 Je n'ai jamais aimé qu'un seul homme.
08:03 Tu es d'une idée bête.
08:07 Pour ça, oui.
08:10 Enfin, ne pleurons plus sur le l'air inversé.
08:14 N'en parlons plus.
08:16 Si je t'en parlais...
08:20 Ah ben...
08:22 Si...
08:24 Si je te demande en mariage maintenant,
08:29 tu me demandes si je suis sérieuse.
08:31 Tu n'es pas sérieux.
08:33 Tu veux que je te dise non ?
08:35 C'est un mal de coeur qui t'a monté à la tête.
08:38 On veut sérieusement voir jeune mariée, tous les deux.
08:41 Et on ne s'entend pas, on se dispute tout le temps.
08:44 Oui, mais on ne s'est jamais fâchés.
08:47 Je savais bien que tu finirais par me demander en mariage.
08:51 Il y a 25 ans que j'attends ce moment-là.
08:55 Si tu mourrais de journée, il faudrait que c'était 25 ans.
08:58 Je ne me suis jamais éveillée ni endormie sans penser à toi.
09:02 Un gars...
09:04 Sans parole...
09:06 Oh, je ne t'en veux plus, va.
09:08 Même si je fais semblant quelquefois, c'est pour me distraire.
09:12 Je t'ai tant aimé, Emilien.
09:15 Et maintenant ?
09:18 Et maintenant, je te remercie bien de ta délicate attention,
09:21 mais je n'irai pas avec toi devant M. Le Maire.
09:23 Non, j'aime ma liberté, j'ai besoin de mon indépendance.
09:26 Je veux bien te voir tous les jours,
09:28 mais je ne vais pas le faire parce que j'y serai obligée.
09:31 Me marier avec toi, ce serait pour le meilleur et pour le pire.
09:35 Ne t'épouses pas, nous gardons le meilleur et j'évite le pire.
09:39 Tu as le cœur à rire.
09:41 C'est une question d'habitude.
09:44 Tu sais, Emilien, si j'allais pleurer chaque fois que j'en avais envie,
09:47 j'aurais dû construire une arche pour sauver mes neveux de l'inondation.
09:52 J'aurais pu payer une dépression nerveuse.
09:55 Je ne savais pas que ça existait.
09:57 Je n'ai jamais été très moderne, moi, tu sais.
09:59 Comment as-tu trouvé le courage de vouloir que les autres soient heureux ?
10:02 Pas une raison, parce que j'ai raté ma vie que je dois pousser les autres à faire la même chose.
10:06 Ce ne serait pas charitable.
10:09 Même si je suis un vieux tremblant.
10:12 Tu oses dire ça ?
10:14 Toi, derrière mon dos, tu crois que je suis dur d'oreille ?
10:18 Bon.
10:22 Bon, je vais aller coucher mes vieilles douleurs.
10:25 Je me demande quand les enfants vont rentrer.
10:29 Laissez-les mener leur vie. Ils sont de j'aime, hein.
10:32 A propos, sais-tu que Jean-Yves fréquente ?
10:38 Quoi ?
10:39 Jean-Yves fréquente.
10:41 Il ne se barrera que lorsqu'il aura son bébé dans les mains, pas d'avant.
10:44 Il épousera qui, tu dirais ?
10:45 Allez, regardez-le. Le voilà reparti.
10:47 Il se prend pour nos parents.
10:49 Il se prend pour nos parents. Il dit que tu es fatigant.
10:52 Sais-tu au moins qui il aime, ton héritier ?
10:55 Je ne veux pas le savoir.
10:57 Qui ?
11:01 Françoise Tarbes.
11:05 Oh, mais ça change tout.
11:09 Elle vaut 85 hectares, cette petite doule, tu peux l'épouser.
11:12 Françoise vaut 85 hectares.
11:15 Mylène, tu n'es qu'un paysan.
11:17 Tu ne peux pas imaginer le domaine Carmaux et le domaine Tarbes réunis.
11:21 Ce n'est plus une propriété. C'est un empire.
11:24 Un empire. Tu vas dire ça à Jean-Yves, tu seras bien reçu.
11:27 Il me parle sans arrêt de regroupement, d'association.
11:30 Le voilà, le vrai regroupement. La voilà, la véritable association.
11:34 Si tu veux un bon conseil,
11:36 laisse ces enfants se regrouper ou s'associer eux-mêmes.
11:39 Ils sont assez grands pour ça, va.
11:43 Le petit monde de Marie-Plaisance
11:48 C'est un monde d'amour et d'amitié
11:55 Il vibre des étoiles et il se balance
12:03 Entre le temps présent et le temps passé
12:10 Lalalala...
12:17 Et nos coeurs ne pourront pas l'oublier.
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13:09 Emilien Tarbes est un malin. Il voulait garder Jean-Yves avec lui.
13:12 Mais Emilien a tout fait pour récupérer son fils.
13:15 J'aurais bien voulu assister à l'empoigne.
13:18 Emilien s'est à nouveau décidé. Il m'a demandé un mariage.
13:22 Ça m'a fait chaud au coeur.
13:25 Le mariage n'est plus de notre âge.
13:28 Il vaudrait bien mieux que Jean-Yves épouse la petite Tarbes.
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13:52 Et voilà. Encore une saison de fini.
13:54 Oui. Et l'an prochain ?
13:56 L'an prochain ? Il y aura encore trop de pêche, trop de pommes.
14:00 On s'engueulera, on fera la paix. Et l'on continuera.
14:03 De toute façon, il n'y a rien d'autre à faire, tu sais.
14:05 Tu crois ?
14:07 À moins d'agir comme tout le monde.
14:09 Détruire les arbres.
14:11 Quand j'y pense, ça me fait mal.
14:13 Tu comprends ces arbres ? J'ai passé six années de ma vie avec eux.
14:16 Je les ai dorlatés comme des enfants.
14:18 Soyez quand ils étaient malades.
14:20 Et quand ils ont été grands, j'en étais fier comme Artaban.
14:22 C'est pour ça que je me mets en colère quand on dit du mal d'eux.
14:25 Ah, genre je suis ta tenderie ?
14:27 Peut-être.
14:28 Tu sais, je ne crois pas que c'est avec du sentiment qu'on peut faire des affaires.
14:30 Mais je ne fais pas des affaires.
14:32 Je suis cultivateur.
14:33 C'est là que tu te trompes.
14:34 Oui, qu'est-ce que tu dirais d'un constructeur de voitures qui s'obstinerait à fabriquer une voiture dont personne ne veut ?
14:38 Enfin, ce n'est pas la même chose.
14:40 Mais si, mon vieux.
14:41 Mais nous, on aime notre métier.
14:42 Un fabricant de voitures, tu crois qu'il ne l'aime pas, son métier ?
14:45 Oui, c'est possible.
14:47 Mais avant de construire un modèle en série, il a étudié le marché pour connaître les possibilités des acheteurs.
14:51 Il ne construit pas plus qu'il n'en ait besoin.
14:53 Il ne s'agit pas seulement de savoir produire.
14:55 De nos jours, il faut avoir tout savoir vendre.
14:57 Notre constructeur de voitures, il ne s'est pas contenté de fignoler son modèle.
15:00 Il l'a lancé par la publicité pour faire connaître ses caractéristiques, ses qualités.
15:04 Et c'est comme ça que l'affaire marche.
15:05 Alors, il faut faire pousser des voitures sur nos arbres fruitiers.
15:08 Non, mais tu comprends.
15:09 Avec le canal d'irrigation, on a dans les mains un instrument de travail extraordinaire.
15:12 On ne sait pas encore bien s'en servir.
15:14 Alors, comme nous sommes orgueilleux, nous ne voulons pas l'admettre et nous mettons tout sur le compte de cette eau qui ne demande qu'à nous rendre service.
15:20 Tu as peut-être raison.
15:21 On ferait continuer de travailler comme avant, mais c'est fini.
15:24 L'Angelus de Millet, c'est du passé.
15:26 Plus de brouettes ni de cerfs courbés sur la gleb.
15:29 Alors, raisonnons.
15:30 Oui, mais il faut apprendre à se servir de ce qu'on a.
15:33 Le canal nous compose la richesse et c'est nous qui la refusons.
15:36 Tu as raison, j'arrive.
15:38 Je commence à comprendre.
15:40 J'y ai mis le temps.
15:41 C'est trop bête.
15:43 Tu vois, Georges, nous avons fait des imbéciles en plantant tout ce que nous avons planté.
15:47 Et pourquoi ?
15:48 Parce que ceux de Bouguillot faisaient fortune avec des pommes et des pêches.
15:51 On a voulu faire comme eux pour s'enrichir comme eux.
15:53 Et ça n'a pas été de la fortune.
15:55 Parce qu'il y a eu trop de fruits, on a saturé le marché.
15:58 Et si on continue de tout s'emmêcher ?
16:00 Il faut prendre une décision.
16:01 Laquelle ?
16:02 Arracher les arbres qui produiront ce que nous ne pourrons pas vendre.
16:05 Mais...
16:06 Mais on plantera autre chose.
16:07 L'histoire de Tarbesque qui fait sa pote avec ses raisins de table m'a trotté dans la tête.
16:11 C'est lui qui a raison.
16:13 Allez, venez.
16:14 Venez les enfants.
16:22 Nous obéirons au premier ordre.
16:27 A droite.
16:28 A droite.
16:40 Non, je ne peux pas.
16:45 Ce n'est pas moi qui vais faire ça.
16:47 Ça me fait de la peine.
16:50 Ah non.
16:55 Je sais que Jean-Yves a raison, mais...
16:57 Moi, je ne peux pas.
16:58 Je te comprends.
16:59 Mais il faut.
17:00 Dans le fond, après tout, c'est moi qui vais trop grand.
17:04 Il faut que je paie.
17:06 Non, papa ne le fait pas.
17:07 Si.
17:08 Pour le symbole.
17:09 Il faudrait bien un jour tout arracher.
17:11 Oui, mais pour l'instant, ça ne servirait à rien.
17:13 On ne ferait que le jeu de la concurrence qui nous fait si peur.
17:15 Il faut d'abord assumer nos erreurs, puis rationaliser.
17:18 On pourra cultiver un jour autre chose que des fruits.
17:20 Le canal pourra nous permettre de faire de l'élevage.
17:22 À ce moment-là, il nous faudra de la luzerne, et puis des céréales.
17:25 Je me suis complètement oublié.
17:26 J'avais rendez-vous à la compagnie du barone.
17:28 Ça doit être M. Pastorel qui m'apporte le résultat des analyses que je lui ai demandées.
17:31 Ah bon ?
17:32 Salut, M. Pastorel.
17:39 Bonjour, monsieur.
17:40 Je viens de passer au masque.
17:41 On m'a dit que vous aviez quelque chose d'autre ici.
17:43 Alors, je analyse.
17:45 Bien, bien pour ça.
17:46 Ce matin, j'ai étudié la question.
17:48 Dans l'ensemble, c'est très bon.
17:50 L'analyse hydrodynamique et pédologique.
17:54 En ce qui concerne également l'équilibre de fertilisation, c'est excellent.
17:59 Il n'y a que votre personne de la pointe là-bas qui me donne quelques inquiétudes.
18:02 On a causé un mauvais drainage.
18:04 Parfait, parfait.
18:05 Ce moment, vous allez un peu vite.
18:06 On est resté au moment où vos hommes ont fait des trous dans la terre.
18:08 Ils ont prélevé des échantillons dans des petites boîtes.
18:10 On portait ça dans vos laboratoires.
18:12 Après ça, on ne sait plus ce qui se passe.
18:13 Alors, sans vous commander, vous pourriez nous expliquer un peu ?
18:16 Oui, c'est très simple.
18:18 Les analyses servent d'abord à déterminer les quantités d'eau qu'il faut apporter par irrigation.
18:22 Puis elles servent aussi bien sûr à connaître la profondeur jusqu'à laquelle les racines peuvent explorer le sol sans difficulté.
18:28 Elles servent ensuite à connaître aussi les quantités d'engrais et les qualités des engrais qu'il convient d'appliquer dans tel ou tel cas.
18:34 Et vous ne vous occupez pas de la zone du phosphore et de la potasse ?
18:37 Si, bien sûr. Et nous allons même plus loin.
18:39 Nous pratiquons une véritable médecine du sol.
18:42 Nous soignons les maladies de carence et les maladies d'excès.
18:46 Tenez, notre région, c'est le cas du cuivre.
18:48 A force d'entêter les vignes avec des produits à base de cuivre, on en est arrivé à de véritables toxicités.
18:53 Je ne sais plus ce qu'il nous en faut, je crois qu'on a compris.
18:56 Vous nous laissez le mot d'envoi ?
18:57 Un peu volontiers.
18:58 Merci.
18:59 Au revoir.
19:00 Au revoir.
19:02 Alors, les enfants, ne soyez pas mélancoliques.
19:11 L'avenir est à vous.
19:13 A vous aussi, patron.
19:15 Et derrière moi, l'avenir.
19:17 Vous sentez que je dois passer la main ?
19:22 Je vous regarde, vous les deux.
19:25 Toi, Jean-Yves, l'organisateur des ventes.
19:27 Toi, Georges le producteur.
19:28 Eh oui, mes enfants, c'est ça l'avenir de l'agriculture.
19:31 Et moi, je me sens un peu dépassé, forcément.
19:33 Mais je n'en suis pas triste.
19:35 Pas du tout.
19:36 J'ai été utile à quelque chose, et c'est ça l'important dans la vie.
19:40 Être utile.
19:41 Allez, rembourse.
19:42 Allez, rembourse.
19:43 Ah, voilà les hommes.
19:47 Ils sont en avance.
19:48 Mon soufflé ne sera jamais prêt.
19:50 Et on n'a pas acheté de pain ni.
19:52 Ça fait rien, j'en ai dans le congélateur.
19:54 Toi, ta boîte à malice, je ne m'y ferai jamais.
19:56 Ce pain qu'on garde des jours et des jours.
19:58 D'accord, hop, rendez-vous au salon, on change le champagne.
20:00 Tu n'es pas un peu fada ?
20:01 Du champagne, en pleine semaine ?
20:03 En passant, j'ai invité à souper Tarves.
20:05 Il m'a fait du bébé-fille.
20:07 Je n'aurai jamais à manger pour tout le monde.
20:09 On partagera, vive la communauté.
20:11 Allez, ne lamine pas.
20:13 Prépare-moi ça vite.
20:14 À l'avenir, qui s'annonce tout rose.
20:16 À toi, Marie-Plaisance, ma belle.
20:18 Dans le fond, tout ce qui nous arrive de bon, c'est grâce à toi que tu peux être fière.
20:21 Ah oui, ça me fait une belle jambe.
20:23 Tu n'es pas contente ?
20:24 Tu as tout ton petit monde autour de toi.
20:26 Il tourne bien, il va tourner de mieux en mieux.
20:28 Alors, ne fais pas cette tête.
20:30 Fais-nous un beau sourire.
20:32 Qu'est-ce qu'il y a ?
20:40 Je le sais.
20:41 Vous lui avez parlé de son petit monde, qui est heureux maintenant.
20:45 Mais pour elle, il n'est pas complet.
20:47 Et il ne le sera jamais, tant que Bertrand sera là-haut, perdu dans son mascourne-bosque.
20:51 Alors, il faut faire quelque chose.
20:53 On ne peut rien pour lui.
20:54 Je le connais, il ne s'en mettra jamais du départ de Christine.
20:57 Alors, comme chauffé, Stiver ?
20:59 Oui.
21:00 Dis donc.
21:03 J'ai pensé que demain, on pourrait aller dépierrer.
21:07 La petite pièce, là, vers les chaînes de pied.
21:09 C'est-à-dire que...
21:11 Demain, je ne pourrai pas.
21:13 Pourquoi ?
21:14 Ben voilà.
21:16 Je vais me marier...
21:19 avec la jeune fille de Saint-Gilles que je fréquentais.
21:22 Elle m'a trouvé une place à la coopérative où elle travaille.
21:26 Alors, tu me lâches ?
21:29 Tu le sais, c'est pas drôle de vivre ici.
21:33 Moi, je m'ai bien.
21:35 Mais elle, elle ne voudra pas s'enterrer dans ce bled perdu.
21:38 Alors, comme je tiens à elle...
21:40 Fous le camp.
21:43 Bertrand, tu as tort de t'entêter.
21:45 Fous le camp, je te dis !
21:46 Voilà ce que je te dois.
22:01 Je viendrai te voir de temps en temps.
22:07 Salut.
22:08 Ils étaient bien gentils, tous.
22:20 Mais ce n'est pas ce qui va faire mon Bertrand plus heureux.
22:23 Il va mourir de chagrin et je le devancerai de la trompe.
22:27 Tu exagères toujours.
22:28 Il n'a pas reçu ma mort, justement.
22:30 Et bien, ce qui m'intigre...
22:31 Il faudrait le faire sortir de son trou.
22:33 Oui, comment ?
22:34 Je pourrais lui parler ?
22:36 Parler à un sourd émué ?
22:38 Quoi, alors ?
22:39 Il n'y a qu'une chose qui pourrait le faire bouger.
22:42 Laquelle ?
22:43 Si je mourais.
22:44 Je devrais assurer de m'accompagner jusqu'à ma dernière demeure.
22:47 Oh !
22:48 Moi, j'ai une autre idée.
22:49 Plus réalisable et moins triste.
22:51 Si nous faisions une fête, Bertrand descendrait peut-être.
22:54 Une fête, mon Bertrand ?
22:56 Mais qu'à le carcasser en mille morceaux.
22:58 Oh, Cécile, tu deviens complètement fatal.
23:00 Mais laissez-moi finir.
23:01 Si nous organisions une fête pour vous.
23:04 Une fête pour Marie-Plaisance ?
23:06 Vous ne m'avez jamais souhaité la fête.
23:08 Pour la bonne raison qu'il n'y a pas de Sainte-Marie-Plaisance dans le calendrier.
23:11 Et qu'ensuite...
23:12 Et qu'ensuite, il s'ignote.
23:13 Nous commençons à le savoir.
23:14 Alors, on ne peut pas le fêter.
23:16 Mais si.
23:17 Nous allons inviter Bertrand à descendre ici...
23:19 pour participer à un déjeuner que nous offrirons à Marie-Plaisance.
23:22 Et il ne pourra pas refuser de venir.
23:24 Vous ne le connaissez pas, et ?
23:26 S'il refuse de venir, j'irai le chercher par la peau des fesses.
23:29 Bertrand !
23:31 Bertrand !
23:32 Bertrand, mon bosque !
23:40 Oh, Bertrand !
23:51 Un télégramme pour toi.
23:55 Un télégramme ?
23:56 Oui.
23:57 C'est des postes qu'il m'a dit de te les remettre en même temps.
24:00 Alors, tu me les donnes ?
24:02 Oui.
24:03 Attends !
24:04 J'ai comme l'impression...
24:08 que c'est la petite Christine qui t'annonce son retour.
24:11 Moi, elle me plaisait bien, cette Parisienne...
24:15 qui a disparu comme elle était venue.
24:17 Je me fous de ce que tu penses.
24:18 Ah bon ?
24:19 Tu le donnes, oui.
24:21 Tiens, voilà.
24:23 Eh bien, ouvre-le !
24:24 Ah, j'ai compris, Eva.
24:29 Il ne faudrait pas que tu crois que je suis indiscret.
24:33 Je sais me tenir.
24:34 Mais, par moments, je la comprends, Christine...
24:38 d'avoir quitté un sauvage tel que toi.
24:40 C'est pas vrai.
24:48 C'est pas vrai.
24:49 C'est pas vrai.
24:50 C'est pas vrai.
24:51 C'est pas vrai.
24:53 C'est pas vrai.
24:55 C'est pas vrai.
24:56 C'est pas vrai.
24:57 Dimanche prochain, fêtons Marie-Plaisance.
25:20 Viens, comptons sur toi, les amis de la Plaine.
25:23 Le deuxième monde de Marie-Plaisance
25:28 C'est un monde d'amour et d'amitié
25:35 Il vibre et des étoiles, il se balance
25:43 Entre le temps présent et le temps passé
25:50 ♪ La, la, la, la, la, la, la ♪