Attaque terroriste à Paris : le procureur antiterroriste de la République s'exprime
Attaque terroriste à Paris : le procureur antiterroriste de la République s'exprime
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00:00 Mesdames et Messieurs, hier soir, une attaque a eu lieu dans les 15e et 16e arrondissements de Paris.
00:07 En l'état des investigations, voici ce que je peux indiquer sur le déroulement des faits.
00:13 Vers 21h30, Armand Rajapour Mirdoab, né en 1997 à Neuilly,
00:22 agressait un groupe de trois personnes d'origine philippine,
00:27 qu'elle grenelle, à l'entrée du pont de Biraken.
00:30 Il assénait deux coups de marteau et quatre coups de couteau à l'une d'entre elles.
00:36 Cette victime, un homme possédant la double nationalité,
00:41 philippine et allemande, et âgé de 23 ans, décédait des suites de ses blessures.
00:47 Les deux personnes accompagnant n'étaient pas blessés physiquement.
00:55 Voyant la scène, un chauffeur de taxi criait à l'encontre de l'agresseur.
00:59 Ce dernier répliquait "Allahou Akbar" et levait les bras au ciel avant de prendre la fuite.
01:05 Il empruntait alors le pont de Biraken en direction du 16e arrondissement.
01:10 Arrivé de l'autre côté du pont, il se trouvait confronté à une patrouille de police.
01:16 Alors que ses fonctionnaires s'avançaient vers lui,
01:19 il criait à nouveau "Allahou Akbar" et leur déclarait être muni d'une ceinture explosive.
01:26 Puis il s'enfuyait, poursuivi par les policiers,
01:29 et remontait à l'avenue Kennedy en direction de la maison de la radio.
01:33 Durant ce trajet, il frappait au niveau de la tête,
01:37 à l'aide du marteau dont il était toujours muni,
01:40 deux passants qu'il croisait,
01:42 un ressortissant britannique et une personne de nationalité française.
01:47 L'auteur, qui s'était réfugié dans un square à proximité,
01:54 était finalement maîtrisé par les fonctionnaires de police
01:58 au moyen d'un pistolet à impulsion électrique,
02:01 dont il était fait usage à deux reprises.
02:04 Il était immédiatement placé en garde à vue.
02:08 À ce stade, le bilan victimaire est le suivant.
02:13 Une personne décédée,
02:15 deux personnes blessées,
02:18 celles qui ont été touchées par les coups de marteau,
02:22 elles ont été prises en charge par les services de secours,
02:25 et après avoir reçu les soins appropriés dans des centres hospitaliers,
02:30 elles sont rentrées à leur domicile.
02:32 Deux autres personnes, celles qui accompagnaient la victime décédée,
02:37 restent particulièrement choquées.
02:39 Elles sont encore sous surveillance médicale
02:43 et n'ont pu être entendues pour le moment.
02:46 Nos pensées se tondent bien évidemment vers elles et vers leurs proches.
02:52 Toutes les dispositions ont été mises en oeuvre
02:55 afin que chacune des victimes puisse bénéficier
02:59 d'une prise en charge adaptée et la plus complète possible.
03:02 Hier, dès la fin de soirée,
03:07 le Parquet national antiterroriste s'est saisi des faits.
03:10 Cette saisie n'était motivée d'abord par le déroulement
03:16 et la nature même des faits.
03:19 Ensuite, par la personnalité de leur auteur,
03:22 déjà condamné pour une infraction terroriste.
03:26 Et enfin, par le suivi dont il faisait toujours l'objet
03:31 de la part des services spécialisés
03:33 au regard de sa radicalisation persistante.
03:37 L'enquête est immédiatement ouverte des chefs d'assassinats
03:44 en relation avec une entreprise terroriste,
03:47 de tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste
03:50 et d'associations de malfaiteurs terroristes
03:53 en vue de la préparation de crimes d'atteinte aux personnes.
03:57 Les investigations sont confiées à la direction régionale
04:02 de la police judiciaire de Paris, en cause saisie avec la DGSI,
04:05 la brigade criminelle étant le service désigné comme coordonnateur.
04:09 Les premières investigations ont permis de mettre en évidence
04:16 que l'auteur des faits avait enregistré une vidéo
04:19 avant de passer à l'acte.
04:21 Dans ce film, s'exprimant en langue arabe,
04:26 il se présentait comme étant "Aboutallah Al-Khorasani",
04:30 ce qui constitue une référence à l'organisation terroriste
04:34 État islamique, agissant actuellement à partir de l'Afghanistan.
04:38 Lors de cette vidéo, il prêtait allégeance à l'État islamique.
04:44 Il apportait son soutien aux djihadistes
04:48 agissant dans différentes zones, notamment en Afrique,
04:52 en Irak, en Syrie, au Sinaï, au Yémen,
04:56 au Khorasan ou encore au Pakistan.
04:58 Cette vidéo était notamment mise en ligne sur son compte X,
05:03 X Twitter, dont un premier examen faisait aussi apparaître
05:08 de nombreuses publications sur le Hamas, Gaza
05:11 ou plus généralement la Palestine.
05:14 Ce compte avait été ouvert début octobre.
05:17 Outre l'auteur des faits, trois autres personnes
05:22 sont actuellement placées en garde à vue,
05:24 appartenant à la famille ou à l'entourage de l'auteur.
05:28 S'agissant des antécédents de l'auteur,
05:33 Armand Rajapour Mian Dohab avait été condamné
05:37 par le tribunal correctionnel de Paris le 16 mars 2018
05:42 pour les faits d'association de malfaiteurs
05:44 en vue de préparer un acte de terrorisme,
05:47 fait qui avait été commis courant 2015-2016.
05:51 L'information judiciaire qui avait été alors ouverte
05:56 à son encontre avait permis de démontrer
05:59 qu'il était issu d'une famille sans aucun engagement religieux
06:03 et qu'il s'était converti à l'islam à l'âge de 18 ans en 2015
06:07 et qu'il avait très rapidement
06:10 versé dans l'idéologie djihadiste.
06:13 A cette occasion, il avait massivement consulté
06:17 des vidéos et des documents de propagande
06:20 diffusés par l'État islamique.
06:23 Il avait aussi noué des liens avec des individus ancrés
06:28 dans l'idéologie djihadiste dont certains étaient déjà actifs
06:32 en zone irako-syrienne.
06:35 S'il était ami sur le terrain,
06:38 s'il était ami sur Facebook avec le futur auteur
06:42 de l'attentat de Magnanville,
06:44 aucun échange n'avait eu lieu entre eux.
06:47 De même, s'il avait aussi eu quelques échanges
06:50 avec un des futurs auteurs de l'attentat
06:53 de Saint-Etienne-du-Rouvray,
06:55 c'était sans lien néanmoins avec la préparation
06:58 de cet acte violent.
07:00 Enfin, au printemps 2016, il avait projeté
07:03 de rejoindre l'État islamique en zone irako-syrienne.
07:06 C'est au regard de l'ensemble de ces éléments
07:09 qu'il avait été condamné à la peine de 5 ans d'emprisonnement,
07:13 dont un an assorti d'un sursis avec mise à l'épreuve
07:16 pendant une durée de 3 ans.
07:19 Il avait été détenu depuis le 2 août 2016.
07:22 Il avait été libéré le 25 mars 2020.
07:26 Il avait ensuite été suivi dans le cadre
07:29 d'un suivi avec mise à l'épreuve.
07:32 Compte tenu de certains incidents,
07:35 en particulier d'une prise de contact
07:38 via les réseaux sociaux, avec un individu radicalisé,
07:41 en l'espèce le futur auteur
07:44 de l'assassinat de Samuel Paty,
07:47 Le PNAT avait obtenu un renforcement
07:50 des obligations auxquelles l'intéressé était soumis.
07:53 L'évolution de certains troubles psychiatriques
07:56 déjà relevés lors de sa détention
07:59 conduisait en outre Le PNAT à requérir
08:02 la réalisation d'une nouvelle expertise psychiatrique.
08:05 A la suite de cette dernière,
08:08 l'auteur était soumis à une injonction de soins
08:11 impliquant un suivi psychiatrique
08:14 resserré et contrôlé par un médecin coordonnateur.
08:17 Ce suivi était effectif
08:20 jusqu'à la fin de la mise à l'épreuve,
08:23 le 26 avril 2023.
08:26 À compter de cette date,
08:29 il était pris en charge par les services de renseignement.
08:32 Fin octobre 2023,
08:35 la mère de l'agresseur avait signalé son inquiétude
08:38 quant au comportement de son fils
08:41 qui se repliait sur lui-même.
08:44 Toutefois, aucun élément n'avait permis
08:47 de susciter de nouvelles poursuites pénales
08:50 dans ces circonstances.
08:53 Les investigations se poursuivent donc
08:56 et à l'issue de celles-ci,
08:59 une information judiciaire sera ouverte.
09:02 Je vous remercie.
09:05 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org