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00:00 On va essayer d'en savoir plus avec le directeur de la communication et du plaidoyer pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Human Rights Watch, Armen Benchemsi, bonjour.
00:07 - Bonsoir.
00:09 - Malgré les épreuves accumulées, votre organisation reste prudente.
00:14 Elle appelle à ce qu'une enquête plus approfondie soit menée par la Commission d'enquête des Nations Unies pour déterminer qui a lancé la fusée et si les lois de la guerre ont été violées.
00:23 Pourquoi ? Vos éléments ne sont pas suffisamment concluants ?
00:27 - Écoutez, nous sommes très prudents parce que nous savons ce que nous savons et nous savons aussi ce que nous ne savons pas.
00:32 Alors ce que nous savons, c'est que l'explosion, elle semble avoir résulté effectivement d'un tir de roquette qui est comparable aux roquettes qui sont régulièrement utilisées par les groupes armés palestiniens.
00:42 Ce que nous ne savons pas, en revanche, c'est quel type de munitions a été utilisée.
00:46 Or, comme votre reportage l'a bien expliqué, sans indication précise sur le type de munitions, on n'est pas en mesure de savoir qui a tiré.
00:57 Alors ce qu'on sait aussi, c'est qu'il est, en fonction des preuves qu'on a examinées, hautement improbable qu'il s'agisse d'une bombe de gros calibre
01:05 comme celle qui ont été larguées des milliers de fois par Israël depuis le début des hostilités.
01:11 Donc voilà, c'est pour ça qu'on prend vraiment beaucoup de précautions pour dire voilà ce qu'on sait, voilà ce qu'on ne sait pas et voilà ce qui reste à découvrir.
01:16 L'idée d'un bombardement israélien avait déjà été écartée par plusieurs experts indépendants en raison de la taille jugée trop faible du cratère retrouvé sur le parking de l'hôpital où était survenue la frappe.
01:27 C'est un des éléments que nous avons effectivement examiné. Alors ce qu'on a fait, c'est qu'on a examiné des photos et des vidéos diffusées publiquement, y compris de ce fameux cratère.
01:36 On a analysé des images satellites. On a parlé aussi avec des témoins, cinq témoins qui étaient là-bas, qui ont vu les dégâts causés par l'explosion.
01:43 On a examiné les analyses publiées par d'autres organismes, effectivement, comme vous dites, et puis on a consulté des experts. On a aussi des experts en armement qui travaillent pour nous.
01:51 Et donc on a examiné l'explosion, les dégâts causés, les trajectoires possibles, la taille du cratère, le bruit avant l'explosion, la forme de la boule de feu.
01:59 On s'y est vraiment pris de manière scientifique très pointue. Donc la taille du cratère est un des éléments, mais ce n'est pas le seul.
02:06 – On l'a entendu dans ce reportage, votre enquête remet aussi en question, et c'est vrai beaucoup discuté, le nombre de 471 morts et 342 blessés fournis par le ministère de la Santé de Gaza,
02:17 en soulignant que le ratio est inhabituellement élevé.
02:21 – Écoutez, ce n'est pas une remise en question, c'est une remarque qui est effectivement basée sur notre longue expérience d'analyse de telles attaques.
02:30 En général, il y a beaucoup plus de blessés que de morts dans ce type d'événement.
02:35 Donc le ratio 471 morts et 342 blessés, disons qu'il interroge parce qu'il est inhabituel.
02:41 Alors on ne le nie pas, mais on n'est pas en mesure de le corroborer non plus.
02:45 – Vous soulignez que les autorités de Gaza semblent être en possession de restes qui permettraient de déterminer avec certitude,
02:50 c'est ce que vous écrivez, la nature de la munition qui a explosé à l'hôpital al-Harli,
02:53 puisque des employés du département des explosifs et munitions, une unité spécialisée de la police de Gaza,
02:59 ont été photographiés le soir du 17 octobre en train d'opérer sur le cratère.
03:03 Dans quel but d'après vous ? Effacer l'épreuve ?
03:06 – Écoutez, nous ne pouvons pas arriver à une telle conclusion.
03:09 Ce que nous savons, encore une fois, nous sommes très précis sur ce qu'on sait et ce qu'on ne sait pas,
03:12 ce qu'on sait c'est qu'il y a une photo qui a été prise le soir de l'explosion
03:15 qui montre des employés de l'administration du département des explosifs et des munitions,
03:23 particulièrement ce qui unit une unité spécialisée de la police de Gaza, autour du cratère.
03:27 Et il y a un témoin que nous avons interrogé qui nous a dit, nous le citons,
03:31 "des employés du ministère de l'Intérieur ont pris tous les éclats d'obus qui se trouvaient sur le site".
03:35 Après nous on a posé la question, parce qu'on est entré en contact avec des officiels à Gaza,
03:40 on a dit "oui, des éclats d'obus", on n'a pas reçu de réponse précise là-dessus.
03:46 On a vu par contre des déclarations de publics, de responsables du Hamas,
03:50 qui d'abord ont déclaré qu'ils avaient les restes de munitions et qui seraient,
03:54 je cite, "bientôt montrées au monde", c'est leur citation,
03:57 mais plus d'un mois est passé et on n'a toujours rien vu.
03:59 Et puis finalement, un haut dirigeant du Hamas a déclaré, et encore une fois j'ai le cite,
04:03 "le missile s'est dissous comme du sel dans de l'eau, il s'est vaporisé, il n'en reste plus rien".
04:07 Encore une fois, basé sur notre expérience de l'analyse de telles attaques,
04:12 et encore une fois on a un département armement qui est très pointu sur ces choses-là,
04:15 il est très peu fréquent, voire hautement improbable, que de telles munitions se dissolvent totalement.
04:22 En général, il reste toujours certains éléments.
04:25 C'est vrai qu'ils peuvent devenir méconnaissables parce qu'ils ont été déformés par la très grosse chaleur de l'explosion,
04:31 mais qu'ils disparaissent totalement, c'est plutôt inhabituel.
04:34 Le Hamas a réagi par voie de communiqué, il dénonce, je cite, "la faible crédibilité" de votre document.
04:40 Il invite Human Rights Watch à se rendre à Gaza pour enquêter directement sur l'incident,
04:44 lorsque le conflit sera terminé.
04:46 Vous répondez quoi ?
04:48 Que si nous avons la possibilité de nous y rendre, nous nous y rendrons absolument.
04:51 D'ailleurs, c'est ce que nous faisons à chaque fois que nous en avons la possibilité.
04:54 Mais je dis aussi que quand on ne peut pas y aller, il y a d'autres moyens.
04:58 Il y a d'autres moyens qui sont ceux que je vous ai cités tout à l'heure,
05:00 qui se basent sur des photosatellites, des examens de vidéos, d'images, du recoupement avec des témoins,
05:07 l'examen des trajectoires possibles, enfin beaucoup de moyens scientifiques de faire ça,
05:13 même si on n'est pas présent.
05:14 Maintenant, effectivement, notre présence sur place apporterait un surpoids de preuves.
05:18 Et s'il nous invite à y aller une fois que ce sera possible,
05:20 nous serons ravis de prendre cette invitation et d'y aller.
05:24 Pour l'instant, ce n'est malheureusement pas faisable.
05:26 Merci beaucoup Hermet Benchemsi, directeur de la communication et du plaidoyer
05:29 pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, à Human Rights Watch d'avoir été avec nous.